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Mercredi 16 juillet 2025, retrouvez Maxime Buizard-Blondeau (membre du bureau national, Jeunes Agriculteurs) et Thomas Uthayakumar (Directeur des programmes, Fondation pour la Nature et l’Homme) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.
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00:00– Sous-titrage Société Radio-Canada
00:30– Sous-titrage Société Radio-Canada
01:00– Bétrave, noisette, asperges – sur le principe, c'est un combat qui concerne l'ensemble des filières agricoles françaises
01:08parce que nous ne comprenons pas qu'au sein d'un marché commun, au sein de l'Union Européenne,
01:12nous ayons des interdictions nationales.
01:13Et donc nous demandons simplement à ce que les règles soient les mêmes au sein de l'ensemble de l'Union Européenne
01:17et donc qu'on n'ait pas d'interdiction nationale de produits phytosanitaires.
01:21– D'accord. Et vous parlez, Thomas Oute-Lacumar, vous n'êtes pas les seuls à la Fondation Plan Alicurien,
01:25il y a beaucoup d'associations environnementales qui ont alerté, qui continuent d'alerté en disant que c'est un recul,
01:31un recul inquiétant. Pourquoi ?
01:33– La PPL du plomb, pour faire simple, c'est la suite logique de la loi, c'est-à-dire la loi d'orientation agricole.
01:38– C'est-à-dire que c'est un peu comme sa mise en œuvre.
01:40Et dans cette loi d'orientation agricole, ce qui était dans la logique, c'était d'offrir une vision de l'agriculture
01:45pour les 10-20 prochaines années.
01:47Et cette vision, qu'est-ce que c'est ?
01:48C'est une agriculture qui est plus productive, beaucoup plus intensive, c'est-à-dire plus consommatrice en intrants et en énergie.
01:54C'est-à-dire qu'il va consommer beaucoup plus d'angrées azotées de synthèse et de pesticides de synthèse.
01:58Nous, ce qui se retrouve très regrettable, et ce qui est vraiment le problème de cette loi,
02:02mais aussi de cette PPL du plomb, c'est qu'on continue avec une trajectoire
02:06qui mène l'agriculture française dans le mur. Pourquoi ?
02:09Parce que, de façon très simple, les compartiments environnementaux sont en très mauvais état.
02:14Les sols, aujourd'hui, sont dans un état déplorable au niveau français et européen.
02:18La rougeur sans eau est dans un état de stress tel qu'on se pose des questions de sa disponibilité, de sa répartition.
02:24On en parlera juste après dans le cas de la PPL du plomb.
02:27Et puis la dernière chose, c'est les rendements.
02:28En fait, les rendements ne font que diminuer depuis ces dernières années.
02:31Donc, continuer dans cette trajectoire-là, c'est mortifère pour l'agriculture.
02:34Et ça, c'est une démonstration qui est payée par de nombreux états aujourd'hui.
02:38Je veux bien vous entendre là-dessus, Maxime Buzard-Blondeau,
02:40parce qu'effectivement, est-ce que vous êtes en train de faire perdurer un modèle économique
02:44qui est un modèle du passé et qui pourrait changer ?
02:47Le modèle économique, c'est juste le monde économique dans lequel nous vivons.
02:50Aujourd'hui, l'agriculture française, elle n'est pas sous bulle.
02:52Et le consommateur français n'est pas dans une bulle.
02:54Ce qu'on trouve dans les rayons du supermarché, c'est une agriculture mondialisée.
02:57Une bonne partie des céréales, du sucre que l'on consomme en France
03:00est produite dans d'autres pays de l'Union Européenne, voire même dans d'autres pays du monde.
03:03Nous, on demande simplement une équité au sein du marché commun.
03:06Pour le coup, le législateur, il s'occupait de choses qu'il ne le regardait pas.
03:10C'est aux scientifiques de l'EFSA, donc l'Agence Européenne,
03:12et de l'ANSES, l'agence française, de déterminer si un produit est dangereux
03:16pour l'homme ou pour l'environnement, et donc de l'autoriser ou de l'interdire.
03:19Aujourd'hui, l'EFSA et l'ANSES ont donné une homologation à l'acétamipride,
03:23donc à cet insecticide, pour qu'il soit mis sur le marché.
03:26C'est le législateur qui a choisi de l'interdire sur des fondements très politiques
03:30et pas sur des fondements scientifiques.
03:31Donc nous, on appelle à ce que, s'il y a des efforts à faire pour améliorer l'environnement,
03:36ce soit une révision des règles d'homologation au niveau européen
03:39et pas une implication législataire.
03:41Imaginez que chaque député, chaque sénateur, se prononce
03:43sur les centaines de molécules qui existent en agriculture
03:46ou sur les milliers de molécules qui existent pour l'industrie, pour la pharmacie.
03:50D'accord, mais sur cette molécule spécifique, cet acétamipride, il y a des alternatives ou pas ?
03:59Parce que je sais que les filières, notamment Bétrave, ont travaillé sur des alternatives.
04:03Alors, il y a quelques alternatives qui commencent à exister,
04:05mais qui aujourd'hui ne sont pas concurrentielles,
04:07c'est-à-dire qu'ont un coût bien plus élevé que l'usage de cet insecticide.
04:11Et aujourd'hui, étant donné qu'on est dans un marché ouvert,
04:13si on augmente de trop nos coûts de production, soit on n'écoule pas nos productions,
04:16soit on les écoule à perte.
04:17Vous connaissez aujourd'hui le très faible revenu des agriculteurs français.
04:21On ne peut pas être mis en concurrence déloyale avec des règles franco-françaises
04:25qui augmenteraient nos coûts de production et feraient soit vendre à perte,
04:28soit ne pas avoir du débouché pour nos produits.
04:30Votre avis sur l'alternative, Thomas Outeillac ?
04:32Deux points quand même, sur le marché.
04:35On répond au marché par des règles de marché.
04:37Aujourd'hui, à l'FNH, nous, on est pour les mesures miroir,
04:39c'est-à-dire l'interdiction d'importer des aliments qui ont été produits
04:42avec des pesticides interdits dans l'Union européenne.
04:44Donc, de ce côté-là, il n'y a aucun problème.
04:45On ne peut pas dire à des agriculteurs aller vers l'agroécologie
04:48et eux se retrouver avec leurs produits qui ont des règles du jeu
04:52qui sont très différentes des nôtres.
04:53Il n'y a aucun problème pour ça.
04:55Mais les mesures miroirs, ce n'est pas le statu quo.
04:57Pour nous, à l'FNH, c'est mettre en place des mesures miroirs,
05:00c'est un peu ce qui est dit là,
05:02c'est permettre aux agriculteurs d'avoir l'appel d'air nécessaire
05:05pour se diriger justement vers l'agroécologie.
05:08Ça, c'est un point très important.
05:09Parce que ça prend du temps, parce que c'est des investissements,
05:12parce que le protectionnisme...
05:12Il y a un modèle économique avec une marge qui est faible.
05:15Et donc, je repose la question de l'alternative à ce pesticide,
05:18parce qu'est-ce qu'on a mis suffisamment de moyens,
05:20ça rejoint ce que vous dites, pour trouver une alternative ?
05:22On n'en a pas mis suffisamment.
05:24Il y a encore huit ans, on parlait des plans de filière
05:26au niveau des interprofessions,
05:27et j'étais directement en discussion avec les gouvernances
05:29de ces interprofessions.
05:30Ça fait dix ans qu'on en parle,
05:31même vingt ans qu'on parle de ces alternatives.
05:33Première chose, la R&D n'a pas été suffisamment investie,
05:37et c'est pour ça qu'on se retrouve dans certaines impasses.
05:39La question de l'acétamipride, qui est aujourd'hui le seul cas de surtransposition,
05:42lorsque notre ministre de l'Agriculture nous parle d'une liste interminable de surtransposition,
05:46elle n'existe pas.
05:47Ce n'est pas vrai.
05:48Sur l'acétamipride, qui est un vrai cas de surtransposition,
05:50qui est le seul néonicotinoïde autorisé en Europe...
05:53Donc la France, c'est le seul pays qui l'avait interdit.
05:55Parce que juste avant, pour donner la nuance,
05:57lorsqu'on parle de mesures miroirs,
05:58c'est des pesticides interdits dans l'Union Européenne
06:00qui proviennent des pays tiers.
06:01Mais au sein de l'Union Européenne,
06:02l'acétamipride est le seul cas de surtransposition.
06:04La question qu'on doit se poser aujourd'hui,
06:06c'est que la PPL Dupont a pris la noisette comme à Libye,
06:10avec la betterave en ligne de mire.
06:12C'est ça, en fait, la stratégie de la PPL Dupont.
06:14C'est-à-dire qu'on n'est pas sur 8 000 hectares,
06:16on est sur un demi-million d'hectares
06:18qui vont être justement touchés par cet acétamipride.
06:21La question que vous posez, Thomas Huc,
06:22c'est est-ce que finalement, on peut se passer de cet acétamipride ?
06:25Lorsqu'on regarde les rendements de ces dernières années
06:26sur la filière betteraviaire ou sur la noisette,
06:29on a eu des très bonnes années.
06:31Après l'interdiction de l'acétamipride...
06:32La PPL Dupont nous dit que ce n'est pas rentable,
06:35ça coûte plus cher les alternatives.
06:37Non, non, non, ce n'est pas comme ça que ça marche.
06:39Quand même ?
06:39Non, parce que pour le coup, lorsqu'on regarde des rendements
06:42et lorsqu'on regarde le péril économique du fière,
06:44on le regarde sur plusieurs années.
06:45Lorsqu'on regarde la filière noisette,
06:47elle a doublé ses surfaces depuis ces dernières années.
06:51On est d'accord.
06:51Et diviser ses rendements par 5 depuis que l'acétamipride est interdit.
06:54Non, ce n'est pas vrai parce qu'il y a des années
06:55sur lesquelles post-interdiction de l'acétamipride,
06:57on a eu des très bonnes années et donc ce n'est pas du tout vrai.
07:00La deuxième chose, c'est sur le péril économique,
07:02si moi je vois qu'une filière est en péril,
07:04à ce moment-là, je peux agir.
07:06Lorsqu'on voit sur les dernières années,
07:08la noisette et la betterave,
07:09le péril économique est surfait,
07:11notamment sur la noisette,
07:12parce qu'il y a justement une opportunité économique.
07:15Et lorsqu'on parle aux producteurs de noisettes,
07:17eux-mêmes le disent.
07:18Il y a une opportunité pour s'agir.
07:19Je veux bien que vous puissiez répondre là-dessus
07:22sur effectivement peut-être le manque de volonté
07:26ou d'investissement pour trouver une alternative
07:29qui soit rentable.
07:31Et puis sur le degré de dangerosité
07:35pour la filière, notamment betterave,
07:37de voir ses parts de marché disparaître en Europe
07:40à cause de la concurrence notamment allemande
07:43qui est d'utiliser ce pesticide.
07:45Vraiment, je pense qu'il ne faut pas s'attarder
07:48sur ce produit ou sur ces filières.
07:51Le sujet, il est de quelle politique agricole
07:53nous avons en France et en Europe.
07:56C'est en commençant par l'agriculture
07:57qu'on a construit la politique européenne
07:59et maintenant l'Union européenne.
08:02Si on est persuadé du projet européen,
08:04il faut qu'au sein du marché,
08:05on ait des règles communes.
08:06Aujourd'hui, depuis 2017,
08:08nous avions en France une interdiction spécifique.
08:11Et vraiment, j'insiste sur le principe
08:13parce que si on l'accepte
08:14si on l'accepte pour l'acetamiprine,
08:16on peut l'accepter pour beaucoup de choses.
08:17D'accord, mais est-ce que, oui ou non,
08:18ces filières, et notamment la filière betterave,
08:21elle est en danger
08:22à cause de cette concurrence déloyale ?
08:24La filière betterave,
08:25elle a une concurrence internationale,
08:28européenne et extra-européenne très forte.
08:30Et donc, la capacité qu'on a
08:31à avoir des surcoûts de production
08:33comparé à nos concurrents étrangers est faible.
08:35Et aujourd'hui, le retrait des néonéclatinoïdes,
08:38pour le coup, impacte la filière.
08:39Et en effet, il y a eu des bonnes années en betterave,
08:41on ne va pas dire le contraire.
08:42Sauf que la performance d'une entreprise,
08:44qu'elle soit agricole ou que ce soit une entreprise générale,
08:46elle ne se mesure pas aux meilleures années,
08:47elle se mesure à la moyenne.
08:48Et on voit bien que depuis que les néonéclatinoïdes
08:50ont été interdits,
08:51les rendements baissent,
08:53nos coûts de production augmentent.
08:54Et donc, aujourd'hui,
08:55les surfaces en betterave en France diminuent,
08:58la production de sucre en France diminue.
09:00Et ce n'est pas la perspective que nous,
09:01aux jeunes agriculteurs,
09:02on porte pour l'agriculture française.
09:04On a envie de continuer à produire,
09:05on a envie de continuer à produire des emplois,
09:07à créer des emplois et à exporter.
09:09Pour ça, on a besoin des mêmes règles de production
09:11de nos concurrents allemands, polonais ou espagnols.
09:13D'accord.
09:13Bon, ça, on l'a bien compris.
09:14Je voudrais ouvrir un dernier chapitre
09:16sur la dangerosité de ce produit.
09:19Je commence avec vous,
09:20parce que vous êtes les premiers concernés.
09:22Vous le maniez, l'utilisez.
09:24Il est dangereux,
09:27alors pour les abeilles,
09:28on le surnomme le tueur d'abeilles,
09:29mais pour l'homme aussi ou pas ?
09:32Déjà, je ne suis pas scientifique,
09:33ce n'est pas à moi de déterminer.
09:34Non, mais j'imagine que si les jeunes agriculteurs
09:38se retrouvent à l'utiliser,
09:39c'est une vraie question.
09:40Je reproche suffisamment à nos femmes
09:41et à nos hommes politiques
09:42de prendre des décisions sans avoir l'expertise
09:44pour moi-même ne pas exprimer d'avis
09:46là où je ne suis pas compétent.
09:47Ce qui est sûr, en effet,
09:48c'est que les agriculteurs
09:49sont les premières personnes exposées
09:51aux produits phytosanitaires,
09:53que nous avons des progrès constants à faire
09:56pour réduire,
09:57et c'est un objectif, je pense,
09:58qu'on partage,
09:59réduire de manière générale
10:00l'utilisation des pesticides,
10:02en particulier des plus dangereux d'entre eux.
10:03Moi, je fais confiance à nos scientifiques
10:06et à nos agences européennes et nationales
10:10pour interdire les produits
10:12qui sont dangereux pour l'homme.
10:14Et ce produit, là, c'est amipri ?
10:15Ce produit a été réhomologué il y a deux ans
10:17par l'EFSA, pour dix ans,
10:19avec des conditions d'utilisation
10:21qui sont encadrées.
10:22Ce n'est pas parce qu'un produit homologué
10:23qu'on en fait n'importe quoi, n'importe quand.
10:25Les conditions d'utilisation sont homologuées.
10:27On parlait de la betterave, pour le coup.
10:29La betterave, vous disiez,
10:30toi d'abeille,
10:30une betterave, de un, ça ne fleurit pas.
10:32Et de deux,
10:32les néonicotinoïdes,
10:34on ne les utilise pas,
10:34on ne les pulvérise pas sur les parcelles,
10:37on enrobe la graine.
10:38Et donc, il n'y a pas de contact
10:39entre l'atmosphère,
10:40où sont les abeilles,
10:41et le produit phytocénique.
10:43Alors, comment vous comprenez,
10:45vous expliquez, Thomas,
10:46que ces agences aient de nouveau
10:49autorisé ce produit ?
10:50C'est plus compliqué que ça.
10:53En fait, l'Europe a déterminé justement
10:55que l'acétamipride posait problème.
10:58Non.
10:58Si, évidemment,
10:59puisque les limites maximales de résidu
11:00ont été divisées par 4-5,
11:02donc ce qui montre
11:02qu'il y a des effets sur la santé,
11:03que c'est un problème.
11:04Et c'est exactement ce qui s'est passé
11:05dans le chénon des néonicotinoïdes,
11:07c'est-à-dire,
11:08la France a été pionnière.
11:09Tous les néonicotinoïdes précédents,
11:11métoxame,
11:12imidaclopride,
11:13imidaclopride,
11:13tous ces noms un peu compliqués,
11:15ont été interdits
11:15par la France en premier.
11:17L'Union européenne a suivi.
11:18L'acétamipride va suivre
11:19le même parcours.
11:21Et c'est pour ça, d'ailleurs,
11:22que les limites maximales de résidu
11:24ont été divisées par 4-5.
11:26Et donc, c'est un problème avéré
11:28pour la santé humaine
11:29et pour l'environnement.
11:31Si, c'est comme ça que ça marche,
11:32les LMR.
11:33Et le deuxième point qui est important,
11:34c'est que vous avez un problème
11:35sur l'environnement
11:36et sur la santé,
11:38mais ce texte-là,
11:39il est très simple.
11:40C'est de favoriser
11:41une minorité d'agriculteurs.
11:43J'appelle ça, moi,
11:43le texte des 3%.
11:44Lorsque vous avez un LBACH
11:45qui est gros
11:46et qui représente
11:47seulement 3% des agriculteurs
11:49ou lorsque vous avez
11:49des grands irrigants
11:50et qui consomment
11:5250% de l'eau
11:54dans le secteur agricole,
11:55c'est une minorité
11:56d'agriculteurs qui sont touchés.
11:5797% ne sont pas touchés.
11:59Les crises vont se répéter.
12:01Les syndicats majoritaires,
12:02vous revenez ici
12:03pour raconter la vidéo.
12:04On a entendu vos arguments
12:04aux uns et aux autres.
12:05Merci beaucoup
12:06d'avoir participé
12:07à ce débat
12:08et à bientôt
12:08sur Bsmartorch.
12:10C'est l'heure
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