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  • 21/06/2025
Comment les littoraux s'adpatent au recul du trait de cote. Exemple avec la ville de Sète.

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00:00Dans Smartimo, depuis le Forum des Projets Urbains ici à Marseille, le Forum Méditerranée,
00:08on s'intéresse à ce sujet, comment s'adapter au recul du trait de côte qui touche à peu près tous
00:13les littoraux. On en parle avec nos experts. On est ravis d'accueillir Neville William. Bonjour
00:19Neville. Vous êtes responsable Projets Urbains Sud-Est à CETEC. Bienvenue à vous. Et à vos
00:25côtés Loïc Linares. Bonjour Loïc. Vous êtes président de ce CET agglopole Méditerranée. Neville,
00:30on commence avec vous sur vos projets ou plutôt ce que vous faites au sein de la CETEC. Que fait
00:36CETEC exactement ? Alors CETEC, c'est un groupe d'ingénierie pluridisciplinaire qui intervient
00:42dans trois domaines d'activité essentiellement, les infrastructures, la construction et la dimension
00:48villes et territoires. Et c'est effectivement cette expertise que nous mettons aujourd'hui dans
00:55plusieurs cas sur le territoire national, en lien avec le recul trait de côte. Donc plusieurs
01:02expertises au sein du groupe. Le génie côtier, donc des expertises techniques pointues sur comment on
01:08calcule finalement ce recul trait de côte, mais aussi sur les mobilités, l'adaptation des mobilités,
01:14des infrastructures. Et enfin, finalement cette casquette d'assistance à maîtresse d'ouvrage,
01:20d'ensemble lié pour accompagner le territoire dans sa stratégie de recomposition sur le long
01:25terme. Très bien. Loïc avec vous, on s'intéresse justement à votre agglomération. CETEC, quelle est
01:31la problématique justement que vous observerez sur votre territoire ? Sur notre territoire, on a en
01:39effet un déficit sédimentaire, c'est-à-dire une baisse des apports de sédiments, mais depuis
01:44maintenant 60-70 ans et qui ont des conséquences directes, c'est-à-dire une fragilisation de nos
01:52lidos, puisque notre territoire est composé à la fois de bandes de sable et puis une petite
01:57côte rocheuse. La côte rocheuse, c'est le mont Saint-Clair, c'est la ville de CETE. Et de chaque côté du
02:01mont Saint-Clair, il y a deux bandes de sable, donc les lidos. Ces lidos sont fragilisés avec le temps et on a
02:08déjà d'ailleurs opéré des aménagements, des recompositions sur le lido de CETA Marseillan et de
02:15Frontignan. Et on sait qu'avec l'évolution climatique en fait et les dérèglements climatiques, ce phénomène
02:20va s'amplifier. C'est-à-dire jusqu'à présent, on souffrait d'un déficit sédimentaire. On observe depuis 20 ans une
02:26montée des eaux qui reste pour l'instant modeste, mais avec le temps, elle va s'amplifier et les submersions
02:32marines, c'est-à-dire les tempêtes vont aussi s'intensifier. Donc c'est une disparition à terme
02:38sur le très long temps de ces lidos. Et donc notre stratégie, c'est d'avoir des scénarios d'adaptation
02:44dans le temps. Ce sont des zones habitées où il y a déjà des constructions ? Alors il y a un lido qui est
02:49habité sur Frontignan, le lido de Frontignan. Donc Frontignan-Plage, c'est 2500 habitants à l'année.
02:56C'est un peu plus de 3000 logements. Le lido de Sainte-Marseillan, lui, est en toute petite
03:01partie habité, mais reste naturel sur l'essentiel. Et la ville de Sète, même si c'est une côte
03:09rocheuse, cette côte rocheuse est aussi fragilisée. Donc on a aussi quelques points à travailler
03:14sur la partie littorale de Sète et sur la partie étang également, avec un ennouement
03:21permanent à plus de 100 ans sur des parties de la ville de Sète.
03:24Comment justement Sètec intervient sur cette problématique particulière à Sète ?
03:30Alors, nous accompagnons plusieurs territoires dans leur problématique du recul de trait
03:34de côte avec des interventions qui peuvent varier, en lien avec effectivement des questions
03:41hydrauliques, aussi sur des questions de montage opérationnel, sur finalement comment est-ce
03:44qu'on va mettre en mouvement ces opérations de recomposition. Sur Sète, plusieurs expertises
03:50comme je l'évoquais, on établit les cartes de recul trait de côte, donc avec cette expertise
03:54particulière. Et on est, on vient aussi travailler sur le diagnostic, le diagnostic
04:04finalement, quel impact de ce recul trait de côte sur les infrastructures et sur les équipements
04:10existants et aider à définir les vulnérabilités et aussi à travailler les scénarii de recomposition.
04:18D'accord, ça veut dire que ce sont des relevés précis, vous chiffrez ensuite ce qui pourrait
04:22se passer, vous faites plusieurs scénarii ?
04:24C'est une méthode scientifique qui est encadrée par le CEREMA LBRGM et qui se base
04:29essentiellement sur l'historique du recul du trait de côte constaté et qui va simuler
04:36à un horizon 30 ans et à un horizon 100 ans le recul du trait de côte en considérant plusieurs
04:41paramètres. Le premier, c'est donc l'élévation du niveau de la mer, en considérant plusieurs
04:47hypothèses qui sont celles du GIEC sur le réchauffement climatique mondial.
04:52Qui va très vite en plus en Méditerranée.
04:54Qui est accélérée en Méditerranée, donc on considère notamment le scénario sécuritaire
04:59une hausse de plus 4 degrés à horizon 2100. Donc ça, ça fait partie des scénarii qui
05:05sont travaillés. Et aussi l'impact des tempêtes, des épisodes exceptionnels et aussi l'impact
05:12des ouvrages. Il faut savoir qu'à 30 ans, les ouvrages existants sont considérés, à
05:16100 ans, les ouvrages sont effacés. Et donc ça, effectivement, c'est important en termes
05:21de modélisation.
05:22Oui, c'est vrai que ça peut être d'une certaine manière un peu anxiogène quand on a ces projections
05:27et on se dit, tiens, les ouvrages vont être clairement rayés de la carte. Comment on s'adapte
05:32en 2025 pour prévoir ces échéances 2030, 2050 et plus ?
05:36C'est vertigineux en effet. Et en même temps, c'est une magnifique opportunité de se
05:40requestionner sur la manière dont on peut vivre et s'adapter dans le temps. L'histoire
05:44de l'humanité est faite d'adaptation. Donc comment l'enjeu pour nous, c'est en effet
05:49comment on passe de quelque chose d'anxiogène à un modèle qui peut donner espoir en se disant
05:54oui, on pourra toujours quand même vivre là. Donc c'est pour ça que dans notre démarche,
05:58dans le groupement, c'est vrai que sur la partie scientifique, technique, la CETEC
06:02nous accompagne. Mais c'est un groupement qui nous accompagne avec un mandataire qui
06:07est Urban Act. En fait, il s'occupe de la partie urbanisme. On a Ségat aussi qui s'occupe
06:12de la partie foncière. Et puis on a le grand public qui s'occupe de la partie médiation
06:15sociale. Et ça, ça a été un élément fort de notre démarche. C'est d'intégrer dès
06:20le départ la participation citoyenne pour qu'elle soit actrice finalement de la démarche
06:26qu'on engage. Parce que ça ne va pas arriver du jour au lendemain, donc on a un peu de
06:30temps. Mais en même temps, il faut le faire dès maintenant pour qu'on puisse s'adapter.
06:36Donc l'enjeu qu'on fait, c'est celui-ci, c'est d'avoir un portée à connaissance qui
06:40permet de bien comprendre les phénomènes qui sont en train de se jouer, de leur exprimer
06:45à nos habitants le fait qu'on a un peu de temps pour s'adapter. Il ne faut pas qu'on
06:51en perde parce que c'est dès maintenant qu'il faut agir et de donner un chemin possible
06:56et donc du coup de l'espérance. En même temps, socialement, c'est impactant.
07:03Effectivement, c'est impactant. Et on a intégré aussi dans notre démarche un comité scientifique
07:08qui va nous permettre aussi d'appréhender des phénomènes qui nous touchent toutes et
07:11tous. C'est-à-dire que même moi, alors que je suis au cœur de ces réflexions, par
07:15moment, ça me questionne, ça me chamboule. Et comment cognitivement, en fait, du coup,
07:21on peut appréhender ces phénomènes philosophiquement et socialement. Donc on n'a pas que des
07:28scientifiques et des techniciens qui nous accompagnent dans la démarche. On a aussi
07:31des sociologues, on a aussi des psychologues pour comprendre ces enjeux et pouvoir rendre
07:35le chemin possible, justement.
07:38Je vous coupe une seule instance, c'est intéressant. Qu'est-ce qui, justement, vous,
07:41le climatiste, vous a chamboulé récemment quand on se rend compte peut-être du changement,
07:47on se rend compte qu'on est finalement, voilà, qu'on est un grain de sable et que tout ça
07:51va très vite ou va peut-être s'accélérer ? Qu'est-ce qui vous a étonné ?
07:55Alors, il y a plusieurs éléments, mais le premier, depuis que je suis engagé sur ces
08:01sujets, c'est une réflexion personnelle, mais en tant qu'être humain, en fait, aussi.
08:06Comment je me place, moi, dans cette humanité qui, dans son développement, a
08:11pu penser qu'elle pouvait tout maîtriser ? Et donc, c'est un retour à une forme
08:15d'humilité qui nous dit non, ben non, la nature, on nous rappelle à nos bons droits
08:19et surtout, là où nous sommes, c'est-à-dire des vivants parmi les vivants, quoi, et qu'il
08:25faut qu'on revienne à quelque chose de plus cohérent par rapport à ça.
08:29Donc ça, c'est quand même une réflexion assez globale, j'ai envie de dire, mais sinon,
08:33après, plus concrètement, c'est par où commencer, quoi, quand on a autant de sujets,
08:36parce que là, on citait les zones habitées, mais derrière les habitations, il y a des
08:40équipements publics, il y a des réseaux routiers, il y a des stations de lagunage pour le traitement
08:45des eaux usées, il y a un port, il y a une économie, et que quand on fait le cumul de
08:49tout ça, c'est assez phénoménal.
08:53Et finalement, c'est après, c'est la méthode, c'est le travail, c'est le fait d'étudier
08:57finement, en effet, tous ces éléments, là, pour mettre en place un plan qui, moi, m'a
09:03permis d'y voir clair, et donc, comment demain, on rend ça accessible au plus grand
09:09nombre, pour qu'eux aussi puissent avoir un cadre qui leur permette d'avoir des
09:13éléments de repère, qui leur permette de voir que, oui, on peut le gérer, quoi,
09:18voilà.
09:18On peut le gérer, on a un cadre et un cap pour effectuer ce changement.
09:22J'ai une dernière question, c'est sur le ZEN, dont on a beaucoup parlé, zéro
09:25artificialisation nette, on est en train de revenir en arrière, de faire marche
09:29arrière sur certains points.
09:31Quelle est votre vision, justement, face à cette urgence climatique ?
09:35Alors, je crois que si, en effet, certains veulent revoir l'échéance, c'est parce
09:39que, là aussi, elle nous questionne sur une nouvelle manière de faire.
09:43C'est un changement de culture.
09:44Et donc, du coup, on ne sait pas pour l'instant comment faire, mais c'est
09:49nécessaire.
09:50Le ZEN, c'est un outil technique, mais globalement, ça veut dire quoi ?
09:53Ça veut dire qu'il faut qu'on change notre manière d'aménager et de concevoir,
09:57en fait, le rapport à nos espaces.
10:00Repenser aussi le mode d'habitat, la relation à l'habitat.
10:04Et oui, c'est un changement, c'est un changement de repère.
10:07Et donc, je pense que, de toute façon, on n'a pas le choix, ça va venir, ça va
10:10se faire.
10:10Et que nous, dans notre démarche, on l'intègre totalement dans notre réflexion.
10:14C'est-à-dire que l'évolution du trait de côte, la recomposition de nos espaces,
10:18c'est forcément lié aux ZEN, c'est-à-dire qu'on consomme moins d'espaces naturels
10:21agricoles nouveaux.
10:22Au contraire, on est dans une résilience plus forte.
10:25On utilise l'existant, on essaie de lui donner une autre forme pour répondre finalement
10:30à tous ces défis.
10:31D'autant qu'on le sait, la ville de demain, elle est déjà construite, elle est déjà
10:34à 90% parmi nous.
10:36Merci, messieurs.
10:37C'était passionnant.
10:38Loïc Linares, président de CET, Aglo, Paul Méditerranée.
10:41Et oui, Névi de William, responsable des projets urbains sud-est, CETEC.
10:45À très bientôt sur Smartimo.
10:46Merci.

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