Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau
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00:00Bonjour, ravie de vous retrouver. Aujourd'hui avec le professeur Amine Benyamina, nous parlerons des addictions.
00:07Une problématique majeure qui touche désormais toutes les classes de la société.
00:12Puis avec le docteur Jean-Michel Cohen, nous verrons que faire trois repas par jour, structurés, entrés, plats et desserts, n'est peut-être pas une si bonne idée pour notre santé.
00:21– Professeur Amine Benyamina, bienvenue, je suis ravie de vous recevoir.
00:30– Et moi d'être avec vous.
00:31– Je rappelle que vous êtes psychiatre, vous êtes chef du service de psychiatrie et d'addictologie de l'hôpital Paul Brousse,
00:39vous êtes président de la Fédération française d'addictologie, et je passe encore d'autres titres, auteur de nombreux ouvrages,
00:45et le dernier ouvrage, alors là je le montre, addiction au pluriel, avec un point, est-ce qu'on espère que ce soit un point final ?
00:54– C'est un point optimiste.
00:55– Voilà, donc haute édition Marabou.
00:58Alors, pour commencer, je dirais, enfin on a l'impression qu'une société sans drogue, ça n'existe pas, il y en a toujours eu,
01:05à travers les siècles, 3000 ans avant Jésus-Christ, l'opium, à travers les pays, en Amérique du Sud, en Afrique,
01:12les chamanes qui utilisent les champignons hallucinogènes, déjà pour commencer, à quel moment peut-on parler d'une drogue ?
01:19Parce qu'on entend « drogue dure », « drogue douce », « drogue récréative », c'est quoi une drogue ?
01:25– Alors, vous avez dix fois raison, la drogue a toujours existé depuis que l'homme existe.
01:29– Oui, et elle existera toujours ?
01:31– Elle existera toujours et elle changera, on verra tout à l'heure qu'on a de nouvelles drogues auxquelles on ne s'attendait pas.
01:36À quel moment un produit devient une drogue, ou bien à quel moment ?
01:40– C'est très simple, c'est une définition tout à fait claire.
01:42Lorsqu'un comportement, un produit, vient annuler sa liberté de s'arrêter.
01:46– C'est une maladie de la liberté ?
01:48– Voilà, c'est une maladie de la liberté, c'est exactement ça.
01:50Ce n'est pas la peine d'aller chercher des définitions très savantes, elles ne concernent pas nos téléspectateurs.
01:55Lorsqu'on se rend compte qu'en consommant un produit, on n'arrive pas à s'en sortir,
01:59et lorsque ces produits, quand on les consomme, on a des dommages dans sa vie personnelle, affective, professionnelle,
02:04posons-nous la question sur le caractère addictif du produit.
02:08– Vous avez dit addiction, produit ou comportement, c'est-à-dire qu'on peut devenir addict,
02:13donc quand ça commence à poser des problèmes, avec des produits comme avec des comportements.
02:18D'ailleurs, vous nous avez fait la liste de ces produits, on a mis les principaux.
02:23– Oui, bien sûr.
02:23– Comme vous dites, il y en a tellement de nouveaux que maintenant, il nous faudrait des heures pour tous les citer.
02:28Donc, alcool, tabac, ça…
02:30– C'est le triot de tête, alcool, tabac, cannabis, le triot de tête avec beaucoup, beaucoup de dégâts.
02:35Et puis, on a les nouveaux produits, comme vous le notez ici, le protoxyde d'azote, c'est très bien de l'avoir noté.
02:41C'est un produit qui était banal, qu'on retrouve dans le commerce, notamment l'industrie de la pâtisserie ou bien automobile,
02:47qui a été détourné, finalement, de son effet au départ, pour en faire ce qu'on appelle le gaz hilarant.
02:52– Oui, en fait, on le voit, ils prennent des ballons et…
02:56– Absolument. Et puis, bon, au départ, ça fait rire, mais ça fait maintenant un recul de quelques années.
03:01On a des personnes qui deviennent dépendantes à ce gaz et qui, en même temps, ont des dommages.
03:05On retrouve la définition dont j'ai parlé tout à l'heure.
03:07On a les grands dommages que l'on connaît, c'est ce qu'on appelle la toxicité au niveau des neurones.
03:11On a des jeunes qui arrivent, qui n'ont plus la capacité de se mouvoir parce que ça a perturbé, ça a abîmé leurs neurones.
03:17– Ça, c'est très important de le dire.
03:20– En fait, ça va entraîner pratiquement les mêmes conséquences, les mêmes dégâts sur la santé que la sclérose en plaques.
03:25– On est complètement dehors, chez des jeunes en plus, tout à fait.
03:28– Voilà, et parfois en une seule prise.
03:29– Ah oui, bien sûr.
03:30– Donc, c'est aberrant, il y a une jeune femme qui est en fauteuil roulant, qui ne peut plus marcher.
03:34– C'est exactement ça.
03:34– Je veux dire, il faut arrêter, on peut rire d'autre chose quand même, parce que là, c'est juste pour rire en plus.
03:38– Oui, parce qu'en vérité, comme ce ne sont pas des drogues connues, célèbres, historiques et emblématiques,
03:46on consomme, il faut bien que jeunesse se passe.
03:49Et en même temps, vous savez que les premiers à avoir consommé ce produit et le détourner,
03:53ce sont les étudiants en médecine et en pharmacie.
03:55Et donc, évidemment, parce qu'on a du protoxyde…
03:57– Bien sûr, c'est quelque chose à usage médical, mais qu'on mélange avec de l'oxygène.
04:01– Oui, mais on a changé maintenant le caractère un peu artisanal.
04:05C'est des grosses bonbonnes qui sont livrées de manière clandestine dans des soirées privées,
04:10donc on est sur quelque chose…
04:10– On le voit même dans la rue, on voit les petites cartouches partout.
04:13Ça, ce sont les substances, et encore une fois, on ne va pas toutes les énumérer.
04:17Après, il y a les comportements.
04:18– Alors, dans les comportements, c'est pareil, on a des comportements qui reproduisent la même chose que les substances.
04:24C'est-à-dire un comportement qui, d'abord au départ, vous procure du plaisir,
04:29c'est le cas de la plupart des drogues, qui en même temps vous poussent à recommencer ce comportement,
04:35parce que le plaisir est important, mais à un moment donné, ce comportement devient obsédant,
04:40et vous ne pouvez pas faire autrement que de vous arrêter, de continuer,
04:43parce que lorsque vous arrêtez, vous allez ressentir du manque.
04:46C'est exactement… ça reproduit exactement les mêmes effets qu'un produit.
04:49– Le sport excessif, rappelons-le, le sport, c'est très bon pour la santé.
04:53Là, on parle du sport excessif, celui qui a un retentissement.
04:56Vous vous levez le matin, vous ne pensez qu'à courir, vous choisissez vos vacances en fonction de l'endroit où vous pourrez faire du sport.
05:02C'est sympa pour la famille.
05:04– Oui, absolument. Vous allez avoir des dégâts auprès de votre entourage.
05:08Et puis surtout, vous faites du sport en étant fatigué, malade, fracturé.
05:11Et là, ça devient excessif.
05:13Et puis, on le voit aussi sur le jeu.
05:16Alors là, tout le monde connaît actuellement, tout le monde en parle,
05:19les jeux pour les jeunes, le jeu de hasard et d'argent.
05:21Les gens se ruinent, mais ils continuent à jouer.
05:23– Oui, alors là, c'est un drame financier pour beaucoup de familles.
05:26– Donc, vous voyez, on a les mêmes définitions que les produits.
05:29– Je reviens quand même à ma première question.
05:31Pourquoi on continue à dire drogue douce, drogue dure, drogue récréative ?
05:36– Parce que c'est de l'ignorance, en vérité.
05:38On a pensé qu'en séquençant des drogues et qu'il y avait des effets physiques et une grosse addiction,
05:44on allait peut-être accepter le principe d'une drogue douce comme l'alcool ou le cannabis.
05:48Je ne parle pas du tabac. En vérité, ce qui fait la dangerosité, la dureté de la drogue,
05:54c'est la rencontre entre la personne.
05:56Il y a des personnes qui ont une capacité à supporter de prendre l'héroïne
05:59et qui vont bien, on arrive à les sortir,
06:02et qui continuent à consommer de l'alcool et du tabac et finiront par mourir de leur cirrhose.
06:07Vous voyez, ça ne veut absolument rien dire.
06:09On a soit une drogue, soit on a un produit qui n'est pas une drogue.
06:12Pour le reste, c'est simplement un peu de poésie, hélas,
06:16mais qui a des conséquences importantes pour les personnes.
06:18Vous dites dans votre livre que tout le monde peut devenir addict.
06:22Oui. C'est-à-dire qu'on a tous en soi un potentiel addictif.
06:26Et c'est la rencontre entre un produit et un environnement,
06:29ou alors un accident dans la vie, qui peut nous faire basculer.
06:33Le spectre est ainsi, c'est comme ça.
06:35C'est pour ça que dans les définitions,
06:36ce n'est pas celle dont j'ai parlé, scientifique pur,
06:40c'est le nombre d'items, c'est-à-dire le nombre de points de définition
06:43que vous cochez qui font de vous quelqu'un qui est plus ou moins dépendant.
06:48Donc tout le monde peut devenir à n'importe quel moment.
06:51Il y a des rencontres, l'environnement, ce que vous venez de nous dire.
06:55Mais pourquoi quelqu'un va tomber dedans facilement ?
07:00Est-ce qu'on a dans le cerveau,
07:02parce que vous parlez aussi du circuit de la récompense,
07:04on peut rappeler brièvement ce que c'est ?
07:06Ce sont des zones anatomiques dans le cerveau,
07:08soit l'air tech, mental, ventre,
07:09encore des zones dans le cerveau,
07:11qui sont la cible de ces produits qui nous rendent dépendants,
07:14parce qu'elles viennent stimuler un système
07:16qui, à la fin, produit ce qu'on appelle la dopamine,
07:19qui est ce qu'on appelle l'hormone du plaisir.
07:21Alors tous ces produits viennent stimuler ce système de récompense.
07:25Et on est inégaux, chacun a son système.
07:27On a chacun un système de récompense différent.
07:29Et on a aussi des aspects qui peuvent réguler ce système de récompense,
07:34qui sont aussi la partie génétique, la partie environnement aussi.
07:37Alors c'est ce qui fait la différence entre quelqu'un qui boit...
07:40Peut-être la période de l'adolescence où on est plus fragile aussi.
07:42Absolument, voilà, la période de l'adolescence,
07:43parce que le cerveau il est encore en maturation,
07:45il est très sensible aux sollicitations des produits,
07:48et au-delà d'un certain âge, on est un peu moins sensible.
07:51J'ai 12 000 questions évidemment à vous poser.
07:53Je me suis toujours demandé qui est la poule de l'œuf ?
07:56Est-ce qu'on prend des produits parce qu'on a un problème psychiatrique,
08:02un début de schizophrénie, de bipolarité ou autre chose ?
08:06Ou est-ce que c'est la maladie qui fait qu'on prend ces produits ?
08:09Qui est la poule de l'œuf ?
08:09C'est la question, Brigitte.
08:11C'est la question.
08:12C'est ce qu'on appelle une interaction bidirectionnelle.
08:15C'est-à-dire, on peut avoir un petit problème, entre guillemets,
08:18ou bien une disposition de personnalité de quelqu'un qui n'est pas bien,
08:23qui est onctueux, ou alors qui aime bien faire des expériences,
08:25c'est ce qu'on appelle les chercheurs de sensations.
08:27On consomme un produit, ce produit vient réparer d'une certaine manière cette quête,
08:32et puis cette quête va entraîner, ce produit va entraîner un mal-être
08:37qui va demander encore de la consommation des produits.
08:39Donc on ne sait pas, c'est le fait de la poule.
08:41Lorsqu'on fait nos conférences dans les congrès ou bien dans les cours,
08:44on leur dit, c'est ce qu'on appelle des interactions bidirectionnelles,
08:47ça va dans les deux sens.
08:48Donc, on entend quand même, vous consommez du cannabis,
08:52vous risquez de devenir, vous avez cinq fois plus de riz de devenir schizophrène.
08:56Ça, c'est la réalité.
08:58On a des produits, dont on sait très clairement,
09:01qui ont un lien avec une pathologie précise.
09:03Le cannabis, lorsque vous le consommez avec un titrage élevé,
09:07c'est-à-dire le principe actif, le THC,
09:09dans un cerveau, dans un cerveau en maturation,
09:11il a plus de chances de devenir ou d'avoir des risques de devenir
09:17ou de faire une pathologie schizophrénique ou psychotique
09:20que quelqu'un qui a 30 ou 40 ans
09:22et qui consomme un cannabis qui est moins titré.
09:24Là, on le sait, c'est des données probantes.
09:26Surtout si vous avez un père ou une mère qui est déjà psychotique.
09:28Oui, il y a l'hérédité aussi.
09:30Dites-moi, vous avez parlé du circuit de la récompense,
09:34donc la dopamine, le plaisir, etc.
09:36Mais est-ce qu'il y a forcément du plaisir dans les addictions ?
09:40Est-ce qu'il y en a au début et pas après ?
09:42Comment ça se passe ?
09:43Il y a toujours un moment ou un autre du plaisir.
09:45Au début ?
09:46Au début.
09:46Alors, au début, parfois, ce n'est pas du plaisir,
09:48c'est de l'imitation.
09:50Les jeunes imitent.
09:51Et ensuite, ils finissent par trouver un peu de plaisir.
09:54Et ensuite, on réitère l'expérience.
09:56Et c'est là où vous avez un gros contingent qui part,
09:59qui font une expérience à des intérêts.
10:01Certains restent, ils réitèrent l'expérience,
10:04et c'est à ce moment-là qu'ils viennent modifier
10:06ce qu'on a dit tout à l'heure,
10:07le circuit de la récompense et le rapport au produit.
10:09Et c'est en le modifiant qu'ils viennent rendre
10:12ce produit nécessaire à leur maintien.
10:14Et en l'arrêtant, ils ont du sevrage.
10:16Donc, on a du plaisir,
10:18c'est ce qu'on appelle le renforcement positif,
10:20ce qui c'est bien.
10:20Et en sorte, on a du déplaisir,
10:22ce qu'on appelle le renforcement négatif.
10:23Quand on s'arrête, on sent le manque.
10:25Non, mais pardonnez-moi, pas que quand on s'arrête.
10:28La personne qui souffre d'alcoolisme,
10:31elle ne prend plus du plaisir à boire.
10:34Non, bien sûr, mais elle boit pourquoi ?
10:36Parce que si elle arrête de boire,
10:37elle a des signes de manque,
10:38elle est angoissée, elle tremble.
10:40Ah oui, c'est que la peur de la ré,
10:42qui fait que...
10:43Mais en buvant, elle n'a pas de plaisir.
10:44C'est fini.
10:45C'est la raison pour laquelle,
10:46les grands alcooliques que j'ai en consultant,
10:48j'ai dit, le goût m'importe peu,
10:50il me faut de la concentration d'alcool.
10:53Alors, justement, d'abord,
10:55est-ce qu'on peut toujours s'en sortir ?
10:56Clairement.
10:58Sinon, je n'aurais pas écrit ce livre.
10:59Oui, d'ailleurs, on a l'impression que...
11:00Parce que vous les énumérez chacune,
11:03donc on peut toujours s'y retrouver,
11:05ou avoir quelqu'un de sa famille,
11:07d'un proche, et s'y retrouver.
11:08Et on a l'impression qu'à chaque addiction,
11:11sa solution.
11:12Oui, mais il y a quand même un continu.
11:14Vous vous rendez compte de ce que vous nous dites, là ?
11:15Oui, bien sûr.
11:16Il y a toujours une solution.
11:17Ça, c'est un message important.
11:19Absolument.
11:19Il y a toujours une solution,
11:20y compris chez les grands patients
11:21qui ont plusieurs addictions
11:23avec des maladies mentales associées.
11:25On a toujours une solution.
11:26Il y a des protocoles.
11:27Je ne dis pas que c'est facile,
11:28mais on a toujours une solution.
11:29Donc, il ne faut jamais baisser les bras.
11:31Toujours, toujours.
11:32Ni eux, ni leur entourage.
11:33D'ailleurs, c'est aussi pour l'entourage
11:35qu'on écrit ce bouquin.
11:35Oui, mais c'est vrai qu'il ne faut pas l'oublier,
11:37parce qu'il y a la personne qui est addict,
11:40et puis il y a tout l'entourage qui souffre aussi.
11:42Donc, c'est vraiment quelque chose d'important.
11:44Je reviens encore à...
11:45Encore une fois, on ne va pas tout dire aujourd'hui,
11:47mais moi, à mon époque,
11:50on disait, par exemple...
11:51Oui, c'est ça.
11:52Merci.
11:54On disait que, par exemple, pour l'alcool,
11:56c'était abstinence totale.
11:59Zéro.
12:00Et ça, ça a changé.
12:01Ça a changé.
12:01Maintenant, on parle de...
12:02Pourquoi ça a changé ?
12:03Parce que lorsqu'on accueillait des personnes
12:06en difficulté avec l'alcool,
12:07on leur offrait une seule possibilité.
12:09L'abstinence ou rien.
12:10Et quand les patients rebuvaient,
12:12on les refoulait des consultations.
12:14Ça, c'était l'ancienne école.
12:16Actuellement, on part du principe
12:17que ce qui est le plus important,
12:18c'est de leur permettre d'avoir une fonctionnalité.
12:21C'est-à-dire avoir des paramètres cliniques
12:24et biologiques qui vont bien.
12:26On ne va pas les pousser à boire
12:27alors qu'ils ont une cirrhose
12:29ou bien une pré-cirrhose.
12:29Bien sûr.
12:30Qu'ils arrivent à travailler,
12:31s'occuper d'eux-mêmes.
12:32C'est un peu la même manière...
12:33Donc, c'est avec modération, quoi.
12:35Avec modération,
12:35ce qu'on appelle la consommation contrôlée.
12:37C'est-à-dire qu'ils peuvent boire
12:38de temps en temps,
12:39ils sont sous surveillance,
12:40mais ils n'ont pas les effets
12:41liés à la consommation
12:42qui a été à l'origine de leur dépendance.
12:45Je vais prendre un exemple.
12:46Je ne vais pas être long.
12:46Lorsque vous avez une fracture du fémur,
12:48ce l'os le plus...
12:49Il y a toujours un peu de boiterie.
12:52Il reste toujours des petites séquelles.
12:53Mais la personne se lève,
12:54elle marche,
12:55elle peut aller bosser,
12:55elle peut même faire un peu de sport.
12:57Pourquoi ne pas faire la même chose
12:59pour les problèmes d'addiction ?
13:00Ça, c'est important ce que vous nous dites.
13:03Encore quelques minutes.
13:05Une minute.
13:07Est-ce qu'une personne qui boit,
13:09par exemple, régulièrement,
13:11deux verres de vin le soir,
13:13est-ce que pour vous,
13:14c'est une addiction ou pas ?
13:16Si c'est tous les soirs ?
13:18Alors, ce n'est pas le fait
13:19de boire un verre tous les soirs.
13:20Si elle peut s'en passer
13:21une fois de temps en temps ?
13:21Si elle peut s'en passer
13:22une fois de temps en temps,
13:23si elle n'est pas obsédée
13:24par l'image de consommé.
13:26Ça, c'est important.
13:27D'ailleurs, dans les recommandations
13:28internationales,
13:28on dit bien deux verres
13:29de bistrot par jour
13:30sur une période de 10 jours
13:32avec un arrêt de 48 heures.
13:35C'est le rapport au produit.
13:36Et on le sait en ce moment,
13:37mais on le sait.
13:38Je vous conseille,
13:39de toute façon,
13:40ce livre parce que c'est vrai.
13:42Et puis surtout,
13:42ce qui est important,
13:43c'est ce que vous venez de nous dire,
13:45c'est qu'à chaque addiction,
13:46il y a une solution
13:47qu'il ne faut jamais,
13:49jamais baisser les bras.
13:50Merci beaucoup,
13:51professeur Beniamina.
13:52Merci.
13:53Merci.
13:58Docteur Jean-Michel Cohen,
14:01bienvenue.
14:01Je rappelle que vous êtes médecin,
14:03nutritionniste.
14:04On vous retrouve sur le site
14:05savoirmaigrir.fr.
14:08Et vous avez écrit combien de livres ?
14:09J'en ai écrit beaucoup.
14:10J'en ai écrit plus de 30.
14:11Plus de 30.
14:12Le dernier, c'est
14:13Un plat et basta.
14:14Oui, vous me connaissez.
14:16C'est mon habitude
14:16de transgresser.
14:18Ça veut dire de dire
14:19n'adoptez pas des stratégies
14:20de routine
14:21qui, en fait,
14:21ne correspondent pas à grand-chose.
14:23Et c'est le cas de ce livre.
14:24Oui.
14:24Alors, avant d'arriver
14:25à Un plat et basta,
14:27à la structure du repas,
14:29vous nous dites aussi
14:30dans ce livre
14:31qu'en fait,
14:33on n'a pas toujours
14:34fait trois repas par jour.
14:35Absolument pas.
14:36C'est même extrêmement récent.
14:38Ça date du début
14:40du XXe siècle
14:41et jusqu'au début
14:42du XXe siècle,
14:43que ce soit au Moyen-Âge,
14:45à la Renaissance,
14:45un peu plus tard,
14:46on bascule dans un schéma
14:48qui va de deux
14:49à quatre repas par jour.
14:50Rien à voir
14:51avec les horaires d'aujourd'hui.
14:53Les ouvriers, par exemple,
14:53se lèvent,
14:54prennent du pain
14:55au début de la soupe,
14:57puis ensuite du vin.
14:58Ils amènent avec eux
14:59une gamelle,
14:59ils la consomment
15:00vers 3-4 heures,
15:01voire 5 heures
15:01d'après-midi
15:02et ça s'arrête là.
15:03Après, les bourgeois,
15:05eux,
15:05commencent à manger
15:06trois repas par jour.
15:07Mais en fait,
15:08ce qu'on appelle
15:08le déjeuner,
15:09c'est en réalité
15:10le repas du midi.
15:11Ce n'est même plus
15:11le petit déjeuner.
15:12Puis ensuite,
15:13le souper et le dîner.
15:14Ça s'appelait même
15:14à un moment,
15:15ça s'appelait
15:15le dîner à midi
15:16et le souper le soir.
15:19Oui, à peu près comme ça.
15:20Mais enfin,
15:21ce que je veux dire,
15:21c'est que ce sont des rythmes
15:22qui ont changé en permanence
15:23et c'est seulement
15:24à l'ère moderne
15:25où on installe un rythme
15:26matin, midi, soir
15:27qui correspond essentiellement
15:29à des normes sociales.
15:31Normes sociales,
15:32pourquoi restauration collective
15:33pour les enfants ?
15:34Pourquoi ?
15:35Parce que les horaires
15:36de restaurant
15:36ne sont également
15:37pas extensibles.
15:39Et donc, en fait,
15:40la notion
15:40des trois repas par jour
15:42n'a rien à voir
15:43avec une réalité biologique.
15:44Pour preuve, d'ailleurs,
15:46à l'heure actuelle,
15:46on se rend compte
15:47que beaucoup de gens
15:48ont modifié
15:49leur rythme des repas.
15:50Certains ne prennent plus
15:51de petit déjeuner.
15:52D'autres font un jeûne intermittent,
15:53ne mangent pas le soir.
15:55Donc, finalement,
15:56c'est à chacun son rythme.
15:57D'ailleurs,
15:58c'est un peu votre dada,
15:59le jeûne intermittent.
16:00Oui, c'est un peu mon dada.
16:01Mais à condition
16:02qu'il soit bien fait,
16:03j'explique toujours
16:04qu'un jeûne intermittent,
16:05il faut faire un régime
16:06pendant les huit heures
16:07où on a le droit de manger.
16:08La deuxième chose,
16:10c'est qu'on dit
16:11que c'est un rythme social,
16:13mais on dit également
16:14que l'entrée plat-dessert,
16:16ce n'est pas du tout
16:17une obligation.
16:17Et même ça,
16:18ça a changé
16:19puisque regardez
16:20ce qui s'est passé
16:20dans les restaurants.
16:21Dans les restaurants,
16:22les gens sont en train
16:23de zapper
16:23une des trois composantes.
16:25Certains font un plat-dessert,
16:26d'autres, une entrée à plat.
16:28Ça ne va pas si mal
16:29que ça, finalement.
16:29Mais vous, ça va plus loin.
16:31Vous, c'est un plat et basta.
16:32Un plat et basta, pourquoi ?
16:34D'abord, parce que ça existe
16:35dans d'autres cultures
16:36et ensuite,
16:36parce qu'on a des contraintes
16:38modernes aujourd'hui
16:39qui font qu'on a envie
16:40de simplifier les choses
16:41et que l'idée
16:43d'avoir dit
16:44entrée plat-dessert,
16:46finalement,
16:46ça ne correspond pas
16:47à tout le monde.
16:47Donc, dire un plat et basta,
16:49finalement,
16:49c'est la possibilité
16:51de mettre dans un seul plat
16:52les composants indispensables
16:54à un équilibre alimentaire.
16:55Oui, mais quand on a
16:56une entrée,
16:57un plat,
16:58un dessert,
16:59en entrée,
16:59on a souvent quand même
17:00des légumes,
17:01ce que vous nous conseillez
17:02régulièrement.
17:04Et puis, en dessert,
17:05on peut avoir
17:05des produits laitiers,
17:06du calcium
17:06dont on a besoin,
17:07etc.
17:08C'est là où j'interviens
17:09en expliquant
17:10que la composition
17:11d'une alimentation,
17:12elle peut se faire
17:13comme on a envie.
17:13Je vais prendre un exemple.
17:15Si je veux prendre
17:15des lasagnes de chou,
17:17ça veut dire,
17:17je vais prendre
17:18des feuilles de chou,
17:19je vais mettre
17:19de la viande,
17:20des protéines,
17:21je vais mettre
17:21un peu de gruyère
17:22à l'intérieur,
17:23je vais mettre peut-être
17:24de la béchamel
17:24qui va comporter
17:25de la farine
17:26et donc,
17:26je vais arriver
17:27à faire un plat unique.
17:28Mais les gens vont paniquer
17:29à l'idée de ne manger
17:30qu'un seul plat unique
17:31alors que pas du tout.
17:32C'est tout à fait possible.
17:33Oui, mais vous nous dites
17:33toujours que les légumes cuits,
17:35il y a moins de vitamines
17:37que les légumes crus.
17:38Et alors ?
17:39Je veux dire,
17:39vous n'avez pas,
17:39d'abord,
17:40vous n'êtes pas obligé
17:41de faire ça
17:41les deux repas de la journée.
17:43Bien sûr,
17:44ça va simplifier la vie
17:45d'un certain nombre
17:45d'entre nous,
17:46mais vous pouvez faire
17:47un des deux repas
17:48comme ça
17:48et l'autre repas
17:49de façon beaucoup
17:50plus traditionnelle.
17:51mais quand vous faites
17:52un seul repas,
17:53ça veut dire que,
17:54d'abord,
17:54un,
17:54vous respectez la satiété,
17:56ça veut dire que vous mangez
17:56un plat qui est complet,
17:57vous ressentirez mieux
17:58la satiété
17:59et deuxièmement,
18:00l'équilibre,
18:00il est facile à faire
18:01sur le plan des macronutriments,
18:02glucides,
18:04lipides,
18:05protéines,
18:05ma foi,
18:06il n'y a rien de neuf.
18:06Quand vous faites une sade
18:07composée pour le repas du midi,
18:09vous avez un vrai plat unique.
18:12Mais on a l'impression
18:13tout de même dans votre livre
18:14que c'est aussi
18:15une bonne manière
18:16de perdre du poids.
18:17Oui, pourquoi ?
18:18Parce que je vous disais,
18:19quand vous faites un seul plat,
18:23vous avez moins de décision,
18:24ça veut dire,
18:25déjà,
18:26quand vous préparez le repas,
18:27vous avez moins de décision
18:28quand vous décidez
18:29de quelle crudité
18:29vous voulez manger,
18:30quel plat principal,
18:31puis quel fromage,
18:32puis quel dessert.
18:32Moi, un repas complet,
18:33un plat et bassa,
18:34je ne sais pas quoi mettre
18:35dedans non plus.
18:35Non, mais ça,
18:36je ne vais pas ironiser là-dessus.
18:40Ensuite,
18:40vous avez moins de tentations
18:42parce qu'il n'y aura pas d'excès,
18:43il y a un plat,
18:44c'est beaucoup plus facile
18:45que de se resservir
18:46d'un plat à l'autre
18:46et puis il y a moins de stress,
18:48je veux dire,
18:48ça veut dire que vous atteindrez,
18:49vous n'êtes pas stressé
18:51parce que vous allez mieux
18:52écouter votre faim.
18:53Donc,
18:53quand vous écoutez votre faim,
18:55vous n'avez pas le stress
18:55de vous dire,
18:56j'ai mangé plus ou moins,
18:57etc.
18:57Vous avez un plat unique
18:58et, pardon de l'expression,
19:00mais basta,
19:01ça va.
19:01Après,
19:01vous pouvez toujours,
19:02si vous avez un doute,
19:03le compléter avec un yaourt
19:04ou un fruit,
19:05notamment s'il manque des fibres.
19:06Mais a priori,
19:07toutes les recettes
19:07que j'ai mises dans le livre
19:08montrent bien
19:09que c'est tout à fait possible.
19:10D'accord.
19:10Et donc,
19:11c'est quelque chose
19:11que vous conseillez finalement
19:12toute l'année.
19:13Non,
19:14je ne conseille pas
19:14toute l'année.
19:16Ce que je veux montrer aux gens,
19:17c'est que nous avons chacun
19:18un rythme biologique particulier.
19:20D'abord,
19:20notre organisme est adaptatif.
19:22Vous m'avez parlé
19:23du jeûne intermittent
19:24et de l'absence de petit-déjeuner.
19:25Vous m'aviez parlé,
19:26hors émission,
19:27des gens qui font
19:28un seul repas par jour,
19:29ce qu'on appelle
19:29le one meal day au OMAD
19:31et ces gens-là
19:32arrivent à le faire.
19:33Je ne dis pas
19:34que c'est plus confortable,
19:35je dis que c'est possible
19:36et que ça peut rendre service.
19:38Rappelez-nous OMAD ?
19:39One meal day,
19:41ce qui veut dire
19:41un repas dans la journée.
19:43Il y a vraiment
19:43des gens qui font ça ?
19:44Il y a de plus en plus
19:46de gens qui font ça.
19:47En fait,
19:47ce que j'aime,
19:48vous avez beaucoup de qualité,
19:50cher Dr Ken,
19:50mais ce que j'aime surtout,
19:53c'est la liberté alimentaire
19:55que vous prenez.
19:56Bien sûr,
19:56mais j'en ai marre
19:57des contraintes.
19:58J'en ai marre
19:59de ces gens
19:59qui prennent aliment par aliment
20:01pour vous les interdire,
20:03qui veulent absolument
20:04vous dicter
20:04l'horaire auquel
20:05vous devez manger,
20:06qui veulent vous dire
20:07l'organisation de la nourriture.
20:09Non, ce n'est pas vrai.
20:09L'organisme,
20:10c'est comme une espèce
20:11de grands réservoirs
20:12que vous devez nourrir
20:13avec des vitamines,
20:14des minéraux,
20:15des glucides,
20:16des lipides,
20:16des protéines.
20:17Et une fois que vous avez fait ça,
20:18vous en remplissez votre fonction,
20:20que ce soit trois fois
20:21dans la journée.
20:22Pour ceux qui ont l'habitude
20:22de le faire,
20:23super !
20:23Une seule fois dans la journée
20:24ou deux fois dans la journée,
20:25moi, ça me va.
20:26En fait, c'est plaisir.
20:29Voilà.
20:29Et puis, on n'est pas obligé
20:30de faire tout le corps.
20:30Et on va le répéter,
20:31une bonne alimentation
20:32n'interdit rien.
20:33Et quand vous faites un régime,
20:34puisqu'on peut faire un régime
20:35avec ça,
20:36n'oubliez pas
20:37que quand vous faites un régime,
20:38vous ne devez pas perdre
20:39le plaisir.
20:40Merci beaucoup,
20:41docteur Cohen.
20:42Merci à vous de nous avoir suivis
20:43et restez en notre compagnie.
20:44L'info,
20:45c'est sur CNews.