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  • 02/07/2025
Après “Mandibules” et “Fumer fait tousser”, l’actrice retrouve Quentin Dupieux pour la troisième fois avec “L’Accident piano” (en salles). Pour Jérôme Commandeur, c’est une première. Le duo raconte l’expérience mi-jouissive mi-effrayante de tourner avec le réalisateur le plus prolifique du cinéma français.
Transcription
00:00J'assume toute la merde qui est en moi et je m'en délecte dedans comme une truie.
00:05C'est ce qu'elle dit.
00:06Vous êtes prête ?
00:08Vous êtes née le 12 mars 1989.
00:15On sait que vous avez atteint un niveau de vie absolument délirant, très vite.
00:22Je suis trop pressée d'en savoir plus. Je me tais.
00:26Allez-y.
00:26Moi, je dirais, non, pas une réplique, mais je dirais quand il crache dans le yaourt,
00:34parce qu'il est son assistant, nounou, chauffeur, confident, machin.
00:36Et en fait, il la déteste.
00:38Et en fait, ça m'a fait hyper mal au cœur.
00:42Alors que c'est con, c'est du jeu.
00:45Mais je ne sais pas, je trouve qu'il y a un truc très résumé là-dedans.
00:51Et c'est très bien qu'il l'ait trouvé, Quentin, mais qui, moi, m'a mis un peu mal à l'aise.
00:54C'est toujours un peu effrayant. Tu te demandes toujours si tu vas être à la hauteur, si ça frôle le ridicule.
01:01Et après, je pense que la clé, c'est d'essayer de travailler et de rester sincère.
01:05Mais oui, il y a quelque chose d'assez effrayant à prendre le risque de composer quelque chose d'aussi extrême dans l'éloquence, dans le corps.
01:13Mais c'est ça qui est excitant, c'est d'avoir peur, quoi, de se sentir un peu vivant.
01:17Les portes qui claquent, les personnages qui tournent sur eux-mêmes en faisant ce crognonio, je les ai fait un petit peu.
01:22Donc là, j'étais content de... Et au contraire, j'adore, parce que son absence, elle est presque...
01:27Il est presque... Il est sale, ce personnage, quoi. Il la déteste, en fait, au fond.
01:31Et il reste avec elle pour le fric. Il le dit, il le redit. C'est abject, quoi.
01:37Et en fait, c'est génial d'être un peu comme ça, une espèce de petite ombre qui le suit, une espèce de petit toutou un peu dégueu.
01:45Et moi, j'ai... Ah oui, oui, j'ai vraiment beaucoup aimé.
01:48Et aussi des choses un peu plus droites, parce que c'est vrai, quand on vient du one-man ou du sketch, on appuie, quoi. C'est normal. Et là, c'est autre chose.
01:56C'est tout de même stupéfiant, vous ne trouvez pas ?
01:59Je le savais.
02:08Son écriture, son exigence, son univers et ce côté artisanal qu'il a de faire les choses, d'être à tous les postes,
02:15de faire des choses sérieuses et profondes, tout en ayant le sentiment de faire des choses de pur jeu, quoi.
02:24Légère, ouais.
02:26Moi, j'aime bien l'idée du... un peu du... du pote qui vous fait prendre des chemins de traverse en bagnole,
02:32parce que vous êtes sur l'autoroute, on en a ras le cul, et puis de toute façon, on va bien arriver un jour.
02:36Et puis il dit, bah viens, allez, vas-y, on coupe, et puis on part un peu sur les chemins de traverse.
02:42Et c'est là que ça devient génial, parce qu'on s'arrête dans un petit bistrot,
02:45et puis on va voir une église, une rivière, un truc, et puis...
02:48Et en fait, c'est ça que j'avais le sentiment, mais peut-être pas à ce point, en voyant le film.
02:53C'est-à-dire, je ne savais pas qu'il nous emmènerait collectivement aussi loin et aussi... aussi fort, quoi.
03:00C'est vraiment un truc de... c'est...
03:03Le mot est un peu galvaudé, parce que maintenant, tout le monde dit ça pour tout, mais c'est une expérience.
03:06Mandibule, ça m'avait un peu fait ça. Je me rappelle d'avoir des immenses moments de transpiration,
03:11même pendant le film, à me dire, mais quel enfer, les gens voient ce que je fais.
03:15C'était horrible. Je me disais, bon, soit c'est un petit coup d'éclat, soit c'est une fin de carrière,
03:18donc profite du moment.
03:20Tout le monde connaît la règle, mais on va la répéter pour les petits nouveaux qui savent rien.
03:24Dans tous les dîners civilisés, même en voyage au bord de la mer,
03:28on commence à manger quand la maîtresse de maison a terminé sa première bouchée.
03:31C'est clivant, quoi, et c'est moi, c'est ça que j'aime, mais j'espère que ça va être la profondeur,
03:40la noirceur, mais l'humour vont être compris, quoi, que les gens passent à un bon moment.
03:44Oui, c'est ça, oui. Moi, j'adore l'idée de... je ne sais plus qui me disait ça à propos du film,
03:49mais c'est un film qui décante. J'adore cette idée. Moi, ça me le fait, 3-4 jours après,
03:55on repense à un film qu'on a vu, un film un peu choc. C'est exactement ce que dit Adèle,
04:00c'est-à-dire qu'on peut aimer ou ne pas aimer, mais en tout cas, il faut reconnaître
04:03que c'est une vraie proposition, puis tellement fouillée, tellement précise,
04:07tellement artistique, que du coup, on a hâte de la donner au public, quoi.
04:12Je me suis fait casser le nez et c'était une douleur quand même, mais horrible.
04:17Et sinon, la douleur, je pense comme tout le monde, chagrin d'amour, c'est dur.
04:21De faire le deuil de quelqu'un, mais qui est vivant, je trouve ça parfois même...
04:25Enfin, je trouve ça dur.
04:26Oui, c'est marrant, oui. Pire que la douleur physique.
04:28Mais sans foi, de toute façon, il y a des gens qui ont mal au thorax,
04:32enfin, tu vois, il y a des gens qui ont des douleurs physiques, de par un chagrin d'amour.
04:35Qu'est-ce que tu crois ?
04:36Oui, d'ailleurs, oui, il y a des conséquences physiques, ouais.
04:39Moi, j'avais eu un petit souci, j'étais parti à l'hôpital il y a une dizaine d'années,
04:44et pourtant, maintenant, on demande la fameuse question,
04:49si vous deviez situer votre douleur entre 1 et 10,
04:51et là, j'étais là, pourtant, je gueulais à 16.
04:55C'était vraiment, je n'étais pas bien, et l'infirmière, je me souviens très très bien,
05:00où elle avait peur, où elle n'osait pas, où, je ne sais pas, elle avait eu des consignes,
05:03j'en sais rien, enfin, bref.
05:05Puis, j'étais surtout pas en état de réfléchir,
05:07et j'étais vraiment, j'étais très très mal, très très très mal.
05:10Donc, il faut me donner...
05:11D'accord, je vais vous donner un tout petit peu de...
05:13Je pense que c'était de morphine, et vraiment, je disais,
05:14mais filez-moi la perf, que je la boive, que...
05:17Je... Vraiment, j'ai cru que j'allais y passer, quoi, de douleur, quoi.
05:21De douleur au cœur.
05:23Ah, relou.
05:24Ouais, et vraiment, j'avais un parpaing sur le cœur, quoi.
05:29Et je suis là, donc, finalement, on sait que ça s'est bien terminé.
05:33Sinon, je serais plus là.
05:36Merci, sinon je serais mort.
05:38Vous êtes contente, là ?
05:39Ah ben non, on va pas s'arrêter en si bon chemin.
05:42Sous-titrage Société Radio-Canada

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