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  • il y a 4 jours
Anne Fulda reçoit François Bernheim pour son livre «Eddie Barclay et moi» dans #HDLivres

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00:00Bienvenue à l'heure des livres François Bernheim.
00:02Merci de me recevoir.
00:03Nous sommes ravis. Alors vous êtes musicien, vous êtes producteur, vous êtes compositeur également.
00:08Vous avez découvert Renaud, Patricia Cass, vous avez écrit pour de multiples artistes.
00:14Le Normand, Gérard Le Normand, Marie Laforêt, Régiani, Nicoletta et d'autres.
00:18Et d'autres.
00:18Encore. Et vous venez de publier, Eddie Barclay et moi, un récit, un livre de souvenirs,
00:25un livre qui est paru au Cherche Midi, qui permet de croiser pas mal de stars de l'époque,
00:32mais surtout de percer à jour ce personnage qu'on connaît mal finalement, Eddie Barclay,
00:38et les relations que vous avez eues avec lui lorsque vous l'avez connu.
00:41Vous étiez un jeune homme de 21 ans, c'était l'empereur du micro-sillon.
00:45Lorsque vous êtes engagé par lui, ce que vous racontez dans le livre, vous êtes d'abord assez surpris.
00:51Et est-ce que vous vous dites que c'est l'ascenseur pour la réussite d'une certaine façon ?
00:55Oh là là, je ne me dis rien du tout à ce moment-là.
00:58Moi, à l'époque, j'ai fait une incursion dans le showbiz et dans la chanson par l'intermédiaire
01:03et avec la complicité de Véronique Sanson et de Violaine.
01:07Sa soeur.
01:07Sanson, qui sont des amis d'enfance, enfin des amis d'adolescence.
01:11Donc, on a fait comme ça deux disques de super 45 tours, de micro-sillon d'ailleurs.
01:16Les Roches-Martins.
01:17Voilà, les Roches-Martins.
01:18Et qui ont eu un succès tout à fait éphémère.
01:21Et on était produit par Michel Berger.
01:23Donc, je ne sais pas pourquoi, à un moment, je reçois...
01:25Alors, le groupe, évidemment, on se sépare parce qu'évidemment, Michel tombe amoureux de Véro et réciproquement.
01:33Donc, le groupe, il n'y a plus de groupe, évidemment.
01:35Et Violaine Nauan se retrouve comme on l'était avant, c'est-à-dire à la fac de droit où on est en quatrième année.
01:40Et c'est à ce moment-là que je ressens un coup de fil d'une jeune femme qui m'a dit
01:46« Monsieur Barclay, m'aurait-vous voir demain matin dans son bureau ? »
01:50J'ai dit « Qui ? »
01:50Bon, je connaissais évidemment de réputation.
01:52Parce que quand on fait un peu de chansons, même à cette époque-là, on sait qu'il y a Eddie Barclay.
01:57Mais après, moi, je ne l'avais jamais rencontré.
01:59Je ne sais toujours pas, après autant d'années, pourquoi il m'a demandé de venir chez lui un matin d'été.
02:07Oui, parce qu'à l'époque, c'est le roi, l'empereur même, disons, du micro-sillon.
02:11Il a révolutionné l'industrie du disque.
02:14D'abord, c'est lui qui a importé le micro-sillon.
02:17Il est allé aux États-Unis pour faire ça, aider sa femme, sa deuxième femme.
02:22Parce que les femmes, après, ça vient, évidemment.
02:24Oui, surtout chez lui.
02:27Nicole, qui l'a poussé, évidemment, pour aller aux États-Unis, a importé le micro-sillon en France.
02:33C'est le premier à faire ça.
02:34Oui, alors, vous vous retrouvez...
02:37C'est quand même l'époque d'une espèce d'apogée de l'industrie musicale française.
02:43Et tout de suite, vous basculez dans un monde que vous connaissez assez mal.
02:46Dès que vous racontez, c'est amusant, le premier déjeuner, où il y a Johnny qui vient.
02:50Donc, le déjeuner a lieu à 15h.
02:52Et puis, alors, autour de la table, il y a...
02:54Comptez, il y a quoi ?
02:55Il y a Jean-Yann, il y a Salvador.
02:58Henri Salvador, Jean-Yann, Jacques Martin, je ne sais plus qui...
03:03Lefebvre, le médian.
03:05Bernard Pivot.
03:06Bernard Pivot, qui est là, qui arrive avec l'équipe sous le bras.
03:09Il paraît que c'est traditionnel chez lui.
03:12Et moi, j'ai 21 ans.
03:13J'avoue que Johnny, il arrive, il n'a que 4 ans de plus que moi.
03:17Donc, on peut espérer un dialogue entre lui et moi.
03:21Mais sinon, c'est vraiment de l'entre-soi.
03:23Ce sont des codes de discussion.
03:25Il n'y a pas grand-chose à faire là-dedans.
03:28Sauf que, évidemment, je viens d'être engagé par lui.
03:31Il m'a fait signer un contrat.
03:32Et il m'a dit, voilà, reste déjeuner.
03:35Alors, il me tutoie, évidemment, tout de suite.
03:37Et moi, pas.
03:39Oui.
03:39Et alors, ce qui est amusant, ce que j'aimerais, ce qu'on voit à travers le livre.
03:43Mais on ne perce pas vraiment l'énigme.
03:44C'est-à-dire que pour le grand public, Eddie Barclay, c'est les reportages dans Paris Match,
03:50les soirées en blanc, les mariages à l'appel, les cigares, la fête, les copains.
03:56Mais ce n'est pas que ça, justement.
03:57Mais c'est quand même, oui.
03:58C'est d'avoir quelqu'un de très seul, contrairement à ce qu'on pourrait croire.
04:01Vous le voyez, vous venez, le jour de sa mort.
04:05Alors, le jour de sa mort, c'est quand même quelque chose.
04:07C'est théâtral.
04:09Son fils, qui s'appelle Guillaume, et qui est resté quelqu'un que je connais bien,
04:12a fait, il m'appelle et me dit, j'ai fait transporter le corps de mon père à la maison.
04:18Est-ce que tu veux venir ?
04:18Et j'arrive, pour m'aider, me dit-il.
04:21Et j'arrive sur la table de cette salle à manger,
04:25qui a vu tellement de, qui a entendu tellement de choses, rigolote ou pas d'ailleurs.
04:29Il y a le cercueil blanc, avec Eddie Barclay à l'intérieur, habillé en blanc.
04:34Dans la main droite, un cigare.
04:36Et dans la main gauche, un verre de Bordeaux.
04:39Et à ses pieds, une bouteille de Bordeaux.
04:41Oui, santé Steph.
04:42Contesté, exactement.
04:44Alors vous dites, effectivement, c'est assez frappant.
04:46C'est qu'il est mort seul, parce qu'en fait, il est plus grand monde aujourd'hui, et ruiné.
04:51Alors oui.
04:52Est-ce que c'est le cas pour tout le monde ?
04:54J'en sais rien, mais sa réussite est immense.
04:57Il a beaucoup, soi-disant, beaucoup d'amis.
05:00On s'aperçoit quand même qu'il n'y a pas beaucoup d'amis qui resteront à son chevet
05:05quand il sera malade, quand il commencera vraiment à décliner.
05:07Et les amis, vous savez, ça venait aux fêtes.
05:11Mais les amis, c'est comme ça.
05:13Oui, puis il faut entretenir aussi.
05:15D'ailleurs, vous dites, vous racontez qu'au début, vous proposez de participer à l'addition.
05:21C'est un petit peu naïf.
05:22C'est pour le moins un peu surpris.
05:23C'est l'éducation que j'ai reçue.
05:25Évidemment, j'ai dit, moi aussi, on partageait.
05:27C'est un peu malvenu, je dois dire, de faire ça.
05:29Mais il s'est marré.
05:30C'est tout.
05:31Alors c'est le patron, vous l'appelez, c'est le patron.
05:34On vous présente parfois comme son dauphin.
05:36Mais c'est un peu un rendez-vous manqué quand même.
05:38Parce qu'on se sent un petit jeu.
05:39Moi je sais.
05:40Non, d'abord, c'est les gens de la compagnie qui m'appellent immédiatement le dauphin.
05:46Lui, il est plutôt dans le genre dilettante à m'appeler.
05:49Mais le dauphin, oui, c'est quelqu'un qui est proche, qui est soi-disant proche du patron
05:54et qui participe aux décisions.
05:56Mais pas du tout, pas du tout.
05:58Moi je suis une espèce de vitrine, comme ça, ça lui plaît de me trimballer un peu à gauche, à droite,
06:03de me donner des rendez-vous avec des gens.
06:07Je rencontre Anthony Quinn, je rencontre Elsa Minelli, je rencontre des gens comme ça.
06:13Je suis là.
06:14Bon, il va falloir que je fasse mes preuves pour avoir une raison véritable d'être là.
06:19Et c'est ce que j'ai essayé de faire pendant ces quatre ans.
06:20Oui.
06:21Parce que vous produisez quelques succès pendant que vous y êtes.
06:24Pas mal même.
06:25Pas mal.
06:26Mais oui, je suis à l'origine de ce groupe avec une jeune femme qui s'appelait Jacqueline Henschmil,
06:30qui est morte malheureusement.
06:31Mais il s'appelle Les Poppies.
06:32Oui.
06:32Et Les Poppies, ça fait partie de l'ambiance et de l'adolescence de gens qui, à l'époque, ont 5 ans, 6 ans ou 10 ans
06:41et qui chantent ces chansons-là.
06:44On a vendu beaucoup, beaucoup de...
06:45Enfin, Barclay a vendu beaucoup, beaucoup de disques à ce moment-là.
06:49Finalement, est-ce que vous avez percé son personnage ?
06:51Vous dites qu'il y a quelque chose de paradoxal et qu'il était fasciné par Gatsby ?
06:56Alors, non.
06:57C'est magnifique.
06:57Ça, c'est l'image qu'il donnait.
07:00Oui.
07:01Moi, je n'en ai jamais discuté avec lui.
07:04Peut-être qu'il l'a été, fasciné par Gatsby.
07:07En tous les cas, il était plus fasciné par ses physiques du genre « Autant on emporte le vent »,
07:14vous savez, c'était Gary Grant, des gens...
07:16Clark Gable.
07:17Clark Gable aussi, la fille de Moustache.
07:21Il avait ce côté élégant, je dirais.
07:23Chacun a son élégance, chacun fait ce qu'il veut avec ses vestes.
07:28Lui, c'était les vestes chamarrées et les chemises blanches largement échancrées.
07:35Mais bon, voilà.
07:36C'est comme ça qu'il se voulait.
07:39En tout cas, c'est à lire.
07:40C'est un joli livre.
07:41Ça s'appelle « Lydie Barclay et moi ».
07:42Merci François Bernheim.
07:43C'est parvu aux éditions du Cherche-Midi.
07:45Merci beaucoup.

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