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  • 31/05/2025
Dans son édito du 31/05/2025, Jules Torres revient sur les récentes prises de parole d'Emmanuel Macron au sujet d'Israël.

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Transcription
00:00Encore un voyage, encore une menace, encore une leçon.
00:03Emmanuel Macron a de nouveau ciblé Israël.
00:06C'était depuis Singapour, entre deux escales diplomatiques et un sommet sans relief.
00:11Le président français a trouvé le temps de lancer un avertissement solennel.
00:15Si l'aide humanitaire ne passe pas à Gaza, des sanctions tomberont contre Israël.
00:20Le ton se veut grave, l'attitude martiale.
00:22Et comme souvent avec Emmanuel Macron, la parole précède l'action et l'action ne vient jamais.
00:27Ce n'est pas une première, depuis le 7 octobre 2023 et les horreurs du Hamas,
00:31Emmanuel Macron s'adresse à Israël comme un élève indiscipliné.
00:35Réprimande, inquiétude, admonestation, il parle d'équilibre, de proportion, de légitimité.
00:41Toujours dans ce langage flou, calibré pour ne froisser personne et qui finit par lasser tout le monde,
00:47Israël, sans surprise, commence à saturer.
00:49Car ce qui frappe dans cette nouvelle sortie, ce n'est pas la fermeté du propos, c'est le réflexe pavlovien.
00:55A chaque prise de parole sur le Proche-Orient, Emmanuel Macron commence par Israël,
01:00avant de mentionner le Hamas, l'Iran ou les otages,
01:02comme si le problème central, c'était Jérusalem.
01:05Pas Gaza, pas Rafa, pas les otages.
01:09Mais cette posture dite d'équilibre, Jules, est-elle encore crédible diplomatiquement ?
01:13Emmanuel Macron, il se targue de parler à tout le monde de n'être l'ennemi de personne,
01:18sauf qu'à force de vouloir ménager les deux camps,
01:20il finit par irriter les deux en dénonçant au effort l'action militaire d'Israël,
01:25tout en murmurant ses critiques contre le Hamas.
01:28Il prétend jouer les équilibristes, mais dans cette région du monde,
01:31l'équilibrisme sans colonne vertébrale devient vite de l'incohérence.
01:35Il ne s'agit pas ici de valider l'offensive israélienne, ni de taire les drames civils à Gaza.
01:40Il s'agit de constater que la posture française, censée être celle de l'équilibre, est devenue inaudible.
01:45Le quai d'Orsay prône la désescalade pendant que le président menace de sanctions.
01:49On reconnaît le droit à la sécurité d'Israël, puis on annonce qu'un État palestinien est une urgence morale et une exigence politique,
01:56mais sans fixer ni le contour, ni les garants.
01:58Résultat, personne ne suit.
02:00Et pendant ce temps, le gouvernement israélien monte dans les tours.
02:02Cette semaine, le ministre des Affaires étrangères a accusé la France de mener une croisade contre l'État juif,
02:08une formule outrancière certes, rare, grave, et surtout qui marque une rupture,
02:12parce que pour Israël, la France n'est plus une puissance habille, mais un allié volage, versatile et surtout imprévisible.
02:19La vérité, c'est que la France d'Emmanuel Macron n'incarne plus une position centrale.
02:24Elle s'agit de seule, convaincue de jouer les médiateurs, alors qu'elle n'est plus qu'un électron libre brouillon,
02:29sans levier, sans relais, sans crédibilité.
02:32La diplomatie dut en même temps à trouver sa limite.
02:34Elle ne convainc plus personne, ni là-bas, et surtout ici.
02:37Alors cette indignation diplomatique, elle interroge si le message était en fait ailleurs, Jules ?
02:41Eh bien, si au fond, la cible d'Emmanuel Macron, ce n'était pas Israël, ce n'était pas Benjamin Netanyahou,
02:47mais c'était les sondages.
02:49Et si cette posture diplomatique, à peine déguisée, cachait une manœuvre de politique intérieure.
02:54En 2025, on ne gouverne pas la France sans mesurer les répercussions de Gaza dans les quartiers,
03:00sans anticiper les tensions communautaires sans surveiller les braises,
03:03qui couvent en silence dans certaines banlieues.
03:05Emmanuel Macron le sait, chaque mot sur Israël ou la Palestine ne s'adresse pas qu'au monde.
03:10Il parle aussi à une France fracturée, traversée de colère, d'identité blessée et de fidélité dépassée.
03:16En durtissant le ton contre Israël, le président envoie un signal aux banlieues,
03:20à ceux qui ont déserté les urnes, aux influenceurs TikTok qui font l'opinion chez les moins de 30 ans.
03:24Une façon de reprendre le pied à gauche, de caresser certains électorats dans le sens du drapeau palestinien,
03:30de montrer qu'on n'a pas complètement perdu la boussole morale.
03:34Mais qui croit sérieusement que Paris va imposer un cessez-le-feu à Gaza,
03:38quand même Washington n'y parvient pas ?
03:40Il ne s'agit pas d'agir, il s'agit de dire quant à la reconnaissance d'un État palestinien,
03:44à qui donner les clés, au Hamas, le groupe terroriste qui a organisé le pogrom du 7 octobre,
03:49ou à l'autorité palestinienne discréditée et corrompue,
03:52sans aucun contrôle sur Gaza depuis plus de 20 ans.
03:54Derrière les grands mots, il y a malheureusement le vide,
03:56et derrière ce vide, une signe, une signe bien réelle, la paix sociale.
04:00Ce n'est plus seulement de la politique étrangère,
04:03c'est de la politique intérieure déguisée en diplomatie.
04:06Une diplomatie miroir, où l'on brandit Gaza pour mieux parler au banlieue,
04:10tout ça pour gratter quelques points dans les sondages.

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