00:00Sud Radio, le grand matin week-end, l'info éco plus, Didier Testo.
00:05Bonjour Didier. Bonjour Jean-Marie, fondateur de la Bourse et la Vie TV.
00:08Didier, cette semaine vous revenez sur l'énergie en France, sujet hautement explosif, sujet crucial aussi pour nos entreprises.
00:15Henri Proglio, l'ancien patron d'EDF, a des idées qui tranchent sur le sujet.
00:20Oui, c'est dans le cadre d'une rencontre avec des journalistes économiques, membres de l'AGF, l'association des journalistes économiques et financiers,
00:26nous l'avons rencontré, et effectivement il a des idées radicales sur le sujet, il faut arrêter les énergies renouvelables,
00:31sortir du programme actuel des EPR2, nouvelle génération d'EPR, ces nouveaux réacteurs nucléaires.
00:37Alors le Parlement débat, on le sait, des objectifs en matière de nucléaire et d'énergie renouvelable,
00:41lui estime donc qu'il faudrait sortir la France du marché européen de l'énergie.
00:46On sait que le projet qui s'appelle le projet de loi Gremillet divise notamment sur le prix de l'électricité.
00:51Henri Proglio nous a dit qu'il fallait revenir à un système intégré d'EDF avec un prix national et un prix pour l'export,
00:57s'appuyant notamment sur la décision de l'Espagne pendant la crise énergétique de sortir partiellement du modèle européen de fixation des prix.
01:04Et à cette question du juste prix de l'électricité, Henri Proglio a expliqué que lors de son mandat à la tête d'EDF, c'était de 2009 à 2014,
01:12le coût de production du nucléaire était estimé à 60 euros par mégawatt-heure,
01:16démantèlement des centrales compris et même avec une petite marge pour EDF.
01:20Alors les politiques en ont aussi pris pour leur grade, ils ont sacrifié le nucléaire alors que la compétitivité est un élément clé de notre économie.
01:26Et pour lui, le président avec qui il n'a jamais entretenu cette bonne relation n'a aucune vision de politique énergétique.
01:31Oui, on parle d'Emmanuel Macron. Alors que propose Henri Proglio pour changer la donne dans ce domaine crucial ?
01:38Alors je disais radical, oui, quand il dit qu'il faut arrêter les énergies renouvelables dont les subventions pèsent trop sur le prix de l'électricité.
01:43Et sur le nucléaire, c'est lui aussi qui avait signé la construction des deux EPR britanniques d'Inkley Point.
01:48Il pousse désormais pour donc cesser le programme des nouveaux réacteurs dits EPR-2.
01:52Selon lui, ce modèle n'est pas prêt et l'EPR est un modèle de réacteur inconstructible.
01:57Il nous dit qu'il faut repartir de zéro pour que EDF conçoive un nouveau réacteur plus petit, environ 1000 MW,
02:02contre 1600 MW pour l'EPR.
02:04Les réacteurs de cette taille sont plus faciles à construire, moins chers et s'exportent mieux.
02:09Avec une prolongation de 20 ans pour les réacteurs actuels, ça donnerait du temps, selon lui, pour relancer ce nouveau parc.
02:14Alors quand on lui fait remarquer que sa stratégie inspire le Rassemblement National, il répond « je parle avec tout le monde ».
02:19Alors on ne peut ne pas être d'accord avec Henri Proglio, mais sur le fond, sans énergie compétitive,
02:24pas de réindustrialisation du pays, pas d'emploi depuis la guerre en Ukraine.
02:27Ce sujet aurait dû être au cœur d'une stratégie de la France à ce jour.
02:31Rien ne permet de dire que les Français, entreprises et particuliers, pourront retrouver une énergie compétitive.
02:37L'énergie, ce n'est pas de droite, de gauche ou des extrêmes.
02:40Il doit y avoir un consensus et une vision réaliste, équilibrée.
02:44Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
02:46La démagogie l'emporte trop souvent au détriment de notre avenir.
02:48Effectivement, ça devient compliqué.
02:50On parle aussi de la chute d'une société en bourse, Didier, à cause de, tenez-vous bien, soupçons de malversation.
02:56Il s'agit de Worldline, qui est spécialisé dans les paiements.
02:59Ça tombe mal.
03:00Oui, ce n'est pas tous les jours qu'une société perd plus de 40% de sa valeur.
03:03C'est ce qui lui est arrivé cette semaine sur une journée.
03:05Worldline, c'est une spécialiste des services de paiement.
03:07On ne connaît pas forcément cette entreprise, mais l'or de paiement, justement, très souvent,
03:11elle est dans l'interface entre vous et le commerçant.
03:13Le titre a été plombé par une enquête menée par un consortium de journalistes européens,
03:17European Investigation Collaboration.
03:19Les médias, comme le soir ou Mediapart, ont participé à cette enquête
03:23et ont révélé ce qu'ils ont appelé les « dirty payments ».
03:26Pendant la dernière décennie, le groupe Worldline a opéré en toute impunité
03:29des milliards d'euros de paiements frondulés.
03:31Au contraire à l'éthique, pour le compte des pires acteurs du commerce en ligne,
03:34arnaqueurs, casinos illégaux, groupes pornos controversés, sites de prostitution,
03:38réseaux de blanchiment présumés.
03:39C'est ce qu'écrit notamment le soir.
03:41Il y avait déjà eu une alerte en 2023.
03:43Les investisseurs pensaient sans doute que ce sujet est réglé.
03:46Dans un communiqué, Worldline a réagi à ces informations qui ont été publiées par les différents médias.
03:50Il indique avoir mené une revue approfondie de son portefeuille de « high business risk »,
03:55ce qui représente actuellement environ 1,5% des volumes acquis et résiliés.
04:01Il a résilié les relations commerciales identifiées comme non conformes à ce cadre renforcé.
04:05Worldline assure par ailleurs que son taux de fraude est inférieur à la moyenne
04:10et que ses clients font désormais l'objet d'une surveillance renforcée.
04:12C'est déjà ça.
04:13On termine, Didier, rapidement.
04:15Comment on peut comprendre les marchés financiers
04:18qui ne semblent pas du tout réagir aux différentes guerres
04:21qui éclatent un peu partout dans le monde ?
04:23C'est vrai.
04:24Après ce qui s'est passé et qui n'est pas terminé entre l'Iran et l'Israël,
04:28certains voyaient une crise pétrolière arriver.
04:29Il n'en est rien.
04:30Comme si les investisseurs pouvaient ignorer le risque.
04:32En réalité, il faut le dire,
04:33les flux financiers sont toujours importants sur les marchés
04:36et notamment sur les marchés actions.
04:37Les investisseurs sont donc toujours investis.
04:39Aux Etats-Unis, le sujet, lui, est plutôt celui de la baisse des taux d'intérêt
04:43et de la déréglementation bancaire.
04:47C'est ce qui domine.
04:47En France, il faut le rappeler, le prochain rendez-vous budgétaire est à risque.
04:51Ça sera à la rentrée, préparation cet été,
04:53en l'absence d'une nouvelle stratégie de l'État français pour le désendettement public.