L’aérien en plein boom au Bourget, malgré le timide effort de la défense française - L'info éco +

Sud Radio

22/06/2025

Avec Didier Testot, fondateur de la Bourse et la Vie TV.

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00:00Sud Radio, le grand matin week-end, l'info éco plus, Didier Teston.

00:05Bonjour Didier. Bonjour Jean-Marie.

00:06Le fondateur de la Bourse et la Vie TV.

00:08Didier, l'événement industriel de la semaine, c'est le salon international de l'aéronautique et de l'espace.

00:13Le fameux salon du Bourget qui accueille d'ailleurs, c'est important désormais, les particuliers si vous voulez voir les démonstrations.

00:20Alors, ce qui vous a intéressé cette semaine, Didier, sont deux sujets du marché aéronautique et de la défense.

00:25On commence par l'aéronautique. Comment se porte le marché ?

00:29Très bien. Et d'ailleurs, ce salon accueille 2500 exposants, c'est 48 pays.

00:34Alors, il n'y a pas les Russes cette année, mais il y a 322 délégations officielles, 150 avions et 210 présentations en vol.

00:42Ça, c'est le tableau. Et je commence donc par l'aéronautique.

00:44Il faut dire clairement qu'il y a peut-être un décalage entre le discours de certains politiques,

00:48notamment en France, qui ne parlent que de décarbonation et la réalité d'un marché aéronautique

00:52qui est clairement en croissance avec des commandes au rendez-vous.

00:55Airbus, pour l'Europe, a pu communiquer sur plusieurs commandes.

01:00D'autres acteurs, des entreprises de taille intermédiaire, également, ont des carnets de commandes garnis pour plusieurs années.

01:07Il reste des sujets, bien sûr, de supply chain, cette chaîne logistique,

01:10mais plus rien à voir avec ce qui avait pu connaître le secteur à la sortie de la période Covid.

01:15Un carnet de commandes qui est plein, des nouvelles perspectives en Asie, notamment, pour des marchés en pleine croissance.

01:20On est très loin de discours sur la frugalité post-Covid, où il fallait moins voler, et ça serait bon, bien sûr, pour la planète.

01:26La réalité économique industrielle, c'est un nouveau cycle en cours pour l'aéronautique,

01:30avec, bien entendu, des évolutions moteurs, moins consommateurs, et pas dans l'immédiat.

01:35Mais il y a des accords sur les carburants propres, ce qu'on appelle le SAF, le Sustainable Aviation Fuel.

01:39Le gouvernement souhaite d'ailleurs produire de biocarburants et des carburants de synthèse en 2030,

01:44pour répondre aux besoins nationaux.

01:46Il envisage, je le cite, une position française exportatrice.

01:49Nous en sommes encore très loin.

01:50Les Etats-Unis, eux, ont démarré fort dans ce domaine.

01:53Oui, alors Didier, du côté de la défense, maintenant, est-ce que le boom est aussi au rendez-vous ?

01:56Alors, si on en croit la communication officielle, gouvernementale à sujet, oui, la défense est une priorité.

02:01Vu le contexte, avec la guerre en Ukraine et les dernières évolutions du conflit entre l'Iran et Israël,

02:05cela paraît logique.

02:06Cela fait des mois, on pourrait dire des années, que ce sujet est sur la table.

02:09Mais il a fallu l'arrivée de Donald Trump pour que l'Europe se réveille.

02:12Pour ceux qui nous écoutent, certains ont peut-être fait leur service militaire.

02:15Quand l'adjudant-chef gueulé réveille tôt le matin, tout le monde se réveillait vite.

02:19Celui qui n'était pas réveillé s'en souvenait.

02:21Là, vous avez des pays comme la Pologne et l'Allemagne,

02:23qui effectivement ont changé de dimension côté investissement dans la défense.

02:27Et puis, vous avez la France qui parle, qui parle fort, qui ne fait pas grand-chose.

02:30D'aide publique oblige.

02:32Le constat aujourd'hui, c'est que la chaîne de sous-traitants a souffert de la faiblesse de la commande publique.

02:36L'accès au financement, c'est ce qu'ont souligné notamment des dirigeants de fonds d'investissement

02:40qui commencent à investir sur des PME ou des ETI françaises.

02:44Et lors de la discussion avec un ancien officier de l'armée de l'air au Bourget,

02:49où j'étais cette semaine,

02:51on explique que la DGA a réduit ses investissements,

02:54la direction générale de l'armement, sur les armes du futur.

02:57Vous comprenez alors que la réalité est moins rose que les discours politiques.

02:59Car au fond, s'il fallait investir tout de suite sur la défense,

03:02il faut dans ce cas peut-être bloquer des dépenses dans d'autres domaines.

03:05Le social, par exemple, pour nous faire simple.

03:07Les industriels, les PME, les ETI, mais aussi les grands groupes,

03:10le disent tous à ce jour.

03:11Si le sujet défense occupe l'espace public, je veux dire dans la communication,

03:15la réalité des dépenses dans ce domaine, vu les besoins, reste dérisoire.

03:18Alors le domaine spatial était aussi à l'honneur,

03:20avec le Paris Space Hub et l'agence spatiale européenne qui fêtait ses 50 ans.

03:25Mais c'est vrai qu'on était aussi la semaine de l'appel du 18 juin,

03:28pour celui du général de Gaulle, qui doit se retourner dans sa tombe

03:31quand il voit les responsables qui y ont succédé,

03:33incapables de maintenir notre effort de défense au niveau requis,

03:36pour rester une grande puissance, être capable de répondre

03:38aux nouveaux conflits de haute intensité, comme disent les militaires.

03:41Il ne s'agit pas de crise, mais d'un changement d'état du monde.

03:44Nous ne nous y préparons pas pour l'instant.

03:46Si la Russie décide, par exemple, de tirer un missile type IRBM,

03:50comme un Nord-Echnik sur le territoire européen,

03:52les Européens sauront son existence que si les Américains nous aident.

03:56Ou s'il touche sa cible, tout simplement.

03:59Didier, vous parlez aussi du conflit entre Israël et l'Iran.

04:02Est-ce qu'il y a des effets sur l'économie qui se font déjà sentir ou pas ?

04:05Alors, les investisseurs sur les marchés n'ont pas été effrayés

04:07par les annonces de missiles ou les ripostes des belligérants.

04:10Alors, il y a eu, certes, le prix du pétrole a augmenté,

04:12mais sans aller au-delà de son prix du début d'année,

04:15en juin 2024, il était encore plus haut.

04:17Et le dollar n'a pas servi de refuge.

04:19Généralement, en cas de choc, les investisseurs se précipitent sur le billet vert

04:22comme un actif sans risque.

04:23Alors, pour l'instant, côté des marchés, on va dire que c'est plutôt un choc régional que mondial,

04:28mais on n'a pas encore, bien sûr, tout vu.

04:30Cela ajoute de nouvelles incertitudes, tout de même, sur l'impact économique éventuel

04:34si ce conflit s'aggravait, avec notamment l'implication des États-Unis.

04:38Mais il y avait eu, c'est vrai, une hausse de la production pétrolière par l'Arabie saoudite,

04:42ce qui a sans doute aidé le marché.

04:43Alors, certains font des scénarios catastrophes,

04:45mais il faut rappeler juste une chose,

04:46Le monde des années 70 n'est pas celui de 2025, pour parler des États-Unis.

04:51C'est le deuxième plus grand exportateur de pétrole au monde,

04:54la production rénière, et même inférieure à celle des États-Unis.

04:58Voilà, donc pour l'instant, on en est là, les marchés, on va dire, digèrent.

05:02Et puis l'OPEP, lui, a augmenté régulièrement sa production.

05:05Un mot pour terminer sur les taux.

05:07Les taux, aujourd'hui, les investisseurs s'intéressent plutôt à la bataille

05:10entre Donald Trump et Jérôme Powell, le directeur de la Banque Centrale américaine.

05:14Il l'appelle le « too late Powell » qui ne baisse pas ses taux pour l'instant.

05:18Bon, on continuera à surveiller tout ça.

05:20Merci beaucoup Didier Testo.

05:21Toutes vos analyses sur la Bourse et la Vie TV.

05:23Merci.

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