00:00Sud Radio, la santé en mouvement, Vanessa Perez.
00:04Bonjour et bienvenue dans la santé en mouvement, l'émission pour prendre soin de vous au quotidien.
00:08Et aujourd'hui nous allons parler de la fin de vie et du droit de l'aide à mourir dans le contexte de la proposition de loi votée cette semaine à l'Assemblée Nationale.
00:17Avec nos invités, nous tenterons de comprendre quels sont les enjeux autour de la loi et surtout comment elle peut être vécue, que l'on soit patient, aidant ou professionnel de santé.
00:24Nous verrons également comment accompagner au mieux nos aînés sur cette dernière étape et si le choix entre EHPAD, domicile ou hôpital est encore possible à cette étape de la vie.
00:34La santé en mouvement, spéciale fin de vie et aide à mourir, c'est tout de suite et c'est sur Sud Radio.
00:39Sud Radio, la santé en mouvement, Vanessa Perez.
00:43Et pour commencer cette émission, j'ai le plaisir d'accueillir Monique Girard avec toute son énergie.
00:47Oui, Monique, bonjour. Vous êtes gériatre et membre actif de l'association M-Corps, qui est l'association qui représente au niveau national l'ensemble des médecins du secteur médico-social.
00:57Alors Monique, pour commencer, quand on parle du droit à l'aide à mourir, j'aimerais que vous nous expliquiez comment on peut ressentir cette loi qui a été votée,
01:05que l'on soit un patient âgé, que l'on soit un médecin ou que l'on soit membre d'une famille.
01:09Le patient âgé, qui est le résident dans nos EHPAD, très souvent se voit comme une charge, se voit comme quelqu'un qui a fini sa vie, qui n'a plus d'utilité.
01:24Et ça, le plus souvent, lorsqu'ils atteignent le grand âge.
01:29Nos résidents, ils sont très âgés, 87 ans en moyenne, porteurs de polypathologie et avec une énorme perte d'autonomie.
01:43Et cette perte d'autonomie, elle peut être physique, elle peut être psychique, et elle pèse beaucoup sur la vie de nos résidents, et notamment en fin de vie.
01:54Donc il y a cette notion de « je ne suis plus utile à la société, je ne suis plus utile à ma famille » et également « je suis une charge financière ou humaine pour ma famille ».
02:09De notre côté, les familles elles-mêmes, les proches, le plus souvent, ils sont dans le fait d'accompagner,
02:19et d'avoir une vie, une prise en soin pour leur aîné qui soit de bonne qualité.
02:27Mais malheureusement, la situation dans les EHPAD, elle est très très hétérogène, et notamment sur l'accompagnement de fin de vie.
02:36Et nos soignants, et je parle aussi bien des soignants que des non-soignants qui sont autour de nos résidents,
02:44ils ne sont pas assez formés. Ils ont beau mettre toute leur humanité, tout leur cœur dans cet accompagnement,
02:53mais ils ne sont pas assez formés, nous manquons de moyens.
02:56Le vote de la première partie de la loi est une bonne nouvelle pour nous par rapport à un plan de développement des soins palliatifs.
03:06Mais vous n'avez pas le sentiment, Monique, que certains résidents, justement, qui sont dans cette culpabilité de vivre encore
03:10et d'être un poids pour leur famille, pour la société, vous disent « écoutez, moi je suis éligible, alors allez-y, on arrête tout ».
03:17Ce n'est pas un risque, ça ?
03:19Alors il faut savoir qu'effectivement, 50% de nos résidents sont atteints de pathologies évoluées, très évoluées, souvent.
03:30Mais par contre, 70% de nos résidents présentent des troubles cognitifs à des degrés plus ou moins importants.
03:42Et lorsque l'on va décider, lorsque ce droit à mourir doit dépendre d'une décision libre, éclairée,
03:54avec toutes les facultés de discernement possibles, ça n'est pas quelque chose qui est applicable dans nos EHPAD.
04:07Et notamment, les termes de la loi sont assez flous là-dessus, parce que les facultés de discernement,
04:13telles que nous, nous les évaluons dans nos EHPAD,
04:16le mode de discernement n'est pas explicité, n'est pas réaliste sur ces modalités de la loi.
04:26Alors justement, vous parlez de ces critères, mais il y a d'autres critères qui laissent une place importante
04:30à la subjectivité du médecin ou du patient, comme une affection grave ou le pronostic vital.
04:35Est-ce qu'on ne risque pas des contentions avec les familles, justement, sur cette ambiguïté ?
04:39Effectivement, je dirais que les affections graves et incurables, on en a forcément chez nos résidents
04:55qui sont polypathologiques, et les familles sont assez déconcertées,
05:00parce que très souvent, nous avons celles, les familles qui veulent absolument
05:07que la personne soit accompagnée, traitée, qu'on soit dans le curatif jusqu'au bout,
05:15et puis celles qui, à l'inverse, nous demandent d'aider la personne dans cet accompagnement.
05:25Et pour nous, aider, c'est le soin. Aider une personne à finir ses jours,
05:32ça n'est pas enlever le problème, solutionner le problème par sa disparition,
05:39c'est pas notre façon de voir les choses.
05:42Et je pense que les familles aussi sont très demandeuses de cet accompagnement de qualité
05:47au sein de nos EHPAD.
05:49Monique, excusez-moi de vous poser la question, mais est-ce que vous voyez une corrélation,
05:52quelque part, purement économique, entre ces enjeux de financement des retraites,
05:57le déficit de la sécurité sociale, et le poids pour la société d'une population hyper médicalisée ?
06:02Il y avait une urgence à faire cette loi ?
06:05Non, vraiment pas. Je pense que l'urgence, elle était à reprendre tous les termes de la loi,
06:17à faire mieux connaître la loi Clèche-Leonetti de 2016,
06:21à porter beaucoup plus de moyens sur la formation,
06:26sur l'organisation et le financement de cet accompagnement de fin de vie.
06:32Je pense que cette loi est une réelle illusion du libre choix.
06:41C'est une illusion parce que la santé est en pleine crise,
06:44la santé dans nos EHPAD, mais la santé également en général.
06:48Et bien sûr, il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt,
06:52et certaines mutuelles ont affiché cette volonté de faire des économies,
06:57de faire des économies sur les retraites, de faire des économies sur les remboursements de soins.
07:04Un exemple concret au Canada sort à une fréquence annuelle, je pense,
07:12le chiffrage de ces économies faites avec l'aide à mourir.
07:17Monique, une dernière question.
07:19Le délit d'entrave condamne d'une peine allant de deux ans de prison à 30 000 euros d'amende
07:22l'opposition d'un soignant au désir de mourir.
07:25Ça vous choque ?
07:28Totalement.
07:30Vous savez que nous sommes, cette année 2025,
07:35dans la préoccupation de la santé mentale,
07:39et notamment dans le plan de prévention du suicide,
07:43avec le fameux numéro 31-14,
07:46qui permet d'aider les gens qui sont en volonté, en démarche suicidaire.
07:51Ce délit d'entrave est pour nous quelque chose qui va vraiment à l'encontre
07:58de notre non-abandon de la personne.
08:03Parce que lorsque une personne va nous demander de mettre fin à ses jours,
08:09souvent, nous envisageons avec elle d'autres solutions,
08:15nous envisageons avec elle un accompagnement beaucoup plus solidaire,
08:19beaucoup plus fraternel, comme dit notre président Macron.
08:25En tout cas, ce délit d'entrave, nous, on aurait bien aimé qu'il soit assorti
08:31d'un délit d'incitation.
08:34Parce qu'on a vraiment la peur que des pressions s'exercent,
08:40notamment sur nos personnels, sur nos personnes âgées, vulnérables, fragiles,
08:45qui se sentent déjà de trop dans cette société.
08:49Donc, c'est carrément un véritable tri social
08:53des plus vulnérables auxquels on s'expose.
08:57Merci Monique Girard, je rappelle que vous êtes gériatre et membre actif de M-Core.
09:02Avant de nous retrouver dans quelques instants,
09:04je vous propose de découvrir une nouvelle séquence dans la Santé en Mouvement.
09:07Cette séquence, c'est une bande-annonce pour Medicating Normal,
09:11un documentaire sur la prévention en santé mentale,
09:13dans une époque où la prescription massive de médicaments psychotropes
09:16donne lieu à une nouvelle menace pour la santé publique.
09:19La normalité sous ordonnance, le documentaire choc
09:22où la paduguin rencontre la détresse de l'être humain, présente.
09:26C'est l'histoire de Rebecca.
09:32Rebecca, c'est une fillette joyeuse, elle a 11 ans.
09:35Lorsque sa famille déménage, pour la énième fois, tout change.
09:38Elle devient très anxieuse.
09:40Elle a des maux de ventre, elle ne va plus à l'école,
09:42elle ne mange presque plus.
09:44Inquiet, ses parents l'emmènent consulter une thérapeute.
09:47Et sur l'ordonnance, des antidépresseurs.
09:50De la sertaline, pour commencer,
09:52et puis de la fluoxétine, plus communément appelée Prozac.
09:55Et là, tout bascule pour la jeune fille.
09:58Rebecca commence à voir une petite fille imaginaire qui lui parle.
10:02Rebecca l'appelle Alice.
10:04Alice, elle devient envahissante et l'incite à se faire du mal.
10:08Rebecca enchaîne alors des séjours à l'hôpital psychiatrique.
10:11Elle n'a que 13 ans.
10:13A chaque passage, on lui ajoute un médicament de plus,
10:16pour compenser les effets du précédent.
10:17Ses parents ne la reconnaissent plus
10:19et prennent une décision alors difficile,
10:22arrêter les traitements.
10:23Et quelques mois plus tard, les hallucinations disparaissent.
10:27Rebecca reprend sa vie en main,
10:28décroche un diplôme avec mention
10:30et travaille aujourd'hui dans la communication.
10:33L'histoire de Rebecca,
10:34elle interroge,
10:35elle fait douter.
10:36Jusqu'où faut-il prendre des traitements
10:38pour calmer l'esprit,
10:39quitte à finalement le détruire ?
10:41Alors avant de recourir aux psychotropes,
10:43dont les effets secondaires sont parfois lourds
10:45et sources de sevrage difficiles,
10:47il est essentiel de s'informer
10:48et d'explorer d'autres voies.
10:51Vous doutez encore ?
10:52Découvrez le documentaire
10:53La Normalité sous ordonnance
10:54en accès libre sur Youtube
10:56et sur la chaîne Odyssée.
10:58La Normalité sous ordonnance,
11:00le documentaire choc
11:01où la pas du gain rencontre
11:02la détresse de l'être humain,
11:04présente.
11:06Sud Radio,
11:07la santé en mouvement,
11:08Vanessa Perez.
11:09Et pour continuer cette émission,
11:11j'ai le plaisir d'accueillir
11:12Nicolas Balmel,
11:13direction des relations institutionnelles
11:15chez Bastide Médicale.
11:17Nicolas, bonjour,
11:18on est ravis de vous avoir parmi nous.
11:19Alors on le sait,
11:20de plus en plus de Français
11:21sont soignés chez eux,
11:22que ce soit après une hospitalisation
11:24ou en cas de maladie chronique.
11:26Et chez Bastide,
11:27vous êtes prestataire de santé à domicile.
11:29Alors comme les mots sont importants,
11:31j'aimerais que vous nous redéfinissiez
11:32c'est quoi un prestataire de santé à domicile ?