00:00Bonjour Emmanuel Ducrot. Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:02Alors c'est vous qui la première à avoir ouvert le feu sur le sujet de la clim d'ailleurs, je le note cette semaine sur l'antenne d'Europe 1, bien vu.
00:07On va à Saint-Quentin dans l'Aisne ce matin avec vous, une enquête préliminaire est en cours pour notamment homicide et blessures involontaires.
00:14C'est l'affaire des contaminations à la bactérie Escherichia coli qui a envoyé 30 personnes à l'hôpital.
00:21Une petite fille en est morte et c'est un travail de fourmi cette enquête, il y a beaucoup d'incertitudes.
00:25Qu'est-ce que l'on sait ?
00:26Alors c'est une des plus graves toxi-infection alimentaire qui est connue notre pays ces dernières années après celle des pizzas buitonies qui avaient fait 2 morts et 55 victimes.
00:34Les enquêtes judiciaires et sanitaires sont en cours et il faut faire preuve de beaucoup de prudence parce qu'en fait on ne sait pas grand chose.
00:41C'est un cluedo scientifique qui se joue, on n'en connaît pas l'issue.
00:44On sait ce qui a rendu les enfants malades, 29 enfants sur 30 victimes.
00:49Alors c'est une des seules certitudes du parquet, c'est de la viande.
00:52C'est le seul point commun à tous les questionnaires auxquels ont répondu les familles.
00:56A priori de l'agneau, sous forme de viande, de saucisse ou de merguez, mais ça, ça n'est pas confirmé.
01:01Là on a réduit la focale sur un type d'aliment, mais cet exercice de détermination de la source est déjà compliqué.
01:07Parfois on se trompe parce que ça repose sur des déclarations.
01:11Souvenez-vous en 2011, une précédente épidémie en Allemagne avait fait 47 morts.
01:15On avait incriminé un concombre espagnol pour découvrir finalement, des semaines plus tard,
01:20que la contamination à la bactérie E. coli provenait de graines germées bio.
01:25C'était un aliment sain, il était passé entre les mailles du filet.
01:28C'est vrai qu'on pense spontanément à la boucherie pour ce genre d'infection, mais c'est loin d'être toujours le cas.
01:31C'est la moitié des cas, la viande.
01:33Alors on a fermé des boucheries à Saint-Quentin, ça veut dire qu'elles sont la source, vous pensez, de décontamination ?
01:38Mais ça encore on ne sait pas. Elles ont été fermées par précaution après des recoupements sur les habitudes des familles.
01:43Et là encore il y a des grandes inconnues.
01:45D'ailleurs une des boucheries, celle de l'intermarché, a finalement été mise hors de cause après des recoupements.
01:51L'Institut Pasteur, c'est important, devrait livrer aujourd'hui aux enquêteurs le profil ADN de la bactérie qui a rendu les gens malades.
01:57Ça va permettre plusieurs choses.
01:59D'abord savoir s'il y a une ou plusieurs souches, c'est les malades, pardon, donc une ou plusieurs sources de contamination.
02:06Ça on n'en sait rien. Ensuite on va pouvoir comparer avec les prélèvements en boucherie et faire ou non des rapprochements.
02:12La bactérie coli, elle est extrêmement commune.
02:14Il y en a partout, y compris dans nos organismes.
02:17Les services sanitaires sont sur la piste d'un certain type de bactéries parmi des milliers de souches.
02:21Donc on n'a aucune assurance sur le nombre de boucheries impliquées, ni même sur le fait qu'elles le soient vraiment.
02:27Il y a peut-être d'autres circuits en cause, et c'est la même chose quand on va remonter la chaîne vers les grossistes ou les abattoirs.
02:33Les boucheries n'ont pas les mêmes fournisseurs, il n'y a donc aucune évidence.
02:37Tout ça, ça va prendre du temps, des rapprochements, des éliminations.
02:40On a lu, entendu que la viande halale pouvait être responsable.
02:43Et bien là encore on n'en sait rien.
02:44Les boucheries fermées sont toutes halales, mais à toutes les étapes d'une éventuelle chaîne logistique,
02:50il y a tant d'hypothèses pour une contamination qu'on n'a pas de certitude.
02:54Ce qui est sûr pour les spécialistes que j'ai interrogés à l'Académie Vétérinaire,
02:57c'est que rien ne permet d'incriminer le mode d'abattage halal en lui-même.
03:01Quand il est réalisé correctement dans un abattoir et sous surveillance vétérinaire,
03:05il y a des procédures strictes pour éviter que les entrailles qui contiennent les bactéries
03:09entrent en contact avec la carcasse.
03:11Et ce sont les mêmes procédures que pour l'abattage traditionnel.
03:14Là encore, il faut être extrêmement prudent, se méfier des raccourcis.
03:18On ne sait pas quelle est la chaîne de contamination, et donc on ne sait pas quel est le maillon faible.
03:22Et c'est ça qui n'est pas rassurant dans cette affaire-là.
03:24Merci de votre précision Emmanuel Ducrot sur cette affaire de Saint-Quentin dans l'Aisne
