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  • 22/05/2025
Le mensonge fait-il forcément d'un suspect un coupable, surtout quand le crime en question est l'un des plus abominables qui soit. Au début du printemps 1999, c'est à un puzzle macabre , dans tous les sens du terme, que se retrouvent confrontés les gendarmes. Trois corps découpés retrouvés dans un ravin de l'arrière-pays niçois. Tout a été fait pour qu'ils ne soient à jamais reconnaissables. L'œuvre acharnée d'un tueur professionnel ou d'un désaxé. On ne sait pas. Au fil des mois, un homme, le fromager Michel Pinneteau, petit bonhomme sans envergure et à qui on donnerait le bon dieu sans confession, va se retrouver au centre du dossier.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.

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Transcription
00:0014h15, c'est l'heure du crime sur RTL, avec Jean-Alphonse Richard.
00:07Dans l'arrière-pays de Niçois, les cadavres mutilés d'une femme et de deux hommes ont été découverts.
00:12Le parquet a ouvert une information judiciaire pour meurtre et acte de barbarie.
00:16Tout a été fait, semble-t-il, pour empêcher l'identification des corps.
00:20Les autopsies seront pratiquées en début de semaine.
00:24Bonjour, au début du printemps 1999,
00:28trois corps éviscérés, sans tête, sans pied, sont retrouvés dans un coin sauvage de l'arrière-pays niçois.
00:34Trois cadavres, que l'on va baptiser aussitôt les morts sans tête de Lesteron,
00:40l'œuvre acharnée d'un tueur professionnel, d'un sadique ou d'un désaxé.
00:45Pourtant, au fil des mois, c'est un petit bonhomme sans envergure
00:49et à qui on donnerait le bon Dieu sans confession qui va se retrouver au centre du dossier.
00:54Le fromager Michel Pinto.
00:56Tout conduit inlassablement vers ce personnage qui s'arrange sans arrêt avec la vérité
01:02et qui va peu à peu s'enfoncer dans les sables mouvants de la culpabilité.
01:06C'est pourtant bien mal le connaître.
01:09Le suspect numéro un est-il vraiment l'auteur de ce triple assassinat qui donne le frisson ?
01:14Est-il le dépeceur ?
01:16Question posée aux invités de l'heure du crime.
01:18La seule émission radio 100% fait d'hiver.
01:20Michel Pinto, les trois morts sans tête de Lesteron, c'est tout de suite sur RTL.
01:31Jeudi 18 mars 1999, en milieu de journée,
01:34le cantonnier Jean-Marc Martin effectue sa tournée sur le chemin départemental 117,
01:41une petite route déserte qui sinue dans l'arrière-pays Missoua
01:44et relie les villages perchés de Vescus, Toudon, Gillette.
01:49L'agent de la DDE stoppe son camion pour dégager quelques pierres.
01:53Il sent aussitôt une odeur de charogne.
01:56« Je suis chasseur, j'ai cru qu'une bête blessée était venue crever dans le ravin », dit Jean-Marc Martin.
02:02Il enjambe le parapet.
02:04Il descend sur quelques mètres.
02:06Il aperçoit trois ou quatre sacs poubelles.
02:09L'odeur est pestilentielle.
02:11« J'avais du mal à croire que ce que je voyais n'était pas un cauchemar »,
02:15témoigne l'employé de la DDE sous ses yeux.
02:18Une jambe et un bras humain émergent des sacs.
02:21Une heure plus tard, les experts de la gendarmerie sont à pied d'œuvre dans le ravin.
02:26Des restes humains sont remontés, étalés sur des draps blancs.
02:30On dénombre six jambes appartenant à trois individus.
02:34Les têtes et les mains sont absentes.
02:37Les sexes ont été découpés.
02:40Les viscères des trois victimes sont retrouvées mélangées dans un des sacs.
02:44L'autopsie prend plusieurs jours.
02:46Chaque morceau du demi-thorax jusqu'à l'épaule droite est étiqueté.
02:51Les légistes reconstituent peu à peu les cadavres.
02:54Les victimes sont deux hommes et une femme.
02:56Leur moyenne d'âge tourne autour de 40-50 ans.
03:00L'un des deux hommes, le plus corpulent, a été touché par une balle de 22 longs rifles.
03:04Impossible pour les deux autres victimes de connaître les causes de la mort.
03:08Des décès survenus trois semaines auparavant.
03:11D'après les bols alimentaires, tous ont mangé à la même heure un même repas.
03:17Une daube de sanglier avec des haricots.
03:21Lundi 22 mars, quatre jours après la macabre découverte, les gendarmes s'interrogent.
03:26S'agit-il d'une vengeance familiale ?
03:28D'une exécution mafieuse ?
03:30De l'œuvre d'un désaccès ?
03:32Une femme appelle alors les enquêteurs dans Nice matin.
03:35Elle a lu un article consacré aux morts de la vallée de l'Estheron.
03:39Elle explique que depuis trois semaines, elle n'a plus de nouvelles de son frère, Jean-Pierre Caligaris, 41 ans.
03:46Un homme connu de la justice pour des histoires de stupes.
03:49A Paris, il était lié à une pointure du milieu.
03:52Depuis un an, il se serait mis au vert dans la région d'Antibes.
03:56L'ADN met fin au suspense.
03:58Le cadavre qui a reçu la balle de Vindelon rifle est bien celui de Jean-Pierre Caligaris.
04:03Les enquêteurs tirent alors ce fil précieux.
04:06Ils apprennent que la victime était dernièrement au service d'un trafiquant de drogue.
04:11Important et riche, François Benmochtar, 58 ans, en ménage avec une italienne Teresa Conte, 52 ans.
04:20Caligaris était leur garde du corps.
04:22Les recherches ADN sur le couple Benmochtar-Conté vont prendre des semaines.
04:27Pour le trafiquant, on exhume le corps de sa mère.
04:30Pour l'italienne, on retrouve ses enfants.
04:32Il s'agit bien des deux autres victimes de l'estéron.
04:38Les gendarmes retrouvent la planque discrète de François Benmochtar.
04:41Une banale villa au numéro 502 du chemin de la Suquette, à Antibes.
04:46La maison a été totalement vidée de ses meubles nettoyés de fond en gromble.
04:51C'est un ami du truand, un petit délinquant, qui a préféré tout déménager car il n'avait plus de nouvelles de son patron.
04:57Disparu, dit-il, le 27 février au soir.
05:01Le lendemain, il a trouvé la porte de la villa ouverte, la télé allumée et la glacière bleue,
05:07dans laquelle Benmochtar gardait son magot, environ 700 000 euros, totalement vide.
05:12L'homme de main raconte que la veille de la disparition, Benmochtar, sa compagne et le garde du corps Caligaris
05:20devaient dîner chez un vieil ami à eux, Michel Pinto, un fromager à Antibes.
05:27Il tient un magasin qui s'appelle La Ferme.
05:31Et évidemment, les gendarmes vont s'intéresser à ce Michel Pinto qui, lui, ne se cache pas.
05:38Il a pignon sur rue en Tybe avec son commerce.
05:41Et d'ailleurs, on va le voir, il n'a pas vraiment l'allure d'un serial killer et encore moins celle d'un dépeceur expérimenté.
05:47Mais ça, on va le voir, on va retrouver ce personnage très intéressant dans la suite de l'Heure du Crime.
05:52Tout de suite, et bien sûr, il faut revenir dans les collines du massif de l'Estheron,
05:57avec la découverte de ses corps, ou plutôt de ses parties de corps.
06:00Bonjour, Général Jacques Fonbonne.
06:02Bonjour.
06:03Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'Heure du Crime.
06:07A l'époque, vous faisiez partie de la section de recherche de Nice, à la gendarmerie.
06:11C'est bien ça ?
06:12Alors, j'étais responsable de la coordination de la police judiciaire, effectivement, pour le département des Alpes-Maritimes.
06:17Voilà, et vous avez mené cette enquête avec vos hommes, évidemment, et avec les autres gendarmes,
06:22et notamment le général David Galtier.
06:24Voilà pour l'équipe qui était...
06:26Qui était lieutenant-colonel à l'époque.
06:28C'est ça, et depuis, vous êtes monté en grade.
06:30Tous les deux, mais lui, beaucoup plus vite que moi.
06:32Voilà, mais ça sera une autre histoire, peut-être.
06:34Pour l'instant, Général Fonbonne, il y a ses corps.
06:39Alors, je pense que c'est le pire...
06:42Comment dirais-je ?
06:43La pire situation qui puisse se présenter pour des enquêteurs,
06:46parce qu'on a tout et on n'a rien.
06:49On a ses morceaux de corps, on n'a pas les mains, on n'a pas les têtes.
06:52On se dit, mais comment on va pouvoir identifier tout ça ?
06:54Oui, c'est ça, et la première image...
06:59On m'appelle à 14h à Nice,
07:02en me disant, écoutez, il y a une découverte d'une jambe.
07:05Comme vous le disiez, qu'un cantonnier a trouvé dans un fossé,
07:08dans la montagne, sous la route départementale.
07:11Il y a très peu de réseaux téléphoniques à l'époque,
07:14on est en 99.
07:15J'attends un retour, je ne l'ai pas.
07:17Le médecin légiste de Nice, qui a été prévenu aussi,
07:20me dit, écoutez, il faudrait qu'on monte.
07:22On arrive tous les deux, sur la petite route de Toudon.
07:24Et là, la route est fermée,
07:26et une centaine de mètres plus loin, dans la lumière des phares,
07:28je vois les body bags, vous savez, les sacs en plastique,
07:31dans lesquels on transporte les corps,
07:33et je compte machinalement, il y a cinq jambes,
07:37et j'ai cette vision du chef des techniciens d'identification criminelle,
07:41vous savez, les gens qui, sur les scènes de crimes,
07:43sont habillés avec les lignes blanches,
07:45qui est en train, aidé par deux camarades pour ne pas tomber,
07:48de sortir du fossé, de sortir du ravin,
07:52et il a, sur l'épaule, une jambe, un demi-corps,
07:56il tient, avec la main gauche, la jambe, il n'y a pas de pied,
08:00le genou sur l'épaule, et derrière, il y a la moitié du corps,
08:04avec un bras ballon, dans lequel il n'y a pas de main,
08:06et là, effectivement, c'est-à-dire,
08:08un, on est où, et à quoi on a affaire ?
08:11Alors, après, il y a des hypothèses, évidemment.
08:14Bien sûr, alors là, c'est une scène fantomatique que vous décrivez.
08:17On est dans le halo des phares, il fait nuit,
08:19et là, il y a cette espèce de fantôme qui remonte du ravin,
08:22on croit rêver, et effectivement, c'est tout à fait surréaliste.
08:25Je pense que, dans votre carrière, c'est une image qui vous a marqué.
08:28C'est quand même, je dirais, et heureusement,
08:30quelque chose qu'on voit qu'une fois.
08:32Evidemment.
08:33Même si, je ne l'ai jamais dit, mais vous allez comprendre,
08:36avec le recul, je pense qu'on peut le faire.
08:38La première chose à laquelle on pense, c'est
08:40je suis de permanence, et je vais avoir une affaire extraordinaire à traiter.
08:44Ça, vous le savez déjà.
08:46Alors, effectivement, c'est un endroit très isolé,
08:49qui est connu des chasseurs, etc.
08:52Vous pensez à quoi, au début ?
08:54Quelle hypothèse, avec, évidemment, les autres gendarmes,
08:57et dans les jours qui suivent, vous dites quoi ?
08:59C'est la mafia ? C'est un cinglé qui se balade dans la région ?
09:02Alors, effectivement, le cinglé qui se promène dans la région.
09:06La mafia, ce n'est pas complètement logique,
09:09parce que, qui dit mafia, dit règlement de compte,
09:12et dans un règlement de compte, les ennemis, les adversaires,
09:15ont besoin de comprendre ce qui s'est passé.
09:18C'est-à-dire que si on tue quelqu'un, au contraire,
09:20on va l'exposer de façon à ce qu'il comprenne tout de suite qu'il ne faut pas jouer.
09:23On pense au chemin des migrants.
09:26On est à quelques kilomètres de la frontière italienne,
09:30il y a beaucoup de gens qui passent,
09:32on pense à ça, mais, pourquoi les avoir tués ?
09:36Découpés, les hommes ont été mutilés,
09:38les viscères ont été placés dans des sacs en plastique,
09:41et les têtes ont disparu, les mains ont disparu,
09:45c'est-à-dire que c'est des éléments pour retarder l'identification,
09:48par définition, si c'est des migrants, on n'a pas besoin de faire ça.
09:51On est strictement dans le pur criminel.
09:54Vous allez vous cheminer sur cette piste,
09:56et vous avez raison, vous tirez le bon fil.
09:58Bonjour Maître Julien Pinelli.
10:00Bonjour.
10:01Merci beaucoup d'être avec nous dans l'heure du crime.
10:03Vous êtes avocat au Barreau d'Aix-en-Provence,
10:05et vous êtes l'avocat de la famille de Jean-Pierre Caligaris.
10:08Jean-Pierre Caligaris, c'est une des victimes,
10:10c'est une des trois victimes, évidemment.
10:12Il va être même la première à être identifié.
10:14Et grâce à sa sœur qui va se manifester,
10:17parce qu'elle a lu les journaux,
10:19et là les gendarmes vont avoir un coup de pouce,
10:21c'est bien ça, tout de suite la sœur d'une des victimes va se manifester.
10:24Immédiatement, la sœur de Jean-Pierre Caligaris,
10:28qui réside à Ajaccio,
10:30va faire le lien entre cette découverte
10:33et un élément qui la trouble déjà depuis quelques semaines,
10:35c'est que son frère Jean-Pierre a l'habitude,
10:37tous les dimanches, de téléphoner à sa mère.
10:39Depuis ce premier week-end, celui qui suit le 27 février,
10:42Jean-Pierre n'a pas téléphoné,
10:44et cela a attiré naturellement l'attention de sa sœur
10:47lorsqu'elle prend connaissance de cette découverte.
10:50C'est la première personne dans cette procédure
10:52à pouvoir faire un lien entre l'une des personnes
10:54et les corps découverts.
10:56Alors il y a Caligaris, il y a Ben Mokhtar,
10:58on le disait à l'instant avec le général Jacques Fonbon,
11:02on est plutôt dans une affaire de grand banditisme ?
11:04Jean-Pierre Caligaris a 41 ans,
11:07connu des services de police, pour faire simple.
11:09Il a fait la connaissance de Francis Ben Mokhtar,
11:12dont il est devenu proche.
11:13Il est vrai que les premières orientations
11:15vont naturellement aller.
11:17Dans ce sens, on évoque un crime
11:19qui pourrait être lié à l'activité du milieu.
11:21Coup de chance, général Fonbon,
11:24la sœur qui reconnaît.
11:26Là, vous avancez d'un seul coup, il y a un bon effet.
11:28Je dirais que c'est l'enquête criminelle habituelle,
11:30c'est-à-dire que quand ça veut, ça veut,
11:31quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.
11:33C'est évidemment du travail,
11:34mais on le verra dans le cours de l'émission,
11:36c'est un travail énorme qui a été fait par le groupement
11:38puis ensuite par la section de recherche.
11:40Mais là, ça permet d'attraper le fil de la pelote.
11:45Là, vous n'arrêtez plus après.
11:46On a un environnement, on sait ce qu'ils font
11:48et à ce moment-là, on rentre dans le vif du milieu,
11:51si j'ose dire.
11:52Maître Julien Pinelli, encore une petite question,
11:54on va en parler, mais en mots,
11:55sur Michel Pinto, c'est le fromager d'Antibes,
11:57c'est chez lui que les victimes auraient dîné
11:59avant de disparaître.
12:00Qui est-il, ce commerçant lambda,
12:02on va dire comme ça ?
12:04C'est quelqu'un qui a une soixantaine d'années.
12:07Il se situe dans la tranche d'âge
12:08de Francis Bennoctard qui lui a 58 ans
12:10à l'époque de son décès.
12:12Mais c'est un commerçant.
12:13C'est fromager.
12:14Il exploite ce commerce.
12:16Néanmoins, assez rapidement,
12:18vont être observés certains traits
12:20un peu plus remarquables,
12:21notamment une disparité entre le train de vie
12:23qu'il expose et les revenus
12:25qu'il tire de ce commerce.
12:26Mais en tout état de cause,
12:27c'est quelqu'un qui sort du cadre
12:29dans lequel on avait pu inscrire
12:30monsieur Bennoctard et Jean-Pierre Caligari.
12:44L'enquête de l'art du crime,
12:45on se retrouve dans un instant sur RTL.
13:01Au programme aujourd'hui de l'art du crime,
13:03l'affaire Michel Pinto à l'automne 1999.
13:06Ce tranquille fromager d'Antibes
13:08va se retrouver soupçonné d'avoir tué
13:10et dépecé deux hommes et une femme.
13:12Les restes des corps disséminés
13:14dans l'arrière-pays niçois.
13:16Il va être interrogé.
13:19Mardi 28 septembre 1999,
13:21un peu plus de six mois
13:23après la découverte des trois corps sans tête
13:25dans le massif de l'Estheron,
13:27Michel Pinto, 61 ans,
13:29et son épouse Joël, 43 ans,
13:31sont en garde à vue.
13:32Entendu tout d'abord comme témoin,
13:34le fromager d'Antibes avait déclaré
13:36qu'il n'avait jamais reçu à dîner
13:38chez lui François Bennoctard.
13:41Il a menti.
13:42Dans les années 80,
13:43alors qu'il travaillait comme facteur,
13:45il s'est en effet retrouvé mêlé
13:47avec Bennoctard dans un trafic de drogue.
13:50Les enquêteurs tiquent sur le personnage
13:52qui ne dit pas la vérité.
13:54Tout petit gabarit,
13:56petite lunette ronde,
13:57pas du tout la carrure d'un tueur glacial.
14:00On se demande comment cet homme,
14:011m60 pour 55 kilos,
14:04aurait terrassé trois personnes,
14:06dont Jean-Pierre Caligari,
14:07100m90 pour 110 kilos.
14:09En garde à vue,
14:10son épouse Joëlle craque.
14:13Elle reconnaît le dîner
14:14avec les deux hommes et la femme.
14:16Elle ne sait pas ce qu'ils sont devenus.
14:18Ils ont quitté la table avant le dessert.
14:20Elle confirme qu'il y avait au menu
14:22du sanglier et des haricots.
14:24L'épouse indique que son mari
14:25les a raccompagnés.
14:27Il est rentré à 5h du matin.
14:29À sa femme, il a dit
14:30« On a eu un emboucan ».
14:32Traduction, on est tombé dans un piège.
14:35Quand l'affaire des cadavres de Lesteron
14:37est sortie dans les journaux,
14:38le mari aurait fait jurer à l'épouse
14:41de ne pas dire que ces trois personnes
14:43avaient dîné chez eux.
14:45Jeudi 30 septembre,
14:46le couple de fromagers est devant le juge.
14:48Michel Pinto reconnaît finalement
14:50avoir dîné avec les victimes.
14:52Il explique que le soir fatal,
14:54il a raccompagné ses invités
14:55chez Ben Moctar, chemin de la Suquette.
14:58Ils sont tombés sur deux hommes masqués.
15:01L'un d'eux était armé
15:02d'une carabine vin de long rifle.
15:04Les inconnus ont plaqué tout le monde au sol.
15:06Ils voulaient l'argent caché par Ben Moctar
15:08dans sa glacière.
15:10Caligaris a essayé de se défendre.
15:12Il a été abattu d'un coup de carabine.
15:14François Ben Moctar et Teresa Conte
15:17auraient subi le même sort.
15:20Pinto dit qu'il a été ensuite forcé
15:23de découper les corps.
15:25Il s'en est débarrassé dans les collines.
15:27Il est rentré chez lui.
15:28Ce sont des aveux éphémères.
15:30Le fromager se rétracte aussitôt.
15:32« Je vous ai servi une belle salade
15:34que vous rêviez d'entendre »,
15:35écrit-il au juge.
15:37Le juge et les enquêteurs sont pourtant convaincus
15:39que Pinto est l'auteur des crimes.
15:41Pour les gendarmes, le mobile est évident.
15:43L'argent.
15:44Après les disparitions,
15:45le fromager a fait refaire toute sa cuisine.
15:47Une facture de 40 000 euros
15:49réglée en liquide.
15:51Il a encore déposé pour environ
15:53500 000 euros en cash
15:55dans différentes agences bancaires.
15:57Michel Pinto ne va dès lors
16:00jamais cesser de varier dans ses explications.
16:03Il raconte que désormais,
16:05il s'est rendu à la villa de Ben Moctar
16:07quand il est arrivé.
16:09Il a vu que ce dernier s'accompagne
16:11et le garde du corps était attaqué par deux hommes.
16:13Alors là, il s'est caché.
16:15Il a assisté, impuissant, au triple crime.
16:17Mais il n'a rien fait du tout.
16:19Il est ensuite rentré tranquillement
16:21chez lui.
16:23Et Michel Pinto, avec ses mensonges,
16:25ses dissimulations, ses explications
16:27qui n'arrêtent pas de changer,
16:29des explications mouvantes,
16:30il va être renvoyé devant la cour d'assises.
16:32Mais ça, on va en parler dans la suite
16:34de l'heure du crime.
16:36Il risque une très lourde peine.
16:38Il est renvoyé parce que les fameux
16:40hommes masqués qu'il décrit, qu'il dépeint,
16:42on ne les a jamais retrouvés.
16:44Peut-être qu'ils n'existent pas.
16:45C'est ce que disent les gendarmes.
16:47Alors, on va en parler de tout ça,
16:49de ce procès qui s'annonce.
16:51Mais tout de suite, il faut revenir à cette garde à vue.
16:53Général Jacques Fontbonne,
16:55vous êtes avec nous dans cette heure du crime.
16:57A l'époque, vous avez mené toute cette enquête
16:59avec une équipe de gendarmes
17:01dans ces collines de Nice.
17:03Vous nous avez raconté la découverte des corps
17:05tout à fait frappante et spectaculaire.
17:07Michel Pinto, il est en garde à vue.
17:09Alors, dites-nous très simplement
17:11qui vous avez en face de vous.
17:13Parce qu'évidemment, on parle d'un dépeceur,
17:15un type qui aurait ramassé les corps,
17:17qui les aurait découpés,
17:19qui les aurait tranchés, mis dans des sacs,
17:21envoyé dans un ravin, etc.
17:23Là, c'est un tout petit bonhomme.
17:25C'est un tout petit bonhomme
17:27pour parler comme
17:29un gendarme du milieu.
17:31Il ressemble à rien.
17:33Il fait 1m60,
17:35il a un tout petit gabarit,
17:37il a l'étiquette
17:39vendeur de fromage, si j'ose dire.
17:41Pas du tout celle du criminel.
17:43Ils se sont entendus avec sa femme,
17:45évidemment séparément, comme on le fait toujours
17:47pendant les gardes à vue, de façon à pouvoir
17:49confronter des détails et des contradictions.
17:51Ils se sont d'abord entendus comme témoins
17:53parce qu'effectivement,
17:55on nous a dit que les trois victimes
17:57avaient dîné chez eux
17:59le soir. Sauf qu'ils disent
18:01des choses complètement différentes.
18:03La femme, Mme Pinto,
18:05dit oui, effectivement.
18:07Elle se met à table.
18:09Ils ont dîné à la maison,
18:11ils sont partis avant la tarte aux fraises,
18:13qui était le dessert, et mon mari
18:15les a raccompagnés. Il est revenu
18:17à 5h du matin, complètement défait,
18:19agarre, psychiquement,
18:21en disant, effectivement, on a eu une en boucan.
18:23Et nous dit-elle,
18:25depuis, il ne vit plus. C'est-à-dire que dès que les téléphones
18:27sonnent, il sursaute, il ne dort plus,
18:29il est dans un état
18:31tout à fait nerveux.
18:33Et lui dit ce que vous venez de dire,
18:35c'est-à-dire, je ne connais personne,
18:37je n'ai jamais eu
18:39de contact avec ces gens,
18:41ils ont été tués avec une carabine, 20 de l'orif,
18:43je n'ai pas d'armes, je n'en ai jamais eu.
18:45Et donc, c'est ces contradictions qui décident
18:47effectivement la présentation au juge d'instruction.
18:49C'est étonnant ce que vous racontez,
18:51Jacques Fontbonne, parce que des gardes à vue,
18:53on a fait des faits des dizaines, vous connaissez très bien
18:55la mécanique de ce genre.
18:57C'est très compliqué de dire non aux enquêteurs
18:59pendant des heures et des heures, c'est très compliqué.
19:01Et lui,
19:03vous lui mettez le nez,
19:05la femme qui parle, etc.,
19:07début d'indice, il ne bronche pas.
19:09Non, moi je prends souvent
19:11une comparaison, alors les plus
19:13anciens d'entre nous se rappelleront
19:15la partie d'échec en 1973
19:17entre Spassky
19:19et Fischer, le russe.
19:21À un moment donné, Spassky
19:23pose le roi et s'en va
19:25et personne ne comprend.
19:27Et en fait, lorsque l'on
19:29refait l'analyse de la partie,
19:31on comprend qu'il a compris que 23
19:33ou 24 coups avant la fin, il a
19:35irrémédiablement perdu. C'est un peu la même chose
19:37dans une garde à vue. Quand vous avez
19:39affaire à quelqu'un d'intelligent, il comprend
19:41tout de suite
19:43que vous avez compris. Et donc, il y a une
19:45espèce de volonté de justification.
19:47Quand vous avez affaire à quelqu'un
19:49qui est buté, c'est non.
19:51Mais monsieur, non.
19:53Je vous ai dit non. Non.
19:55À l'époque, le droit au silence n'existe pas.
19:57C'est avant la présomption
19:59d'innocence et tout ce qui en découle.
20:01Et ça, c'est important, parce qu'effectivement
20:03ça a changé beaucoup de choses dans la
20:05conduite des gardes à vue. Vous êtes bien placé
20:07pour en parler avec les gardes à vue que vous avez
20:09mené. Maître
20:11Julien Pinelli, vous êtes avec nous dans l'ordre du crime,
20:13avocat à Aix-en-Provence, avocat de la famille de Jean-Pierre
20:15Caligaris. Je le répète, Jean-Pierre Caligaris
20:17est une des victimes de l'estéron.
20:19Cet homme,
20:21Michel Pinetot, il change beaucoup, beaucoup
20:23de versions en garde à vue.
20:25Michel Pinetot va
20:27progresser dans ses déclarations,
20:29avancer, reculer,
20:31évoluer et donner finalement
20:33une somme innombrable de
20:35versions en les ajustant
20:37aux éléments que lui livrent les
20:39enquêteurs tout au long des investigations.
20:41Mais c'est vrai que parmi les premiers propos
20:43qu'il va livrer au cours de cette garde à vue,
20:45il y aura sa reconnaissance de son
20:47implication dans ces faits,
20:49mais une implication forcée par les auteurs
20:51du crime qu'il avait contraint
20:53à mutiler lui-même les corps
20:55avec les outils dont il disposait
20:57et participer ensuite à leurs déposes
20:59dans le massif dans lequel ils ont été
21:01découverts. C'est l'une des versions qu'il va livrer
21:03au cours de sa garde à vue. Alors, il y a un élément
21:05qui est important aussi, c'est l'argent.
21:07L'argent qui semble provenir du
21:09trésor de Ben Moctar.
21:11Il gardait tout cet argent dans une glacière bleue,
21:13je le sais. Et là-dessus,
21:15il a beaucoup d'argent en ce moment-là,
21:17Pinto, qu'est-ce qu'il raconte ?
21:19Alors, monsieur Ben Moctar
21:21a une particularité, il conserve
21:23lui-même ses liquidités,
21:25il les conserve dans une glacière.
21:27On parle à l'époque de l'équivalent d'un million de dollars,
21:29la somme pourrait être supérieure.
21:31Il se déplacerait physiquement, véritablement,
21:33avec cette glacière, selon les lieux de vie qu'il occupe.
21:35Et on observe
21:37que dès le mardi suivant, on observe
21:39des dépôts qui vont être réalisés par
21:41Michel Pinotto sur l'un de ses comptes en banque,
21:43à hauteur déjà d'une somme équivalente
21:45à 500 000 euros.
21:47Michel Pinotto expliquait finalement que cet argent
21:49lui avait été confié par Ben Moctar, donc il y aurait
21:51bien un lien entre ses liquidités et sa relation
21:53avec
21:55Ben Moctar, mais c'était simplement
21:57à l'initiative de ce dernier.
21:59Alors, on a avancé un peu, parce qu'on sait qu'il connaît Ben Moctar,
22:01il a nié, mais là, peu à peu,
22:03la pelote est en train de se nouer,
22:05et c'est compliqué pour lui.
22:07Général Fontbonne,
22:09la deuxième version, qu'il avance,
22:11c'est qu'il s'est caché, il n'a rien fait,
22:13il n'a fait que regarder, c'est ça ?
22:15Alors, de mémoire, mais vous l'avez
22:17dit, je n'ai pas été jusqu'au bout du dossier qui a été
22:19pris ensuite par la section de recherche,
22:21je crois qu'entre ses déclarations en garde à vue
22:23et ce qu'il a dit aux instructions, il y a eu
22:2514 versions différentes.
22:27Et c'est sur ce point,
22:29je dirais que c'est ce point
22:31qui fait basculer Pinto
22:33aux yeux des enquêteurs, vers la culpabilité,
22:35parce que sur cette fameuse scène,
22:37mais on y reviendra peut-être,
22:39il y a énormément de contradictions
22:41et d'incohérences, surtout.
22:43Le fromager et son épouse
22:45vont se retrouver aux assises.
22:47Michel Pinto, les trois morts sans tête de Lesteron.
22:49En réalité, je n'ai tué
22:51ni découpé personne en rondelle
22:53l'enquête de l'heure du crime, un procès sans aveu
22:55et sans preuve, mais l'apparition
22:57d'un intrus va changer la donne.
22:59Coup théâtre à suivre dans un court instant
23:01sur RTL.
23:0314h15,
23:05l'heure du crime sur RTL.
23:07L'heure du crime,
23:09présenté par Jean-Alphonse Richard
23:11sur RTL.
23:13Le truc le plus crédible, c'est qu'il nous dit
23:15qu'avec sa petite taille, son petit poids, il ne pouvait pas tout seul
23:17dépecer trois personnes.
23:19C'est vrai que là, on a un peu tendance
23:21à le croire, qu'il n'était pas forcément tout seul
23:23dans cette affaire.
23:25L'heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire Michel Pinto,
23:27ce fromager d'Antibes
23:29est soupçonné d'avoir tué et dépecé
23:31trois personnes, deux hommes et une femme.
23:33Fin février 99,
23:35il aurait mis la main sur une grosse somme d'argent.
23:37Plus de trois ans et demi plus tard,
23:39il est jugé.
23:41Lundi 4 novembre 2002,
23:43Michel Pinto, 63 ans, et son épouse Joël,
23:4546 ans, sont devant la cour d'assises
23:47des Alpes-Maritimes, à Nice.
23:49Le fromager, en veste sombre,
23:51chemise blanche, cravate,
23:53affiche un visage tuméfié.
23:55Il explique avoir été tabassé
23:57en prison. Ses avocats laissent entendre
23:59qu'on a voulu le faire taire.
24:01Il déclare « Je suis ici parce que
24:03j'ai menti. En réalité,
24:05je n'ai tué ni découpé personne
24:07en rondelles. Il a bien
24:09dîné avec les victimes. Après,
24:11je ne sais pas ce qui s'est passé, dit-il.
24:13À propos du mobile avancé par
24:15l'accusation, l'argent, il répond
24:17« Ben Moctar m'avait confié
24:19son argent avant, pas besoin de le tuer.
24:21J'aurais pas attendu qu'il soit
24:23trois pour ça. » Après deux jours
24:25d'audience, l'apparition d'un témoin
24:27inattendu bouscule le procès.
24:29Le détenu Laurent
24:31Roméo a écrit au procureur
24:33de Nice pour lui donner des informations
24:35très précises sur l'arme du crime.
24:37Procès suspendu,
24:39la carabine Vindelon-Riffle est retrouvée
24:41au printemps 2003, chez un
24:43ami de Pinto, à Juans-les-Pins.
24:45C'est bien l'arme qui a servi à tuer.
24:47Jeudi 16
24:49septembre 2004, après deux ans d'enquête,
24:51le procès Pinto est rouvert.
24:53Le fromager ne semble pas se
24:55formaliser de la réapparition de l'arme
24:57du crime. Il confirme avoir assisté
24:59à la triple exécution, il est resté caché.
25:01« C'était une affaire de voyous,
25:03je n'allais pas m'en mêler » dit-il.
25:05La carabine, il l'avait vendue peu
25:07auparavant à Ben Moctar.
25:09Michel Pinto répète qu'il a assisté
25:11sans broncher, caché dans un coin
25:13aux exécutions. Il a vu
25:15Caligaris, le garde du corps, allongé
25:17au sol. Il a entendu les
25:19coups de feu, il a reconnu le son
25:21de sa carabine. Après la
25:23tuerie, il est revenu
25:25tranquillement dans la maison. Ma carabine
25:27était posée contre la porte,
25:29je l'ai prise, je suis rentré chez moi.
25:31Je ne voulais pas que l'arme m'accuse.
25:33Le fromager assure
25:35n'avoir rien dit car il ne voulait pas d'ennui.
25:37« Il y avait un
25:39emmerdement, j'avais le
25:41pognon de Ben Moctar sous mes
25:43fesses » dit-il. Michel Pinto
25:45est condamné à 30
25:47ans de prison, un an ferme pour
25:49l'épouse, pour recel de cadavre.
25:51Et voilà
25:53pour ce premier procès,
25:55parce qu'il va faire appel, Pinto,
25:57on n'est pas au bout de nos
25:59surprises. Il y a beaucoup de surprises
26:01dans ce procès.
26:03Il y a tout d'abord la carabine qui est retrouvée.
26:05Général Jacques Fontbonne, vous êtes avec nous
26:07dans cette heure du crime. Vous avez mené
26:09les premiers mois,
26:11les toutes premières années de cette enquête.
26:13Ensuite, évidemment, vous avez passé
26:15le bébé à
26:17d'autres collègues. Vous n'êtes pas
26:19à ce procès, je le précise.
26:21Vous n'avez pas suivi l'affaire, mais lorsque
26:23vous apprenez qu'on a découvert la carabine,
26:25on peut se dire que là,
26:27l'homme, il est fait.
26:29On trouve l'arme du crime et c'est l'arme
26:31qui appartient à Michel Pinto, le suspect
26:33numéro un. Alors, il y a
26:35plusieurs incohérences matérielles
26:37dans son récit.
26:39La première, elle n'est pas matérielle, elle est psychologique.
26:41On n'imagine pas Ben Moctar
26:43qui se promène avec sa glacière, avec l'argent
26:45en liquide, confier cet argent
26:47à Pinto qu'il n'a pas vu depuis 20 ans
26:49et que finalement, il connaît très peu.
26:51Ensuite, il dit
26:53« Je me suis caché ». Comment
26:55a-t-il pu se cacher ? Ils arrivent
26:57tous les quatre en voiture. On n'imagine pas
26:59les tueurs mettre d'un côté
27:01Thérèse, Francis Ben Moctar
27:03et Jean-Pierre Caligaris et le laisser partir.
27:05À ce moment-là, comment
27:07a-t-il eu l'argent ? Si
27:09il se cache et que personne
27:11ne le voit, à ce moment-là, c'est la même
27:13question. Comment peut-il sauver sa vie ?
27:15Comment peut-il avoir l'argent ?
27:17Et puis, la carabine.
27:19Comment peut-on imaginer que des
27:21tueurs à gages, puisque c'est la version,
27:23viennent faire la peau à
27:25deux truands, et c'est des vrais truands,
27:27c'est des gens qui sont dangereux, et que
27:29finalement, ils utilisent une carabine
27:31qu'ils auraient trouvée sur les lieux. C'est-à-dire qu'en fait,
27:33ils sont venus les mains dans les poches et le van de l'orifle
27:35en plus, ce n'est pas du tout un calibre de
27:37tueur professionnel.
27:38Oui, c'est une arme qui fait de gros dégâts,
27:40on le voit, mais en tout cas, ce n'est pas
27:42utilisé tellement par le grand banditisme.
27:44Par exemple, question subsidiaire,
27:46Jacques Fontbonne, je pense que vous avez travaillé
27:48sur le fait qu'un homme seul puisse découper
27:50autant de corps, les transporter, etc.
27:52On le répète, Pinto,
27:54il est tout petit, c'est un tout petit bonhomme, il n'est pas très
27:56musclé. Vous avez
27:58conclu que c'était possible ?
28:00Oui, parce que, à titre personnel,
28:02moi je l'ai vu dans plusieurs affaires,
28:04on voit dans les films les gens
28:06transporter des corps dans les tapis,
28:08c'est impossible,
28:10même pour un homme de corpulence normale,
28:12de déplacer un corps.
28:14La rigidité cadavérique, vous savez, elle s'installe après 24h,
28:16donc c'est tout mou, vous l'asseyez,
28:18il tombe, vous le déplacez, il retombe,
28:20il roule sur lui-même. Donc, la seule façon
28:22de transporter un, et à
28:24fortiori trois corps, c'est de découper.
28:26Alors, la
28:28maison du
28:30502 Ben Mokhtar,
28:32c'est une très grande
28:34villa, et il y a un très grand terrain
28:36autour, et on est, alors on est à Antibes
28:38dans l'imaginaire, on pense
28:40à une zone très urbaine,
28:42au contraire, c'est une zone où les villas sont
28:44très éloignées les unes des autres,
28:46matériellement, on peut se livrer à cette opération
28:48sans alerter personne, et puis
28:50physiquement, avec une scie égoïne
28:52et quelques outils qu'on trouve partout,
28:54c'est assez facile à faire, indépendamment de l'aspect
28:56psychique, si j'ose dire.
28:58Même si les enquêteurs n'ont pas trouvé de sang,
29:00il faut quand même le reter, vous avez cherché
29:02beaucoup, mais vous n'avez pas trouvé
29:04de traces de sang, ça veut dire que ça pose une question,
29:06une interrogation. Maître Julien Pinelli,
29:08évidemment, vous êtes à ce procès,
29:10vous demandez la famille de Jean-Pierre Caligaris,
29:12l'une des victimes, Maître Pinelli,
29:14il a réponse à tout, Michel Pinotto, à toutes les questions.
29:16Michel Pinotto,
29:18c'est l'un de ses traits caractéristiques,
29:20véritablement, dans le cadre de cette procédure,
29:22c'est qu'il a effectivement
29:24réponse à tout. Il a toujours
29:26une répartie, une formule, qui vient finalement
29:28opposer à un nouvel élément que révèle
29:30l'enquête, c'est d'ailleurs de cette façon-là
29:32qu'il a conduit ses explications tout au long de la procédure
29:34à travers ses innombrables
29:36versions, et dès que l'une de ses versions
29:38est mise à mal, il va
29:40non seulement revenir sur ses déclarations,
29:42mais justifier ce revirement par
29:44une question utilitaire, par la crainte,
29:46bref, quelqu'un qui sort
29:48en permanence de nouvelles versions,
29:50de nouvelles explications,
29:52et qui s'y attache avec, pour le coup,
29:54une certaine fermeté, et va soutenir
29:56à chaque fois, j'allais dire,
29:58sa nouvelle thèse avec une certaine force.
30:00Et ce qu'il dit, il dit qu'il s'est
30:02retrouvé malgré lui dans toute cette histoire ?
30:04Il y a en tout état de cause
30:06une certaine constance dans le propos
30:08de Michel Pinoteau,
30:10c'est qu'en aucun cas, il n'a été impliqué
30:12volontairement dans les faits dont on l'accuse.
30:14Selon la version,
30:16il a été contraint par les membres du commando
30:18à mutiler les corps et à participer
30:20à leur disparition,
30:22mais il l'a fait sous leur menace.
30:24Soit, seconde théorie, il a été
30:26témoin du triple assassinat,
30:28mais n'y a pas participé.
30:30Mais à chaque étape, encore une fois,
30:32des investigations, à chaque étape
30:34de la procédure, il y a une version
30:36parfaitement adaptée par
30:38Michel Pinoteau qui le meurt de cause.
30:40Le fromage édentif va faire appel,
30:42il joue très gros.
30:44Michel Pinoteau, les trois morts sont tête de l'estéron.
30:46Je sais découper des sangliers,
30:48mais ça me donne la nausée.
30:50L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
31:04Sur l'affaire Michel Pinoteau, ce fromage édentif
31:06a été condamné en 2004
31:08pour avoir exécuté, dépecé,
31:10disséminé les corps de trois personnes.
31:12Un truand et sa compagne,
31:14leurs gardes du corps, mobiles.
31:16Plus de 500 000 euros en liquide.
31:18Deux ans plus tard, il comparaît en appel.
31:22Mardi 23 mai 2006, Michel Pinoteau,
31:2468 ans, vieilli, amégré
31:26par sept années passées en détention,
31:28est devant la cour d'assises d'appel
31:30des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence.
31:32Personne ne donne chair de la peau
31:34de cet accusé que tout désigne.
31:36Des premiers aveux rétractés,
31:38des mensonges nombreux,
31:40des scénarios changeants
31:42et même l'arme du crime qui l'avait dissimulée.
31:44Le fromage édentif est moins réactif,
31:46moins présent qu'au premier procès.
31:48L'un de ses avocats,
31:50maître Eric Dupond-Moretti,
31:52est bien décidé à le présenter comme un simple témoin.
31:54L'avocat s'engouffre dans les failles
31:56des investigations.
31:58Le fluet Michel Pinoteau aurait été incapable,
32:00selon lui, de transporter tout seul les cadavres.
32:02Surtout le colosse
32:04Jean-Pierre Caligaris.
32:06L'accusé n'était pas non plus un as de la découpe.
32:08Interrogé, le fromager reconnaît
32:10pourtant qu'il sait découper
32:12des sangliers, mais cet exercice
32:14lui donne la nausée.
32:16Le patron de la section de recherche certifie
32:18qu'un homme seul a pu découper
32:20les victimes avec des scies manuelles,
32:22des haches, des couteaux, mais rien de tout cela
32:24n'a été retrouvé.
32:26Maître Dupond-Moretti s'étonne que
32:28tous les chemins de l'enquête mènent
32:30uniquement à Michel Pinoteau.
32:32Il montre du doigt l'ancien
32:34homme de main de François Benmoktar,
32:36celui qui avait nettoyé toute la maison
32:38après la disparition. L'avocat
32:40déplore qu'aucune enquête n'ait visé
32:42cet individu, lequel peut très bien
32:44être derrière le guet-apens.
32:46La défense brandit l'agenda de cet
32:48homme. À partir du 27
32:50février 99, l'homme
32:52de main a cessé d'écrire
32:54dans ce carnet, comme s'il savait
32:56avant l'heure que son patron ne reviendrait plus jamais.
32:58Le témoin explique
33:00qu'il était bouleversé par cette absence
33:02et il n'a plus touché au fameux agenda.
33:04L'avocat général réclame la confirmation
33:06de la peine de première instance,
33:0830 ans, tout en nuançant
33:10qu'il n'est pas sérieux de croire que
33:12Michel Pinoteau a été seul
33:14à commettre ce crime.
33:16Et on va voir évidemment ce que
33:18vont dire les jurés dans le prochain
33:20chapitre, parce qu'il risque de régros,
33:22Michel Pinoteau, il risque tout simplement la perpétuité.
33:24C'est un récidiviste et ça peut aller
33:26très loin et ça peut aller très vite. Alors coupable
33:28ou pas coupable, on va
33:30le voir à la fin de cette émission.
33:32Maître Julien Pinelli, vous êtes avec nous
33:34dans cette heure du crime, avocat à Aix-en-Provence,
33:36avocat de la famille de Jean-Pierre Caligari, c'est l'une
33:38des victimes. Quelle attitude
33:40a cet accusé ?
33:42Michel Pinoteau, lorsqu'il comparaît
33:44en appel, a déjà effectué
33:46de nombreuses années de prison et il comparaît,
33:48j'allais dire, peut-être dans le costume qui lui va le mieux.
33:50Et surtout dans le costume qui sert le mieux
33:52de la défense, parce qu'on voit arriver
33:54au premier jour de l'audience, dans ce box,
33:56cet homme, qui n'en impose pas
33:58par son envergure physique, c'est quelqu'un qui fait 1m60,
34:00qui pèse 55 kilos, bref,
34:02il n'a pas évidemment le profil de la dangerosité
34:04tel qu'on peut l'imaginer, mais comme on le rappelle
34:06aussi, lorsqu'il s'agit de crimes commis par arme
34:08à feu, ce n'est pas le gabarit qui fait la différence,
34:10c'est la détermination. Ça, c'est un élément
34:12qui ne me semblait pas pouvoir forcément peser
34:14dans l'appréciation, mais qui en tout cas, dans l'image
34:16qu'il va donner, sert
34:18véritablement ses intérêts, qui est beaucoup
34:20plus réservé aussi qu'il n'a pu l'être
34:22lors de l'instance précédente.
34:24Alors ça, c'est intéressant ce que vous racontez,
34:26Maître Julien Pinelli. Général Jacques Fonbonne,
34:28effectivement, on va parler
34:30de la découpe à ce procès.
34:32L'avocat de l'accusé,
34:34il va dire
34:36non, ce n'est pas possible,
34:38il n'a pas pu découper tout seul et puis il ne sait pas faire ça.
34:40Alors lui, il en parle, Pinto, de la découpe ?
34:42Oui, oui, il en parle
34:44et c'est ce que l'on disait tout à l'heure,
34:46c'est-à-dire qu'il faut
34:48avoir le moral bien accroché, évidemment,
34:50il faut avoir un peu de temps, mais
34:52pour peu qu'on ait des notions
34:54très rudimentaires d'anatomie,
34:56ce qu'a un chasseur qui va chasser
34:58le grand gibier, c'est tout à fait
35:00possible. Et encore une fois,
35:02c'est le seul moyen de pouvoir
35:04déplacer un cadavre.
35:06Il y a quelque chose aussi d'intéressant avec
35:08Maître Dupond-Moretti qui défend cet homme,
35:10il va pointer le doigt
35:12sur le troisième homme, j'ai envie
35:14de dire, ce personnage un peu
35:16curieux qui a débarrassé la maison
35:18de Ben Mokhtar, c'est l'une des victimes,
35:20et qui dit, ben non,
35:22il est parti, je ne savais pas où il était, donc
35:24effectivement, j'ai tout débarrassé.
35:26Dupond-Moretti, il dit, mais attendez,
35:28vous n'êtes pas intéressé à lui ? Est-ce que vous avez
35:30enquêté, vous, les gens ? Oui, évidemment, mais
35:32on est au carrefour de deux choses.
35:34Comme on le disait tout à l'heure,
35:36une accumulation de contradictions
35:38et surtout d'incohérences absolues,
35:40chaque version qu'il donne, et il y en a eu
35:42plusieurs, est incohérente à
35:44la seule et incohérente par rapport aux autres.
35:46Et puis, je dirais que c'est une technique d'avocat,
35:48c'est-à-dire qu'il y a, à un moment donné,
35:50forcément, une focalisation
35:52sur quelqu'un qui apparaît, on va dire,
35:54légitimement et logiquement,
35:56le suspect, et puis la question se pose,
35:58c'est-à-dire que si cette personne, effectivement,
36:00avait tué Ben Mokhtar Kadigaris
36:02et
36:04Thérésa, il aurait l'argent.
36:06C'est ça, le fameux
36:08homme qui a débarrassé. Et c'est Pinto
36:10qui l'a, qui a fait refaire sa maison, qui a placé de
36:12l'argent à Monaco. On va retrouver, je crois,
36:14à l'époque, plus d'un million de francs
36:16à son nom sur différents comptes.
36:18Et ça, c'est le levier, l'argent, selon vous ?
36:20C'est très amusant, l'argent, parce que ça peut être un levier
36:22d'accusation et un levier de défense.
36:24C'est le levier d'accusation, parce que c'est
36:26le mobile. Mais ça pourrait être
36:28aussi, j'ai volé,
36:30je suis un voleur,
36:32mais si j'avoue que j'ai volé, on va
36:34me soupçonner du crime. Donc, ça peut
36:36être un argument qui
36:38va servir aussi bien à la défense que à l'accusation.
36:40C'est très amusant. Très amusant et très intéressant
36:42parce que je suis un voleur, mais je ne suis
36:44pas forcément un tueur. C'est ça. Et c'est ce que
36:46dit Maître Moretti. Et je n'ai rien
36:48dit parce que, en m'accusant du vol,
36:50on m'aurait soupçonné du meurtre. Et effectivement,
36:52comme cet homme raconte tout
36:54et n'importe quoi, finalement,
36:56on s'y perd. Il y a une espèce de marécage.
36:58On ne sait plus du tout
37:00ce qui se passe. Maître Julien Pinelli,
37:02encore une question. C'est vrai que ce procès,
37:04ce n'est pas du tout le même qu'en
37:06premier instant, ce n'est pas le même qu'au premier procès.
37:08Un procès en assise n'est
37:10jamais le même en première instance et en appel.
37:12Une ambiance générale, en tout cas,
37:14se dessine assez rapidement en appel
37:16qui est différente
37:18de la première instance.
37:20On a le sentiment, si vous voulez, que les éléments
37:22réunis à charge, qui sont
37:24des charges indiscutables, lorsque l'on
37:26évoque, encore une fois, la propriété de l'arme du crime,
37:28lorsqu'on évoque les innombrables
37:30positions de Michel
37:32Pineto, certaines positions qui peuvent paraître
37:34incohérentes d'ailleurs, les descriptions
37:36qu'il fait techniques du crime,
37:38tous ces éléments-là, évidemment,
37:40sont extrêmement lourds, mais
37:42demeurent certaines
37:44questions, finalement, qui vont être soutenues.
37:46Ces questions qui demeurent vont
37:48commencer à prendre une certaine importance dans le débat.
37:50Et c'est de cette façon-là, en réalité, que
37:52s'installe le doute.
37:54Le doute qui s'installe après six jours de procès,
37:56l'heure du verdict.
37:58Michel Pineto, les trois morts sans tête de Lesteron,
38:00il vous faut dénoncer
38:02une enquête scandaleusement
38:04lacunaire. L'enquête de l'heure du crime.
38:06Je vous retrouve tout de suite sur RTL.
38:20Dans l'heure du crime, aujourd'hui, l'affaire
38:22Michel Pineto, ce fromager d'Antibes,
38:24condamné à 30 ans de prison
38:26pour avoir tué et dépecé trois personnes
38:28dans l'arrière-pays niçois en mars 99,
38:30qu'on parait un appel,
38:32il risque la perpétuité. Voici
38:34le verdict.
38:36Lundi 29 mai 2006,
38:38à la surprise générale,
38:40Michel Pineto est acquitté
38:42pour les trois meurtres barbares du
38:44massif de Lesteron. L'un de ses
38:46avocats, Eric Dupond-Moretti, avait
38:48auparavant dénoncé une enquête
38:50scandaleusement lacunaire.
38:52Le fromager d'Antibes est toutefois
38:54condamné à cinq ans de prison pour avoir détourné
38:56et conservé l'argent de
38:58François Benmoktar, soit
39:00plus de 500 000 euros, peine
39:02couverte par sa détention.
39:04Pineto est donc libre.
39:06Les meurtres de
39:08François Benmoktar, Teresa Conte
39:10et Jean-Pierre Caligaris sont
39:12aujourd'hui judiciairement
39:14non résolus. Aucune
39:16enquête sur ces morts épouvantables
39:18n'a jamais été rouverte.
39:20Michel Pineto m'a
39:22toujours dit, les yeux dans les yeux,
39:24qu'il était innocent. Il n'y a pas dans le dossier
39:26de preuve de sa culpabilité.
39:28Il y a des pistes qui ont été
39:30totalement négligées. Moi, je pense
39:32que cet homme est innocent.
39:34La voix de maître Eric Dupond-Moretti,
39:36on le voit,
39:38avocat de Michel Pineto, c'était
39:40dans l'émission faite entrer
39:42l'accusé, et évidemment, sa défense
39:44a fonctionné. Eric Dupond-Moretti,
39:46parce qu'il a réussi à brouiller les cartes.
39:48Il faut dire qu'avec un client pareil, c'est aussi,
39:50j'allais pas dire facile, mais en tout cas,
39:52il vous aide beaucoup à brouiller les cartes, parce qu'il a raconté
39:54beaucoup de choses. Ce client, le fait est
39:56qu'il est innocent, acquitté.
39:58Aujourd'hui, il n'y a plus aucune charge qui pèse
40:00sur Michel Pineto. Il faut bien le savoir
40:02et bien le dire. Cet homme est innocent.
40:04Voilà, est innocent.
40:06Comme nous le dit le général Jacques Fonbonne.
40:08Évidemment, quand vous apprenez
40:10cet acquittement,
40:12Jacques Fonbonne, évidemment,
40:14on ne va pas revenir dessus. On ne va pas revenir
40:16sur la chose jugée, évidemment. Mais vous dites quoi ?
40:18Vous êtes surpris, quand même ?
40:20Parce que vous aviez tout misé sur la culpabilité de Pineto.
40:22On est surpris.
40:24C'est une démonstration supplémentaire
40:26selon laquelle, en matière
40:28de preuve pénale,
40:30c'est à la fin du marché qu'on voit le prix des légumes.
40:32C'est-à-dire que ça dépend, comme le disait l'avocat
40:34Nath Pinelli tout à l'heure, de l'ambiance.
40:36Ça dépend des jurés. Ce qui veut dire qu'avec le même dossier,
40:38le même accusé, le même fait,
40:40vous avez deux décisions qui sont
40:42diamétralement opposées.
40:44Et puis, comme on est gendarme, là, je vais me défiler.
40:46Je vais vous dire qu'effectivement,
40:48il est innocent, parce que c'est le principe
40:50absolu qui est prévu par le code de procédure pénale.
40:52Qu'est-ce qui, selon vous, a fait basculer
40:54les jurés ?
40:56C'est une espèce de confusion ?
40:58Oui, c'est le talent
41:00de Maître Dupond-Moretti.
41:02C'est-à-dire qu'en fait, il utilise
41:04les contradictions
41:06qu'il y a dans les différentes
41:08versions qu'a données
41:10Michel Pineto.
41:12Évidemment, sans mettre le doigt
41:14sur les incohérences, mais en disant
41:16simplement, mon avocat n'a fait que
41:18mentir, parce que
41:20il est tombé dans une affaire qui le dépassait,
41:22il a eu peur, il a été menacé,
41:24et un homme qui est menacé,
41:26il ment, et il ment mal, parce que c'est
41:28un fromager, et que ça n'est pas un criminel,
41:30et que forcément, il improvise.
41:32Il ne sait pas se défendre, il dit n'importe quoi.
41:34Et il ne sait pas se défendre. Et là, ça passe et ça marche.
41:36Donc, il y a cet acquittement, surprise,
41:38mais c'est un acquittement. Maître Julien Pinelli,
41:40évidemment, vous êtes à ce
41:42procès, vous êtes l'avocat de la famille de Jean-Pierre
41:44Caligaris, vous êtes sur le banc de la partie
41:46civile, Jean-Pierre Caligaris,
41:48il a beau avoir un passé
41:50un peu agité, être
41:52mêlé à des truands,
41:54évidemment, c'est une des victimes de cette affaire.
41:56Maître Pinelli, pourquoi,
41:58selon vous, je vous pose la même question qu'au général
42:00Jacques Fontbonne, pourquoi, selon vous, cet
42:02acquittement ? Il est toujours
42:04extrêmement difficile de savoir, de
42:06connaître les chemins de réflexion,
42:08les sentiments qui ont pu atteindre les membres
42:10d'un jury d'assises pour parvenir à
42:12une décision ou une autre. Un acquittement,
42:14c'est toujours quelque chose qui apparaît
42:16comme, comment dire,
42:18une anomalie, finalement, dans le système.
42:20C'est certain que cette image,
42:22encore une fois, que peut livrer
42:24Pinetto a pu
42:26les atteindre dans
42:28leur appréciation, que les
42:30questions qui demeuraient
42:32et qui demeureront malheureusement
42:34en suspens, on peut aussi leur
42:36laisser entendre que
42:38on ne pouvait pas, en l'état,
42:40condamner Michel Pinetto
42:42sans avoir pu y répondre,
42:44qui a conduit à ce
42:46verdict, mais qui était en tout état de cause
42:48et pour tous les acteurs,
42:50le judiciaire notamment,
42:52quelque chose de surprenant, oui.
42:54Et puis surprenant pour les partis
42:56civils, évidemment. C'est le parti civil
42:58qui attendait une condamnation. Il avait écopé
43:00de 30 ans en première instance et là,
43:02il est acquitté, il rentre chez lui.
43:04Général Jacques Fontbonne,
43:06évidemment, c'est le jeu des assises, c'est le jeu de la justice.
43:08Ce n'est pas une loterie, il ne faut pas le dire
43:10comme ça, mais effectivement, tout peut changer
43:12sur des allusions, sur un détail,
43:14sur un témoin, tout ça va
43:16très vite. Là, on a
43:18trois meurtres et vous avez raconté comment
43:20ces corps ont été découpés
43:22et dans quel état vous les avez retrouvés
43:24dans ce ravin, dans l'estéron.
43:26Trois meurtres,
43:28un suspect numéro un,
43:30une arme du crime, mais ça ne suffit pas.
43:32Ça ne suffit pas pour faire une condamnation.
43:34Non, c'est ce que je disais à l'instant. Il faut de l'humilité dans votre métier.
43:36Oui, évidemment,
43:38il en faut, oui, évidemment,
43:40il en faut de l'humilité, c'est surtout du travail
43:42et puis, comme je le disais,
43:44la définition juridique de la preuve en matière pénale
43:46elle n'existe pas. Alors, je vais faire premier
43:48de la classe. J'invite
43:50les gens qui nous écoutent
43:52à regarder sur Internet ou dans le bouquin
43:54l'article 353 du code de procédure pénale
43:56qui explique
43:58aux jurés comment ils doivent
44:00se déterminer. Le texte est magnifique
44:02parce qu'il est dans sa rédaction quasiment originale
44:04du code d'instruction criminel
44:06de 1808 et
44:08on comprend tout, c'est-à-dire qu'à un moment donné
44:10c'est la justice des hommes, ce sont des hommes
44:12et des femmes qui rendent la décision
44:14et ils la rendent d'abord à l'oralité des débats
44:16parce qu'ils ne connaissent pas le dossier et puis en fonction
44:18de leur intime conviction puisque c'est le terme
44:20de la loi.
44:22Maître Julien Pinelli, dernière question pour vous, pour les familles
44:24des victimes, c'est une
44:26ultime blessure ?
44:28Du côté de la famille de
44:30Jean-Pierre Caligaris,
44:32toute leur douleur était concentrée
44:34sur cette disparition et sur ce décès
44:36dans des conditions en plus particulièrement atroces
44:38telles que révélées
44:40par l'enquête et
44:42il est vrai que finalement cette procédure
44:44pénale, la suite qu'elle a pris
44:46et puis cette décision d'acquittement
44:48n'est venue que s'inscrire finalement
44:50dans cette suite de
44:52sentiments extrêmement douloureux.
44:54Merci beaucoup Maître Julien Pinelli
44:56et Général Jacques Fontbonne
44:58d'avoir été aujourd'hui les invités de l'Ordre du Crime.
45:00Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef Justine Vignot,
45:02préparation Marie Bossard, réalisation en direct.

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