- 23/06/2025
Avec David Cohen, professeur associé à la recherche et au développement à la Luskin School of Social Work de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) Retrouvez La santé en mouvement avec Vanessa Perez tous les samedis à 14h sur #SudRadio. Avec Yara Antakly Hanon , Alain Habra et Nicolas Jubin Abonnez-vous pour plus de contenus : http:// ow.ly/7FZy50G1rry ——————————————————————— ▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x8jqxru Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/ ——————————————————————— Nous suivre sur les réseaux sociaux ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr ——————————————————————— ##LA_SANTE_EN_MOUVEMENT-2025-06-21##
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00:00La normalité sous ordonnance, le documentaire choc où la pas du gain rencontre la détresse de l'être humain, présente.
00:08Sud Radio, la santé en mouvement, Vanessa Perez.
00:12Bonjour et bienvenue dans la santé en mouvement, l'émission pour prendre soin de vous au quotidien.
00:17Et aujourd'hui on va parler santé mentale et antidépresseurs.
00:20Ces médicaments peuvent aider, sauver parfois, mais ils peuvent aussi enfermer, prolonger la souffrance
00:24ou créer une forme de dépendance silencieuse dont il est difficile de sortir indemne.
00:29Alors la question n'est pas de diaboliser la science ni la médecine, mais de s'interroger.
00:33Les antidépresseurs soignent-ils vraiment la dépression ou ne font-ils que l'endormir ?
00:37Quels sont les effets à long terme et les angles morts du système ?
00:40Pour en parler avec nuance, rigueur et ouverture, j'aurai le plaisir de recevoir en direct de Los Angeles
00:46un professeur qui nous aidera à prendre un peu de recul sur l'impact de ces solutions.
00:50La santé en mouvement spéciale santé mentale et antidépresseurs.
00:53C'est tout de suite et c'est sur Sud Radio.
00:55Et pour commencer cette émission spéciale en direct de Los Angeles, j'ai le plaisir d'accueillir
01:04un spécialiste des politiques de santé mentale.
01:06Il a consacré ses recherches aux substances psychoactives.
01:10Il est notamment associé à la recherche et au développement à la Lusing School of Social Work
01:15de l'Université de Californie à Los Angeles.
01:17J'ai nommé le professeur David Cohen.
01:20Professeur, je rappelle que vous êtes outre-Atlantique et vous observez avec attention le marché français
01:26et américain.
01:27Chez nous, vous savez, ici en France, on parle de plus en plus de santé mentale.
01:31Est-ce que c'est pareil aux Etats-Unis ?
01:33La même chose.
01:36Et en plus, on vit aux Etats-Unis, probablement ce que vous allez vivre en France dans quelques années.
01:42Aux Etats-Unis, on discute avec banalité des psychotropes au moins de la santé mentale
01:47depuis 30, 40, 50 ans.
01:50Tout le monde se réclame d'un certain problème de santé mentale aujourd'hui.
01:53Tout le monde l'utilise, tout le monde, beaucoup de gens l'utilisent comme excuse,
01:58comme avancée, comme identité.
02:01Donc c'est banal, c'est quotidien.
02:04Les médias louent en général le progrès du recours aux substances psychotropes
02:11pour pallier à la détresse psychologique.
02:13On parle de tous les problèmes psychiatriques, quotidiennement, l'autisme, l'anxiété,
02:21les dépressions, les psychoses, les troubles bipolaires.
02:26Ça se mange tous les jours.
02:27Alors David, vous allez nous aider à y voir clair, mais on aime bien commencer par une définition.
02:31Donc qui dit antidépresseur dit plein de mots dans cette catégorie.
02:35Est-ce que vous pourriez nous expliquer quels sont les médicaments que l'on met sous cette classe ?
02:38D'abord, cette classe est une de cinq grandes classes de médicaments.
02:44Ce n'est pas les antidépresseurs.
02:47On va mettre le Paxil, on va mettre la paroxétine, on va mettre le Prozac.
02:53Ce sont des substances qui sont parmi les plus prescrites en France maintenant, des antidépresseurs.
02:59Il y a d'autres classes de médicaments qui souvent s'ajoutent là-dedans,
03:02c'est-à-dire les neuroleptiques qui sont une autre classe qui ralentissent le mouvement.
03:05C'est les stimulants qui pour accroître la performance, améliorer l'endurance dans la performance.
03:15Il y a les anxiolytiques qui sont les endormisseurs.
03:21Donc tout problème à sa solution, si je vous écoute en fait.
03:24Tout problème à son offre de solution.
03:27David, est-ce que c'est la société qui devient de plus en plus dure ?
03:31Ou alors, en fait, ce que l'on appelle le progrès, on va dire, va pouvoir résoudre cette détresse ?
03:39Question très complexe.
03:42C'est un peu tout.
03:44Les gens ont été renvoyés à eux-mêmes.
03:48On n'a plus les grandes institutions qu'on avait avant,
03:50que ce soit l'école, que ce soit la famille, que ce soit l'église.
03:54À mesure que ces institutions se convulsent, l'indu est renvoyé à lui-même, elle-même,
03:59et doit se débrouiller un peu tout seul.
04:02Et c'est certain que les médicaments sont une solution qu'on lui offre,
04:07à lui tout seul, à elle toute seule, qu'on prend dans son propre corps.
04:12Donc on a vraiment individualisé les problèmes.
04:15Et c'est ça qu'on voit avec ce recours assez effréné aux médicaments.
04:19David, quand on commence justement un traitement à base d'antidépresseurs,
04:23on se demande souvent s'il va guérir ou juste permettre de tenir le coup pendant une période difficile.
04:29Est-ce qu'on a une réelle réponse à cette question ?
04:32Est-ce que ça guérit ? Est-ce que ça soulage ? Qu'est-ce que ça fait ?
04:35Personne ne prétend que ça guérit.
04:38Sur le court terme, avec les antidépresseurs, on peut s'attendre à ce que j'appelle un effet placebo amplifié.
04:46C'est-à-dire, dans les recherches sur ces médicaments antidépresseurs,
04:51ceux-ci n'ont en général qu'une très légère supériorité sur les substances placebo inertes qui leur sont comparées.
05:00Alors, on peut les appeler comme des placebo avec effet secondaire, si vous voulez,
05:06qui ont un nom de marque, qui ont un prix que l'on paye,
05:10qui sont dispensés par le pharmacien, qui sont prescrits par le médecin.
05:13Et donc, tout ça, dans une situation de crise, va offrir un espoir,
05:18va mettre en jeu un processus peut-être de guérison,
05:21mais qui ne sera pas nécessairement dû à ce médicament.
05:25Maintenant, ça va être d'autres classes de médicaments.
05:27David, pour vous, quand on va chez un médecin qui vous prescrit dès la première consultation,
05:33et on voit en France, vous allez chez le médecin, vous demandez ce que vous aimeriez avoir,
05:37on le met sur l'ordonnance, vous trouvez que ce n'est pas raisonnable, justement,
05:41de donner ce dont les gens ont besoin dès la première consultation ?
05:45Ce n'est pas raisonnable.
05:48On met les gens trop rapidement sur médicaments.
05:51Si c'est offert lors de la première consultation,
05:54qui, chez nous aux États-Unis, ça dure huit minutes à peu près,
05:57avec un généraliste, peut-être en français, 15 minutes, peut-être 20 minutes au maximum, peut-être.
06:03Et dans ce moment-là, dans cet espace très limité,
06:07comprendre la personne, savoir quelle est la source de son problème,
06:11et terminer avec une prescription.
06:13Oui, c'est trop rapide.
06:14Est-ce qu'on a exploré que ça serait peut-être dû à un manque d'exercice physique ?
06:17Est-ce qu'on a vu comment c'est lié à son histoire personnelle,
06:21à ses circonstances de vie ?
06:22Ça peut être ça, la dépression.
06:25Alors, oui, ça serait trop rapide si c'est la première consultation
06:29qui se termine avec une prescription immédiate.
06:31Alors, à l'inverse, quand on essaye d'arrêter ces traitements,
06:34il semble qu'il y a une forme de dépendance que l'on va sous-estimer quand on s'y engage.
06:39Là aussi, vous avez le sentiment qu'une éducation serait nécessaire,
06:43parce que la sortie semble être très difficile.
06:46Absolument, une éducation serait nécessaire,
06:50parce qu'une personne sur deux va faire l'expérience d'effet très dérangeant
06:55quand elle essaye de cesser ce médicament,
06:58ce qu'on ne croyait pas être le cas auparavant.
07:01Et c'est surtout les patients qui prenaient les médicaments
07:04qui ont commencé à alerter le corps professionnel
07:06sur la survenue de ce genre d'effet de sevrage.
07:10Toute substance qui affecte le cerveau
07:15va causer des adaptations neuronales
07:18qui vont se manifester lorsqu'on cesse le médicament.
07:22Maintenant, une personne sur dix va vivre ses effets pour des mois.
07:27Ça va être sérieux pour la plupart des personnes
07:29qui ont pris le médicament pour moins d'un an ou deux
07:32vont moins le sentir.
07:34Mais ce sont des signes de dépendance physique sur la substance.
07:40David, on vous voit intervenir dans un documentaire
07:43qui s'intitule « La normalité sous ordonnance »
07:46et qui est diffusé actuellement sur la chaîne Odyssée,
07:49mais également sur YouTube.
07:50Et on suit cinq patients américains
07:52qui ont été mis sous antidépresseur
07:54et qui ont énormément de mal à s'en sortir.
07:57Quel est l'objectif de ce documentaire ?
07:59L'objectif est de montrer
08:02comment une prise en charge médicalisée
08:06de problèmes de l'existence, elle peut déraper.
08:10C'est-à-dire, elle peut venir à accabler la personne
08:13avec des états qui sont induits par les médicaments,
08:16avec des états qui sont induits par le sevrage du médicament,
08:21avec le déni que les médicaments peuvent causer des problèmes à la personne,
08:26peuvent exacerber ces problèmes de départ,
08:27et aussi n'arriver à offrir que des médicaments
08:32comme solution à ces problèmes du moment,
08:36causés par des médicaments.
08:37Alors, tout ça peut nous dire
08:40qu'on a un peu exagéré
08:42dans le recours aux médicaments.
08:45David, je vous propose de marquer une courte pause
08:47et on va justement découvrir un des profils
08:49de ce documentaire, Brianna,
08:51qui va nous partager son expérience
08:53malheureuse, on va dire,
08:55de l'utilisation de ces substances.
08:59C'est l'histoire de Brianna.
09:10Brianna, c'est une jeune femme qui a aujourd'hui 30 ans.
09:12Diagnostiquée d'un trouble de l'attention à l'âge de 15 ans,
09:16Brianna est sous médicament depuis son adolescence.
09:19Et puis un beau jour, Brianna reconnaît le besoin d'arrêter son traitement.
09:22Mais cette décision s'avère bien plus difficile que prévue.
09:25Anxiété, peur irrationnelle, perte de repères.
09:29Elle repense aux effets dévastateurs du sevrage qu'elle a vu chez son mari,
09:32Dave, qui lui aussi avait été sous psychotrope,
09:34et dont elle a assisté impuissante à l'effondrement et aux idées suicidaires.
09:39Malgré sa détermination et l'aide d'un médecin,
09:42Brianna réalise à quel point sortir de cette dépendance chimique est complexe,
09:46et combien peu de soutien existe pour accompagner ses démarches.
09:51Partagée entre la volonté d'arrêter et un sevrage trop rapide et désastreux,
09:55elle a aujourd'hui repris comme avant,
09:56tout en essayant, tant bien que mal,
09:58de se libérer de son traitement une bonne fois pour toutes.
10:01Alors avant de recourir aux psychotropes,
10:03dont les effets secondaires sont parfois lourds
10:05et les sevrages longs et douloureux,
10:07il est essentiel de s'informer et d'explorer d'autres voies.
10:11Vous doutez encore ?
10:13Découvrez le documentaire « La normalité sous ordonnance »
10:16en accès libre sur Youtube et sur la chaîne Odyssée.
10:19La normalité sous ordonnance,
10:21le documentaire choc où la paduguin rencontre la détresse de l'être humain,
10:25présente.
10:27Sud Radio, la santé en mouvement, Vanessa Perez.
10:31Et pour continuer cette émission spéciale santé mentale et antidépresseurs,
10:34on retrouve le professeur David Cohen en direct de Los Angeles.
10:39Professeur, on constate une augmentation des prescriptions également
10:43chez les enfants et chez les adolescents.
10:45Qu'aimeriez-vous dire aux parents qui voient leurs enfants
10:48consommer ce type de substance assez tôt ?
10:52Assez tôt, je ne sais pas ce que ça veut dire,
10:55mais je sais qu'en France, il y a une certaine interdiction
10:59de consommer ces médicaments à la violence de 6 ans.
11:03Ce que nous n'avons pas aux États-Unis,
11:05on n'a pas freiné assez et donc on voit ça chez des enfants
11:08de 1 an et 2 ans, 3 ans, 4 ans.
11:11Et là, ce que ça fait, c'est que ça crée des patients psychiatriques
11:15un peu à vie.
11:17Ça habitue l'enfant à consommer le médicament
11:19comme premier recours dès n'importe quelle détresse.
11:23Et donc, ça ajoute d'autres médicaments,
11:25la polypharmacie.
11:27Et les interactions sont néfastes.
11:29Donc, il faut faire attention,
11:31comme toute prise de médicaments.
11:34Il faut regarder ailleurs,
11:35il faut regarder dans la famille,
11:37il faut se regarder,
11:38il faut regarder l'école avec esprit critique.
11:40Il faut ne pas immédiatement penser
11:43que c'est un problème neuro-comportemental,
11:46comme on nous dit trop souvent.
11:49J'ai envie de vous poser une question.
11:51Quand une maman prend des antidépresseurs,
11:52on peut imaginer que ces prescriptions
11:54vont avoir un effet sur le foetus
11:56et donc un effet à l'âge adulte.
11:58Il y a une corrélation évidente ?
11:59Nous ne savons pas si la prise d'un médicament antidépresseur
12:04aura un effet sur l'âge adulte de l'enfant.
12:07Mais nous savons que ce sera un effet
12:09dans un cas sur dix à la naissance du foetus.
12:15Il y aura une certaine détresse
12:16qui est causée par le sevrage.
12:19Il y aura peut-être une naissance un peu plus difficile.
12:23Donc, il y a ces données.
12:25Mais nous ne connaissons pas les données
12:26sur l'enfant à naître.
12:28Pour certaines autres classes de médicaments,
12:29les anticonvulsivants,
12:31vous en France avez fait de très bonnes recherches
12:33sur ce suivi
12:34et on voit des effets sur l'enfant de 2 et 3 ans.
12:37Alors, comme vous êtes en avance sur les tendances
12:39et ce qui se passe chez vous arrive chez nous,
12:40vous l'avez dit en introduction, 3 ou 4 ans après,
12:43on parle de déprescription
12:45dans les cabinets médicaux.
12:48Expliquez-nous en quoi ça consiste,
12:49même si ça parle de soi,
12:50mais de quoi participe ce phénomène ?
12:52On apprend au médecin à prescrire,
12:58on ne leur apprend pas à arrêter la prescription.
13:00Donc, on met le paquet sur le début,
13:02sur l'initiation de la prescription,
13:05mais on ne comprend pas qu'il faut y aller
13:06très lentement vers la fin.
13:09Il faut apprendre et préparer la personne
13:12qu'elle va devoir arrêter
13:13et il faut s'informer sur les effets possibles
13:16d'une dépendance physique possible
13:18qui va se manifester lorsqu'on cesse
13:20ou lorsqu'on réduit le médicament.
13:22Donc, c'est ça la déprescription.
13:24C'est une manière sage
13:25d'approcher la fin du parcours
13:28avec le médicament
13:29au lieu de se concentrer seulement
13:31sur le début du parcours.
13:33Et là aussi, une question
13:34en observant ce qui se passe en France.
13:36On voit que les diagnostics psychiatriques
13:37se multiplient parfois très tôt dans la vie.
13:39Est-ce que vous avez le sentiment
13:40qu'on pathologise ou on médicalise
13:43certains comportements qui seraient normaux ?
13:45Évidemment que oui.
13:46Évidemment qu'on a pathologisé.
13:50C'est ça la médicalisation.
13:52C'est l'idée de prendre un problème
13:54qui est peut-être d'un ordre spirituel,
13:56économique, moral, de toutes sortes,
13:59environnemental,
14:00et de dire que c'est une pathologie
14:02qui réside à l'intérieur de notre corps.
14:04Que c'est un déficit chimique, neurologique,
14:07un circuit cérébral qui a disjonté.
14:10Et donc, il faut aller faire ce qu'on fait
14:12pour les autres problèmes de santé.
14:13Il faut aller voir le médecin.
14:16Et donc, c'est ça de pathologiser l'existence,
14:19de lui enlever son essence
14:21et dire que c'est un autre problème de santé.
14:24Et comment vous expliquez ce phénomène ?
14:26C'est pour enrichir l'industrie du médicament ?
14:28C'est pour créer une économie ?
14:30Qu'est-ce qu'il y a derrière ?
14:31Tout à la fois.
14:33Tout le monde y trouve son bien.
14:35Tout le monde y trouve son bénéfice.
14:38Les patients peuvent dire
14:39« Ce n'est pas ma faute.
14:40C'est quelqu'un d'autre
14:41qui va prendre la responsabilité,
14:42qui va m'offrir la solution.
14:45Les compagnies pharmaceutiques
14:47peuvent s'enrichir
14:48et savent comment vendre leurs diagnostics.
14:51Les gouvernements peuvent mieux gérer
14:53et prévoir le nombre de diagnostics à venir.
14:56Donc, tout le monde y trouve son compte.
14:59Et c'est ça,
15:00c'est un grand changement
15:01auquel on s'engage
15:02sans le comprendre vraiment,
15:05mais envers lequel il faut garder l'esprit critique.
15:08Mais là, j'ai envie de vous demander,
15:09vous en voulez à l'industrie du médicament ?
15:11Du tout.
15:14C'est une industrie qui pousse son produit.
15:17Elle sait exactement ce qu'elle veut faire à FEC.
15:20Elle l'annonce.
15:21Elle rencontre ses projections économiques
15:25du quart de trimestre ou quoi.
15:28Et elle s'en fout pas mal.
15:29C'est nous, les autres, les experts,
15:31les intervenants, le public
15:33qui se demandons
15:34« Est-ce qu'on devrait dire ce qu'on dit ? »
15:36« Est-ce qu'on sait où on va ? »
15:37L'industrie sait exactement ce qu'elle fait
15:40et elle le fait.
15:42Mais pourtant, David,
15:43il y a des investissements massifs
15:44qui sont faits,
15:44notamment chez vous, aux États-Unis.
15:46La recherche est extrêmement financée,
15:48même si le gouvernement Trump
15:50semble avoir mis un frein à tout ça.
15:52Quelle est la situation
15:53entre les lobbies
15:53et entre la position de votre gouvernement ?
15:55La position de Trump va faire que
16:00la recherche va changer un petit peu.
16:03Ça veut dire que ce n'est pas seulement
16:04la promotion et l'invention de médicaments
16:06qui va primer,
16:08mais c'est la recherche
16:10sur les effets néfastes,
16:11les effets toxiques,
16:12sur la prévention des effets nocifs,
16:15de la prise prolongée
16:16et élargie de médicaments.
16:19C'est ça, je pense,
16:20qui va prendre la priorité
16:22au lieu de simplement
16:24nous promouvoir le médicament
16:27comme remède premier et dernier.
16:29Donc, c'est quelque chose de positif.
16:31À mon avis, c'est positif.
16:33C'est simplement un peu
16:34regarder l'autre côté de la pilule,
16:36si vous voulez.
16:37C'est changer d'accent,
16:40mais je ne pense pas
16:41qu'à part certaines coupes certaines
16:44de tous les fonds de budget
16:45dans tous les domaines,
16:47je ne pense pas
16:48qu'on va fondamentalement changer
16:50la recherche sur la santé.
16:53D'ailleurs, on voit revenir
16:55sur le marché d'anciennes substances
16:57qui sont parfois issues
16:58du champ des drogues,
16:59qui sont présentées
17:00comme des innovations.
17:01Vous pourriez nous en donner
17:02quelques exemples ?
17:03J'ai l'impression qu'on recycle
17:04en fait des vieilles molécules.
17:05C'est ce qui se passe ?
17:07Il y a tellement d'exemples.
17:10C'est ça la trajectoire du médicament.
17:12Concrètement ?
17:12C'est quelque chose
17:14qu'on d'abord accueille
17:15avec enthousiasme.
17:17Ensuite, après quelques années,
17:18on le rejette complètement,
17:19on l'interdit.
17:20Ensuite, on a un regard
17:21un peu plus objectif.
17:23Ensuite, peut-être
17:24une utilisation plus limitée.
17:26Donc, c'est ce qui est arrivé
17:27aux stimulants
17:28qu'on a banni dans les années 70
17:30et qu'on a réaccueilli
17:32comme médicaments
17:34qui vont sauver l'enfance
17:35aux États-Unis.
17:36C'est ce qui est arrivé
17:37avec les opiaciers.
17:38L'opium a été loué
17:39pour ses vertus antidouleurs.
17:41Ensuite, ses dérivés
17:42ont été complètement interdits.
17:43C'est ce qui arrive
17:44avec les hallucinogènes
17:45qui était le mode
17:46d'usages irresponsables,
17:49complètement cinglés,
17:50alors qu'aujourd'hui,
17:50c'est la promesse future
17:52pour tous les traitements
17:53santé mentale.
17:54Vous voyez ce que je veux dire ?
17:55Il y a des cycles
17:56de rejet,
17:57d'acceptation
17:58toutes les 30-40 ans
18:00à peu près
18:01qui passent.
18:03C'est ça,
18:03la trajectoire
18:04du médicament en société.
18:05Alors, on l'a bien compris,
18:06vous n'êtes pas
18:07un pro-médicament,
18:08mais dans ce cas-là,
18:09beaucoup de gens
18:09ont néanmoins besoin
18:10d'un accompagnement.
18:11Comment aller mieux
18:12sans médicament
18:13pour les gens
18:13qui sont vraiment
18:14dans une détresse
18:14et qui se disent
18:15que c'est la solution
18:16la meilleure
18:18à un moment donné,
18:19malheureusement ?
18:20Juste d'abord,
18:22le médicament,
18:22c'est comme une béquille.
18:24Ça veut dire,
18:25la béquille,
18:26quand on en a besoin,
18:27on en a besoin.
18:28C'est à nous de savoir.
18:30Idéalement,
18:30c'est nous
18:31qui allons devoir décider
18:32si ça nous fait du bien
18:33ou pas.
18:33Alors,
18:35si on décide
18:35qu'il faut autre chose,
18:37il faut,
18:38d'abord,
18:39le médicament,
18:39c'est à la fois remède,
18:42à la fois poison.
18:43C'est ça qui est enfoui
18:45dans le sens
18:46de ce terme grec
18:48qui veut dire
18:48pharmakon
18:49qui se réfère au médicament.
18:52Il ouvre la définition
18:53pour dire
18:53c'est à la fois remède,
18:55mais ça peut être poison aussi.
18:57Donc,
18:57il faut savoir
18:58que ça peut être dangereux
19:00et que la personne
19:02qui va nous le recommander
19:03ou pas,
19:04il faut lui faire confiance.
19:06Il faut qu'elle mérite
19:08notre confiance.
19:10Et donc,
19:10c'est ça,
19:11tout se joue autour
19:12de cette relation
19:13avec le soignant.
19:15Est-ce qu'il a nos intérêts
19:16à cœur ?
19:17Est-ce qu'il est bien informé
19:18ou elle ?
19:20Et c'est tout ça
19:21qui se joue
19:21et qu'il faut comprendre
19:23et qu'il faut déceler
19:25et qu'il faut rester critique.
19:28on ne peut pas
19:29comme ça donner
19:30aux autres
19:31les décisions
19:31quand on a vu
19:33tout ce qui se passe.
19:34On est presque tous
19:34sur médicaments aujourd'hui.
19:36Quelqu'un qui est
19:37dans une détresse morale,
19:38David,
19:39vous lui conseilleriez quoi
19:40pour aller mieux ?
19:41Je ne sais pas.
19:45Qu'est-ce qui se passe
19:46dans sa vie ?
19:47Il faut que je le connaisse.
19:48Il n'y a pas de solution
19:49automatique à ses problèmes.
19:51Ça fait partie
19:52des circonstances de sa vie.
19:54Ça fait partie
19:54de son histoire personnelle.
19:56Il faut que je l'ai
19:57en face de moi.
19:57Il faut que je lui parle.
19:59Je dois devenir spécialiste
20:00en cette personne
20:01et elle doit devenir
20:03spécialiste en elle-même.
20:05Alors, écoutez,
20:06c'est ça,
20:06la solution va émerger
20:08au moins de ça.
20:09Maintenant,
20:09il y a d'autres points de vue.
20:11qu'on a un déficit
20:12neurochimique
20:13et puis voilà,
20:13j'ai le correcteur dans ma main
20:15et vous allez le prendre
20:16et ça va aller mieux.
20:17Mais ce point de vue,
20:18il manque d'appui scientifique.
20:22On n'a pas trouvé
20:23les biomarqueurs
20:24ou les substrats
20:27neurophysiologiques
20:28que vont cibler
20:29ces médicaments.
20:31On ne les a pas découverts.
20:32On ne sait pas
20:32de quoi il s'agit
20:33dans la détresse.
20:35Ça reste le problème
20:36que l'on vit.
20:37En même temps,
20:37à travers ce que vous dites,
20:38quand on a une consultation
20:39qui dure 12 à 20 minutes,
20:41faire cette connaissance
20:42intrinsèque du patient,
20:44il y a un élément
20:45qui cloche dans le système.
20:47Il y a un élément
20:48qui cloche.
20:49C'est évident
20:50que si on se trouve
20:51chez quelqu'un
20:51qui ne fait que produire,
20:54qui ne fait que prescrire,
20:56on n'est peut-être
20:57pas très bien arrivé
20:58si c'est un problème
20:59qui touche
20:59notre fort intérieur.
21:01il faut trouver des gens
21:02avec qui on peut parler,
21:04qui ont le temps
21:04et qui ont le désir
21:07de nous comprendre
21:08un peu mieux.
21:09Mais je ne dis pas
21:10que tout se résout
21:12avec une psychothérapie.
21:14Je dis simplement
21:14qu'il y a de la place
21:15pour tout.
21:17David, pour conclure,
21:1830 secondes,
21:18qu'aimeriez-vous dire
21:19aux patients français ?
21:21En ce qui a trait
21:25à la santé mentale,
21:27il faut vous trouver
21:28quelqu'un
21:29en qui vous pouvez
21:30avoir confiance.
21:32Quelqu'un qui va vraiment
21:33agir dans vos intérêts,
21:36qui va être très bien informé,
21:37qui n'a pas seulement
21:38une réputation,
21:39mais qui a une recommandation
21:41peut-être d'autres personnes,
21:43qui sait écouter,
21:44qui va essayer
21:45de vous comprendre
21:45et de vous connaître
21:46que lorsqu'il viendra
21:48le moment
21:49de parler de médicaments,
21:53cette personne saura
21:54pourquoi ou pas
21:56vous recommander quelque chose
21:58parce qu'elle vous connaît
21:59et elle vous comprend.
22:00Merci beaucoup David Cohen.
22:02Je rappelle que vous êtes
22:02professeur associé
22:03à la recherche
22:03et au développement
22:04à la Lucine School
22:05of Social Work
22:06de l'Université de Californie
22:07à Los Angeles.
22:08Et je vous encourage
22:09à regarder le documentaire
22:11La normalité sous ordonnance
22:12disponible sur la chaîne
22:14Odyssée et sur YouTube.
22:16La santé en mouvement,
22:16c'est fini pour aujourd'hui.
22:17Je rappelle que vous pouvez
22:18retrouver toutes nos éditions
22:19en podcast
22:20sur l'application Sud Radio
22:21et sur vos réseaux sociaux
22:22préférés.
22:23Je vous souhaite
22:24une excellente fin de week-end.
22:25Je vous dis à la semaine prochaine
22:25et surtout,
22:26prenez soin de vous.
22:28Sud Radio,
22:29la santé en mouvement,
22:31Vanessa Perez.
22:32Avec la normalité sous ordonnance.
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