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Jeudi 26 juin 2025, retrouvez Alexis Peschard (président et addictologue, G.A.E Conseil), Camy Puech (Président, Qualisocial), Emmanuelle Duez (Fondatrice, The Boson Project) et Boris Papin (DRH, Fondation Action Enfance) dans SMART JOB, une émission présentée par Arnaud Ardoin.

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Transcription
00:00Bonjour à tous, vous regardez Smart Job, votre rendez-vous, emploi, RH et management sur Bsmart.
00:13Aujourd'hui dans Bien dans son job, on s'intéresse à la fondation Action Enfance qui recrute 300 éducateurs familiaux.
00:19Boris Papin, son DRH, va tout nous expliquer en début d'émission.
00:23Dans le cercle RH, on s'intéresse aux addictions au travail, consommation de drogue, comportement,
00:27plein d'addictions qui sont dans notre vie privée, nous suivent dans le monde du travail
00:32parce qu'elles ne s'arrêtent pas à la porte de l'entreprise.
00:33On va faire le point avec Camille Puech, c'est le président de CaliSocial,
00:37et Alexis Péchard qui est administrateur à la Firps.
00:40C'est la fédération des intervenants en risques psychosociaux.
00:44Enfin, dans le livre de Smart Job, en fin d'émission, on invite Emmanuel Duez qui a écrit le livre
00:49« Où sont passés nos rêves d'émancipation par le travail ? » aux éditions de l'OB.
00:53Elle viendra nous expliquer ses convictions et aussi son constat.
00:56Je la reçois donc en toute fin de programme.
00:59Tout de suite, on se met bien dans son job.
01:13Action Enfance recrute 300 éducateurs familiaux.
01:16Une campagne de recrutement qui va s'articuler sur deux périodes.
01:19Une qui s'ouvre actuellement, une autre qui sera prévue pour l'automne.
01:22On va faire le point sur ce métier, cette vocation et ce plan ambitieux avec le DRH de la Fondation.
01:29Boris Papin, bonjour.
01:30Bonjour.
01:31Alors, c'est un très gros projet de recruter 300 éducateurs familiaux.
01:36Quand là, dans vos effectifs, si j'ai bien noté, la Fondation, c'est un peu moins de 900 salariés.
01:42Et dans ces 900 salariés, des éducateurs familiaux, c'est déjà à peu près 600 personnes.
01:47Ça veut dire que là, vous augmentez de 50% les effectifs sur ce métier-là.
01:53Pourquoi ?
01:54Oui, absolument.
01:54Les éducateurs familiaux, c'est 60% de notre effectif.
01:57Et la Fondation se développe.
01:58Se développe énormément, puisque nous ouvrons trois nouveaux villages d'enfants et d'adolescents en 2025.
02:04Et huit nouveaux villages d'enfants et d'adolescents entre 2026 et 2028.
02:07Donc, on a besoin de recruter ce qui forme la majorité de nos équipes.
02:10Donc, des éducateurs familiaux.
02:11Associe au fait qu'on est dans une période de recrutement permanent avec le renouvellement des équipes.
02:17Et puis, la création aussi de nouveaux dispositifs dans les villages déjà existants.
02:22Dans les métiers couverts, il y a une grande variété de métiers dans vos équipes.
02:27Je vois que, par exemple, vous avez 31 personnes dans les métiers du paramédical pour accompagner ces équipes-là.
02:32Mais ces salariés, ces 300 éducateurs familiaux, finalement, ce sont des gens déjà à plein temps, j'imagine.
02:40Et en général, il ne reste combien de temps ?
02:42Ces gens font carrière comme éducateurs familiaux, combien d'années consécutives ?
02:47Alors, chez Action Enfance, il reste en moyenne trois ans.
02:50Et on est attentif à ce qu'il reste, j'ai envie de dire, aussi longtemps que les enfants que nous accompagnons.
02:56Les éducateurs familiaux, ce sont les personnes qui sont chargées au quotidien d'accompagner ces enfants dans les villages, frères et sœurs, ensemble, puisque c'est la spécificité d'Action Enfance.
03:06Et là, justement, je vais vous poser cette question-là, parce que quand on regarde la fiche de poste, d'une certaine manière, il y a des termes très forts.
03:12Par exemple, l'accompagnement affectif.
03:15Et donner de l'affection à un enfant, que ce soit son travail, ce n'est pas rien, ça nécessite un engagement très fort.
03:21Mais on imagine que ça peut aussi épuiser les personnes et qu'on ne va pas faire forcément ce métier-là à 20 années d'affilée.
03:29Et là, je comprenais dans votre début de réponse, c'est que ces gens-là s'attachent aussi aux enfants, ils sont obligés.
03:35Donc, ça fait qu'il y a une rotation à cause de ça ?
03:37Alors, la rotation, elle est finalement assez normale.
03:42Mais c'est vrai, vous avez raison de le souligner sur un métier extrêmement exigeant.
03:45Parce que nous pensons, chez Action Enfance, que l'attachement aux enfants est fondamental pour ces enfants, pour grandir et pour bien grandir.
03:53Parce qu'on ne peut pas grandir, en fait, sans être attaché à des figures, sans amour, sans affection.
03:58Et donc, ces éducateurs familiaux, dans des situations parfois dramatiques, accueillent des enfants.
04:02On encourage cet attachement.
04:03Alors, un attachement qui est fait aussi de garde-fous, puisque ce sont des professionnels.
04:08L'éducateur familial, c'est un métier.
04:09On forme les éducateurs familiaux quand ils rejoignent Action Enfance.
04:12Mais c'est un métier extrêmement exigeant et engageant, en effet.
04:16Les gens que vous recrutez, imaginons, je veux candidater, je voudrais être aidant familial.
04:22Comment ça se passe ? Comment je peux vous informer de ma candidature ?
04:26Et quel processus je vais suivre ?
04:28Et surtout, qu'est-ce que vous allez chercher à détecter dans la personne que vous recevez ?
04:33Alors, on va déjà, effectivement, s'attacher à recruter des personnes plus que des professionnels au départ.
04:39On est évidemment attaché aux formations initiales, mais ce n'est pas un seul critère qui va faire que vous serez recruté chez Action Enfance.
04:46C'est la compréhension et l'attachement que vous aurez à rejoindre une fondation avec un projet original.
04:54Donc, pour vous renseigner sur Action Enfance, c'est d'abord sur le site d'actionenfance, actionenfance.org,
04:59où vous trouverez des témoignages d'éducateurs familiaux qui vont expliquer quel est leur quotidien.
05:04Et nous, on va chercher à savoir dans le process de ruptement si vous avez compris l'exigence de ce métier,
05:09si vous avez des expériences avec les enfants, et c'est évidemment en plus si vous avez des diplômes sectoriels.
05:15Là, l'expérience avec des enfants, ça peut aider, mais on imagine bien que les enfants que l'on va avoir chez Action Enfance,
05:21c'est des enfants qui ont besoin encore d'un peu plus.
05:24C'est des enfants qui ont peut-être été amenés à souffrir, à avoir des traumatismes.
05:28Et ça, en fait, ça nécessite des compétences, ce qu'on pourrait appeler des soft skills,
05:33mais ce n'est peut-être pas le bon terme dans ce métier-là.
05:36Ça, c'est vous qui allez former, c'est vos...
05:38Oui, absolument.
05:39Tous les éducateurs familiaux reçoivent, au moment ou quelques mois après leur engagement chez nous,
05:45une formation métier, un métier d'éducateur familial de 120 heures,
05:49qui permet effectivement à la fois, je veux dire, sur les hard skills et sur les soft skills,
05:53de les former à l'exigence de l'accompagnement d'enfants en protection de l'enfance
05:59qui peuvent avoir vécu effectivement des situations dramatiques,
06:02mais qui sont là chez nous sur une durée assez longue, contrairement à d'autres acteurs du secteur,
06:07avec des professionnels qui sont chargés, dans un accompagnement du type familial,
06:10de construire une relation d'attachement et dans la durée.
06:13Vos éducateurs familiaux, quand ils quittent Action Enfance,
06:16pour ceux qui vont quitter avant la retraite,
06:18qu'est-ce qu'ils deviennent après ? Dans quel type de métier ils vont pouvoir se diriger ?
06:22Est-ce que j'imagine qu'on développe aussi des savoir-faire quand on pratique ce métier ?
06:26Absolument, et nous on encourage la formation professionnelle,
06:29donc on développe cette action de formation, on va créer,
06:32on est en train de le faire, un organisme de formation,
06:34donc Action Enfance Formation, pour développer encore davantage cette formation métier,
06:39et on essaie de développer l'employabilité des éducateurs familiaux
06:42qui puissent aller trouver, dans d'autres secteurs, du social ou du médico-social,
06:47des missions qui puissent correspondre à leurs aspirations.
06:50On encourage aussi l'évolution professionnelle,
06:52et c'est un des angles de la campagne que l'on mène,
06:54sur le fait que quand on est éducateur familial,
06:56on peut aspirer chez Action Enfance, mais ailleurs,
06:58prendre des responsabilités si on souhaite, de chef de service par exemple.
07:01Merci beaucoup Boris Papin, je vous souhaite d'avoir beaucoup de succès
07:05dans ce processus de recrutement,
07:06pour finalement un travail qui a beaucoup d'impact,
07:10puisqu'il va conditionner la vie de tous ces enfants.
07:13C'est fondamental pour ces enfants.
07:15C'est un métier fondamental, merci beaucoup.
07:16A très bientôt sur le plateau de Smart Job.
07:19On continue l'émission dans le Cercle RH,
07:22on va s'intéresser aux addictions au travail,
07:24donc les addictions qu'on peut avoir dans la vie privée
07:26qui vont être importées dans notre vie professionnelle,
07:29et aussi parfois les addictions qu'on développe à cause de notre vie professionnelle.
07:34J'accueille Camille Puège de Cali Social et Alexis Péchard pour en parler.
07:37Avez-vous des addictions ?
07:51Et surtout, est-ce que vos addictions impactent votre vie professionnelle ?
07:54On va faire le point sur l'articulation entre ces troubles du comportement,
07:58ou plutôt ces conséquences de troubles de santé mentale,
08:01et ce qui se passe au travail avec Camille Puège,
08:03le président de Cali Social,
08:04et Alexis Péchard, l'administrateur à la firme,
08:08c'est aussi président de GAE Conseil.
08:09Bonjour, messieurs.
08:10Bonjour.
08:11Bonjour.
08:11Alors, on va peut-être commencer en faisant simple.
08:13Déjà, je vais me tourner vers vous, Alexis Péchard.
08:16Quand on dit addiction, déjà, on parle de quoi ?
08:18Alors, on parle d'une maladie, d'une maladie qui est chronique,
08:20qui est récidivante,
08:21qui va toucher directement le cerveau, d'accord,
08:24et qui va s'exprimer par trois niveaux de dépendance.
08:26La dépendance psychique, psychologique,
08:28la dépendance physique ou physiologique,
08:31et la dépendance sociale ou comportementale.
08:33Et c'est ces trois dimensions qui vont faire l'addiction.
08:36Et quand on parle d'addiction au travail,
08:40là, Camille Puège, est-ce qu'il y a une distinction ?
08:42Ou est-ce que c'est des choses qu'on importe de la vie perso ?
08:45Ou est-ce que c'est parfois des choses que l'on peut créer directement au travail,
08:49grâce aux process, peut-être, qui sont dysfonctionnels ?
08:52Alors, il y a deux choses dans la question,
08:53parce qu'il y a une forme d'addiction qui est l'addiction au travail.
08:57Ça existe.
08:58Ça existe.
08:59Le workaholic.
09:01Exactement, le workaholic.
09:04Et il y a l'autre aspect qui est d'avoir une addiction
09:07et qu'elle vienne affecter le travail.
09:10Et il y a un troisième élément que vous évoquiez,
09:13c'est le fait que le travail peut être lui-même facteur,
09:17générer, favoriser la survenance d'une addiction chez l'individu.
09:22Et ça, on le voit notamment dans cette période de fortes transformations.
09:28Le monde du travail change, bouge énormément.
09:30Ou à l'inverse, ne bouge pas assez.
09:32Mais tous ces facteurs-là favorisent l'anxiété chez l'individu.
09:35Et que ce soit les substances psychoactives
09:38ou les comportements qui annihilent, finalement,
09:42le fonctionnement du cerveau,
09:44ça permet, finalement, de s'échapper, de s'isoler,
09:46de se protéger du trouble, du facteur de risque qui peut être le travail.
09:50Quand on parle de comportement,
09:52c'est, par exemple, parier sur des résultats sportifs
09:55ou, par exemple, regarder les résultats de son entreprise
09:58toutes les cinq minutes.
09:59Exactement.
10:00En fait, tout ce qui va être pari sportif
10:01vont faire partie, effectivement,
10:03de ce qu'on appelle les addictions sans produit
10:04ou les addictions comportementales, effectivement.
10:06Et tout ce qui est en lien avec les écrans
10:07et la grande famille des cyberdépendances,
10:10il y a l'addiction aux jeux d'argent,
10:11très large, qu'elle soit en ligne ou sur...
10:14Qui peut faire des normes des gars sociaux, d'ailleurs.
10:16Exactement.
10:17Et sur le plan professionnel,
10:19est-ce qu'il y a des types d'addictions
10:21qu'on retrouve plus souvent qu'à NIPH
10:23dans le cadre du travail ?
10:26Ce n'est pas un risque psychosocial,
10:27vous me l'expliquiez avant,
10:28mais c'est plutôt une conséquence d'un trouble mental.
10:30Mais sur le monde du travail,
10:33qu'est-ce qu'on retrouve très souvent
10:34comme type d'addictions ?
10:36Alors, les addictions, je dirais, aux psychotropes
10:40sont sur une tendance baissière.
10:42Bonne nouvelle.
10:43Bonne nouvelle.
10:44Il y a 50 ans, il était d'usage d'avoir de l'alcool
10:48lors du déjeuner.
10:50Même à l'école.
10:50Aujourd'hui, même à l'école, exactement, le vin.
10:54Aujourd'hui, c'est beaucoup moins le cas
10:55et c'est très, très positif.
10:57En revanche, on a, sur les addictions comportementales,
11:00un sujet qui est en forte progression,
11:02c'est les écrans.
11:04Et on constate une durée d'exposition à l'écran
11:08qui est en très forte augmentation.
11:10Et le télétravail, la Covid,
11:13on a vu une augmentation du temps d'écran
11:15qui a été plus de 35 à 40% pendant la Covid.
11:20Et globalement, on a augmenté notre exposition aux écrans
11:24et on voit en parallèle de ça une augmentation
11:26de l'usage des réseaux sociaux, des jeux vidéo, etc.,
11:30qui sont reconnus par l'OMS notamment
11:32comme un trouble addictif.
11:34On va regarder un chiffre qui est issu
11:36d'une étude Odoxa pour GEE Conseil.
11:38Et c'est 49% de la proportion d'actifs français
11:41qui déclarent être touchés par au moins une,
11:44un trouble en santé mentale.
11:45Ça veut dire que là, statistiquement,
11:47il y en a au moins un sur la table là
11:49qui est concerné.
11:51C'est un chiffre assez inquiétant, Alexis.
11:53Ça veut dire que dans le monde du travail,
11:55là, les DRH, les managers, les patrons,
11:59ne peuvent pas ignorer,
11:59ils ne peuvent pas dire « pas chez moi »
12:01parce que statistiquement, c'est impossible
12:03qu'il n'y ait pas au moins une personne touchée
12:05dans leur salarié, sauf s'ils sont tout seuls
12:07en micro-entreprise.
12:08Effectivement, je pense que quand on parle
12:10de questions de santé mentale,
12:11de troubles psychiques, d'addiction, etc.,
12:13je pense que finalement, on connaît tous quelqu'un,
12:15que ce soit dans notre entourage personnel, privé,
12:17ou effectivement dans le monde du travail,
12:19qui a été ou est concerné
12:21par ce type de problématique.
12:23C'est un peu, on le dit souvent,
12:24dans l'entreprise, et notamment
12:25quand on parle d'addiction,
12:26qui reste encore aujourd'hui
12:26un sujet extrêmement tabou.
12:29C'est un peu, la personne a dit,
12:30qu'on résume souvent,
12:31c'est la personne dont tout le monde parle
12:32mais à qui on ne parle plus.
12:33C'est la personne dont on parle
12:34à la machine à café,
12:35mais finalement, on n'est pas à l'aise
12:36avec le sujet, on ne le traite pas,
12:38on a plutôt tendance à le laisser de côté,
12:40à mettre le sujet sous le tapis,
12:43et puis à s'adapter finalement
12:44au dysfonctionnement,
12:46et surtout si, entre guillemets,
12:48il y a encore de la performance
12:49dans le poste en question.
12:51Et on va attendre un élément déclencheur.
12:53Et finalement, ce qu'on voit nous
12:54dans les accompagnements que l'on fait,
12:56c'est que c'est des situations
12:57qui perdurent depuis 10 ans, 15 ans, 20 ans.
13:00Et on est parfois appelé
13:00sur des situations extrêmement critiques,
13:02aigües, en réaction à un événement.
13:05Alors, ce n'est jamais trop tard,
13:06mais en tout cas...
13:07Il y a des gros dégâts.
13:08Oui, il y a des dégâts
13:09qui sont évidemment physiques,
13:10qui sont sociaux, qui sont familiaux,
13:12qui sont importants.
13:13Et évidemment, tout le travail
13:15de la prévention,
13:16ça va être d'essayer d'agir
13:17le plus précocement possible
13:19et justement de briser ce tabou-là,
13:21notamment sur les situations individuelles.
13:22Ça va jusqu'où le dégât
13:25ou la situation la plus critique,
13:28même dramatique, j'oserais dire ?
13:29Ça peut aller jusqu'où
13:30une addiction, un trouble
13:32qui n'est pas traité ?
13:33Ça va jusqu'au décès.
13:35Donc jusqu'au suicide,
13:36parce qu'on pourrait penser
13:36instinctivement au burn-out,
13:38mais ce n'est pas...
13:38Il y a effectivement la question
13:39des passages à l'acte suicidaire,
13:41mais pas que.
13:42On peut mourir évidemment
13:43d'une dépendance,
13:45d'une addiction.
13:46Ça peut être un accident de travail,
13:48plus ou moins grave.
13:48Parce qu'on n'est pas attentif.
13:49Exactement.
13:51Il y a plein de raisons,
13:52en fait, malheureusement,
13:54qui vont être effectivement
13:55cet élément déclencheur.
13:57Nous, on va faire des interventions
13:58sur des cellules de crise
14:00suite à des overdoses sur site.
14:02Ça peut être un malaise,
14:03ça peut être effectivement
14:04un accident ou un presque accident.
14:06Ça peut être quelque chose
14:06qui va être révélé
14:07par la presse
14:09ou une prise de conscience
14:10par un client,
14:10un partenaire, etc.
14:11La question du regard de l'autre
14:13est aussi quelque chose
14:13de très important
14:14dans la prise de conscience.
14:16Je tourne vers vous, Camille,
14:17parce que la grande question,
14:18quand il y a un problème
14:19de ce type-là,
14:20c'est qu'il doit le gérer.
14:21Or, c'est compliqué
14:23vu que là,
14:23c'est vraiment le type
14:24de problème assez sensible,
14:25assez compliqué aussi
14:26parce qu'on n'est pas forcément
14:28préparé en amont
14:29à gérer un comportement addictif
14:31grave chez un collaborateur.
14:34Donc, dans une entreprise,
14:35si on constate
14:36qu'un collaborateur
14:37est en difficulté,
14:38a un comportement
14:39ne serait-ce même pas
14:41confirmé,
14:42mais potentiellement addictif,
14:44qui doit prendre ça en charge ?
14:46Alors, il y a plusieurs choses.
14:49Déjà,
14:51le détecter,
14:52ça nécessite un effort.
14:53C'est très, très facile
14:54de ne pas le détecter.
14:55C'est ce que vous nous disiez.
14:56C'est plus facile de ne pas
14:56le détecter que de le détecter.
14:58Donc, c'est déjà,
14:58s'il y a une détection
14:59qui est faite,
15:00c'est que l'employeur
15:00a déjà mis en œuvre
15:01une démarche
15:02qui permettait la détection.
15:04Vous ne détectez que les choses
15:05sur lesquelles vous mettez
15:05un capteur.
15:07S'il n'y a pas de capteur,
15:08vous ne détectez rien du tout
15:08et tout va bien.
15:09Il faut comprendre
15:10qu'on parlait du vin
15:14tout à l'heure,
15:14l'alcool,
15:15mais même les comportements
15:17sont des refuges
15:20aux difficultés rencontrées
15:22dans la vie
15:22et que, globalement,
15:24ça fait plaisir.
15:25Tout le monde,
15:26une forme de tabou
15:28sur le sujet
15:28parce que tout le monde
15:29y trouve son gain.
15:31Et donc, voilà,
15:32on n'en parle pas.
15:33À savoir qui doit gérer
15:34le problème,
15:35pour moi,
15:36le premier raisonnement,
15:37il est très simple,
15:38c'est qui en subit les conséquences.
15:40Il y a l'individu,
15:40évidemment,
15:41sauf que le problème,
15:42c'est que lorsque l'on est
15:43dans une addiction,
15:44on a effectivement,
15:45tu évoquais,
15:45trois types de dépendance.
15:48Il peut y avoir du déni
15:49aussi chez l'individu.
15:50Exactement.
15:51Et puis,
15:51il y a cette addiction
15:52qui fait qu'on n'a pas
15:52la hauteur
15:53qui nous permet
15:53de prendre conscience
15:54forcément qu'on est
15:55dans un comportement addictif.
15:58Ça, c'est la première chose.
15:59Mais au final,
16:00qui est l'organe
16:02qui, finalement,
16:03paye les conséquences ?
16:04C'est l'entreprise,
16:05c'est l'organisation.
16:06Croire que,
16:06parce qu'on n'est pas responsable
16:07de la cause,
16:08on n'a pas à gérer
16:11les conséquences.
16:12C'est une erreur d'arbitrage.
16:13L'employeur est responsable,
16:15mais quel est le manager
16:17ou le DRH ?
16:19Quelle est la personnalité
16:20dans l'entreprise,
16:20dans l'organigramme,
16:21qui va devoir prendre
16:22le problème à bras-le-corps ?
16:23Ça, ça peut être un problème
16:25si ce n'est pas bien défini.
16:27Exactement.
16:27Mais là où ça fonctionne,
16:30le mieux,
16:30c'est quand la responsabilité
16:32est collective.
16:33C'est-à-dire qu'évidemment,
16:34vous avez besoin
16:34d'avoir des DRH
16:35qui sont plus sensibilisés
16:36au sujet,
16:37des préventeurs également
16:38qui maîtrisent mieux le sujet,
16:39des partenaires sociaux aussi,
16:41des référents.
16:42Mais quand on lance
16:44une campagne de prévention
16:45sur un sujet,
16:46l'enjeu,
16:46c'est que tout le monde
16:47soit sensibilisé au sujet,
16:48sensibilisé au sujet
16:49à son égard,
16:50mais aussi être en capacité
16:52de détecter les signaux
16:53chez les autres
16:54et de savoir
16:55sur quel levier tirer
16:56ou agir
16:57pour gérer la situation.
16:58Par exemple,
16:59un signal,
17:00ça peut être
17:00le collaborateur
17:01qui arrive tous les matins
17:02à 7h,
17:03repart tous les soirs
17:03à 22h.
17:05Ça,
17:05ça peut peut-être
17:05faire plaisir
17:06au N plus 1
17:07qui se dit
17:07la personne est engagée
17:08et en fait,
17:09ce n'est pas de l'engagement.
17:10Il faut avoir le courage
17:10de dire non,
17:11là,
17:11ce n'est pas correct.
17:13Alexis,
17:14vous en pensez ?
17:14Je dirais qu'il y a
17:15un peu deux grandes catégories
17:16de ce qu'on appelle
17:16les signaux faibles.
17:17Il y a ce qui va
17:18effectivement lier
17:19au travail directement.
17:20Ça,
17:20c'est du moins
17:21alcoolisme,
17:21très clairement.
17:22Peut-être
17:23et pas forcément
17:23attention aux étiquettes
17:25que l'on donne
17:25mais c'est en tout cas
17:26quelque chose
17:27qui nous met en alerte,
17:28qui nous interroge
17:29et qui sort du cadre.
17:31En tout cas,
17:31ça c'est sûr.
17:32Et puis,
17:32il y a tout ce qu'on va appeler
17:33les signaux faibles
17:33qui vont être liés
17:34plutôt sur un aspect
17:35psychocomportemental
17:36avec des modifications
17:37de comportement
17:38et avec des signes
17:39qui sont plus ou moins aigus
17:40et parfois plus ou moins chroniques.
17:41D'accord ?
17:42Et il y a des signes
17:43qui vont même être nécessités
17:44d'une intervention
17:45rapide et d'urgence
17:47parce qu'on est face
17:48à quelqu'un
17:48qui est soit
17:49sous l'emprise
17:50d'un produit,
17:51soit quelqu'un
17:51qui est peut-être
17:51sous l'emprise
17:52qui fait une crise de manque
17:54tout simplement
17:54et puis ça peut être
17:55quelque chose
17:56qui vient masquer
17:56quelque chose de plus grave.
17:58Attention,
17:58tous les signaux
17:58que l'on peut avoir
17:59peuvent venir masquer.
18:00Je vais prendre un exemple
18:01très caractéristique.
18:02Dans un grand groupe
18:03de transport
18:03qu'on a accompagné
18:04il y a quelques années,
18:05l'élément déclencheur
18:06à la mise en place
18:07d'une politique
18:07au niveau de cette organisation
18:10a été un AVC,
18:12c'est un collaborateur
18:13où on est intervenu
18:14trop tard.
18:15Pourquoi ?
18:15Parce que ce collaborateur,
18:16tout le monde le savait,
18:17que ce monsieur,
18:18il avait un problème
18:18avec l'alcool.
18:19Et quand ils sont intervenus,
18:20ils l'ont dépisté,
18:21le salarié reconnaissait
18:22qu'il avait trop consommé
18:23au déjeuner,
18:24il ne disait pas
18:24qu'il avait un problème
18:25d'alcool.
18:25Le test révélé
18:26effectivement qu'il était positif,
18:27qu'il était au-delà
18:28des 0,50€.
18:30Simplement,
18:30tous les signaux
18:31qui ont fait
18:32qu'il y a eu cette action
18:33venaient masquer
18:34en réalité un AVC.
18:35Ça aurait été
18:35quelqu'un d'autre,
18:36ils n'auraient pas attendu,
18:37ils auraient appelé 15 en fait.
18:38Et là,
18:38ils se sont substitués
18:39aux services médicaux
18:40en utilisant un test
18:41de dépistage
18:42à des fins diagnostiques.
18:44Et là,
18:44l'employeur a exposé
18:45sa responsabilité
18:45parce qu'il a utilisé
18:46ce test
18:47comme un élément diagnostique
18:48et donc,
18:48il est intervenu trop tard.
18:50Les secours sont arrivés
18:50plus de deux heures après
18:51le début de l'incident.
18:54Donc,
18:54attention à ces signaux faibles,
18:55ce sont tous ces signes
18:56en plus ou en moins
18:57sur le plan du comportement
18:58qui doivent nous faire agir,
18:59certains plus urgentement
19:00que d'autres.
19:01Et l'entreprise doit avoir,
19:02enfin les dirigeants
19:02doivent avoir conscience
19:03de leurs limites aussi
19:04pour traiter le...
19:05C'est ce que rappelait Camille
19:07à l'instant
19:08et c'était très bien
19:09effectivement sur le rôle
19:10collectif des uns et des autres.
19:12On parlait du déni tout à l'heure.
19:13Moi, je rappelle souvent
19:14qu'il y a un déni
19:14du collectif de travail aussi
19:15et dire que le déni du collectif
19:16à un moment donné
19:17il alimente le déni individuel.
19:19Tant que le sujet
19:19n'est pas nommé,
19:20il n'existe pas.
19:21Et tant qu'il n'existe pas,
19:22forcément pour la personne
19:23qui est en difficulté,
19:24il n'y a pas de problème.
19:26Après,
19:26il y a un deuxième facteur
19:27qui rend les choses
19:28assez complexes,
19:29c'est le respect de la vie privée.
19:30C'est-à-dire que l'employeur
19:31doit détecter les signaux faibles
19:33sans être intrusif.
19:34L'équilibre,
19:35restitue où ?
19:36Parce que ça aussi,
19:37ce n'est pas évident,
19:37on peut se faire reprocher
19:38d'être intrusif.
19:40Oui,
19:40et ça,
19:40c'est un problème français
19:41parce qu'on est dans un pays
19:43dans lequel on met une barrière
19:44très très forte
19:44sur la protection de la vie privée
19:46là où dans le reste du monde,
19:47en fait,
19:48cette barrière n'existe pas
19:50tant que ça.
19:51L'employeur est beaucoup plus
19:52responsable de ce qui se passe
19:53dans la vie privée de l'individu
19:54que ce qu'on a en France.
19:56Et pour la simple et bonne raison
19:57que naturellement,
19:57en fait,
19:58votre vie privée
19:59influe votre vie professionnelle
20:00et votre vie professionnelle
20:01influe votre vie privée.
20:02On a mis cette barrière en France
20:04pour plein de bonnes raisons
20:04mais qui,
20:05sur ce sujet,
20:06occulte une capacité
20:07à accompagner l'individu
20:09de manière holistique.
20:11Et c'est ça qui fonctionne
20:12quand on doit adresser
20:13une addiction,
20:14qu'elle soit personnelle
20:15et qui vienne dans le travail,
20:16mais aussi qu'elle soit
20:18liée au travail.
20:19Si quelqu'un,
20:20je vois des organisations
20:21qui ont un travail
20:22très très intense
20:23et qui développent
20:26une culture du pot
20:28collectif après le travail
20:30parce que ça permet
20:32d'apaiser les tensions
20:33qu'on a eues pendant la journée,
20:35de mieux se connaître,
20:36de débriefer,
20:38etc.
20:39Sauf qu'il y a un moment
20:40dans ces organisations,
20:41on voit se développer
20:42des personnes qui,
20:42s'il n'y a pas de pot
20:44après le travail,
20:44ne savent pas
20:45ce qu'elles vont faire
20:45de leur soirée.
20:47Elles sont devenues
20:47dépendantes socialement
20:48de leur travail.
20:48Elles sont devenues,
20:49exactement,
20:50et leur addiction
20:52s'est développée
20:53à partir de leur travail
20:54et c'est un problème
20:56et c'est aussi
20:57sous le coup
20:57de la responsabilité
20:58de l'employeur potentiel.
20:59Au niveau de l'organisation
20:59du travail,
20:59c'est intéressant
21:00parce que je pense
21:00à un client typiquement
21:01dans sa culture d'entreprise
21:03alors qu'il n'est pas
21:03affiché ouvertement,
21:05mais il a cette phrase
21:06partout,
21:06c'est work hard,
21:07play hard.
21:08Et dans le play hard,
21:09tu vois,
21:09alcool, cocaïne,
21:11en collectif.
21:12C'est pas si positif.
21:14Ah non, non, du tout.
21:14Enfin, on n'est pas du tout
21:15là-dedans.
21:16Mais voilà,
21:17et toutes les lignes sociales
21:18de se dire
21:19à un moment donné
21:19ton manager,
21:21entre guillemets,
21:21t'offre
21:22ou te finance
21:22ses consommations
21:23sous prétexte
21:24d'une récompense
21:25et d'un rythme
21:26de travail complexe
21:27et intense
21:29vient légitimer
21:30d'une certaine manière
21:32ce type de consommation.
21:34Toutes les barrières
21:34sautent à ce moment-là.
21:35Quand j'entends ça,
21:36j'ai envie de vous demander
21:37est-ce que l'employeur
21:38peut être attaqué
21:40au prud'homme,
21:41par exemple,
21:41pour avoir créé
21:42des conditions de travail
21:43qui ne protégeaient pas
21:44les salariés ?
21:45On sait que ça existe,
21:46par exemple,
21:48être condamné
21:48pour non-protection
21:49d'une salariée
21:50victime de harcèlement.
21:52Est-ce qu'un salarié
21:53peut attaquer
21:54son employeur
21:55ou ancien employeur
21:55pour non-protection
21:57dans le cadre
21:58de la création
21:59de comportements addictifs ?
22:00Camille,
22:00est-ce que ça existe ?
22:01Est-ce que ça a déjà eu lieu ?
22:03Alors,
22:04uniquement à ce point-là,
22:05je ne l'ai pas vu.
22:05En revanche,
22:06c'est effectivement
22:07attaquer son employeur
22:08pour défaut
22:08de son obligation de sécurité.
22:10Ça rentrera dans ce cadre-là.
22:12Vous signez un contrat
22:12avec votre employeur
22:13dans ses obligations,
22:14il a de prendre soin
22:15de votre santé physique
22:17et mentale.
22:18Donc, défaut de respect
22:19de son obligation,
22:20c'est une rupture
22:21de contrat abusive
22:21et sur laquelle,
22:24dans les conséquences,
22:25on voit effectivement
22:26beaucoup de dossiers
22:27où on a vu se développer
22:28des addictions
22:29et quand on va chiffrer
22:31l'impact du défaut
22:33de protection
22:34de la santé
22:34de l'organisation,
22:36on va tenir compte
22:37du fait que l'addiction
22:39s'écrit à partir de là
22:40et calculer le coût
22:41finalement que l'addiction
22:42va occasionner
22:43chez l'individu.
22:43Donc, on lui paye
22:44des dommages et intérêts.
22:45Exactement.
22:46Merci beaucoup, messieurs.
22:47C'est un sujet passionnant.
22:48C'est un sujet
22:49qu'on pourrait traiter,
22:50je pense,
22:50sur une ou deux heures.
22:51Donc, je pense qu'on
22:52vous réinvitera
22:52pour faire un épisode 2
22:54sur les addictions.
22:55Merci beaucoup.
22:56On va continuer Smart Job.
22:57On va s'intéresser
22:58à un livre
22:59« Où sont passés
23:00nos rêves d'émancipation
23:01par le travail ? »
23:01C'est Emmanuelle Duez,
23:03la présidente
23:03de The Boson Project
23:04qui l'a écrit.
23:05Elle est avec moi
23:06juste après le jingle.
23:13Où sont passés
23:21nos rêves
23:21d'émancipation
23:22par le travail ?
23:23C'est la question
23:23posée dans le livre
23:24d'Emmanuelle Duez
23:25qui est publié
23:27aux éditions de l'Aube
23:27et je l'invite
23:28à aller là
23:29avec moi aujourd'hui.
23:29Bonjour.
23:30Bonjour.
23:31Merci beaucoup
23:31d'avoir accepté
23:33l'invitation.
23:33Alors, je vais commencer,
23:36je vais aller directement
23:37dans le sujet
23:37parce que vous,
23:38vous avez très très fort
23:39dès le début du livre.
23:40Je vous cite
23:40« En 15 ans,
23:42le travail
23:43est devenu un travail
23:43devenu source
23:44de frustration,
23:45de combat,
23:45de déception.
23:46Il a perdu son pouvoir
23:47émancipateur. »
23:49Pourquoi un constat
23:50aussi catégorique
23:51dès le début du livre ?
23:53Alors, d'abord
23:53parce qu'il y a des chiffres
23:54qui ne mentent pas.
23:55Donc, une explosion,
23:56par exemple,
23:56du taux d'absentéisme
23:58dans les entreprises
23:59sur la place centrale
24:01du travail
24:02dans la vie des individus.
24:03On voit bien
24:04qu'il y a une décentralisation
24:05qui est extrêmement forte
24:06et qui a été très amplifiée
24:07par la pandémie.
24:09Et la raison pour laquelle
24:10je commence
24:10par un ramassis
24:11de chiffres
24:12comme ça en bloc,
24:13c'est que je crois
24:14qu'on souffre en France
24:15de l'inverse,
24:16c'est-à-dire qu'on souffre
24:17d'un espèce de tabou
24:18sur ce sujet-là.
24:20Dans les entreprises,
24:20on ne veut pas en parler.
24:21Mon métier,
24:22c'est d'accompagner
24:22la transformation du travail
24:24depuis plus de 15 ans.
24:25Exactement.
24:26Ce qu'on appelle techniquement
24:27de la sociologie des organisations.
24:29Et en fait,
24:29depuis la pandémie,
24:30j'observe cette érosion latente
24:33du rapport au travail,
24:35de l'engagement dans le travail,
24:37mais dont on a fait un tabou
24:38tellement dressé
24:39un diagnostic et complexe,
24:40les solutions sur l'étagère
24:41n'existent pas.
24:42Donc, je rentre
24:43de manière presque brutale
24:45et chirurgicale
24:46dans le sujet
24:47parce qu'aujourd'hui,
24:48c'est un sujet
24:49dont on parle
24:49dans les conseils d'administration,
24:51dans les COMEX,
24:52mais dont on parle
24:53à voix basse
24:54parce qu'on ne sait pas
24:55quoi en faire,
24:56tellement c'est sulfureux.
24:57C'est pourtant devenu
24:58une des problématiques
24:59opérationnelles majeures
25:00de l'entreprise.
25:02Moins engagée,
25:02moins efficace,
25:03moins productive.
25:04C'est mathématique.
25:05En fait,
25:05il y a un déclin français.
25:07On le voit
25:07dans le recul
25:08de la productivité horaire
25:09du travail
25:10où globalement,
25:12en Europe,
25:12c'est en déclin.
25:13La France,
25:14elle est très en déclin
25:15par rapport à l'Europe.
25:16Il y a un mal français.
25:17C'est-à-dire qu'avant,
25:17on produisait quasiment autant
25:18en travaillant moins d'heures.
25:22C'est pire que ça.
25:23C'est-à-dire qu'on a été
25:24pendant des années
25:25les champions européens
25:27des pays de l'OCDE
25:28en termes de productivité
25:29horaire du travail.
25:30Aujourd'hui,
25:31on est les avant-derniers.
25:33Donc, en fait,
25:33il y a eu un déclassement
25:34ultra accentué
25:36par la pandémie
25:36qui est vraiment un moment
25:37très particulier
25:38dans la vie des organisations
25:39mais qui doit nous interpeller
25:41sur qu'est-ce qui se passe
25:42depuis 15 ans
25:43dans nos boîtes,
25:44qu'est-ce qui se passe
25:44dans nos métiers,
25:45qu'est-ce qui se passe
25:46dans notre pays
25:46parce que c'est un sujet
25:47éminemment politique
25:48pour qu'à un moment donné,
25:50on n'ait plus le goût du travail,
25:52on n'ait plus le goût
25:52de l'émancipation
25:53et qu'on soit spectateur
25:56de sa vie
25:57pendant 40 ans de sa vie.
25:58Ce n'est pas possible.
25:59Là, le constat,
26:00il est fait, clair.
26:01Comment on en est arrivé là,
26:02selon vous ?
26:03Alors, le diagnostic
26:04est difficile à établir.
26:06C'est ce que j'essaye de faire.
26:06C'est un peu un livre
26:07impressionniste.
26:09C'est-à-dire qu'on va mettre
26:09des petites touches
26:10et puis on va essayer de...
26:11C'est un ressenti aussi
26:13personnel de la situation ?
26:15C'est un mélange, en fait,
26:16d'approches très économiques,
26:18donc avec beaucoup d'études,
26:20beaucoup de rationnels,
26:21très empiriques,
26:2315 ans où on laboure, en fait,
26:25l'organisation et tous les métiers,
26:27toutes les tailles d'entreprise
26:28et puis d'intuition.
26:31Et donc, pour répondre
26:32à votre question,
26:33qu'est-ce qui se passe ?
26:34Je vais essayer
26:35de faire un diagnostic.
26:36Le premier élément,
26:37c'est que le travail
26:38est venu extrêmement complexe
26:40et donc, on a du mal
26:41à l'appréhender.
26:43Par exemple,
26:44il y a moins de travail
26:44dans la vie des individus,
26:45mais il y a plus de vie
26:46dans le travail
26:48parce que l'intime
26:49est rentré
26:50comme matière managériale,
26:52comme sous-jacent
26:53de l'engagement
26:53post-pandémie.
26:55Deuxième élément important,
26:56c'est qu'il y a
26:57une nouvelle donne économique
26:58qui fait que s'engager
26:59pour améliorer
27:00ses conditions de vie,
27:01pour améliorer
27:01la vie de ses enfants,
27:02ce n'est plus possible.
27:03Ça n'est plus possible.
27:05Et donc là,
27:05il y a une faillite
27:05du modèle social français
27:07qui repose par le travail.
27:07On ne calme plus
27:08assez d'argent
27:08en travaillant.
27:10En fait,
27:10on entrave la dignité,
27:11on abîme la valeur
27:12intrinsèque du travail.
27:14Troisième élément,
27:14il y a des discours politiques
27:15depuis des années maintenant
27:17sur le fait que le travail,
27:19c'est la pénibilité,
27:20l'insoutenabilité.
27:22Et on ne se rend pas compte
27:23à quel point
27:23on se dévastateur.
27:24Vous avez aujourd'hui
27:24des jeunes de 20 ans
27:26qui n'ont jamais mis
27:27un pied en entreprise,
27:28qui arrivent en entreprise
27:29en se disant
27:29de toute façon,
27:30je suis une victime
27:30par destination.
27:32Quatrième élément,
27:33on a un espèce
27:34de leg managérial.
27:35On a toujours considéré
27:36en France
27:36qu'on était manager
27:38après des années
27:39de bons et loyaux services
27:40et on recevait le truc
27:41dans une pochette surprise,
27:42c'était un passage obligé.
27:42Alors qu'on n'en a pas envie.
27:44Alors qu'en fait,
27:44l'art est extraordinairement
27:46difficile aujourd'hui.
27:47Et donc,
27:47il faut sublimer,
27:48magnifier,
27:49renforcer cette fonction.
27:51J'ai envie de vous demander,
27:52ce sera ma dernière question
27:53parce que le temps
27:53file très vite avec vous.
27:55Vous êtes réserviste
27:56de la Marine Nationale.
27:57Vous êtes quelqu'un
27:58d'engagé,
28:00d'entrepreneuse.
28:01Vous n'êtes pas du tout
28:03ce que vous racontez
28:03dans votre livre.
28:04Non.
28:04Comment vous expliquez
28:05ce paradoxe,
28:06vous,
28:07votre vision du monde
28:08du travail,
28:08c'est quoi ?
28:10Moi,
28:10le travail,
28:11en fait,
28:11c'est toute ma vie.
28:12C'est ma manière
28:13de m'émanciper.
28:16Et c'est précisément
28:16parce que j'incarne
28:19ce que beaucoup de Français
28:20incarnent encore aujourd'hui.
28:21Mais je suis entrepreneur.
28:22C'est des trajectoires
28:23qui sont très particulières,
28:24en fait.
28:26Ce livre est un cri du cœur,
28:29pour dire qu'on ne peut pas
28:30subir ce tabou
28:32de la dégradation
28:34de l'engagement.
28:34On ne peut pas subir
28:35sa vie de travailleur
28:36quand on est un travailleur.
28:38Il y a des solutions,
28:39il y a des enjeux.
28:39Ils sont dans les mains
28:40de l'entreprise,
28:41dans les mains des managers,
28:42dans les mains des travailleurs,
28:42dans les mains du politique.
28:44Et donc,
28:44il faut les mettre sur la table
28:45et c'est ce que j'ai essayé de faire.
28:46C'est un cri d'enthousiasme.
28:47Je pense qu'on vous réinvitera
28:49sur le plateau de Smart Job
28:50parce que là,
28:50ce n'est vraiment pas assez
28:51cette minute avec vous.
28:52Je suis un peu frustrée.
28:53Je tiens que vous êtes bien français.
28:54Eh bien,
28:55on vous réinvitera
28:56très prochainement
28:56dans Smart Job.
28:57L'émission,
28:58elle est déjà terminée.
28:59C'est passé très vite.
28:59Merci à Lily Zalkin
29:00qui était à l'édition.
29:01Merci à Pierre-Loup
29:02qui a réalisé.
29:03Saïd et Paul
29:04qui s'occupaient du son.
29:06Le taulier Arno Ardoin
29:07revient la semaine prochaine.
29:08D'ici là,
29:09continuez à nous regarder
29:09sur les réseaux sociaux
29:10en replay.
29:11Portez-vous bien.
29:12Bonne fin de journée.
29:13Bonne fin de journée.

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