- 10/06/2025
Mardi 10 juin 2025, retrouvez Anouck Teiller (directrice de la stratégie, Harfanglab), Jean-Paul Smets (PDG, Rapid.Space) et Laurent Renoult (cofondateur, R'volution) dans SMART TECH, une émission présentée par Delphine Sabattier.
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00:00Bonjour à tous, ravie de vous retrouver dans Smartech, le rendez-vous des nouvelles technologies et des innovations numériques de Bsmart.
00:15Au sommaire aujourd'hui, la réalité virtuelle au service du social.
00:19La start-up Révolution lance en partenariat avec l'association française des aidants,
00:23une expérience immersive pour sensibiliser les collaborateurs au quotidien souvent invisible des aidants.
00:30Pour en parler, Laurent Renou, le co-fondateur de Révolution, sera en plateau avec nous.
00:34Puis focus sur la cybersécurité européenne à l'occasion du Paris Cyber Summit.
00:39Nous allons dresser ensemble un état des lieux des menaces actuelles avec l'éclairage d'Anne Tellier, directrice de la stratégie chez Arfang Lab.
00:46Enfin, dans notre rendez-vous dédié au monde du logiciel libre, nous reviendrons sur un navigateur repensé de A à Z, libre, indépendant et 100% européen.
00:55C'est le pari de Lady Bird, dernier projet du créateur de Serenity OS.
01:00Jean-Paul Smets, le PDG de Rapid Space, sera en plateau pour nous apporter tous les détails.
01:06Voilà pour le programme Smartech, c'est parti !
01:10En France, un actif sur cinq est aidant et 44% d'entre eux estiment que cela nuit à leur carrière.
01:18Des salariés qui, en parallèle de leur vie professionnelle, accompagnent un proche malade, âgé ou même en situation de handicap.
01:26Comment sensibiliser à ce rôle, notamment dans l'entreprise ?
01:29C'est le pari de la start-up française Airvolution, spécialisée dans la création d'expériences immersives,
01:34qui s'associe à l'association française des aidants pour lancer une solution de sensibilisation en réalité virtuelle.
01:40Pour en parler, Laurent Renou, vous êtes le cofondateur de Airvolution.
01:45Est-ce que vous pouvez nous rappeler déjà ce qu'on entend par « aidant » et en quoi ça concerne aussi le monde de l'entreprise ?
01:51Exactement, merci pour cette invitation.
01:53Un aidant, c'est tout simplement une personne qui s'occupe d'un proche en perte d'autonomie,
01:56dû à la vieillesse, dû à la maladie, dû à l'handicap.
01:59Il y a en France entre 9 et 12 millions d'aidants en France, dont un salarié sur 5 actuellement,
02:05et un sur 4 le sera en 2030, donc très rapidement.
02:09Sachant que c'est en plus un peu compliqué de le mesurer.
02:11Exactement, voilà pourquoi cette fourchette entre 9 et 12 millions,
02:15j'ai même vu sur le site d'un assureur, 14 millions.
02:18Donc effectivement, c'est toujours difficile d'en mesurer parce que les gens n'en parlent pas toujours.
02:22Et un salarié sur deux, enfin un aidant sur deux, ne sait même pas qu'il en est un.
02:27Donc voilà pourquoi c'est encore plus difficile de mesurer cet impact.
02:31Mais en tout cas, on sait qu'il y en a de plus en plus dû à le vieillissement de la population.
02:34Et donc vous avez développé une solution, je le disais, Alliance France a été la première entreprise
02:40à expérimenter le dispositif que vous proposez.
02:43Est-ce que vous pouvez nous expliquer concrètement en quoi consiste cette expérience ?
02:46Complètement, donc on s'est associé également à des experts qui est l'Association française des aidants.
02:50L'idée de notre film, c'est justement de s'immerger dans la peau des dents.
02:53Donc on a créé un scénario qui dure une petite douzaine de minutes,
02:57dans lequel on prend la peau de deux aidants.
03:00Tout cela est complété par un module interactif pour aller plus loin,
03:05ainsi que des questions-réponses.
03:07Donc les apprenants ont tous le casque, répondent aux questions,
03:11regardent le casque de réalité virtuelle, donc jusqu'à 12 personnes par heure.
03:15Ils regardent le film, ils répondent aux questions et il y a le module interactif qui vient derrière.
03:19Et tout cela est complété par la suite par un animateur qui est également présent
03:23pour recueillir un petit peu les avis des personnes
03:25et puis aller plus loin également pour leur apprendre des choses.
03:28D'accord. Et pourquoi vous avez choisi la réalité virtuelle pour ce type d'expérience ?
03:33Qu'est-ce que cela permet en fait ?
03:34Deux choses. Tout d'abord, quand les personnes sont dans le casque de réalité virtuelle,
03:38ils ne sont pas en train de regarder leurs notifications qui arrivent sur le téléphone
03:41ou alors être dérangés par un collègue.
03:44Donc déjà, cela permet une première chose, c'est-à-dire qu'ils sont immergés dedans.
03:47Donc on est actif dans l'expérience.
03:48Exactement, ils sont actifs.
03:51Et deuxième raison, la réalité virtuelle permet ce qu'on appelle l'effet Proteus.
03:54C'est un phénomène psychologique qui fait qu'on s'identifie à la personne que l'on incarne.
03:59Ce qui fait que ça booste l'empathie.
04:01Et donc grâce à ça, j'arrive à comprendre ce que la personne ressent.
04:05Et d'ailleurs, vous parlez d'identification.
04:07Je crois même que dans l'expérience, en fait, c'est une histoire basée sur des faits réels, c'est ça ?
04:12Avec des personnages, en fait, on suit un peu la vie des dents qui pourraient exister, même qui existent.
04:16Qui existent, c'est pour ça qu'on s'est associé à l'Association française des aidants et les retours qui en sont faits.
04:23C'est vraiment, j'ai l'impression d'être avec mon papa, en fait.
04:26Donc l'objectif est vraiment là, c'est s'identifier pour mieux comprendre les choses.
04:30Et justement, est-ce que les effets d'une telle expérience sont mesurables ?
04:34On fait des mesures d'impact, exactement.
04:36Alors on peut passer justement, on peut aller jusqu'à 12 personnes par heure,
04:39ce qui fait qu'on peut sensibiliser jusqu'à 84 personnes sur une journée entière.
04:43Et grâce aux questions-réponses, en fait, on fait une mesure d'impact.
04:46C'est-à-dire que les données, on les récupère et on les transmet ensuite aux entreprises
04:49en indiquant, ben voilà, sur ces 84 personnes qui ont été sensibilisées,
04:55il y en a un tel chiffre qui sont aidants, tel chiffre ne connaît même pas les dispositifs.
05:01Donc ça permet également à l'entreprise de savoir exactement où ils en sont.
05:05Et est-ce que, donc là, on a parlé d'une première expérience, du coup, avec Alliance France.
05:10Est-ce qu'à terme, vous imaginez déployer ce dispositif à grande échelle ?
05:13Ah, l'objectif, c'est effectivement de déployer à grande échelle.
05:15Donc Alliance France a été le précurseur, a été les premiers à le lancer.
05:18On a fait le lancement officiel chez eux mardi, je les en remercie.
05:20Évidemment, d'autres mutuelles suivent le pas.
05:23On est à un... Je vais chez une mutuelle cet après-midi.
05:26On est à un... Je vais chez une mutuelle cet après-midi.
05:29Enfin, un rôle à jouer dedans, parce qu'elle propose des offres aux entreprises.
05:34Et puis également les entreprises, dans le cadre pour l'ERH, pour la qualité du travail,
05:39forcément, c'est un enjeu pour les entreprises.
05:40Parce qu'on sait que les aidants, malheureusement, de par cette vie supplémentaire,
05:45ça entraîne de l'absentéisme, ça peut entraîner de la dépression, de la fatigue.
05:49Donc forcément, les entreprises doivent également s'emparer du sujet.
05:52Et elles s'en emparent.
05:53Elles proposent de plus en plus des dispositifs.
05:54Encore faut-il que les aidants, également, s'emparent de leurs dispositifs existants.
06:00Et pour ça, il faut eux-mêmes qu'ils sachent qu'ils sont aidants.
06:03Et rapidement, est-ce que vous envisagez d'autres dispositifs, d'autres expériences sur d'autres sujets de société ?
06:08Évidemment.
06:09Oui.
06:09L'objectif est d'en lancer plusieurs.
06:11Donc il y en a un qui va être lancé avant la fin d'année.
06:14Un autre sera sur le début d'année prochaine.
06:17D'accord.
06:18On ne peut pas...
06:18On ne peut pas dévoiler les thèmes pour l'instant.
06:21On sait qu'il y a un impact.
06:22On sait que la réalité virtuelle a un vrai impact.
06:23Notre solution permet de sensibiliser une masse de personnes sur la journée.
06:29Donc on peut en développer plusieurs.
06:32Merci beaucoup Laurent Renu.
06:33Merci à vous.
06:33Je rappelle que vous êtes le cofondateur de Airvolution.
06:36Tout de suite, on enchaîne avec notre grand rendez-vous cyber dédié à la souveraineté européenne.
06:45Grand rendez-vous cyber aujourd'hui dédié à la souveraineté européenne.
06:49Bonjour Anouk Tellier.
06:50Merci d'être avec nous.
06:51Vous êtes la directrice de la stratégie chez Arfang Lab, une entreprise française qui développe des solutions de type EDR.
06:59Donc une entreprise spécialisée dans la cybersécurité.
07:02Donc EDR c'est Headpoint Detection and Response.
07:05Avant d'entrer dans le vif du sujet, est-ce que vous pouvez nous en dire un mot là-dessus et nous préciser comment fonctionne cette solution ?
07:11Oui tout à fait. Donc c'est Arfang Lab, on développe des logiciels.
07:15Donc c'est cet EDR, c'est un logiciel qui se déploie sur les postes de travail et sur les serveurs des organisations publiques comme privées
07:21et qui visent à prévenir, détecter et puis bloquer les cyberattaques.
07:25D'accord.
07:26Aujourd'hui on protège un peu plus de 2 millions de postes de travail et de serveurs.
07:31Et ça fonctionne avec l'IA ?
07:32Ça fonctionne avec l'IA, à la fois pour détecter les menaces et également pour aider les analystes qui au quotidien vont investiguer, trier ces menaces.
07:42Et donc justement si on fait un point rapidement de la menace en fait en 2025,
07:49est-ce que déjà on a des chiffres récents pour mesurer les attaques cyber et quelles sont les attaques les plus préoccupantes aujourd'hui ?
07:56Tout à fait. Ce qui est marquant en 2025 c'est à quel point la menace cyber est devenue un fait constant.
08:02Il y a toujours des cyberattaques au pluriel qui sont en cours contre des entités de toute taille, publiques comme privées.
08:11Quand on voit que l'ANSI dans son rapport annuel 2024 est intervenu plus de 4 300 fois,
08:16on voit à quel point cette menace cyber c'est devenu quelque chose du quotidien.
08:20Oui, on en parle effectivement de plus en plus quasiment toutes les semaines en fait.
08:25On a des entreprises qui sont touchées mais pas que des entreprises.
08:28On a vu récemment que le département des Hauts-de-Seine a été victime d'une cyberattaque.
08:32Donc c'était tout récemment en mai 2025.
08:35Quelles sont les cibles les plus vulnérables aujourd'hui ?
08:38Est-ce que vous diriez que c'est les hôpitaux ?
08:40Parce qu'on en a beaucoup parlé aussi dans le secteur de la santé.
08:42Les entreprises, les collectivités.
08:44Je crois que vous avez sorti un rapport à ce sujet récemment.
08:47Oui, tout à fait.
08:48Il y a un peu ce triptyque des cibles de cyberattaques.
08:50Donc les collectivités territoriales, les établissements de santé et les entreprises stratégiques
08:56qui peuvent être de tailles différentes.
08:57Ça peut également être des PME et des ETI mais elles ont des activités stratégiques.
09:01C'est un peu le triptyque classique et elles sont continuellement ciblées.
09:06Ce qu'on note toutefois c'est une vraie prise de conscience et la mise en place de mesures de renforcement
09:11dans ces cibles qui sont ciblées massivement depuis 2020.
09:15Et ça se traduit par une diminution un peu je dirais statistique du nombre de cyberattaques
09:19sur ces cibles-là.
09:20C'est de la statistique.
09:21La réalité c'est qu'on voit avec l'exemple mentionné du conseil départemental des Hauts-de-Seine
09:26que ça continue d'arriver à ce type de structure.
09:28Donc elles sont de plus en plus concernées mais peut-être pas suffisamment protégées.
09:33Et est-ce que vous direz que cette menace elle évolue forcément avec le contexte
09:36de tensions géopolitiques qu'on connaît aujourd'hui ?
09:39Tout à fait.
09:39Aujourd'hui l'usage des cyberattaques, des modes d'action dans le numérique je dirais
09:44c'est devenu intégralement une partie de la dialectique de puissance entre les états.
09:48Il n'y a pas un seul conflit, une seule tension du monde réel, du monde diplomatique
09:54qui ne se traduit pas immédiatement et quasi systématiquement par des actions dans
09:59le monde numérique.
10:00On a vu des déstabilisations autour de la ville de Paris, des Jeux olympiques, notre
10:05équipe de recherche a publié là-dessus.
10:07On a vu récemment 14 agences de cybersécurité occidentales mettre en évidence, attribuer
10:14directement au service de renseignements militaires russes, des cyberattaques qui visaient à
10:19interrompre les chaînes logistiques qui appuient l'effort de guerre en Ukraine.
10:24Et donc on voit clairement cette traduction immédiate des conflits géopolitiques dans
10:28le cyberespace.
10:29Alors il y a quelques jours s'est tenue la 7ème édition du Paris Cybersummit, un rendez-vous
10:34de haut niveau réunissant des commissaires européens, des hauts fonctionnaires, des parlementaires,
10:39des dirigeants du secteur privé et des experts en cyber défense.
10:42Donc au programme de cette édition, on avait de nombreuses tables rondes consacrées aux
10:47grandes problématiques actuelles de la cybersécurité, des nouvelles tendances de la menace, à la
10:51protection des entités critiques, du secteur de la santé notamment, en passant aussi par
10:56l'impact de l'IA dans les cyberopérations ou encore les stratégies d'ingérence numérique
11:01et la guerre dans le cyberespace.
11:05La souveraineté européenne, c'était malgré tout un thème central.
11:09Selon vous, qu'est-ce que ça signifie déjà concrètement être souverain dans la
11:13cyber ?
11:14Tout d'abord, être souverain dans la cyber, c'est aussi être souverain dans le numérique.
11:19La cyber, c'est une surcouche du numérique.
11:21C'est indissociable.
11:22C'est indissociable totalement.
11:23Et donc, il faut vraiment tenir compte de ça.
11:27Ensuite, être souverain, c'est avant tout, au-delà du débat philosophique sur le sens
11:32de souveraineté, de autonomie stratégique, c'est avant tout être maître de ses choix,
11:36d'avoir suffisamment de transparence dans les solutions pour comprendre, voir ce qui se
11:40passe, de les maîtriser, d'être en capacité de choisir, mais aussi de refuser certaines
11:45fonctionnalités si on n'en a pas besoin, si elles ne correspondent pas à notre contexte,
11:48à nos risques.
11:49Et enfin, c'est la capacité de contrôle, d'être en capacité de vérifier qu'au-delà
11:54du déclaratif, la réalité technologique, elle est vraiment conforme à son contexte,
11:59à ses risques.
12:00Alors, lors de la première journée de ce Paris Cyber Summit, un protocole d'accord
12:05a été signé avec comme objectif de structurer une politique industrielle commune en Europe.
12:11Les signataires de ce mou sont notamment Daniel Le Kogic de la CN, donc pour la partie France,
12:16et Peter Sund du FISC, donc Finnish Information Security Cluster pour la Finlande.
12:22On s'est rendu à la maison de la chimie et on a pu obtenir une interview de Sébastien
12:26Garneau, l'organisateur du Paris Cyber Summit, qui nous a expliqué les trois piliers de cet
12:31accord.
12:31On regarde.
12:32On est ici à la septième édition du Paris Cyber Summit.
12:35Alors, est-ce que vous pouvez nous résumer un peu quels sont les temps forts de cette
12:38édition du 2025 ?
12:40Oui, merci.
12:40Pour cette septième édition, on avait peut-être deux temps forts majeurs.
12:44Le premier, et c'est vraiment pour nous quelque chose de très important, c'est la signature
12:48du Memorandum of Understanding avec nos collègues finlandais, espagnols, et l'année
12:53dernière c'était allemand.
12:54Et c'est comme ça qu'on construit une vraie souveraineté européenne.
12:58C'est en tous les cas ce qu'on pense et c'est ce qu'on est en train de faire aujourd'hui.
13:02Et donc cet accord, il vise quoi concrètement ? Qu'est-ce qu'on peut trouver dedans ?
13:05Quelles sont les parties prenantes ?
13:06On a essayé de faire simple, parce que tout le monde est très occupé, tous ces gens
13:12sont des décideurs de premier plan et ils font la cyber en Europe.
13:15Donc l'idée était de faire simple, visible et lisible.
13:19Premier pilier, échange d'informations.
13:20Juste un mail, avec deux parties, peut-être trois.
13:24Première partie, actualité législative.
13:27Qu'est-ce que votre Parlement est en train de faire dans la tech et dans la cyber en
13:29ce moment ? Deuxième sujet, avez-vous des expériences sur des menaces, des attaques
13:36ongoing ? Désolé, l'événement est en anglais, donc j'ai l'anglais qui vient, mais en
13:42ce moment, qu'est-ce qui se passe sur le front de la menace ? Premier pilier, l'échange
13:45d'infos, ce qui nous oblige à partager et à communiquer ensemble.
13:51Premier sujet.
13:52Second sujet, la politique industrielle européenne.
13:55Ce matin, la commissaire Verkonen a rappelé l'importance de construire cette politique
14:00publique.
14:00Elle l'avait déjà fait à Munich et ici à Paris, elle le rappelle.
14:04Nous, secteur privé, on ne veut pas rappeler qu'il faut le faire, on veut le faire.
14:08Et donc pour le faire, on avait besoin de deux choses.
14:10Se connaître et donc avoir conscience et avoir un cadre de travail.
14:14C'est donc ce qu'on a, c'est le deuxième pilier, travailler sur cette politique industrielle
14:17avec une première étape.
14:18Qu'est-ce que ça veut dire ? De quoi on parle ?
14:20Troisième élément, tout le monde cherche de l'argent.
14:22Et la commission européenne a plein de projets européens qui ne sont pas adressés, sur
14:28lesquels il n'y a pas de réponse et donc l'argent dort à Bruxelles.
14:31Nous avons décidé d'aller chercher cet argent ensemble et comment le faire ? On va identifier
14:36un, deux, pas trois, deux projets et sur lesquels on va monter en européen pour aller
14:42chercher ces fonds et donc participer à la fois à la résilience de nos États membres
14:48mais aussi au rehaussement de notre activité économique. Et c'est comme ça qu'on fait
14:52de la souveraineté.
14:53Merci beaucoup.
14:54Merci.
14:55Alors, Anouk Teillé, peut-être rapidement, qu'est-ce que ça vous inspire cette initiative
14:59et est-ce que vous soutenez cette logique de s'unir à travers l'Europe, à travers des
15:04protocoles en fait comme celui-ci ?
15:05Tout à fait. Toutes les initiatives qui visent à favoriser plus de coordination, plus d'échange
15:11au niveau européen, elles doivent être saluées. C'est comme ça qu'on construira une défense
15:15solide pour nos économies et nos sociétés en Europe.
15:18Et est-ce que selon vous, ça permet vraiment de passer à l'action concrètement ?
15:23C'est un peu tôt pour le dire dans ce cas précis mais déjà c'est un premier pas
15:27de réussir à se mettre d'accord, de réussir à se fixer des priorités et au profit
15:33de la cybersécurité européenne.
15:35Alors justement, lors de ce pari cybersumite, on a également croisé Daniel Le Kogic, le
15:40président de la CN, qui est l'un des signataires de cet accord. Et c'était l'occasion de
15:44lui demander justement si selon lui, l'Europe est sur la bonne voie en matière de souveraineté.
15:50La souveraineté européenne, c'était un thème majeur aujourd'hui. On sait qu'il y a eu
15:53la signature d'un accord. Est-ce que vous trouvez qu'on est sur la bonne voie ?
15:57Moi, je trouve qu'on est sur la bonne voie parce qu'on a des capacités de recherche
16:04et développement. On a des compétences, donc on a des entreprises aujourd'hui. Il n'y
16:09n'y aura pas de souveraineté s'il n'y a pas d'entreprise qui maîtrise les technologies
16:13et qui les développe. Maintenant, il y a une prise de conscience à avoir des gouvernements
16:18et de réformer les politiques d'achat, par exemple. Aujourd'hui, les gouvernements,
16:25les grandes institutions, les grands groupes privés achètent américains. Bon, je dirais
16:31que sous forme de boutade, notre meilleur commercial, c'est Donald Trump. Il arrive et il dit,
16:36bon, ben voilà, ça pousse à quelque part à une réflexion des Européens à se dire
16:41et ça serait bien qu'on ait des solutions souveraines. Je vais vous donner un exemple
16:45qui est connu par tous les médias aujourd'hui et par le public. C'est VMware qui a été
16:51largement utilisé et acheté par les grands donneurs d'ordre public et privé. Et comme
16:56il a été racheté par Broadcom, Broadcom a augmenté de 50% les prix des licences. Ils
17:00se plaignent tous. Ben oui, mais il ne fallait pas acheter VMware ou il fallait étudier
17:04des solutions européennes. Alors, juste un dernier point sur les solutions européennes
17:08versus les solutions américaines. Mon message, c'est qu'il faut être frugal. C'est-à-dire
17:13qu'aujourd'hui, les solutions européennes, effectivement, elles n'ont pas les 50 fonctionnalités
17:18supplémentaires ou 10 fonctionnalités supplémentaires, élégantes, jolies, que peuvent avoir certaines
17:24solutions américaines. Mais elles sont nécessaires et suffisantes. D'accord ? Quand vous achetez
17:30Excel, vous utilisez 5% des fonctionnalités d'Excel. Et bien aujourd'hui, dans la cybersécurité,
17:36achetez des solutions françaises. Elles sont très suffisantes et couvriront tous les aspects
17:40qui sont importants pour votre compliance.
17:43Merci beaucoup.
17:44Anouk Thayer, est-ce que vous êtes plutôt optimiste sur les capacités, justement, de
17:50notre écosystème européen à s'imposer face aux géants américains, notamment ?
17:54Oui, tout à fait. On a en Europe et en France plus particulièrement des solutions
17:59de classe mondiale. On fait souvent différemment. On fait parfois mieux que nos concurrents
18:04américains. Et c'est ça qu'on doit cultiver, cette performance de notre écosystème, cette
18:08innovation de notre écosystème.
18:10Justement, Daniel Lecaudic, il a parlé de la notion de frugalité. Ça évoque quoi
18:15pour vous ?
18:15Au-delà de la notion de frugalité, je pense que c'est cette notion d'être suffisant
18:21où j'ai un peu plus de mal. Je pense qu'en tant qu'écosystème, c'est dangereux. Il faut
18:25continuer à pousser l'innovation, à être au niveau et à être même parfois plus performant
18:32et à travailler ensemble. En travaillant avec d'autres entreprises en Europe, on peut
18:38fournir la profondeur de fonctionnalité qu'évoquait M. Lecaudic. C'est ce qu'on a fait
18:42par exemple avec Arfeng Lab. On a travaillé avec une société autrichienne, Icarus.
18:46Et nous, du coup, c'est quel visage ?
18:48Icarus est une société autrichienne que, honnêtement, on ne connaissait pas parce
18:52qu'ils sont autrichiens, parce que nous, on est français.
18:55Qui sont venus à vous, du coup ?
18:56Oui, qui sont venus à nous. Et on a des solutions qui sont très complémentaires.
19:01On n'est pas concurrents, mais on ne travaillait jamais ensemble. Et donc, on a fait le pari
19:05de fusionner nos solutions et de fournir une offre commune. Et je pense que c'est
19:09un modèle qui est reproductible. Et en tout cas, c'est quelque chose qu'avec Arfeng Lab,
19:13on va essayer de continuer, de fournir des solutions et des offres packagées avec
19:18plusieurs solutions françaises et européennes.
19:21Et qu'est-ce que ça montre, cette coopération ? Selon vous, c'est vraiment un modèle qui
19:25est reproductible sur l'ensemble de la chaîne cyber ?
19:30Tout à fait. Je pense qu'aujourd'hui, on a de très nombreuses petites pépites en France
19:34et en Europe. Et qu'en travaillant ensemble, en étant commercialement bon et techniquement
19:42bon, on peut largement fournir des solutions aux grands groupes, aux grandes institutions
19:48qui sont meilleures et différentes de celles de nos concurrents américains.
19:52Alors, quand on parle de l'Europe, il y a aussi un sujet qui revient beaucoup.
19:55C'est l'aspect réglementaire. Récemment, on en parle beaucoup.
20:00C'est la directive NIS2. Est-ce que vous pensez qu'elle est suffisamment comprise
20:07par l'écosystème ? On parlait tout à l'heure d'acculturation.
20:10En fait, la directive NIS2, elle va notamment s'imposer aux collectivités.
20:15Est-ce que vous pensez qu'aujourd'hui, l'écosystème l'a suffisamment compris ?
20:20S'en est imprégné ? Est-ce que vous pensez qu'elle va être bien impliquée ?
20:23Est-ce qu'on a les clés, en fait, pour l'appliquer même ?
20:26La directive NIS2, elle est importante parce qu'elle démocratise les exigences de cybersécurité
20:32par opposition à une approche réglementaire précédente
20:35qui était concentrée uniquement sur les entités critiques.
20:38C'est donc NIS1, du coup ?
20:39NIS1 ou la LPM en France, c'est la loi de programmation militaire, pardon.
20:43Et donc, cette démocratisation, elle passe aussi par un effort de pédagogie.
20:46Il faut expliquer ce qu'on sait que les exigences cybers.
20:50Il faut que les solutions, les fournisseurs de solutions, expliquent en quoi les solutions
20:55correspondent ou non à certaines exigences de la réglementation.
20:59Est-ce qu'elle sera suffisante ? Aujourd'hui, c'est un peu tôt pour le dire.
21:02J'ai tendance à dire, de manière générale, que la réglementation, elle n'est jamais suffisante
21:06si elle n'est pas suivie d'effet, si elle n'est pas suivie de véritablement mise en œuvre.
21:10Et c'est vrai que face aux cyberattaques actuelles, et alors qu'on attend encore la transposition
21:14de la directive NIS, j'insisterais plutôt toute entité à se lancer dans une démarche
21:18de cybersécurité, quoi qu'il arrive, à être proactif et à mettre en place les premières
21:22mesures, les mesures élémentaires de cybersécurité.
21:25Et donc, est-ce que selon vous, on avance vraiment vers un référentiel européen de
21:30cybersécurité de haut niveau ? Est-ce qu'on est suffisamment à la hauteur là-dessus ?
21:35Ça, c'est un peu plus difficile parce qu'il y a effectivement la réglementation.
21:40Il y a eu plusieurs initiatives pour mettre en place des cadres de certification, notamment
21:44des solutions de l'organisation des certifications.
21:46Au niveau européen, nous, notre expérience en tant qu'Arfanglab, on a été certifié
21:50puis qualifié par l'ANSI à deux reprises.
21:54C'est que quand on va en Allemagne, puisqu'on a une activité commerciale en Allemagne, même
21:58si cette certification est reconnue par le BSI, l'homologue de l'ANSI en Allemagne, culturellement,
22:03les acheteurs, ils ne mettent pas la même valeur sur cette certification reconnue que sur
22:07une certification du BSI. Donc, même si la réglementation est en place, là, on voit
22:11que c'est un peu dans l'état d'esprit qu'il y a ce retard et c'est quelque chose sur lequel
22:16il faut travailler. Ça ne se fera pas en un jour.
22:18Je crois que ça, c'est clair, qu'il faut continuer à travailler là-dessus. Merci beaucoup
22:22à nous tailler. Je rappelle que vous êtes la directrice de la stratégie d'Arfanglab.
22:27On enchaîne tout de suite avec notre rendez-vous avec le Monde du Libre.
22:30On termine cette édition avec Jean-Paul Smets, le PDG de Rapid Space, pour notre rendez-vous
22:41avec le Monde du Libre. Jean-Paul, aujourd'hui, vous allez nous parler d'un logiciel français
22:46que nous utilisons tous et tous les jours, que nous soyons sous macOS, iOS, Windows et même
22:52Linux.
22:52Exactement. En fait, c'est un logiciel français qui a été écrit par un français, David
22:57Fort. En fait, il y a en 98, le directeur de l'Agence nationale de la sécurité des
23:02systèmes d'information déclarait à l'Assemblée nationale que le développement logiciel
23:06n'est pas le point fort de la France et ne l'a jamais été. Ça m'avait beaucoup
23:09choqué. Je me disais, mais qu'est-ce qu'on a comme exemple pour montrer que ce n'est
23:13pas vrai, que c'est injuste de dire ça. Est-ce qu'on n'a pas un logiciel qu'utilise
23:17absolument tout le monde, tous les jours, lui-même d'ailleurs. Et donc, je pense
23:21à Linux, c'est bien, ça domine les serveurs, mais c'est européen, mais finlandais. Python,
23:26c'est le langage le plus utilisé au monde, c'est européen, mais c'est néerlandais.
23:29On a VLC ou Scikit-learn qui sont français, mais ce n'est pas aussi célèbre que Linux.
23:35Et là, je me souviens de David Fort, que j'avais rencontré à Tokyo à la fin des années
23:3990 lors d'un colloque à l'ambassade de France sur les logiciels libres. Et David Fort
23:43est en fait l'ancêtre de Conqueror, qui est le logiciel dont dérivent tous les navigateurs
23:48web, que vous ayez un iPhone ou n'importe quoi d'autre.
23:51Parce que, par exemple, sur un iPhone, on utilise Safari, souvent ?
23:54Justement, Safari, qui a été lancé en 2001, est dérivé de Conqueror, qui a été
23:59créé en 1998. Donc, sans le savoir, tu utilises tous les jours un navigateur web créé par
24:05un Français en 1998. Et le composant derrière Conqueror, qui s'appelle KHTML, en fait, a été
24:12intégré par Apple sous le nom de WebKit, un peu comme Android de Google, c'est un Linux
24:16dérivé. Lorsque Google a vu Safari, ils ont copié Safari, ce qui a donné Google Chrome
24:22en 2008. Et Google Chrome, au lieu d'utiliser WebKit, a eu un dérivé en 2013 qui s'appelle
24:28Blink.
24:29Et donc, du coup, est-ce qu'on peut chiffrer combien de navigateurs ont été fondés sur
24:32la base du Conqueror de David Fort ?
24:34Je suis allé voir Wikipédia, qui est un super historique. Et dans Wikipédia, on voit une
24:38espèce de zone verte. Et sur 22 navigateurs encore en développement, 18, en fait, dépendent
24:45de Conqueror. Et peu à peu, Conqueror a mangé tous ses concurrents. Donc, c'est plus d'Internet
24:51Explorer, mais Edge. Plus d'Opéra développé indépendamment, mais ça dérive de Blink
24:56qui dérive de Conqueror. Et on voit qu'aujourd'hui, 95% des usages du Web et de la base installée
25:02sont des dérivés du Conqueror de David Fort de 1998. Donc, je pense qu'on tient notre
25:07exemple. Le logiciel qui est le plus utilisé au monde par tout le monde, ce n'est pas Linux,
25:11que ce n'est pas Windows, c'est Conqueror. Et c'est dérivé sur les téléphones de
25:15tout le monde, comme sur celui du directeur de l'Agence Nationale des Systèmes d'Information.
25:20Ça n'a pas été fait tout seul. Il y a eu Lars Knoll, Tobin Weiss, Valdan Bastian et
25:25bien d'autres qui ont aidé au développement. C'est une belle coopération européenne, une
25:28belle coopération publique-privée avec du libre et du propriétaire qui marchent ensemble.
25:32Du coup, tout à l'heure, vous disiez que seuls trois navigateurs Web dépendent de Mozilla.
25:36Oui, il y a Simanky, Firefox et un autre. On a également NetSurf, qui est un développement
25:41indépendant. Et aujourd'hui, ce n'est plus rien. C'est moins de 5% du marché.
25:47Et alors, pourquoi on a 18 versions différentes de navigateurs qui sont dérivées de Conqueror ?
25:53Alors, il y a une partie qui est facile. Donc, Conqueror, Apple fait sa version,
25:56veut son branding et sa culture technique. Ça donne Safari. Google n'a pas envie de faire du Safari,
26:00donc ça s'appelle Chrome. Microsoft va voir Edge parce qu'il ne veut pas dire qu'il fait du
26:04Google. Donc, ils vivent chacun leur vie, Google, Microsoft, Apple, avec en gros la même famille
26:09de code, mais avec leur logo, leur marque, leurs petites adaptations techniques. Ça, c'est une
26:14partie. Mais l'autre partie, c'est lié à des différences liées à l'éthique.
26:18Donc, à la protection de la vie privée ?
26:20Pas seulement. Donc, par exemple, GNU IceCat, c'est un navigateur Web pour les vrais
26:24libristes purs. Quand on fait du logiciel libre, on veut un logiciel libre sur son laptop et quand
26:30on consulte un site Web, on veut que les JavaScript qu'on télécharge et qu'ils s'exécutent
26:33soient aussi libres. Et donc, IceCat bloque tous les JavaScript pas libres. Ça peut paraître un
26:39peu extrême, mais si on veut faire de la vraie sécurité, contrôler ce qui s'exécute, ça évite
26:44énormément d'attaques. Après, tu as raison, dans la plupart des cas, on est sur de la protection de
26:49la vie privée. En gros, on prend, on enlève de Google Chrome tout ce que Google avait ajouté à
26:56Conqueror. C'est à peu près ça. Donc, Iridium en Allemagne a une belle solution de navigateur pour
27:01entreprise facile et gérer, qui met la sécurité par défaut à 2048 bits, qui évite toutes
27:07sortes de, on va dire, de failles. On a ClickZ, qui est une société qui a été fondée par
27:13Jean-Paul Schmetz, mon homonyme, qui avait fait un moteur de recherche et un navigateur. Le
27:17moteur de recherche a été intégré ensuite à Brave. Brave, très connu pour la protection
27:23de la vie privée, comme Bromite ou encore une Google Chromium. On a une belle offre.
27:27Aujourd'hui, il y a des nouveaux projets de navigateurs web libres ou il y a des nouvelles
27:32innovations dans le domaine ?
27:33Alors, il y en a deux. La première, c'est que les navigateurs comme Brave ou encore mieux
27:36comme Aggregor intègrent la fonction serveur web et serveur d'intelligence artificielle,
27:42ce qui fait qu'on n'a plus besoin de cloud. Donc, on installe un navigateur, on dépend de
27:46personne, même s'il y a la guerre, même des sanctions, tout va marcher. On pourra faire du
27:50web tout seul. Et la deuxième grande innovation, c'est Andreas Kling, qui est l'auteur d'un système
27:55d'exploitation européen, Serenity OS, qui est un plan B à Linux, qui est complètement
27:59indépendant et résilient, a aussi fait un plan B à Conqueror qui s'appelle Ladybird,
28:03développement à partir de zéro, d'une source complète de nouveaux navigateurs web.
28:09C'est tellement bien que Chris Van Straat, qui est un des fondateurs de GitHub, en a fait
28:12une fondation avec lui. Et on a aujourd'hui enfin une alternative à Conqueror qui est à
28:19nouveau européenne et libre. Donc, en quelque sorte, le renouveau du web libre, c'est
28:24Ladybird et c'est à nouveau européen.
28:26Hyper intéressant. Merci beaucoup Jean-Paul Smet. Je rappelle que vous êtes le PDG de
28:31Rapid Space. Merci beaucoup à tous de nous avoir suivis. C'était Smartech.
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