Ce mardi 22 juillet, dans son édito, Raphaël Legendre s'est penché sur les enjeux de la réforme de l'assurance chômage voulue par le gouvernement, et qui a essuyé les critiques de la secrétaire générale de la CFDT. Cette chronique est à voir ou écouter du lundi au vendredi dans Good Morning Business, présentée par Sandra Gandoin sur BFM Business.
00:00La secrétaire générale de la CFDT, Marie-Lise Léon, a affirmé hier que la réforme de l'assurance chômage voulue par le gouvernement serait un carnage total pour les demandeurs d'emploi, Raphaël, avec un volume d'économie qui n'a jamais été fait.
00:13Oui, elle n'y est pas allée de ma morte, effectivement, la secrétaire générale de la CFDT.
00:18Après sa rencontre avec la ministre du Travail, Astrid Panosian, Bouvet, c'est une réunion préalable à l'ouverture de négociations prévues à la rentrée sur l'assurance chômage.
00:29voulu par le gouvernement et qui pourrait déboucher sur 2 à 2,5 milliards d'économies d'ici 2029 et en rythme de croisière jusqu'à 3 à 4 milliards d'euros d'économies après 2030,
00:41en passant notamment par un resserrement des conditions d'accès, avoir travaillé 8 mois sur les 20 derniers et plus seulement 6 sur les 24 derniers mois,
00:52ce qui ramènerait de facto la durée d'indemnisation de 18 à 15 mois.
00:57C'est une mesure ambitieuse alors que la trajectoire de l'UNEDIC se dégrade fortement et que plus globalement,
01:04les finances publiques françaises restent évidemment dans une zone rouge, cramoisie.
01:09Alors ce que Marie-Élise Léon appelle un carnage, c'est en réalité un rééquilibrage.
01:14D'abord parce que la ministre du Travail se bat pour préserver des mesures spécifiques d'éligibilité élargie pour les jeunes
01:21qui subissent plus particulièrement le chômage et aussi des périodes d'indemnisation plus longues pour les seniors en fait de carrière,
01:29pour qui c'est plus compliqué aussi.
01:32Et il s'agit également pour la ministre de s'attaquer à quelques abus autour des ruptures conventionnelles
01:36qui ont explosé ces dernières années.
01:37Aujourd'hui c'est un quart de l'indemnisation de l'assurance chômage environ.
01:42Et là, m'expliquait hier une source gouvernementale, il s'agit de cibler un peu les professionnels en milieu de carrière,
01:50plutôt diplômés, qui ont une petite tendance parfois à abuser de ces ruptures conventionnelles.
01:55Certains, pour se payer des années de césure et partir autour du monde,
01:58sur diplômés à 35 ans, on n'en a pas forcément besoin.
02:02Est-ce que pour autant c'est le bon moment de toucher au droit des chômeurs, Raphaël ?
02:05Alors Sandra, il n'y a jamais de bon moment quand les comptes sont dans le rouge, il y a juste une nécessité.
02:10La France n'arrive pas à passer sous les barres de 7% de chômeurs, bien au-dessus de la moyenne de l'Union Européenne.
02:165,8% fin mars, c'est celle de la zone euro qui est à 6,2%.
02:20Et puis par ailleurs, le système français reste l'un des systèmes les plus généreux d'Europe,
02:25que l'on parle du taux de remplacement, on est entre 57 et 63%, on est dans le haut de la moyenne européenne,
02:32ou du plafond d'indemnité très élevé de 8 811 euros bruts.
02:37C'est très largement au-dessus de ce qui se fait au Danemark, on est autour de 3 150 euros,
02:42ou en Allemagne, 3 300 euros.
02:44Sans parler de l'Espagne, à 1 300 euros, l'Italie à 1 500 euros.
02:48Voilà, notre système reste très généreux.
02:51Nous sommes aussi l'un des pays les plus touchés par le chômage structurel.
02:55Il ne s'agit pas de punir les demandeurs d'emploi,
02:58mais de restaurer l'efficacité d'un système devenu trop coûteux et pas assez incitatif.
03:03Le gouvernement qui compte ouvrir un autre dossier explosif, Raphaël, celui des arrêts maladie.
03:06Oui, alors là, attention, dossier explosif, effectivement.
03:09Il veut notamment décaler l'intervention de la sécurité sociale du quatrième au septième jour pour les indemnités.
03:16Ça serait jusqu'à 700 millions d'euros d'économie à court terme.
03:19Alors oui, les entreprises sont en debout,
03:21mais entre 25 et 30% des augmentations des arrêts maladie ne s'expliquent pas aujourd'hui.
03:26Donc il y a là aussi un tour de vis à mener.
03:28Il est temps de s'attaquer à ce dossier.
03:30Ça n'est pas l'injustice, ça n'est pas un carnage, c'est tout simplement la responsabilité.