- 23/06/2025
Les clefs d'une vie avec Julien Clerc, chanteur et compositeur français.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-06-23##
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PersonnesTranscription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05Votre présence est doublement symbolique au micro de Sud Radio aujourd'hui.
00:09D'abord parce qu'un album intitulé Une vie, il est impossible de ne pas l'évoquer dans les clés d'une vie.
00:15Et ensuite parce que vous êtes le 1500ème invité de cette émission.
00:19C'est dire si aujourd'hui, grâce à votre présence, nous sommes à la fête.
00:22Bonjour Julien Clerc.
00:23Bonjour.
00:24Vous revenez avec un nouvel album.
00:26Une vie d'ailleurs, ça a failli être le titre de votre tournée au départ.
00:29Ça va être le titre de la tournée, oui.
00:31Mais ce n'était pas forcément le titre d'un album au départ.
00:33Non, non.
00:34Alors, on va évoquer votre parcours.
00:36Et la première date que j'ai trouvée, c'est un point commun que nous avons entre nous.
00:40Le 17 septembre 1973, j'ai pour la première fois parlé à la radio devant vous.
00:46Je ne sais pas si vous vous en souvenez.
00:48À RTL Non-Stop.
00:49Ah, mais c'était avec Bouvard.
00:50Exactement.
00:50J'étais le gendarme de service.
00:52Oui !
00:53Qui disait incidemment et subséquemment qu'il y avait une casquette trop grande pour lui.
00:57Et c'était ma première apparition à la radio.
01:00On avait tous très peur quand on allait à Bouvard parce que c'est lui qui a lancé
01:04la mode dégratiner les invités.
01:06Exactement.
01:07Et ce jour-là, j'avais très peur car je n'avais jamais parlé au micro.
01:10Et vous m'avez regardé avec une telle gentillesse que ça m'a donné le courage de parler
01:14et de lire mon texte que j'avais préparé.
01:17C'est un événement important.
01:19Et donc, vous êtes finalement mon parrain à la radio, Julien Clerc.
01:21Très bien.
01:22Je ne peux pas vous en dire.
01:24Alors, à cette époque-là, vous sortiez cette chanson.
01:28C'est une chanson de septembre 73.
01:36Et c'est vrai que le bon Dieu, il doit sourire en observant votre parcours car votre parcours
01:40est exceptionnel.
01:41J'avais des paroles d'Étienne Rodagy, j'en avais enregistré ça à Londres, d'ailleurs.
01:46Exactement.
01:47Et vos débuts à la télévision, c'était dans une émission, je ne sais pas si vous vous
01:50souvenez, qui s'appelait Tilt Magazine.
01:52Oui.
01:52Et c'était Claude Chebel qui était à l'époque animateur, qui vous avait interviewé.
01:57Oui.
01:57Vous aviez 20 ans et vous faisiez votre premier disque, tout timide, en continuant votre
02:02licence d'anglais.
02:03Oui.
02:04Vous vous en souvenez ?
02:05Oui, bien sûr.
02:07Vous n'aviez pas l'air d'avoir le tract en plus.
02:09Oh si, je pense que je l'avais beaucoup, mais enfin, j'ai un air comme ça, souvent
02:14les sentiments sont très rentrés, donc je ne le montrais pas.
02:17A l'époque, Tilt, c'était aussi une émission présentée par Michel Drucker, et c'était
02:21le titre d'un journal qui était le premier par image des jeunes, je ne sais pas si vous
02:24vous en souvenez.
02:25Ah oui, oui, voilà, vous m'en rappelez des choses, j'avais oublié ça complètement.
02:29Et cette chanson que vous aviez interprétée à la télévision, c'était celle-ci.
02:32Quand on pense bien clair que votre première rencontre avec un directeur artistique, il
02:49vous a écouté et il vous a conseillé de poursuivre vos études.
02:52Oui.
02:52C'est vrai ?
02:54Oui, il m'avait dit, non, ça ne va pas, ce n'est pas ça qui marche en ce moment.
02:59Et il m'avait fait écouter Enrico Macias en me disant, voilà, voilà, c'est ça qu'il
03:04voudrait mieux faire.
03:05Et vous l'aviez écouté ou non ? Ça vous avait démoralisé ?
03:07Non, mais il y a des très très bonnes chansons d'Enrico Macias, mais enfin bon, vous
03:13voyez la vérité, j'étais sorti vexé comme un poux quand même.
03:16Quand même, oui.
03:17Et je m'étais dit, soit j'y arriverai autrement, soit j'y arriverai pas, mais je n'auditionnerai
03:24plus jamais de ma vie.
03:25C'est ce que vous avez fait ?
03:27Bah si quand même, parce que j'ai bien été obligé d'auditionner, mais alors il se
03:32trouve que c'était un cousin, figurez-vous.
03:34Alors à ce moment-là, la promesse que je m'étais faite a pris du plomb dans l'aile
03:38et je suis allé auditionner auprès de lui.
03:39Parce que c'était un cousin, mais on ne se connaissait pas.
03:42Alors, vous êtes tous à cette époque, Julien Clerc, considéré comme un véritable ovni
03:46dans le monde de la chanson, dans ce monde du rock et des yéyés.
03:49Bah oui, en plus, il y avait des tiroirs, beaucoup à l'époque.
03:53Alors il y avait les yéyés, comme vous dites, qui étaient juste avant moi.
03:57Il y avait, après, la chanson, ça se séparait en deux ou trois tiroirs.
04:01Là, il y avait le rock, il y avait la bonne chanson française, il y avait la chanson de
04:06variété.
04:07Alors moi, on m'avait mis dans le tiroir de la variété.
04:10Il se trouve que Claude Carrère, en écoutant votre premier disque, a dit à l'arrangeur
04:13de ce premier disque, qui était Jean-Claude Petit.
04:15Mais qu'est-ce qu'il chante, Julien Clerc ? C'est quoi ces chansons ?
04:19Oui, il avait dit, mais qu'est-ce qu'il raconte, ce jeune pour qui tu travailles ?
04:23Il est vrai que les paroles d'Étienne pouvaient être, par moments, surprenantes.
04:28Il a apporté un espèce de vent frais dans la chanson française, c'est sûr.
04:34Et est-ce que vous imaginez un tel destin, quand un matin, en sortant de la Sorbonne,
04:39vous entrez à l'écritoire, qui était le café à côté, et vous demandez s'il y a un auteur
04:42dans la salle ? Ah oui, parce que je composais des musiques,
04:45et je n'avais pas d'auteur, je ne connaissais personne, bon.
04:49Et il fallait bien que je trouve quelqu'un pour écrire des paroles.
04:51C'est incroyable.
04:53J'ai dit ça, donc c'était le bistrot où on se retrouvait tous, tous les jours.
04:57Et j'ai dit, il n'y a pas quelqu'un qui écrit des paroles ici,
05:00et il y a quelqu'un qui a dit, si, moi.
05:02Et c'était Tienne Rodagil, quelle chance.
05:04Mais comment avoir l'idée de demander dans un café ?
05:07Qu'est-ce que vous voulez ? Où voulez-vous que je demande ?
05:10L'endroit qui me semblait le plus approprié,
05:13cet endroit, il y avait des gens de mon âge, tous les jours.
05:16Et c'est ce qu'a fait Bruno Cocatrix, quand il a créé son premier orchestre,
05:20il y avait un bar à Pigalle où se réunissaient tous les musiciens.
05:22Il est entré, il a dit, est-ce qu'il y a des musiciens qui veulent travailler avec moi ?
05:25Et c'est comme ça que ça a démarré.
05:27C'est fou, hein ?
05:27Alors, il se trouve qu'Étienne Rodagil parlait français, au départ, il est catalan.
05:32Il est catalan, il était fils de réfugiés, en fait.
05:35Oui, oui.
05:36Catalans, pendant la guerre d'Espagne.
05:38Et il est né dans un camp de réfugiés à Montauban.
05:41Oui, et il a vécu la misère dans son enfance.
05:44Il a même failli disparaître du scorbut.
05:46Ah oui, je ne savais pas ça.
05:48Et sa mère l'a soigné avec des citrons, ils n'avaient pas beaucoup d'argent.
05:51Et c'est ce qui l'a sauvé du scorbut.
05:53Ah, dites donc.
05:53Moi, je me souviens très bien de sa maman qui était...
05:57On habitait tous les deux la banlieue sud, moi à Bourg-la-Reine.
06:01Et lui, un peu plus dans le sud, vers Antony, qui était un quartier plus populaire.
06:05Il habitait à HLM, là.
06:07Et je me souviens très bien de cette petite dame habillée de noir.
06:11Elle était veuve.
06:12Et elle parlait avec un fort accent catalan.
06:15Alors, lui, après, il a appris le français.
06:16Il a passé une licence de lettres.
06:18Et vous avez un point commun avec Rodagil.
06:20C'est l'amour de la poésie que vous devez à votre père.
06:23Oui, bien sûr.
06:24Moi, mon père a essayé toute mon enfance et toute ma scolarité de me faire aimer les belles lettres, on va dire.
06:33La poésie, mais aussi les romans bien écrits, etc.
06:37Et il devait être un petit peu désolé, mon pauvre père.
06:39Et puis, finalement, j'ai accédé, finalement, d'une autre façon à ses espérances.
06:46Je crois qu'il vous a fait découvrir Aragon, Marguerite Ursenar.
06:49Oui, c'était très bien de sa part.
06:52C'était très honnête, mais il était honnête intellectuellement.
06:56Il était d'une tendance politique qui n'avait rien à voir avec celle d'Aragon.
06:59Mais il était très gaulliste, mon père, et plutôt à droite.
07:03Et je l'ai toujours entendu dire, c'est un des plus grands poètes français, nonobstant son engagement politique.
07:09Donc, je trouvais ça bien, de sa part, de me faire, je veux dire, c'était une bonne façon de commencer dans la vie,
07:19de me faire aimer quelqu'un dont il ne partageait pas forcément les idées.
07:23Et puis, je crois que votre livre de chevet pendant des années, Julien Clerc, ça a été les contes et nouvelles de Maupassant.
07:28Ah oui, oui, bien sûr.
07:29Ça l'est toujours, plus ou moins.
07:31Parce que je crois qu'il y a 300 contes qui ont été publiés dans les journaux.
07:35Bien sûr.
07:35Et ils sont aujourd'hui dans la pléiade.
07:37Oui, oui, c'est pas oui.
07:37Et pourquoi ?
07:38Je les ai lus tous plusieurs fois.
07:40Je ne sais pas, parce que c'est sans doute l'influence de mon père, certainement.
07:45Mais je trouve que c'est une langue à la fois facile, tellement bien écrite.
07:51Et puis, c'est une vision, un regard sur l'humanité qui n'est pas très optimiste, mais qui est malheureusement assez juste, souvent.
08:01Alors, vos études, c'est au lycée La Canale de Sceaux, où d'ailleurs, il y a eu un écrivain célèbre qui a été professeur, c'est Pierre Benoît.
08:07Oui, oui, oui, bien sûr.
08:09Et Maître Capello a été professeur à La Canale ?
08:10Ah, mais je le voyais tout le temps, en plus, il venait tout le temps dans notre classe, parce qu'il faisait plus ou moins, il aimait bien notre prof d'anglais, qui était, je me souviens, une petite dame qui venait en vélo, et Capello, il venait tout le temps, tout le temps, il venait dans notre classe.
08:27C'était incroyable, parce qu'il venait là, je ne sais pas, il était attiré par cette jeune femme.
08:33Et donc, il venait là, à voir, soi-disant, surveiller si on ne chahutait pas.
08:39Oui, après, il a fait de la télé avec le mot le plus long, les jeux de 20 heures.
08:43Bien sûr.
08:44Il est devenu célèbre.
08:45Alors, le côté père aussi, vous l'évoquez dans ce nouvel album, avec une chanson qui s'appelle « Un père, c'est fait pour ça ».
08:51Dis-moi, qui t'affaibleraient, dans ce chagrin d'été, où le soleil a pris...
09:05Cette chanson est née, je crois, un soir de réveillon, dans des circonstances particulières.
09:09Oui, j'avais commandé une chanson à Barbe Livien, une chanson d'amour d'un homme et d'une femme, où l'homme est plus âgé.
09:21Et il m'avait écrit la chanson, effectivement, et elle ne me convenait pas, bon.
09:30Et c'était affreux, parce qu'on devait passer le réveillon ensemble, et il a dû se rendre compte que ça ne m'allait pas.
09:37Et ça me tordait le ventre, bien sûr, parce que d'avoir à passer toute sa soirée, et puis j'aime pas refuser, ça m'arrive souvent, mais j'aime pas refuser aux auteurs.
09:46Bon, et donc, et en fait, il a quitté la table à un moment donné, et il est revenu une ou deux heures après, avec...
09:55Il avait écrit une toute autre chanson, plutôt un père avec sa fille.
10:01Et vous dites de cette chanson qu'elle pourrait plaire à tous les papas ?
10:05Oui, je crois, j'ai vu, je me suis rendu compte que tous les pères, en particulier ceux qui ont des fils, des filles, pardon, sont touchés par cette chanson.
10:14Et vous pouvez être fier de vos filles, Angèle que vous avez adoptée, et Vanny qui fait une très belle carrière, je pense que...
10:20Et Jeanne, Vanny qui fait une carrière dans la musique, Jacques dans le cinéma, Angèle qui écrit une série qui marche extrêmement bien à télévision,
10:32qui s'appelle l'art du crime, qui est, à mon sens, tout à fait le genre d'œuvre que devrait faire la télévision toujours,
10:40c'est-à-dire du divertissement, et en même temps, quelqu'un qui vous... et en même temps, quelque chose qui vous divertit, mais qui vous apprend quelque chose.
10:48Vous devez quand même être fier de leur parcours ?
10:49Ben écoutez, je suis extrêmement fier d'elles, oui, parce qu'elles ont choisi un métier artistique, on sait que c'est pas facile, mais on sait que ça peut rendre heureux aussi.
11:05Et vous nous rendez heureux, et on va continuer à être heureux en vous écoutant à nouveau dans quelques instants, avec une autre date, le 3 septembre 1992.
11:12A tout de suite sur Sud Radio, avec Julien Clerc.
11:15Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:18Sud Radio, les clés d'une vie, la 1500ème émission, avec Julien Clerc, que je remercie 1500 fois d'être là.
11:25Non, ça fait plaisir.
11:26Pour ce nouvel album Une vie, on écoute des extraits, on va en parler plus longuement de tout à l'heure.
11:31Et puis, il y a une date importante, le 3 septembre 1992, vous avez été le témoin privilégié d'une soirée historique.
11:39Ça reste d'un point de vue, disons, du spectacle politique, peut-être...
11:43Le traité de Maastricht, un débat entre Philippe Seguin et François Mitterrand, et vous êtes là.
11:49Oui, j'étais là parce que Guillaume Durand m'avait demandé de venir chanter une chanson que nous avions écrite, qui s'appelait Terre de France.
11:58Oui.
11:58Et donc, pour ce débat, ça lui semblait aller avec ce débat, donc qui était sur l'Europe, où Mitterrand avait mis tout son poids dans la balance.
12:08Non, ce qu'il y avait de très passionnant ce soir-là, c'est qu'il était extrêmement malade, et que dès qu'il y avait des arrêts pubs, comme on dit,
12:16il allait dans une pièce, c'était à la Sorbonne, une pièce là, qu'il lui avait mis, qui était sa loge,
12:26et il était suivi par le fameux médecin dont on a vu toutes les photos, et je crois qu'il lui donnait des remontants.
12:34Et après, il revenait. Cette soirée était exceptionnelle. D'abord, parce qu'il y a une passe d'armes avec...
12:44Philippe Seguin ?
12:45Non, non, non. Avant, avec Normesson. Extraordinaire. Une extraordinaire passe d'armes de deux hommes de la même génération,
12:56qui sont deux hommes extrêmement cultivés, férus d'histoire, et surtout extrêmement pleins d'humour l'un et l'autre.
13:05C'est une formidable passe d'armes.
13:07Et d'ailleurs, Normesson était la dernière personne à voir Mitterrand quand il a quitté le pouvoir.
13:11Mais oui, oui. C'est drôle, parce que c'était un ennemi politique, mais je pense qu'il s'estimait beaucoup intellectuellement.
13:17Et puis, après, il y a le débat avec Philippe Seguin, et il avait beau être extrêmement malade,
13:26quand on était présent, on avait vu, au fur et à mesure des minutes qui passaient,
13:34que la machine Mitterrand se chauffait, et il avait beau être... Je pense qu'il souffrait beaucoup ce soir-là.
13:42Il avait été brillantissime, imbattable dans le débat, qui était un des trucs qu'il préférait au monde.
13:49Et moi, j'étais dans ma loge avec Philippe Seguin. Je partageais la loge avec lui.
13:55Il transpirait abondamment, et il m'avait dit... Il regardait sur l'écran, il attendait de passer, finalement.
14:03Et il voyait l'autre qui se chauffait au fur et à mesure.
14:07Et il m'avait dit, je suppose que vous n'avez pas le train que vous.
14:10Et je lui avais dit, mais arrête, détrompez-vous, j'ai énormément le trac.
14:17Et lui, il était... Et il est arrivé.
14:20D'ailleurs, ses amis politiques, paraît-il, lui ont reproché beaucoup de ne pas avoir débattu correctement.
14:26Il a été... Je pense qu'il a été séduit.
14:30Vous savez que Mitterrand avait une très grande force de séduction, y compris avec ses ennemis politiques.
14:35D'ailleurs, vous l'avez rencontré plusieurs fois, et à chaque fois, vous avez été impressionné par cette lumière, ce charisme très particulier.
14:42Oui, à chaque fois. Quand il rentrait dans une pièce, il avait cette chose-là, effectivement.
14:47Et puis, il avait une façon... Il avait une façon... D'abord, c'était un excellent conteur.
14:55Donc, il ne racontait que ce qu'il voulait raconter, bien sûr.
14:57Mais toujours, c'était... Il nous soulevait des coins du voile de la grande histoire, un petit peu.
15:03Donc, c'était toujours extrêmement passionnant.
15:05Et comme il racontait ça dans les dîners, en parlant extrêmement bas, il ne parlait pas fort du tout.
15:13Il ne parlait fort que dans les... On l'a vu dans les meetings, bien sûr.
15:17Mais... C'est un orateur brillant, mais dans la vie, il parlait extrêmement doucement.
15:22Donc, tout le monde se taisait pour écouter.
15:23Et souvent, la voix restait très basse et les pensées volaient à un très haut niveau.
15:33Donc, c'était drôle, les deux choses.
15:37Cette voix très basse qui énonçait souvent des idées très hautes.
15:42Je crois que vous l'avez rencontrée pour la première fois, quand il était en premier secrétaire,
15:46lors d'un dîner chez Gisèle Halimi.
15:47Oui, elle m'avait demandé ça. Elle m'avait dit est-ce que ça t'amuserait de rencontrer le premier secrétaire ?
15:53J'avais dit oui. Elle m'avait dit, lui, il voudrait bien te rencontrer.
15:57Donc, j'avais dit ok. On avait fait un dîner. Je n'étais pas seul, d'ailleurs.
16:02Mais nous étions venus avec Angèle, justement, Miu Miu et moi.
16:07Et il y avait aussi Marlène Jobert, je crois, dans ce dîner.
16:10C'était un dîner où il était arrivé en retard.
16:11Il avait la réputation d'être en retard.
16:16Parce que quand il traînait sur les quais, ou s'il tombait sur un libraire,
16:20il pouvait rester là-dedans longtemps, feuilleter des bouquins et tout.
16:25Et il était fidèle à sa légende. Il était arrivé assez en retard.
16:30Et puis, ça avait été une soirée formidable.
16:34Angèle peut dire qu'elle a sauté sur les genoux de Mitterrand lors de ce dîner.
16:41Alors, ça n'empêche que vous avez toujours défendu la société sans jamais prendre de position politique, Julien Clerc.
16:47Non, je n'ai pas pris de position politique parce que je trouve que ça n'est pas notre emploi.
16:53Autant on peut défendre des projets sociétaux.
16:57Mais c'est aussi, sans doute, parce que j'arrive d'un milieu, de deux milieux, en fait.
17:03Et c'est quand même encore assez rare à notre époque que deux personnes d'un milieu social bien différent se marient.
17:12Et donc, deux milieux où il y avait deux tendances politiques qui s'affrontaient, d'ailleurs.
17:18Et moi, j'ai vécu ça.
17:20J'ai été balotté dans le bon sens.
17:21Enfin, de l'un à l'autre.
17:23J'allais le week-end chez ma mère où il y avait mon grand-père communiste.
17:27Dans la semaine, j'étais à Bourg-la-Reine avec mon père gaulliste.
17:30Et ça m'a donné à la fois un intérêt pour la politique et ça m'a découragé à jamais de m'engager sur une seule tendance.
17:42On peut dire que je me suis méfié des extrêmes, ma vie.
17:47En revanche, vous évoquez la société, l'effet de société dans votre nouvel album.
17:51avec une chanson très émouvante qui s'appelle « Les parvis ».
17:54Cette chanson est inspirée par un fait dramatique et une image étonnante.
18:13Stéphane Voirin qui perd sa femme, Agnès assassiné, et il danse devant le cercueil.
18:17Ça vous a marqué ça ?
18:18Oui, beaucoup, mais je dois à Paul Ecole qui a écrit des paroles et à qui j'avais envoyé cette mélodie,
18:25et qui m'a, en retour, envoyé les paroles et la vidéo de Stéphane Voirin.
18:31Et c'est vrai que je n'avais jamais vu cette vidéo,
18:33donc j'ai été extrêmement reconnaissant à Paul Ecole de m'avoir fait chanter ça.
18:41Et j'ai eu la chance de pouvoir lui parler à cet homme parce que je voulais le prévenir quand même
18:47qu'il risquait d'entendre parler de ça, puisque c'était la chanson qui allait être le premier extrait de l'album.
18:53Et on a parlé assez longuement, c'était vraiment formidable, j'ai compris pourquoi il avait fait cette danse,
18:59puisque parmi les nombreuses choses que cette femme lui avait fait partager, il y avait l'amour de la danse.
19:06Et vous avez l'amour de votre prochain, et j'ai retrouvé un jour un document,
19:11un petit passeport bleu à votre nom, et vous défendez les réfugiés afghans,
19:18vous êtes commissaire aux réfugiés en 2003, avec un magnifique passeport,
19:22avec Paul, Alain, Auguste, votre troisième prénom.
19:26Prénom de mon grand-père.
19:28C'est vrai que ce passeport, les réfugiés afghans, ça a été important pour vous ?
19:31Non, c'était les réfugiés, on va dire en général, c'était une cause où ils étaient venus me chercher,
19:38en fait ils m'ont demandé ma chanson Partir, pour faire un clip sur les réfugiés.
19:44On était en pleine période, il y avait beaucoup de réfugiés en Afrique, de gens déplacés, tout ça.
19:53Et bien sûr, je leur avais donné ma chanson,
19:55et une personne qui travaillait la OHCR,
20:00et qui était venue me trouver pour avoir la musique pour ce clip,
20:05m'avait dit, est-ce que ça t'amuserait d'en faire un peu plus, de participer ?
20:09Est-ce que tu veux venir voir avec moi les bureaux à Genève ?
20:14Alors j'avais dit, oui, je veux bien.
20:16Et j'ai fait une ou deux missions en Afrique, toutes les deux.
20:23Mais j'ai essayé de lever des fonds, j'ai fait des concerts,
20:27je me souviens, c'est assez rare pour le signaler,
20:31d'Ouste Blasie, alors ministre des Affaires étrangères,
20:35qui avait mis une salle et le ministère des Affaires étrangères à notre disposition
20:40pour faire une soirée, pour lever des fonds pendant lesquels je chantais.
20:44Mais dans ces missions, je me suis rendu compte
20:47que le monde était en train, à l'époque, de devenir de plus en plus dangereux.
20:52Et quelqu'un comme moi qui se déplace dans une mission sur le terrain,
20:57par définition ce sont des missions dangereuses,
21:00j'ai été plus encombrant qu'autre chose.
21:02Il s'est obligé de mettre des soldats, etc.,
21:07pour sécuriser le déplacement.
21:10Et j'ai trouvé que j'étais plus gênant qu'autre chose.
21:14En tout cas, il faut quand même avoir fait tout ça
21:17et que vous avez fait encore beaucoup d'autres choses.
21:18Il y a une autre date importante dans votre vie que j'ai trouvée,
21:21le 6 mai 1999.
21:23On en parle dans quelques instants sur Sud Radio, avec Julien Clerc.
21:26Sud Radio, la 1500e émission des Clés d'une vie,
21:32avec un invité exceptionnel, Julien Clerc,
21:35de par son parcours, de par son talent,
21:37avec ce nouvel album Une vie,
21:38on écoute quelques extraits au fil de l'émission,
21:40et puis des dates.
21:42Et le 6 mai 1999,
21:44c'est votre dernier concert à New York,
21:46au Florence Gleud Institute.
21:49C'était une tournée aux Etats-Unis, en français.
21:52Oui, c'était organisé par les alliances françaises.
21:57C'était formidable.
22:00C'était une tournée.
22:01On n'a chanté pas qu'aux Etats-Unis,
22:03dans cette très grande tournée.
22:06On a chanté au Cambodge.
22:08Vraiment, on est allé en Asie.
22:11C'était formidable.
22:12Et c'était drôle, oui, de chanter là.
22:16Mais c'était...
22:17J'avais un tract terrible.
22:18Sans doute parce que c'était New York.
22:20Oui, mais en français,
22:22bon, Aznavour a chanté en anglais,
22:23mais vous, vous ne chantez qu'en français.
22:26Oui.
22:27Oui, oui, je suis un chanteur français.
22:29Vraiment, c'est la langue française.
22:32C'est la langue qui...
22:33C'est cette langue-là qui fait ma musique.
22:37C'est la langue française.
22:39Et l'Institut Florence Gould,
22:40c'était une mécène, cette femme,
22:42qui organisait des salons littéraires,
22:44qui a déçu une immense fortune.
22:45Et elle a son nom aujourd'hui
22:46dans une salle de l'hôpital américain
22:48et à l'Opéra Garnier.
22:49Oui, c'est vrai.
22:49C'était assez étonnant.
22:51Alors, les tournées, justement,
22:52ça fait partie de votre vie en permanence.
22:55C'est le cas aussi de quelqu'un d'autre
22:56qui a participé à votre album
22:59et c'est un événement.
23:13Serge Lama a écrit cette chanson.
23:15C'est quand même extraordinaire, Julien Clerc.
23:17Oui, parce que c'était extraordinaire,
23:19c'est d'enfin travailler ensemble,
23:21on va dire.
23:21Et enfin, de se connaître.
23:23On aura passé toute notre vie
23:25en se croisant, en fait.
23:28Et Dieu merci.
23:32Je ne sais plus, je crois que c'est moi
23:33qui lui ai demandé des textes pour cet album.
23:35Et là, on s'est mieux connus.
23:37Et j'aurais regretté de ne pas le connaître,
23:41comme c'est le cas maintenant.
23:42Il avait le trac en vous proposant ces paroles.
23:44Il paraît.
23:45Il paraît, il a dit ça l'autre jour.
23:48On a peur quand on écrit pour lui.
23:50Il a dit...
23:51Non, il exagère un peu.
23:52Mais c'est vrai qu'il est tellement entier,
23:54tellement inquiet aussi.
23:56C'est vrai qu'on parlait d'Étienne Rodagil
24:00au début de cette émission,
24:02d'avoir eu la chance de commencer avec lui.
24:08Tous les auteurs, après, par la suite,
24:10à qui j'ai demandé des textes,
24:12qui quand même voyaient, on va dire,
24:16le talent d'Étienne Rodagil,
24:18ont toujours fait attention aux textes
24:20qu'ils m'ont donné par la suite, bien sûr.
24:21Alors donc, Serge est comme les autres.
24:24Vous savez, Barbolivien m'a dit récemment,
24:26pendant que nous écrivions cet album,
24:29il m'a dit, mon camarade,
24:30ça devient de plus en plus difficile
24:31d'écrire une chanson d'amour pour toi.
24:33Je comprends ce qu'il veut dire.
24:35Les auteurs m'ont beaucoup fait chanter
24:37l'amour dans ma vie.
24:39C'est vrai que là, il faut encore,
24:40faut-il trouver l'angle et le sujet
24:42qui aille avec un chanteur
24:45qui a beaucoup, beaucoup chanté ça dans sa vie.
24:49Effectivement, les années 70-80,
24:50vous tourniez beaucoup, Serge Lamas aussi.
24:53Moi, je me souviens de ses concerts
24:54au Palais des Congrès.
24:55Il a ouvert le Palais des Congrès
24:57quand personne ne voulait y aller.
24:59On lui a dit, c'est une folie.
25:00Et il a battu tous les records de recettes
25:02pendant des années.
25:03Ah oui, mais il était...
25:04Quand on sait comment il souffrait physiquement,
25:07la vie qu'il a menée sur la route
25:09pendant des années, c'est admirable.
25:11Et les tournées aussi, pour vous,
25:12c'était un bonheur,
25:13ça a toujours été un bonheur.
25:14Nous sommes une génération
25:16qui ne se posait aucune question là-dessus.
25:19Être chanteur, c'est chanter sur les routes.
25:21Voilà, partir sur les routes.
25:23Nous avons tous, tous les gens de ma génération
25:25avons passé notre vie sur la route.
25:28Et les moments de calme,
25:29vous les avez beaucoup passés à la campagne.
25:31Parce que vous avez été pendant des années
25:33à la campagne.
25:34Je crois que d'abord, il y a eu Lyon
25:35où vous collectionnez les voitures anciennes.
25:38Oui, alors ça, c'est la première maison.
25:40J'ai eu deux maisons dans Lyon.
25:43Et effectivement,
25:44j'aurais beaucoup aimé être collectionneur
25:46dans ma vie,
25:46ce que je ne suis absolument pas.
25:48Alors là, je m'étais dit
25:50peut-être les voitures anciennes,
25:51je vais y arriver.
25:52Puis non, je m'en suis désintéressé
25:53très rapidement.
25:54Mais j'en avais quand même deux,
25:56vraiment des vieilles voitures.
25:58J'avais une Talbot Le Mans.
26:00Je crois que c'était quand même aujourd'hui
26:01une voiture qui signifie quelque chose
26:04pour les collectionneurs.
26:05et j'en avais une autre,
26:07une Ballot.
26:08Alors là, je ne sais pas si c'est des gens
26:11où on sent encore sûrement des collectionneurs.
26:13Mais j'avais bien commencé.
26:15J'avais bien commencé.
26:16Puis je m'en suis désintéressé rapidement.
26:19Il y avait les chevaux vapeur
26:19et les chevaux tout court.
26:20Oui, c'est ça.
26:21Les chevaux, ça a été très important
26:22dans votre vie.
26:23Oui, les chevaux, ça a été important
26:24dans ma vie.
26:24Je me suis d'abord promené
26:26et puis après, en épousant une cavalière,
26:29j'ai fait ce sport-là
26:30à un niveau d'amateur, bien sûr.
26:32Mais pendant des années,
26:33pendant plus de dix ans.
26:36Et franchement, tous mes week-ends
26:37et toutes mes vacances,
26:39oui, je faisais des concours hippiques.
26:41Mais c'était épuisant en même temps.
26:43Ben, c'était surtout...
26:44Non, c'était épuisant nerveusement
26:45parce que je travaillais toute la semaine.
26:48Je n'étais pas particulièrement doué.
26:50Et au moment des concours,
26:53je ne pouvais pas nier qui j'étais.
26:54Donc, j'avais une double peine,
26:57si vous voulez, une double pression.
26:58J'avais le track de la compétition
27:02plus le track des gens
27:03qui venaient voir comment j'allais réussir
27:06ou rater, d'ailleurs.
27:08On pense souvent à l'homme
27:09qui murmura à l'oreille des chaux,
27:10film que vous avez sans doute vu
27:11avec Robert Redford.
27:12Oui, bien sûr.
27:13Ce qu'on ne sait pas,
27:13c'est qu'un jour, pendant un tournage,
27:15il voit un cheval abandonné,
27:16personne ne s'en occupait,
27:17il a sauvé le cheval.
27:18Oui, oui.
27:18C'est étonnant.
27:19Non, mais il doit aimer.
27:21C'est vrai que quand on...
27:24Moi, j'ai rencontré
27:24beaucoup de gens de chevaux,
27:26ça peut occuper...
27:27Je comprends.
27:28Je comprends que ça occupe une vie.
27:30Moi, je n'aurais pas pu.
27:32Et puis, moi, je faisais ça en amateur.
27:34Mais je comprends
27:36que ça puisse occuper toute une vie.
27:38Et puis, effectivement,
27:40aimer la nature ne vous empêche pas
27:41de chanter la ville,
27:42notamment vos nuits de centre-ville.
27:45Mes nuits de centre-ville
27:47Où je délaisse un peu
27:52les oiseaux de malheur.
27:56Je n'ai même plus la sensation
27:59que passe l'heure
28:01Dans les gares,
28:04rentrent les anges à vapeur.
28:07Chanson de Benjamin Gullet
28:08qui vous a beaucoup accompagné
28:10dans cet album.
28:11Oui, alors il a produit l'album,
28:12comme on dit, enfin réalisé.
28:14Il a fait les arrangements.
28:15Plus, il a écrit des chansons
28:16avec moi.
28:18Et c'est là qu'il a écrit tout seul
28:19Paroles-Musique.
28:22Évidemment,
28:23comme il avait écrit pour moi,
28:25je me suis mis bien volontiers
28:27au service de son univers.
28:29Ce n'est pas votre univers,
28:30pourtant la ville la nuit.
28:31Non, cela a été.
28:33Plus que cela l'est aujourd'hui.
28:34Voilà.
28:34Mais Benjamin Gullet,
28:36vous l'aviez déjà connu,
28:37voici 17 ans,
28:38à la première allure.
28:40Et là, vous l'avez retrouvé
28:41et il a beaucoup évolué.
28:43C'est-à-dire que comme il est brillant
28:45et comme il est ultra doué,
28:49il a pris un espèce de savoir-faire
28:52en plus du talent immense qu'il a.
28:57Et pourquoi ce choix ?
29:00Pourquoi lui ?
29:01Parce que j'avais très envie,
29:03ça faisait longtemps,
29:04les années ont passé
29:05et j'avais vraiment envie
29:08de le retrouver.
29:10Et vous avez un point commun
29:11avec Benjamin Gullet,
29:12et je viens clair,
29:13vous êtes capable de passer
29:14des nuits en studio.
29:16Oui.
29:17Lui,
29:17moi je vais avoir envie
29:20de dormir avant lui,
29:21mais en tout cas,
29:23des heures et des heures,
29:24oui.
29:24Mais est-ce que ce n'est pas
29:26si fréquent ce genre de choses
29:27aujourd'hui,
29:28de passer des nuits en studio
29:29pour vérifier chaque détail
29:30de l'album ?
29:31Oui.
29:32C'est vrai qu'on a travaillé
29:34à l'ancienne,
29:35si on peut dire,
29:35dans un studio.
29:37Aujourd'hui,
29:38vous avez plein d'albums
29:39qui sont faits...
29:40Il y a des mômes
29:44qui font des albums
29:45dans leur chambre.
29:48Aujourd'hui,
29:49c'est la démarche
29:50d'aller au studio,
29:51les musiciens,
29:51les rappreneurs de son,
29:52etc.
29:52C'est moins répandu
29:54qu'avant,
29:55même les arrangeurs.
29:57Je voulais aussi travailler
29:58avec Benjamin
29:59parce que
29:59l'idée est un arrangeur.
30:02Il y avait
30:02notre métier,
30:04comme tous les métiers,
30:06est en train d'évoluer
30:07et il y a deux,
30:10on va dire,
30:11deux catégories
30:14qui sont en train
30:16de souffrir,
30:19si on peut dire,
30:19qui sont,
30:20un,
30:20les arrangeurs,
30:21c'est-à-dire les gens
30:21capables
30:22d'écrire des arrangements,
30:23je veux dire,
30:24d'écrire des cordes
30:25sur une partition,
30:26etc.
30:27Et puis,
30:28les auteurs.
30:29Vous aviez,
30:30à une certaine époque,
30:32quand j'ai commencé,
30:33des gens qui n'étaient
30:34que auteurs.
30:35Qu'est-ce que c'est,
30:35auteurs ?
30:35C'est les gens
30:36qui écrivent les paroles
30:37et qui pouvaient vivre
30:39de leurs plumes.
30:41Ça a toujours existé
30:42dans la chambre française.
30:44Aujourd'hui,
30:45Paul Ecole
30:46est de plus en plus seul
30:48sur sa planète.
30:48Le seul exemple
30:50d'artiste
30:51qui a enregistré
30:52un album
30:53chez lui,
30:54dans sa cuisine,
30:55c'est Georges Brassens,
30:56qui habitait à l'époque
30:58entre l'impasse Florimont
31:00et la rue Santos-Dumont,
31:02et il a fait
31:02l'album numéro 9
31:03dans sa cuisine,
31:04ce qui est étonnant.
31:05Oui, mais moi,
31:07j'en ai fait un aussi.
31:08Moi, j'ai fait
31:08Terre de France
31:09à la campagne.
31:10On avait mis
31:11des bottes de paille
31:13pour un sonorisé.
31:14On a fait venir
31:15un camion avec...
31:16Ça a été beaucoup fait.
31:18Il y a eu
31:18beaucoup de grands albums
31:20faits comme ça.
31:20Je ne parle pas du mien,
31:21mais par exemple,
31:22le Harvest de Neil Young
31:23aussi a été fait
31:24dans sa ferme.
31:26Et Brassens,
31:27je crois que depuis
31:28l'âge de 3 ans,
31:28vous l'écoutez ?
31:30Oui, depuis toujours.
31:31Parce que c'était
31:32l'idole de ma mère.
31:33Donc, j'ai été...
31:36Je pense autant
31:37que Renaud et Maxime
31:38le Forestier,
31:39mais ça se sait moins,
31:42parce que je n'étais pas...
31:43Je n'ai pas été, moi,
31:45un senteur avec une guitare,
31:46etc.
31:47Mais enfin,
31:48je suis autant
31:48un héritier de lui
31:50que Maxime et Renaud,
31:52par exemple.
31:53Simplement, eux,
31:54ce sont des auteurs,
31:55alors que moi,
31:56je suis un musicien,
31:57mais j'ai découvert Brassens
31:59tout petit,
32:00pas par ses paroles,
32:01mais par ses mélodies,
32:02en fait.
32:02Vous ne jouez pas
32:03de la guitare,
32:04vous n'avez jamais
32:04pu jouer de la guitare.
32:05Non, je n'y arrive pas.
32:06C'est fou, hein ?
32:07C'est un instrument
32:08barbare pour moi.
32:10Et dans cet album,
32:12il y a aussi
32:12une autre chanson étonnante,
32:14parce qu'elle évoque
32:14un sujet de société
32:15dont on parle
32:16de plus en plus,
32:17elle s'appelle
32:17Les yeux noirs.
32:18Il ne sait plus exactement
32:21ni son nom,
32:24ni son domicile.
32:28Mais il sait
32:30que dans les yeux noirs
32:35de celle qui vient
32:40tous les soirs...
32:41la maladie d'Alzheimer,
32:42c'est un sujet
32:43qu'on ne vous attendait pas
32:45sur ce sujet ?
32:46Non, quand Paul Ecole
32:47m'a envoyé ça,
32:49d'ailleurs,
32:50je lui ai demandé
32:50de...
32:52Elle était plus courte,
32:54et je lui ai dit
32:56on parle bien d'Alzheimer,
32:58et il m'a dit oui,
32:58alors je lui ai dit
32:59réécrivez un couplet
33:00où vraiment
33:01vous dites que c'est ça,
33:03qu'on comprenne vraiment
33:04que ce soit ça.
33:05C'est incroyable,
33:06d'abord je le remercie
33:07là encore énormément
33:09de m'avoir fait chanter
33:11ce texte-là.
33:14Je ne sais pas pourquoi,
33:16mais c'est une période
33:17de ma vie
33:18où je suis entouré
33:19de gens qui ont ça
33:21à vivre,
33:22en particulier avec leurs parents
33:23ou des gens de la famille.
33:25Je ne sais pas
33:25s'il y en a plus qu'avant,
33:26mais en tout cas
33:26c'est quelque chose
33:27dont on entend
33:28énormément parler.
33:29Il y a un film,
33:31un film culte
33:32qui s'appelle
33:32N'oublie jamais,
33:33je ne sais pas si vous avez
33:34ce film de Nick Casavet,
33:35qui est une histoire
33:36sur la maladie d'Alzheimer
33:37mais traitée de façon étonnante.
33:39Si un jour
33:39vous avez l'occasion
33:40de le voir,
33:41je pense qu'il vous touchera,
33:42il n'oublie jamais.
33:43Et puis,
33:43vous avez conservé
33:45dans votre mémoire
33:45plein de souvenirs
33:46et ça évoque une chanson
33:47de cet album,
33:48« Tourne d'oiseau ».
33:49Le vol de banlieue
34:03devient plus de voyageur.
34:04Il y a des airs
34:05de « Ce n'est rien »
34:06dans cette chanson.
34:07Oui,
34:08il a...
34:09Il a...
34:12Oui,
34:12c'est ce petit...
34:13Je ne sais pas comment
34:13est-ce qu'on pourrait dire
34:14cette petite...
34:16Cette histoire d'un artiste
34:18en employant des termes d'oiseaux,
34:21des noms d'oiseaux.
34:23Mais c'est David McNeill
34:24qui l'a écrit.
34:25Et c'est vrai que ça correspond
34:26à votre philosophie,
34:28à votre vie finalement.
34:29Oui, bien sûr.
34:30Bien sûr,
34:30c'est ça qu'il a voulu écrire.
34:31Et ça, c'est vrai
34:33que vous imaginez
34:34devenir un pigeon voyageur
34:35quand vous avez débuté ?
34:36Non,
34:37parce que je n'ai jamais été
34:38très voyageur dans ma vie.
34:41Les voyages,
34:42j'ai préféré toute ma vie
34:44voyager dans ma tête.
34:46Mais pour mon métier,
34:47évidemment,
34:48j'ai adoré voyager.
34:49Et puis,
34:50il y a un album justement
34:51qui a pris son envol
34:52le 23 mai 2025.
34:54On va en parler
34:54dans quelques instants
34:55avec Julien Clerc.
34:56Sud Radio,
34:57les clés d'une vie,
34:59Jacques Pessis.
34:59Sud Radio,
35:00la 1500ème émission
35:02des clés d'une vie
35:02avec la sortie
35:04le 23 mai 2025
35:06du 28ème album
35:08de Julien Clerc.
35:1028,
35:10ça fait quand même beaucoup.
35:11Oui,
35:12ça fait beaucoup
35:12de chansons écrites.
35:14C'est fou.
35:14Vous pensiez au départ
35:15faire 28 albums,
35:16voire beaucoup plus ?
35:17Non,
35:18d'autant plus
35:18que je n'avais pas
35:19un savoir très grand
35:20musical.
35:23Donc,
35:25ce mélange,
35:25on va dire,
35:26de cette drôle de voix
35:28et puis
35:29cette faculté
35:31à inventer
35:32des mélodies,
35:34ma foi.
35:35Quand j'ai découvert ça,
35:37je ne pensais pas
35:37que ça durerait
35:37aussi longtemps.
35:39En plus,
35:39vous êtes un mélodiste,
35:40ce qui est de plus en plus
35:41rare aujourd'hui.
35:42Oui.
35:43C'est vrai qu'il y a
35:44peu de mélodistes.
35:46Non,
35:46mais oui,
35:46c'est parce qu'il y a
35:47une musique
35:47qui est plus présente
35:50qu'avant,
35:51qui est le rap.
35:51Donc,
35:53le rap,
35:53ce n'est pas basé
35:54sur la mélodie,
35:55c'est basé sur
35:55le rythme
35:56et le flow,
35:57comme on dit.
35:59Donc,
36:00c'est vrai,
36:02mais enfin,
36:02il y a quand même eu,
36:03il y a toujours quand même
36:05des grands mélodistes.
36:07et ça demande beaucoup
36:09de travail.
36:10Je crois que cet album,
36:10on l'a entendu
36:11pendant quelque temps.
36:13Oui,
36:13oui,
36:14c'est vrai que j'ai mis
36:15un peu plus de temps
36:16que d'habitude
36:17à le faire.
36:20Je n'ai pas détesté ça,
36:21en fait,
36:22prendre plus mon temps.
36:24Il y a eu le confinement,
36:25peut-être,
36:26non ?
36:26Non,
36:27mais je ne sais pas
36:28pourquoi.
36:29Comme,
36:30je ne sais pas,
36:32la dernière tournée
36:33avait été très longue,
36:34alors on avait reculé
36:37le moment de...
36:38Et puis,
36:39comme j'avais sorti
36:40des disques
36:41de façon assez rapprochée
36:42la dernière fois,
36:43deux disques,
36:45j'avais décidé là
36:46de prendre
36:46beaucoup plus mon temps
36:47et franchement,
36:48j'ai bien aimé ça,
36:49en fait.
36:50Et en plus,
36:50votre méthode de travail
36:51est très particulière,
36:52très rigoureuse.
36:53Vous mettez d'un côté
36:54des mélodies,
36:55de l'autre,
36:55vous attendez les paroles,
36:56c'est très particulier.
36:57Oui,
36:57enfin,
36:57je fais les deux.
37:00Oui,
37:02des fois,
37:03j'envoie des mélodies
37:04à un auteur
37:04et d'autres fois,
37:06je leur demande
37:07de m'envoyer des textes
37:08comme ça.
37:09Ça me fait faire
37:09de la musique
37:10de deux façons différentes.
37:12Mais en plus,
37:12il faut faire des choix ensuite
37:13et un ordre
37:14dans un album.
37:14Oui,
37:15bien sûr.
37:16Et d'un besoin,
37:16j'écris toujours
37:17beaucoup plus de chansons
37:18que prévues.
37:19Donc après,
37:20il y en a,
37:20oui,
37:21qui restent sur le côté,
37:22ma foi.
37:23Et la première chanson
37:24qui ouvre cet album,
37:25Une vie,
37:26c'est
37:27« En serais-je moins fou de toi ? »
37:29Ouais.
37:29Et si tous les destins
37:31s'achèvent
37:32Et si vivre
37:34n'est rien qu'un rêve
37:35À peine une minute brève
37:38En serais-je moins fou de toi ?
37:42Et si tous ceux
37:43qui t'évergondent
37:44N'avaient pas envahi le monde
37:47Avec un hymne à chaque seconde
37:50En serais-je moins fou de toi ?
37:53On regrette que vous n'ayez pas
37:55Travailler avec Serge Lama avant.
37:56Oui, c'est vrai.
37:58Mais là aussi,
37:59c'est un mélange
37:59Lama, Claire,
38:00On reconnaît les deux.
38:01Oui, oui, bien sûr,
38:02certainement.
38:03Là, je lui ai demandé
38:04de changer un mot.
38:06En fait,
38:06il avait écrit,
38:07et je comprends pourquoi,
38:08nous comprenons tous pourquoi,
38:10dans la phrase
38:11qu'on vient d'entendre
38:12Et si tous ceux
38:12qui étaient vergondes
38:14n'avaient pas envahi le monde,
38:15Serge avait écrit
38:16avec un tweet
38:17à chaque seconde.
38:19Mais je trouvais,
38:20j'essaie toujours
38:21qu'il n'y ait
38:22que les choses
38:23soient le plus
38:24intemporelles possible
38:26pour durer
38:27le plus longtemps possible.
38:28Le mot tweet
38:29est un mot
38:30qui,
38:31je ne sais pas
38:31s'il restera longtemps,
38:33non,
38:34mais
38:34c'est juste pour ça.
38:37Il a remplacé
38:38par le mot hymne
38:39qui va aussi bien,
38:41d'ailleurs,
38:41mais je comprends très bien
38:42pourquoi il avait écrit tweet.
38:44On comprend tous, d'ailleurs.
38:45Exactement,
38:46mais vous avez peut-être raison,
38:47je crois qu'effectivement,
38:48pour durer,
38:49il faut garder
38:50des mots normaux.
38:51Vous avez travaillé
38:52en artisan,
38:53c'est-à-dire que toujours
38:53avec au piano,
38:54avec le casque sur la tête
38:55pour ne déranger personne.
38:56Oui,
38:57depuis quelques années
38:58parce que j'ai eu
38:59beaucoup de problèmes
39:00avec mes voisins
39:02dans ma vie
39:03quand j'étais à mon piano.
39:05Donc là,
39:05maintenant,
39:06depuis quelques années,
39:07j'ai un piano
39:08avec un casque
39:09comme ça,
39:09je peux travailler
39:10pour ne déranger
39:12ni les voisins
39:12ni ma famille.
39:14mais je travaille
39:16toujours de la même façon,
39:17c'est-à-dire que
39:18je n'ai jamais eu
39:19de studio à la maison
39:20ni de console de son
39:23et autres.
39:24J'aime aller en studio
39:26comme ça,
39:28faire la démarche.
39:30Quand arrive le moment
39:31de l'enregistrement,
39:33je vais en studio.
39:34Oui,
39:34encore vous-même,
39:34avoir trouvé la mélodie,
39:35alors ça vient tout de suite
39:36ou ça vient...
39:37Ça dépend.
39:38Ça dépend.
39:39Les mélodies
39:40sans les paroles
39:42sont plus longues à venir.
39:44Quand il y a un texte,
39:45par contre,
39:46en revanche,
39:47quand il y a un texte
39:47qui m'inspire,
39:48la mélodie peut venir
39:49très vite.
39:50Alors,
39:51j'écris le principal,
39:53mais après,
39:53je retravaille
39:54des semaines et des semaines
39:55dessus.
39:56Mais la mélodie
39:56peut venir très vite.
39:57Il arrive même
39:58que vous coupiez
39:58les paroles
39:59d'une chanson.
40:00J'ai vu un manuscrit
40:01un jour
40:01où vous aviez coupé
40:04trois mots
40:04parce que la mélodie
40:06ne collait pas dessus.
40:07Ah oui,
40:07oui,
40:07bien sûr.
40:08Oui.
40:09Après,
40:10il y a des périodes
40:11de retravailler
40:12avec l'auteur.
40:13Et puis,
40:14c'est Yves Gilbert
40:14qui a beaucoup écrit
40:15pour Serge Lama,
40:16qui est comme vous.
40:17Il ne connaît pas la musique,
40:18mais il se met au piano.
40:19La mélodie vient immédiatement
40:21ou elle ne vient jamais.
40:21Ah oui,
40:21c'est incroyable.
40:22Ça,
40:22c'est très mystérieux.
40:24C'est très mystérieux.
40:26Je...
40:26Ça me fait plaisir
40:28parce que mon fils
40:29m'a demandé hier,
40:31il m'a dit
40:32montre-moi les accords
40:33de l'assassin assassiné.
40:36Et je lui ai dit
40:37écoute,
40:37tu ne fais pas de piano,
40:38il fait plutôt de la guitare.
40:40Il m'a dit
40:40à la guitare,
40:40c'est impossible.
40:41Je lui ai dit
40:41oui,
40:41c'est vrai,
40:42ce sont des accords
40:42typiquement
40:43des accords de claviériste.
40:46Et il y a beaucoup
40:46de septième majeur,
40:48enfin comme ça,
40:48des accords diminués,
40:50etc.,
40:51qui sont vraiment typiques,
40:52qu'on peut faire évidemment
40:53à la guitare,
40:53mais qui viennent plus facilement
40:56sous les doigts
40:57au clavier.
40:58Je lui ai dit
40:58je veux bien te montrer,
40:59mais il y a des accords
41:00compliqués.
41:01C'est incroyable
41:02que quelqu'un comme moi
41:03qui n'est pas un très grand
41:04savoir musical
41:05fasse par moment
41:06des accords aussi compliqués.
41:08Puis il y a une chanson
41:09très importante
41:09dans cet album.
41:11Très émouvante,
41:12c'est celle-ci.
41:13Et tant qu'il y aura
41:14le passage
41:16Les avions frôlant
41:19les nuages
41:20Je dirais
41:22sans Dieu
41:23cent fois
41:24sans louanges
41:26Les avions
41:27parfois
41:27ressemblent
41:28à des anges
41:29Saint-Nazaire,
41:31Saint-Nazaire
41:32dédié à Gérard Leclerc,
41:33votre frère.
41:34C'est une chanson
41:35qu'on vous a envoyée
41:36un soir au départ ?
41:38J'avais demandé
41:38à Paul Ecole
41:39s'il voulait bien
41:41m'écrire un texte
41:42pour mon frère.
41:43Et vous l'avez découvert
41:45avec émerveillement ?
41:46Oui.
41:47J'étais surtout heureux
41:48parce que
41:49je pouvais faire...
41:51D'abord,
41:51je trouvais
41:51qu'il était
41:52beau
41:53et que,
41:56incroyablement,
41:57il décrivait
41:58tout à fait
41:59notre relation.
42:00Mais aussi,
42:01ça me permettait...
42:02un texte
42:03qui me permettait
42:03d'écrire
42:04une chanson
42:04qui ne soit pas triste.
42:07Je n'imaginais pas
42:08une chanson triste
42:09pour mon frère.
42:10Votre frère,
42:11dont vous avez partagé
42:12les très jeunes années,
42:13quand votre père
42:14a divorcé.
42:16Alors,
42:16mon père,
42:16j'étais le premier lit,
42:17comme on dit,
42:18donc mon père
42:19a divorcé.
42:20Il a épousé
42:21par la suite
42:22la mère de mon frère,
42:24donc mes frères et sœurs.
42:26Donc,
42:26pendant quatre ans,
42:27j'ai été tout seul
42:28et puis au bout de quatre ans,
42:29mon frère est arrivé.
42:29Les divorces
42:31avec la garde du père,
42:32c'était très rare
42:33à l'époque.
42:33Oui,
42:34on était des pionniers,
42:36absolument.
42:37Et votre frère,
42:38il a été le complice
42:40de vos jeunes années.
42:40Oui,
42:41on était...
42:42Comme on était
42:43une famille nombreuse,
42:44on partageait
42:45la même chambre.
42:47Et lui,
42:47il n'imaginait pas
42:48devenir artiste,
42:48je crois qu'il a fait
42:49Sciences Po
42:49où il est devenu
42:50maître de conférences.
42:51Alors lui,
42:52au contraire de moi,
42:53est un fanat de voyage.
42:55Il a commencé
42:56à voyager
42:56très très très tôt,
42:58même quand il était
42:59encore étudiant.
43:00Il a commencé
43:01à voyager.
43:02Et puis,
43:02ces études brillantes
43:04que mon père avait faites
43:06et qu'il souhaitait pour moi,
43:08c'est mon frère
43:08qui les a faites.
43:09Il a fait des études,
43:11je pense,
43:12pratiquement aussi brillantes
43:13que celles de mon père.
43:15Et donc,
43:17il avait la voie royale
43:20pour faire l'ENA.
43:21et au grand déplaisir
43:26de mon père,
43:27il a refusé
43:28de faire l'ENA
43:28et il a voulu,
43:30il a dit
43:31je veux être journaliste.
43:32Mon père était furieux,
43:33je me souviens.
43:34Et au lieu de faire l'ENA,
43:36il a postulé
43:38à la radio Europe 1
43:39et ils l'ont fourré
43:41alors qu'il était,
43:43il avait une maîtrise d'histoire,
43:45il était sorti deuxième
43:46de Sciences Po
43:46et ils l'ont mis
43:48au PC de la circulation routière
43:50en ronis-sous-bois.
43:52Mon père était fulminé.
43:54Et la première télé
43:55de votre frère,
43:56c'est avec vous,
43:57je ne sais pas si vous vous en souvenez,
43:57l'affiche du Monde,
43:59un déjeuner de famille
44:00avec votre belle-mère
44:01qui explique
44:02que votre première,
44:03au début de la scène,
44:04c'est un mariage
44:05dans le Poitou
44:05et votre frère est souriant,
44:07vous riez tous les deux en complice.
44:08On riait beaucoup.
44:09Franchement,
44:11la maison était gaie,
44:13ça gueulait beaucoup
44:13dans tous les sens
44:14parce que
44:15personne n'était d'accord
44:17politiquement surtout.
44:19Donc les enfants,
44:19bon moi encore,
44:21j'écoutais
44:23mais mon frère
44:24était beaucoup plus à gauche,
44:25mon père était à droite.
44:26Alors ça gueulait beaucoup
44:27à la maison
44:28mais enfin c'était gaie.
44:29Moi je me souviens
44:30de votre frère
44:30que je voyais souvent,
44:31on avait des amis communs.
44:32Ce qui me frappait,
44:33c'est sa discrétion
44:34et son sourire permanent.
44:36C'est-à-dire qu'il était
44:37toujours heureux
44:38et il y avait une pudeur totale
44:39chez lui
44:40et une discrétion
44:41sur son métier.
44:43C'était étonnant.
44:44Ah oui, oui.
44:45Il était absolument
44:50très aimable
44:51alors au sens fort du terme.
44:54Depuis qu'il est parti,
44:55je ne tombe que sur des gens
44:56qu'il adorait
44:58et qui faisaient des trucs
44:59qui appartenaient
45:02à des associations
45:03de boulistes ou autres.
45:05Et mon frère
45:07était beaucoup plus
45:08gay,
45:09beaucoup plus marrant
45:10que moi.
45:10Vous avez beaucoup rire
45:12vous avec certaines personnes
45:13dont Robert Charlebois,
45:15je crois.
45:15Oui, c'est vrai.
45:16Non mais j'aime bien rire,
45:17c'est vrai.
45:18Souvent, mes amis sont drôles,
45:19c'est vrai.
45:20Ce qui est étonnant
45:21avec vous aussi,
45:21Julien Caire,
45:22c'est qu'il y a des chansons
45:23tellement célèbres
45:24qu'elles sont rentrées
45:25dans le langage courant
45:26comme celle-ci.
45:26Si on chantait,
45:28si on chantait,
45:30si on chantait,
45:31si on chantait,
45:32si on chantait,
45:33cette chanson,
45:35je ne compte plus
45:36les gens qui utilisent
45:37ce titre
45:38sans savoir
45:39que c'est une chanson.
45:40Oui, oui.
45:41C'est étonnant.
45:41Oui, c'est drôle, oui.
45:43Mais c'est drôle
45:44d'avoir des chansons.
45:46En plus,
45:47en même temps,
45:47c'est le rôle des chansons.
45:49C'est d'accompagner
45:49leur époque
45:51et d'accompagner
45:51les gens
45:53de leur pays.
45:54Et votre voix
45:55n'a pas changé,
45:56n'a jamais changé.
45:57Et là aussi,
45:58quel est le secret ?
45:59Je travaille ma voix
46:01pour qu'elle reste
46:02ce qu'elle est.
46:03Je crois que
46:05quand on a la chance
46:07d'avoir une voix particulière,
46:12eh bien,
46:13il faut la cultiver
46:15parce que c'est ce qui fait
46:16votre particularité.
46:18C'est ça.
46:19Et les cordes vocales
46:19ne vieillissent pas
46:20quand on est en train de dire ?
46:21Non, non, non.
46:21C'est ce que j'ai appris
46:23il y a quelques années,
46:24en fait.
46:25quand on travaille,
46:28c'est un muscle
46:29qui continue de fonctionner.
46:31Et puis,
46:31sur cet album,
46:32il y a quelqu'un
46:33qui est indissociable
46:34de vos aventures,
46:35c'est Carla Bruni
46:36avec une chanson
46:37qui s'appelle
46:37« Toi et moi ».
46:38« Toi et moi »
46:41car elle est indissociable
46:44indissociable de votre parcours
46:45depuis des années.
46:46C'est incroyable,
46:47c'est parce que
46:48quand nous avions commencé
46:51à travailler ensemble,
46:53elle débutait,
46:55si on peut dire,
46:55en tant que parolière
46:57parce qu'elle était surtout connue
46:58dans le monde entier
47:00comme top modèle
47:01et donc,
47:03elle avait décidé
47:03de se lancer
47:04dans ce nouveau métier.
47:07C'est vrai
47:07que dans cet album-là
47:08qui s'appelait
47:10« CGTL »,
47:10j'avais pris,
47:11nous avions écrit ensemble
47:13six ou sept chansons,
47:14on se croiquait beaucoup
47:14dans son album.
47:16Et aujourd'hui,
47:17avec le temps qui est passé,
47:19elle se retrouve
47:19plus ancienne
47:20parolière
47:22qui a travaillé avec moi
47:23parce que depuis,
47:24évidemment,
47:25plus ancienne
47:26avec MacNeil.
47:28Exactement.
47:29Et les femmes apparaissent,
47:30les François Zardy,
47:31il n'y a pas beaucoup de femmes
47:32qui ont travaillé avec vous.
47:33Il y en avait quand même,
47:34quelques-unes.
47:35Mais ce n'est pas si fréquent ?
47:36Ce n'est pas si fréquent que ça,
47:38non.
47:39Ce n'est pas...
47:41Pour qu'une femme
47:42écrive des chansons
47:43pour des hommes,
47:44il faut qu'elle ait
47:44un talent particulier,
47:46je trouve.
47:48Il y a des auteurs-femmes
47:50que j'adore.
47:52Je ne sais pas
47:52si elle pourrait écrire
47:53pour des hommes.
47:54Alors,
47:55l'avenir maintenant,
47:56je crois,
47:57c'est cet album,
47:58c'est une tournée
47:58qui est déjà prévue
47:59en 2027 ?
48:01Ça va commencer en 2026
48:02et ça ira jusqu'à
48:04la fin 2027, oui.
48:06Avec vos 80 ans
48:07à l'Accor Arena
48:07que vous avez inauguré.
48:09Oui, oui.
48:10Vous êtes le parrain
48:11moral de cette salle aussi ?
48:13Oui, enfin,
48:13j'étais le parrain français,
48:14en tout cas.
48:15Je pense qu'il y avait eu
48:15un ou deux anglo-saxons avant.
48:17Et vous avez toujours
48:18envie de continuer ?
48:19Il n'est pas question
48:20un jour d'arrêter ?
48:21Quand on a la chance
48:23de faire ce métier-là,
48:25on aurait bien tort
48:26de s'arrêter.
48:27Oui, bien sûr.
48:28À moins qu'on vous montre
48:29la direction de la porte
48:31de façon insistante.
48:32Non,
48:33là,
48:34je plaisante.
48:34Je crois que la seule façon,
48:36la seule raison
48:37pour laquelle
48:38on continue,
48:39c'est qu'on est encore capable,
48:42il faut être encore capable,
48:43me semble-t-il,
48:44d'écrire des nouvelles choses.
48:46Ne vivre que sur son passé.
48:49Je ne pense pas
48:49que ça m'amuserait beaucoup.
48:50Non,
48:51mais vous avez un futur,
48:52c'est évident.
48:53Vous êtes venu
48:54pour la 15 centième,
48:55vous serez peut-être là
48:55pour la 2 000ème
48:56des Clés d'une vie.
48:57On verra bien.
48:57On verra bien.
48:58En tout cas,
48:59merci Julien Clé,
48:59merci pour cet album
49:00Une vie,
49:01et puis continuez ainsi,
49:03ne changez jamais rien,
49:04parce qu'on a besoin de vous
49:05et la chanson française
49:06a besoin de vous.
49:06Merci,
49:07merci beaucoup.
49:08Merci,
49:09les Clés d'une vie,
49:09c'est terminé pour aujourd'hui,
49:10on se retrouve bientôt,
49:11restez fidèles à l'écoute
49:12de Sud Radio.
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