Le prêtre au diocèse de Paris, le père Simon Violet, revient sur les 47% des 18-24 qui se disent en quête spirituelle : «C’est une grande joie, une grande responsabilité»
00:00Oui, bien sûr, on le voit en paroisse à Paris, là où je suis particulièrement, on a parmi nos catéchumènes, c'est-à-dire ceux qui se préparent au sacrement, une hausse très importante depuis surtout 2022.
00:10Ils étaient un peu moins d'une, autour d'une vingtaine à peu près à cette époque et maintenant on en a plus de 50, donc ça veut dire qu'on doit suivre aussi ce mouvement.
00:19C'est une grande joie bien sûr, une grosse responsabilité aussi maintenant, mais surtout puisque ça fait trois ans que ça continue un peu,
00:24on constate que la hausse est à la fois ferme, intense et puis surtout continue.
00:30Ce n'est pas juste un épiphénomène qui dure un an et puis qui s'évanouit, mais c'est quelque chose qui semble s'inscrire un peu dans la durée, semble-t-il.
00:38Alors sans doute une bonne nouvelle effectivement pour vous, comment vous l'expliquez ?
00:42Alors il y a tout un tas de facteurs, il y a quand on est catholique toujours un peu la foi et la raison, on essaie de comprendre un peu,
00:48surtout quand on est prêtre, comment est-ce qu'on peut se situer par rapport à ça.
00:51Ma foi me dit que bien sûr il y a de la Providence derrière, pas très loin en tout cas.
00:56Après pour la raison, il faut se pencher sur les chiffres.
00:58Vous avez cité l'Observatoire du catholicisme qui a lancé une première analyse en mars dernier, c'était très intéressant.
01:05Ils ont sorti plein de chiffres qui aident à voir plusieurs choses.
01:08Je pense que l'aspect principal, c'est qu'il semblerait qu'on soit arrivé à une sorte de plancher,
01:13ou en tout cas on s'en rapproche.
01:15Il y a eu une chute importante sur les chiffres depuis les années 50 surtout, avant le Concile Vatican II.
01:21Et on voit que cette chute, elle s'adoucit à partir des années 80.
01:25Et puis depuis quelques années, particulièrement le Covid, il y a deux tendances qui vont dans un sens un peu inverse.
01:32La chute continue un peu mais plus doucement.
01:35Les mariages, les baptêmes, les ordinations, etc.
01:39Et en même temps, on a cette hausse dont j'ai parlé, cette hausse impressionnante.
01:42Donc ça fait une espèce de croisée, en quelque sorte, qui prouve que le catholicisme peut-être est arrivé un peu au bout de sa mue.
01:50Elle s'est transformée en religion minoritaire et peut-être qu'on arrive du coup à quelque chose d'un peu nouveau.
01:54En plus de tout ça, il y a des évolutions sociologiques, démographiques, la place de la religion dans le débat national, bien sûr.
02:01Donc beaucoup de choses l'expliquent en fait.
02:03Est-ce que l'Église modernise aussi sa communication à destination des jeunes ?
02:08J'imagine qu'on ne communique pas de la même façon.
02:11Bien sûr. Alors ça, on voit aussi depuis quelques années.
02:13Et je pense qu'elle fait beaucoup d'efforts à ce niveau-là, notamment au niveau institutionnel.
02:17Il y a d'un côté les laïcs eux-mêmes, c'est-à-dire les baptisés qui se mettent sur Internet,
02:22qui vont aller un peu plus à la rencontre des autres.
02:25Et puis il y a aussi l'Église institutionnelle.
02:27On voit que des évêques, des groupes de l'Église commencent à se mettre vraiment de plus en plus systématiquement sur les réseaux sociaux.
02:34Alors évidemment, ce n'est pas une recette miracle, mais ça montre au moins qu'il y a une prise de conscience,
02:39que désormais le débat passe aussi par là.
02:41Et je pense que c'est important de poursuivre ce mouvement.
02:44J'essaie de le faire comme prêtre, mais j'accompagne également des groupes qui y travaillent.
02:50Selon vous, qu'est-ce que les jeunes retrouvent à travers la foi aujourd'hui ?
02:54Plusieurs choses, à mon avis.
02:55Ce qu'on remarque maintenant, c'est surtout que chez les jeunes, il y a une nouvelle curiosité des choses religieuses.
03:02Vous savez, c'est beaucoup lié à ce qui a été dit par l'Observatoire français du catholicisme,
03:07mais chacun peut le constater, à l'idée de transmission.
03:10Quand on transmet quelque chose, en fait, on transmet deux choses.
03:14On transmet la chose elle-même.
03:16Donc pour la religion, c'est la connaissance, la pratique, le fait d'être chrétien au quotidien.
03:21Mais on transmet aussi tout l'emballage, c'est-à-dire la façon dont soi-même, on a compris la religion,
03:28l'émotion qui va avec, la mémoire, les stéréotypes aussi parfois.
03:32Alors dans cette transmission, puisqu'il y a eu pendant une à deux générations un défaut de transmission important,
03:38on constate que les jeunes d'aujourd'hui, ils sont un peu vierges de tout préjugé, de tout stéréotype.
03:44Ils ne sont pas enfermés dans les vieux combats de jadis.
03:48Et au fond, c'est une forme de libération.
03:49Pour nous aussi, c'est étonnant, c'est qu'on a l'impression qu'il y a comme une nouvelle église, en fait.
03:54Quelque chose de très neuf.
03:54On redécouvre avec eux l'évangile, un peu sans ces préjugés, sans ces difficultés de jadis.
03:59Donc c'est très rafraîchissant.
04:01Ça montre qu'ils ont une curiosité pour la religion.
04:03Moi, ce qui me frappe le plus, c'est quand les jeunes me disent dans mon aumônerie,
04:06avec mes amis, je parle de religion à l'école, au lycée, au collège.
04:10C'est quelque chose que même moi, je ne faisais pas du tout quand j'étais plus jeune.