L'édito de Jacques Serais : «Pourquoi le budget de François Bayrou ne passe pas ?»

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Dans son édito du 21/07/2025, Jacques Serais revient sur les propositions de François Bayrou pour le budget.

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00:00Oui, très clairement Anthony, on est loin du régime sec.

00:03Le journal du dimanche le rappelait à juste titre hier.

00:05Les dépenses de l'État augmenteront en 2026.

00:09Oui, vous avez bien entendu François Bayrou a beau nous expliquer

00:11que nous sommes à la dernière station avant la falaise.

00:15Son budget ne fait que réduire la dépense.

00:18Nous allons dépenser plus, plus 30 milliards d'euros l'année prochaine.

00:22Vous savez, c'est difficile de me confier très sérieusement.

00:25Il y a quelques jours, un membre du gouvernement,

00:26on a pris l'habitude de voir nos budgets augmenter de 4% par an.

00:30Autrement dit, ne pas avoir d'augmentation serait déjà un effort.

00:34Et ce qui est assez incompréhensible dans la période,

00:36c'est de voir ces ministres, comme Aurore Berger il y a quelques jours sur ce plateau,

00:40qui se félicitent d'avoir gardé leur enveloppe intacte,

00:44l'illustration d'un certain culot, alors que dans le même temps,

00:47on demande aux Français de passer à la caisse.

00:49Il ne faut pas s'étonner de voir Emmanuel Macron et François Bayrou

00:52atteindre un niveau historiquement bas dans les derniers baromètres IFOP-JDD.

00:57Seulement 19% de satisfaits pour le président.

01:0018% pour le Premier ministre.

01:02Jacques, est-ce que c'est le symptôme d'une déconnexion ?

01:04Déconnexion, c'est le mot.

01:06Et l'oubli de l'immigration dans la présentation de ce budget

01:09révèle ce fossé immense entre les politiques et une partie de l'opinion.

01:13Lorsqu'Agnès Pannier-Runacher,

01:15macroniste de la première heure, ministre de la transition écologique,

01:19balé d'un revers de main, toute remise en cause de l'aide médicale d'État,

01:22lorsqu'Éric Wörth assure que l'immigration ne coûte rien aux contribuables

01:27et qu'il n'y a absolument pas de débat,

01:29il n'écoute pas, il n'entend pas cette France des Nicolas.

01:32Si votre frigo est vide, votre salon mal rangé,

01:35il n'est pourtant pas inutile, à minima,

01:38de vous interroger sur la pertinence d'inviter à dîner tout le quartier.

01:41Mais Jacques, on est quand même d'accord que ce n'est pas le simple fait

01:45de passer d'une aide médicale d'État à une aide médicale d'urgence

01:49qui va renflouer demain les caisses de l'État.

01:51Nous sommes bien d'accord, Anthony.

01:52L'AME, c'est seulement, si j'ose dire, 1,3 milliard d'euros.

01:57Mais le problème n'est pas là.

01:59Vous ne pouvez pas demander un effort aux Français

02:00en refusant catégoriquement tout débat sur des dépenses qu'ils financent,

02:05aussi petites soient-elles, aussi symboliques soient-elles.

02:08Vous voulez voir venir ?

02:09Au symbole, justement.

02:10C'est ce qui est peut-être le plus marquant, le plus choquant dans ce budget.

02:14Rien, rien sur les avantages accordés, par exemple, aux anciens premiers ministres.

02:19Voiture de fonction à vie avec chauffeur ou encore bureau mis à disposition par l'État.

02:24Pas de touche au privilège.

02:26La note est pourtant assez salée.

02:27Près d'un million six cent mille euros l'an dernier.

02:30Dominique de Villepin a ainsi coûté, rien qu'en 2024,

02:33aux contribuables, 207 mille euros.

02:36Bernard Cazeneuve, près de 200 mille euros.

02:37Lionel Jospin et Edith Cresson, plus de 150 mille euros.

02:41Alors, à l'évocation de ces chiffres, certains crient peut-être derrière leur écran

02:44au populisme, à la démagogie.

02:47C'est un peu trop facile.

02:48D'abord parce qu'il n'y a pas de petites économies.

02:50Les petits ruisseaux font les grandes rivières.

02:52Et puis parce que la politique, c'est aussi et surtout des symboles.

02:56Si notre classe politique est incapable de montrer l'exemple,

02:59les Français qui ont parfaitement conscience de la gravité de la situation ne l'accepteront pas.

03:04Et donc, si incompréhension il y a, selon vous, c'est aussi parce qu'il y a une forme d'incohérence ?

03:09Oui, Anthony.

03:10Et je terminerai par là.

03:11Vous vous souvenez, juillet 2024, la France s'apprêtait à accueillir le monde

03:16pour les Jeux olympiques et paralympiques.

03:17À la fin de la semaine, samedi, nous serons déjà le 26 juillet,

03:22les un an de la cérémonie d'ouverture sur la Seine.

03:26Un an.

03:27Et en même temps, cela paraît déjà si loin.

03:29Le décalage entre les mots du Premier ministre il y a quelques jours

03:32et la débauche de moyens pour les JO l'an dernier laisse avec le recul songeur.

03:37Les mêmes qui demandent aux contribuables un effort sont les mêmes

03:40qui ont tout fait pour organiser ces JO.

03:42Aujourd'hui, on cherche un milliard par-ci, un milliard par-là.

03:45Pour rappel, l'organisation de ces JO a coûté 6 milliards d'euros d'argent public.

03:51Ce n'est pas moi qui le dis, c'est la Cour des comptes

03:53où vient d'être nommée l'ancienne ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem.

03:57Un an après, la fête est finie, mais pas pour tout le monde.

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