Neuf patrons sur dix pensent qu’il est essentiel de se former continuellement. Or, 62 % déclarent ne pas avoir suivi la moindre formation ces deux dernières années. On en parle avec Hélène Clément, directrice de Bpifrance Université.
00:00Les patrons de PME d'ETI sont tous d'accord pour dire que c'est très intéressant de se former tout au long de sa vie,
00:17sauf que très peu trouvent le temps de le faire et on va en parler puisqu'une étude a chiffré ces problématiques de formation.
00:24C'est une étude de BPI France qui va être présentée par Hélène Clément. Bonjour.
00:28Bonjour.
00:28Donc vous êtes la directrice de BPI France Université, donc cette étude elle est faite avec l'IFOP, c'est ça ?
00:34Exactement.
00:35Et l'idée c'était quoi derrière cette étude ?
00:37Alors l'idée c'était de mettre des chiffres sur nos intuitions et sur ce que nous constatons quand nous échangeons avec les nombreux dirigeants d'entreprises que nous accompagnons.
00:47Parce que BPI France Université depuis plus de dix ans forment les patrons d'entreprises, donc TPE, PME, ETI.
00:54Aussi grandes entreprises un peu, non moins nécessaire ?
00:56Estimés aux grandes entreprises c'est plus pour les patrons et les comités de direction.
01:01Qui n'ont pas les solutions en interne.
01:02Exactement et qui sont impactées par toutes les transformations aujourd'hui, tous les enjeux du moment, ça va très vite.
01:10Et qui n'ont pas aussi forcément tous la formation initiale qui leur permet de balayer toutes les fonctions de l'entreprise.
01:18On va voir un premier chiffre parce qu'il est assez fort, c'est 62%.
01:22C'est la proportion de chefs d'entreprise en fait qui déclarent avoir suivi zéro formation en deux ans.
01:29Alors qu'un autre chiffre de la même étude nous dit que 9 sur 10, 9 dirigeants sur 10 considèrent que c'est très important.
01:35Alors la question c'est comment on explique ce décalage entre savoir que c'est bien mais ne pas le faire ?
01:40Tout simplement, c'est une autre question de cette étude avec l'IFOP, par manque de temps.
01:47En fait ils trouvent que c'est trop chronophage de se former, donc je crois 9 sur 10 avance cette raison.
01:54Également on a un quart qui ont du mal à identifier des formations qui leur conviendraient.
01:58Qui seraient pertinentes.
01:59Tout à fait, parce qu'ils n'ont pas besoin d'un niveau d'experts.
02:04Ils ont besoin de comprendre les tenants aboutissants pour se forger des opinions, prendre des décisions,
02:09challenger leurs équipes, échanger avec des fournisseurs, des clients.
02:12Ils ont besoin de comprendre beaucoup de choses.
02:15D'ailleurs un patron dans une journée prend une myriade de décisions et il ne peut pas être expert dans tout.
02:20Et puis les choses bougent vite.
02:21Il doit savoir faire confiance aussi aux experts d'ailleurs.
02:23Mais justement vous, le message c'est quoi ?
02:25C'est de dire aux dirigeants, vous pensez que vous n'avez pas le temps, mais en fait ce temps vous pouvez peut-être quand même le prendre parce que c'est essentiel.
02:32C'est ça le message.
02:33Exactement, le message c'est que c'est essentiel, si on ne veut pas se faire déborder.
02:37Parce que beaucoup d'enjeux, dans l'actualité on parle d'intelligence artificielle, de cybersécurité, de transition énergétique.
02:44C'est des enjeux assez énormes et qui peuvent être à la fois des menaces ou des opportunités.
02:48Ça dépend comment on les prend, quand on les prend.
02:51Et donc il est hyper important d'être au fait et d'avoir une opinion éclairée.
02:55D'ailleurs on va voir à quoi se forment ces dirigeants.
02:5830% c'est la transfo digitale, l'IA aussi, donc les nouvelles technologies.
03:04En numéro 2, donc les nouveaux business models.
03:06Donc tout ce qui est un peu, on se projette vers l'avenir.
03:09Il y a la transition environnementale, 24%.
03:11Développement personnel c'est quoi ? C'est les soft skills, 24%.
03:15Et 10% sur des thématiques purement opérationnelles.
03:18Et quand on regarde, on se dit seulement 10% sur les problématiques opérationnelles.
03:23Ce n'est pas illogique si on entend que dans les problématiques opérationnelles,
03:27ils vont avoir des experts dans leurs équipes.
03:29Dans leurs équipes.
03:30Mais encore faut-il qu'ils soient capables de comprendre quand ils échangent avec ces
03:34staffs.
03:34On est d'accord, il y a un minimum à avoir mais ce n'est pas leur priorité.
03:38En fait, il y a un manque de temps et après, dans les thématiques possibles, ils priorisent
03:43aussi.
03:44Ceux qu'ils n'ont peut-être pas en interne, par exemple.
03:46Au niveau des formats, j'ai vu dans l'étude, vous vous intéressez aussi aux formats de
03:50formation et c'est très intéressant, c'est que quand on est patron, on n'a pas beaucoup
03:55de temps, donc les meilleures formations sont les plus courtes.
03:58Exactement, c'est exactement ça.
04:00Donc ça, c'est très utile pour nous, pour orienter les formats que l'on propose.
04:04On voit que le présentiel est plébiscité quand même.
04:06L'humain, avoir le prof en face.
04:08Plus de la moitié des dirigeants veulent de la formation présentielle, pas trop longue,
04:13maximum une journée et surtout, ce qu'ils attendent, ce sont des ateliers pratiques
04:18et des échanges entre pairs.
04:19C'est aussi là que le présentiel…
04:20Un peu de mentorat ?
04:21Oui, en fait, d'échanger les expériences.
04:24Ceux qui ont pu connaître, de manière positive ou négative d'ailleurs, certaines
04:28expériences, les partagent avec les autres.
04:30Ils se sentent moins seuls aussi, puisque ce ne sont pas forcément des choses faciles
04:33à partager avec ces équipes.
04:34Déjà, ce qui se fait quand on est dans de l'accompagnement de création d'entreprises,
04:37en fait, que vous faites beaucoup aussi chez BPI, c'est que les nouveaux créateurs
04:40d'entreprises, la meilleure formation, c'est d'être épaulée par un créateur
04:44qui a déjà approuvé.
04:47Et sur les formations, en fait, ils veulent remettre en place le même mode opératoire.
04:50C'est un peu la même chose, oui.
04:51Effectivement, entre pairs, de se donner des tips ou de se mettre en garde sur certains
04:57écueils, c'est hyper important.
04:58Et donc, avec les résultats d'une étude comme celle-là, comment vous évoluez
05:03au niveau des offres de formation ?
05:05J'imagine que le digital, par exemple, on sait que c'est le futur, mais on ne peut peut-être
05:09pas trop aller dans le digital.
05:11On y va.
05:12On a une série sur l'intelligence artificielle qui est assez importante, avec une gradation
05:18et un niveau, ce n'est pas de l'expertise, mais qui devient de plus en plus complexe.
05:23On n'est pas du tout sur la sensibilisation de base.
05:27On n'en fait pas des experts.
05:28On n'en fait pas des experts, mais on va aller creuser dans certains secteurs quel est
05:33l'impact de l'intelligence artificielle, à quoi il faut réfléchir.
05:36Donner beaucoup d'exemples, parce que c'est vraiment ça qu'ils cherchent.
05:39L'inspiration, les exemples.
05:42Et là, aujourd'hui, disons, imaginons, moi, j'ai ma petite entreprise, j'ai envie de
05:46suivre une de vos formations à BPI France Université.
05:49Comment je procède pour m'inscrire et obtenir cet accès ?
05:52Alors, on a une plateforme, c'est bpifrance-université.fr, tout simplement, et vous créez un compte.
05:58Il y a beaucoup de contenus, beaucoup de contenus gratuits.
06:02C'est important pour les PME ?
06:03Voilà, c'est un plus.
06:06Le présentiel, pour l'instant, est réservé au cadre des accélérateurs,
06:11des programmes structurés qui associent aussi du conseil, mais on réfléchit à l'ouvrir plus largement.
06:17On est créateur notamment d'entreprises.
06:18Alors, on est plutôt sur des entreprises déjà créées qui veulent s'améliorer
06:23pour se pérenniser, pour être plus compétitives.
06:26Très bien.
06:27Écoutez, on espère que ça va s'améliorer, que plus de patrons de PME, de TI vont se former
06:33puisqu'ils savent que c'est important.
06:35Peut-être que vous reviendrez dans un an pour faire un point sur la progression de ce taux de formation.
06:39On va continuer Smart Job avec un grand entretien.
06:42On va s'intéresser, on va prendre le pouls du monde du travail grâce à David Borper,