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La rédaction de l’Opinion organise sa conférence annuelle sur le secteur agricole. Parmi les grands sujets qui seront abordés cette année, l’enjeu majeur de la souveraineté alimentaire de l’Europe et celui des nouvelles barrières douanières imposées par l’administration Trump. Nous parlerons aussi de la « bataille de l’eau » qui se joue actuellement, dans un nombre croissant de territoires, entre agriculteurs et industriels. Enfin, nous nous pencherons sur les sujets qui feront l’agriculture de demain, comme la régénération des sols ou les NGT.
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00:00Nous allons maintenant parler d'un monde qui change, d'une mondialisation qui s'est peut-être un peu grippée
00:12et de la façon dont on doit s'organiser face aux nouvelles barrières douanières dans cette nouvelle ère qui s'ouvre.
00:18Je vais recevoir pour en parler Sébastien Abyss, que les lecteurs de l'Opinion connaissent très bien
00:23parce qu'il signe dans nos colonnes de très intéressants « Dessous des tables ».
00:28Il est aussi auteur d'un « Veut-on mourir le monde ? Franchir l'Everest alimentaire en 2050 » que je vous recommande.
00:34Je reçois aussi Christophe Buren. Vous êtes là. Mais venez, venez. On a perdu Sébastien Abyss ?
00:40Ben non, il est là. Enfin Christophe. Christophe Buren, président du groupe Vivessia,
00:46un grand groupe coopératif céréalier français qui est installé à Reims.
00:49Et enfin, Jean-François Lépi, membre du bureau d'Inter Céréales. Messieurs, je vous en prie, installez-vous.
00:55Alors, le monde, c'est depuis le Covid quelque chose de complètement différent.
01:13Peut-être on va commencer avec toi Sébastien. Je vais te tutoyer puisqu'on se tutoie dans la vie.
01:17On ne va pas se vouvoyer ici. C'est quoi la nouvelle normalité du monde depuis la succession de crises
01:23qu'on a affrontées depuis 2019 ? Est-ce qu'il y a une nouvelle normalité ?
01:31Vous avez raison, Emmanuel. C'est une bonne question. Je vais te vouvoyer.
01:36Si vous voulez.
01:38Il y a deux choses. Il y a d'abord une normalité ou une bizarrerie. Je voudrais quand même le dire parce que depuis la création de ce journal,
01:49qui est quand même un quotidien, il y a depuis le début dans ce quotidien la volonté de parler des faits,
01:55parler d'Europe, parler d'économie et parler d'agriculture. Je le dis parce que beaucoup de quotidiens français mettent une barrière sur ces sujets depuis des années.
02:05Je voudrais quand même saluer le travail que vous faites à l'Opinion et ce que vous faites en particulier, Emmanuel.
02:10Donc si tu le permets maintenant, ceci étant dit, le monde, l'état du monde. Moi, j'ai métaphoré les choses il y a quelques mois en disant
02:20qu'on était dans un temps géopolitique des hippopotames, c'est-à-dire férocité, dureté, des relations internationales et intersociales,
02:29vélocité, des transformations importantes. Soyez pas surpris. L'hippopotame, il est très méchant. L'hippopotame, il court plus vite qu'Ussenbolt.
02:37Et puis en plus, il y a une troisième caractéristique qui correspond complètement à l'état du monde, c'est que l'hippopotame, il est polygame.
02:42Ce que nous, on dit en Europe, multi-alignement, multi-polarité pour rester poli. Et ça nous gêne évidemment la polygamie par rapport à ce que ça peut vouloir dire.
02:49Mais c'est l'état du monde actuel, c'est-à-dire il n'y a pas d'alliance, il n'y a pas de bloc, il n'y a pas d'attachement, il n'y a pas de fidélité.
02:55Tout est intéressé, tout est transactionnel, tout est jetable, tout est éphémère. Ça peut être hyper impulsif.
03:00Et donc cette polygamie stratégique, quand on l'applique aux questions agricoles et alimentaires, elle le heurte deux choses.
03:07D'abord, la permanence de ce sujet, puisque je rappelle que tout se transforme, sauf le fait que sur l'agricole et l'alimentaire,
03:17en fait, il n'y a personne sur cette planète qui peut s'en passer. Personne. J'aime bien rappeler cette évidence, mais je pense qu'on ne peut pas parler de sursauts agricoles.
03:27On ne peut pas parler d'état du monde. On ne peut pas parler de tous les sujets qui ont été évoqués ce matin sans rappeler que le plus grand souverain de la planète, c'est l'estomac de chacun.
03:38Deuxième chose, c'est que sur les questions agricoles et alimentaires, il y a eu une phase où pour nous, Européens, nous avons commis deux erreurs au tournant du millénaire.
03:52La première erreur est d'avoir oublié l'importance stratégique de l'alimentaire et d'avoir sous-estimé qu'une partie de la planète avait la dalle
04:01et que donc elle allait énormément vouloir se développer sur l'agricole et sur les questions alimentaires, ce qu'on a fait il y a 80 ans
04:11parce qu'on n'était pas en forme olympique sur ce terrain de jeu. Et la deuxième chose qui a été commise par les Européens, c'est que nous avons cru pouvoir maintenir
04:22des positions favorables alors que le monde se transformait très rapidement sur le plan structurel, accélérer dans de nombreux domaines que nous délaissions
04:33ou que nous arrêtions de cultiver comme un muscle d'un sportif, c'est-à-dire qu'on a voulu rester compétitif comme un sportif en ne comprenant pas
04:45que sur la scène internationale, sur cette compétition-là, une majorité d'acteurs aujourd'hui ne respectent pas de règles.
04:54C'est le premier arrivé sur le terrain qui gagne. C'est celui qui va avoir le jeu le plus dur. Je rappelle que l'OMC est en mort cérébrale depuis quelques temps maintenant.
05:03Ce n'est pas l'OTAN. Je rappelle que l'OTAN a plutôt retrouvé des couleurs hier. Donc nous avons cru qu'on pouvait faire une compétition
05:11là où d'autres la faisaient mais sans respecter aucune règle. Et puis on a arrêté de muscler notre jeu.
05:18Et donc comme on a arrêté de muscler notre jeu, on a expliqué tout doucement depuis 20-25 ans, même s'il y a du correctif depuis quelques années,
05:25sans doute grâce au travail de l'Opinion en France, mais il y a d'autres acteurs qui essayent de faire de la remontada sur les faits.
05:32Mais on a laissé filer un sujet autour de la production. Je rappelle qu'il y a quelques années en France, quand on parlait de production,
05:38on avait l'impression qu'il fallait se cacher, que quand on parlait d'économie, c'était compliqué.
05:43Moi, je ne suis pas économiste, mais quand je parlais de géopolitique il y a 10-15 ans autour des questions agricoles et alimentaires,
05:49je me souviens qu'on me disait que je faisais des oxymorons du matin au soir. Et on a sous-estimé un autre aspect,
05:57c'est que le tic-tac climatique, il nous concerne aussi en Europe. Et qu'en plus, on a commis une erreur,
06:02c'est qu'on a dit que sur les questions climatiques, ça allait être le problème après 2050 et en gros pour le reste de la planète.
06:07Et en fait, ce qu'on découvre ces dernières années, c'est que le climat nous concerne aussi,
06:11mais qu'on a donc le tic-tac du climat, le tic-tac de la géopolitique qui nous rattrape.
06:15Et donc aujourd'hui, il y a un tic-tac agricole, c'est-à-dire qu'on demande au monde agricole,
06:18ne déconnais pas quand même, mesdames et messieurs agricultrices, agriculteurs,
06:23parce que nos estomacs, il ne faut surtout pas qu'ils soient vides. Et puis, en plus, vous devez sauver la planète,
06:28vous devez bien gérer l'eau, vous devez être innovant, vous devez être résilient.
06:31Bref, en gros, vous devez sauver tout le monde. Et pendant ce temps-là, vous avez des nouvelles forces sur la planète
06:39qui sont venues, revenues. L'empereur Trump qui, hier, a quand même obtenu à l'AE,
06:46là où il y a un tribunal de justice internationale, je rappelle, mais il a obtenu à l'AE quand même
06:55que tous les Etats européens montent à 5% de dépenses militaires dans leur PIB. Je rappelle que pour les 27 Etats membres
07:02de l'Union européenne, monter à 5%, ça veut dire mettre 600 milliards d'euros par an en plus sur la table.
07:07À l'échelle du confetti français, c'est 70 milliards par an si on doit monter à 5% de la dépense du PIB.
07:15Donc, en fait, Donald Trump, deux, a mis deux taxes douanières sur les Européens.
07:21Celles dont on parle plus depuis quelques jours, mais je rappelle que le 9 juillet prennent fin les 90 jours de pause.
07:29Et donc, on va savoir si on va avoir 20, 25%, peut-être moins, puisqu'on est passé à la caisse hier à l'OTAN.
07:34Mais il a mis 5% à l'OTAN. J'ai cru comprendre qu'en France, on cherchait 40 milliards.
07:40Là, il y a 70 milliards qui, sur le militaire, ont été engagés à horizon 2035 comme pas de temps de 10 ans.
07:50Je ne vais pas vous dire, moi, que le sujet militaire n'est pas un sujet.
07:55Je dis juste qu'on a une Europe qui a intérêt à se remettre à bosser.
08:00Alors, moi, je veux bien, parce que si on vous dit ça, Jean-François Lépi, il faut vous remettre à bosser.
08:06Alors, vous, vous avez quand même l'impression de bien bosser.
08:09Donc, la filière céréale française, on s'occupe, voilà.
08:13Bon, ça reste une de nos grandes et belles filières agricoles, une filière d'export.
08:17Un grain sur deux produits en France est exporté.
08:20Alors, vous, vous êtes face à ce monde que Sébastien vient de décrire et qui nous donne tous envie de rentrer chez nous, globalement.
08:27Mais on ne va pas le faire, on va rester là. Non, on se met à bosser. Voilà, tout le monde a compris.
08:35Donc, Jean-François Lépi, vous, vous m'avez dit, quand on a préparé cette table ronde, c'est comme si le monde s'était d'un coup accéléré.
08:42Et puis nous, on est là devant le monde qui tourne de plus en plus vite et où les règles, il n'y en a pas.
08:47Donc, comment est-ce qu'on fait ? Déjà, vous l'avez pris, vous avez pris toutes ces données, le climat, la géopolitique en pleine face ces dernières années.
08:55Alors, en fait, je pense que ça a été évoqué dans la première table ronde.
09:01Il y a des sujets de compétitivité et surtout, c'est des marchés.
09:05Et moi, quand j'ai commencé à travailler, c'était la fin des années 90.
09:09C'était le combat des subventions entre les exportations américaines et les exportations européennes.
09:14On était dans une contemplation agricole et la notion de marché avait disparu.
09:22Et puis, il y a eu un cycle de libéralisation très forte et associé à une expansion économique quand même très forte dans les pays en voie de développement,
09:32qui sont, certains, devenus développés.
09:33Et de concert de cette consommation très forte, les productions ont progressé.
09:41Alors, les OGM ont été un facteur très important.
09:44J'espère qu'on pourra sauver les serres à la paille en Europe grâce au NGT, notre blé et notre orge.
09:50Et en fait, on était dans un univers où, je crois qu'il y avait un économiste américain qui avait appelé ça « The world is flat ».
09:57Le monde est plat, c'est un village planétaire.
09:59Tout le monde se connecte, tout le monde échange sans contraintes.
10:04Ou en tout cas, s'il y a des contraintes, on fait en sorte de trouver des solutions pour les lever.
10:08Et puis, petit à petit, avec l'émergence de nouveaux secteurs de production agricole exportateurs,
10:16comme le bassin de la mer Noire, notamment,
10:20le bassin brésilien aussi, pour d'autres raisons.
10:23Mais si je me concentre sur le bassin de la mer Noire,
10:26les Russes, qui ont été, dans les années 70-80,
10:29le plus grand importateur mondial de céréales pour supporter leur filière animale,
10:36sont redevenus aujourd'hui une grande puissance agricole,
10:39parce qu'ils avaient la volonté politique de le faire,
10:41et avec un acteur majeur qui vient bouleverser nos marchés.
10:45Et comme l'a dit Sébastien, nous, on s'est retrouvés un peu comme la poule devant le couteau,
10:51à se dire, qu'est-ce qu'on va faire ?
10:53Et on se retrouve, on a eu des séries d'événements depuis le milieu des années 2010,
10:59que ce soit, je dirais, certains déséquilibres qui sont apparus,
11:05les impacts du changement climatique en Europe.
11:08Je rappelle que la récolte de 2016 a été le premier coup de semence,
11:11et puis derrière 2016, on a eu 2021, on a eu 2024,
11:15donc en l'espace de 10 ans, on a eu 3 événements climatiques majeurs.
11:18En 2024, on a perdu plus de 30% de la récolte de blé.
11:20C'est la pire depuis 1983.
11:23Donc effectivement, une tonne sur deux, on s'est retrouvés à peu exporter,
11:26c'est l'année qu'on vient de vivre.
11:28Et donc quelque part, nous, moi je suis un commerçant,
11:31je suis là pour faire des exportations,
11:33alors même si j'ai ma casquette intercéréale pour représenter les exportateurs français,
11:39on va dire les commerçants français au sens large,
11:42il y a eu la guerre en Ukraine qui a été aussi une bascule,
11:46même s'il y avait déjà des ferments qui étaient précédemment,
11:48mais c'était une bascule où finalement ce monde plat, il est complètement explosé.
11:53C'est des acteurs qui ne jouent pas avec les mêmes règles du jeu, plus de règles.
11:59C'est des pays qui créent des alliances,
12:02c'est le grain détourné des territoires occupés ukrainiens
12:06qui s'est retrouvé en Afrique, donné gratuitement par le régime russe,
12:11qui a complètement perturbé les pays et les économies locales alimentaires.
12:17Tous ces facteurs-là, ça devient maintenant un quotidien.
12:21Donc qu'est-ce qu'on fait ? Il faut qu'on s'adapte, on n'a pas le choix.
12:22Sinon, je mets la clé sous la porte et puis je vais faire autre chose.
12:26Donc il faut qu'on continue.
12:26Ne faites pas ça.
12:27Non, non, ce n'est pas le sujet.
12:28Et on a tout un ensemble de barrières qui se sont levées,
12:33comme je viens de l'expliquer,
12:34qui peuvent être des barrières pas forcément tarifaires,
12:36mais il y en a, on pourra en parler après.
12:38Je vais donner l'exemple tout simplement du marché algérien,
12:42qui était un marché de proximité pour l'exportation de grains français,
12:47puisque c'est quand même à côté de chez nous.
12:48C'est de l'autre côté de la Méditerranée.
12:50C'est un marché qui est régulier,
12:52puisque l'Algérie était le plus gros consommateur de pain
12:54par tête d'habitants au monde.
12:56Donc là aussi, culture du pain, culture alimentaire,
13:00et qui, de fait de sa structure pédoclimatique,
13:03ne peut plus produire de blé tendre,
13:04produit encore du blé dur,
13:06mais ne peut plus produire de blé tendre,
13:06donc obligé de l'importer.
13:08Et pour des raisons purement politiques,
13:11liées à ce que vous connaissez très bien,
13:13ce qui se passe entre la France et l'Algérie,
13:15donc l'Algérie a de facto,
13:17sans le dire officiellement,
13:19mais a banni l'origine France comme céréales
13:22et aussi les entreprises qui sont françaises.
13:23Donc ce qu'il fait, c'est un marché
13:25qui est coupé aujourd'hui de la France.
13:28Je vous rappelle,
13:29de manière assez standard,
13:32l'Algérie a importé d'origine France
13:34plus de 2 millions,
13:35entre 2 et 3 millions de tonnes de blé par an.
13:37Le dernier bateau, il est parti en juillet 2024.
13:40Donc la campagne 24-25, c'était 30 000 tonnes.
13:42Et puis je peux vous dire que sur la campagne 25-26,
13:44ça sera zéro.
13:45Sauf si, bien sûr, des choses changent au niveau politique.
13:48Donc comment on fait pour s'adapter ?
13:50Je reviens sur ce que j'ai dit,
13:51c'est un marché.
13:52Donc un marché, c'est de l'offre et la demande.
13:54On essaye, on doit pouvoir s'ajuster
13:56et se retrouver, par rapport à cette offre et la demande,
13:59de nouveaux débouchés
14:00ou des marchés sur lesquels on n'avait plus l'habitude d'être.
14:02Je vais parler du voisin égyptien, par exemple,
14:05qui est un des très grands pays
14:07qui importe là aussi,
14:09sur la culture du pain,
14:10qui importe beaucoup de blé
14:11parce qu'ils n'en produisent pas suffisamment.
14:14Donc voilà, on essaie de s'adapter.
14:15Christophe Buren,
14:16ce qui est décrit par Sébastien et par Jean-François,
14:19deux angles différents,
14:21c'est la fin de toutes les certitudes
14:23et aussi la fin de la naïveté,
14:26peut-être, de la France face à ses clients,
14:30face à ses productions, etc.
14:32Est-ce que les masques sont en train de tomber ?
14:34On se retrouve un petit peu tout nu ?
14:35Merci Emmanuel,
14:37merci pour l'invitation
14:38et bonjour à toutes et tous.
14:40La fin des certitudes,
14:42alors comme la question est Provoque,
14:43je vais répondre Provoque,
14:44oui, la fin des certitudes françaises.
14:47Voilà, parce qu'on a nos propres certitudes,
14:50on était les champions du monde
14:51et tout allait bien
14:53et on pense d'ailleurs,
14:54et d'ailleurs je trouve que le titre
14:55de cette conférence,
14:56ou de cette séquence de la conférence est top,
14:58c'est s'organiser face aux nouvelles barrières douanières.
15:01Moi j'ai écouté mes deux voisins,
15:02ils ne m'ont pas parlé de barrières douanières.
15:04Il n'y a pas que ça, disons.
15:04Non, en fait, ce n'est pas ça le problème.
15:07Le problème, il est chez nous.
15:09Et je pense que ce qu'il faut,
15:10j'ai bien écouté,
15:11et puis ce qu'on a entendu toute la matinée
15:13et ce qu'on dit dans l'opinion,
15:15le monde, et en fait même pas,
15:17l'Europe ne nous attend pas.
15:19Le monde ne nous attend pas.
15:20Donc c'est vraiment à nous en fait de nous organiser.
15:23Et il y a ce mot,
15:24alors Jean-François Loiseau ce matin l'a utilisé,
15:26toi tu viens de le réutiliser,
15:28ce mot de compétitivité,
15:30il va falloir qu'on ose l'utiliser
15:32à tout bout de champ
15:33parce qu'en fait c'est un monde de compétition.
15:35Qu'on le veuille ou non,
15:36qu'on l'accepte ou non,
15:38mais le monde, il est comme ça.
15:39Donc oui, nous acceptons en fait
15:42de parler compétitivité
15:43et il faut y aller.
15:44Et donc, je vais aller plus loin.
15:46Est-ce qu'on a un souci en Europe ?
15:48Moi, quand je regarde l'Italie,
15:50j'écoutais le panel de ce matin,
15:52mais les Italiens,
15:53ils ne produisent pas chez eux
15:54la matière première agroalimentaire,
15:57les productions céréaliens, etc.
15:59Pourtant, ils les transforment.
16:01Le Made in Italy,
16:01vous en avez partout dans le monde.
16:03C'est assez extraordinaire.
16:05Donc, pourquoi est-ce que nous,
16:06qui sommes producteurs en fait
16:08de matières premières,
16:09on produit du blé,
16:09on en exporte plein, etc.
16:11Mais pourquoi est-ce que nous,
16:12en fait, nous n'arrivons pas
16:13à mettre en place
16:14une industrie de l'agroalimentaire
16:16capable d'exporter
16:18et d'exporter sur la bannière France,
16:20par exemple,
16:20plutôt que d'exporter
16:21sous plein de bannières différentes,
16:22des régions, etc.
16:23Ça, c'est des vraies questions
16:24que je me pose.
16:25Et donc, je vais aller plus loin.
16:26C'est arrêtons en France
16:28de parler de barrières douanières,
16:30non pas des autres,
16:31mais des nôtres
16:32que nous voudrions mettre en place.
16:34Alors, les clauses miroirs,
16:35après, c'est des barrières douanières
16:36pour le carbone, etc.
16:38On ne sait même pas
16:39comment le faire.
16:40Mais pendant ce temps-là,
16:40pendant qu'on dit
16:41on va tout résoudre
16:42par des barrières douanières
16:43que l'on va protéger la France,
16:45mais d'ailleurs,
16:46d'abord,
16:46ce n'est pas la France
16:47qu'il faut protéger,
16:47c'est l'Europe
16:48puisque on est dans les marchés communs.
16:50Et l'Europe n'accepte pas
16:51ces barrières douanières.
16:52Donc, en fait,
16:53pendant le moment,
16:54tous ces instants,
16:55dans toute cette période
16:56où on raconte ça,
16:57eh bien,
16:57on oublie de faire
16:58notre propre travail à la maison,
17:00on oublie de parler
17:01de notre compétitivité.
17:02Et je voudrais quand même
17:03dire deux choses encore
17:04sur cette compétitivité.
17:05Groupe VVCIA,
17:06production en France,
17:07production en Europe,
17:08donc France,
17:09juste la partie agricole
17:10plus la partie transformation,
17:11et également production en Europe
17:13et production dans le monde,
17:14transformation.
17:16Si vous regardez
17:17les rentabilités
17:18en Europe et dans le monde,
17:21elles sont du double
17:21de celle de la France.
17:23Ça, c'est de la compétitivité.
17:24Donc, on a un problème interne
17:25qu'il faut qu'on résolve
17:26avec nos politiques.
17:28Je ne sais pas
17:28si c'est des normes,
17:29les charges, etc.
17:29Mais peu importe,
17:30il y a un moment,
17:30il faut faire des benchmarks.
17:32Prenons la filière farine,
17:34tiens,
17:34filière sympathique.
17:36On peut en parler.
17:374 millions de tonnes
17:38de production en France.
17:39On a du blé,
17:41on en a largement assez
17:42puisqu'on en exporte beaucoup.
17:44Donc, je pense qu'on a vraiment
17:45les bons blés
17:45pour mettre dans nos moulins.
17:47On a plein de moulins en France,
17:48ils sont sous-utilisés
17:49puisqu'ils sont utilisés
17:50à 60, 65 %, je crois.
17:53Et pourtant,
17:54sur ces 4 millions de tonnes
17:55produites en France,
17:56malgré ces 4 millions de tonnes,
17:57on en importe 400 000.
17:59Et cette augmentation
18:00d'importation
18:01de pays européens,
18:02pas du pays,
18:03je ne sais où,
18:04avec les mêmes règles européennes,
18:06elles augmentent dans le temps.
18:07Qu'est-ce qu'on fait ?
18:08Qu'est-ce qu'on fait,
18:09mesdames et messieurs ?
18:09Qu'est-ce qu'on fait
18:10pour rendre la filière
18:11farine,
18:13pardon,
18:13ça, c'est une déformation ?
18:14C'était le petit placement produit
18:16de Jean-François,
18:17de Christian Buren.
18:18Finalement,
18:18j'ai réussi à le placer discrètement,
18:20mais j'espère que vous avez
18:22tous de la Francine
18:22dans vos placards.
18:25Ça, c'est fait, merci.
18:26J'aurai un point
18:27parce que j'ai ma responsable,
18:28évidemment,
18:28les affaires publiques
18:29qui sont dans la salle.
18:31Mais qu'est-ce qu'on fait
18:32par rapport à tout ça ?
18:32Je pense que la France,
18:34il faut que,
18:35et je rebondis
18:36sur les propos de Sébastien,
18:37il faut qu'on ait une vision.
18:39Quelle est notre vision ?
18:40Évidemment qu'il faut
18:41une agriculture respectueuse
18:42de l'environnement
18:43par rapport au phyto,
18:44on en a parlé tout à l'heure,
18:45par rapport à l'engrais,
18:46par rapport au carbone.
18:47Évidemment qu'il faut qu'on ait ça.
18:48C'est indispensable.
18:49On est dans un monde moderne
18:51et on ne peut pas produire
18:52n'importe comment.
18:53Après, il y a toujours
18:53les nuances, etc.
18:55Mais qu'est-ce que l'on veut ?
18:56Est-ce qu'on veut
18:56juste être producteur ?
18:58De combien ?
18:59Et est-ce qu'on veut
18:59également être transformateur ?
19:01Est-ce qu'on veut
19:01réindustrialiser le pays,
19:03y compris dans l'agroalimentaire ?
19:05Et ça, ce n'est pas un truc
19:05qu'on va faire en un an,
19:06c'est un truc qu'on va faire
19:07en 5, 10, 15 ans.
19:09Donc ce sont des vraies questions
19:10qu'on doit se poser ensemble
19:11et avoir une stratégie
19:13pour aller vers cette vision
19:14et mettre des actions en place
19:16pour aller,
19:16parce que la vision,
19:17si on ne met pas d'actions en place,
19:19ça ne sert à rien.
19:20Donc moi, je pense
19:21qu'on a des vrais sujets,
19:22mais les sujets sont avant tout
19:24chez nous.
19:25Ils ne sont pas chez les autres.
19:27Pas tant que ça.
19:28Il y a toujours un peu,
19:29Jean-François,
19:30je ne vais pas dire
19:30qu'il n'y a pas
19:30de temps en temps
19:31des problèmes géopolitiques.
19:32D'ailleurs, c'est plus
19:32des problèmes géopolitiques
19:33qu'autre chose.
19:34Mais voilà,
19:35faisons le ménage chez nous,
19:37organisons-nous
19:38pour être plus compétitifs
19:39et osons utiliser
19:40ce terme de compétition
19:41parce que nous sommes
19:42dans un monde de compétition
19:43et la France,
19:44vraiment,
19:45c'est la France
19:45dans un monde
19:46qui ne l'attend pas.
19:47C'est comme si on avait un peu,
19:48Sébastien disait tout à l'heure
19:49qu'on avait comme une sorte
19:50de honte productive.
19:51Est-ce qu'il y a un moment,
19:52il ne faut pas qu'on change
19:52notre logiciel ?
19:53On a une puissance agricole
19:54et c'est comme si on ne supportait
19:56pas de l'être ?
19:58Je ne suis pas le meilleur
20:00positionné pour analyser
20:01cette honte de la production,
20:03mais finalement,
20:03il y a cette,
20:04pour moi,
20:05il y a une méconnaissance
20:07de la culture économique
20:08en France
20:09où on pense que tout,
20:10finalement,
20:11peut venir de l'État.
20:12Si je peux me permettre
20:13de rebondir là-dessus,
20:15ce problème de la filière
20:16Farine,
20:18je ne me trompe pas
20:18cette fois-ci,
20:19mais également d'autres filières,
20:21moi,
20:21il me semble que c'est avant tout
20:22aux entreprises
20:23de s'organiser
20:24pour la régler.
20:26Après,
20:26on peut aller voir l'État
20:27en disant,
20:27écoutez,
20:28voilà notre différentiel,
20:29voilà ce qu'il faudrait faire
20:30pour nous aider.
20:30Mais arrêtons de demander de l'argent,
20:32de toute façon,
20:32l'État n'en a plus.
20:34Trouvons,
20:34en fait,
20:34les différences de compétitivité
20:36et montrons à l'État,
20:37ben voilà,
20:37Mesdames et Messieurs les ministres,
20:38M. le Président de la République,
20:40voilà notre problématique.
20:42Donnez-nous les moyens
20:43de nous organiser,
20:45donnez-nous les moyens
20:46de nous organiser,
20:46mais on ne demande pas d'argent
20:47parce que de toute façon,
20:48ce n'est pas avec ça
20:49qu'on résout les problèmes.
20:49Donner de l'argent,
20:50en fait,
20:50c'est juste mettre un emplâtre
20:51sur une jambe de bois.
20:53Donc,
20:53ce n'est pas ça qu'il faut faire.
20:54Mais oui,
20:55il faut oser,
20:57en fait,
20:58remettre,
20:58en fait,
20:59la production,
21:00le travail,
21:01tu le disais,
21:02Sébastien,
21:03en avant,
21:04et derrière ça,
21:05être en capacité
21:05de mettre des coalitions en place.
21:08Je vais donner un exemple
21:09sur un sujet
21:10comme le carbone.
21:12Nous avons réussi
21:13avec le groupe UVCIA,
21:14mais avec toute une coalition,
21:16en fait,
21:16de clients,
21:17donc de clients,
21:18je ne parle pas de,
21:19je ne sais qui,
21:19de l'État,
21:20etc.,
21:20de clients,
21:21à mettre en place
21:23un programme
21:23sur le carbone,
21:24la biodiversité,
21:25la vie et les sols,
21:26où nous rémunérons
21:27les agriculteurs
21:28pour ce qu'ils font,
21:29mais avant tout
21:30pour les résultats
21:30qu'ils obtiennent,
21:31pas pour les moyens.
21:32Et ça,
21:33c'est parce que,
21:33quelque part,
21:35cette coalition de clients
21:36qui sont très nombreux
21:37et qui augmente
21:38d'ailleurs au fil du temps,
21:39ont accepté
21:40de travailler ensemble,
21:42donc des industriels
21:43qui travaillent ensemble,
21:44pas d'État,
21:45et de payer un peu plus.
21:47Et on y arrive.
21:48Donc,
21:48ça montre bien
21:49que si on veut,
21:51si on se met entre nous
21:52et si on se met autour
21:53d'une table
21:54et qu'on commence à travailler,
21:55on peut arriver
21:55et finalement,
21:57revenir dans un monde classique
21:58de compétition
21:59et de production.
22:00On a les atouts pour,
22:02Sébastien,
22:03pour relever la tête
22:04dans ce grand
22:06melstrom mondial
22:06où il n'y a plus d'alliances
22:07et plus de règles ?
22:08Oui,
22:09parce que,
22:09évidemment,
22:10moi,
22:11je fais un métier
22:11si je regarde uniquement
22:12la géopolitique,
22:13évidemment,
22:14je suis préoccupé.
22:15Par contre,
22:15biologiquement,
22:16je suis fait comme tout le monde
22:17sur cette planète
22:18et comme il faut aller de l'avant,
22:19la vie est courte
22:22et le monde est vaste.
22:23Donc,
22:23il faut quand même
22:24regarder ce qu'il faut faire.
22:26Moi,
22:26je voudrais dire un mot
22:27des Etats-Unis
22:28encore un peu
22:28parce qu'en fait,
22:30je pense que ce qui se passe
22:31aux Etats-Unis
22:32depuis 20 ans,
22:33qui est évidemment amplifié
22:34par la trumpisation
22:37du narratif étatsunien,
22:41mais ça nous pousse
22:42en fait
22:43à retrouver
22:43la nécessité
22:46d'une vision.
22:46Pourquoi je dis ça ?
22:48Parce qu'il y a trois choses
22:49qui me frappent
22:50actuellement.
22:51Un,
22:53l'Europe
22:54s'est beaucoup plus
22:56réindustrialisée
22:57sur le sol
22:57des Etats-Unis
22:58depuis 5 ans
22:58qu'en Europe.
22:59Donc,
22:59il y a un sujet
23:00de cohérence
23:00dans notre dynamique
23:02de réindustrialisation.
23:03Et quand Biden
23:04a instauré l'IRA,
23:06l'Inflation Reduction Act,
23:08c'était avant tout
23:09un outil
23:09de compétitivité industrielle
23:11assumé,
23:12revendiqué,
23:12cohérent,
23:14parce que,
23:14comme vous disent
23:14beaucoup de diplomates américains,
23:16je sais que Xavier
23:18est dans la salle,
23:18je le salue,
23:19mais Européens,
23:21Etats-Unisens,
23:23nous avons
23:23des valeurs en commun,
23:26sachant que
23:26la première valeur
23:28des Américains,
23:28c'est de défendre
23:29leurs intérêts.
23:31Il ne faut pas l'oublier.
23:32Donc,
23:32la question,
23:33c'est est-ce que nous,
23:34Européens,
23:34nous défendons des intérêts,
23:35sachant qu'évidemment,
23:36il y a aussi la question
23:37est-ce que nous avons
23:38tous
23:39chevillé au corps
23:41le fait qu'il faut
23:41défendre l'Europe ?
23:42Ce qui est un autre sujet,
23:43puisque je rappelle
23:44que la préoccupation
23:45de la Chine depuis 10 ans,
23:46ce n'est pas l'Europe
23:47qui est passée
23:48de 28 à 27,
23:49mais l'Europe
23:49qui se transforme
23:49en Europe des 250 régions,
23:51comme au Moyen-Âge,
23:53puisqu'évidemment,
23:54l'État national
23:54ne veut plus rien dire
23:56en Europe,
23:56vous connaissez la musique,
23:58atomisation européenne
24:00versus
24:00vision stratégique
24:03de certains pays.
24:05Les États-Unis,
24:06deuxième chose,
24:08nous avons
24:09un vrai sujet
24:11avec les États-Unis
24:13et le marché
24:14étatsunien
24:14parce que c'est
24:15un super marché
24:16et c'est un super pays
24:18avec de super pouvoirs
24:19d'achat.
24:20On oublie une chose
24:21basique,
24:22c'est la troisième
24:23population mondiale.
24:25Donc, évidemment,
24:25pour une entreprise,
24:27qu'elle soit
24:27sur la farine,
24:28qu'elle soit
24:29sur les boissons,
24:30qu'elle soit
24:30sur des produits
24:31agroalimentaires
24:32ou n'importe quel secteur
24:33où il y a une capacité
24:34vis-à-vis de ce marché
24:35d'exister,
24:37évidemment,
24:37quand vous êtes
24:38la troisième population mondiale
24:40mais que vous êtes
24:41les États-Unis,
24:42c'est-à-dire que vous n'êtes
24:42ni la Chine
24:43ni l'Inde,
24:44évidemment,
24:44pour beaucoup d'entreprises,
24:45c'est quand même
24:45beaucoup plus simple
24:46le marché étatsunien
24:47que le marché indien
24:47et chinois.
24:49Et ça le restera
24:50longtemps encore
24:51parce que c'est
24:53un grand pays,
24:54c'est un pays
24:54où il y a
24:55évidemment
24:56une démocratie vivante
24:57qui vit pleinement
24:58depuis six mois,
25:00qui vit pleinement
25:01depuis six mois.
25:01On ne parle pas assez
25:02de l'effervescence
25:04des débats
25:05actuellement aux États-Unis
25:06avec tout ce qui se passe.
25:07on regarde beaucoup
25:08ce que les États-Unis
25:09font dans le reste du monde
25:10mais il y a aussi
25:11une démocratie vivante,
25:12des institutions solides
25:13et puis un pays
25:14qui a une vision
25:15qui va de l'avant,
25:16qui a toujours ce goût
25:16du futur,
25:18qui a le goût
25:18de l'immigration,
25:20quoi qu'on en dise,
25:21ce qui pose un vrai sujet
25:21sur l'Europe.
25:22Les États-Unis,
25:23c'est un des pays
25:24les plus attractifs
25:24pour beaucoup de populations
25:26dans le monde
25:26et ça,
25:28ça doit poser des questions
25:29à l'heure où on a
25:29un vieillissement démographique
25:31considérable en Europe.
25:32S'il va falloir se remettre
25:33à bosser,
25:33il va juste falloir
25:34être un peu cohérent
25:35en la matière.
25:36Et puis je vais prendre
25:37juste de l'actualité
25:37très chaude.
25:40Trump était hier
25:42en Europe à nouveau.
25:43Vous savez que l'un
25:44de ses objectifs,
25:45c'est d'avoir le prix Nobel.
25:47Alors, il a déjà eu
25:48le prix Nobel
25:48de la guerre économique,
25:50mais il veut
25:50le prix Nobel de la paix,
25:51ce qui est quand même
25:52une invention
25:52sur le sol européen,
25:53je le rappelle.
25:54Deuxième chose
25:55qui m'amuse beaucoup
25:57ces jours-ci,
25:58deux grandes stars américaines
26:00sont en Europe
26:01pour des raisons
26:02diverses et variées.
26:04Mais je voudrais juste
26:04m'interroger
26:05sur cette attractivité
26:06de l'Europe
26:07aux yeux de certains
26:08leaders d'opinion
26:09aux Etats-Unis.
26:10Jeff Bezos se marie
26:11à Venise.
26:13Visiblement,
26:14le Made in Italy
26:14va être plutôt rutilant
26:16dans les assiettes.
26:18Ils n'ont pas fait venir
26:19de nourriture étatsunienne.
26:21Et Eva Langoria
26:23a fait une grande tournée
26:24dans le sud-ouest
26:25de la France
26:25parce qu'elle prépare
26:26de grandes émissions
26:27culinaires
26:28sur les productions
26:30de qualité,
26:32le travail agricole,
26:33l'alimentation,
26:35l'importance
26:35de la nutrition santé,
26:37etc.
26:38Moi, je veux bien
26:38qu'on m'explique
26:39qu'aujourd'hui,
26:39il y a un divorce
26:40transatlantique.
26:42Mais il faut
26:42qu'on soit vigilant
26:44dans le monde
26:44dans lequel on va.
26:45Il y a évidemment
26:46besoin d'un lien
26:47transatlantique.
26:48Et évidemment,
26:48quand on est en Europe,
26:49Jean-François évoquait
26:52ces erreurs d'analyse.
26:54Je veux dire,
26:55la fin de l'histoire
26:56dans les années 90,
26:57l'inutilité
26:58de la géographie,
27:00le monde est plat.
27:01Non, le monde,
27:01il est plein de reliefs,
27:02il est plein d'opportunités.
27:05La relation,
27:06évidemment,
27:07intime
27:08à construire,
27:09à cultiver,
27:10à renforcer
27:11entre les Afriques
27:12et les Europes
27:13avec la Méditerranée
27:14au milieu.
27:15on peut faire
27:17tout ce qu'on veut.
27:17Mais si on continue
27:18à vouloir survoler
27:19la Méditerranée
27:19en faisant coucou
27:20juste par avion,
27:21en espérant que dans
27:22cette région,
27:23même si c'est très chaotique,
27:24ça ne va pas avoir
27:25d'impact sur les uns
27:26et les autres.
27:26Donc, il y a un vrai sujet
27:27sur l'interface méditerranéenne,
27:30enjeu clé pour l'Europe
27:31et pour la France.
27:32Et puis, évidemment,
27:32il y a le sujet de l'Europe
27:34avec ses voisinages
27:35du nord,
27:36parce qu'il y a
27:37quelques pays
27:38dans le nord de l'Europe
27:39qui ne sont pas membres
27:39de l'Union européenne,
27:40à l'est,
27:41parce qu'il y a
27:41évidemment le dossier
27:42ukrainien.
27:43Et puis,
27:44on a une Europe
27:45qui doit redevenir
27:46cohérente en interne.
27:47C'est-à-dire que,
27:48et je partage
27:49ce qu'a dit Christophe Buren,
27:50c'est-à-dire qu'on parle
27:51beaucoup de difficultés
27:54européennes
27:54par rapport à la marche mondiale.
27:55La marche mondiale,
27:56ce n'est pas la nôtre,
27:57ce n'est pas nous
27:57qui dictons les règles,
27:58ce n'est pas nous
27:58qui l'impulsons,
27:59etc.
28:00OK.
28:01Par contre,
28:02regardons ce que nous
28:03devons faire
28:04pour nous adapter
28:04ou réagir
28:05et retrouver
28:07de la cohérence
28:07parce qu'évidemment,
28:08si on est les premiers
28:09à être incohérents
28:11à domicile,
28:12évidemment,
28:12vous n'avez aucune crédibilité
28:13sur la scène internationale.
28:15Et quand vous allez faire
28:15une Coupe du Monde
28:16après,
28:17non seulement les règles
28:18ne sont pas les mêmes,
28:19il n'y a pas d'arbitre.
28:20Et en plus,
28:21vous y allez
28:22non pas en équipe,
28:23en ordre dispersé,
28:24sachant qu'il y a
28:25la moitié de l'équipe
28:25qui ne veut pas jouer
28:26sur le terrain,
28:27qui s'installe en tribune
28:28pour regarder Netflix.
28:31En gros,
28:31il y a un souci
28:32par rapport à ce que
28:33l'Europe peut
28:34encore rester demain.
28:36Et je rappelle,
28:37je le dis parce que
28:38je sais qu'à l'opinion,
28:39vous êtes très convaincus
28:41de l'Europe,
28:42mais que vous avez
28:43le sens critique.
28:44Et quand on aime
28:45quelque chose,
28:45il faut pouvoir le critiquer.
28:46L'Europe,
28:47aujourd'hui,
28:47il faut critiquer
28:49ce qu'elle ne fait pas bien.
28:51Par contre,
28:52je rappelle
28:52qu'on n'a rien inventé
28:54de meilleur
28:55dans l'histoire
28:56en termes d'intégration
28:57culturelle,
28:58sociale,
28:59démographique,
29:00politique,
29:00normative.
29:01C'est la meilleure
29:02intégration des impossibles.
29:04Si nous ne sommes pas
29:06conscients
29:07de nos atouts
29:08et de nos forces,
29:09évidemment,
29:10le toboggan,
29:11on est pleinement
29:12lancé dedans.
29:13Jean-François Lépi,
29:14est-ce que l'Europe,
29:15que Sébastien
29:17défend avec un amour critique,
29:19si j'ai bien compris,
29:21est-ce que l'Europe
29:22reste l'échelle
29:23pertinente
29:24pour promouvoir,
29:26défendre
29:26la puissance agricole ?
29:29Elle l'est,
29:30de facto.
29:30Moi,
29:31je reviens
29:32sur ce qu'ont dit
29:32Christophe
29:33et Sébastien,
29:35ce manque de vision.
29:37Parce que
29:37si on a la vision
29:38de dire
29:39qu'on veut une agriculture
29:41qui doit être compétitive,
29:42donc on trouve
29:43tous les leviers
29:43pour qu'elle le soit
29:44dans le jeu
29:44dans lequel elle est,
29:46on a des agriculteurs
29:47qui vivent
29:47de leur travail
29:49et de leur production,
29:51qui sont compétitifs
29:51dans un marché
29:52qui est mondial.
29:54De ce fait,
29:55on va pouvoir
29:56continuer
29:57à faire ce qu'on fait,
29:58à être membre
29:59de ce collectif planétaire,
30:02de ces besoins
30:02qui sont croissants.
30:04Je rappelle,
30:04on est sur des marchés
30:05en croissance,
30:05la consommation
30:06continue de progresser,
30:07les productions également.
30:09Donc on a notre place.
30:10Si on décide
30:11de se recroqueviller
30:12sur nous-mêmes
30:12et d'arrêter
30:13de ne plus être compétitifs,
30:15on va déjà contribuer
30:17à un déséquilibre
30:18alimentaire mondial
30:18et de deux,
30:20je suis désolé,
30:20mais notre baguette
30:21de tradition française,
30:22elle sera faite
30:22avec du blé russe.
30:24Donc il faut qu'on reste
30:24compétitifs.
30:26Ça, c'est fondamental
30:27et cette compétitivité,
30:28elle ne pourra venir
30:29que parce qu'on a
30:30une vision
30:31de ce qu'on veut devenir.
30:33Et j'abonde
30:34à 300%
30:35ce qu'ont dit
30:35Sébastien et Christophe.
30:37Cette vision,
30:38elle est fondamentale.
30:39Aujourd'hui,
30:39l'Europe,
30:39ça a été construit
30:40comme un marché
30:41à la base.
30:43C'était un marché.
30:43C'était un marché
30:44de consommateurs,
30:45c'était un marché
30:45d'échange,
30:46c'était un marché.
30:47Donc il faut qu'on aille
30:47au-delà de ça
30:48et je pense qu'on doit,
30:51sur les productions
30:52serralières,
30:52parce que c'est les seules
30:53que je connais un petit peu,
30:54les restes,
30:54je ne suis même pas assez
30:55compétent pour en discuter,
30:57mais c'est vrai qu'aujourd'hui,
30:58on a quand même un territoire,
31:00toute une histoire,
31:03un climat à seule plante,
31:04exactement,
31:05autour du blé
31:06et de l'orge
31:07qui fait qu'on est
31:08ces producteurs naturels
31:10et qu'effectivement,
31:11aujourd'hui,
31:12on contribue
31:12par les exportations
31:13de nos blés
31:14et de nos orges
31:15à un équilibre alimentaire mondial.
31:16C'est vrai qu'on ne produit
31:17pas tout ce qu'on consomme,
31:18il y a des choses
31:19qu'on importe,
31:19notamment des produits
31:20pour alimenter nos animaux,
31:22que ce soit des protéines végétales
31:24ou un petit peu
31:25de céréales fourragères.
31:27Mais là aussi,
31:28je pense que c'est
31:29cette vision
31:30pour une agriculture compétitive,
31:33elle est fondamentale
31:35pour qu'on puisse vaincre
31:37ou en tout cas exister
31:38dans le monde
31:39dans lequel on est.
31:39Christophe Buren,
31:40parce que vous aviez envie
31:41de réagir
31:41et ce sera le mot de la fin.
31:43Comme j'ai le droit
31:44au mot de la fin,
31:45merci.
31:45un peu de provocation.
31:47Est-ce que finalement,
31:48quand on écoute
31:49les trois intervenants
31:50qui vont plutôt
31:51dans le même sens
31:52et qui parlent également
31:52de vision,
31:53ce n'est pas à nous
31:54de la finaliser
31:55et de la fixer aujourd'hui,
31:56mais est-ce qu'on ne devrait pas
31:58arrêter de parler
31:59d'un mot,
32:00et donc c'est génial
32:01que vous l'avez mis en tête
32:02de cette conférence aujourd'hui,
32:03est-ce qu'on ne devrait pas
32:04arrêter de parler
32:05du mot
32:06ou d'utiliser le terme
32:07souveraineté alimentaire ?
32:10Ça veut dire quoi ?
32:10Parce qu'en fait,
32:11vous l'avez entendu ce matin,
32:13et si on fait un sondage
32:13dans la salle,
32:14personne n'est d'accord
32:15pour dire ce qu'est
32:16la souveraineté alimentaire.
32:17Certains vont dire
32:17que c'est se recroqueviller
32:18sur soi-même,
32:20d'autres vont dire
32:21j'entendais ce matin
32:21dire mais non,
32:22il y a aussi l'export.
32:23Donc est-ce que,
32:24mesdames,
32:25je vous tourne la perche,
32:26je renvoie la balle,
32:27est-ce que vous,
32:28qui êtes les champions
32:28des mots,
32:29des bonnes phrases,
32:30etc.,
32:30mesdames et messieurs
32:31les journalistes,
32:32vous ne devriez pas
32:33nous aider en fait
32:34à changer ce terme ?
32:35Peut-être.
32:36Alors pour moi,
32:37la souveraineté alimentaire,
32:38c'est choisir ses dépendances
32:40sur quoi on choisit
32:41de faire confiance à autrui.
32:42Donc est-ce que c'est ça
32:43la souveraineté ?
32:43Sauf que Emmanuel,
32:44si je peux me permettre,
32:45c'est votre définition.
32:46Tout à fait.
32:47Et vous avez commencé par là.
32:48J'ai totalement conscience
32:49que c'est très personnel.
32:51Je vous remercie
32:52et on va prolonger ce débat
32:53avec une table ronde
32:54sur l'export
32:55qui est vraiment
32:56le droit fil
32:57de ce qu'on vient
32:57de se dire ici.
32:59Merci à tous les trois.
33:01Merci à tous les deux.
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À suivre