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  • 21/06/2025
Peut-on s'inspirer de la nature pour répondre au défi du changement climatique ?

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00:00Peut-on s'inspirer de la nature pour apporter des solutions au réchauffement climatique ?
00:09C'est le débat sur Smartymo. On est ravis d'accueillir Héloïse Le Guérinel.
00:12Bonjour Héloïse.
00:13Bonjour.
00:13Vous êtes chargée de Mission Ville Durable, solutions fondées sur la nature et prospectives urbaines au plan bleu.
00:18Bienvenue à vous, à vos côtés Antoine Laffitte. Bonjour Antoine.
00:21Bonjour.
00:22Vous êtes adjoint directeur au plan bleu et avec vous justement on va explorer quelles sont les solutions.
00:27On va avoir des solutions très concrètes dans différentes villes du pourtour méditerranéen.
00:31Héloïse, on commence avec vous. Pourquoi s'inspirer de la nature justement pour essayer de trouver des solutions ?
00:36La nature, elle propose déjà des aménagements ?
00:39Oui, déjà pour faire assez simple, lorsqu'on regarde l'histoire de la Terre, en soi l'humanité est là depuis peu de temps.
00:47C'est-à-dire que dans tous les cas, il y a toujours eu de la nature au sein de notre planète et elle propose plein de solutions.
00:55Déjà, rien que pour un truc très simple, pour nous, pour prendre l'avion, l'avion en soi est inspiré de l'observation de la nature, notamment des aigles qui volent.
01:05Et donc là, finalement, face à tous les défis qu'on a aujourd'hui, s'inspirer de la nature permet d'avoir des solutions qui sont à la fois responsables et plus équilibrées en lien justement avec cette nature.
01:21Et ça permet aussi de faire un peu un juste milieu par rapport à du tout technologique comme solution.
01:27Ça permet aussi de faire un peu une jonction entre ces deux sphères.
01:32D'accord. Antoine, justement sur ces solutions fondées sur la nature, expliquez-nous un peu le rôle du plan bleu. Comment ça s'articule ?
01:41Bonjour. Donc le plan bleu, avant toute chose, peut-être pour préciser à notre auditoire, nous sommes une association type loi 1901 française.
01:50Donc nous avons un bureau et nous sommes également un centre d'activité régional du plan d'action pour la Méditerranée.
01:57Ce plan d'action pour la Méditerranée, c'est le premier programme dédié à la mer au sein des Nations Unies pour l'environnement.
02:04C'est assez ancien finalement. On ne le sait peut-être pas. Les Français ne sont pas tellement au courant de ce plan bleu, mais il est relativement ancien. Expliquez-nous.
02:10Absolument. Et pourtant, le plan bleu, nous sommes un instrument de la France au sein des Nations Unies pour l'environnement.
02:19Donc on est un instrument de la coopération extrêmement important.
02:22Donc on doit communiquer sur ce qu'on est et que tout le monde sache qu'effectivement, nous agissons au niveau du bassin méditerranéen.
02:29Et nous avons fêté la semaine dernière, le 10 juin précisément, dans le cadre du sommet sur les océans, nos 50 ans.
02:37Très bien. Aujourd'hui, il continue. Ce plan bleu, il est franco-français ou il embrasse d'autres pays ?
02:46Alors, nous sommes basés à Marseille, dans la tour La Marseillaise, ici dans le quartier de La Joliette.
02:53Donc nous sommes un institut français. Nous avons deux ministères de tutelle, les Affaires étrangères et le ministère de la Transition écologique et solidaire.
03:02Nous avons une équipe composée de plusieurs experts, en majorité français, mais nous accueillons aussi des compétences étrangères de tout le bassin méditerranéen.
03:16Et nous avons, et ça c'est très important, un réseau de compagnons de route que nous appelons les compagnons de route du plan bleu.
03:23C'est-à-dire que le plan bleu seul travaille en coopération et en mobilisant l'expertise collective présente tout autour de la Méditerranée,
03:31à la fois au niveau académique, avec les universités, à la fois avec les instituts de recherche, à la fois avec les instituts nationaux de statistique.
03:38Donc on est à Marseille, mais on rayonne tout autour de la Méditerranée en mobilisant cette expertise collective méditerranéenne.
03:44Alors justement Héloïse, avec vous, on regarde ces différentes solutions dans plusieurs villes, on l'a dit.
03:51C'est vrai que cette Méditerranée, c'est quand même immense.
03:54Est-ce qu'il y a quand même des problématiques communes qui se rejoignent et du coup on peut fertiliser certaines solutions qui ont marché dans certains pays pour les adapter par exemple à Marseille ?
04:03Oui, bien sûr. Déjà du coup, pour rappeler un peu au niveau du contexte méditerranéen,
04:09donc on a à la fois une mer qui est, on va dire, fermée, donc il y a une ouverture atlantique et aussi avec le canal Détroit-Gibraltar et canal de Suez.
04:18Et on a du coup plusieurs pays au niveau du porton méditerranéen.
04:21Donc en fait, la Méditerranée, il faut la penser à la fois en tant que mer, mais aussi en tant que région.
04:27Et du coup, au niveau des problématiques communes, on a à la fois la question de la montée des températures.
04:33La Méditerranée, du coup, c'est la deuxième région du globe qui se réchauffe le plus vite après l'Arctique.
04:41La seule différence avec l'Arctique, c'est qu'ici, on n'a pas que des manches.
04:44Enfin, il n'y a pas que des manches en Arctique, mais on a une population humaine très importante.
04:49Et donc, on a aussi en fait un phénomène d'urbanisation qui est très importante.
04:52Donc en gros, on a monté des températures avec phénomène de sécheresse ou d'inondations.
04:57Une urbanisation très très importante, ce qui va aussi entraîner des problèmes au niveau de la santé et du bien-être humain.
05:04Et plein d'autres enjeux, notamment au niveau social, avec une montée des inégalités.
05:10D'accord.
05:11Donc ça veut dire que, voilà, qu'on soit finalement, surtout par ton montérateur, on va partager aussi les mêmes problèmes.
05:17Les mêmes.
05:18Enfin, là, vous en avez évoqué quelques-uns, effectivement.
05:21Heureusement, il y a aussi des solutions.
05:23On travaille sur des solutions.
05:24Quelles sont ces solutions proposées ? Dans quelle ville on peut aller pour voir quel laboratoire aujourd'hui autour du pourtour méditerranéen ?
05:32Alors, il y en a plusieurs, parce que dans tous les cas, ces solutions fondées sur la nature,
05:36il faut forcément l'adapter au contexte local, social, économique et environnemental du lieu qui est implémenté.
05:43C'est-à-dire que même si on peut avoir une solution, on va dire, assez générale,
05:46comme plus d'espace vert et végétalisation des murs, il faut l'adapter quand même au lieu.
05:51Au plan bleu, du coup, on a réalisé un rapport sur les solutions fondées sur la nature dans les villes méditerranéennes,
05:58qui propose 14 études de cas dans 12 villes méditerranéennes sur différents sujets,
06:03avec différentes solutions fondées sur la nature.
06:06Donc, par exemple, il y a une étude de cas à Carthage, en Tunisie,
06:11où là, c'est un focus sur la sécurité alimentaire.
06:13C'est-à-dire que, du coup, à Carthage, à côté de Tunisie, on fait face à une urbanisation très forte
06:19et avec, du coup, une perte d'espace vert.
06:23Et le fait qu'il y ait une urbanisation très forte, on a aussi, du coup, un problème alimentaire dans certains quartiers.
06:29Du coup, ce qui a été mis en place comme solution fondée sur la nature,
06:32c'est de créer des jardins communs, à la fois au sein privé et au sein public.
06:36Donc, comme ça, on répond à la problématique du manque d'espace vert,
06:41mais aussi à la problématique, du coup, alimentaire.
06:44Et au niveau des bénéfices, ça va permettre, du coup, de répondre à ce problème alimentaire,
06:52mais aussi renforcement du lait social, sensibilisation à ces questions.
06:58Et aussi, d'un point de vue économique, ça permet forcément de diminuer les coûts alimentaires,
07:04mais aussi, comme c'est mis en place au niveau d'un circuit court, on a de multiples bénéfices.
07:11Donc, ça, c'est une étude de cas parmi 14.
07:14Donc, on voit qu'effectivement, on parle beaucoup de renaturation en ville.
07:18Là aussi, c'est remettre de l'agriculture.
07:19Juste pour compléter, Antoine, avant de partir sur les autres cas,
07:23on ne va pas faire les 14, mais on va partir à Barcelone et également à Alexandrie.
07:28Justement, sur ces solutions, comment elles sont étudiées au niveau global ?
07:34C'est-à-dire, on voit finalement, il y a une preuve de concept.
07:38Est-ce que ça peut être dupliqué dans d'autres pays ?
07:40Est-ce que ça va être concerté ?
07:42Ensuite, comment ça va être déployé peut-être sur d'autres entités ou d'autres territoires ?
07:46On a assisté à une présentation, avant de vous rejoindre ici en studio,
07:50sur les différentes innovations technologiques.
07:54Et on se rend bien compte que maintenant, il y a un peu un effet de mode,
07:57mais ce qui est bien, c'est qu'il y a une prise de conscience ici.
07:59Il faut s'adapter.
08:00C'est-à-dire qu'on parle souvent de mesures sans regret.
08:04C'est-à-dire qu'on a tout intérêt, économiquement, socialement,
08:08d'un point de vue de l'environnement aussi, tout simplement,
08:10à s'adapter, à engager des réflexions collectives ou individuelles.
08:15Et ce n'est pas parce qu'une solution marche bien quelque part
08:17qu'elle marche forcément ailleurs.
08:18Le directeur de la gamme précisait tout à l'heure qu'il se posait la question de l'échelle.
08:24À quelle échelle est-il bon de raisonner ?
08:26Ça peut être à l'échelle d'un quartier, ça peut être à l'échelle d'un bâtiment,
08:29ça peut être à l'échelle d'une métropole.
08:32Donc, je pense que ce qu'il faut, c'est d'abord caractériser les problèmes,
08:34voir ce qui a été fait ailleurs.
08:35C'est bien de s'inspirer de ce qui a été fait ailleurs,
08:37mais voir aussi quelles sont les capacités qu'on a au niveau local.
08:40En termes, par exemple, de végétation,
08:43en termes de gouvernance existante dans certains pays,
08:46il y a des wilaya qui sont l'entité de référence d'un point de vue légal.
08:51Ici, en France, on a différentes entités,
08:53les municipalités, les communautés, les agglomérations.
08:56Je pense qu'il y a beaucoup d'associations aussi qui travaillent sur ces questions-là.
08:59La société civile, je fais référence encore à l'UNOC la semaine dernière,
09:03mais il y a une grosse attente de la part de la société civile,
09:05mais ils sont aussi moteurs.
09:06Il y a aussi beaucoup de choses qui se passent au niveau local.
09:11Et oui, s'inspirer de ce qui se fait ailleurs,
09:13s'inspirer de la nature aussi, c'est bien,
09:15mais il y a une grosse dimension singulière,
09:17c'est-à-dire endogène, au lieu dans lequel on réside.
09:20On ne peut pas faire de copier-coller, c'est ça ?
09:22C'est s'inspirer, mais pas forcément répliquer.
09:24Et il y a une différence d'échelle, évidemment.
09:26Alors, on est allé à Carthage,
09:28on continue à voyager pour n'aller pas très loin,
09:31aller du côté de Barcelone, en Espagne.
09:33Que se passe-t-il du côté de la Catalogne ?
09:35C'est quand même une grande métropole, un peu comme Marseille.
09:40Et on fait face à une pollution atmosphérique quasiment continue,
09:43qui est accentuée pendant les épisodes de canicule.
09:47Ça, peu importe les villes et les endroits,
09:50quand on a des forts pics de chaleur,
09:52on va avoir une pollution aux fines particules,
09:55qui va être particulièrement importante.
09:56Et du coup, ça va créer des problèmes de santé.
09:59Il y a maintenant des études concrètes qui montrent,
10:02bon déjà, classique, l'asthme, etc.,
10:05donc d'un point de vue pulmonaire.
10:06Mais sur le long terme, ces vagues de chaleur
10:08conduisent aussi à des maladies cardiovasculaires,
10:12à des problèmes du coup cardiaques.
10:14Donc un véritable problème de santé publique.
10:16On ne peut pas imaginer forcément,
10:18mais effectivement, cette grosse chaleur,
10:19ces fortes canicules,
10:20elles ont un véritable effet à long terme.
10:22Au sein de la Méditerranée,
10:24on a quand même la majorité de la population
10:26qui est concentrée dans ces villes.
10:28Donc on a vraiment un enjeu de santé publique
10:32et de bien-être humain qui est très important.
10:35Donc du coup, ce qui a été mis en place à Barcelone,
10:37et on a remarqué de véritables effets
10:40suite aux solutions fondées sur la nature mises en place,
10:43ça a été du coup ce qu'on appelle des corridors verts,
10:46des axes verts,
10:46c'est-à-dire une plantation du coup très importante
10:49d'arbres, de différentes essences végétales
10:54au sein de la ville
10:55pour justement diminuer au mieux
10:58ces îlots de chaleur, ces températures,
11:01et du coup, parce que les arbres permettent aussi
11:04d'absorber ces particules fines.
11:07Il y a plein d'autres études qui le montrent,
11:08déjà plus proche de Marseille, par exemple,
11:11à Aix-en-Provence avec le projet Airfraîche,
11:14où on voit du coup que cette plantation d'arbres
11:16permet de diminuer cette pollution
11:18du coup aux particules fines.
11:21Bien sûr aussi, dans le cadre
11:23de cette solution fondée sur la nature,
11:25c'est très important d'impliquer les habitants.
11:29La société civile reproche
11:30qu'à chaque fois, c'est implémenté de par le haut.
11:32Là, l'importance des solutions fondées sur la nature,
11:35c'est aussi que ça se fait du coup en concertation.
11:36Et du coup, les habitants trouvent en fait
11:39eux-mêmes un peu une solution
11:41à leur bien-être
11:42et à l'amélioration de leur santé.
11:45Donc on a aussi de multiples bénéfices,
11:48que ce soit au niveau écologique,
11:49plus d'espaces verts,
11:50au niveau social et au niveau économique.
11:53Dernier exemple,
11:54on part du côté de l'Égypte.
11:56Oui.
11:57Héloïse, que vous connaissez bien,
11:59que vous appréciez,
12:00avec une ville à Alexandrie.
12:02Alors, Alexandrie,
12:03c'est un cas très intéressant
12:05parce que déjà,
12:07au niveau de l'urbanisation,
12:09on sait déjà que le Caire,
12:11c'est une mégalopole énorme.
12:12Alexandrie, c'est déjà le cas.
12:14Mais lorsqu'on regarde
12:14la croissance démographique de l'Égypte
12:17et l'urbanisation dans ces villes,
12:19on va vraiment avoir en 2050
12:21un pic exponentiel à Alexandrie.
12:23Donc une concentration d'habitants
12:25à Alexandrie très, très importante.
12:27Or, le problème d'Alexandrie,
12:29c'est qu'elle fait à la fois face
12:30du coup à la montée
12:31du niveau de la mer méditerranéenne,
12:34mais également avec du coup
12:35de plus en plus de pluie,
12:38de précipitation,
12:39à des fois une montée du delta du Nil.
12:44Parce qu'elle est vraiment à la jonction.
12:46Donc, il y a plusieurs défis qui se posent.
12:49Défi d'inondation,
12:51de stagnation de l'eau
12:52et du coup aussi une maladie.
12:55Parce qu'on sait bien que du coup,
12:57si on est près du delta du Nil
12:58avec énormément d'eau,
13:00bon, on le sait déjà ici,
13:01on a plein de moustiques,
13:02mais il peut y avoir d'autres choses.
13:02Alors, quelles sont les pistes
13:03de solution avec ce tableau ?
13:05Oui, ce qui a été mis en place,
13:07c'est de créer des zones
13:08de rétention naturelles.
13:10Donc des sortes de dix,
13:11comme on peut le voir là,
13:12même au port de Marseille.
13:14C'est juste que là,
13:14ce n'est pas fait avec,
13:15on va dire, du béton.
13:17C'est fait de façon naturelle
13:18avec des roseaux,
13:20différentes plantes
13:21qui permettent en fait
13:21de retenir ce surplus d'eau
13:24qui va arriver.
13:26On a aussi,
13:27parce que du coup,
13:28Alexandrie est quand même
13:28une ville ancienne,
13:29il y a des canaux historiques
13:31qui ont été créés
13:31il y a plusieurs centaines,
13:33voire milliers d'années.
13:34Et du coup,
13:34c'est la réhabilitation
13:35de ces canaux historiques
13:36pour empêcher que l'eau stagne
13:38et qu'elle puisse s'écouler
13:39et qu'elle puisse s'écouler correctement.
13:41L'urgence est là en tout cas,
13:42l'urgence climatique,
13:43mais les solutions existent
13:45également fondées sur la nature.
13:47Merci Héloïse Le Guirinelle,
13:49merci Antoine Lafitte
13:50et à très bientôt sur Smartimo.
13:52Sous-titrage Société Radio-Canada

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