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Dans son édito du 26/06/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur le pluralisme dans les médias.

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Transcription
00:00Alors, je dirais, la gauche n'aime rien tant que fabriquer, transformer un homme en monstre pour nous inviter ensuite à le conspuer et le lapider symboliquement sur le mode « cet homme est un danger pour la démocratie, nous devons tous l'abattre, nous devons tous le lyncher ».
00:16Et, après une période où ça frappait souvent Vincent Bolloré, maintenant la nouvelle cible, c'est Pierre-Édouard Stérain, donc nous sommes passés, en l'espace de quelques temps, mais je crois que ça peut revenir, de la bollorophobie à la stérinophobie.
00:26Et là, la stérinophobie, qu'est-ce que c'est ? C'est présenter Pierre-Édouard Stérain, qui est donc ce milliardaire qui a décidé de mettre une bonne partie de sa fortune au service d'une cause qui, de son point de vue, est le redressement de la France, on présente cela comme de manière très dangereuse pour le pays.
00:41Et, le système médiatique et des politiques se sont mis sur cette volonté de faire de multiplier les frappes pour le discréditer.
00:49Premier élément, ce qu'on lui reproche en France 2 d'abord et avant tout, parce que c'est le service public, on le présente de manière terrifiante comme patriote et catholique.
00:57Patriote et catholique, c'est quand même assez inquiétant.
00:59Alors, le 23 juin, dans l'œil du 20h, c'est Boulevard Voltaire qui nous le rappelait, on nous présente ainsi, c'est le titre du reportage,
01:08« Douce France, cher pays de l'influence ».
01:12Et là, il y a une voix off.
01:13Vous savez, quand on fait des reportages comme ça sur des hommes de droite, il y a toujours une voix grave off, avec une espèce de musique inquiétante,
01:19à mi-chemin d'Ice White Shot et de Wagner.
01:20Et là, on nous le présente, on le présente de manière suivante.
01:25La voix offre à contre-suit que des créateurs de contenu qui mettent en valeur le terroir français, d'apparence en politique,
01:32ont retenu l'attention de Pierre-Édouard Sterrain.
01:34Donc, des promoteurs du terroir français.
01:37Donc, le terroir français, c'est un marqueur, je cite, des idées très à droite.
01:43Donc, notez bien, si vous aimez le terroir français, si on avait mis de l'avant, je ne sais pas, le couscous ou autre chose,
01:47là, je ne serais très à gauche.
01:49Reste à savoir.
01:50Quoi qu'il en soit, le service public a des ressources pour lancer la chasse au terrain.
01:55Autre chose, c'est, oui, c'est ça, cache-investigation, le soir, donc ça, c'est Mme Lucet,
02:01le soir du fameux sommet des libertés, eh bien, on s'intéresse aussi à lui, toujours avec les mêmes méthodes,
02:08musique angoissante, voix grave, enregistrement, mise en scène du grand péril.
02:13Le péril, ce terrain est parmi nous, donc, avec cette idée qu'il faut le frapper de telle manière qu'il ne puisse pas se relever.
02:20Les politiques s'en mêlent aussi.
02:21Fabien Roussel, le communiste, il va dans, c'était, je crois, oui, c'était sur France Info, il y a quelques jours, je cite, parlant de ce terrain.
02:31Roussel dénonce, le projet de ce terrain, c'est le redressement de la France et la promotion du Christ.
02:37Il ajoute, il arrive pour mettre de l'huile sur le feu et faire la promotion du Christ.
02:43En matière de mettre de l'huile sur le feu, la promotion du Christ, c'est assez original.
02:46Aimez-vous les uns les autres, je connais une doctrine plus agressive.
02:48Il poursuit, oui, cet homme est dangereux.
02:52Quand je vois qu'il met beaucoup d'argent dans les médias, on voit le rôle que les médias peuvent avoir, les réseaux sociaux, les influenceurs, ça me préoccupe.
02:59Le présentateur, tout à fait soucieux de sa neutralité, intervient.
03:02Il nous dit, et c'est pour ça qu'il faut un service public fort avec beaucoup de décryptage.
03:06Merci, service public de ta neutralité.
03:09Roussel en remet parce que là, il décide de frapper fort.
03:11Je sais que ça vaut la peine.
03:13Il faut sortir beaucoup de politique.
03:14La politique, c'est débattre.
03:16C'est mesuré quand on a une histoire en France avec un pays qui a été envahi par le nazisme, que l'on a combattu.
03:22Mais chez nous, il y a aussi eu la collaboration.
03:25Cette histoire-là, elle est encore présente.
03:27Et quand il y a les manifestations à Paris, comme on l'a vu il y a quelques mois,
03:31avec des défilés nazis qui n'hésitent plus à lever la main et qui sont totalement décomplexés,
03:35il y a une véritable menace dans notre pays dont il faut prendre la mesure.
03:38Vous m'expliquerez comment on peut passer de l'amour du Christ, du terroir au nazisme en l'espace d'une minute douze.
03:45Comment on réussit à faire ça?
03:46Être dans la tête d'un type de gauche, ça doit être compliqué.
03:49Je précise que c'est le même Roussel qui, en 2022, au moment de la présidentielle,
03:53ne savait pas s'il fallait classer Staline parmi les gentils ou les mauvais de l'histoire.
03:57Donc ça, c'est quand même un sens du jugement qui le caractérise.
04:01Je reviens sur cet élément central pour vous me demander quel est le sens de cette offensive.
04:06La gauche peut tolérer l'existence à la périphérie médiatique de médias qui sont là des médias de témoignages.
04:13On pourrait dire que pendant longtemps, on tolérait l'existence de radios courtoisies.
04:16On disait que c'est très bien, tous les méchants sont rassemblés là-bas,
04:19personne n'écoute vraiment, même si ça avait quand même son public,
04:21mais le système mainstream médiatique nous appartient.
04:24Mais dès lors qu'apparaissent des médias qui se veulent pluralistes
04:27et qui sont au cœur du système public, une grande radio, une grande télévision,
04:30de grands journaux, qui ne se disent pas de droite,
04:33qui ont le souci du pluralisme,
04:34qui ont le souci du pluralisme, donc qui créent un environnement médiatique différent
04:38où les évidences des uns ne sont plus nécessairement les évidences des autres,
04:41où le récit médiatique n'est pas nécessairement celui qui est répété
04:44sur le mode de la Pravda et de la Doxa,
04:46alors là, il y a une crise de panique.
04:47Et qu'est-ce qu'on veut faire ?
04:48On veut faire fermer ces médias.
04:51On veut faire taire le « dangereux milliardaire » qui rend la chose possible.
04:55Pourtant, la gauche ne semble pas s'inquiéter de la présence des milliardaires en politique
05:01quand il finance ses idées.
05:02Vous me parlez de Mathieu Pigasse.
05:04Vous me parlez de Mathieu Pigasse avec raison.
05:06Oui, mais c'est quand même un particulier, lui.
05:07On va le citer Mathieu Pigasse.
05:08Mais il l'avoue, il l'avoue, il le dit.
05:09Ah oui, il l'avoue, mais c'est ça qui est fascinant.
05:11En février, Pigasse nous dit « Je veux mettre les médias que je contrôle ».
05:15Vous noterez la belle part virile de contrôle.
05:17« Je possède, je contrôle ».
05:19« Je veux mettre les médias que je contrôle dans le combat contre la droite radicale ».
05:23Donc, il nous dit « Mes médias, à moi, je vais les utiliser pour fixer une ligne éditoriale idéologique
05:29dans le combat contre un autre camp politique ».
05:32Imaginez si les propriétaires de médias semblables à droite disaient
05:36« Je veux mettre les médias que je contrôle au service de la lutte contre la gauche, très formellement ».
05:40On dirait de quel droit le propriétaire se mêle-t-il de la salle de rédaction,
05:45des choix éditoriaux ?
05:46On dirait de quoi vous mêlez-vous ?
05:48Eh bien, à gauche, on peut revendiquer le droit de transformer ces médias en instruments de propagande
05:52et tout le monde applaudit en célébrant le courage du capitaliste transgressif.
05:57Il va encore plus loin.
05:59Il dit « Je veux fixer la ligne éditoriale ».
06:01Il nous dit aussi « Je veux ».
06:03Parce qu'il y a un combat, nous dit-il, entre deux camps qui s'opposent et qui sont irréconciliables.
06:08Alors, que nous dit-il ?
06:09On dit, c'était dans l'Ibée toujours,
06:11« Je pense que nous sommes arrivés à un moment critique de l'histoire de nos sociétés.
06:15Avec une polarisation extrême entre deux conceptions du monde,
06:19une ouverte et progressiste,
06:20et une autre fermée qui repose sur la fermeture des frontières,
06:23la fermeture des esprits et le rejet de l'autre.
06:25Ça, c'est une mentalité de guerre civile, je le précise.
06:27Il y a le bien, le mal, les gentils, les méchants, les fins, les pas fins.
06:32Et le capitaliste milliardaire de gauche se met au service des gentils contre les méchants.
06:37Aujourd'hui, de manière étonnante,
06:38étonnante parce que rares sont ceux qui osent critiquer directement cela,
06:41Marion Maréchal intervient sur Twitter.
06:44Il dit,
06:44« Pourquoi le service public audiovisuel traque, persécute,
06:48harcèle les entrepreneurs, Vincent Bolloré, Pierre-Édouard Sterrain,
06:51dans toutes ses émissions,
06:53mais ne dit pas un mot sur Mathieu Pigasse,
06:55qui veut mettre ses médias au service de ses idées de gauche extrême ? »
06:58Est-ce parce qu'il produit des émissions sur le service public ?
07:01Parce qu'effectivement, Pigasse produit des émissions qui se retrouvent sur le service public.
07:04On a vu ces échanges de tweets entre deux.
07:05Ah ben oui, et il répond.
07:07Il répond, c'est intéressant.
07:07Donc là, on a un duel.
07:08On a un duel.
07:09Chacun dégaine ses armes.
07:10Et que dit Pigasse en réponse ?
07:12La différence, hein, la différence, Mme Maréchal ?
07:14J'assume, je débats, je ne me cache pas, je paie mes impôts en France.
07:19Une autre différence, nos valeurs, je crois à la démocratie, à l'égalité, à la liberté,
07:24parlent entre soi au repli et à la haine de l'autre.
07:27Alors, c'est intéressant.
07:28Parce qu'il nous dit,
07:29« Si vous partagez mes idées,
07:31vous avez le droit d'utiliser vos médias,
07:33et par ailleurs d'avoir le relais du service public pour en faire de la promotion.
07:37Parce que nos idées sont bonnes et vos idées sont mauvaises. »
07:39Donc là, on n'est pas dans une logique de pluralisme.
07:43On est dans une logique d'éradication du camp d'en face.
07:45Quand c'est le bien contre le mal, on ne fait pas,
07:47on ne négocie pas avec le mal.
07:48On cherche à en finir avec lui.
07:49Donc, qu'est-ce qui est intéressant dans cette séquence,
07:52c'est que Pigasse avoue être hostile à la logique du pluralisme.
07:57Il dit, « Mes médias sont de gauche et au service de la gauche.
08:00Ils ne sont pas dans une logique de débat.
08:01Nous ne cherchons pas, d'ailleurs, on le voit,
08:03à faire une place exagérée sur leur tribune
08:05à des penseurs, à des contradicteurs,
08:07à des gens avec qui ils seraient en désaccord,
08:08avec ce souci de pluralisme. »
08:10Il dit, « Nous sommes dans un combat. »
08:12Je note qu'aujourd'hui...
08:13Alors, après ça, Marion Maréchal est revenue.
08:14Un autre tweet, je le résume parce qu'il est un peu long.
08:17Elle nous dit,
08:17« Monsieur Pigasse, la démocratie, la liberté et l'égalité,
08:21ce n'est pas confisquer l'argent du contribuable
08:23au service d'une seule idéologie.
08:25Vous êtes libre, comme messieurs estérins,
08:27de financer tous les médias privés que vous souhaitez,
08:28mais l'audiovisuel public, votre client,
08:31ne devrait pas appartenir au NFP,
08:33mais à tous les Français.
08:36Force est de constater que votre influence
08:37ne fait étrangement l'objet d'aucune enquête militante
08:39de la part de ce dernier. Pourquoi ?
08:41En effet, pourquoi Mme Lucet ou tant d'autres,
08:43qui sont soucieux, justement, du rôle des milliardaires
08:46dans la production de l'opinion aujourd'hui,
08:48ne s'intéressent pas à M. Pigasse ?
08:50Pourquoi sont-ils soudainement si discrets autour de cela ?
08:54Et ce qui est intéressant dans la séquence d'aujourd'hui,
08:56c'est qu'une politique, maréchal, désigne clairement un grand patron
09:00en disant, un instant, je vais vous questionner politiquement,
09:03il faut nommer le pouvoir immense qui est le vôtre
09:06et surtout votre emprise sur le service public.
09:08De ce point de vue, c'est une séquence intéressante aujourd'hui.
09:11On va éviter quand même le pessimisme exagéré, hein ?
09:14Mme, tu voulais bien ?
09:16Non, le pessimisme est l'autre nom du réalisme.
09:19Entre ces querelles, est-ce que le service public n'est pas
09:23un lieu de surplomb, un lieu de neutralité ?
09:26C'est tout au moins ce qu'a suggéré Delphine Ernotte
09:28lorsqu'on a vu qu'elle était invitée chez Quotidien.
09:30Ah ben, elle était en famille, hein ?
09:32Elle était en famille, Delphine Ernotte, Quotidien,
09:34on avait l'impression qu'ils étaient entre eux,
09:35c'était des blagounettes ensemble.
09:37C'était des gens comme des frères, comme des sœurs,
09:39qui se comprenaient.
09:41Alors, ce qui est assez drôle, c'est qu'elle nous dit
09:43tout le monde est le bienvenu sur le service public.
09:44À ce moment précis, on a entendu l'hilarité générale
09:48dans le pays.
09:49Soyons sérieux, tout le monde n'est pas le bienvenu
09:50sur le service public.
09:51Et le jour, le jour, là, je parle de la radio un instant,
09:54où Alain Finkielkraut va se retirer de son émission
09:56réplique essentielle le samedi matin,
09:58il n'y aura plus le début d'une trace de pluralisme
10:00à France Culture, par exemple.
10:02Ayons ça à l'esprit.
10:03Pour France Télévisions, regardez les émissions sur la 5,
10:05c'est une blague chaque fois.
10:07Alors, il faut se demander, est-ce qu'elle évolue
10:08dans un monde parallèle, ou est-ce qu'elle est indifférente
10:10au fait de nous bombarder au visage ?
10:12Elle nous bobarde de bobards sans gêne.
10:15Elle ajoute, c'est intéressant, croyant qu'elle attaque
10:17Proulx, puisque Proulx la critique souvent.
10:20Il dit, ce qui est intéressant, c'est que ceux
10:21qui se revendiquent soi-disant de la liberté
10:23nous expliquent ce que l'on doit faire,
10:25ce que l'on ne doit pas faire, ce que l'on doit dire,
10:27ce qu'on ne doit pas dire. En fait, ce sont les vrais nouveaux
10:29censeurs. Non, Mme Ernotte, ce n'est pas
10:31de la censure que de se prononcer
10:33sur l'orientation éditoriale du service public
10:35sur son côté trop souvent militant.
10:37Ce n'est pas de la censure que de dire qu'elle est responsable
10:39de mettre en scène la pluralité des Français
10:41et non pas ses préférences idéologiques.
10:44De là, il faut rappeler deux choses
10:45et je terminerai là-dessus. En janvier 2021,
10:48Le Monde nous révélait,
10:49c'était Le Monde, je crois,
10:51qu'à France Télévisions,
10:54il y avait une partie variable de la rémunération
10:55des rédacteurs qui dépendaient
10:57de leurs efforts dans le renforcement de la couverture
10:59des sujets suivants.
11:01Diversité,
11:01Diversité,
11:06Visibilité,
11:07Outre-mer,
11:07Europe.
11:08Donc ça, c'était dans le monde.
11:09Donc si vous remettez de l'avant
11:11certains thèmes orientés idéologiquement,
11:14eh bien, vous aurez une meilleure situation.
11:17Je ne rappelle pas ça de la propagande,
11:19mais si je cherchais un mot,
11:20ça ressemblerait à celui-là.
11:21Et en dernière instance,
11:22le dernier mot,
11:23n'oublions jamais la déclaration
11:24de Mme Ernotte.
11:25On ne représente pas la France,
11:26c'était à l'Assemblée, je crois,
11:27on ne représente pas la France telle qu'elle est,
11:29mais telle qu'on voudrait qu'elle soit.
11:31On sait très bien ce que le service public
11:33et d'autres voudraient faire de la France.
11:35Des médias qui ne nous disent pas la réalité,
11:37mais ce que devrait être le réel
11:38en fonction de leurs valeurs
11:39et de leurs priorités idéologiques,
11:41je le redis,
11:42on appelle ça la Pravda.

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