- 04/07/2025
Vendredi 4 juillet 2025, retrouvez Olivier Delooz (Associé gérant, Clartan Associés) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.
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00:00Le dernier quart d'heure de Smartbourg, chaque soir c'est le quart d'heure thématique, une fois par mois nous passons au filtre de l'analyse fondamentale, un dossier, un cas d'investissement avec les équipes de Clartan Associé et c'est Olivier Delos qui est à mes côtés ce soir associé et gérant financier chez Clartan Associé.
00:25Bonsoir Olivier, on parle avec vous d'un dossier de grande qualité, intéressant d'ailleurs de commencer par l'angle boursier une fois n'est pas coutume dans cet exercice, on parle du cas Legrand et Legrand est un exemple emblématique d'un dossier de grande qualité, le facteur qualité étant quelque chose de très documenté en bourse et la qualité en bourse c'est une performance régulière sur la durée, c'est ça Olivier ?
00:53Oui c'est tout à fait ça, c'est intéressant, Legrand on a regardé ce matin qui a été réintroduit en bourse en 2006, après un petit passage LBO, KKR et Vindel bien sûr, et la performance de Legrand dividendes réinvestis depuis que ça a été réintroduit en bourse, c'est nettement mieux que le Standard & Poor's 500 dividendes réinvestis.
01:12Ça veut dire que c'est entre 12 et 13% par an, donc 12 et 13% par an ça veut dire que si vous gardez cet investissement pendant 20 ans, et bien vous multipliez quasiment par 10 la valeur de votre investissement initial.
01:24Et donc Legrand c'est une société qu'on ne connaît pas forcément très très bien, qui est une pépite française, et qui en fait est un investissement boursier, on n'a pas besoin de parler des GAFAM pour en fait trouver de très très bons investissements.
01:37C'est-à-dire mieux que le S&P 500 avec des valeurs françaises cotées comme Legrand. C'est aussi une ode à la patience je trouve, c'est-à-dire c'est 12-13% par an, c'est régulier, on ne va pas chercher la fusée stratosphérique qui peut là doubler en 6 mois. Non, c'est la patience aussi qui fait ça Olivier.
01:56Oui, dans l'investissement, un peu comme dans la vie d'ailleurs, souvent ce qu'on aime c'est les ruptures, les choses qui accélèrent très fort, mais en fait on se rend compte que si on a bien fait son analyse et son choix à l'origine, et qu'on est patient et qu'on laisse dérouler en fait une stratégie, c'est ça qui a de la valeur, c'est ça qui crée de la valeur et c'est ça qui rend l'investisseur heureux.
02:17Qu'est-ce qui fonde cette qualité, cette extrême qualité qu'on retrouve chez Legrand sur le plan boursier à travers l'histoire de l'entreprise et à travers son positionnement aujourd'hui Olivier ?
02:27Alors d'abord c'est une société qui a un historique profond puisqu'elle a été créée il y a bientôt 160 ans. Ses origines c'est Limoges. Pourquoi Limoges ? Parce que c'est la porcelaine et la porcelaine au tout début de l'électricité, la fait électricité, c'est le matériau qui est le plus isolant.
02:43Et donc en fait Legrand qui est une société d'électricité à l'origine avait racheté ce producteur de porcelaine pour pouvoir produire et commercialiser des interrupteurs principalement.
02:57Alors après ce qu'on peut dire c'est que la qualité de Legrand c'est une stratégie qui se déroule, c'est-à-dire que c'est un pur player sur son marché, c'est un marché mondial qu'on peut estimer à peu près à 130 milliards d'euros, c'est quand même très profond.
03:10Donc on appelle ça le matériel basse tension, c'est ça ?
03:12Alors oui, Legrand c'est le leader mondial des infrastructures électriques et numériques pour les bâtiments.
03:19D'accord.
03:20Donc c'est tout ce qu'on voit dans ce studio.
03:22Dans le tertiaire, dans l'industrie, dans tout type de bâtiment.
03:25Exactement.
03:26Et donc ils ont un catalogue de références de 300 000 pièces.
03:32D'accord.
03:33Donc ça c'est plus de 200 000 qui sont customisées.
03:36Ça veut dire que c'est une offre qui est unique dans le monde.
03:40Et ce sont les seuls à faire ça.
03:42Et donc c'est un marché qui est très atomisé.
03:44Pour moitié en fait sont des grands acteurs, comme ABB, comme Schneider, mais qui ne sont pas des pur players, qui offrent d'autres choses.
03:50Et puis ensuite des entreprises qui font quelques millions, dizaines de millions, centaines de millions de chiffres d'affaires.
03:54Et qui sont à la fois des clients, des concurrents de Legrand, mais aussi des cibles.
04:00Parce que ce qui est très intéressant, c'est que Legrand, c'est d'abord l'innovation.
04:04C'est une entreprise qui investit tous les ans 5% de son chiffre d'affaires en recherche et développement.
04:08Et donc qui est toujours à la recherche de nouveaux produits pour être plus efficace et pour apporter toujours quelque chose de plus au client final.
04:21Et à côté de ça, c'est aussi un modèle qui vise des acquisitions.
04:24Donc c'est une croissance finalement de l'ordre de 10% par an.
04:27Moitié, ou plutôt deux tiers par croissance organique et toujours un tiers par acquisition.
04:32Et c'est un savoir-faire ancré dans l'entreprise.
04:35On avait eu la chance de le recevoir il n'y a pas très longtemps, il y a quelques mois, le directeur financier de Legrand, Franck Lémery.
04:40On a parlé de cette division M&A.
04:43Oui, c'est une division importante de l'entreprise.
04:46Et c'est un rythme, un savoir-faire qui est ancré effectivement dans l'ADN de l'entreprise.
04:52Exactement, c'est ce que l'ancien patron des stylers, Xavier Fontané, a appelé jeu de fonds de cours et de volet.
04:58C'est-à-dire que le fonds de cours, c'est la croissance organique et la volet, ce sont les acquisitions.
05:01Et donc, ils ont toujours un budget.
05:04Et donc, c'est une entreprise qui n'a quasiment pas de dette.
05:07Le levier, c'est un peu moins de 1,5 fois l'Ebitda.
05:11Ça veut dire qu'ils ont des capacités, avec la génération de cash en plus, tous les ans, à faire des acquisitions ciblées, de plus ou moins grande taille.
05:19Et c'est comme ça, par exemple, qu'ils sont en train de s'étendre assez fortement sur les data centers.
05:23Ce qui a été une activité assez récente, en fait, pour Legrand.
05:25C'est un exemple parfait pour évoquer les tendances qui portent effectivement le business de Legrand.
05:31Les data centers, de mémoire, si je ne dis pas de bêtises, il y a 5-6 ans, ça ne pesait quasiment rien dans le chiffre d'affaires du groupe.
05:39Aujourd'hui, ils sont quasiment à 20% ?
05:41Oui, c'est ça. C'est 5% il y a quelques années. Cette année, ce sera 25% du chiffre d'affaires.
05:47Et ce qui est intéressant avec cette société, c'est qu'en fait, ils sont vraiment assis sur les grandes tendances de la transition énergétique.
05:57Et c'est intéressant parce que, alors, Legrand peut penser que ce n'est pas très glamour comme cas d'investissement.
06:01Mais en réalité, ce qui est intéressant, c'est qu'ils sont centrés sur l'énergie.
06:05Et l'énergie, c'est le cœur, finalement, de l'activité économique.
06:07Et donc, les trois grandes tendances sur lesquelles ils vont surfer dans les prochaines années, c'est évidemment l'électrification du monde.
06:13Parce qu'on ne peut pas réussir cette transition énergétique et moindre émission de CO2 sans électrifier, en fait, au maximum, les bâtiments, les productions, le transport et autres.
06:25Donc, on estime à peu près, à une multiplication par deux de la part de l'électricité dans le mix énergétique d'ici 2050,
06:32on va passer de 20% à 40% d'un marché qui va continuer à croître, en plus.
06:37Donc, ça, c'est vraiment une tendance de fond qui est très porteuse.
06:41La deuxième chose sont les data centers.
06:43Il y a une explosion, en fait, des productions de data aujourd'hui dans le monde.
06:47C'est multiplié par à peu près 15 entre 2020 et 2030.
06:51Donc, c'est un rythme qui est absolument effréné.
06:54Et pour ça, il faut des data centers.
06:56Et où est-ce que le grand intervient ?
06:58Dans, évidemment, le câblage, mais aussi tout ce qui est refroidissement, en fait, des infrastructures, des data centers.
07:03Donc, ça, c'est effectivement très intéressant.
07:05Et le dernier aspect, c'est qu'il y a une transformation, finalement, démographique du monde.
07:10Déjà, une croissance démographique qui se poursuit, même si elle va se ralentir.
07:15Une urbanisation qui fait qu'on a de plus en plus appel, finalement, à l'électricité.
07:19Et puis, des nouveaux moyens, de nouvelles façons de vivre, des usages qui sont nouveaux.
07:27Il y a, évidemment, la santé connectée.
07:31Il y a l'aide à domicile et la présence à domicile le plus longtemps possible.
07:35Donc, tout ça, ce que ça veut dire, c'est qu'il faut être de plus en plus connecté.
07:40Et tout ça avec des bâtiments intelligents.
07:42Ça, c'est fondamental parce qu'on se rend compte que tout ce qui est thermostat,
07:46va pouvoir voir quelle est la température à tout moment de son logement ou de ses bureaux.
07:52C'est tout ça.
07:54Ce que rappelle Benoît Cocard, le patron de Legrand,
07:56c'est que dès que vous baissez d'un degré la température d'une pièce ou de votre bâtiment,
08:01vous baissez de 8% la consommation d'électricité, d'énergie.
08:04Donc, tout ça fait qu'on a une société qui va dérouler dans les 10, 15, 20 prochaines années.
08:11Dans l'environnement actuel, ils se sont exprimés effectivement sur ce que pourraient coûter des tarifs américains sur leurs produits.
08:21Ils exportent une partie de leurs produits quand même pour le marché américain.
08:26C'est pour une entreprise comme Legrand, c'est complètement gérable.
08:29Le marché l'a intégré.
08:31Il n'y a pas de risque supplémentaire de ce point de vue-là.
08:33Modulo, ce que Donald Trump a annoncé, j'entends Olivier.
08:36Mais c'est quelque chose qui est géré par l'entreprise.
08:40Oui, absolument.
08:41Ça, c'est intéressant.
08:43Et on voit ce que c'est qu'une entreprise qui sait s'adapter très rapidement.
08:47Donc, très vite, ils ont dit que ça coûtera à peu près 150 millions.
08:50L'impact, encore, c'était en prenant les premiers tarifs annoncés par Trump.
08:54Oui, c'est ça.
08:54C'est moindre aujourd'hui.
08:56Donc, c'est à peu près 150 millions.
08:58Les États-Unis, c'est un marché important pour eux, puisque l'Amérique du Nord, c'est 40% du chiffre d'affaires.
09:02Et dessus, ils importent la moitié des produits qui sont vendus aux États-Unis.
09:06Et ce qu'ils ont dit, ils se sont engagés à ça, c'est que ce soit sans impact sur la marge d'exploitation cette année,
09:13parce qu'ils vont réorganiser leur sourcing, ils vont passer des hausses de prix.
09:19Et la société fera en sorte, avec des gains de productivité aussi, parce qu'ils savent faire ce genre de choses,
09:25de pouvoir passer complètement, en fait, l'impact.
09:27Oui, c'est une boîte qui a un vrai pricing power.
09:29C'est pas très sexy, bon, peut-être.
09:31Mais en tout cas, dans l'industrie, c'est quand même des boîtes, c'est quand même une star de ce point de vue-là.
09:36Elles passent régulièrement des hausses de prix chaque année.
09:38Ah bah, chaque année. C'est dans le business model, c'est l'un des aspects stratégiques.
09:42Alors, évidemment, au moment du choc inflationniste qu'on a eu après Covid,
09:45là, c'était des hausses de prix qui ont pu être de l'ordre de 20 à 30%.
09:48Mais tous les ans, c'est 2, 3% de hausses de prix.
09:52Pourquoi ? Parce qu'ils ont une telle offre qu'en fait, le professionnel veut être sûr d'être fourni.
09:56Et donc ça, finalement, ça n'a pas de prix.
09:59Et en plus de ça, il faut avoir des produits de très bonne qualité.
10:03Parce qu'on ne joue pas avec l'électricité.
10:05Et on ne veut pas, évidemment, que renoncer à la qualité pour des questions de prix dans cette industrie.
10:11Le problème d'une entreprise comme Legrand, c'est qu'on ne sait jamais quand l'acheter.
10:14C'est-à-dire que c'est toujours un peu cher, d'une certaine manière, Olivier.
10:18Mais avec ce qu'on vient de décrire, je comprends que ça le vaut.
10:21C'est sûr. C'est une pépite.
10:23C'est une société qui a une marge d'exploitation de 20%.
10:26Il n'y en a pas beaucoup dans le monde.
10:28Return equity, 16-17% bon emballant.
10:31Il reverse 50% des résultats à l'actionnaire, toujours sous forme de dividende.
10:36Ils feront peut-être un jour du rachat d'actions.
10:38Mais pour l'instant, ils continuent à croître.
10:40Et donc, oui, c'est une société qui se paye assez cher, toujours.
10:45Les ratios de valorisation, c'est 20 fois lorsqu'on est en crise.
10:48Et 22 à 25 fois quand les choses vont bien.
10:51Mais encore une fois, ce qui compte, le point d'entrée est important.
10:54Mieux vaut l'acheter...
10:55Mais il faut accepter de monter dans le train en marche.
10:57C'est exactement ça.
10:58Au moment de l'introduction en bourse, au début, ça n'a été pas facile
11:01puisqu'il y a eu la crise immobilière américaine tout de suite.
11:04Oui, oui.
11:05Le titre a baissé 40%.
11:06Ça aurait été mieux de l'acheter là.
11:08Mais ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que ceux qui l'ont acheté à l'introduction en bourse...
11:10Ils ont quand même fait x8.
11:11...ont fait déjà x8, exactement.
11:13Merci beaucoup, Olivier.
11:14Olivier Delos qui est avec nous pour développer, détailler ce cas.
11:17Le Grand, l'exemple de la qualité en bourse qui paye sur la durée.
11:22Olivier Delos, associé et gérant chez Clartin, associé,
11:25qui était l'invité de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse.
11:26à retrouver en replay, bien sûr, sur bsmart.fr.
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