Jeudi 12 juin 2025, retrouvez Mounah Bizri (président fondateur, Eloquence de la différence) et Dominique Duquesnoy (CEO, PerformanSe) dans SMART JOB, une émission présentée par Arnaud Ardoin.
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00:00Bonjour à tous, ravi de vous retrouver dans SmartJob, votre rendez-vous emploi RH Management,
00:12débat, analyse, expertise et vos rubriques habituelles évidemment, bien dans son job.
00:17On parle de l'éloquence, on va en parler avec Mouna Bizri, des présidents fondateurs de EQD.
00:24L'éloquence qui fait la différence, on fera le point avec lui à travers un événement qui aura lieu dans quelques jours.
00:29Le cercle RH, les stéréotypes filles, garçons, quel bilan, quelle priorité pour 2030 ?
00:35On en parlera avec deux expertes à l'auteur, origine d'un rapport de France Stratégie, Marine de Montagnac et Cécile Joly,
00:42chef de projet et justement co-autrice de ce rapport très intéressant.
00:46Fenêtre sur l'emploi, la perception de l'IA dans le recrutement, comment ça marche, qu'est-ce qui se passe,
00:51quels sont les freins, quels sont les biais ? On en parlera avec Thomas Ford, il est Digital Marketing Manager
00:55chez Performance SE à la fin.
00:59Voilà le programme, tout de suite c'est bien dans son job.
01:10Bien dans son job pour parler de l'éloquence.
01:16Avec vous, Mouna Bizeri, je suis très très heureux de vous accueillir sur le plateau de Smart Job,
01:21président fondateur de QD, on va en parler, avec un événement qui aura lieu le 17 juin prochain.
01:27À Mogador.
01:28À Mogador, qui est un très beau théâtre du 9e arrondissement de Paris.
01:33D'abord, un petit mot sur vous, parce que, j'allais dire, vous êtes médiatisé, vous avez raconté votre histoire,
01:39vous êtes atteint de 5 troubles, dont un bégaiement sévère, et puis un jour, à l'école de commerce, il y a longtemps,
01:46vous dites, moi je vais m'inscrire au concours d'éloquence.
01:48C'est comme ça que, je dirais, votre combat démarre, c'est bien comme ça ?
01:52Mon combat, il a commencé dès que j'étais jeune, où le simple mot était une barrière.
02:04Donc, en seconde, la poésie, le sonnet de 16 vers, 10 minutes, c'est légèrement long.
02:16Mais à plusieurs moments, j'étais confronté à plusieurs situations.
02:22Est-ce que je veux que mes différences me dictent ma vie, ou est-ce que je veux dicter ma vie à mes différences ?
02:31Et donc, j'ai choisi de leur dicter ma vie.
02:3417 juin, à Mogador, soirée gratuite, il faut le préciser, dans lequel, en fait,
02:39tous ceux qui sont différents et qui veulent s'exprimer, qui veulent prendre la parole,
02:43auront et peuvent avoir un espace pour faire partager leur quoi ?
02:48J'ai mis combat, c'est le mot juste.
02:50Est-ce que vous avez décidé aussi, en prenant le contrôle sur ces handicaps, de mener un combat aussi ?
02:57Au début, oui.
03:00Et puis après, on se rend compte que ce n'est pas un combat, c'est du lâcher-prise.
03:05Du coup, c'est paradoxal.
03:07Mais c'est vraiment être OK tel que je suis, et dès que je suis OK et que je ne veux plus corriger,
03:14mais que je veux juste être bien tel que je suis, en fait, beaucoup de choses changent.
03:18Est-ce que vous, à travers ce que vous nous dites sur ce plateau, à travers ce que vous avez traversé à titre personnel,
03:24vous ouvrez et vous dites à ceux qui nous regardent et qui ont peur et qui se sont cachés,
03:29et qui n'osent plus sortir,
03:30« Osez, faites, essayez, tentez », c'est ça que vous leur dites ?
03:33Mais c'est exactement ça qu'on fait avec éloquence de la différence.
03:37Et c'est pour ça qu'on met tous nos tripes dans ce projet.
03:44C'est pour que les 30% de personnes en France qui ont un handicap puissent se sentir mieux au quotidien
03:57et aient conscience que c'est OK d'être différent, en fait.
04:01Le parcours, on voit que c'est Mogador, c'est l'aboutissement Grand Théâtre où le Roi Lion a été joué.
04:06C'est une scène absolument incroyable, donc il y aura beaucoup d'émotions.
04:10Accompagnement, préparation, comment vous les prenez par la main, ceux qui disent,
04:15« Allez, j'y vais, je fais comme toi, Mouna, j'y crois, j'y vais ».
04:17C'est vraiment le cœur de notre projet.
04:20Donc là, il y a le grand événement qui est ce qui brille, mais c'est vraiment 3% de ce qu'on fait.
04:32Maintenant, on pilote 40 programmes d'éloquence.
04:35En 2022, on en pilotait 4.
04:39Et donc, à la fois, il y a des programmes ouverts à tous,
04:42des programmes uniquement ouverts aux jeunes de 9 à 15 ans, ça c'est tout récent.
04:50Et après, il y a des programmes aussi vraiment orientés en poids.
04:56Et donc, on les accompagne sous un format entre 18 et 24 heures sur tous les aspects de la parole.
05:08et dans les programmes qui sont dans le scope pour l'événement annuel,
05:18on fait des sélections, ce qui rajoute un peu de piment.
05:23Concrètement, vous, aujourd'hui, vous en êtes où dans votre vie professionnelle ?
05:26Parce qu'on a entendu que vous étiez jeté dans le bain bouillant à l'école de commerce.
05:31Puis depuis, on voit que vous avez des ateliers, des programmes,
05:34et que vous tendez la main à des centaines de personnes en situation de handicap.
05:37Alors, vous en faites un métier à temps plein,
05:39ou aujourd'hui, vous avez aussi à côté une activité dans une entreprise
05:42dans laquelle vous avez toute votre place ?
05:44Alors, à base, j'étais consultant en stratégie en IA.
05:50En 2022, j'ai décidé de tout lâcher parce que je voyais un potentiel
05:58pour éloquence de la différence, ce qui s'est avéré.
06:03En 2024, une directrice générale que je remercie vraiment pour son travail incroyable,
06:09merci Laetitia, est arrivée pour structurer l'association,
06:15mais aussi pour que moi, je puisse faire autre chose.
06:20Moi, je suis un entrepreneur.
06:21Donc, en ce moment, je suis en train de créer un autre projet qui s'appelle WeMake the Diff
06:30et qui est une plateforme pour faciliter la déclaration du handicap en entreprise
06:37pour être safe et avoir un outil de gestion pour l'ERH.
06:45La RQTH, comme on l'appelle en acronyme, se déclarer en fait.
06:50Ça, mais au-delà de la déclaration administrative, c'est la déclaration, on va dire, humaine.
06:56Humaine, c'est peut-être de le dire aussi.
06:58Et aussi être en sûreté.
07:03Parce que j'ai aussi eu des défis au moment où j'ai voulu être consultant.
07:08Donc, le premier problème que j'ai voulu résoudre, c'était le Mouna dans la vie de tous les jours.
07:15Maintenant, c'est le Mouna dans la vie professionnelle.
07:19C'est ça.
07:19Donc, toutes les étapes de votre vie et vous en bâtissez des projets merveilleux.
07:22N'oubliez pas, le 17 juin, Mogador, c'est ouvert à tous, c'est gratuit.
07:26Puis, il y aura des moments d'émotion incroyables parce que tous ceux qui vont monter sur scène,
07:29quelque part, voilà, ils se sont battus pour arriver là et ils se sont engagés aussi.
07:34Merci, Mouna Bizry, d'être venue nous rendre vite.
07:36C'est toujours un plaisir de vous avoir sur un plateau de télévision.
07:39Président fondateur de l'éloquence de la différence.
07:43Merci de nous avoir rendu visite.
07:44Et puis, on viendrait de vous parler de votre projet, votre nouvelle plateforme,
07:47puisqu'elle est en gestation, donc on n'en sait pas plus.
07:50On tourne une page.
07:51Le cercle RH pour parler de l'égalité femmes-hommes, mais aussi des stéréotypes filles-garçons.
07:57Ça démarre dès l'école.
07:58Il y a un rapport passionnant de France Stratégie.
08:00Bilan et perspective en 2030.
08:02Et on accueille les deux autrices de ce rapport.
08:05C'est Smart Job et c'est le débat.
08:19Le débat de Smart Job, le cercle RH pour parler des stéréotypes filles-garçons,
08:23à travers un rapport, un rapport central de France Stratégie avec bilan et perspective,
08:29puisque ce sont les priorités pour 2030, c'est-à-dire c'est demain 2030.
08:34Et j'ai sur ce plateau les deux autrices de ce rapport.
08:37Marine de Montaigne, elle est ravie de vous accueillir.
08:39Vous êtes chef de projet, coautrice du rapport France Stratégie.
08:42Alors France Stratégie, on parlera de Clément Beaune,
08:44puisqu'en fait il y a évidemment le haut commissariat et une pilote aussi, France Stratégie.
08:49Et puis Cécile Jolie, coautrice, chef de projet de ce rapport.
08:52Alors toutes les deux, vous êtes économiste.
08:54Alors l'une, économiste du travail, vous économiste de quoi ?
08:59Socialiste dans les politiques sociales.
09:00Les politiques sociales.
09:01D'abord un petit mot sur la manière dont vous avez construit,
09:03c'est une demande de France Stratégie, d'y voir plus clair, de faire une photographie.
09:08Comment on s'y prend ?
09:09On va dans les écoles maternelles, on s'assoit dans les écoles,
09:11on parle, on prend des datas, on prend...
09:13Comment ça marche ?
09:15Alors on a fait un rapport, nous, il y a 10 ans, en 2014,
09:17et donc on s'est questionné 10 ans plus tard où en est-on.
09:20Et pour faire ce bilan, on a utilisé plusieurs outils.
09:24D'une part, on a regardé les enquêtes d'opinion qui nous permettent d'en savoir plus
09:27sur justement où on en est dans les stéréotypes filles-garçons.
09:30On a également interrogé nous-mêmes des enfants de 11 à 17 ans,
09:34de 1 500 jeunes, parce qu'on s'est rendu compte qu'en fait,
09:37on ne savait pas l'état des stéréotypes dans cette population,
09:39car elles n'étaient pas du tout documentées.
09:41On a également regardé les inégalités.
09:45Donc il y a un lien entre stéréotypes et inégalités,
09:48on y reviendra certainement.
09:49Et donc on a regardé où on en était en regardant 10 ans plus tard,
09:53est-ce que les écarts entre les filles et les garçons dans plusieurs domaines,
09:56le sport, la culture, l'orientation scolaire, etc.,
09:59se sont accentués ou non.
10:00Et enfin, on a identifié des priorités pour les politiques publiques d'ici 2030.
10:06On va y venir, parce que le sujet dont vous traitez,
10:08qui peuvent démarrer dès l'école maternelle quasiment,
10:12ont des incidences dans le monde du travail,
10:14puisqu'on en parle beaucoup sur ce plateau,
10:16des actes sexistes, des propos sexistes,
10:18qui semblent ne pas réduire, bien au contraire, voire même augmenter.
10:22Sur la méthode, on vient de le voir, c'est le croisement de data,
10:26il y avait une demande de Clément Beaune, du haut-commissariat,
10:29de faire la photographie, où il y avait une volonté des chercheuses,
10:31des spécialistes que vous êtes, de pouvoir voir où on en était.
10:35C'est les deux ?
10:36Oui, c'est les deux.
10:36Et on avait vraiment une volonté de documenter ce qui s'était passé,
10:41et on a été surpris par les résultats.
10:43On a été surpris par les résultats,
10:45parce qu'effectivement, dans les dix dernières années,
10:49certains stéréotypes ont ressurgi de manière étonnante,
10:54en particulier l'assignation du care aux femmes,
10:58donc le soin des enfants et des autres, d'une manière générale.
11:03Les DRH aussi, qui est un de ces métiers, plutôt dévolus aux femmes ?
11:07Tout à fait, et donc à partir du moment où on s'occupe des autres,
11:11c'est dévolu aux femmes, donc c'est un stéréotype qui est très ancré,
11:15et qui est très ancré dès l'enfance et l'adolescence,
11:19et qui se manifeste aussi sur le marché du travail,
11:22puisqu'il va se manifester de deux manières.
11:24La première manière, c'est que ce sont les femmes qui vont s'arrêter de travailler,
11:30passer à temps partiel,
11:31qui vont mettre un peu la pédale douce pour pouvoir concilier vie familiale,
11:38vie professionnelle,
11:39et donc ça va avoir des impacts très importants sur leurs revenus,
11:44tout de suite, et puis jusqu'à la retraite.
11:47On arrive à la fin, mais dans les propositions ou recommandations,
11:50il y a l'enjeu de la coparentalité, le fait que ce ne soit pas dévolu.
11:53Encore une fois, j'utilise beaucoup ce mot à la maman ou à la femme,
11:56mais que le papa aussi prenne sa part de responsabilité.
11:59Un mot, je suis allé sur votre site pour voir évidemment ce que ressortait,
12:02et j'ai vu cette petite phrase de Clément Beaune qui utilise,
12:06et qui parle du numérique, c'est effrayant.
12:07Il explique en fait que le numérique, et ça c'est un élément fort aussi de votre étude,
12:11amplifie, démultiplie justement les stéréotypes de genre.
12:16Est-ce que ça, vous le confirmez, est-ce que ça, ça vous a étonné ou surprise ?
12:20Oui, effectivement, alors ça nous a beaucoup étonné.
12:22C'est un des nouveaux sujets qu'on a traité cette année.
12:24On s'est dit, dans la décennie, qu'est-ce qui a changé ?
12:26Il y a une exposition très forte des enfants aux réseaux sociaux, aux plateformes numériques.
12:30On a cherché à savoir quel était l'effet sur la transmission des stéréotypes,
12:34et on s'est rendu compte qu'on ne peut pas tirer un trait complètement sur
12:37je regarde quelque chose sur un réseau social,
12:39et forcément je suis remplie de stéréotypes,
12:41mais malgré tout, on voit que ça influence.
12:45Il y a des contenus sexistes qui sont vraiment très nombreux,
12:50qui sont soumis au regard d'enfants qui peuvent être très jeunes,
12:54et qui sont véhiculés très fort et plus fort que dans la sphère médiatique traditionnelle,
12:57parce que les plateformes ont un mécanisme, à la fois d'algorithme,
13:00qui permet de pousser certains contenus,
13:03et également parce qu'ils ont un fonctionnement basé sur des likes, etc.,
13:08qui amènent à devoir s'approprier ces stéréotypes pour voir nos contenus plus diffusés,
13:14plus appréciés des autres, etc.
13:16Donc plus puissant, Cécile, qu'un professeur qui, dans une classe, peut travailler,
13:20puisque les professeurs s'emparent de ces sujets ou les instituteurs des stéréotypes,
13:24c'est en fait Internet est en train d'amplifier et de détruire et de saper tout le travail de nos pédagogues.
13:30On n'a pas de preuve de causalité, mais effectivement, pour l'instant,
13:35on a une corrélation entre la résurgence des stéréotypes
13:37et la diffusion très massive auprès des jeunes et de plus en plus jeunes
13:42des réseaux sociaux avec des contenus qui sont avérés de sexistes.
13:47Alors ce n'est pas des contenus illégaux,
13:49c'est cette zone grise où effectivement on peut avoir une image
13:54soit très stéréotypée, voire dégradée, de la femme en particulier.
14:00Et les enfants, ils sont perméables, mais les adultes, ils sont perméables.
14:07Et dans les classes, ce qu'on observe aussi, c'est que les enseignants eux-mêmes
14:12n'ont pas forcément les mêmes interactions avec les enfants et les adolescents
14:17selon qu'ils sont filles ou garçons.
14:19On le voit régulièrement sur ce plateau, on va plutôt ventiler les garçons vers les maths,
14:23dès le CP, puis les filles, on va moins les emmener vers les maths
14:26alors qu'elles ont le même niveau en maths que leurs copains de classe.
14:29Vous êtes d'accord avec ça aussi ?
14:30Ça démarre tout petit, en fait, ces enjeux de stéréotypes ?
14:34Alors ça démarre tout petit quand on dit ventiler,
14:36et souvent c'est complètement inconscient.
14:37Ah oui, oui, j'accueille, j'accueille.
14:38C'est pas du tout une volonté des uns ou des autres,
14:40c'est plutôt que dans la manière dont même,
14:42les jeux qu'on va donner aux enfants quand ils sont petits,
14:44la manière dont on va les encourager à s'approprier certaines activités,
14:48dont on va les renforcer aussi,
14:49on va renforcer leur confiance dans les interactions avec eux
14:51dans la salle de classe sur leur capacité en mathématiques, par exemple.
14:55L'inverse est vrai pour le français et les garçons.
14:57Ça va amener finalement à une plus de confiance en soi
15:00qui va être plus importante pour les garçons que pour les filles,
15:03et puis donc des écarts ensuite en termes de réussite scolaire dans ces matières.
15:07Vous avez fait cette photographie dont vous dites qu'à certains égards,
15:09elles vous ont étonnées, les résultats vous ont étonnées,
15:11dans le monde du travail, parce que projetons-nous un tout petit peu.
15:14Vous évoquiez les métiers du care dévolus aux femmes,
15:18mais ça veut dire aussi que tous les réseaux sociaux,
15:20regardés par les salariés, les managers, les dirigeants,
15:24ont forcément une incidence aussi dans leur manière de recruter,
15:26de faire des choix, de se comporter avec une femme au bureau et au travail.
15:31Oui, on a...
15:32Je vais un peu vite en besogne ou...
15:33Oui, vous allez un peu vite en besogne, mais c'est le jeu.
15:37On a aussi quelque chose qui est très symptomatique,
15:41où on sait aujourd'hui que le sexisme, c'est une des premières discriminations
15:45sur le lieu de travail, et qu'effectivement, de toute façon,
15:49ça n'est pas, ça ne date pas des réseaux sociaux,
15:52cette assignation des femmes au care,
15:54et elle était très importante il y a 20 ans, déjà,
15:58et donc on a quelque chose...
16:00Mais en plus, par le numérique quand même ?
16:01Pas nécessairement dans le monde du travail.
16:04Dans le monde du travail, il y a beaucoup d'efforts qui ont été faits,
16:07mais ces efforts, ils sont beaucoup liés à la législation,
16:11qui, à mesure qu'elle se durcit, les entreprises en prennent compte.
16:18Elle est liée aussi aux tensions sur le recrutement,
16:20donc dans les métiers qui sont en tension, on fait plus d'efforts,
16:24mais quand la tension s'atténue, on fait moins d'efforts,
16:28parce qu'effectivement, c'est très difficile de déconstruire les stéréotypes,
16:32dans le monde du travail comme à l'école,
16:34parce que tout le monde les partage,
16:35ce n'est pas les enseignants, les élèves, c'est toute la société.
16:38C'est pour les raisons que vous évoquez, parce que ça démarre dès l'école.
16:41Exactement.
16:42On est imbibé, entre guillemets, de cette culture-là.
16:44Et on a dans le monde du travail, de toute façon,
16:45un soupçon pour les femmes de désinvestissement professionnel
16:50à cause de la maternité, qu'elles aient des enfants,
16:52ou qu'elles n'en aient pas encore.
16:53Et pourtant, je vous renvoie la balle marine,
16:54il y a quand même des textes, des lois,
16:56qui permettent aujourd'hui au papa
16:57de prendre des congés paternités,
17:00d'avoir 11, 12, je ne sais plus combien de jours,
17:02mais en tout cas des jours.
17:03On s'aperçoit, quand on regarde les chiffres,
17:04que les papas ne le prennent pas.
17:06Demande une dérogation pour dire
17:07« je n'ai pas le temps, je ne peux pas le faire,
17:09j'ai plein de travail, globalement ».
17:10Alors, sur la période, il y a un peu plus de papas
17:12qui le prennent qu'il y a 10 ans.
17:13Ça progresse déjà en même temps.
17:14Il y a deux tiers, donc ça, c'est plutôt un progrès sur la décennie.
17:17Vous disiez, ça commence à l'école.
17:19En fait, ça commence effectivement même dans le foyer,
17:21à la naissance de l'enfant.
17:22Et donc, l'important, c'est de donner peut-être
17:26une place plus grande au papa via le congé paternité.
17:29Nous, on propose d'ailleurs de l'allonger
17:30pour qu'il puisse être plus présent
17:33durant la petite enfance
17:34et que derrière, avec d'autres mécanismes
17:36qu'on pourrait mettre en place,
17:37il y ait un meilleur partage des tâches domestiques,
17:40des tâches parentales
17:40et que la mère puisse, si elle le souhaite aussi,
17:43investir davantage le milieu du travail.
17:45Pour vous faire sortir de votre zone de confort,
17:47on évoquait les enjeux du numérique.
17:49Et le numérique, on en parle presque pour tous les sujets,
17:51et notamment sur votre sujet,
17:52mais on peut le mettre partout.
17:54On le canalise, on le limite, on le freine,
17:57on range le téléphone dans les classes.
17:59Comment on fait, là, avec le numérique ?
18:01Dont on dit, dont Clément Beaune,
18:03peut-être pas vous, mais Clément Beaune sur votre site,
18:04dit qu'il y a une amplification, en fait,
18:06de ce sexisme et de ces stéréotypes.
18:09C'est un instrument de construction massive
18:11des stéréotypes et d'amplification.
18:14On n'a pas documenté, en fait,
18:16les outils qui sont à utiliser.
18:18Nous, on fait des propositions là-dessus.
18:19Ça serait une proposition à faire ?
18:20Les propositions que nous, on a fait,
18:22c'est qu'on pense qu'il faut déjà mieux documenter
18:25quels sont ces contenus qui circulent.
18:26On parlait tout à l'heure des contenus gris.
18:27Donc on dit qu'il faut faire un suivi annuel tous les ans,
18:30regarder les 100 contenus les plus vus.
18:33Ensuite, on n'a pas.
18:33On n'a pas encore de photos là-dessus.
18:35On a le H&E qui avait une photo une fois.
18:36Et donc on se dit qu'il faut un suivi plus fréquent tous les ans, annuel.
18:43Regarder quels sont les contenus sexistes qui sont véhiculés.
18:45Et là, on aura un outil, une objectivation pour dire aux plateformes,
18:49écoutez, voilà, oui, effectivement, il y a des choses qui sont véhiculées
18:52qui ne devraient pas l'être.
18:53Pour dire aussi aux régulateurs qui, aujourd'hui, au niveau européen,
18:56il y a des enjeux et il faut intervenir.
18:59Du coup, on dénonce et on fait d'une MNCHM.
19:02Pour l'instant, c'est essentiellement ça qu'on a.
19:04Et dans les classes, on a la volonté aussi de former davantage
19:09les enseignants qui ont une formation initiale sur les stéréotypes.
19:16Mais il faut une formation continue puisqu'on a une grande partie
19:18des enseignants qui sont déjà en place.
19:20C'est un million de personnes, donc ce n'est pas juste rien
19:23et qui n'ont pas forcément le temps de se former.
19:27Et ce n'est pas facile de déconstruire les stéréotypes.
19:30Donc il y a évidemment les stéréotypes sur les réseaux sociaux,
19:34mais aussi les comportements des uns et des autres,
19:36et des enseignants eux-mêmes, mais des parents,
19:38qui vont orienter, en fait, leurs enfants.
19:42Donc les filles plutôt dans le care et les humanités,
19:48et les garçons dans la technique et la science.
19:53Et ça, ça ne bouge pas, ou ça bouge très peu dans cette orientation.
19:59Et on le voit aujourd'hui dans les écoles d'ingénieurs, par exemple.
20:01On le voit dans les écoles d'ingénieurs, évidemment.
20:04Et donc on a une minorité de filles, ce qui est une catastrophe,
20:09à la fois parce que la révolution numérique,
20:12elle est centrale dans l'économie et dans la société,
20:15mais aussi parce que ça crée des pénuries de main-d'oeuvre.
20:19Et même des billets, donc.
20:20Et en plus, les filles, elles n'y vont pas.
20:23Donc elles n'y vont pas à l'école.
20:25Ensuite, même quand elles y vont, quand elles sortent d'école,
20:28elles se réorientent, parce que c'est des milieux très masculinisés.
20:32Je suis ingénieure, mais je suis devenue DRH.
20:34Exactement. Et puis, celles qui exercent dans le numérique,
20:40elles finissent des fois par être dégoûtées par en partir.
20:42Donc il y a un problème.
20:44Il y a un problème. Concrètement, le gouvernement,
20:46il y a quand même des sujets qui sont à la fois extrêmement importants et sérieux,
20:50et dont on ne sait pas vraiment comment les attraper,
20:52j'ai envie de dire, sur le plan législatif, sur le plan politique.
20:55On voit qu'il y a un sujet d'éducation,
20:57et on voit qu'il y a un sujet de formation.
21:00C'est aux politiques de s'enparer de cela,
21:01ou c'est d'aller voir les parents, les instituteurs,
21:04tous ceux qui sont des leviers éducatifs ?
21:07Alors nous, on dit qu'il faut une politique forte, durable,
21:10de lutte contre les stéréotypes.
21:11Donc en classe.
21:11Et transversal.
21:12Oui, et pas qu'en classe.
21:15En entreprise.
21:15En entreprise.
21:16Et donc nos propositions portent sur,
21:19nous on dit qu'il faut renforcer vraiment,
21:20au niveau de la petite enfance,
21:21on vient d'en parler tout à l'heure,
21:23le partage pour la parentalité,
21:24à l'école, dans les choix d'orientation,
21:27davantage de mixité aussi dans l'emploi,
21:29et puis la sphère du numérique.
21:30Mais il faut aussi bien sûr,
21:32continuer les actions de formation, de sensibilisation,
21:34des personnes qui sont en lien avec les enfants.
21:36Il y a aussi les éducateurs sportifs, etc.
21:38Mais il y a des actions qui sont en cours,
21:39et il y a d'autres actions qui sont prévues par le gouvernement,
21:42qu'il faut continuer.
21:44Nous on insiste sur l'importance d'ici 2030,
21:46sur quelques sphères qui nous paraissent prioritaires,
21:48et que je viens de vous nommer.
21:49Mais 2030 ça me paraissait très loin,
21:50puis en fait c'est dans 5 ans.
21:51C'est dans 5 ans,
21:52et ce qui manque c'est la lutte contre les stéréotypes,
21:55on l'a dit toutes les deux,
21:56c'est une lutte qui est difficile,
21:58et qui est toujours à recommencer.
21:59Et donc il ne faut pas lâcher.
22:01Dans un contexte aujourd'hui un peu compliqué,
22:02de radicalité politique.
22:05Dans un contexte où l'environnement international n'est pas favorable,
22:08et où on constate, encore une fois,
22:10nous on ne s'attendait pas nécessairement à trouver ce résultat,
22:14où on a une résurgence des stéréotypes.
22:15Donc il faut aller plus loin, plus fort,
22:17ça ne veut pas dire qu'on ne fait rien,
22:19mais il faut avoir une continuité dans les actions,
22:22pour compenser,
22:24puisque on est à un moment charnière,
22:26et où on se dit que si on ne fait pas cet effort,
22:29on peut avoir une vraie régression.
22:30Et puis,
22:31Un dernier mot.
22:32Oui, ce sont vraiment les stéréotypes,
22:34le terreau des inégalités.
22:35Donc on ne peut pas atteindre l'égalité femmes-hommes,
22:37si on ne s'attaque pas à la racine,
22:38ce qui les génère.
22:40Oui, effectivement,
22:41avec un creuset sur les familles précaires,
22:43ce sujet-là est posé aussi dans votre rapport ?
22:46Alors là, on n'est pas particulièrement sur les familles précaires.
22:48Là, ce que je voulais dire,
22:49c'était qu'il y avait l'enjeu des stéréotypes,
22:51qui vont générer des inégalités,
22:52mais aussi les inégalités,
22:53qui vont finalement alimenter, nourrir ces stéréotypes,
22:56et c'est plutôt en ce sens,
22:57qu'il ne faut pas mener une lutte que pour l'un ou que pour l'autre,
22:59mais bien une lutte jumelée,
23:01en mettant les stéréotypes de l'avant.
23:03Donc il faut traiter toutes les sphères de socialisation des enfants,
23:08puisque les enfants,
23:09ils regardent,
23:10ils absorbent,
23:12et ils regardent.
23:13Allez donc jeter un œil,
23:14plus qu'un œil,
23:15d'ailleurs, allez lire ce rapport,
23:16qui est un travail scientifique,
23:17mené par des chercheuses économistes,
23:20pour toutes les deux,
23:21rapport France Stratégie sur bilan perspective
23:24de ce stéréotype des genres filles et garçons.
23:28C'est une photographie passionnante.
23:30Merci à vous Marine de Montagnac,
23:31merci à vous Cécile Jolie,
23:32co-autrice de ce rapport.
23:35On tourne une page,
23:35peut-être sur l'emploi du Somme 13 en retard,
23:37et j'accueille mon invité.
23:38On parle de l'IA, justement,
23:40qui est un sujet intéressant.
23:41IA, recrutement,
23:42ils font bons amis.
23:42Fenêtre sur l'emploi,
23:56sur l'IA et les recruteurs,
23:58la perception de l'IA dans le recrutement.
24:01On en parle avec vous Thomas Ford,
24:02Digital Marketing Manager chez Performance SE,
24:05qui est un éditeur d'évaluation des soft skills,
24:08avec une étude qui est très intéressante,
24:10en une phrase simplement,
24:11et que vous allez le développer,
24:13les candidats sont vraiment très mûrs
24:15à l'utilisation de l'IA.
24:16Ils n'en ont pas peur.
24:18Dans votre étude,
24:18on voit quand même que les RH se crispent un peu plus.
24:21Est-ce que je résume bien l'étude ?
24:22Alors, c'est assez bien résumé,
24:24mais en fait,
24:25les deux côtés ont confiance en l'IA,
24:28mais on remarque en fait
24:28qu'il y a plus de confiance côté candidat
24:31que côté responsable RH.
24:33Et en fait, ce décalage-là,
24:35ça indique que les responsables RH
24:37vont avoir une tendance à surestimer les craintes,
24:39et donc à freiner leur usage de l'IA,
24:41alors qu'il faudrait juste plus assumer
24:44l'utilisation de l'IA dans le recrutement,
24:46mieux informer,
24:47et là, on lèverait peut-être les freins,
24:49surtout pour les responsables.
24:50Vous, arrêtez-moi si je me trompe, Thomas,
24:51mais les candidats peuvent,
24:53en un clic,
24:54envoyer des centaines de candidatures,
24:57c'est-à-dire que, globalement,
24:58ils ont compris l'outil,
24:59mais on est un peu quand même,
25:00je vais acheter mon hamburger,
25:02il y a un petit côté conso avec l'IA,
25:04non ?
25:04Est-ce qu'il n'y a pas ce risque-là ?
25:06L'IA, dans les pratiques RH,
25:07ça arrive sous plusieurs formats,
25:09donc là, il y a un format où...
25:10CV, il y a...
25:12Voilà, où l'IA automatise, en fait,
25:14le tri des CV,
25:16la génération de candidatures,
25:19ou même l'aide à la rédaction de feedback,
25:21et puis après,
25:22il va y avoir deux autres formats,
25:23il y a l'IA conversationnel,
25:24qui va permettre,
25:25peut-être sous forme de chatbot ou d'avatar,
25:27donc d'évaluer des hard skills,
25:28maintenant, on en est là,
25:29et il va y avoir l'IA génératif,
25:32qui va aller plus loin,
25:33qui va justement accompagner
25:34la réflexivité du candidat,
25:36donc l'aider à comprendre,
25:37en fait, ses résultats,
25:39et ça va aider l'évaluateur
25:40à se recentrer,
25:40donc les professionnels RH,
25:42à se recentrer sur des rôles
25:43plus stratégiques,
25:43ça va les accompagner,
25:44ça va amplifier.
25:46Donc, ça veut dire,
25:47ça, ces côtés RH,
25:49ils s'appuient sur des outils,
25:51je précise quand même
25:51que l'IA Act a fixé quelques cadres,
25:54et ça, ça impacte forcément l'étude,
25:57avec des outils à ne pas utiliser.
25:58Oui, oui.
25:59Par connaissance sociale,
26:00enfin, il y a quelques outils interdits,
26:02on est d'accord.
26:02Oui, oui, enfin,
26:03c'est pas encore défini,
26:05en tout cas, moi,
26:05je suis pas au courant des contours.
26:06En tout cas, ça monte, sérieusement.
26:08Ça monte,
26:09et ce qu'on voit,
26:10c'est que l'IA,
26:10elle est admise
26:11quand elle accompagne.
26:13Elle est moins admise
26:14quand elle évalue
26:14ou quand elle tranche.
26:16Exactement.
26:16En revanche,
26:17l'objectivité côté candidat,
26:18ça, ça m'intéresse,
26:19les candidats n'ont pas peur de l'IA
26:21parce qu'ils pensent
26:21qu'il n'y a pas de biais,
26:22qu'ils ne seront pas jugés
26:28versus 46 côté projection RH.
26:30On voit que les candidats,
26:31ils sont très demandeurs de l'IA.
26:33En fait, il y a un énorme paradoxe
26:35dans l'IA et les pratiques RH
26:37qui est que c'est le paradoxe
26:38de l'objectivité.
26:39Il y a 72% qui veulent
26:42et attendent que l'IA soit objective
26:43et en même temps,
26:44il y a 50% qui ont peur
26:46que l'IA reproduise
26:47les mêmes biais cognitifs humains.
26:49Et ça, ça montre, en fait,
26:50que l'objectivité de l'IA,
26:52ça ne peut pas être une promesse
26:53qui est technique.
26:54Ça ne peut pas être promis par l'outil.
26:56Elle doit être expliquée,
26:57elle doit être articulée
26:58et incarnée en posture humaine.
27:00Ce que vous dites dans votre étude,
27:01d'ailleurs,
27:01qui vient contrecarrer les 72%,
27:03c'est que l'inconvénient perçu
27:05par les collaborateurs,
27:06on le découvre dans l'animation,
27:0776%, c'est le traitement impersonnel,
27:09bon, ça, d'accord,
27:10c'était vrai pour le numérique en général,
27:1264%, manque de transparence,
27:14ça, ça devient passionnant,
27:15et 53,3%, c'est biais ou erreur.
27:17Donc, vous évoquiez
27:18comme la moitié qui considère
27:19que c'est une machine
27:20qui peut faire des erreurs.
27:21Oui, c'est un peu le serpent
27:22qui se met en la queue.
27:23On estime qu'elle va être
27:25plus objective,
27:26mais en fait, on a peur
27:28reproduisent les mêmes biais.
27:29Et c'est là où il faut s'ouvrir
27:30à des IA, en fait,
27:32qui vont être spécialisés
27:33en psychométrie,
27:34qui vont être,
27:35qui vont alerter sur ces biais.
27:37Donc, en un mot,
27:38cette étude,
27:39elle montre déjà,
27:40d'une manière globale,
27:41que l'IA est en train
27:41de prendre une place
27:42de plus en plus importante,
27:43qu'on soit réticent ou pas,
27:45elle prend une place importante
27:46dans le recrutement.
27:47Ça arrive doucement,
27:50mais sûrement,
27:51parce qu'on voit
27:51qu'il y a un RH sur quatre
27:53qui a déjà utilisé l'IA
27:54pour évaluer un candidat.
27:56Donc, c'est pas massif,
27:58mais la tendance est là
27:59et sous les autres formats,
28:01c'est beaucoup plus présent,
28:02on va dire.
28:05Voilà, ça arrive
28:06et l'utilisation
28:08va se démocratiser.
28:09Étude passionnante
28:10qui ne sortira
28:11que dans quelques jours,
28:12au mois de juillet.
28:13Vous êtes venu nous la dévoiler.
28:15Elle est sous embargo,
28:16mais on a quelques éléments
28:17de cette étude à découvrir.
28:19Elle sera ouverte
28:20et présentable
28:20à partir du 2 juillet.
28:22Étude réalisée
28:23par Performance,
28:24SE à la fin.
28:25éditeur et d'évaluation
28:26soft skills.
28:27Merci Thomas Ford
28:28d'être venu nous rendre visite,
28:29Digital Marketing Manager.
28:31Je vous laisse filer,
28:32comme on dit.
28:32Merci à vous,
28:33merci de votre fidélité,
28:34merci à Nicolas Juchat,
28:36merci à Mani
28:36à la réalisation aujourd'hui,
28:37merci à Thibaut,
28:38au son,
28:39merci à vous
28:40et merci à toute l'équipe
28:40de programmation évidemment
28:41et merci à vous
28:42pour vos messages,
28:43votre fidélité
28:44et l'intérêt
28:44que vous portez
28:44à notre émission.
28:45Je vous dis
28:46à très très bientôt.
28:46Bye bye.