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02:00J'étais agenouillé sur mon prédieu dans ma chambre et je suppliais notre Seigneur Jésus-Christ de sauver notre petite paroisse, qui n'est pas foncièrement irreligieuse, mais dont la foi n'est pas d'une activité militante.
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03:14J'ai chanté mieux que nos petits invités d'aujourd'hui, tous mariés dans l'air là au-dessus de moi, comme un arc-en-ciel de musique.
03:21Ça me faisait un effet extraordinaire.
03:25J'étais heureux comme un petit enfant.
03:28Puis tout à coup, j'ai eu une mauvaise conscience.
03:32« Je me suis dit, Martin, tu es en train d'écouter en cachette la musique du paradis. Est-ce que je suis sûr que tu y as droit ? »
03:41Mais c'était tellement joli, hein, que je me dis, tant pis, j'ai tout un gamèbre.
03:45Tout à coup, la grande porra de bâton s'ouvre et qui je vois apparaître ? Le grand Saint-Pierre.
03:52Ah, il était beau, hein.
03:53Il avait la barbe blanche, l'oréole, la clé de diamant et ça brillait.
03:57Ça brillait tellement que je ne pouvais même pas le regarder en face.
04:01Qu'est-ce qu'il me fait ? Mais c'est M. Martin ?
04:04Mais quel bon vent vous amène ici tout entier ?
04:07J'ai dit, grand Saint-Pierre, comment je suis ici ? Ça, ça, je n'en sais rien.
04:11Mais c'est sûrement pas contre la volonté de Dieu, puisque j'y suis.
04:15Et de vous voir si bon, là, et si brave, il me vient à l'idée de vous demander un petit renseignement.
04:20Mais il me dit, cher M. Martin, qu'est-ce qu'il y a pour votre service ?
04:23Mais je dis, voilà, je voudrais savoir, si je ne suis pas trop curieux,
04:28combien vous avez de cucunianés en paradis ?
04:32Ah, ça, il me dit, Martin, je ne peux pas vous le refuser,
04:35parce que je comprends que ça vous intéresse.
04:37Mais tenez, entrez, asseyez-vous, et nous allons voir ça ensemble.
04:41Alors, il tire un gros livre, beau, hein, énorme, et tout doré sur tranche, naturellement.
04:46Et il dit, voyons-moi, cucunian, cucu, cucu, cucunian, ça y est, nous y sommes.
04:53Alors, il lit, il reçoit tout, il me regarde et il me fait, M. Martin, la page est toute blanche.
05:05J'en entends rien que ça fait rire, le malheureux.
05:10Parce que moi, mes enfants, je n'ai pas ri, moi.
05:14On n'est pas du tout.
05:15Mon gosier se serre tout d'un coup, je reste une minute sans parler.
05:19Et le bon Saint-Pierre, à côté, me disait, mais remettez-vous, remettez-vous, enfin, je tousse un bon coup.
05:24La voix me revient et je lui dis, mais qu'est-ce que ça veut dire, ça ?
05:27Ben, il me dit, ça veut dire, ça veut dire qu'il n'y a pas une amie ici et pas plus de cucu, cunian, et que d'arête dans une dinde.
05:32Je lui dis, comment ? Pas de cucu, cunian, et en paradis ?
05:35Oh, bon Saint-Pierre, il doit y avoir une autre page.
05:38Mais il me dit, mais non, Saint-Homme, regardez-vous-même.
05:41Regardez, personne ici depuis 30 ans, parce que ce livre est commencé depuis 30 ans.
05:46Alors moi, je regarde, je deviens tout pâle, je deviens tout rouge, et je lui dis, mais grand Saint-Pierre, alors, dites-moi que c'est une plaisanterie.
05:53Et que, mais, il me dit, mais non, c'est la vérité pure.
05:56Ici, on ne plaisante pas avec ces choses-là.
05:58Et puis, arrêtez de vous javirer le cœur, là, vous allez me piquer un mauvais coup de sang.
06:02Il me dit, qu'est-ce que vous voulez ? Nous n'y pouvons rien.
06:03Bien, sûrement, vos cucu, cuniannés, doivent faire une quarantaine en plogatoire.
06:10Des quarantaines de 30 ans ?
06:12Ah, il me dit, oui, mais ici, ici, c'est l'éternité, et les choses les plus courtes marchent au moins par demi-siècle.
06:18Et puis, pour une amie mortelle, un demi-siècle, est-ce que ça compte ?
06:23Tenez-moi, il vous parle, il me fait, et bien, je suis devant cette porte depuis bientôt 2000 ans, là.
06:28Mais il me semble que je viens d'arriver.
06:29Et, oh, oh, j'ai dit, oui, mais vous, bon sentier, ce n'est pas la même chose, mais mes cucu, cuniannés, faites que je puisse les voir, les consoler.
06:38Est-ce que c'est possible ?
06:40Et il me dit, ça, ça, ce n'est pas très régulier.
06:43Ben, enfin, tenez, vous allez chausser ces sandales, là, parce que les chemins, ils ne sont pas beaux de reste.
06:48Et vous allez filer droit devant vous, là, vous verrez.
06:52Au premier tournant à droite, il y a une petite porte d'argent, marquée de petite croix noire, hein.
06:57Vous frapperez, on vous ouvrira.
06:59Mais surtout, dites bien que vous venez de ma part, hein.
07:02Allez, allez vite, parce que j'attends quatre jésuites qui sont en train de se faire martyriser par les Chinois.
07:07Alors, je leur prépare une petite réception.
07:09Bon, allez, à des siennes, portez-vous cinq et gaillardez.
07:13Et me voilà partie sur un sentier rempli de ronces,
07:17d'escarboucles qui luisaient, des serpents qui sifflaient.
07:20Et déjà, par-ci, par-là, quelques petites braises.
07:25Après, j'arrive à la porte d'argent, je frappe.
07:28Pan, pan, qui est là ?
07:30Le curé de Cucugnan !
07:31Un curé ?
07:32Ouais, de Cucu quoi ?
07:33De Cucugnan !
07:35C'est le grand Saint-Pierre qui m'envoie.
07:37Ah, bon, entrez !
07:39Et j'entre.
07:40Oh, je vois un bel ange,
07:43avec des ailes sombres comme la nuit,
07:45une robe resplendissante comme le jour,
07:48une clé d'argent qui pendait à sa ceinture, là,
07:50et il écrivait,
07:52crrr, crrr,
07:53sur un gros livre,
07:54encore plus gros que celui de Saint-Pierre, hein.
07:56Moi, je disais rien.
07:59Il écrivait toujours.
08:00Et j'attends un petit moment.
08:02Puis alors là, il n'y avait pas de musique, hein.
08:04Mais derrière un grand mur de prison,
08:06là, garni de cul de bouteilles cassées,
08:08j'entendais des gémissements,
08:11des soupirs,
08:12des sanglots étouffés.
08:14Afin l'ange s'arrête d'écrire.
08:16Il fait une belle signature,
08:17un coup de tampon,
08:19un peu de poudre,
08:20il aime la tête,
08:21il me regarde et il me fait,
08:22alors, qu'est-ce qu'il y a pour votre service ?
08:25Mais je lui dis, voilà,
08:26bel ange de Dieu,
08:27je voudrais savoir,
08:28je suis bien curieux peut-être,
08:30si vous avez ici, en purgatoire,
08:32des cucugnianais.
08:34Il me dit, des quoi ?
08:35Je dis, des gens de cucugnian,
08:37des cucugnianais,
08:38c'est moi leur prieur depuis 20 ans.
08:40Alors, vous comprenez que ça m'intéresse.
08:42Il me dit, oui, évidemment.
08:44Vous dites, cucugnian.
08:47Alors, il ouvre le grand livre,
08:48qui feuillette,
08:50en mouillant son doigt de salive,
08:51là, pour que les feuillets ne glissent pas,
08:53il lit,
08:53et il me fait,
08:54cher monsieur le curé,
08:55j'ai le plaisir de vous annoncer
08:57que nous n'avons en purgatoire
08:59personne de cucugnian.
09:01Jésus, Marie, Joseph,
09:02personne de cucugnian en purgatoire,
09:04mais où sont-ils ?
09:05Ben, il me dit,
09:06mais ils sont en paradis.
09:07Où voulez-vous qu'ils soient ?
09:09J'ai dit,
09:09mais j'en viens du paradis.
09:10Il me dit, vous en venez ?
09:11Et alors ?
09:12J'ai dit, ben, ils ne sont pas.
09:13C'est le grand Saint-Pierre qui me l'a dit.
09:15Alors, le bel ange me regarde,
09:18il loge deux, trois fois la tête,
09:19et il me dit,
09:19mon pauvre monsieur Martin,
09:20s'ils ne sont ni en purgatoire,
09:23ni en paradis,
09:24allez,
09:25il n'y a pas 36 solutions,
09:27ils sont là-bas.
09:28Aïe, aïe, aïe,
09:30Jésus, Marie,
09:30sainte croix,
09:31mais c'est pas possible.
09:32Alors, ça, c'est sûrement
09:33un coup du grand Saint-Pierre,
09:34pour me punir d'avoir écouté
09:35la musique céleste.
09:36Allez, dites-moi que c'est ça.
09:38Mais écoutez,
09:39mon brave monsieur Martin,
09:40puisque ça a tant d'importance pour vous,
09:43allez voir vous-même
09:43de vos yeux,
09:44de quoi il retourne.
09:45Vous avez les sandales miraculeuses,
09:47vous ne risquez rien.
09:49Tenez, vous allez filer
09:50droit devant vous,
09:50là, voyez, dans ce sentier.
09:52Un peu plus haut,
09:52à gauche,
09:54vous verrez un grand portail
09:55de fer rouge.
09:56C'est pas de peinture, hein,
09:58c'est de chaleur.
09:59Tout n'y touchez pas, hein.
10:01D'ailleurs, il est toujours ouvert,
10:02vous pourrez rentrer,
10:03personne ne vous demandera rien.
10:05Mais pour l'amour de Dieu,
10:07cramponnez-vous bien
10:07à votre chapelet, hein.
10:09Si vous le perdez,
10:10il serait capable de vous garder.
10:12Allez, allez-y vite,
10:13parce que je vois du monde
10:14qui arrive, hein.
10:15Alors, Dieu vous le donne,
10:16et sans en revoir.
10:18Et me voilà parti
10:19sur un grand sentier
10:20pavé de braises rouges.
10:23Je transpirais,
10:24j'étais en âge,
10:25je claquais les dents,
10:26je trébuchais
10:27comme si j'avais bu.
10:28Enfin,
10:29clopin, clopin,
10:30me voilà devant le grand portail.
10:32Oh, mes amis,
10:34on aurait dit
10:35que me la porte
10:35d'un grand four.
10:37J'avais bien envie
10:38de faire un demi-tour,
10:38là,
10:39et de m'enfuir
10:39à toutes jambes,
10:40mais j'ai pensé
10:41à la paroisse,
10:42et ça m'a redonné
10:43un peu de courage.
10:44Alors,
10:45je recommande
10:45mon abadieu,
10:47je serre bien
10:47mon chapelet,
10:48et j'entre.
10:49Au bout de 10 pages,
10:51je ne voyais pas grand-chose,
10:52hein,
10:52à cause des flammes
10:53et de la fumée.
10:54Et puis,
10:54j'avais soif,
10:55j'étais en âge,
10:56j'avais le frisson,
10:57j'étais transi,
10:58et ça sentait le brûler,
11:00une odeur horrible,
11:02comme quand le maréchal Ferrand
11:03il brûle les sabots
11:04d'une vieille brouille.
11:05Et je respirais
11:06bien difficilement.
11:08Et j'entendais
11:09une clameur déchirante,
11:11des gémissements,
11:13des cris d'assassinés,
11:14des hurlements
11:15de fous furieux.
11:17Mais mes yeux
11:18quand même
11:18commençaient
11:19à s'habituer.
11:20Tout d'un coup,
11:21tac,
11:22on me pique à la fesse.
11:23Je me tourne
11:24et je vois
11:25un démon cornu,
11:26assez jeune.
11:27Mais il avait l'air mauvais.
11:29Il me dit,
11:29alors,
11:31tu entres
11:31ou tu n'entres pas ?
11:33J'ai dit,
11:33oh,
11:33moi j'entre,
11:35mais j'entre pas
11:35pour de bon,
11:36je suis un ami du bon Dieu.
11:39Mais il me dit,
11:39si tu es un ami du bon Dieu,
11:40qu'est-ce que tu viens foutre ici ?
11:42J'ai dit,
11:42oh,
11:42ne m'en parlez pas,
11:43je ne tiens plus sur mes jambes.
11:44Je viens,
11:45je viens de la part
11:46du bon Saint-Pierre
11:47pour savoir si par hasard,
11:49par hasard,
11:50vous n'auriez pas ici
11:51quelqu'un de cucugnan.
11:53Alors à ce moment-là,
11:54j'entends derrière moi
11:55un rire effroyable.
11:57Je me tourne,
11:58c'était un autre démon,
11:59encore plus grand que l'autre.
12:00Il me dit
12:01avec une voix effroyable,
12:02oh,
12:03feu de Dieu,
12:04à quoi ça te sert
12:05de faire la bête ?
12:07Tu sais très bien
12:08que tout cucugnan est ici ?
12:09Ah,
12:10j'ai dit,
12:10moi je n'en savais rien.
12:11Je pensais que,
12:12que peut-être,
12:13il me disait,
12:14allez,
12:14conduisez-moi ce touriste
12:16à notre super salle
12:17de cucugnan
12:17et montrez-lui bien en détail
12:19comment on les traite
12:20ici,
12:21les cucugnanais.
12:23Oh,
12:23mes amis,
12:24un qui me tire,
12:25un qui me pousse
12:26et me voilà
12:26dans cette paroisse
12:28infernale
12:29qui ressemblait
12:30à une immense cuisine.
12:32Par terre,
12:33une vraie éternelle.
12:35Au plafond,
12:36des nuages noirs
12:37comme de la suie
12:37et de chaque côté,
12:39des flammes terribles.
12:41Mais pas des flammes claires
12:42comme celles
12:43de nos bois d'olivier.
12:44Non,
12:44non,
12:44non,
12:44non,
12:44des grosses flammes rouges
12:46avec une languette noire
12:48au bout.
12:50Et sur ces flammes noires,
12:51deux grandes rangées
12:52de chaudrons
12:53de cuivre.
12:55Ceux de droite,
12:56ils faisaient comme
12:57un bruit de pot-au-feu.
12:58Et de temps en temps,
13:01la vapeur
13:01soulevait le couvercle
13:02et en retombant,
13:04ça faisait comme
13:05un bruit de cloche fêlée.
13:06Oh,
13:07mes amis,
13:08c'était un drôle
13:09d'Angélus.
13:11Ceux de gauche,
13:12ils faisaient comme
13:12un bruit de friture.
13:15Et mon guide,
13:16le diabolique,
13:17Eric Haney,
13:18il m'a expliqué
13:18que quand ces malheureux
13:21commençaient à s'habituer
13:22à bouillir,
13:23vite pour les ravigoter,
13:24on les passait à la friture.
13:28Et qui j'ai vu, là,
13:30au bout de la grande fourchette
13:32qui faisait le saut
13:32d'un chaudron à l'autre ?
13:35J'ai vu cette coquine
13:36de quatorinette
13:37qui ne voulait pas coucher
13:39à la maison de ses parents
13:40et le préférait dormir
13:42dans la grange.
13:43Dites-moi un peu,
13:44Clarius,
13:45Elzéard,
13:46Bavarin,
13:46Dominique.
13:48Est-ce qu'il faisait plus frais
13:49dans cette grange, là,
13:50hein ?
13:52Alors,
13:53mes amis,
13:54j'aurais voulu que vous la voyiez
13:55comme je l'ai vue.
13:56toute rougeâtre.
13:59On aurait dit
13:59une grenouille trop cuite.
14:01Elle m'a reconnue.
14:02Je crois même
14:03qu'elle a voulu me parler,
14:04mais trop tard.
14:06Chut !
14:06À la friture.
14:09Et puis,
14:10j'ai vu Pascal.
14:11Oui, Pascal,
14:12celui qu'on appelle
14:12les doigts qui collent,
14:14qui faisait son huile
14:15avec les olives
14:16de M. Julien
14:17et son vin
14:18avec les raisins du notaire
14:19et ses confitures
14:21avec mes poires.
14:22Oh !
14:23Ce n'était pas l'homme
14:24des labours
14:25ni des sevailles.
14:26Non !
14:27C'était plutôt
14:27un spécialiste
14:28de la récolte.
14:29Eh bien, là-haut,
14:30qu'est-ce qu'il a récolté ?
14:32Et comme il pleurait
14:33le pauvre voleur.
14:35Et Parpaillon,
14:36le braconnier,
14:37qui était aussi
14:38pêcheur de poules
14:38et qui a émis le faux
14:40aux gerbiers
14:40de Mestranao.
14:42Ici,
14:42la justice
14:43l'a quitté.
14:44Mais là-haut,
14:46on n'écoute pas
14:47les faux témoins.
14:49Et je l'ai vu
14:49bien mal parti.
14:51Et pour toute l'éternité.
14:53Et dites-vous autres,
14:54venez un peu
14:55que ça vous intéresse.
14:56Qu'est-ce que c'est
14:56qui nous intéresse ?
14:57Ce qu'il a dit,
14:58le curé,
14:59c'est terrible.
15:00C'est un désastre
15:01pour Cucunia.
15:02Et de quoi il parle,
15:03le curé ?
15:03Des choses qu'on ne peut pas dire.
15:04C'est vrai.
15:05C'est des choses
15:06que je ne peux pas entendre.
15:07C'est un sauvage
15:08à ce curé.
15:09Oh, je préfère
15:09aller voir un coup.
15:10Chers mesdames,
15:11vous n'avez plus besoin
15:12que les autres.
15:13Allez-vous rentrer.
15:14Et toi aussi,
15:15ton nain.
15:16On va voir après
15:17comme tu feras le faro.
15:18Et vous, là,
15:19allez,
15:20jou, jou,
15:20allez.
15:22Et comme je pleurais
15:23de grosses larmes
15:24qui s'évaporaient
15:25tout de suite,
15:27le suppôt de Satan
15:28me dit au Parlement,
15:28j'ai dit,
15:29viens un peu par ici,
15:30viens, viens.
15:31On va te faire voir
15:32bien mieux que ça.
15:34Parce que vous avez remarqué
15:35qu'il me tutoyait, hein ?
15:36Oh, c'est diabolique.
15:37Ça n'a ni éducation
15:38ni rien.
15:39Ça vaut tutoirer
15:40même un évêque.
15:42Alors,
15:42sans faire de bruit,
15:44il ouvre une porte immense
15:45et il me pousse
15:46à l'intérieur.
15:47Oh, mes amis.
15:49Alors là,
15:50qu'est-ce que je vois ?
15:52D'abord,
15:52je ne vois rien
15:53qu'une grande muraille
15:54de feu
15:55qui m'éblouit
15:55tout d'un coup.
15:56Mais mes yeux
15:57s'habituaient, là,
15:58et je voyais
15:58de grands traits noirs
15:59horizontaux
16:00qui avaient l'air
16:01de bouger
16:02et j'entendais
16:03un petit tac terrible,
16:04cent fois plus fort
16:05que celui
16:05de la pendule du clocher.
16:07Enfin,
16:07je ne fais trois pas.
16:09Ces grands traits noirs,
16:10c'était des broches
16:11de fer
16:12qui traversaient
16:13des douzaines
16:14de chrétiens.
16:15Ils avaient les mains
16:15attachées à l'air
16:16au l'eau, là,
16:17et les pieds
16:17approchaient à la barre.
16:19Et ils tournaient, là,
16:20lentement devant le brasier
16:21comme les grives
16:23du mois d'octobre.
16:25Il y avait au moins
16:25dix étages
16:26et à chaque étage
16:28des diablotins
16:29avec une cuillère de fer
16:31arrosé ces malheureux
16:32avec le jus brûlant
16:33de leurs péchés.
16:34C'était
16:34la rôtissoire
16:36de l'enfer.
16:37Oh, mon Dieu !
16:38Et là,
16:39j'ai vu le grand Kogaline
16:40que vous avez tous connu
16:42qui était toujours
16:43sous à sept heures
16:44du matin
16:45et qui battait sa femme
16:46tous les jours
16:47entre onze heures et midi
16:47et Babée,
16:49la glaneuse
16:49qui préférait glaner
16:51dans les gerviers
16:52mais qui n'a jamais permis
16:54que je baptise
16:54un seul de sa douzaine
16:56de bastardon.
16:57Mais celui
16:58qui m'a fait
16:58le plus de peine
16:59c'est ce malheureux
17:01Tortillard
17:01qui est mort
17:03le mois dernier.
17:04Celui-là,
17:05quand je portais
17:06dans la rue
17:06le bon Dieu
17:06à un mourant,
17:07il passait son chemin,
17:08le berret sur la tête,
17:09le nez en l'air,
17:10la pipe au bec,
17:12pas plus intéressé
17:13que s'il avait rencontré
17:14une chienne.
17:16Pourtant,
17:16quand il est tombé
17:17du mât de cocagne
17:18à la foire
17:18de Pamporigouste,
17:20je me suis quand même
17:20précipité
17:21pour lui donner
17:21les derniers sacrements.
17:23Ah, voilà !
17:24Il a pas refité
17:25de son agonie
17:26pour me dire
17:26des saletés
17:27et des blasphèmes.
17:28Il est mort
17:29en ricanant.
17:31Eh bien, là-haut,
17:31il ricanait plus.
17:32Et je crois même
17:34qu'il m'a reconnu
17:35à travers ses paupières
17:36aussi, là.
17:37Et comme en tournant
17:38sur la broche,
17:39sa figure passait
17:40devant moi, là,
17:41il m'a dit
17:41avec une voix
17:42de mirliton
17:43« Confessez-moi !
17:44Confessez-moi ! »
17:46« Zou ! »
17:47Un diablotin lui a mis
17:47une cuillerée
17:48de graisse bouillante
17:49dans la bouche
17:49et se lui a coupé
17:51le sifflet.
17:53Ah, moi,
17:54j'en donnais pas l'arche.
17:56Et devant tous
17:56ces malheureux,
17:57je me disais
17:58« Mon Dieu ! »
18:00« Si j'avais apporté
18:01un peu d'eau bénite,
18:02j'aurais pu leur apporter
18:02un peu de fraîcheur. »
18:04Mais le diabolique,
18:05là, mon guide,
18:05il avait entendu
18:06ma pensée
18:06et me dit
18:07« Couillon,
18:08si tu veux apporter
18:09de l'eau bénite,
18:10on ne t'aurait pas
18:10laissé entrer ! »
18:12Et il m'a obligé
18:13de faire la visite
18:14toute entière.
18:16Il m'a accompagné
18:16jusqu'au portail
18:17et en partant,
18:18il me dit
18:18« Martin,
18:19il faut quand même
18:20que je te remercie
18:21et que je te félicite.
18:23Moi ?
18:23Mais pourquoi ? »
18:24Il me dit
18:25« Comment ? »
18:26« Ce n'était pas toi
18:27qui étais leur curé ? »
18:28« Non ! »
18:29« Ce n'est pas toi
18:30qui étais responsable
18:31de leur salut éternel ? »
18:33Alors là,
18:34mes amis,
18:34je n'ai plus su quoi dire.
18:36Vous vous rendez compte ?
18:37Un curé
18:38qui reçoit
18:38les félicitations du diable.
18:40Qu'est-ce que vous en pensez ? »
18:42À moi,
18:42dans le fond,
18:43je me révoltais.
18:44Et comme ce rotisseur diabolique
18:46me tendait sa griffe
18:47pour me serrer la main,
18:48moi,
18:48sans hésiter,
18:49j'ai mis la croix
18:50de mon chapelet.
18:51Il a poussé
18:52un cri effroyable.
18:54J'ai entendu
18:54comme une explosion,
18:55là,
18:55et je me suis réveillé
18:58tremblant de peur
18:59et de honte
19:00sur mon prix Dieu.
19:03Voilà.
19:04Voilà,
19:05mes frères,
19:06ce qui m'est arrivé.
19:07Et voilà
19:08ce qui vous arrivera
19:10si vous continuez
19:11comme ça.
19:13Mon Dieu,
19:14je sais bien
19:15que la nature humaine
19:16est naturellement portée
19:17vers le mal
19:17et que tous les soirs,
19:20le diable va poser ses collets
19:21à la porte des granges,
19:24à la sortie des cafés
19:25et sous la fenêtre
19:26et sous la fenêtre
19:26des filles.
19:29Je sais que vous n'êtes pas
19:30non plus
19:30une race spécialement criminelle
19:33et qu'il y a dans le monde
19:34bien des paroisses
19:35qui vivent
19:36beaucoup plus mal que nous.
19:38Mais ce qui fait
19:40de Cucugnan
19:40un village
19:41de damnés,
19:43c'est que vous ne venez pas
19:44à la confession.
19:44Tous les soirs
19:46à six heures,
19:48je suis là
19:49dans cette guérite sacrée-là,
19:51comme un soldat
19:52en sentinelle
19:53ou comme un chasseur
19:55à la gâchon.
19:56Et j'attends,
19:58j'attends.
20:00Quelquefois,
20:01il y a une bonne vieille,
20:03des petits du catéchisme
20:04et puis plus rien.
20:07Mais je reste quand même.
20:08J'entends un cierge
20:10qui grésille,
20:11une souris
20:12qui ronge
20:13le pied du lutrin,
20:15un cri d'hirondelle
20:15là-haut dans le clocher
20:16et plus rien.
20:20Alors le froid
20:21au pied m'augagne,
20:23mes jambes s'engourdissent
20:24et finalement,
20:26je m'endors.
20:28Eh bien, mes amis,
20:29il faut que ça change
20:30et ça va changer.
20:33Mais n'oubliez pas
20:34le cri désespéré
20:35de Tortillard
20:36« Confessez-moi ! »
20:37Pour lui,
20:38pour chers,
20:38c'était trop tard.
20:40Mais pour vous
20:40qui avez cette chance
20:41de pouvoir encore obtenir
20:43le pardon
20:44et la miséricorde divine,
20:46ne soyez pas assez stupides
20:48pour refuser
20:49le grandiose privilège
20:50que nous devons
20:51au sacrifice
20:52de notre Seigneur Jésus-Christ.
20:56Oh, je sais bien, hein.
20:58Je sais que si vous aviez
20:59le droit de parler
21:00dans cette église,
21:01je sais ce que vous me diriez.
21:03Vous me diriez
21:03« Ici,
21:04on est tous baptisés
21:05et il est bien rare
21:07que les mourants
21:08ne reçoivent pas
21:09l'extrémention. »
21:11C'est vrai.
21:13Puis vous ajouteriez
21:14« Puisque la confession
21:15efface tout,
21:17c'est pas la peine
21:17de se confesser
21:18tout le temps.
21:19La dernière
21:19est bien suffisante. »
21:21Eh bien, mes amis,
21:22vous vous trompez.
21:24Quand vous avez
21:25un malade chez vous,
21:26vous attendez toujours
21:27le dernier moment
21:28pour venir me chercher
21:29qu'il n'est plus
21:29que quatre bouffées d'air
21:30et quand j'arrive,
21:32il est déjà sur le départ.
21:34La lèvre violette,
21:35le nez tout mince,
21:36les yeux vitreux.
21:37Alors, il me bafouille
21:38des paroles sans suite
21:40entre mes deux
21:40parce que ce n'est pas
21:43facile de mourir.
21:46Et au lieu de me dire
21:47ce qu'il faudrait,
21:49il me gargouille
21:49un dernier soupir.
21:51Et moi, je me dépêche
21:52de vite donner
21:52mon absolution
21:53pendant que sa pauvre âme
21:55s'en va
21:55et moi qui cours après.
21:56Comme quand on accompagne
21:58quelqu'un à la gare
21:59et qu'il a oublié
22:00de vous dire quelque chose.
22:01Qui peut savoir
22:02si c'est agonisant,
22:03c'est repenti ?
22:05Et même si c'est repenti
22:06vraiment,
22:07qu'est-ce qu'elle vaut
22:08mon absolution ?
22:09Pas grand-chose.
22:11Peut-être même
22:12rien du tout.
22:14Et êtes-vous sûr
22:15quand vous viendrez
22:16me chercher
22:17à la première alerte sérieuse
22:18que vous ne serez pas déjà
22:19à moitié gaga ?
22:21J'en ai confessé beaucoup
22:22comme ça
22:23dans ces pauvres absents.
22:25Ils s'accusent
22:25de n'importe quoi.
22:26D'avoir mis le feu
22:28à l'église
22:28ou d'avoir dit
22:30du mal du percepteur.
22:32Ce qui est peut-être
22:33une erreur
22:33mais c'est sûrement
22:34pas un péché.
22:37Un jour,
22:37je n'ai confessé
22:38rien comme ça
22:38qui se croyait
22:39d'avoir huit ans.
22:41Il me prenait
22:42pour sa tante Adèle.
22:44Oh,
22:44mes amis,
22:45n'attendez pas
22:46d'en être là
22:47car le seul repentir
22:49valable et sincère
22:50est celui des gens
22:51en bonne santé.
22:52et puis,
22:55n'oubliez pas
22:56la perfidie
22:57de la mort.
22:59Tous les soirs
23:00au soleil couchant,
23:02on voit
23:02Baptiste
23:02le Boiteux
23:03qui remonte
23:04son champ
23:05du Rue Sattel.
23:06Il suit
23:07délacé de la route
23:08avec sa grosse
23:09faux sur l'épaule.
23:11On le voit de loin
23:11mais on est certain
23:13qu'il n'arrivera pas
23:14dans l'Angélus.
23:15Mais la mort,
23:16elle,
23:16ça ne vient pas
23:16comme ça.
23:18Quelquefois,
23:18elle te suit
23:19depuis une semaine
23:19et tu ne t'en as même
23:20pas aperçu.
23:21Tu croyais que
23:22c'était ton ombre
23:23et puis tout à coup,
23:24hop,
23:25elle te passe devant
23:25et avec son doigt pointu,
23:27elle a un tas
23:27de ton pique
23:28de ton cœur
23:28qui éclate
23:29et tu tombes
23:30sans dire un mot.
23:31Une autre fois,
23:33elle te donne
23:33une tape sur la tête
23:34et elle te bouge
23:35sous la veine du cerveau
23:37ou alors c'est un mégot
23:38qui est tombé
23:38dans la litière du cheval
23:39et quand les voisins
23:41arriveront
23:42avec les seaux de toile
23:43et la pompe du village,
23:44toi,
23:45tu n'es plus
23:45qu'un gros bout
23:45de charbon là,
23:47tout tordu
23:48comme un tronc d'olivier
23:49ou alors c'est en plein jour,
23:51par un beau matin
23:52du mois d'avril,
23:54elle apparaît
23:54au pied d'un cerisier,
23:56elle fait un croquant jambe
23:57à l'échelle
23:57et tout s'effondre
23:59et voilà un pauvre chrétien
24:01par terre
24:01tout disloqué
24:02comme un épouvantail
24:04de filière.
24:05Et son âme
24:06s'envole au ciel,
24:07désespérée.
24:10Voilà, mes frères,
24:11ce qui vous menace
24:12et qui vous menace
24:14à bref délai.
24:16Quoi que notre village
24:17ne soit pas bien grand,
24:18nous avons quand même
24:19nos six morts par an.
24:22Ça fait un mort
24:23tous les deux mois.
24:25Le dernier, là,
24:25c'était ce pauvre tortillard
24:27et ça va faire déjà
24:29six semaines.
24:31Il ne reste plus que
24:32quatorze jours
24:33pour y loger
24:33le mort suivant.
24:35Et où il est celui-là ?
24:36Eh !
24:37Où il est celui
24:38ou celle
24:38qui entrera ici
24:40dans l'église
24:40sur les épaules
24:41des voisins ?
24:43Les planches
24:43sont chez le menuisier.
24:46Les cierges
24:46qui le veilleront
24:47sont dans le tiroir
24:49de la sacristie.
24:50Et dans notre petit
24:51cimetière,
24:52le soleil
24:52de ce beau dimanche
24:53chauffe à la pioche
24:55de Fénicien.
24:56Alors où il est le mort,
24:57hein ?
24:58Vous n'en savez rien
24:59et moi non plus.
25:01Il ne semble pas
25:02encore mauvais
25:02mais il y a une chose
25:03que nous savons
25:04c'est que ce mort
25:05est parmi nous.
25:06Eh bien c'est à lui
25:07ou à elle
25:08que je m'adresse.
25:09Et je lui ai dit
25:09mon frère
25:10ou ma soeur
25:11puisque tout est prêt
25:12tâche d'être pris
25:14toi aussi.
25:15Moi je suis là
25:16pour t'aider.
25:17Viens te confesser.
25:19Viens te faire reprendre.
25:21Je t'attends
25:22à n'importe quelle
25:23heure du jour
25:23ou de la nuit.
25:24Je suis là.
25:27Oui.
25:28Il entend mes paroles
25:29mais il ne viendra pas
25:31parce qu'il ne sait pas
25:32que c'est pour lui.
25:35Et puis il y a quelque chose
25:36qui vous fait peur.
25:37C'est la confession.
25:39Et pourquoi
25:40elle vous fait peur ?
25:42Pour les hommes
25:43c'est par vanité.
25:45Ça les gêne
25:46de raconter à un autre homme
25:47les fautes qu'ils ont commises.
25:49Il se figure
25:50que je vais prendre des notes
25:51là
25:51dans ma tête
25:52et quand je vais
25:53les rencontrer
25:53dans la rue
25:54je vais sourire
25:55en pensant
25:55à la confession.
25:57Mais mes pauvres enfants
25:58si un prêtre
25:59devait garder
26:00dans sa mémoire
26:01toutes les fautes
26:02qu'on lui confie
26:03mais lui pousserait
26:04une tête
26:04comme une coucourde
26:05il semblerait
26:06un bilboquet
26:07puis il deviendrait fou.
26:08en réalité
26:11ce n'est pas à moi
26:12que vous parlez
26:14moi ça rentre
26:14par une oreille
26:15et ça ressort
26:16par l'autre
26:17pour aller jusqu'au pied
26:18du bon Dieu
26:19alors il juge
26:20votre repentir
26:22et il m'inspire
26:23la pénitence
26:24que je dois
26:24vous infliger.
26:27Et il y a
26:27quelqu'un d'autre
26:28qui entend
26:28votre confession
26:29c'est vous-même
26:31et ça
26:32c'est le plus important.
26:34le mal que l'on fait
26:36on le fait souvent
26:37sans s'en apercevoir
26:38et quand il faut ensuite
26:40le raconter à Dieu
26:41on l'apprend soi-même
26:44comme une bien triste nouvelle
26:45et quand on est sur le point
26:47de recommencer
26:48ça vous met un peu mal à l'aise
26:51on n'y va pas
26:53d'aussi bon cœur
26:53mais même si vous n'êtes pas
26:56assez intelligent
26:57pour croire à la vie éternelle
26:59pensez à votre vie terrestre
27:01si vous saviez
27:02comment on est bien
27:03après une bonne confession
27:04moi j'y vais tous les lundis
27:06chez le curé de Graveson
27:08et bien lundi dernier
27:09en revenant à pied
27:11sur cette belle route
27:13avec le soleil couchant
27:15en face de moi
27:15je me suis aperçu
27:17que je châtais
27:17oh mais pas un psa
27:19mais non non non
27:20une chanson profane
27:22je ne vous dis pas laquelle
27:23vous moqueriez de moi
27:25mais c'est ça
27:27les bienfaits
27:28d'une bonne confession
27:29c'est comme un nouveau baptême
27:31un baptême
27:32de chaque semaine
27:33qui efface
27:34tous vos péchés
27:35il y a quelques années
27:37un berger
27:38est venu me chercher
27:39pour que je porte
27:40les saintes huiles
27:41à un mourant
27:42dans une ferme
27:43des Alpilles
27:44j'étais ravi
27:45mais quand même
27:46un peu étonné
27:46parce que le malade
27:48je ne le connaissais
27:49que de vue
27:50il n'avait jamais
27:52mis les pieds
27:52dans notre église
27:53c'était un homme triste
27:56il parlait guère
27:57il ne jouait même pas
27:58au bout
27:58enfin j'arrive
28:00il avait la bouche tombante
28:01enfin il était
28:02sur le point de passer
28:03mais il avait gardé
28:04toute sa tête
28:05alors je le confesse
28:07bien en détail
28:08c'était pas beau
28:09mais à mesure
28:11qu'il parlait
28:12je voyais sa figure
28:14qui se détendait
28:15et quand je lui ai donné
28:17la sainte communion
28:18j'ai vu dans ses yeux
28:20qu'il ne bougeait plus
28:21comme un sourire
28:23oui un sourire
28:25le premier peut-être
28:27depuis son berceau
28:28alors
28:30j'avais envie
28:31de prendre ce mourant
28:32par la cravate
28:33et de lui dire
28:34espèce d'imbécile
28:35des aconisants
28:36tu n'as pas honte
28:38d'avoir passé
28:38trente ans de misère
28:40avec ce paquet de fumier
28:41l'accroché
28:42à l'artère du coeur
28:42quand tu n'avais
28:44que le porté ici
28:45sans dire ton nom
28:46là dans ce confessionnal
28:47derrière ce mauvais rideau
28:49qui est plus épais
28:51que la muraille de Chine
28:52oui la muraille de Chine
28:55c'est un mur
28:56tellement large
28:57qu'on y a construit
28:57une route dessus
28:58tu n'as pas honte
29:00d'avoir gardé
29:01toutes ces mauvais actions
29:02là enfermées
29:02comme un paix
29:04sous un drap de lit
29:04qui vous empêche
29:05de remuer
29:06de peur de mourir
29:06asphyxié
29:07oh tu t'es bien puni
29:10toi même
29:10et le bon dieu
29:12n'aurait pas été
29:13aussi cruel que toi
29:14voilà mes enfants
29:16je crois que vous avez compris
29:18et je crois que je vais pouvoir
29:20vous sauver de l'abîme
29:21et que nous allons enfin
29:23recevoir les félicitations
29:24non pas du suppôt de Satan
29:26mais de ce bon Saint Pierre
29:28qui va enfin pouvoir
29:29remplir sa page blanche
29:31donc nous allons nous mettre
29:34à l'oproche
29:35et pas plus tard que demain
29:36et pour que tout se passe bien
29:39nous allons faire ça
29:40dans l'ordre
29:41nous irons remparant
29:42comme quand on va danser
29:43à Jonquière
29:44lundi
29:46je confesserai
29:48Phélicien
29:48le menier
29:50oui
29:50il passera le premier
29:51ça nous tiendra
29:52toute la matinée
29:53et ça sera pas de trop
29:54l'après-midi
29:56le forgeron
29:57et le boulanger
29:58là nous en aurons
30:00au moins jusqu'à l'Angélus
30:02mardi
30:03les vieux
30:04et les vieilles
30:05oui parce que
30:06les pauvres
30:07c'est les plus pressés
30:08mercredi et jeudi
30:10les femmes
30:11oui je leur réserve
30:13deux jours
30:13parce que
30:15elles aiment discuter
30:16et je leur demande
30:17de ne pas faire d'histoire
30:18celles qui auront mangé
30:19un petit morceau de sucre
30:20en cachette
30:21ou celles qui auront
30:23eu une tentation
30:23en voyant passer
30:25les pompiers d'Arles
30:25qui ma foi sont d'ailleurs
30:26très beaux
30:27qu'elles ne m'en fassent pas
30:28tout un roman
30:29comme ça sera
30:31leur première proposition
30:32de plus longtemps
30:32il faudra déblayer
30:34et résumer
30:35quand on commence
30:37à nettoyer le grenier
30:38on ne peut pas faire tout
30:39le premier jour
30:39il faut d'abord
30:40enlever le plus gros
30:41vendredi
30:43je confesserai les hommes
30:44sérieusement
30:46mais rapidement
30:47et samedi
30:49tous les petits enfants
30:51et dimanche matin
30:53ça sera une assemblée
30:55toute neuve
30:56toute brillante
30:57qui viendra ici
30:58assister à la grand messe
31:01au pied de notre patron
31:02le bon saint Trope
31:04qui nous regarde
31:06en souriant
31:06au nom du père
31:09du fils du saint esprit
31:11ainsi soit-il
31:12bon
31:14et maintenant
31:14nous allons entendre
31:16les petits chanteurs
31:17de la maîtrise d'Avignon
31:19à l'échelle strio
31:19de la maîtrise d'Avignon
31:22non
31:24la divinité
31:26à l'échelle
31:27ne s'entendent
31:28on
31:29à l'échelle
31:29et
31:30à l'échelle
31:30d'Avignon
31:31et
31:31ça
31:32est
31:33de la maîtrise d'Avignon
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