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  • il y a 4 jours
Jeudi 3 juillet 2025, retrouvez Marc Durie (Président, J.M. Weston) et Jean-Bernard Heronneau (spécialiste de l'excellence opérationnelle et d'économie circulaire, Mews Partners) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.

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Transcription
00:00C'est le débat de ce Smart Impact, on parle du secteur du luxe et de l'économie circulaire avec Marc Durie, bonjour, bienvenue, vous êtes le président de Weston, Jean-Bernard et Renaud, bonjour, bienvenue à vous aussi, spécialiste de l'excellence opérationnelle et de l'économie circulaire chez Muse Partners, JM Weston, Marc Durie, c'est une marque française, déjà on peut commencer par dire ça parce que tout le monde ne le sait pas,
00:28dont l'histoire commence il y a très longtemps, j'ai lu 1891 dans le Limousin, c'est ça ? Exactement. Alors c'est quoi aujourd'hui, ça représente quoi Weston, combien de salariés, quel chiffre d'affaires ? Alors toujours basé à Limoges pour la manufacture, nous avons 180 artisans, 350 salariés dans le monde, essentiellement en France et Japon et 53 millions d'euros de chiffre d'affaires.
00:50Et des engagements en matière d'économie circulaire dont on va parler ensemble, vous pouvez nous présenter Muse Partners en quelques mots là aussi, Jean-Bernard ?
00:59Oui, bien sûr, donc Muse Partners c'est un cabinet de conseil indépendant en management et organisation, on est environ 300 collaborateurs aujourd'hui répartis en France et en Allemagne.
01:08Ces enjeux d'économie circulaire, on va parler plus spécifiquement du secteur du luxe là, mais vous les voyez vraiment grandir, émerger, c'est pas la même chose, soit on est au stade émerger, soit on est au stade grandir,
01:21ou alors au contraire un peu reculer parce qu'on est dans une période politique de retour en arrière ?
01:26Alors moi je les vois plutôt grandir, pour reprendre votre terme, parce qu'il y a quand même plein d'enjeux qui sont associés en fait finalement à l'économie circulaire concernant le luxe.
01:37Est-ce qu'ils se sentent concernés spontanément le secteur du luxe par l'économie circulaire ?
01:42Alors je dirais que oui en fait, c'est le fondateur d'Hermes qui disait que le luxe c'est un produit qui se répare en fait, ou de savoir réparer, c'est plus exactement la phrase,
01:54mais donc du coup derrière la réparation, on est en plein dans le cœur de l'économie circulaire, je crois que côté Weston en fait vous avez aussi...
02:02La réparation et la durabilité, au sens on fait des produits qui ne sont pas des produits jetables, c'est aussi ça ?
02:11Exactement oui, la durabilité c'était vraiment un petit peu la clé de la conception des produits depuis l'origine de l'entreprise en 1891,
02:18avec déjà à l'époque la notion de réparabilité qui venait de la construction choisie pour faire les chaussures et du choix des matériaux qui est aussi important pour garantir cette durabilité du produit.
02:31Alors c'est quoi aujourd'hui la réparation ou la restauration peut-être c'est le mot qu'on peut employer de chaussures Weston ? Comment ça marche ?
02:41Alors on répare à peu près 10 000 paires de chaussures par an, donc les clients nous les ramènent dans les boutiques, on les renvoie à la manufacture à Limoges,
02:49on les remet sur forme, donc la forme d'origine sur laquelle a été fait la chaussure, on enlève la semelle,
02:55et on va recoudre une semelle complètement neuve tout en nourrissant le cuir du dessus de la chaussure.
03:02Donc ça veut dire que pour le client, il va avoir le sentiment d'avoir une chaussure neuve qui revient chez lui, c'est ça ?
03:09On a quasiment le sentiment d'avoir une chaussure neuve puisque la semelle est complètement neuve, en revanche le dessus de la chaussure a gardé un petit peu le passage du temps.
03:17Un peu de fatigue, c'est ce qu'on aime aussi.
03:19Et d'autre part, ça fait une chaussure qui est tout de suite très confortable puisque le client l'a déjà portée, l'a déjà un petit peu cassée en quelque sorte.
03:27Et pour beaucoup moins cher forcément ?
03:30Voilà, alors quand elle passe dans le programme Weston Vintage, effectivement on les revend à 40% du prix d'origine.
03:37D'accord. Si on regarde un peu les chiffres de la seconde main dans le secteur du luxe, c'est une étude tripartie qui date de l'an dernier 2024,
03:47le marché de la seconde main du luxe dans la mode, on est beaucoup plus général, croissance annuelle de plus 15,5%, on est à 35 milliards d'euros,
03:55ça ce sont des chiffres mondiaux.
03:59Le secteur du luxe, c'est un impact majeur et donc une circularité potentielle importante, on peut dire ça ?
04:06Oui, c'est une circularité potentielle très importante parce qu'en fait on a aussi des matières qui sont nobles et donc de très bonne qualité.
04:14Et donc du coup, que ce soit dans le recyclage ou la réparation, en fait il y a un très fort potentiel.
04:19On a aussi des produits qui ont une valeur marchande, même à la revente, qui peut justifier d'avoir des activités de réparation.
04:27Maintenant, je pense que le gros sujet c'est comment on passe d'une activité un petit peu artisanale entre les différentes maisons par exemple,
04:34à quelque chose de beaucoup plus significatif en termes de volume.
04:38Et là, je pense que c'est l'enjeu de demain en fait pour le secteur.
04:42Parce que si on parle de l'impact, il y a parfois ou souvent, je ne sais pas, des ressources assez rares qui sont mobilisées par le secteur du luxe ?
04:51Oui, alors c'est un peu, je dirais, l'ADN quand même du secteur de mobiliser des ressources rares, donc difficiles à obtenir en fait.
05:00Et donc en général, quand on dit difficile à obtenir, ça veut dire que ça mobilise quand même beaucoup de ressources pour avoir très peu de matière dans le produit.
05:10Je prends par exemple l'or comme illustration.
05:14C'est intéressant en fait, pour avoir un kilo d'or, on va extraire et générer environ 20 000 kilos de déchets miniers.
05:23Donc on voit bien, il y a un rapport 1 pour 20 000, c'est monstrueux.
05:27Et puis après, c'est un secteur en fait qui génère assez peu de volume en produits finis.
05:32Mais sur toutes les étapes en fait du cycle de vie, va avoir en fait une quantité assez importante de déchets, d'invendus, de rebuts de fabrication, de retours clients et de packaging aussi.
05:47On est sur des packaging très qualitatifs, complexes, assez lourds, donc qui mobilisent beaucoup de matière.
05:52Et donc effectivement, il y a des vrais enjeux là autour de ces matériaux-là.
05:56Est-ce que vous avez le sentiment, parce que le luxe, il y a aussi un pouvoir symbolique du luxe sur toute la filière, que ce soit le textique, la joaillerie, la maroquineuse.
06:04Est-ce que vous avez, vous ressentez un peu le besoin de donner l'exemple de temps en temps ?
06:09Ou vous ne mettez pas cette pression supplémentaire ?
06:11Il y a déjà suffisamment de pression quand on est chef d'entreprise.
06:14Donner l'exemple, non, je pense que ce serait peut-être un petit peu orgueilleux en quelque sorte de donner l'exemple.
06:21Mais c'est vrai que c'est une industrie qui, dès le départ, a intégré un certain nombre d'éléments.
06:26Que l'on demande maintenant de façon beaucoup plus large à intégrer sur des industries aussi plus larges.
06:33Donc oui, dans une certaine mesure, il y a quand même une valeur d'exemple qui venait à la fois du choix des matières, de cette notion de durabilité, de réparation.
06:42On est un peu plus scruté quand on est une grande marque, d'une certaine façon.
06:45Alors ça, on est tout à fait beaucoup plus scruté puisqu'il y a une présence qui est beaucoup plus visible
06:51et des attentes de clients qui sont aussi beaucoup plus importantes, ne serait-ce que par l'investissement que cela peut représenter.
06:59Est-ce que ce n'est pas un peu contre-intuitif de se dire qu'on va proposer à nos clients de ne pas acheter des chaussures neuves ?
07:06Alors effectivement, c'est une question qu'on s'est beaucoup posée.
07:09Nous, on a lancé le programme en tout cas de revente en 2019.
07:14Donc c'est vraiment une question qu'on s'est posée au lancement.
07:17Finalement, on a choisi d'aller de l'avant parce qu'on s'est dit que c'est quelque chose qui est dans l'ADN de Weston.
07:24Ce que l'on voit, c'est que finalement, ça nous permet de recruter de nouveaux clients
07:28qui ne seraient pas forcément rentrés dans la maison, soit parce que le prix était un peu élevé pour eux,
07:34soit parce que le modèle aussi pouvait être un petit peu trop pas confortable, etc.
07:42Donc ça nous a permis de recruter de nouveaux clients et en fait, on rentre plutôt dans un cercle vertueux
07:48puisque cela montre aussi aux clients actuels que la chaussure qu'ils achètent, c'est un bon investissement
07:54puisque derrière, ils peuvent soit le réparer, soit le revendre.
07:57Effectivement. Avec peut-être aussi, Jean-Bernard et Renaud, l'idée de ne pas laisser à d'autres,
08:03on a vu pas mal de marques de seconde main ou de plateformes de seconde main se créer,
08:08les grands noms du luxe se sont dit qu'on ne va peut-être pas passer à côté de ce business aussi.
08:12J'ai l'impression en tout cas que c'est la tendance actuelle.
08:15Chaque grande maison de luxe se dote de sa propre plateforme pour la seconde main.
08:21Maintenant, je pense que la limite dont j'ai parlé tout à l'heure, c'est-à-dire le passage à l'échelle.
08:25Le passage à l'échelle, exactement.
08:28Aujourd'hui, ce sont des activités qui sont assez peu rentables, en fait, les activités de seconde main.
08:34Donc la question, c'est est-ce qu'il faut aller chercher des collaborations entre les maisons pour pouvoir faire du volume ?
08:42Donc là, ça veut dire peut-être se mettre en place des plateformes multi-entreprises.
08:46Est-ce qu'il faut aller essayer de capter le marché des autres, ce qui peut être aussi un potentiel,
08:52en faisant une plateforme finalement qui est un peu avant-gardiste et qui va vendre plusieurs types de produits de différentes maisons,
08:58mais pour lesquels on sait qu'on va pouvoir générer du volume ?
09:01Moi, je pense que c'est les grandes questions, en fait, actuelles et que beaucoup de maisons se posent sur cette activité de seconde main.
09:08Avec quoi ? Des innovations, presque de distribution à trouver, de logistique, etc. ?
09:16Parce que c'est aussi une question là-derrière.
09:17Très clairement, en fait, il y a plusieurs enjeux d'innovation.
09:20Je pense que la première, en fait, c'est de capter le client, de faire en sorte, en fait, que ce client, il soit facilité, en fait, dans son parcours client pour mettre sur la plateforme son produit.
09:34Là, il y a quelques exemples qui sont assez remarquables.
09:36Je peux nommer que le vertical, par exemple, a mis en place un QR code dans ses produits qui permet, en fait, de simplifier complètement le référencement du produit à la revente.
09:49Donc, le client scanne, en fait, son QR code et une fiche produit se pré-remplit.
09:54Très bonne idée.
09:55Et ça permet aussi d'authentifier directement, en fait, le produit.
09:59Donc, ça, c'est super intéressant.
10:00Et le client, en fait, il sait qu'il va pouvoir revaloriser, en fait, son produit parce qu'il est identifié.
10:06Il est mis sur une plateforme, en fait, de la maison.
10:08Donc, il y a des innovations de ce genre-là.
10:12Et après, vous le disiez, en fait, d'un point de vue schéma industriel ou schéma logistique, en fait, il faut repenser quelque part une chaîne de valeur de manière ad hoc parce qu'on a des produits qui sont répartis partout chez les clients.
10:25Donc, il va falloir trouver une manière de les collecter sans que ça coûte trop cher en coût logistique.
10:30Il va falloir repenser ces centres, ces sites de stock.
10:37Probablement, en général, on ne peut pas faire de la vente directe comme ça.
10:40Il y a des activités quand même un peu de reconditionnement, de réparation qu'il faut industrialiser.
10:46Et donc, toutes ces activités-là, en fait, ce sont des nouvelles activités que les grandes maisons, en fait, doivent penser.
10:52Un dernier mot, il nous reste un peu plus d'une minute.
10:55Marc Durie, il faut qu'on parle de vos mocassins quand même.
10:57Les mocassins 180, ils sont quand même un peu mythiques chez Weston.
11:02Vous les proposez en version dénime.
11:05C'est un bon exemple d'économie circulaire, là aussi ? Pourquoi ?
11:08Oui, exactement.
11:09Donc, c'est un programme qu'on a lancé cette année.
11:12Donc, c'est du dénime upcyclé.
11:14Donc, on est allé récupérer des jeans, soit chez un fabricant, sur des rebuts de production,
11:21soit chez Emmaüs, sur des pantalons qui ne pouvaient pas être revendus parce qu'en trop mauvais état.
11:28Et effectivement, on a utilisé ces matières pour faire une nouvelle version de notre mocassin 180.
11:35Et alors, il y a un petit défi logistique, là aussi ?
11:38Il y a un vrai défi logistique, déjà, de trouver des jeans, de les renvoyer au pressing, de les ramener,
11:44de faire accepter aussi aux clients que toutes les paires sont uniques.
11:49Donc, on ne peut pas vraiment choisir sa couleur, sa paire.
11:53Et beaucoup de travail d'apairage pour s'assurer que les deux pieds aillent bien ensemble.
11:59Oui, effectivement. Je n'y avais pas pensé, mais c'est très important.
12:03Merci beaucoup. Merci à tous les deux d'être venus nous parler d'économie circulaire.
12:08Je vous dis à bientôt dans cette émission et sur Bsmart for Change.
12:11On passe tout de suite à notre rubrique Startup.

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