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  • 06/06/2025
Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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Transcription
00:01A l'approche du salon de l'aéronautique du Bourget, on va parler de cette filière aéronautique et spatiale très importante,
00:08ça représente beaucoup d'emplois en France.
00:09Guillaume Faury, merci d'être sur CNews, vous êtes le président du GIFAS qui organise le salon,
00:15également président d'Airbus, directeur général d'Airbus pour être vraiment très précis.
00:20Alors ce salon de l'aéronautique démarre le 16 juin, comment ça se présente ?
00:23Parce qu'au vu de tous les conflits dans le monde entier, les tensions qui se multiplient,
00:27est-ce que ça commence à peser un peu sur votre activité ?
00:31Le salon du Bourget, c'est en fait le plus grand salon aéronautique et spatial du monde.
00:36Il a lieu tous les deux ans et il est plus que deux fois plus grand en termes d'exposants, en termes de visiteurs, que le deuxième salon.
00:43Donc c'est vraiment le rendez-vous mondial de la profession tous les deux ans.
00:47Il n'a pas eu lieu en 2021 à cause du Covid, donc on a recommencé en 2023.
00:52On a eu une très belle édition parce que l'ensemble du secteur mondial était reparti.
00:56Et là, effectivement, on a un environnement très compliqué avec beaucoup de conflits.
01:01Et pour autant, on a un très beau salon devant nous parce que l'ensemble des acteurs de l'aéronautique, du spatial et du monde de la défense et de la sécurité,
01:10compte tenu de cette situation, viennent, veulent se voir, veulent se rencontrer, veulent voir aussi les évolutions et viennent à Paris.
01:18Alors justement sur ces tensions internationales, ces craintes, sur l'industrialisation de la France, que vous disent vos adhérents au GIFAS ?
01:25Les adhérents du GIFAS, c'est un peu plus de 500 entreprises, des grandes entreprises comme Airbus, Dassault, Thales, Safran, à de très nombreuses PME et des start-up.
01:35On a 90 start-up dans les plus de 500 entreprises du GIFAS.
01:38Et elles sont passées par la période très difficile du Covid, où on a beaucoup serré les coudes pour s'en sortir.
01:43On y est arrivé.
01:44On ressort du Covid en étant les leaders mondiaux dans beaucoup de domaines.
01:49En France, on a de nombreux leaders mondiaux dans le secteur de l'aéronautique, du spatial et de la défense.
01:53Donc ça veut dire que la part de la France reste importante dans cette industrie ?
01:56C'est un poids lourd de l'économie ?
01:58La part de l'Europe et de la France dans cette industrie au niveau mondial est très importante.
02:04Et la part de cette industrie en France est énorme.
02:07C'est le premier, nous sommes le premier contributeur positif à la balance commerciale de la France.
02:1330 milliards d'euros de contributions positives à une balance commerciale qui est très déficitaire.
02:18Donc c'est un secteur qui est absolument essentiel pour la prospérité de notre pays.
02:21Alors pour parler justement d'Airbus, les taxes qui pourraient être appliquées sur les produits européens,
02:26est-ce que ça vous inquiète déjà aujourd'hui ? Est-ce que ça va se faire vraiment ?
02:29On est dans une industrie qui bénéficie d'un accord de 1979 qui enlevait toutes les barrières douanières.
02:35Et on s'est énormément développé aux Etats-Unis, en Europe, avec un écosystème qui repose sur cette simplicité du commerce.
02:43Et donc effectivement, mettre des barrières douanières au milieu de l'Atlantique, en quelque sorte, c'est très pénalisant.
02:50Donc c'est des risques, c'est des problèmes. On a des supply chains, des chaînes de fournisseurs qui vont très régulièrement d'un côté à l'autre de l'Atlantique.
02:59Et donc oui, c'est des risques, c'est des difficultés. Et aussi, c'est quelque chose qui crée de l'incertitude.
03:04Parce qu'on ne sait pas comment ces barrières douanières vont évoluer. Donc voilà, c'est très gênant pour nous.
03:08Surtout que vous avez une usine aux Etats-Unis. Et malgré cela, les produits, les pièces détachées, elles seront soumises à des taxes. J'imagine que ce sera comme ça.
03:17Alors Airbus a une grosse usine en Alabama où on assemble des appareils qui sont essentiellement livrés aux Etats-Unis.
03:25Effectivement, les pièces et les composants qu'on importe d'Europe dans cette usine pour assembler, on en importe aussi des Etats-Unis, mais on en importe d'Europe,
03:33sont soumis à des taxes d'importation, à des tarifs. Et donc ça renchérit le coût des appareils fabriqués aux Etats-Unis.
03:40Donc il y a un côté contre-productif pour les Etats-Unis à mettre en place ces tarifs.
03:43Combien de pièces dans un Airbus ?
03:45Il y a à peu près 3 millions de pièces dans un avion. Effectivement, c'est très important.
03:49Et on ne livre pas un avion presque fini. Donc il faut que toutes les pièces soient au bon moment, au bon endroit, à l'heure.
03:56En termes de taxes, ça va représenter de l'argent, tout ça.
03:58On va parler aussi maintenant du spatial, parce que l'Institut Montaigne est assez critique sur notre position dans le domaine spatial,
04:05alors que la France et l'Europe étaient numéro un. Comment ça se fait qu'on ait perdu autant de temps ?
04:11Il faut reconnaître aussi ce qui se passe autour de nous. Il y a eu des investissements absolument considérables aux Etats-Unis,
04:17d'argent public, mais aussi d'argent privé. En Europe, on est fragmenté dans le domaine spatial.
04:21Et quand on est fragmenté, on n'arrive pas à obtenir l'effet d'échelle dont on a besoin.
04:26C'est des métiers où il y a des gros investissements, des très gros investissements technologiques à faire,
04:30pour des produits qu'on vend en petite quantité. Et donc, la capacité à se rassembler pour pouvoir investir plus sur des séries plus larges
04:39est absolument essentielle pour pouvoir se battre par rapport à d'autres grands concurrents.
04:44C'est ce qu'on est en train de faire. On est en train de travailler sur un projet de rassemblement,
04:48des activités de Thales, Leonardo et Airbus dans le domaine des satellites,
04:51pour créer un champion européen, un peu comme on a fait dans le domaine des avions commerciaux avec Airbus,
04:58comme on a fait dans le domaine des missiles avec MBDA, qui depuis 20 ans est une entreprise
05:02qui a beaucoup de réussite sur le plan européen et sur le plan mondial. Mais il faut cet effet d'échelle.
05:05Donc, des annonces prévues au salon de l'aéronautique et du Bourget. L'avion, dans 10 ans aussi, on se pose la question.
05:11Est-ce que ce n'est pas maintenant qu'il faut commencer à réfléchir à la forme des avions du futur, au moteur du futur ?
05:16On vise une feuille de route qui nous amène en 2050 à la neutralité carbone.
05:21Et donc, avec un ensemble de leviers, on arrivera à zéro.
05:24Les carburants eux-mêmes ne seront pas rigoureusement à zéro,
05:27quoique il y a un certain nombre de pistes pour avoir même des carburants qui ont des bilans carbone négatifs.
05:31On a encore énormément de travail de recherche et surtout de montée en cadence de production de ces carburants.
05:37Sur les avions, on a une feuille de route qui est déjà très bien engagée.
05:41Il n'est pas là qu'on est suffisamment visionnaire pour préparer cet avion du futur.
05:44On est vraiment déjà au travail.
05:46Parce qu'on ne peut pas imaginer un avion électrique qui transporte 300 passagers.
05:50Alors, l'avion électrique, ça sera un avion à pile à combustible.
05:56C'est-à-dire qu'il sera propulsé avec de l'hydrogène,
05:58qui sera transformé en électricité dans une pile à combustible
06:01et qui alimentera un avion électrique.
06:03Et les moteurs seront des moteurs électriques.
06:05Est-ce que le réarmement de la France, il est déjà en route ?
06:08Est-ce que les commandes arrivent ?
06:09Est-ce que vos adhérents disent « Ouf, ça y est, on a des bons de commande ».
06:12Oui, alors, on sait tous le contexte international dans lequel on travaille
06:15et le besoin de remonter le niveau de sécurité et de défense
06:19de l'outil européen et de l'outil français.
06:24Il y a en ce moment un très gros travail qui se fait au niveau de l'OTAN
06:27et des pays européens pour définir les objectifs en matière d'équipement de défense.
06:33Ces objectifs sont en cours de définition.
06:34On pense qu'aux environs de l'été, il y aura beaucoup plus de clarté
06:38sur ce que chaque pays va devoir faire pour apporter sa contribution
06:42dans le cadre de ce plan de l'OTAN.
06:44Et à partir de là, on verra, j'espère, arriver des commandes.
06:47C'est vrai qu'aujourd'hui, on a beaucoup d'activités sur la partie munitions,
06:51missiles, petits drones, en gros tout ce qui est consommé en Ukraine.
06:54Mais sur le reste, il y a quand même pas mal d'attentisme.
06:57Il va falloir passer la vitesse supérieure pour avoir des commandes,
07:01de l'activité, des livraisons et des forces armées
07:04qui soient plus équipées que ce qu'elles le sont aujourd'hui.
07:06Et trouver l'argent, il faut lever les fonds, ce qui n'est pas encore fait.
07:09Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus,
07:11merci d'être venu sur CNews.
07:12Restez avec nous pour l'actualité qui continue.

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