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Dans son édito du 15/07/2025, Paul Sugy revient sur les prochaines annonces de François Bayrou concernant le budget.

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Transcription
00:00Le champ lexical du religieux n'est effectivement pas complètement étranger au débat.
00:03François Bayrou préfère celui de l'alpinisme.
00:05Ça fait quelques temps qu'il parle d'un Himalaya à franchir,
00:08mais la métaphore est tout aussi parlante.
00:10Il va donc falloir faire l'ascension de ce sommet budgétaire,
00:15puisqu'il va présenter à 16h des orientations,
00:17pour essayer d'atteindre un pari qu'il a chiffré à hauteur de 40 milliards d'euros d'économie.
00:21On le sait, ce qui permettrait de réduire les déficits publics à 4,6% du PIB en 2026,
00:26en dessous de la barre symbolique des 5%.
00:28Et même depuis dimanche soir, le seuil est de 43,5 milliards d'euros,
00:32puisque le président de la République a annoncé 3,5 milliards pour le budget des armées,
00:35qui ne devront pas être financés sur la dette.
00:38Le Premier ministre peut s'appuyer sur une double opportunité.
00:41D'une part, évidemment, la situation budgétaire du pays,
00:43dont chacun sait à quel point elle est extrêmement inquiétante
00:47et qu'elle ne présage rien de bon pour l'avenir.
00:52Et puis, le Premier ministre peut s'appuyer aussi sur un ras-le-bol national,
00:55nourri par les succès politiques d'autres expériences à l'étranger,
00:58par exemple celle de l'argentin Ravier Milei,
01:01qui montre qu'une opinion acquise à la cause d'un effort budgétaire important
01:05peut aussi porter un mouvement politique qui aille dans ce sens.
01:09Comment est-ce que le Premier ministre pourrait s'y prendre ?
01:11Est-ce qu'on a déjà des pistes ?
01:12Celle qui revient le plus et qui est la plus âprement discutée,
01:15c'est celle, évidemment, d'une année blanche.
01:17Concrètement, c'est un gel pur et simple de toutes les dépenses
01:20au même niveau que l'exercice précédent,
01:22donc sans tenir compte de l'inflation.
01:24On dépense environ 1650 milliards par an.
01:28Sur ces 1650, 4 à 500 milliards sont automatiquement indexés sur l'inflation.
01:33Une inflation qui est prévue à hauteur de 1%.
01:35Ça veut dire que chacune de ces dépenses va augmenter en conséquence
01:38et que le gouvernement s'engagerait à les laisser au niveau de l'an passé.
01:43Le problème, c'est qu'il va falloir maintenant définir
01:45quel est le périmètre exact de cette année blanche,
01:47quelles sont les dépenses qui seront concernées ou non.
01:50Est-ce que, par exemple, on mettrait à contribution les retraités
01:52en désindexant les pensions de retraite sur l'inflation ?
01:54On se souvient que c'est exactement sur ce sujet
01:56que le précédent gouvernement de Michel Barnier était tombé à la fin de l'automne.
02:00Est-ce que le gel concernerait aussi le barème de l'impôt sur le revenu,
02:03ce qui mécaniquement ferait augmenter le montant des prélèvements fiscaux ?
02:07On comprend bien que chacun de ces sujets est politiquement explosif.
02:11Le problème de l'année blanche, en définitive,
02:13c'est qu'on a le sentiment que c'est l'option la plus paresseuse
02:15puisque finalement, elle correspond à une façon mécanique de créer des économies
02:20sans poser une seule fois la question du bien fondé de telle et telle dépense.
02:24On a le sentiment que c'est un Premier ministre
02:25qui prend la dépense publique comme elle est
02:29et qui coupe dans le tas sans essayer de réfléchir
02:31à la philosophie de l'action publique qu'il y a derrière.
02:33Or, ce dont le pays a le plus besoin,
02:35c'est une vraie réflexion sur le périmètre, le sens de l'action de l'État.
02:39Est-ce qu'il est légitime de dépenser chaque euro
02:41dans chaque périmètre ministériel concerné ?
02:44On a bien compris que ce n'est pas cette discussion qui aura lieu pour le moment.
02:47Et l'autre piste, elle inquiète beaucoup, c'est celle de l'augmentation des impôts.
02:50Oui, et ce serait la pire des voies
02:51parce que les contribuables étouffent sous le poids de la redistribution
02:53et que les entreprises n'ont évidemment pas besoin
02:55d'un coup de canif de plus dans leur productivité.
02:58Le pire surtout, c'est qu'on sait bien que François Bayrou va le voir jouer très gros
03:02dès le départ en annonçant des mesures extrêmement fortes
03:05pour ensuite pouvoir s'en délester peu à peu
03:07au fur et à mesure que les négociations avec les oppositions
03:09tout au long des débats budgétaires de l'automne avanceront.
03:13Le risque serait d'avoir un gouvernement qui s'engage
03:16sur la promesse de baisse de dépense audacieuse
03:19compensée par une relative hausse des impôts
03:23et qu'au fur et à mesure du débat sur le budget
03:25chaque baisse de dépense soit abordonnée
03:27et qu'en définitive, seuls les contribuables
03:29soient définitivement mis à contribution.
03:31– Sous-titrage Société Radio-Canada
03:35– Sous-titrage Société Radio-Canada

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