00:00Le petit matin Sud Radio, 5h-7h, Benjamin Glaze.
00:06Sud Radio, il est bientôt 6h40, la vie en vrai à côté de Grenoble, à Fontaine, pour lutter contre les trafics de drogue.
00:12Le maire et les élus ont décidé d'occuper les points d'île de la commune afin d'en chasser les trafiquants.
00:18Ce matin, je reçois l'un de ces élus. Bonjour Denis Miniconi.
00:22Oui, bonjour.
00:23Et bienvenue sur Sud Radio, vous êtes le premier adjoint au maire à la ville de Fontaine.
00:28Ça fait déjà plusieurs jours que vous occupez ces points d'île de la commune.
00:32Il y en a deux principalement.
00:34Ça donne quoi ? Vous avez réussi à faire fuir les dealers ?
00:38Oui, bien évidemment, c'était eux ou nous.
00:42Le maire, les élus, avec leurs écharpes tricolores, assistés de la police nationale et de la police municipale,
00:49occupent donc du 14 au 24 mai ces deux points d'île qui sont situés sur deux arrêts de trame.
00:56Donc, successifs.
01:00Alors bien sûr, les dealers ont fui.
01:03Donc, il n'y a pas eu de deal sur ces deux points.
01:06À notre grande satisfaction.
01:08Et ça, c'était la première chose.
01:10Et puis, la deuxième chose, c'était aussi de se réapproprier l'espace public
01:13en proposant des actions à destination des habitants avec les services de la ville,
01:18des bailleurs sociaux et les habitants et les commerçants du quartier.
01:21L'opération coup de poing, en l'occurrence, qui répond à une triste réalité,
01:26celle du trafic des stupéfiants et de la violence que ça engendre.
01:30On parle beaucoup de Grenoble, mais vous aussi, à proximité de Grenoble, à Fontaine, vous aussi, vous êtes concerné.
01:37Oui, il y a plusieurs dizaines de points d'île sur l'organisation grenobloise.
01:42Donc, ce n'est pas un problème lié uniquement à notre commune.
01:47Bien sûr.
01:47Voilà.
01:48C'est un phénomène qui dure sur notre commune depuis de nombreuses années.
01:51Mais ça, c'est aggravé, puisque l'année dernière, on a un consommateur qui a été pris dans une fusillade
01:56et qui est mort d'une balle de Kalachnikov à la tête.
01:58Quand même, ce n'est pas anodin.
02:00Et dernièrement, encore il y a quelques semaines, une fusillade entre bandes rivales sur l'espace public.
02:06Donc, pour nous, ce n'était plus acceptable.
02:07Il fallait faire quelque chose.
02:09Il fallait faire quelque chose.
02:10C'est vrai que ça reste quand même plus symbolique qu'autre chose, peut-être un peu léger comme opération.
02:16Les dealers, ils risquent de revenir une fois que vous serez partis demain soir.
02:22Oui.
02:23Ce qu'on essaie de faire, c'est de faire quelque chose dans la continuité.
02:25Déjà, 10 jours comme ça, c'est quand même assez exceptionnel.
02:29Je crois que c'est unique au moins dans la région.
02:32On veut montrer à notre population que nous sommes avec eux.
02:35Parce que c'est une population qui souffre quand même.
02:37Parce qu'habiter au-dessus ou à proximité d'un point de deal, les gens ont peur.
02:40Donc, on les comprend bien.
02:42Bien sûr.
02:42Voilà.
02:43Pour nous, c'est une continuité.
02:44Ce n'est pas une opération vraiment coup de poing.
02:45puisque depuis le début de notre mandat en 2020, on a pris pas mal de mesures pour lutter contre la sécurité
02:52en forçant notre police municipale, etc.
02:55Voilà.
02:56Donc, si vous voulez, en augmentant de façon assez considérable le réseau de caméras.
03:01Voilà.
03:01Donc, on n'a pas vraiment de grosses délinquances à Fontaine, à part ces deux points de deal.
03:06Et deal qui sont liés vraiment à ce qui se passe sur la commune.
03:10Donc, sur l'ensemble de l'agglomération et qui ont une incidence forte sur notre commune.
03:14Et c'est contre ça qu'on voulait lutter.
03:17Voilà.
03:18Et puis, montrer surtout aux habitants qu'on était avec eux.
03:20Les faire descendre.
03:21On a beaucoup parlé avec eux durant cette période-là.
03:25Et ce n'est pas terminé parce que ça se termine samedi.
03:27D'échanger avec eux, trouver des solutions pour l'avenir.
03:30De toute façon, nous reviendrons.
03:31Si les dealers reviennent, nous reviendrons.
03:34Avec les habitants, occuper ces terrains.
03:38Voilà.
03:39Quel est le but de notre action du 14 au 24 mai ?
03:42Oui.
03:43Parce que forcément, sur le quotidien des gens, vous l'avez dit, des commerçants aussi,
03:46c'est quelque chose de terrible aussi à vivre.
03:50Des commerçants, des habitants que vous avez peut-être associés dans cette démarche-là,
03:54vous avez dit que vous avez eu des échanges avec eux.
03:56Vous les avez fait participer aussi à cette opération-là ?
04:00Enfin, pas directement à l'opération, mais on a organisé une fête de quartier.
04:05Voilà.
04:06Donc, avec la présence des commerçants, des habitants.
04:10Et puis, des services de la ville.
04:12Voilà.
04:13Maisons des habitants.
04:14Avec un collectif d'habitants aussi du centre ancien.
04:17Parce qu'on est en plein centre-ville quand même.
04:19On n'est pas à l'extérieur de la commune.
04:21Voilà.
04:21Avec notre service jeunesse, notre service prévention.
04:23On a créé des stands sur les lieux de deal.
04:27Voilà.
04:27Donc, ça fait beaucoup de bruit.
04:28Ça a fait venir les gens.
04:29Les gens sont venus nous remercier pour la plupart.
04:32Alors, bien sûr, certains doutent.
04:33Ils nous posent la question de l'après.
04:35Écoutez, nous sommes en train, durant cette opération, d'étudier quelles seront les mesures à prendre pour continuer à occuper ces...
04:41Alors, lesquelles ? Ce sera quoi la suite sur quoi vous réfléchissez en particulier ?
04:46On met ça en place avec les habitants, avec des rencontres.
04:49On se connaît maintenant.
04:50Ils nous connaissent mieux.
04:51Donc, il y aura des liens qui vont se créer, qui se créent déjà.
04:55Et ça nous permettra de savoir ce qui se passe, quel est leur sentiment.
04:58Et puis, de prendre d'autres mesures et de revenir éventuellement s'il le faut.
05:03Voilà.
05:04Donc, c'est un peu une guerre contre les dealers et les consommateurs.
05:06Il faut oublier que...
05:07Une guerre de territoire.
05:08De territoire entre les élus, les habitants d'un côté et puis les dealers de l'autre.
05:13Oui, oui.
05:13Il faut une guerre entre guillemets quand même.
05:16Oui, bien sûr.
05:16D'occupation, si vous voulez, d'occupation des lieux.
05:18Parce que si on leur relève leurs points de deal, bien sûr, ils n'auront plus...
05:23C'est très pratique, vous comprenez, c'est très pratique de vendre de la drogue sur des arrêts de tram.
05:28Parce que les clients, on dirait, descendent, s'alimentent et puis repartent en tram.
05:33C'est très rapide.
05:34Donc, du fait que nous avons la présence de policiers et d'élus sur ces points de deal, les consommateurs ne viennent plus.
05:41Avec, je ne sais pas si vous avez rencontré des consommateurs, peut-être, qui sont passés durant cette semaine en pensant que non ?
05:49Non, non. Enfin, je pense qu'ils sont venus, mais ils ne se sont pas arrêtés.
05:53On veut leur faire savoir, par toutes les actions qu'il y a eu dans la presse, etc., les interviews qui ont été faites sur place,
05:59qui ne sont pas les bienvenus sur la commune.
06:02Alors, bien sûr, on va nous dire, vous déplacez le problème.
06:05Je peux vous dire que pour les habitants qui sont là, avoir la tranquillité pendant dix jours, pour eux, c'est absolument merveilleux.
06:11Et pour nous, on a la tranquillité sur la commune.
06:15C'est très bien, parce qu'au demeurant, s'il n'y avait pas ces deux problèmes de point de deal, la commune est assez calme au niveau de la délinquance.
06:21Merci beaucoup, Denis et Amélie Coney, d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.
06:25Je rappelle, vous êtes donc le premier adjoint au maire de la ville de Fontaine, à côté de Grenoble.