Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 23/06/2025
Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
https://www.canalplus.com/cinema/
Facebook : https://www.facebook.com/canalpluscinema/
Twitter : https://twitter.com/Canalplus
Instagram : https://www.instagram.com/canalplus/

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Dans l'accident de piano, vous avez vraiment eu peur de Quentin Dupieux ?
00:07Adèle Exarchopoulos joue Magali alias Magalos, une star du web qui se retire à la montagne
00:14avec son assistant personnel Jérôme Commandeur à la suite d'un mystérieux accident, Ava.
00:19Oui, et comme souvent chez Dupieux, il faut faire le chemin à l'envers pour retrouver l'endroit.
00:25Alors le film s'ouvre sur un piano suspendu dans les airs.
00:29Le ciel est bleu, le plan est fixe et puis soudain, le piano se décroche et chute.
00:34Et je crois que c'est littéralement ce dont parle le film, du vide ou en tout cas de la culture du vide
00:39et comment le web fait évidemment son beurre de cette culture-ci, puisque vous l'avez dit Lily,
00:45l'héroïne de cette comédie horrifique Magalos est une vidéaste rendue célèbre avec des vidéos virales
00:52dans lesquelles elle se mutile.
00:53Et plus elle se mutile, et bien plus elle devient populaire, riche et désirable.
00:59Et c'est rendu permis parce qu'elle ne sent pas la douleur.
01:02En vrai, le monde est presque plus caricatural parfois que cela.
01:06C'est Adèle Exarchopoulos qui incarne Magalos, qui est un odieux personnage,
01:11qui a complètement perdu les pédales, le rapport au réel, qui pense que tout le monde et tout s'achète.
01:16Et d'une certaine manière, ce personnage m'a fait penser un peu au personnage de Dujardin, dans le Dain.
01:22Vous pensez beaucoup à Dujardin aujourd'hui ?
01:24Toujours le cinéma de Dupieux, c'est plusieurs veines qui l'irriguent.
01:28Et selon moi, la veine de l'accident de piano est plutôt similaire à celle du Dain.
01:33On retrouve des décors montagnards similaires, une caméra témoin, un thème musical qui cloche
01:38et puis la folie meurtrière qui va tout contaminer.
01:42Marie, on avait beaucoup ri ensemble quand on avait vu le deuxième acte.
01:46Est-ce que ce film-là vous a emporté ?
01:48Alors, justement, le fait que je suis tout à fait d'accord avec toi sur les veines de Dupieux.
01:54Et je préfère l'autre veine, c'est-à-dire moins nihiliste et moins...
01:59J'allais dire qu'au bout d'un moment, j'admire à la fois la folie des acteurs,
02:05le jusqu'au boutisme du dispositif.
02:07Et puis, au bout d'un moment, tous ces gens affreux, méchants et n'yark, n'yark, n'yark.
02:14Et au bout d'un moment, je me dis, mon Dieu, mais qu'est-ce que je fais là ?
02:17Alors que ce que j'aime beaucoup chez Dupieux, c'est toute la partie surréaliste, le rêve.
02:23Et finalement, je crois que ce que je préfère chez lui, c'est la partie méta.
02:25C'est-à-dire que c'est la partie qui m'interroge sur sa manière de fabriquer les films,
02:30qui dure les boîtes dans les boîtes, les trucs gigognes.
02:33Et de ce côté, j'ai l'impression qu'ils aiment bien le n'yark, n'yark, n'yark.
02:35J'essaie que tout à coup, ils puissent s'amuser à dire
02:37« je vais faire le travelling le plus long du monde dans une comédie sur les acteurs ».
02:41Eh bien, moi, ça, ça me réjouit.
02:42Et là, beaucoup moins.
02:43Mais il y a quelque chose de méta.
02:44Parce que Dupieux, c'est quand même ce réalisateur qui commence avec le non-film,
02:48qui va être un film, j'ai envie de dire, pré-vidéo-YouTube,
02:50mais qui va se balader par capillarité un peu comme ça sur les réseaux,
02:54qui explose d'abord comme musicien, une musique électronique qu'on se partage aussi énormément.
02:58Et je pense qu'il n'y a pas que du méchant n'yark, n'yark, dans son portrait de Magaloche.
03:02Il y a la conscience que lui est peut-être dans une logique aussi assez cruelle, assez misanthrope.
03:08Et il parle peut-être plus de lui que d'habitude.
03:09Bien, il y en a du bon souhaitant.
03:10Oui, rien que le...
03:11Moi, ce qui m'a bien plu, c'est qu'en effet, c'est un personnage bête et méchant.
03:15Et souvent, dans les films, on voit des personnages bêtes et méchants.
03:18Mais pour la première fois de ma vie, j'ai l'histoire de ce qu'est la bêtise, l'origine de la connerie.
03:25Et c'est ça, le film raconte tout ça.
03:27C'est un super pitch, origine story.
03:28Mais oui, par des flashbacks, parce qu'en fait, c'est un personnage de jacasse.
03:31Vous savez, l'émission, on se roulait dessus.
03:33Enfin, pas moi, mais...
03:34Vous avez peur à sa mère avec un alligator.
03:35On se faisait mal, etc.
03:36C'est ça.
03:37Et ne serait-ce que par ce dispositif très long, même s'il est entrecoupé de l'interview,
03:42où c'est tellement dur pour elle de parler de ses origines.
03:45Et là, évidemment, c'est personnel, parce qu'à mon avis, Dupieux, ce n'est pas un gros fan d'interview.
03:50Enfin, on sent la question.
03:52C'est le moins qu'on puisse dire, Frédéric.
03:54Je sens bien que la réplique qu'il a écrite, je pensais que tous les journalistes étaient vieux et cons.
04:00Je pense que cette réplique, il peut la faire encadrer chez lui.
04:03Oui, c'est ça.
04:04Mais on ne lui en veut pas, Frédéric.
04:05C'est un rapport avec l'interview où il est interviewé, comme dans Dali aussi.
04:08Alors moi, c'est plutôt la veine de Dupieux que j'aime.
04:10C'est-à-dire, vraiment, la fable morale.
04:12Mais ils n'iront pas ensemble.
04:13Oh si, pourquoi pas ?
04:14Je ne sais pas, mais la fable morale.
04:17Et justement, je n'ai pas l'impression de voir Dupieux qui est sans cesse en train de faire une espèce de concours du film
04:21où il y a le plus de rêves dans le rêve, où j'ai souvent l'impression qu'il est en train de faire une performance.
04:26Là, il n'y a pas de performance.
04:27C'est une fable morale.
04:28C'est vraiment exactement ça.
04:30C'est une fable morale qui est finement écrite, avec un personnage au milieu,
04:34qui est un personnage absolument passionnant pour les spectateurs.
04:36Oui, c'est un personnage un peu théorique.
04:37La performance, elle vient des acteurs.
04:38Mais elle ne vient pas de la mise en scène.
04:39Complètement.
04:40Et elle l'incarne.
04:41Adèle Xerchopoulos incarne ce personnage.
04:43Et quand elle se retrouve face à la journaliste, là, on est comme de ronde flanc.
04:47On se demande véritablement qui est le plus hypocrite des deux, qui est le plus odieux des deux.
04:51Et à ce moment-là, le film se retourne contre le spectateur.
04:53Et à ce moment-là, le film devient un abysse de questions.
04:55Un abysse de questions.
04:56J'aurais bien aimé voir ce film-là.
04:57Moi, je trouve que le face-à-face avec Sandrine...
04:59Il faut se mettre en Frédéric Mercier-Vision.
05:02Il n'est pas réassuré à ce point.
05:03Je veux dire, je trouve le film trop programmatique.
05:05C'est-à-dire que le personnage est intéressant.
05:07C'est chafouin, ça.
05:08C'est chafouin, Philippe.
05:10Et le burlesque, le slapstick, ce qu'il invente évidemment sur le côté de Jackass,
05:16en fait, il continue à travailler le burlesque, à continuer à travailler...
05:20Merci à d'elle, elle est extraordinaire dans le rôle.
05:22Je pense que vous avez besoin de vacances.
05:24Merci à vous.

Recommandations

1:30
0:30
CANAL+
01/08/2025