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  • 03/06/2025
L'armée française a fait usage de gaz chimiques interdits durant la guerre d'Algérie. Les responsables de l'époque ont ordonné, testé puis utilisé à grande échelle des gaz toxiques pour éliminer les combattants de l'Armée de Libération Nationale cachés dans des grottes dans des zones de montagne. Avec la torture et le déplacement des populations, la guerre chimique est le dernier élément d'une série de brèches dans les engagements internationaux de la France que celle-ci a bafoués pour mener sa guerre coloniale. Enquête inédite sur ce scandale qui demeure encore largement méconnu aujourd'hui.

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Diversão
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00:00bismillah à un bonhomme je m'appelle amal agoumé en 1959 j'avais 15 ans
00:22ma maison était tout en haut quand les avions sont arrivés j'ai fui le hameau
00:35l'hélicoptère m'a tiré dessus je suis tombé et j'ai continué en rampant
00:46mon frère abdel haman il m'a suivi on a rejoint des gens ici et on est entré avec
00:56la grotte du château était un refuge pour l'armée de libération elle a été découverte
01:07et l'armée française a envoyé toutes ses forces
01:10ils ont ramené les gaz toxiques par hélicoptère une fumée bien noire est entrée très noire
01:22on l'a respiré et on a commencé à tousser on avait de la bave verte au coin des lèvres
01:32et on est tombé les uns après les autres
01:40je m'appelle mohamed la bassi j'avais 12 ans ce jour là quand ils ont tiré c'était comme si du
01:52sable nous tombait dessus les gens commençaient à tousser à crier à pleurer on comprenait plus
02:02rien on n'entendait plus rien on voyait plus rien mon oncle criait et mon père lui disait
02:10aïssa récite la charada mon oncle a étouffé et il est mort sur place il a crié silence
02:32les mots de amma ragoun et mohamed la bassi résonnent jusqu'à nous pour briser un secret
02:36il était enfoui depuis plus de 60 ans
02:40durant la guerre d'algérie la france a utilisé des armes chimiques des armes interdites
02:49l'horreur de ces fumées toxiques est gravée dans notre mémoire depuis la première guerre mondiale
03:10à partir de 1915 l'allemagne la france et leurs alliés les utilisent massivement
03:17chlore fausse gène gaz moutarde
03:21plusieurs centaines de milliers de soldats en sont victimes les gaz brûlent asphyxie et tu
03:29ces armes invisibles deviennent le symbole de la guerre industrielle le pire que l'homme puisse infliger à l'homme
03:37l'arme chimique elle est associée au poison elle est associée à une mort douloureuse à une mort horrible
03:44et les romains le disait d'agéa d'ailleurs armis bella non venenis guéri on ne fait pas la guerre avec des armes empoisonnées
03:53et donc depuis le droit antique depuis l'antiquité et bien l'utilisation des poisons et en l'occurrence des armes chimiques
04:00et bien est prohibée par le droit international et provoque une aversion extrêmement forte de la part des opinions publiques
04:07avant la fin de la grande guerre le comité international de la croix rouge s'en fait l'écho
04:15il exhorte les belligérants à cesser une innovation barbare
04:22en 1925 les armes chimiques sont interdites
04:27elles sont condamnées lit on dans ce protocole de genève par l'opinion générale du monde civilisé
04:34la france est la dépositaire de cet accord la première des 135 nations à le signer la fabrication en revanche reste autorisée
04:53comme il y avait un risque que d'autres pays acquièrent des armes chimiques certains ont exigé le droit à la riposte
05:04donc en pratique ils se sont tous préparés à la possibilité d'une guerre avec des armes chimiques
05:12les états unis la grande bretagne et l'union soviétique avec le soutien de l'allemagne avait de vastes programmes
05:23la france aussi avait un programme comme la plupart des pays européens
05:27plus ils étaient grands plus ils avaient de moyens
05:32la france est restée très discrète sur ce qu'elle faisait dans ce domaine
05:37il y a moins d'informations publiques disponibles et c'est valable pour d'autres pays
05:45donc officiellement les armes chimiques sont interdites
05:49il n'existe aucune mention nulle part de leur usage par la france après les années 1920
05:55sur la guerre d'algérie c'est le silence
05:59aucun militaire ou homme politique n'a accepté de le commenter sauf un
06:03alain richard ancien ministre de la défense
06:09je ne vois pas au cours du demi-siècle qui a précédé les situations dans lesquelles la france aurait utilisé en conflit les armes chimiques
06:19je pense que chaque pays a des difficultés à assumer des éléments choquants ou critiquables de son passé et que nous n'échappons pas à ça oui
06:29face au malaise institutionnel il reste les traces écrites ordre militaire compte rendu opérationnel journaux de marche
06:41ils sont là conservés dans les archives publiques françaises
06:46voilà sept ans qu'un homme se consacre à l'éditerré
06:54christophe lafaille est historien
06:57il épluche tous les cartons de la guerre d'algérie relatifs aux armes chimiques
07:02comme ici aux archives nationales d'outre-mer
07:05certains documents sont déclassifiés
07:08mais il se bat contre le ministère des armées qui refuse l'accès à beaucoup d'autres
07:12j'ai fait des demandes pour pouvoir accéder à ces archives sur la guerre chimique en algérie
07:18et la première demande refus
07:22une nouvelle demande de carton refusée
07:25refus encore une fois archives incommunicables
07:28ce qu'on m'oppose c'est le code du patrimoine
07:32on me dit les archives qui sont contenues dans ces cartons vont vous permettre de concevoir
07:36donc d'élaborer, de construire, de localiser ou d'utiliser des armes de destruction massive
07:44comme si dans des archives qui sont par exemple le journal de bord d'une unité
07:49on allait trouver le plan d'une arme chimique
07:53on allait trouver un manuel d'emploi qui explique comment il faut utiliser cette arme chimique etc
07:58donc ce sont des objections qui sont totalement farfelues
08:02et ce que ça veut dire c'est qu'on s'interdit de comprendre ce qu'était réellement la guerre d'Algérie
08:07Heures troublées en Algérie ou en plusieurs endroits du territoire
08:12une série d'attentats ont été commis dans la nuit qui précéda la Toussaint
08:16En 1954, les Algériens du FLN, le Front de Libération Nationale
08:21lance une vaste série d'attaques coordonnées
08:24elle marque le début de la guerre de décolonisation
08:27après 125 ans d'occupation française
08:30c'est une guerre de pauvres
08:32qui utilise la guérilla comme moyen d'action
08:34à Bacna se sont déroulés les obsèques des trois soldats du camp militaire
08:42assassinés alors qu'ils montaient la garde
08:45la France de la IVe République veut maintenir l'ordre
08:48elle l'annonce par la voix de son ministre de l'Intérieur à l'époque, François Mitterrand
08:51Cependant, il semble bien qu'à travers toute l'Algérie
08:55on ait voulu lever le peuple contre celui qu'on appelait l'étranger ou l'occupant, le français
09:01et il faut que les populations comprennent qu'elles doivent nous aider
09:04ou bien qu'elles s'exposent par la force des choses et malgré notre volonté à souffrir davantage
09:08il est donc de notre devoir à nous de faire peser la force du côté de l'ordre du côté de la France du côté de la concorde entre les citoyens
09:17On parle de fellaga et de complots organisés par certaines ligues musulmanes
09:23les combattants sont désignés hors la loi
09:26la France veut garder l'Algérie à tout prix
09:28on peut croire que le calme sera vite rétabli
09:32à force de demande, Christophe Lafaye a obtenu l'ouverture d'un carton d'archives militaire puis d'un autre au compte-gouttes
09:43sans relâche, il a poursuivi sa quête dans les fonds privés
09:48les sites de vente en ligne, les caves des anciens soldats, les greniers de leurs descendants
09:59ce sont des centaines de documents secrets déclassifiés
10:02avec lesquels il recompose un puzzle édifiant
10:05il y a ce courrier le 21 mai 1956, deux ans après le début de la guerre
10:10le commandant des forces armées en Algérie, nommé dixième région militaire
10:15s'adresse au secrétaire d'état de l'armée de terre
10:19Objet, utilisation des moyens chimiques
10:23le colonel des armes spéciales m'a rendu visite
10:26il m'a annoncé qu'il avait obtenu votre accord de principe
10:29relatif à l'utilisation des moyens chimiques en Algérie
10:31selon l'opinion du ministre résident
10:34j'ai l'honneur de vous rendre compte de ce que cette haute autorité
10:38vient de me faire tenir son accord à ce sujet
10:40le gouvernement français vient d'autoriser l'usage des armes chimiques
10:44l'armée s'inquiète de savoir comment combattre son ennemi dans les refuges montagneux
10:49nombreux en Algérie
10:50trois mois plus tard, l'état-major fait un premier bilan
10:55étude de la politique générale d'emploi des armes chimiques en Algérie
10:59infection des grottes
11:02l'infection par grenade est possible
11:04les résultats des essais en cours et bientôt terminés
11:07permettront de définir le produit à utiliser
11:10stock ancien de chloracétophénone
11:14chandelles sternutatoires
11:15ce sont des stocks hérités de la première guerre mondiale
11:19plaquettes incendiaires
11:21la production en grande quantité ne pose pas de problème particulier
11:25derrière ces documents on trouve vraiment la réflexion scientifique
11:28à base d'expérimentation, de validation de l'expérience
11:31et de mise en oeuvre sur le terrain
11:33donc là vraiment on est sur une politique qui est pensée
11:37qui est réfléchie, qui est expérimentée et qui est ensuite généralisée
11:416 mois plus tard, l'état-major passe à l'action
11:46un ordre est envoyé de Paris
11:48création d'une unité armes spéciale en 10ème région militaire
11:54cette batterie sera entretenue en personnel appelé
11:57jacques huré a servi 29 mois sous les drapeaux
12:16pâtissier de son état, il espérait aller aux cuisines
12:19il est détaché à cette fameuse batterie armes spéciales
12:23il est détaché à cette fameuse batterie armes spéciales
12:30là au cours de mon séjour
12:35j'avais acheté une carte où je marquais tous les endroits où je suis passé
12:40alors en Algérie on était là pour traiter les grottes
12:46les traiter
12:48alors
12:50les traiter c'était d'abord
12:52souvent c'était les
12:55ils balançaient des gaz
12:57pour qu'ils puissent pas s'en servir
12:59parce que dans les trous
13:01le gaz se taillait
13:03alors là ça empêchait les rebelles de s'y réfugier
13:06mais on savait qu'il y avait des trucs qui étaient interdits par la convention de Genève
13:12mais on savait pas quel gaz
13:14on nous expliquait rien
13:18on nous expliquait rien
13:20jamais on nous a expliqué ce qu'il y avait dans les gradins d'un gaz
13:23ça c'est la batterie armes spéciales
13:31ça c'est en opération à SarSaf
13:34les sections partaient chacun à leur tour
13:38les hélicoptères qui nous emmènent une opération
13:41quand on partait en opération il y avait un sous-officier
13:45deux carrières
13:46un ou deux
13:48et le reste c'était des sous-officiers comme moi
13:51et puis des trouffions
13:53mais des engagés il y en avait pratiquement pas
13:57on était que des appelés
13:59ça c'est une grotte qu'on a fouillée
14:01ils servaient d'hôpital militaire aux rebelles
14:07ça c'est quand on chargeait les PIM
14:10les PIM c'était des prisonniers
14:12et c'était eux qui portaient notre matériel
14:13mais quand on était équipés on avait un casque léger
14:17on allait voir comment on était équipés
14:19on avait rien
14:21les masques à gaz
14:23on avait juste des masques à gaz
14:24oui il y avait des choses que j'ai honte encore même
14:35il nous arrivait de faire des fouilles
14:38on balançait tout
14:41j'accuré garde certains souvenirs pour lui
14:48il en sort d'autres
14:51comme ce journal de marche des opérations
14:53écrit par un soldat de la batterie arme spéciale
14:55je sais pas si je dois vous montrer ça
14:58alors c'est un
15:01c'était un carnet de liaison
15:03qui a été fait
15:05il y a marqué les opérations
15:09adieu salle boyau galerie
15:11la paroi verticale est là à 3 mètres de l'entrée
15:13la paroi verticale est là à 3 mètres de l'entrée
15:17le seul qui a pu rentrer se replie
15:1913h
15:21la grotte est occupée par les orlalois
15:23un prisonnier qui servait de guide au 14e régiment de parachutistes
15:27a été capturé par les orlalois
15:31la grotte est infectée à 14h
15:33à 14h40
15:35un orlalois sort de l'abri puis 3 autres
15:38ils sont faits prisonniers
15:40à 16h20 le sergent décide d'explorer la grotte
15:43la densité des gaz ne permet pas la progression dans la grotte
15:51avant d'utiliser ces armes spéciales
15:53les soldats y étaient formés
15:55Christophe Lafaye a acheté ce manuel d'instruction à un fils de militaire
15:59la loi y est rappelée sans ambiguïté
16:02en vertu d'engagements internationaux
16:04la France interdit l'emploi en cas de guerre
16:07de certaines armes spéciales
16:09les gaz de combat
16:11les armes biologiques
16:13ne pourraient donc être justifiés
16:15leur emploi ne pourrait donc être justifié qu'à titre de représailles
16:18dans le cas où elles auraient été employées sans équivoque par l'ennemi
16:21sur des troupes ou populations françaises ou alliées
16:23voilà
16:25donc c'est loin d'être le cas en Algérie
16:26les indépendantistes n'ont pas d'armes chimiques
16:29ils utilisent les territoires montagneux à leur avantage pour se déplacer, se cacher et attaquer
16:39les souterrains sont un atout tactique
16:42en 1957, ils sont peut-être 90 000 Algériens à combattre
16:46en face, le gouvernement donne carte blanche à l'armée
16:51l'état-major crée des zones interdites, commence à déplacer de force la population
17:01la torture est généralisée, les armes chimiques sont déployées
17:04très rapidement en fait, c'est plus d'une centaine d'unités qui vont être créées partout en Algérie
17:20et qui vont utiliser ces moyens chimiques
17:23donc on passe finalement d'un emploi qui pouvait être encore un emploi limité
17:27à vraiment un emploi généralisé
17:29et dans ce cadre là, le terme de guerre chimique prend tout son sens
17:32à l'été 1958, le général Salan cumule pouvoir militaire et politique en Algérie
17:40il lègue à son successeur une stratégie éprouvée
17:44avant son départ, le 30 novembre, il s'adresse directement au ministre des armées
17:50pour souligner l'importance des armes chimiques
17:54Utilisation des armes spéciales pour le maintien de l'ordre en Algérie
17:57L'emploi des armes spéciales pour interdire l'usage de lieux souterrains par les hors-la-loi
18:03n'a cessé de se généraliser en raison de son efficacité
18:07Il a été décidé de doter toutes les troupes opérationnelles
18:11d'éléments aptes à remplir les missions spéciales
18:13Il existe 70 équipes de bataillons, plus 26 équipes, plus 12, plus 11
18:21Le général Salan crée des sections armes spéciales sur tout le territoire
18:24A la batterie armes spéciales, 3 équipes, plus 4 équipes, plus 7, plus 4
18:30La grotte
18:32La grotte
18:34La grotte, on savait qu'il fallait la fouiller.
19:01Plus vite elle serait fouillée, plus vite elle en finirait.
19:04Elle ne parlait que de conscience.
19:08Si vous posez des questions, vous ne rentrez pas.
19:11La tactique c'était ça, la fouiller, la gazer, et si possible faire sauter l'entrée.
19:18Quand elle était occupée, c'était plus difficile, mais ils savaient qu'ils allaient
19:26mourir gazés, ils se rendaient, après ce n'était plus notre ressort.
19:31Jean a passé 28 mois en Algérie, dix mois en section grotte dans le massif des Aurès.
19:40Vous voyez, c'est ma petite balise de souvenu, qui a fait la campagne d'Algérie comme moi.
19:50C'est le recueil des photos que j'ai pu récupérer.
19:59Toutes les photos que j'ai eu l'occasion de prendre en opération, elles m'ont été confisquées.
20:07On ne m'a jamais donné d'explication.
20:09Les seules que j'ai se trouvent à cette page.
20:13La pellicule était dans l'appareil.
20:15Personne ne m'a rien demandé.
20:18Voilà l'hélicoptère qui s'en va.
20:25Nous arrivons à la section armes spéciales.
20:27C'est là qu'on nous a appris le spécial de la section.
20:31C'était des gaz.
20:33Là, la section grotte en tenue de parade, là après a embarqué.
20:41Seulement, la première fois qu'on s'est servi de ces gaz, on se retrouvait avec des brûlures
20:48partout où l'on transpirait.
20:49Alors, on a protesté et c'est là qu'on nous a fourni des combinaisons étanches.
21:01Je n'ai jamais su la composition de ces gaz.
21:05Ça se présentait par des grenades ou des pots qui avaient la valeur de 50 grenades.
21:11Pour avoir jeté un de ces pots, Jean-Vidalinque a été décoré.
21:17Sapeur de section armes spéciales, courageux et volontaire pour toutes les missions dangereuses.
21:24À seconder avec une rare efficacité son chef d'escouade permettant ainsi la mise hors
21:31de combat de 10 adversaires.
21:33Cette citation comporte l'attribution de la valeur militaire avec la croix de bronze.
21:47En rentrant dans l'Algérie, nous avons été nombreux à ne plus vouloir en entendre parler.
21:55C'est fini.
21:57D'ailleurs, personne ne nous a rien demandé.
22:00Ça a été un mutisme total.
22:04Je ne me suis pas endormi une fois, à 60 ans.
22:07Ça me base la seule, la guerre d'Algérie.
22:136 heures, le sous-lieutenant sort avec une équipe de la section armes spéciales pour
22:21la réduction d'abris souterrains.
22:24Arrivée sur l'objectif le 4 mai à 14h45, la grotte est occupée par 11 hors-la-loi,
22:32dont plusieurs officiers, ravitaillement important, une machine à écrire, un transistor.
22:39Introduction du tuyau de la soufflerie à 10 mètres de l'entrée, gazage au moyen
22:44de quatre pots de CN2D.
22:46À 15h15, dégagement de l'entrée obstrué par la section grotte du génie et brassage
22:53de l'air gazé par la soufflerie.
22:5515h30, pénétration dans la grotte par le boyau d'entrée jusqu'à la fourche située
23:02à 8 mètres de l'entrée.
23:03On m'appelait le rat, parce que j'allais partout.
23:20On cherchait des petits pour les grottes.
23:25Et oui, parce que pour entrer dans les croix à rats, il ne faut pas le gros.
23:28« Mais j'étais monteur après, hein ? Est-ce que tu vas y au commando ? »
23:37« Ben oui, le commando, c'est pas facile, hein ? De temps en temps, ici, ils font des
23:45nettoyages, des sortes, il y a certaines odeurs qui me rappellent ce gaz. »
23:51Armand Casanova s'est engagé à 18 ans.
23:53Il est resté deux ans et trois mois en section armes spéciales, au rythme de deux à trois
23:59opérations de grotte par mois.
24:00« L'odeur du gaz, je le sens encore, hein ? Je le sens, il est mémorisé, hein ? Je le sens.
24:09Et puis la mort aussi, il la sent.
24:11Quand on a fait 27 mois là-dedans, ça, c'est la section du commando, la section à son complet.
24:26La sergent Pachegui, Gézani, qui a été tuée, elle a été tuée, selon ce cas aussi.
24:33Fichère est morte, je sais pas quoi. Voilà, il ne reste pas beaucoup, hein ?
24:37Une fois, j'ai fait une grotte, c'était… Je suis rentré dans la grotte à 9h du matin, j'en suis sorti à 15h.
24:456h là-dedans, je n'ai pas rendu compte, hein ? On fait celui qui n'a pas la trouille, mais on a la trouille.
24:51Je pouvais dire, excusez ma question, on ne prend que d'une couille.
24:55On est vraiment… On a le cœur qui bat à 100 à l'heure. »
25:0013h45, la reconnaissance continue.
25:06Extrême difficulté de la progression due d'une part à l'étroitesse du boyau,
25:11au port du masque à gaz d'autre part, qui passe avec difficulté dans les boyaux.
25:18Obligation de sortir fréquemment en raison de la très importante concentration des gaz.
25:2316h30, la progression est stoppée par de nombreuses murettes de pierres construites par les Orlalois.
25:30Début de la démolition.
25:32Nous gagnons 2 à 3 mètres dans le boyau de droite.
25:36« Une fois que je suis rentré dedans, on m'a tiré dessus,
25:39et en me reculant, le masque s'est arraché,
25:42et je suis resté peut-être une minute sans respirer, parce que la prochaine minute, c'est difficile.
25:46J'ai respiré un bon coup, et puis après, je sais pas.
25:50Après, je te vois à Tizouzou, à l'hôpital de Tizouzou, voilà.
25:55J'ai fait un mois d'hôpital là-bas.
25:58C'est un gaz irritant.
26:02C'est mieux, c'est pas comme l'acrymogène.
26:04C'est pas un vésicant, il brûle pas, c'est pas d'hyperite non plus,
26:08mais c'est un gaz lourd.
26:11La personne qui était gazée par ça s'est restée un quart d'heure et était mort.
26:16Il était infecté quoi.
26:20À 18h, une deuxième tentative d'exploration permet de découvrir 5 cadavres,
26:25dont celui du prisonnier qui avait servi de guide.
26:28L'opération est arrêtée pour ce jour.
26:318h30, reprise de l'opération grotte.
26:36Quatre autres cadavres sont découverts.
26:40La fouille de la grotte est achevée.
26:42L'issue est murée par éboulement des parois à l'explosif.
26:46C'est des gaz qui étaient assez lourds, qui s'accrochaient aux parois.
26:58C'est comme de la poussière sur des murs.
27:01Si vous bougez, ça se répartit dans la grotte.
27:05Elles sont utilisables pendant au moins 10 ans, 12 ans.
27:08Ce gaz porte un nom, CN2D.
27:17Christophe Lafaye en a retrouvé la trace dans les archives militaires.
27:22Les munitions portaient un code de couleur selon les mélanges qu'elles contenaient et les quantités.
27:27De 70 grammes à 5 kilos.
27:29Grenade, CN2D, 160 grammes.
27:33Gris, ceinture verte et violette.
27:36Chandelle, 5000 grammes.
27:38CN2D, violet dans macaron violet.
27:41Roquette, chloracétofénone plus 10-phénil-aminochlorarcine.
27:46Les spécialistes capables de définir ces gaz sont rares.
27:58Plus encore ceux qui acceptent de nous répondre.
28:01Claude Lefebvre est retraité de l'armée française.
28:04Spécialiste du nucléaire et du chimique.
28:07Une émission régulière de 22 minutes quand même.
28:09Vous imaginez le volume que ça...
28:12Alors, le CN2D, vous avez un mélange de dérivés arséniés, qui est la densite,
28:19et un dérivé cyanuré, qui est la chloroacétofénone.
28:24Là, ce mélange-là, on est sûr que ça marche.
28:27Quelqu'un qui ne se protège pas, qui n'est pas en mesure de se protéger avant l'attaque,
28:34au moment de l'attaque, on ne peut plus se protéger.
28:38Et il va vomir, il va pleurer, il va avoir les poumons qui le brûlent.
28:42En fait, c'est fini, quoi.
28:44Le but, toujours, ce but initial, c'est d'empêcher la cible de pouvoir se protéger.
28:50C'est ça, le but final.
28:53Alors, pour s'en protéger, il n'a qu'une solution.
28:56C'est de sortir, de quitter l'atmosphère viciée,
29:00ou s'il veut persister à rester, il en meurt.
29:10Le fait de contaminer les parois interdit le fait qu'on puisse y retourner.
29:15Alors maintenant, le laps de temps, tout dépend de la densité initiale d'utilisation.
29:22C'est-à-dire qu'en fait, je vais vous dire, c'était la mode empirique, artisanale.
29:29On en cramait un maximum pour être sûr de l'effet.
29:33Dans le massif des Orès, à l'est de l'Algérie,
29:42le CN2D a laissé son empreinte indélébile.
29:53Ici, les 22 et 23 mars 1959,
29:56l'armée française a gazé plus de 150 villageois réfugiés dans la grotte de Houchatour.
30:03Celles les plus jeunes ont survécu.
30:12Je suis revenu le lendemain avec ma mère.
30:18On les a vus sortir les cadavres.
30:22Ils les ont mis dans les tranchées, par six ou sept.
30:28Là-bas.
30:30Tu ne pouvais pas les reconnaître.
30:33Ils étaient tout bleus.
30:38Ce n'était pas possible de les identifier.
30:40Il fallait regarder leurs vêtements.
30:47Les corps étaient tout gonflés.
30:50Ils étaient méconnaissables.
30:52Le lendemain, je suis venu avec ma mère pour équiper mon frère.
31:11Il était vivant.
31:12Des gens nous ont aidés à le transporter.
31:17On l'a fait monter sur la mule.
31:20Ma mère la guidait.
31:22Et moi, j'étais derrière.
31:25Arrivé à la maison, on l'a lavée.
31:28L'eau sortait verte.
31:29Comme s'il avait pris une douche verte.
31:32Comme s'il avait pris une douche verte.
31:39Je vais te dire comment nous, les six, on a survécu.
31:43On a uriné dans des pots.
31:47Après chaque tir, on enlevait nos chemises et on les trempait dans l'urine.
31:51Pour protéger nos visages.
31:53C'est pour ça que les gaz toxiques n'ont pas eu d'effet sur nous.
31:55Nous, on était jeunes.
31:59Alors les Français, ils nous ont laissés partir et ils se sont retirés.
32:05Quand on est arrivés à 500 mètres, ils ont fait exploser la grotte.
32:14Ecoute.
32:16118 personnes ont été tuées dans la grotte.
32:20On entendait les lamentations des femmes partout.
32:32Toutes les femmes pleuraient dans les maisons.
32:36Personne n'avait été épargné.
32:38C'était comme un film d'horreur.
32:52Parce que tu entendais des pleurs partout.
32:54Les morts sont restés là jusqu'à l'indépendance.
33:06Les autorités sont venues.
33:09Avec les villageois, ils ont sorti les cadavres pour les enterrer dans un même cimetière.
33:14Le monument aux morts honore les victimes de la grotte Ouchatoua.
33:20La mémoire de la révolution, comme les Algériens nomment la guerre d'indépendance,
33:26constelle le territoire.
33:28C'est une fierté nationale.
33:29Personne, pour autant, n'a su l'ampleur de cette guerre chimique.
33:32Le monument aux morts honore les victimes de la grotte Ouchatoua.
33:37La mémoire de la révolution, comme les Algériens nomment la guerre d'indépendance,
33:42constelle le territoire.
33:44C'est une fierté nationale.
33:47Personne, pour autant, n'a su l'ampleur de cette guerre chimique.
33:51En 1959, 2 millions d'Algériens sont déplacés de force.
34:05L'armée française lance de gigantesques opérations
34:08pour détruire les derniers sanctuaires de l'Armée de Libération Nationale.
34:12C'est le plan Châle.
34:15Il rationalise 5 ans de tactiques militaires, dont l'emploi des armes chimiques.
34:19Le général, commandant en chef des forces en Algérie,
34:23a prescrit une réorganisation des armes spéciales.
34:26Les sections grottes sont un atout capital pour le général Châle.
34:31Chaque section est composée d'un groupe de commandement
34:35et de trois équipes semblables de traitement.
34:38Son effectif est de 38.
34:40Le général, commandant en chef, attachant personnellement
34:44une importance particulière à la formation des sections armes spéciales de zone,
34:47en appel à l'attention des généraux.
34:51Général d'armée aérienne Maurice Châle.
34:55Il systématise l'usage du chimique.
34:58Même les grottes inoccupées sont gazées, pour empêcher toute utilisation.
35:01Chaque grotte traitée fera l'objet d'une fiche de renseignement détaillée,
35:05établie par le secteur intéressé.
35:07Christophe Lafaye tente de recenser toutes ses opérations.
35:15Un travail dantesque.
35:18Peut-être 8 à 10 000 gazages dans les reliefs algériens.
35:22Il en a localisé 440.
35:25À peine 5%.
35:26Le plan Châle est arrivé dans les montagnes de Kabylie à l'été 1959.
35:4060 000 soldats furent dépêchés ici, dans le massif du Djurdjura.
35:47C'est l'opération Jumelle.
35:49Cette grotte, appelée la Grotte du Lion, fait partie des nombreuses gazées par Armand Casanova.
35:55Oulzawash Latamène était en face.
35:59Le plan Châle est arrivé dans les montagnes de Kabylie à l'été 1959.
36:0360 000 soldats furent dépêchés ici, dans le massif du Djurdjura.
36:07C'est l'opération Jumelle.
36:10Cette grotte, appelée la Grotte du Lion, fait partie des nombreuses gazées par Armand Casanova.
36:14Oulzawash Latamène était en face.
36:19Il a combattu 4 ans avec l'Armée de Libération Nationale.
36:39L'opération Jumelle a démarré début 1959.
36:45Cette période a été terrible, quand ils ont déplacé la population.
36:52L'Armée a installé l'artillerie sur les crêtes, pour que personne ne s'en fût.
36:59Et ils ont commencé à bombarder avec les mortiers et les canons.
37:02La France a utilisé tout ce qu'elle avait en sa possession. Tout.
37:13Le gaz, l'aviation, les bombardements.
37:16Nous, on regardait depuis la montagne. On pensait que tout le monde avait été assassiné.
37:28Les villages étaient détruits. On voyait que de la fumée.
37:32Moi, j'allais au ravitaillement dans les villages.
37:39Les villageois nous ont beaucoup aidés.
37:42Les femmes, surtout.
37:44Elles ont caché les blessés, ramené du ravitaillement, ont fait passer des courriers.
37:51Les femmes ont beaucoup souffert.
37:53J'ai été blessé à la main. J'ai pris une balle là.
38:03Elle est encore là, mais j'ai plus mal.
38:05Encore aujourd'hui, on ne peut pas tout raconter.
38:26Il y a eu tellement de choses horribles que c'est inimaginable.
38:40Le premier accrochage a eu lieu là-bas, à côté des maisons.
38:45Quatre militaires sont morts, plus un chien, une vache, une femme et son enfant.
38:51Cette grotte était très grande.
38:55Ils ont trouvé dedans l'armurerie, l'infirmerie, l'atelier et l'administratif.
39:02Les machines à écrire, le papier, tout ça.
39:07Aujourd'hui, ça sent encore le gaz.
39:10Moi, ça fait longtemps que je ne peux plus monter.
39:12Cette mémoire de la guerre se perdrait sans les descendants qui la transmettent.
39:28Mohamed est le fils d'un ancien combattant tué au combat en 1960.
39:32Il recueille la parole de ses derniers camarades d'armes, du village d'Aït Misleyn.
39:38Je ne peux pas attendre à ce que tu faisais.
39:40j'ai besoin de pauvres, j'ai trouvé un peu d'habitatif.
39:43J'ai trouvé ça ?
39:46Alors non...
39:48C'est une petite petite maladie.
39:49Elle s'est attachée de la maladie de la Gase.
39:51Petit et le plus...
39:52Non.
39:53C'est bien sûr que je ne suis pas de bris.
39:56Musique de grandir.
39:57C'est un peu de fond.
39:59C'est un peu de fond.
40:01C'est un peu de fond.
40:03Oui.
40:04rip de grandir c'est un peu plus...
40:06La panne.
40:07Donc, c'est un peu comme des fond ?
40:08Caillant.
40:09Il y a beaucoup de gens qui ont fait le bonheur et qui ont fait le bonheur et qui ont fait le bonheur.
40:16Mais ils ont fait le bonheur et qui ont fait le bonheur.
40:21Moi je voyais ces gaz comme, bon, je suis un enfant, je regarde, c'est la rétrospective, c'est-à-dire, on m'a raconté, on m'a parlé de ces gaz.
40:34Aujourd'hui même, il y a ceux qui nous disent que ça sent encore, tu peux larmoyer, tu peux éternuer, tu ne peux pas rentrer dans certaines grottes, aujourd'hui même.
40:47Moi je voyais comme une politique de terre brûlée, c'est-à-dire que la France avait perdu la guerre, politiquement parlant,
40:59il fallait détruire le plus possible.
41:12En mars 1962, les négociations aboutissent.
41:16Le gouvernement provisoire algérien et le gouvernement français signent l'arrêt des combats.
41:21Avec les accords d'Evian, ils enterrinent la fin de huit ans de guerre.
41:25La conclusion du cessez-le-feu en Algérie.
41:30Les dispositions adoptées satisfont la raison de la forme.
41:37Dans le plus grand secret, un autre accord est passé à Evian.
41:46L'armée utilisait depuis les années 30 le territoire algérien pour tester toutes ses munitions spéciales, nucléaires, biologiques et chimiques.
41:54Le général de Gaulle tient à continuer.
41:57Bédenamus, la base réservée aux chimiques et aux biologiques, est conservée par la France.
42:03Bédenamus, c'est au Sahara.
42:06Et au Sahara, comme on le sait, il n'y a pas beaucoup d'habitants.
42:09Et les expérimentations de la France à Bédenamus ne gênaient pas du tout l'Algérie.
42:14Au contraire, je dirais au contraire parce que ça apportait autour de Bédenamus une certaine activité qui a disparu complètement quand nous avons fermé le centre.
42:24Si Pierre Mesper n'avait pas été ancien premier ministre, je pense qu'il aurait été sous le coup de la violation du secret défense
42:30puisqu'il a révélé ce que beaucoup de gens savaient à propos du programme militaire chimique français et notamment en Algérie.
42:37Mais cette base a continué à fonctionner bien après l'indépendance algérienne.
42:41Eté 1962, dans les rues d'Alger, c'est la liesse. Les Algériens ont gagné leur indépendance.
43:00L'armée française se retire. Les sections armes spéciales sont dissoutes.
43:06Les anciens combattants se murent dans le silence.
43:10Les archives sont classifiées.
43:15Il faut attendre la fin de la guerre froide pour un désarmement mondial.
43:19La plupart des États vont s'accorder ici à Paris en 1993 pour interdire définitivement les armes chimiques, même leur fabrication.
43:30L'initiative vient de la France, à la demande du président de la République François Mitterrand.
43:35Mesdames et messieurs, l'essentiel a été dit.
43:42Pour adhérer à la Convention, chaque État a dû rendre un rapport complet de ses activités chimiques passées.
43:47Un historien l'a écrit. C'est lui, Olivier Lepic.
43:50J'ai été mandaté par le ministère de la Défense pour écrire l'histoire du programme chimique militaire français.
43:59Je pense que la partie de ce travail reste classifiée puisque j'ai eu la chance d'avoir accès à la totalité des archives qui, pour beaucoup d'entre elles, restent fermées aujourd'hui à la consultation et notamment des chercheurs.
44:13Je vais être parfaitement honnête. Le prétexte qui consiste à dire que la consultation de ces archives pourrait permettre à des personnes mal intentionnées de fabriquer une arme de destruction massive, elle ne tient pas la route plus de cinq minutes.
44:29C'est un paravent derrière lequel on s'abrite pour éviter de mettre à jour un certain nombre d'autres secrets qui sont des secrets historiques et pas des secrets technologiques.
44:39La République française a enterré l'histoire des armes chimiques en Algérie.
44:51Mais soixante ans plus tard, les effets des gaz se font encore sentir.
44:56Car le CN2D, le gaz utilisé par les sections de grottes, a des conséquences irréversibles.
45:02Je m'appelle Carnino Yves. Je suis né à Belfort. Je suis issu d'une famille de militaires. C'est pour ça que la patrie en prenait la patrie en prenait la France. C'est sacré pour moi. La vérité et l'honneur.
45:26La vérité et l'honneur.
45:33Un de Chine, un de Chine.
45:36En Algérie, j'ai servi pendant quatre ans.
45:39Ça, c'est une section grotte, ça.
45:43Des gars j'avais.
45:44Et cette grotte, on est tombé. Là, il y en a un qu'on a foutu en l'air qui a pris de mal dans la tête, d'ailleurs.
45:51J'ai employé trois pots de gaz, quinze millimètres cubes.
45:57Ils ont brûlé les mecs qui étaient dedans.
46:00Il y a des choses dures, là.
46:02Yves Carnino a été blessé à plusieurs reprises par les gaz qu'il utilisait contre les Algériens.
46:15Les bronches, ça s'empire de plus en plus.
46:18Si vous voulez, c'est les petites bronches qui sont entamées.
46:20Elles ont pu leur travail vis-à-vis des groupes ronds et puis du cœur, des circulations de sang.
46:28C'est-à-dire que ça devient du cuir.
46:31Sur le 2500, 2000 à 2500, que je connais, moi, que je sais, qu'on passait dans les grottes,
46:39il n'y a pas beaucoup de personnes qui ont pu parler.
46:41Lorsqu'il a demandé une pension d'invalidité, l'armée n'a pas cru assabler sur Pargaz.
46:56Je suis venu aussi il n'y a pas longtemps dans les mains.
47:01C'est toute la procédure administrative juridique.
47:06J'ai fait quinze ans de procédure contre le ministère de la Défense.
47:10pour faire reconnaître mes droits.
47:13Ça se baladait d'expertise en expertise.
47:15Je croyais trop, aucun d'expertise.
47:21Le ministère de la Défense, pour eux, ce n'était pas reconnu.
47:25Bien sûr, ils ne connaissaient pas les gaz.
47:26J'étais inventeur, on n'employait pas les gaz.
47:29Les fonctionnaires, les responsables, qui sont au ministère de la Défense,
47:33ne peuvent pas le comprendre.
47:35Puis c'est confidentiel défense.
47:36Les munitions que nous avions, les caisses de munitions, le travail qu'on faisait,
47:40c'était en confidentiel d'État.
47:46Yves Carnino a réuni des témoignages et des archives.
47:50Enfin, le ministère a reconnu qu'il avait été gazé au combat.
47:54Une brèche a été ouverte.
47:56Là-dedans,
47:59c'est tous des gens qui étaient comme moi.
48:03On l'a tué
48:06par des gaz.
48:09Et ça me suit encore maintenant, ça.
48:11Mon père avait des munitions sur lui.
48:24Mon père avait des munitions sur lui.
48:37Il a dit, je ne sors pas.
48:40Mais vous, sortez.
48:45Il est encore là aujourd'hui.
48:46Un rocher, lui, est tombé dessus.
48:50On ne sait pas à quel endroit il est.
48:53On l'ignore.
48:55On ne l'a jamais retrouvé.
48:57Il n'est pas le seul à être resté sous les décombres.
49:00Dans les années 70, on en a sorti cinq de plus.
49:04Lui, il est toujours là.
49:06Mon frère est mort sur place.
49:08Il est toujours à l'intérieur.
49:10Il y a environ une vingtaine de corps qu'on n'a pas réussi à sortir.
49:14Regarde l'état de la grotte.
49:16Elle est complètement effondrée.
49:19Il est toujours à l'intérieur.
49:21Il y a environ une vingtaine de corps qu'on n'a pas réussi à sortir.
49:25Regarde l'état de la grotte.
49:28Elle est complètement effondrée.
49:31Mon frère fait partie de cela.
49:34Aujourd'hui, il ne reste que les autres.
49:41C'est ça la guerre.
49:46Tu comprends ?
49:50C'est normal que j'ai mal au cœur.
49:52C'était mon père, je ne l'oublierai pas.
50:00Je ne peux pas le réparer.
50:02Ce qu'on souhaite aujourd'hui, c'est qu'il y ait un apaisement.
50:06Qu'on regarde les choses d'une façon un peu…
50:22plus sagement reconnaître, reconnaître ses crimes.
50:29Il faut reconnaître ses crimes.
50:32Et reconnaître, c'est déjà un pas en avant.
50:34L'usage des gaz asphyxiants ne date pas de la guerre d'indépendance algérienne.
50:44Il trouve racine avant.
50:46En 1845, lors des débuts de la colonisation, les Algériens se réfugièrent dans les grottes.
50:52Les soldats français utilisèrent les fumées toxiques pour les déloger.
51:01Une de ces opérations, nommée en fumade, fut décrite par un officier.
51:06Rien ne pourrait donner une idée de l'horrible spectacle que présentait la caverne.
51:14Tous les cadavres étaient nus, dans des positions qui indiquaient les convulsions qu'ils avaient dû éprouver avant d'expirer.
51:22Le sang leur sortait par la bouche.
51:24Mais alors, le problème était résolu.
51:29On n'entendait plus aucun bruit.
51:39Les travaux des historiens l'ont montré.
51:43La France n'a pas fait que des choses extraordinaires.
51:46Pendant la guerre d'Algérie, il y a même eu des crimes de guerre.
51:50Que ce soit la torture, un certain nombre d'exécutions sommaires.
51:55Que ce soit l'utilisation de substances chimiques, notamment dans la guerre des grottes.
52:00Et probablement d'autres choses.
52:02Une grande nation est une nation qui assume son passé, y compris ses erreurs.
52:06Et il faudra qu'un jour la France les assume.
52:08La grotte du Château, je lui ai dédié un poème.
52:23Le 22 mars 1962, quand ils ont arrêté de combattre.
52:28...
52:45...
53:15...

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