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La rédaction de l’Opinion organise sa conférence annuelle sur le secteur agricole. Parmi les grands sujets qui seront abordés cette année, l’enjeu majeur de la souveraineté alimentaire de l’Europe et celui des nouvelles barrières douanières imposées par l’administration Trump. Nous parlerons aussi de la « bataille de l’eau » qui se joue actuellement, dans un nombre croissant de territoires, entre agriculteurs et industriels. Enfin, nous nous pencherons sur les sujets qui feront l’agriculture de demain, comme la régénération des sols ou les NGT.

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Transcription
00:00On va commencer tout de suite, sans perdre de temps, par notre première table ronde.
00:09On va justement s'intéresser à cette notion de souveraineté qui a été bien débattue,
00:14ou en tout cas bien posée ce matin.
00:16Et on va voir comment ne pas perdre la main sur notre alimentation.
00:20On a encore un peu les commandes, autant préserver notre acquis.
00:25Alors je vais recevoir pour en parler Thierry Blandinière.
00:28Je vous en prie Thierry, venez vous installer.
00:30Vous êtes à la tête d'Invivo, qui est un multinational, mais aussi un groupement de coopératives, 167 coopératives.
00:39Et vous êtes un de ces grands groupes de l'agriculture française qui la font briller.
00:43Vous avez totalisé l'année dernière 11,7 milliards de chiffres d'affaires.
00:47A vos côtés, pour en parler, je reçois Christophe Chambon.
00:50Vous êtes le secrétaire général adjoint de la FNSEA.
00:53Vous êtes par ailleurs producteur de lait, d'un de nos plus beaux fromages,
00:57puisque vous produisez du comté, du lait pour le comté, dans le doux.
01:02Je reçois aussi Karine Daniel, qui est sénatrice de Loire-Atlantique,
01:06qui est aussi économiste et qui est directrice de recherche à l'école d'agronomie d'Angers.
01:11Autant de casquettes qui vont nous être très utiles ce matin.
01:14Et puis enfin, Jean-François Loiseau, vous êtes le président de l'Association nationale des industries agroalimentaires,
01:19Lania. Merci d'être là, parce que vous tenez vous-même votre Assemblée générale cet après-midi.
01:24Quelle journée ? Quelle journée ?
01:26Et vous êtes par ailleurs producteur de céréales, entre autres, dans le Vendemois.
01:31Merci à tous. Je vous prie de vous asseoir.
01:33Alors, on va parler de souveraineté alimentaire. Où est-ce qu'on en est ?
01:43Oui, vous êtes tout petit.
01:48Mais comme vous le savez, on a dû reconfigurer un peu les lieux.
01:51Oui, mais Christophe Burel est immense.
01:55Mais moi, je me sens pour une fois assez grande.
01:57Ça me change.
02:01Je vais commencer par un petit tour de table sur la souveraineté alimentaire.
02:05Peut-être, j'aimerais que chacun d'entre vous définisse ce qu'il entend par souveraineté alimentaire
02:09et fasse un petit bilan de ce qu'il sait ou ce qu'il constate de la souveraineté alimentaire française.
02:15Où est-ce qu'on en est ?
02:16On va peut-être commencer par vous, Thierry Blandinière.
02:18Vous êtes...
02:19Ah, vous avez des micros.
02:20OK, c'est bon.
02:22On est parti. Oui, bonjour à tous.
02:24Souveraineté alimentaire, comme l'a dit la ministre, c'est pas se replier sur soi-même, la définition.
02:31C'est de travailler à l'échelle européenne.
02:33Il faut aussi composer avec les filières européennes.
02:36Même si on défend l'agriculture française, il faut composer aussi avec les articulations des autres filières,
02:41notamment l'Espagne, les fruits et légumes, tout ça, c'est compliqué.
02:44Je sais bien, la viticulture.
02:45Mais à un moment, il faut trouver la bonne articulation pour que tout le monde y trouve son compte, à l'échelle, pour être compétitif.
02:51Et donc, ça, c'est le premier point.
02:52Deuxième point, la souveraineté alimentaire, elle s'exporte, en fait.
02:55C'est le savoir-faire français, le rayonnement à la française qu'il faut exporter avec les céréales, notamment.
03:01La ministre l'a dit, les céréales, c'est une arme, aujourd'hui, géopolitique.
03:06Les Russes savent très bien l'utiliser pour rayonner dans le monde.
03:10Donc, on a aussi un devoir d'exporter notre savoir-faire français et de faire rayonner l'agriculture française dans le monde.
03:16Donc, voilà, je dirais deux points, l'échelle européenne et aussi, bien évidemment, le rayonnement international de nos filières.
03:24Pour vous, Christophe Chambon, alors vous, vous êtes le producteur, le producteur de lait.
03:29Bon, le comté, vous jouez sur du velours.
03:31C'est un joyau de l'agroalimentaire, mais enfin, on peut voir au-delà de ça.
03:35Vous êtes parlé au nom des agriculteurs ici.
03:38Où est-ce qu'on en est de votre point de vue de l'évolution de notre souveraineté alimentaire en France ?
03:44Donc, bonjour à tous.
03:45Alors, moi, je commencerai tout simplement par le petit film qui a encore repassé lundi soir, Nous paysans,
03:53qui a recadré, justement, qui a rappelé.
03:55Mais pour moi, c'était vraiment aussi le vœu de la souveraineté alimentaire,
04:00donc qui était l'après-guerre, comment il a fallu que la profession agricole, soutenue par le général de Gaulle,
04:06se remette en marche pour pouvoir nourrir la population française qui était en difficulté.
04:10Si vous me permettez, je vais juste dire de quoi vous parlez, parce que peut-être que tout le monde ne l'a pas vu.
04:13C'est un très bon documentaire de France 2 qui remet la construction de la souveraineté alimentaire
04:18dans le temps long de l'agriculture, qui raconte en fait cette construction.
04:22C'est vraiment un super documentaire.
04:23Merci. Et du coup, je me suis permis de reciter justement ce documentaire,
04:29parce que ça nous rappelle d'où on est parti pour aujourd'hui.
04:32Continuer, nous, le combat qui est porté au niveau des agriculteurs et notamment à la FN.
04:39Voilà, on vous a coupé la parole.
04:41Non, c'est tout bon.
04:43Si, on nous entend quand même ?
04:44Oui.
04:45Très bien.
04:46On nous fait signe comme ça.
04:47Qui est justement ce combat pour continuer de pouvoir nourrir la population,
04:53de continuer de nourrir tous nos concitoyens françaises, français et même au plus large,
04:59comme vous l'avez dit, aussi bien européens que mondiaux.
05:01Donc, pour nous, c'est quand même toujours le départ.
05:04Et bien sûr, en parallèle, en tant qu'agriculteur, c'est de pouvoir vivre dignement de notre métier.
05:09Donc, en faisant, en alliant justement la souveraineté alimentaire, continuer de produire à la française,
05:16donc chez des agriculteurs français et puis dégager justement un revenu.
05:21Et derrière, on en reparlera tout à l'heure aussi sur la vision aussi avec le consommateur,
05:25les échanges qu'on peut avoir ensemble et autres.
05:27Mais je n'irai pas plus loin pour le moment.
05:29Avant de donner la parole à Karine Daniel, je vais d'abord sonder Jean-François Loiseau.
05:33Alors, vous, vous représentez ici l'agroalimentaire.
05:35Donc, la ministre a bien souligné que l'agroalimentaire, c'était l'autre jambe de la production et de la souveraineté alimentaire.
05:41Alors, comment vont nos industries agroalimentaires en France,
05:44qui assurent justement la transformation de notre production agricole ?
05:48Notre production agricole, elle est parfois un peu mal en point dans certains secteurs.
05:50Comment ça va pour l'étape d'après, l'agroalimentaire ?
05:54Les entreprises agroalimentaires que j'ai la chance de représenter,
05:58elles sont dans un environnement économique qui est très instable.
06:01Nous le savons sur le plan international.
06:03D'ailleurs, madame la ministre l'a dit, les guerres commerciales, il y a des sujets géopolitiques,
06:08il y a des sujets climatiques, il y a de la concurrence quelquefois un peu disruptive et disproportionnée.
06:14Donc, la France, que ce soit pour l'industrie en général,
06:19fait une course avec un sac à dos qui est quand même beaucoup trop lourd par rapport à ses concurrents mondiaux,
06:24mais même par rapport à ses concurrents européens.
06:26Parce que ce n'est pas la peine d'aller voir à 3000 km nos compétiteurs,
06:30ne serait-ce qu'en Allemagne, en Espagne ou en Italie, nous avons des compétiteurs industriels
06:36qui n'ont pas les mêmes règles de fonctionnement que ce qu'il y a en France.
06:41Donc, les entreprises, elles s'adaptent, elles font des économies, elles rognent sur les marges,
06:47elles innovent un peu moins et puis elles vont un peu moins à l'international.
06:50Donc, pour en faire une photo, c'est un peu celle-ci.
06:53Donc, dans ce cadre-là, quand vous parlez de souveraineté alimentaire,
06:57je ferai un peu le parallèle avec, par exemple, l'automobile ou la médecine.
07:00C'est quoi la souveraineté d'un pays, d'un territoire ?
07:02Est-ce que c'est la souveraineté en France ou la souveraineté européenne ?
07:05La souveraineté, c'est disposer des moyens nécessaires à assurer un produit final,
07:13indépendamment de son environnement extérieur.
07:15Or, pour l'agri et l'agro, avons-nous en France un cadre politique, je dirais, stable et serein ?
07:23Non.
07:24Avons-nous des entreprises, dans la génétique, qu'elles soient animales ou végétales,
07:31qui sont, je dirais, assez dynamiques ?
07:33Plutôt oui. Pas suffisant, mais plutôt oui.
07:36Avons-nous une agriculture qui dispose de tous les moyens pour être au rendez-vous de la production ?
07:43Nous voyons que depuis quelques années, non, pour des raisons climatiques,
07:46mais aussi pour des raisons réglementaires. Il faut appeler un chat un chat.
07:50Et avons-nous des entreprises qui sont aujourd'hui dans un écosystème favorable ?
07:55Quelquefois, c'est compliqué, et donc ça mérite d'y regarder.
07:58Si on prend le sujet agricole, le matériel agricole, c'est pas trop mon ressort, mais il n'est pas français.
08:05L'innovation technologique, je ne sais pas, data, système d'information, c'est peu français.
08:13Les leaders, nous en avons quelques-uns, nous en connaissons dans certaines productions et certaines transformations,
08:21mais globalement, les gros leaders, ils sont internationaux.
08:24Donc nous n'avons pas toutes ces maîtrises-là.
08:26Donc la souveraineté aujourd'hui, nous ne la maîtrisons pas en France.
08:30Et donc l'idée, à mon avis, c'est qu'elle se développe.
08:33Et d'ailleurs, la ministre l'a très bien dit, en 62, elle n'a pas donné la date, parce qu'il y en a plein dans la salle qui n'étaient pas nés,
08:40mais en 62, il y a eu un cadre de souveraineté agricole.
08:44Le reste était payé par la puissance publique.
08:46Il faut remettre aujourd'hui un cadre de souveraineté agri-agro-alimentaire, si on veut pouvoir en parler.
08:53Parce que moi, je pense qu'on en parle beaucoup trop aujourd'hui, mais on n'y met pas le cadre pour que les entreprises fonctionnent,
08:57fustelles agricoles ou industrielles.
08:59Alors Karine Daniel, c'est fantastique que vous soyez là, parce que vous êtes à la fois l'économiste, la spécialiste d'agronomie,
09:07et puis le législateur, puisque vous êtes sénatrice.
09:10Donc comment est-ce que vous articulez le constat que vous faites en tant que directrice de recherche sur l'économie agricole,
09:16et puis la réponse des pouvoirs publics à ces questions qui sont soulevées par les hommes de l'art ?
09:22Alors d'abord, bonjour à toutes et à tous, et merci de l'invitation.
09:28Alors ça a été dit, d'abord, si on se replace sur un plan économique et géopolitique,
09:34la souveraineté alimentaire, c'est la capacité à ne pas être dépendant de tiers
09:41pour assurer un élément structurant et vital et fondamental de l'économie, qui est l'alimentation.
09:49Alors ça a été le fondement de la politique agricole commune,
09:54la capacité, promouvoir la capacité de l'Europe à se nourrir elle-même.
09:59Et je dis ça parce qu'aujourd'hui, c'est une question qui peut paraître un peu derrière nous,
10:04mais dans le contexte géopolitique mondial que l'on connaît,
10:09ce n'est pas une question qui est anodine pour beaucoup de zones géographiques,
10:12et c'est un sujet qui doit quand même constamment être au-dessus de notre tête.
10:22Alors si on se place, et je dis ça parce qu'on est dans un monde
10:26où il faut parfois enlever notre prisme français et européen,
10:31et c'est une considération mondiale.
10:33Alors soit on a la capacité à produire nous-mêmes,
10:36soit on a la capacité à s'approvisionner sur des marchés mondiaux fluides et sécurisés.
10:42Et aujourd'hui, ce qu'on voit, et on l'a vu par exemple pour l'énergie vis-à-vis de la Russie,
10:48ces enjeux géopolitiques sont énormes,
10:51parce qu'à partir d'un moment, on peut avoir la fermeture d'un flux
10:55qui met un marché en déséquilibre et qui bouscule les marchés internationaux.
10:59C'est aussi le cas, ça peut être aussi le cas en agriculture et en agroalimentaire.
11:04Avec les engrais, par exemple.
11:05Voilà, d'où l'intérêt, les engrais étant un effet transformé du marché de l'énergie.
11:12Donc on a ces enjeux.
11:15Ensuite, moi ce qui m'intéresse en tant qu'économiste,
11:18et on en parlera peut-être plus tard,
11:19c'est à l'échelle de 10-15 ans, 20 ans,
11:22quelles sont les inquiétudes que l'on peut avoir sur la souveraineté alimentaire européenne.
11:33Pour moi, on regarde toujours quels sont les facteurs de production
11:36qui nous permettent d'être à l'aise et d'envisager des perspectives,
11:40et puis quels vont être les facteurs de production qu'on appelle limitants.
11:42Et on sait que les facteurs de production limitants pour l'agriculture européenne,
11:49il y en a deux pour moi qui sont très importants,
11:51c'est la main-d'oeuvre,
11:52avec une démographie que l'on connaît.
11:55Donc ça va être notre capacité à recruter,
11:59à embarquer des travailleurs et des travailleuses,
12:03des agricultrices, des agriculteurs dans les filières,
12:05aussi bien agricoles qu'agroalimentaires,
12:08que dans les industries.
12:09Et puis l'autre facteur limitant, ça a été dit, c'est l'eau.
12:12qui vont bousculer, en tous les cas,
12:18des écosystèmes et des localisations de production
12:24sous la contrainte hydrique.
12:27Donc ça, c'est un élément important.
12:29Alors vous m'avez posé une autre question,
12:31c'est comment le législateur fait avec ça.
12:37Moi, j'ai eu la chance d'être députée,
12:40puis maintenant sénatrice.
12:42La politique agricole,
12:47et je suis heureuse d'avoir entendu la ministre le dire
12:50et le redire, pour moi, l'échelle pertinente,
12:52ça reste quand même l'échelle européenne.
12:55Donc notre action, et il faut vraiment regarder
12:57ce qui se fait au niveau européen,
13:00et pousser la politique publique au niveau européen,
13:04avec une ambition de gestion de la production,
13:08en ayant, je le redis, au-dessus de nos têtes,
13:10cet enjeu de souveraineté alimentaire.
13:13Et puis, parfois, les parlements nationaux
13:17veulent se saisir de ces questions agricoles
13:20parce que ce sont des questions
13:23qui sont politiquement très importantes.
13:25On parle d'enjeux de souveraineté,
13:26d'enjeux qui touchent l'alimentation,
13:28qui touchent tout le monde.
13:29Donc ça, c'est extrêmement important.
13:31Mais parfois, ce n'est pas compatible.
13:34Et parfois, ça peut avoir des effets
13:35un peu contre-productifs
13:37parce qu'on veut mettre en place
13:38des règles nationales
13:41dans un marché qui est européen
13:42et parfois, on peut un peu se prendre les pieds.
13:44Donc, on a deux échelles de temps.
13:47Thierry, Blondinière,
13:47alors vous, Karine Daniel,
13:49a parlé de ces facteurs limitants
13:51qui sont vraiment intéressants,
13:54le renouvellement des générations, l'eau.
13:56Est-ce que, selon vous,
13:57il y a d'autres facteurs limitants
13:58au développement d'une souveraineté alimentaire ?
14:00Alors, j'ai bien compris
14:01qu'on peut l'envisager française,
14:02mais qu'on doit peut-être surtout
14:03l'envisager comme européenne,
14:05surtout si on conçoit la PAC
14:06comme une politique commune.
14:08Alors, selon vous,
14:09quels sont les verrous
14:10qui nous empêchent d'être bien et confortables
14:13dans un monde qui a tellement, tellement changé ?
14:16Vous l'avez dit,
14:17c'est la politique agricole commune, aujourd'hui,
14:19qui doit être retravaillée
14:20pour éviter des écarts de normes
14:22entre pays européens, déjà.
14:25Quand on voit les écarts qu'il y a
14:26sur les normes phytosanitaires, par exemple,
14:29c'est quand même un enjeu.
14:30Et c'est dommage que la France soit pénalisée
14:32parce qu'on est en avance sur notre temps.
14:34Enfin, je ne sais pas si on est en avance sur notre temps,
14:36mais on se retrouve quand même dans une position
14:37où ça nous pénalise beaucoup sur la compétitivité.
14:40Et du coup, les Allemands sont plus compétitifs.
14:42Et du coup, on a un écart qui pose problème.
14:45Donc, le vrai sujet, déjà,
14:46c'est d'avoir un plateau européen cohérent.
14:51Il y a beaucoup de travail,
14:52quand on rentre dans le détail.
14:54Enfin, la sédatrice, il y a beaucoup de travail
14:55parce qu'il y a beaucoup d'écarts, aujourd'hui,
14:58de compétitivité entre l'Europe du Nord
15:00et puis l'Europe du Sud
15:02et la France au milieu.
15:03Donc ça, je ne sais pas,
15:05cette surtransposition des normes
15:07qui a été largement décriée.
15:09On en parle beaucoup,
15:11mais je ne vois pas les choses vraiment encore avancées,
15:13concrètement.
15:15Il y a la loi agricole qui a été votée.
15:18On n'est pas rentré dans le détail de tout ça
15:20par filière, par micro-filière,
15:22pour regarder les écarts de compétitivité.
15:24Et ce travail, ce constat,
15:26aujourd'hui, je trouve qu'il n'est pas,
15:27aujourd'hui, en tout cas connu,
15:28s'il a été fait, il n'est pas communiqué.
15:30Et on ne mesure pas les écarts et les conséquences
15:32de telle ou telle réglementation française
15:34dans le cadre européen.
15:35Donc là, il y a un cadre réglementaire,
15:37à mon avis,
15:38qui demande à être repensé,
15:39surtout si on accueille de plus en plus
15:42des pays de l'Europe de l'Est.
15:44Je ne parle pas de l'Ukraine
15:45parce que ce n'est pas le sujet,
15:46mais quand même la Pologne,
15:47tous ces pays qui sont arrivés
15:48dans certaines conditions,
15:50qui ont bénéficié aussi de conditions
15:52plutôt favorables
15:53pour les inciter à rentrer dans l'Europe,
15:55ça a aussi créé des décalages
15:56de réglementation entre les différents pays.
15:59Donc, premier point,
16:00c'est comment on arrive à régler déjà
16:01le socle européen.
16:02Ça, c'est essentiel pour la compétitivité
16:05déjà entre nous.
16:06Après, c'est l'exportation
16:08et c'est les engagements
16:10sur la transition agricole.
16:11Donc, aujourd'hui,
16:12on est engagé sur la transition.
16:13Donc, ça a un coût.
16:15Quand on dit,
16:15Christiane Lambert disait
16:16qu'en sévère, c'est plus cher,
16:18mais c'est comment on arrive
16:19à articuler la compétitivité
16:21et l'engagement
16:22pour financer les grandes transitions.
16:24Donc, c'est possible
16:25à l'échelle européenne
16:25si tout le monde avance
16:26en même temps
16:27sur l'échelle européenne.
16:28Après, se pose la question
16:30de l'importation
16:31dans certaines filières
16:32et des conditions
16:34d'importation.
16:34On parle du Mercosur,
16:35on parle de barrières,
16:36du pays d'accord, etc.
16:38L'important,
16:39c'est d'essayer de se dire
16:40est-ce qu'il ne faut pas
16:41qu'on commence à réfléchir
16:42puisque la mode est
16:42aux tarifs et aux taxes
16:44à un système de taxes
16:45symbolique au départ
16:47parce qu'il ne s'agit pas
16:47de recréer de l'inflation
16:48en France
16:49parce que si on commence
16:49à augmenter les prix
16:50d'importation,
16:51vous connaissez les conséquences.
16:53Les Américains
16:53sont en train de le vivre.
16:54mais symboliquement
16:55commencer à mettre
16:57des taxes carbone
16:58à l'entrée
16:58pour notamment
16:59les filières
17:00qui ne sont pas
17:01dans la norme européenne.
17:02Il ne s'agit pas
17:03de les sanctionner,
17:03il s'agit d'être incitatif
17:05progressivement,
17:06symbolique,
17:07démarrer avec pas grand chose.
17:08Il ne s'agit pas
17:08de mettre 20%,
17:09100% de taxes.
17:115% de taxes
17:12juste pour dire
17:12voilà, attention,
17:14vous avez 5 ans
17:14pour vous recaler
17:15sinon on va monter.
17:16Vous voyez,
17:16avec un schéma incitatif
17:17sur le long terme.
17:18Et ça, je pense
17:19qu'au niveau des politiques publiques,
17:21c'est essentiel.
17:22Donc je dirais deux choses.
17:22Le socle européen
17:23et comment quelque part
17:25on incite le monde
17:26à s'aligner
17:26sur les normes européennes
17:28par un système de taxes.
17:30Karine Daniel,
17:31cette histoire de taxes,
17:32c'est-à-dire
17:33est-ce que l'Europe
17:33pourrait protéger
17:34à la fois son marché
17:36et aussi ses transitions,
17:37sa manière de faire
17:38de l'agriculture
17:38qui est assez vertueuse,
17:39enfin qui tend à l'être.
17:41Est-ce que,
17:42c'est un peu nouveau
17:43dans l'esprit européen
17:43de mettre des taxes
17:44à l'importation.
17:45Est-ce que, selon vous,
17:46ça semble être une bonne idée ?
17:48Ou est-ce que c'est participer
17:49à la course à l'armement mondial
17:50des limitations du commerce ?
17:52Alors en fait,
17:55il y a deux formes
17:56de barrières
17:57à l'entrée
17:58sur un marché
17:59et qui pourraient être
18:01mises à l'œuvre
18:02sur le marché européen.
18:03Il y a les barrières tarifaires.
18:05Est-ce qu'on met
18:05des droits de douane
18:06sur certains produits
18:06avec les effets inflationnistes
18:09qui ont été décrits ?
18:12Et puis,
18:12il y a ce qu'on appelle
18:14les barrières non tarifaires
18:15et effectivement
18:16le système de normes
18:17que l'on met en place
18:18pour accéder à un marché.
18:20Et moi,
18:23on parle beaucoup
18:24des normes
18:25et elles sont beaucoup
18:27décriées
18:28dans le débat public.
18:30Et moi,
18:32je souhaite clarifier
18:33quelque chose.
18:34D'abord,
18:34je pense que pour le débat public,
18:36il est très important
18:37de ne pas confondre
18:38normes
18:39et suradministrations.
18:42Parce qu'on parle plus
18:43en fait
18:44de suradministrations
18:45et de surcontrôle
18:46que de normes.
18:47Moi, je pense que
18:48le marché européen,
18:49sa force et sa puissance
18:51réside dans un système
18:52de normes robustes
18:54qui soit concertées,
18:56partagées
18:57et construites.
18:59La norme,
18:59c'est une construction sociale.
19:01La norme,
19:01c'est du droit.
19:02Donc,
19:03pour qu'elles soient acceptées,
19:05il faut qu'elles soient
19:05construites
19:07par un système social
19:08et politique robuste
19:10et qu'elles soient partagées.
19:11Et moi,
19:11je pense que
19:12la puissance du marché européen,
19:14c'est sa norme.
19:15Et ce sont ses normes.
19:16Et les normes,
19:17elles doivent protéger
19:18les producteurs
19:19et elles doivent protéger
19:21les consommateurs.
19:23Et tout à l'heure,
19:23on a parlé de questions
19:24fondamentales
19:25pour qu'une économie tourne,
19:27c'est la lisibilité
19:28d'un marché.
19:29Et la stabilité
19:30et la lisibilité
19:32de ces normes
19:33font partie
19:33de la nécessaire
19:35lisibilité
19:36et stabilité
19:37d'un marché.
19:39Et ça,
19:39ça me paraît
19:39extrêmement important.
19:41Ensuite,
19:41évidemment,
19:42il ne faut pas être naïf
19:43dans un monde
19:44où les barrières tarifaires
19:46deviennent une arme.
19:47Et on a vu
19:48que Donald Trump
19:49en a joué,
19:50surjoué,
19:51parfois un peu
19:51à ses dépens.
19:53Je pense qu'il va commencer
19:53à payer l'addition.
19:56Mais je pense
19:57qu'effectivement,
19:58il faut,
19:59dans ce commerce mondial,
20:00être aussi fort,
20:01puissant,
20:02avoir des outils
20:02de négociation.
20:03Et les barrières tarifaires,
20:05ça fait partie
20:05de ces outils
20:07de négociation.
20:08Mais pour les mettre
20:09en œuvre,
20:09il faut que l'Union européenne
20:11parle d'une seule voie,
20:12soit puissante politiquement
20:14parce que ces barrières tarifaires
20:16dans le marché européen,
20:17elles s'appliquent
20:18aux portes
20:18de l'Union européenne
20:20et donc doivent être
20:21aussi portées
20:22politiquement
20:22à ce niveau-là.
20:24Quand on a préparé
20:24cette conférence,
20:26vous avez parlé
20:26de cette distinction
20:27vraiment intéressante
20:28entre la norme
20:29et la suradministration.
20:30Et puis,
20:30vous dites que la norme,
20:31c'est une construction sociale.
20:33Et vous,
20:33Christophe Chambon,
20:33vous représentez
20:34une filière
20:35où la norme,
20:36elle a été auto-administrée.
20:40Les cahiers des charges
20:41des AOP
20:41sont extrêmement rigoureux.
20:43C'est une norme
20:44que vous imposez
20:45à vous-même,
20:45producteur,
20:46sur le fourrage
20:46pour les animaux,
20:47etc.
20:48Est-ce que ça peut...
20:49Alors,
20:49le comté,
20:50c'est une exception.
20:51On parle sur un produit
20:52qui n'est peut-être
20:53pas généralisable
20:54à toute l'agriculture,
20:55mais est-ce que cette façon
20:56de produire de la norme,
20:57c'est-à-dire aussi
20:58par la base
20:58qui produit
20:59et qui se met d'accord,
21:00ça vous semble être
21:01une bonne solution
21:02pour reconquérir
21:03cette souveraineté
21:04et faire parler
21:04les producteurs
21:05d'une seule voie ?
21:07Alors, oui.
21:07Si vous me permettez juste...
21:09Mais je vous permets tout.
21:10Je voulais réagir
21:11par rapport à vos propos
21:13tout à l'heure,
21:13alors qu'ils peuvent être,
21:15je vais le dire,
21:16rassurants,
21:16parce que si vous nous dites
21:17que la problématique,
21:19la souveraineté alimentaire
21:20se règle,
21:21on a deux difficultés,
21:23la main-d'oeuvre
21:23et l'eau,
21:25on peut vous apporter
21:27des propositions
21:27pour arriver
21:28à résoudre tout ça.
21:29Donc ça,
21:29ça va être
21:30le premier point rassurant.
21:31Non,
21:31je charrie dans le sens
21:32que la main-d'oeuvre,
21:34je pense qu'aujourd'hui,
21:35on a évolué dans notre métier,
21:37on a aussi...
21:38Alors,
21:39il y a du travail,
21:40il y a des heures,
21:40mais on a vraiment évolué
21:42techniquement aussi,
21:44je prends le cas
21:44des éleveurs laitiés
21:45avec les robots de traite,
21:46donc moins de contraintes,
21:47plus d'assises familiales aussi,
21:49plus de temps libéré.
21:50Enfin,
21:50c'est des choses aussi
21:51qui,
21:51dans l'attractivité du métier
21:53en 30 ans en arrière
21:54et maintenant,
21:54ont vachement évolué
21:55et je pense que si demain,
21:56on veut continuer
21:57d'installer des jeunes,
21:58c'est notre discours
21:59à tenir pour demain.
22:00C'était le premier point.
22:02Pour revenir sur votre question,
22:03la souveraineté alimentaire,
22:05pour moi,
22:05elle passe par quatre points.
22:07Il y a déjà
22:07la notion de production,
22:09il y a la notion également
22:10d'organisation de filières.
22:12Donc là,
22:13si je peux prendre l'exemple
22:14de la filière comté
22:15où là,
22:16la chance que nous avons
22:17aujourd'hui,
22:18c'est que nos aînés
22:19ont su s'organiser
22:21en construisant justement
22:22une interprofession
22:23avec trois collèges.
22:25Le collège des producteurs,
22:27le collège des transformateurs
22:28et le collège des affineurs,
22:30donc qui mettent également
22:31en marché.
22:32Et derrière,
22:32avec un équilibre
22:33où on parle de prix...
22:35Aujourd'hui,
22:36moi,
22:36je suis producteur de fromage,
22:37je ne suis pas producteur de lait,
22:38je suis producteur de fromage
22:39et donc,
22:40on part sur le prix de vente
22:42du prix du fromage
22:43et après,
22:44on décline
22:44pour qu'il y ait un équilibre
22:46sur les trois maillons.
22:47Ce qui nous a toujours permis
22:48de dégager un prix.
22:50Alors,
22:50quand je dis toujours permis,
22:51on a toujours gardé l'équilibre.
22:52Je rappelle quand même
22:53qu'aujourd'hui,
22:54en 2010,
22:55au moment de 2009,
22:56au moment de la grève du lait
22:57et de la crise laitière,
22:59le comté était à 400 euros de tonnes
23:01comme était d'ailleurs
23:02le prix conventionnel.
23:04Et après,
23:05l'évolution des marchés,
23:06le travail qui a été fait
23:07par l'ensemble de la filière
23:08pour aller développer
23:09les ventes, etc.,
23:10nous permet aujourd'hui,
23:12je vais le dire
23:12en toute sincérité,
23:15d'arriver à des 700 euros de tonnes
23:16du mille litres
23:17qui permet justement
23:18quand même
23:19de dégager un revenu
23:20pour l'ensemble
23:20des agriculteurs.
23:21Et pour l'instant,
23:23c'est ce qui fait la force
23:24de notre secteur
23:25de pouvoir avoir
23:26une installation
23:27pour un départ,
23:28mais derrière,
23:29tout avec un travail
23:30de maîtrise aussi
23:30de coûts de production
23:31qui n'est pas forcément évidente.
23:34Et pour finir
23:34sur les autres deux points,
23:35il y a aussi,
23:36donc j'ai parlé de filière,
23:37il y a aussi,
23:38on a parlé de loi
23:39d'orientation agricole,
23:40enfin,
23:40Madame la ministre l'a cité,
23:42je reviendrai également
23:43sur la loi EGalim
23:44qui revient justement
23:46à maîtriser aussi
23:47notre,
23:48enfin,
23:48prendre en charge
23:48le coût de production,
23:50la rémunération
23:52de l'agriculteur
23:52pour mettre,
23:53pour faire évoluer aussi
23:55après le prix
23:55pour qu'il y ait un retour.
23:56Et je prends un simple exemple,
23:58sur 100 euros aujourd'hui
24:00d'achat alimentaire
24:01dans une grande surface
24:03tournée sur l'alimentation,
24:04simplement 7 euros
24:05reviennent
24:06dans la poche
24:06de l'agriculteur.
24:07Donc on sait
24:08qu'on a un travail
24:08à faire ensemble aussi
24:09pour trouver des solutions,
24:11pour rémunérer mieux
24:12l'agriculteur
24:12dans ce sens-là.
24:14Et le dernier,
24:15le dernier point,
24:16c'est sur ce que j'appellerais
24:17le lien avec le consommateur,
24:20que le citoyen
24:22devienne plus
24:22consommateur.
24:23c'est-à-dire que lui aussi,
24:25c'est lui qui a dans sa main
24:26l'avenir aussi
24:27de l'alimentation,
24:29la souveraineté alimentaire
24:30et notamment
24:30l'alimentation française
24:31ou européenne
24:32comme on a pu l'évoquer.
24:33C'est lui qui va faire le choix.
24:35Alors on sait
24:36qu'il y a le choix aussi
24:36d'un côté financier,
24:38mais le choix aussi
24:39entre guillemets
24:40gastronomique
24:40de dire
24:41je vais privilégier justement
24:42plus les produits français
24:44parce que je suis sûr
24:45de la garantie sanitaire
24:47ou autre.
24:47ça a été évoqué tout à l'heure
24:49sur les problématiques sanitaires.
24:51Je pense qu'aujourd'hui
24:51en France,
24:53on a une gastronomie,
24:54on a des produits
24:55qui sont sûrs
24:56et garantis
24:56au niveau
24:57de la qualité sanitaire.
25:00Vous,
25:00Jean-François Loiseau,
25:01quand vous écoutez ça,
25:02la France a une image
25:03de marque agricole,
25:05agroalimentaire,
25:06etc.
25:06qu'elle se plaît parfois
25:07un peu à dénigrer
25:09de manière un peu
25:10surprenante.
25:12Est-ce qu'on peut bâtir
25:12une souveraineté alimentaire
25:14uniquement sur cette image ?
25:17Alors,
25:18en partie,
25:18oui,
25:19mais pas suffisamment.
25:20Il faut aussi bâtir,
25:21me semble-t-il,
25:22une souveraineté alimentaire
25:23sur une notion
25:25de performance économique.
25:28Qu'on le veuille ou non,
25:30l'Europe ou la France
25:31sont quand même
25:31dans un environnement géographique
25:34qui est très concurrentiel.
25:35Alors,
25:35on peut critiquer
25:37ce qui se fait
25:38en Amérique du Sud,
25:39en Chine ou que sais-je,
25:40mais en tout cas,
25:40ces pays
25:41prennent des décisions.
25:42Je prends l'exemple
25:43de la Chine.
25:44Alors,
25:45ce n'est pas du tout
25:45notre modèle,
25:46mais qui installe
25:47des fermes-usines verticales
25:50de 15 000 à 20 000
25:51ports
25:54des mers.
25:55Vous imaginez
25:56le nombre
25:56de ports
25:58qu'il y a derrière
25:59avec à l'intérieur
25:59de ces bâtiments,
26:00non seulement
26:01la maternité,
26:02l'engraissement,
26:02la découpe
26:03et puis tout part
26:04en caisse
26:05pour aller après
26:05dans la grande distribution.
26:07Compétitivité
26:08face à l'Europe
26:10ou la France,
26:10il n'y a pas photo,
26:11ce n'est même pas la peine
26:12de faire des calculs.
26:13Donc,
26:13ça veut dire
26:13qu'il faut que nous
26:14ayons quand même
26:15en Europe
26:16et en France,
26:17je vais me répéter,
26:18un cadre qui permette
26:19aux entreprises
26:20d'être vraiment
26:21compétitives.
26:23Je vais prendre
26:23l'exemple,
26:25vous avez parlé
26:25des taxes Trump,
26:27c'est rigolo
26:27parce qu'on parle
26:28des pays
26:29et les Etats-Unis
26:29ont dit Trump.
26:30C'est cette focalisation
26:31sur une personne,
26:33il y a le pape
26:33et il y a Trump.
26:34quand il dit
26:3920% de taxes,
26:41je vais prendre
26:41l'exemple
26:42des vins
26:44et spiritueux.
26:46C'est à peu près
26:47deux tiers
26:47de ce que représente
26:49l'export
26:49des produits
26:50agroalimentaires
26:51aux Etats-Unis.
26:52Il y a un coût total
26:53d'un milliard d'euros.
26:55Ces 20% de taxes,
26:56quand on gratte bien
26:57et c'est un travail
26:58qui a été fait
26:58par le MEDEF,
27:00l'ANIA,
27:01sur tous les sujets
27:01de compétitivité,
27:03il y a quasiment
27:0310 points
27:04qu'on peut aller chercher
27:05en interne,
27:07qu'on peut retrouver
27:08en interne
27:09parce qu'il y a
27:11de la réglementation
27:12inutile
27:12et vous avez raison
27:14d'ailleurs,
27:15soit dit en passant,
27:16la norme,
27:17c'est quelque chose
27:18sur lequel il faut
27:18vraiment asseoir
27:20une très belle promotion
27:22parce que c'est
27:22ce qui fait
27:23l'excellence qualitative
27:24de nos produits
27:25mais pas la taxe.
27:27Donc nous avons
27:28quand même 10 points
27:29à aller chercher.
27:29La moitié
27:30de ces taxes,
27:33finalement,
27:33il nous rend service
27:34ce monsieur
27:35indirectement.
27:36Il nous oblige
27:37à travailler,
27:40à gratter en interne
27:41sur des sujets
27:42d'économie
27:43que l'on peut faire.
27:44Elles sont administratives
27:45mais elles concernent
27:45aussi les entreprises
27:47elles-mêmes.
27:47Donc ces sujets-là,
27:48nous devons les travailler.
27:50S'il n'y a pas
27:50de compétitivité,
27:51s'il n'y a pas
27:52de performance économique,
27:53nous ne pourrons pas
27:54lutter contre
27:55les grands ensembles
27:56parce que je pense
27:56que nous sommes tous
27:57d'accord pour dire
27:58que Dieu sait
28:00si le comté
28:01c'est une filière
28:02remarquable,
28:03ça me fait passer
28:03au champagne
28:04un peu de temps en temps,
28:05c'est fermé,
28:06c'était super bien construit
28:07mais nous devons
28:08quand même avoir
28:09une agriculture
28:10et une agroalimentaire
28:11qui ait une vocation
28:13de conquête
28:15à l'international
28:15pour la promotion
28:16de nos produits.
28:18Regardez la filière 20,
28:19il y en a
28:20qui la connaissent bien,
28:20n'est-ce pas ?
28:21La filière 20,
28:23moi je me souviens
28:23très bien
28:24des états généraux
28:24de l'agriculture
28:25en 2017,
28:27il a fallu expliquer
28:28à beaucoup de personnes
28:29qui venaient
28:30dans les réunions,
28:31beaucoup d'ONG
28:31que s'il n'y avait pas
28:32d'export à l'international,
28:35il y aurait quasiment
28:36les 90%
28:38du territoire viticole
28:39qui pourrait être arraché.
28:41Donc les uns
28:42et les autres l'ont compris
28:43mais cette filière viticole,
28:46comme elle n'est pas organisée,
28:47elle n'est pas structurée,
28:48il y a 3% des vins
28:50et champagnes
28:50qui sont vendus
28:51parce que ce sont
28:51des grandes marques mondiales,
28:52nous les connaissons,
28:53le reste c'est une catastrophe,
28:55c'est une véritable catastrophe.
28:57Donc il faut se mettre
28:57en mode combat
28:58d'organisation,
29:00de création de leaders
29:01et puis de compétitivité.
29:03Et la souveraineté alimentaire,
29:04elle est assise
29:05pour terminer,
29:05excusez-moi,
29:06sur des grandes entreprises,
29:07sur des leaders.
29:09Il faut que nous ayons
29:10des grands leaders
29:11dans les grands domaines
29:13de la première
29:14ou de la deuxième transformation.
29:16Et comment est-ce qu'on lutte
29:17contre la tentation
29:18du repli ?
29:19C'est-à-dire,
29:19on pourrait dire
29:19la souveraineté,
29:20on va produire
29:21pour nous,
29:21le reste du monde
29:22se débrouillera,
29:23on n'a pas besoin
29:23d'exporter autant.
29:25Est-ce qu'on peut bâtir
29:26une souveraineté alimentaire
29:27avec cette optique
29:28de juste faire pour nous ?
29:29Mais pourquoi est-ce
29:30qu'il n'y aurait
29:30que l'agriculture
29:31et l'agroalimentaire
29:32qui devraient être
29:33en situation de repli ?
29:35Je pense que nous sommes fiers
29:36d'exporter du parfum,
29:38des voitures
29:39quand nous pouvons,
29:41des matériels divers,
29:43de la connaissance.
29:45Il y a plein de filières
29:46d'exportation remarquables.
29:48Prenez par exemple
29:49les semences,
29:49ça a été évoqué
29:50tout à l'heure
29:50par la ministre.
29:52Nous sommes le premier
29:52pays exportateur
29:53de semences.
29:54C'est extraordinaire.
29:55Les entreprises,
29:56elles produisent,
29:57elles fabriquent,
29:58elles innovent,
29:59elles se développent
30:00un peu à l'international,
30:01elles créent de la valeur
30:02et cette valeur,
30:02elle revient sur le territoire français.
30:04Nous, ce qui nous intéresse,
30:05c'est pas tellement
30:06d'aller à l'international
30:07pour exporter
30:09sans création de valeur,
30:10c'est aussi
30:11de créer la valeur
30:11sur notre territoire
30:12et donc de la transformer
30:15dans des entreprises
30:15et de promouvoir
30:17ces produits
30:18à l'international.
30:19Le repli sur soi,
30:21je veux dire,
30:22c'est la Corée du Nord.
30:24Non, la France
30:24doit retrouver,
30:25la France est à la septième place
30:27des pays exportateurs
30:28de produits agroalimentaires.
30:29Donc la France doit retrouver
30:31sa place sur le podium.
30:32Et si la France retrouve sa place,
30:34ce sera d'autant plus,
30:36je dirais,
30:36d'arguments
30:37pour promouvoir
30:38une agriculture qualitative
30:41et très productive.
30:42agriculture productive,
30:44industrie qualitative
30:46et productive,
30:46tout est lié.
30:47Et reprenons cette ambition.
30:49Et donc là,
30:49le sujet,
30:50il est très politique
30:51parce que nos politiques
30:52doivent dire aussi
30:53en France
30:54et surtout en Europe,
30:55vous l'avez très bien dit,
30:56que nous devons réinstaller
30:58un peu un schéma directeur
31:00global en Europe
31:01d'une agriculture puissante,
31:04décarbonée,
31:06innovante
31:06et d'un secteur agroalimentaire
31:09puissant et conquérant.
31:11Est-ce qu'on peut promouvoir
31:12à l'international,
31:12Thierry Blandinère,
31:13une agriculture aussi décarbonée,
31:15une agriculture
31:15qui a fait sa transition
31:17et en tout cas
31:17qui respecte plus
31:18les milieux,
31:19la biodiversité,
31:20les usages de l'eau
31:21et qui soit pour autant
31:22compétitive ?
31:23C'est possible ?
31:26Pas facile comme question.
31:28Si c'était facile,
31:29ça serait.
31:30Oui,
31:30ça serait déjà fait.
31:31Mais bon,
31:32en fait,
31:33il faut d'abord revenir
31:33sur les AOP,
31:35ça c'est essentiel,
31:36les IGP.
31:37Les faire reconnaître mondialement,
31:39c'est un combat
31:39que doit mener
31:40politiquement l'Europe.
31:41Donc dans le marqueur sourd,
31:42parce qu'il y a plein de défauts,
31:43mais au moins cet avantage
31:44de reconnaissance
31:45des AOP et des IGP.
31:47Ça n'a pas été dit
31:48et je pense que c'est important
31:49et du coup,
31:49ça veut dire
31:49pour le comté,
31:51on ne fera pas
31:51un comté brésilien.
31:53On respectera
31:54la marque comté.
31:55Donc ça,
31:56c'est essentiel.
31:57Les États-Unis
31:57ne reconnaissent pas
31:58les IGP et les AOP
31:59aujourd'hui.
32:00Le champagne,
32:01il peut être copié
32:02en Californie.
32:03Alors,
32:03il y a un accord
32:04qui a été passé,
32:04mais d'un point de vue juridique,
32:06on peut faire du champagne
32:07qui n'est pas du champagne
32:08en Californie
32:09parce que l'AOP
32:10n'est pas protégée.
32:11Vous le saviez ça.
32:12Peut-être pas.
32:13Donc là,
32:14il y a un enjeu
32:14très important
32:15et du coup,
32:16pour la valorisation
32:16des filles
32:16à ce faire français,
32:17c'est essentiel.
32:19Donc ça,
32:20c'est le premier point.
32:21Déjà,
32:22se battre là-dessus.
32:23Ensuite,
32:23sur l'idée de dire
32:24est-ce que demain,
32:26on crée un label
32:28Planet Score,
32:29par exemple,
32:30en disant
32:30nous,
32:30on est meilleur
32:31que tout le monde
32:31parce qu'on a travaillé
32:32sur les grandes transitions
32:33et on le porte
32:34au travers d'un logo,
32:35Planet Score,
32:37Planet Score,
32:37etc.
32:38Il va falloir parler
32:39au consommateur
32:39donc il va bien falloir
32:40qu'il y ait quelque chose
32:41qui identifie
32:42ce que ça veut dire
32:42une filière décarbonée.
32:45Parce que franchement,
32:45c'est quoi une filière décarbonée
32:46aujourd'hui ?
32:47Quels sont les critères ?
32:48À part les grands discours,
32:49je ne vois pas très bien.
32:50On voit très bien
32:51effectivement techniquement
32:52ce qu'il faut faire
32:52mais comment on fait passer
32:54le message au consommateur
32:55et comment il fait le choix
32:56quand il achète un produit
32:57de se dire
32:58ce produit-là,
32:59si je l'achète,
33:00je suis bien pour la planète.
33:01Comment on le certifie ça
33:02aujourd'hui ?
33:03Ça,
33:03on ne sait pas faire.
33:03Donc Nutri Score
33:05a été une avancée
33:05sur le côté santé.
33:08Toujours critiquable
33:08parce que tout ça
33:09c'est partiel.
33:10Ça va dans la bonne direction.
33:12C'est critiquable.
33:12Mais peut-être qu'il faut aller
33:13vers un schéma
33:14Planet Score
33:15en disant
33:16nous on est capable
33:16de produire
33:17telle ou telle filière
33:18qui s'engage
33:19dans une décarbonation,
33:20d'être neutre en carbone
33:21dans 2035,
33:22d'accompagner
33:23la grande transition.
33:25Du coup,
33:25quand on fait le bilan
33:26en carbone,
33:26vous le connaissez,
33:27tout ça,
33:27ça remonte quand même
33:28sur une pression supplémentaire
33:29de l'agriculteur
33:30parce que l'agroalimentaire,
33:32je pense,
33:33décarboner assez rapidement
33:35avec l'énergie électrique
33:36même s'il y a aussi
33:37des investissements,
33:38attention.
33:39Mais du coup,
33:40quand on remonte
33:4050% du bilan carbone
33:42d'une baguette de bain
33:43par exemple,
33:43c'est le champ.
33:44Donc comment on traite
33:46effectivement
33:47l'exploitation agricole
33:50à l'échelle
33:51pour justement dire
33:53mais moi dans mon exploitation
33:54j'ai des engrais verts,
33:55je gère mes externalités
33:56négatives, etc.
33:58et je fais des compensations carbone
33:59pour certifier une exploitation.
34:01Et ça, c'est un coût
34:02et comment les politiques publiques
34:03peuvent nous aider
34:04à financer ces transitions.
34:06Moi, je prends un exemple,
34:07la conversion bio.
34:08Il y avait des aides
34:09de 300 euros,
34:10c'est ça,
34:11300 euros l'hectare.
34:12Pourquoi on n'a pas
34:13une logique aussi
34:14d'incitative
34:15sur les exploitations
34:17qui s'engagent
34:18dans les transitions
34:18en disant
34:19qu'il y a une compensation
34:20de, je ne sais pas,
34:20de 100,
34:21150 euros l'hectare
34:22parce que si on rentre
34:23dans un schéma
34:24de rotation de culture,
34:25vous connaissez ça parfaitement,
34:26il y a une baisse
34:26de potence de rendement,
34:27quel filet de sécurité
34:28on fait sur 5 ans
34:29pour quelque part
34:30sécuriser le système.
34:32Donc ça,
34:32c'est aussi un enjeu
34:33d'entreprise,
34:34de filière,
34:35mais aussi de politique publique
34:36européenne.
34:38Donc c'est un chemin
34:39qui est long,
34:40mais aujourd'hui,
34:40on a les outils.
34:41On peut le faire.
34:42Beaucoup,
34:43beaucoup d'entreprises
34:44coopératives
34:45se sont engagées
34:45dans ce schéma-là.
34:46Les agriculteurs aussi.
34:48Comment on arrive
34:49à changer d'échelle,
34:50en fait ?
34:50Parce que là,
34:51on a des micro-filières
34:51qui travaillent bien,
34:53qui sont engagées
34:53dans ce type
34:54de démarche environnementale.
34:56Mais changer à l'échelle,
34:57c'est quand même
34:58un enjeu important
34:59et ça nécessite
34:59des politiques publiques
35:00européennes incitatives.
35:03Karine Daniel,
35:04je pense que c'est à vous
35:05de rebondir sur cette question.
35:07On ne vous met pas en cause,
35:08vous n'êtes pas
35:09les politiques publiques
35:10à vous toutes seules.
35:11Et on a bien compris
35:12que la réponse,
35:12elle n'était pas seulement française,
35:14mais vraiment européenne.
35:15Est-ce qu'il faut que,
35:16effectivement,
35:17les décideurs français,
35:18les élus français,
35:19comprennent qu'à un moment,
35:20il faut qu'ils lâchent
35:20un peu la main
35:22et qu'ils laissent
35:23l'Europe décider ?
35:24Alors on a vu,
35:25la PAC,
35:26on ne sait pas trop
35:26où elle va,
35:27est-ce qu'elle sera encore commune ?
35:28On a une prise de conscience
35:29à faire
35:30ou est-ce qu'on l'a fait
35:31avec retard ?
35:33Alors d'abord,
35:34sur la question
35:35des politiques publiques,
35:36c'est très intéressant
35:37ce que vous avez dit
35:38tout à l'heure
35:38sur les enjeux
35:39qui sont devant nous
35:40sur la transition.
35:42Je pense qu'aujourd'hui,
35:43il faut focaliser
35:44nos politiques publiques
35:45sur les enjeux
35:46de transition
35:46en faisant bien comprendre
35:49à tous les acteurs
35:51de la filière,
35:52dont les agriculteurs,
35:53le sens de l'histoire
35:55et vers quoi
35:56on les emmène.
35:57Je pense qu'il y a
35:57vraiment une question
35:58de récit
35:59et d'objectif
36:00de politique publique
36:01à partager
36:02parce que je pense
36:03qu'on n'est pas très bon
36:04sur cette lisibilité
36:05et sur ce chemin
36:07à suivre.
36:08Et puis,
36:09je pense que
36:10quand on met en place
36:11des politiques publiques,
36:12il faut toujours penser
36:12aux effets induits
36:13de ces politiques publiques.
36:15Je pense par exemple
36:16à la politique,
36:18on a eu une politique
36:19de prix garantie,
36:20ensuite on a eu
36:21une politique
36:21de découplage
36:22des aides
36:22qui sont maintenant
36:23basées sur les facteurs
36:24de production,
36:25grosso modo.
36:27Au moment où on fait
36:28cette réforme,
36:29on a un principe
36:30de compensation
36:30qui fonctionne,
36:32qui permet d'avoir
36:33l'acceptabilité
36:34de la politique publique
36:35en question.
36:36Aujourd'hui,
36:37le principe du découplage
36:38plombe la compétitivité européenne.
36:42Pourquoi ?
36:42Parce que
36:43quand on donne une aide
36:44sur un facteur de production
36:46à moyen-long terme,
36:48on donne de la valeur
36:49à ce facteur de production.
36:51Donc quand on est
36:51l'agriculteur qui a reçu
36:53l'aide en compensation,
36:55ça fonctionne,
36:56mais quand on transmet
36:57l'outil de production,
36:59cette aide,
37:00elle est capitalisée
37:01dans l'outil de production
37:02et elle va pénaliser
37:03le jeune agriculteur
37:05qui va entrer
37:05dans la filière.
37:07Donc finalement,
37:09ces aides,
37:10elles entrent
37:11dans le capital
37:12et finalement,
37:13elles font augmenter
37:15le coût de production.
37:16Et ça,
37:17ça me paraît
37:17extrêmement important
37:18de l'avoir en tête
37:19quand on met en place
37:20une politique publique,
37:21il faut vraiment
37:22avoir son effet
37:23de moyen terme
37:24et long terme
37:25en tête.
37:27Donc,
37:28par rapport à ce que vous disiez
37:29tout à l'heure,
37:30effectivement,
37:31il faut des politiques
37:31de transition,
37:33mais qui soient données
37:34sur un temps donné
37:35et qui permettent
37:36de rendre acceptable
37:38le coût de la transition.
37:39ça a été fait dans le bio.
37:43Malheureusement,
37:44ça ne se pérennise pas
37:45et ça devrait être mieux accompagné.
37:51Mais je pense que c'est extrêmement important
37:52d'avoir ça en tête
37:53parce qu'aujourd'hui,
37:54ce qu'on constate
37:55sur l'effet
37:56et sur les défauts
37:57de l'agriculture européenne,
38:01c'est qu'on rémunère trop
38:02le capital
38:03par rapport à la rémunération
38:05du travail
38:06globalement
38:07dans le secteur.
38:09Et ça,
38:09on doit l'avoir en tête
38:10quand on met en place
38:10des politiques publiques.
38:12Tout à l'heure,
38:12vous m'interrogiez
38:13sur la politique publique française
38:15par rapport
38:16à l'Union européenne
38:18et par rapport
38:19à la politique européenne.
38:20Par exemple,
38:21quand on met en place
38:21EGALIM.
38:23Très bien,
38:23mais EGALIM,
38:25sur le volet
38:25soutien par les prix,
38:27ça ne marche pas
38:28dans un marché
38:29qui est européen.
38:30Mais ça,
38:31on le savait
38:31avant même
38:32de le mettre en place.
38:33Si on avait interrogé
38:34trois économistes
38:35avant de mettre en place
38:36cet EGALIM,
38:37et on peut faire EGALIM
38:384, 5, 6,
38:39dans un marché
38:41où n'importe quel industriel
38:43ou distributeur
38:45peut s'approvisionner
38:45sur un marché européen,
38:47si on augmente
38:47les prix
38:48de la production française,
38:50évidemment qu'on réoriente
38:51l'approvisionnement
38:53au détriment
38:54des agriculteurs
38:55et des producteurs français.
38:57Donc EGALIM,
38:58ça marcherait
38:59si on avait
39:00un EGALIM européen.
39:02Donc si on avait
39:02des prix garantis
39:03et des systèmes
39:04de partage
39:05de la valeur
39:06au niveau européen,
39:07aujourd'hui,
39:08EGALIM ne marche pas
39:09sur ce volet.
39:10Je ne dis pas
39:10qu'il y a d'autres volets
39:11qui ne marchent pas bien,
39:12mais en tous les cas,
39:13sur ce volet,
39:14ça ne peut pas marcher.
39:15Donc quand on pense
39:15les politiques publiques,
39:16il faut les penser
39:17à la bonne échelle
39:18et il faut penser
39:20ces effets induits
39:22de moyen terme
39:23et de long terme.
39:24C'est une...
39:26Ça pourrait être
39:26une très bonne conclusion,
39:27mais ça ne va pas l'être
39:28parce que je vais vous demander
39:29chacun un rapide tour de table.
39:31En quoi les consommateurs français
39:34et européens,
39:35incluons-les dans le même panel,
39:38ont-ils la main encore
39:40sur leur alimentation,
39:42sur la souveraineté alimentaire
39:43et ce dont ils doivent
39:44se féliciter et demander
39:45qu'on le pérennise ?
39:49Je ne sais pas si certains
39:50d'entre nous se souviennent
39:51d'un brillant homme politique
39:54qui disait
39:55« Nos emplettes sont nos emplois ».
39:57Bon, c'était un monsieur
39:59qui s'appelait Georges Marché.
40:02Je n'aurais pas cru
40:03vous l'entendre citer,
40:04vraiment.
40:05Vous me surcronez,
40:06Jean-François.
40:07Mais en disant cela,
40:09le consommateur européen,
40:12il a un vrai bulletin de vote.
40:14Je veux dire,
40:15s'il veut
40:17et il souhaite être protégé
40:19quant à la qualité
40:20de son alimentation
40:22à juste titre,
40:23il doit voter
40:24avec son acte de consommation.
40:26Et moi,
40:27ça me permet de revenir
40:28sur un point sur lequel
40:29je ne suis pas trop d'accord.
40:30Il ne faut pas,
40:31en tout cas,
40:32c'est un avis,
40:33mais je ne pense pas
40:33être le seul à l'énoncer.
40:35Il ne faut pas que ce soit
40:36la politique publique
40:38qui finance la transition,
40:41pas que.
40:42Je veux dire,
40:42le consommateur doit être
40:44partenaire de cette transition.
40:46Il doit payer.
40:47Quand il y a une innovation
40:48dans l'automobile,
40:49sur nos téléphones
40:51ou que sais-je,
40:51le consommateur,
40:52il paye l'innovation.
40:53Quand c'est une innovation
40:55de sécurité,
40:55le consommateur,
40:57il paye l'innovation.
40:58Je ne vois pas pourquoi
40:58dans le domaine
40:59de l'agri et de l'agro,
41:01quand il y a une vraie innovation
41:03sur, par exemple,
41:03la décarbonation,
41:05le consommateur,
41:06et ça,
41:07c'est une question
41:07d'éducation,
41:08vous avez raison,
41:09vous l'avez évoqué,
41:10il ne serait pas,
41:12je veux dire,
41:13concerné.
41:14Si on dit
41:14c'est la politique publique
41:16qui va payer la transition,
41:17il n'est pas concerné,
41:18le consommateur.
41:19Il va se dire
41:19moi j'achète toujours
41:20moins cher
41:20parce que Leclerc
41:21ou que sais-je,
41:22me dit c'est moins cher.
41:23Non,
41:23il doit être concerné,
41:25impliqué dans son acte d'achat.
41:27Donc je pense que pour moi
41:28c'est un enjeu essentiel
41:30de compréhension
41:32de la mécanique
41:33un peu économique.
41:34On a trop laissé dire
41:37et entendre
41:38que l'alimentation
41:38ne coûtait rien,
41:39particulièrement depuis 2008-2009,
41:42la fameuse loi de modernisation
41:44de l'économie.
41:45Donc l'alimentation
41:46c'est la variable d'ajustement.
41:48Ça ne coûte rien
41:49et on a fait tout ça
41:51pour protéger
41:52le pouvoir d'achat
41:52des Français.
41:53Et aujourd'hui
41:54nous le payons
41:54parce que nous ne sommes
41:55même pas capables
41:56d'expliquer
41:58je dirais
41:59aux parties prenantes
42:01que ces politiques,
42:03enfin en tout cas
42:03ces transitions
42:04doivent être supportées
42:06à un prix juste
42:07par l'ensemble
42:09de la chaîne.
42:11Karine Daniel,
42:12où est-ce qu'on a encore
42:13les leviers ?
42:14Et lesquelles ?
42:17Alors d'abord
42:17je rebondis là-dessus
42:18effectivement
42:19à la différence près
42:20et la difficulté près
42:21que sur les marchés
42:23que vous citez
42:23la téléphonie
42:24ou l'automobile
42:25on a des marchés
42:25qui sont très concentrés
42:27avec très peu d'opérateurs
42:28et la difficulté
42:29du secteur agricole
42:30c'est que la structure
42:31du marché
42:31elle est très dispersée
42:33ce qui rend
42:33l'effet plus difficile
42:37à gérer en termes de
42:38mais effectivement
42:39ça doit être partagé
42:40mais pour que ce soit partagé
42:42il faut que ce soit conscientisé
42:43pour les consommateurs
42:44c'est le récit
42:45c'est l'histoire du récit
42:47dont je parlais tout à l'heure
42:49et du coup
42:49je ne me rappelle plus
42:49du tout de votre question
42:50En quoi est-ce que
42:51les consommateurs européens
42:53ont la main
42:53sur leur alimentation encore
42:55et qu'est-ce qu'ils doivent préserver
42:56demander qu'on préserve ?
42:57Je rebondis aussi
42:58sur ce qui est dit tout à l'heure
42:59moi je pense qu'on a intérêt
43:01à valoriser la norme
43:03pour ce qu'elle est
43:03la norme
43:04c'est
43:05la lisibilité d'un marché
43:08et les règles
43:09qu'on se fixe ensemble
43:10Un marché sans normes
43:12c'est comme
43:13la conduite automobile
43:14sans code de la route
43:15je veux dire
43:16ça ne va pas loin
43:17très vite
43:17on sait très bien
43:19qu'il nous faut
43:20ces régulations de marché
43:22et si c'est mon dernier mot
43:23sur la souveraineté
43:25hélas
43:25je tiens
43:26on a parlé beaucoup
43:27d'alimentation
43:28mais actuellement
43:29j'encadre des thèses
43:30sur ce sujet
43:31et un sujet de souveraineté
43:33qui est devant nous
43:34et qu'on doit vraiment
43:35considérer
43:36c'est la question
43:37de la souveraineté
43:39sur les systèmes d'information
43:40et sur les données
43:41parce que
43:43la lisibilité
43:44des marchés
43:45la gouvernance
43:45des marchés
43:46elle se fera
43:46de plus en plus
43:47par le pilotage
43:49et par la lisibilité
43:50de l'information
43:51et il y a un vrai pouvoir
43:53il y a un vrai enjeu
43:53de souveraineté
43:54sur la question
43:55des données
43:56sur la question
43:56des datas
43:57et ça c'est aussi
43:58un enjeu
43:59qui doit être pris en compte
44:00par les filières
44:02et par les acteurs
44:04vous venez de nous fournir
44:05un sujet fantastique
44:06pour l'année prochaine
44:07voilà on note
44:08Christophe Chambon
44:10vous les leviers
44:11ils sont dans les mains
44:12moi je pense
44:14que je l'ai évoqué
44:15tout à l'heure
44:15par rapport
44:16où j'ai traduit
44:17aujourd'hui
44:17que le consommateur
44:18c'est lui
44:19qui avait aussi
44:20ce pouvoir de décision
44:21par rapport à l'alimentation
44:22qu'il le souhaite
44:23et que je l'ai traduit
44:24comme consomme-acteur
44:25donc il me semble
44:27que j'ai répondu
44:28dans ce sens là
44:28là maintenant
44:30par contre
44:31si je peux me permettre
44:32en guise de conclusion
44:33c'est aussi
44:33d'appuyer les propos
44:34par rapport
44:35on a entendu
44:36pas mal de normes
44:37je ne suis pas rentré
44:38tout à l'heure
44:38dans le détail
44:39au niveau du comté
44:40je n'y rentrerai pas
44:41rassurez-vous
44:41mais c'est vrai
44:42que quand on peut
44:43dégager un prix
44:45c'est plus facile
44:46aussi aux agriculteurs
44:47d'avoir un cahier des charges
44:48qui permettent aussi
44:49de le respecter
44:50ce que je veux dire
44:51par là
44:51c'est qu'il y a eu
44:52un choix politique
44:53et politique de la profession
44:55de construire
44:56un cahier des charges
44:56qui nous permet
44:57aujourd'hui
44:58d'avoir un volume
44:59un volume
45:00donc à produire
45:02et derrière
45:02il y a un équilibre
45:04de marché aussi
45:04qui est déguisé
45:06dessiné
45:06comme on peut
45:07on y arrive à le faire
45:08qui permet de dégager
45:09un prix de vente
45:10et de le maintenir
45:12surtout
45:12avec des choix
45:13pas toujours évidents
45:14parce que je vous donne
45:15juste un dernier exemple
45:17c'est que depuis deux ans
45:18on nous a demandé
45:19de diminuer
45:20de 8%
45:20la production
45:21pour arriver aussi
45:23à maintenir un équilibre
45:23de vente
45:24par rapport au marché
45:25qui n'est pas non plus
45:27je le dis
45:27parce que c'est pas
45:28non plus toujours
45:29parce qu'on essaye
45:30de gérer
45:30les quantités
45:31par rapport
45:32à la vente
45:32donc c'est aussi
45:34de le rappeler
45:34et je terminerai
45:35justement
45:36par rapport
45:36au côté normatif
45:37où on a parlé
45:39depuis ce matin
45:39politique française
45:42mais il faut mieux
45:43se tourner
45:43sur les politiques
45:44européennes
45:45où je partage
45:46également
45:47mais en se disant
45:48que si on part
45:48sur ce volet là
45:49on parle d'un marché
45:50unique
45:51c'est à dire
45:52qu'il faut aussi
45:53des règles uniques
45:56des règles uniques
45:57aujourd'hui
45:58on ne peut pas
45:59demander des contraintes
46:00supplémentaires
46:00qu'on impose
46:01à nos paysans français
46:02que nous n'avons pas
46:03au niveau européen
46:04et je terminerai
46:05sur ces propos là
46:06on a parlé
46:07de la LOA
46:07pour moi
46:09c'est une boîte à outils
46:09aujourd'hui
46:11quel outil
46:11on y met dedans
46:12on a la PPL contrainte
46:13qui est en ce moment
46:15en train
46:15d'être renégociée
46:17et je pense
46:18que à l'intérieur
46:19de cette PPL
46:19on peut trouver
46:20quelques outils
46:21qui nous permettent
46:22d'avancer aussi
46:22merci
46:23Thierry Blandiniard
46:24il va falloir
46:24que vous fassiez
46:25une phrase
46:25parce que je crois
46:26que Cécile Desjardins
46:27sinon
46:27ça va être très vite
46:28je risque ma vie là
46:30non mais du coup
46:30c'est bon
46:30en 5 minutes
46:31non 2 minutes
46:3230 secondes
46:3315 secondes
46:3415 secondes
46:34la norme européenne
46:36elle est essentielle
46:37et donc il ne faut pas
46:38aussi qu'elle soit
46:38trop contraignante
46:39il faut qu'elle soit
46:39incitative
46:40et qu'il faut
46:41qu'on rentre
46:42dans une logique
46:42je parlais de
46:43bien pour la planète
46:44donc il faut qu'il y ait
46:45un discours
46:45en récit là-dessus
46:46au niveau européen
46:47pour que toutes les agricultures
46:48s'engagent dans cette direction là
46:49l'Europe du Nord
46:50etc.
46:51avec les mêmes critères
46:52quand on parle
46:52l'agriculture régénérative
46:53aujourd'hui
46:53de quoi on parle
46:54quelque part
46:55au niveau européen
46:55en termes de normes
46:56comment on labellise
46:56l'agriculture régénérative
46:57les rotations de culture
46:58etc.
46:59ça c'est comment
47:00l'Europe travaille là-dessus
47:01comme ça a été fait
47:03sur le bio
47:03sauf qu'agriculture régénérative
47:04c'est 80% de l'agriculture
47:06le bio c'est 10%
47:07et donc là
47:07il faut être incitatif
47:08voilà
47:08et donc pour terminer
47:09juste sur la partie internationale
47:11je peux vous dire
47:12que l'image de la France
47:13est très forte
47:14internationale
47:15qu'il faut être fier
47:16d'être français
47:16et que quand on vend
47:17des produits français
47:18à l'international
47:18on est reconnu
47:19et il faut se le rappeler
47:21c'est quand on voyage
47:22qu'on voit la force de la France
47:23Merci à tous
47:24on serait bien restés
47:25parce que vraiment
47:25c'était passionnant
47:26je vais maintenant
47:27passer la parole
47:28à Stéphanie Roy
47:28et on va parler
47:29de ce facteur limitant
47:30que vous avez évoqué
47:32l'autre
47:32Merci à tous
47:33Merci Jean-François Lazeau
47:36Merci Karine Daniel
47:36Merci Christophe Chambon
47:37et merci à vous
47:38Thierry Blandinière

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