Les informés du matin du 19 mai 2025, autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.
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00:00Générique
00:00Et c'est avec plaisir que je vous retrouve pour les informés.
00:10On est en direct ensemble jusqu'à 9h30.
00:13Bonjour Renaud Delis.
00:14Bonjour Salia.
00:15Et bonjour à nos informés du jour qui sont au nombre de trois.
00:18On a donc Stéphanie Despierre, journaliste politique à LCP.
00:20Bonjour Stéphanie.
00:20Bonjour.
00:21A vos côtés François-Xavier Bourmeau, journaliste à l'Opinion.
00:24Bonjour Salia.
00:25Bonjour François-Xavier.
00:25Et Nicolas Teilhard, journaliste à la rédaction internationale de Radio France.
00:30Parce que Renaud Delis, on commence tout de suite par le début de cette vaste offensive terrestre annoncée par Israël.
00:36Israël a annoncé hier le début, donc vous le disiez, d'une vaste opération terrestre dans la bande de Gaza.
00:42Que ce soit par le sud et par le nord d'ailleurs de la bande de Gaza.
00:47Alors que les bombardements israéliens avaient redoublé ces derniers jours faisant plusieurs centaines de morts.
00:54La situation humanitaire, on le sait, est catastrophique.
00:58Toute une partie de la population est menacée de famine.
01:01Voilà donc une nouvelle offensive.
01:03Et pourtant, dans le même temps, Benyamin Netanyahou se dit ouvert à un accord incluant la fin de l'offensive de son armée,
01:10en contrepartie de la libération de tous les otages, du désarmement du territoire palestinien et de l'exil du Hamas.
01:16Alors comment expliquer cette contradiction ?
01:19Une nouvelle offensive et puis un discours qui se veut donc un discours de paix.
01:23Voici ce qu'on disait ce matin sur l'antenne de France Info, l'ambassadeur d'Israël en France, Joshua Zarka.
01:28La possibilité d'une trêve n'a jamais été aussi proche, effectivement.
01:32La possibilité de la paix n'a jamais été aussi proche depuis le début de la guerre.
01:36Mais il faut bien comprendre, la paix, ce n'est pas un concept qu'on impose.
01:41La paix doit être voulue par les deux côtés.
01:43Et pour l'instant, je ne pense pas que le côté palestinien veut vraiment la paix.
01:48Alors la peine n'a jamais été aussi proche, dit l'ambassadeur d'Israël en France.
01:52Et dans le même temps, Israël redouble son offensive, faisant de nombreuses victimes.
01:58Quel est l'objectif d'ailleurs de cette offensive ?
02:00Est-ce qu'il s'agit de déplacer la population palestinienne ?
02:03Et pourquoi cette contradiction apparente ?
02:05Est-ce que c'est lié peut-être à une pression diplomatique des Etats-Unis et de Donald Trump sur Benjamin Netanyahou ?
02:10Nicolas Teilhard d'abord sur ce qui se passe sur le terrain, dans la bande de Gaza,
02:14cette offensive terrestre ?
02:16Oui, il y a une offensive terrestre qui a débuté,
02:20qui a suivi une semaine de bombardements qui ont été d'une violence inouïe la semaine dernière.
02:25On a retrouvé l'atmosphère des pires heures de la guerre,
02:29lancées le 8 octobre après les attaques terroristes du Hamas par Israël,
02:34des bombardements massifs.
02:35Et donc le début d'une incursion, c'est tout le paradoxe du moment,
02:39on peut appeler ça un moment de bascule ou un moment charnière.
02:42On n'a jamais été aussi près de la paix, ça c'est ce qu'on entend.
02:44On n'a jamais été aussi loin sur le terrain.
02:48Effectivement, il y a des discussions qui sont en cours.
02:51Il y a sans doute une pression américaine très forte qui a suivi la visite de Donald Trump dans le Golfe la semaine dernière.
02:56On sait que les pays du Golfe sont très attentifs à la situation des Palestiniens,
03:02que ça permettrait aussi le retour des affaires, par exemple, entre Washington et Riyad.
03:08Tout cela est conditionné aussi à un règlement du conflit.
03:11Et en même temps, on sent bien que côté israélien, on a envie de mettre une pression maximale au moment où ces négociations ont lieu.
03:18Peut-être aussi en attendant une réaction américaine qui se fait toujours attendre concrètement.
03:22Parce que si on parle d'une pression peut-être en coulisses,
03:26il n'y a pas encore d'effet concret de la part des États-Unis sur leur soutien à Israël.
03:30Ça négocie en ce moment, il faut le rappeler. Alors, ça négocie quoi ?
03:34Ça négocie au Qatar, ça négocie les conditions, notamment d'un nouveau cessez-le-feu.
03:39On rappelle qu'il n'a duré que deux mois, en février jusqu'au 18 mars dernier.
03:45Il y a à la fois des négociations humanitaires, parce qu'on rappelle qu'il y a eu un blocus terrible depuis début mars,
03:50avec une reprise très longue, très progressive, depuis deux jours, un retour de l'aide humanitaire,
03:55mais là aussi qui est lié à ces négociations. Et au moment où une incursion militaire a lieu,
04:02on se demande comment vont pouvoir se dérouler ces aides humanitaires,
04:07alors que toutes les associations de secours ou humanitaires qui travaillent sont vraiment en difficulté
04:13pour assurer leur soutien, que ce soit en termes de santé ou d'aide alimentaire.
04:17Et puis, on négocie les conditions de la suite. Et là, il y a un vrai doute sur les intentions de part et d'autre.
04:23Il y a une intransigeance israélienne sur l'idée de démilitariser Gaza,
04:28de provoquer l'exil total des dirigeants du Hamas ou du djihad islamique.
04:32On rappelle que c'était le but de guerre de Benyamin Netanyahou, éradiquer le Hamas.
04:36Et puis, il y a l'incertitude totale sur la population palestinienne.
04:40Juste sur la question du Hamas particulièrement, parce que l'ambassadeur l'a répété ce matin,
04:46qu'il y a effectivement l'exil forcé des membres du Hamas.
04:49Mais on sait ce qu'il en reste avec tous ces bombardements ?
04:52On le sait très peu. Et surtout, au moment où il y a ces négociations,
04:55il y a aussi peut-être une volonté d'afficher certains succès politiques ou militaires
05:00si jamais une trêve devait intervenir, avec la tête du nouveau chef du Hamas
05:06qui aurait été tué ces derniers jours dans des bombardements.
05:09On n'a pas encore la confirmation.
05:11Avec le chef de la branche armée du djihad islamique qui aurait été tué ce matin.
05:15C'est très récent, là encore, dans des bombardements.
05:18Ça peut permettre d'afficher des succès si une trêve devait intervenir.
05:22Pourquoi il faudrait des succès ?
05:24Parce qu'il y a encore là une logique interne dans le gouvernement israélien
05:28qui est que la partie la plus extrême du gouvernement de Benyamin Netanyahou
05:32refuse tout accord avec le Hamas, rêve d'une installation israélienne dans la bande de Gaza
05:39et qu'il faudrait les convaincre de ne pas quitter le gouvernement.
05:42Ils ne sont pas nombreux, mais il suffise à faire tomber l'éventuelle coalition qui est au pouvoir aujourd'hui.
05:48On l'a vu d'ailleurs sur la question de ce rétablissement d'une aide humanitaire minimale
05:52qui a été décidée ce week-end, comme le rappelait Alain Sainte-Nicolas-Taglière.
05:57C'est vrai que Benyamin Netanyahou a pris cette décision,
05:59y compris contre une partie de ses ministres d'extrême droite, les plus radicaux,
06:03qui ne voulaient pas en entendre parler.
06:04Alors c'est largement insuffisant au regard de la catastrophe humanitaire qui est à Gaza,
06:07mais on voit qu'il y a aussi des tensions internes à cette coalition, à ce gouvernement,
06:11ce qui peut expliquer, comme le disait à l'instant Nicolas,
06:15ce double discours en quelque sorte, c'est-à-dire cette action de guerre,
06:18et de guerre extrêmement virulente, et dans le même temps,
06:23la volonté justement d'aller le plus loin possible,
06:26peut-être au moment où Benyamin Netanyahou sent qu'il va être obligé,
06:30y compris peut-être, mais encore faudra-t-il la vérifier,
06:34sous l'influence des Etats-Unis, bien de conclure une nouvelle trêve,
06:38un nouveau cessez-le-feu.
06:39Donc essayer d'emmagasiner le plus de gains possibles,
06:41y compris de gains symboliques, avec un certain nombre de chefs du Hamas
06:45peut-être éliminés, avant de devoir finalement concéder cette trêve.
06:49Et juste en un mot, tension dans l'opinion aussi,
06:51parce qu'on en parle rarement.
06:52Il y a eu une opposition extrêmement forte à Benyamin Netanyahou en interne,
06:57en Israël, il y a des voix qui s'élèvent aussi pour contester
07:00les dernières décisions politiques du Premier ministre,
07:03et puis il y a la question des otages.
07:05Les otages, il en resterait 58, une vingtaine serait en vie,
07:09il y a le poids à la fois des familles d'otages,
07:11mais de toute une population qui estime qu'avec cette nouvelle offensive terrestre,
07:14on fait une croix sur leur retour.
07:17Emmanuel Macron ne cesse de déplorer la situation catastrophique,
07:20la situation humanitaire à Gaza, il dit, il a même fait part de sa honte,
07:26de la honte, il devrait avoir honte, c'est ce qu'avait dit le président de la République
07:29à propos de Benyamin Netanyahou sur ce qu'il fait,
07:32mais au-delà des mots, on fait quoi nous les Français ?
07:34Il y a la question de la reconnaissance de l'État palestinien par la France qui est dans l'air,
07:39mais ce qui va compter pour le moment surtout,
07:41c'est l'ambassadeur d'Israélien en parlait, c'est la forme de la paix,
07:44s'il y a une paix qui est décrétée.
07:46Mais après l'offensive du Hamas le 7 octobre dernier,
07:50la grande crainte, c'était l'importation du conflit en France.
07:54Et cette crainte s'était révélée, le conflit avait été importé
07:57et on a vu une très forte vague d'antisémitisme.
08:00Aujourd'hui, avec la paix qui se profile, c'est l'espoir d'importer la paix.
08:04Mais quelle paix ?
08:06Donc l'ambassadeur d'Israélien le disait, il faut être deux pour faire la paix.
08:09Pour l'instant, on voit, d'après ce que vous disiez Nicolas,
08:11qu'on n'en est pas encore vraiment là.
08:12Mais même avant d'arriver à la question de la paix, quand même, pardon Renan ?
08:15Juste sur Emmanuel Macron, il a fait un aveu dans son émission la semaine dernière.
08:19C'est-à-dire qu'il a été extrêmement rude.
08:20Ce n'est pas la première fois très dur sur Benjamin Netanyahou,
08:23où il a exprimé la honte que lui inspirait la politique conduite par le gouvernement israélien.
08:28Il a souligné la situation immunitaire la plus dramatique,
08:31même la plus catastrophique depuis le début du conflit, a-t-il dit.
08:34Mais il a aussi dit dans la même émission que celui qui, à ses yeux, avait les cartes en main,
08:38pour prendre une expression qui lui est chère d'ailleurs, c'était Donald Trump.
08:40Il l'a dit, il a lâché d'une formule que c'était simplement les États-Unis.
08:44C'est-à-dire que la France, l'Europe, ils sont impuissants ?
08:47La France n'a peu de moyens de pression dans la région, c'est le moins qu'on puisse dire,
08:51y compris l'Europe.
08:52Ça passe notamment par la reconnaissance de l'État palestinien,
08:57mais qui, de fait, ne change pas grand-chose à la situation sur le terrain.
09:00On l'a vu, l'an dernier, un certain nombre de pays européens ont reconnu,
09:03dont l'Espagne et quelques autres, l'État palestinien.
09:07Ça n'a malheureusement pas amélioré la situation des civils palestiniens sur place.
09:12Emmanuel Macron, début avril, avait dit qu'à un moment,
09:15que le moment arrivé, il serait prêt à reconnaître l'État palestinien,
09:18mais ça n'a pas avancé à ce niveau-là.
09:20Mais en attendant, pardon, d'avoir...
09:21Il ne le fera que de manière groupée.
09:23Ce qu'il essaye de faire, Emmanuel Macron,
09:26c'est à la fois de trouver des pays alliés
09:28et de le faire au mois de juin.
09:31Il y a une grande conférence co-organisée par la France avec l'Arabie Saoudite à New York.
09:34Ce serait d'annoncer à ce moment-là, avec d'autres pays, cette reconnaissance,
09:39mais de trouver aussi des gains politiques de l'autre côté
09:42sur une reconnaissance d'Israël par d'autres pays de la région, par exemple.
09:46Je reviens simplement à la question des mots.
09:48Il y a aussi une réticence très clairement occidentale,
09:51et notamment européenne, à imposer des sanctions à Israël.
09:53C'est ça, c'est pas aussi efficace qu'avec la Russie, ça ne se passe pas avec Israël.
09:56Oui, voilà.
09:57Le président l'a reconnu lui-même ce week-end en sommet.
10:00Merci beaucoup, Nicolas Teilhard de la rédaction internationale de Radio France.
10:04Dans un instant, on va parler du nouveau chef de la droite,
10:06qui s'appelle Bruno Retailleau.
10:08Mais d'abord, un passage par le fil d'info de Maureen Suenière.
10:09L'Elysée parle déjà d'un record.
10:1320 milliards d'euros d'investissements vont être annoncés lors du sommet de Chouze France,
10:17qui débute ce matin.
10:18Plus de 200 patrons se retrouvent à Versailles
10:20pour ce rendez-vous qui vise à attirer les capitaux du monde entier.
10:24Quels seront les mots de Donald Trump ?
10:26Cet après-midi, le président américain va s'entretenir par téléphone avec son homologue russe,
10:30Vladimir Poutine, pressé d'accepter un cessez-le-feu.
10:33Les Occidentaux menacent Moscou de nouvelles sanctions.
10:36Les pourparlers de paix entre Ukrainiens et Russes,
10:39la semaine dernière, n'ont rien donné.
10:41Première négociation entre les deux parties depuis 2022.
10:45Cinq mois après l'annulation d'un premier scrutin pour des soupçons d'ingérence russe,
10:49le candidat pro-européen reporte la présidentielle en Roumanie.
10:52Nikos Ordan recueille 54% des voix.
10:55Le nationaliste Georges Simion reconnaît sa défaite.
10:59Et puis le tournoi tennis de Roland-Garros débute officiellement le 25 mai prochain.
11:03Aujourd'hui, débutent les qualifications pour les joueurs les moins bien classés.
11:06Carlos Alcaraz pourrait arriver confiant la semaine prochaine,
11:10puisque l'Espagnol a gagné le Masters 1000 de Rome hier contre le numéro 1 mondial Yannick Sinner.
11:15Les informés continue avec Stéphanie Despierre, journaliste politique à LCP,
11:31avec François-Xavier Bourmeau, journaliste à l'opinion.
11:34Et Renaud Deli, the winner is Bruno Rotaillot.
11:37Absolument, vous ne parlez pas de l'Eurovision là, mais de l'élection du président de LR.
11:42C'était hier, 121 000 adhérents appelés à choisir, 80% de participation.
11:47Et un succès éclatant de Bruno Rotaillot qui l'emporte avec 74, un peu plus de 74% des suffrages.
11:52A peine plus de 25% pour son adversaire, le président du groupe LR à l'Assemblée nationale,
11:59Laurent Wauquiez, une raclée assez humiliante, il faut bien le connaître pour Laurent Wauquiez.
12:03Pourquoi une victoire aussi large alors que les deux candidats tenaient exactement les mêmes propos ?
12:08Il n'y a pas de différence politique ou idéologique entre les deux sur tous les sujets programmatiques.
12:14Il y avait une différence de fond, c'est le choix fait par Bruno Rotaillot d'être membre du gouvernement,
12:19une différence stratégique, membre du gouvernement Bayrou.
12:22Il est ministre de l'Intérieur, Laurent Wauquiez a semblé tout au long de sa campagne
12:27de critiquer ce choix en décrivant un Bruno Rotaillot empêché, entravé, incapable d'agir ou de réformer.
12:35Est-ce que la question de la participation de LR au gouvernement a été finalement tranchée par ce résultat ?
12:42Voici ce qu'on disait hier soir sur le plateau de TF1 le ministre de l'Intérieur, Bruno Rotaillot.
12:46Cette question est tranchée.
12:48Je considère que s'il ne voulait pas que je sois au gouvernement, alors ça aurait été un des aveux.
12:54Laurent a fait largement sa campagne sur ce sujet-là.
12:57Notre famille politique, elle est à même aujourd'hui de porter notre projet pour la présidentielle.
13:04Je serai un artisan justement de ce succès, en tout cas de ce travail.
13:09J'ai sillonné la France.
13:10Croyez-moi, la France, elle ne penche pas à gauche, elle penche à droite.
13:15J'y suis, j'y reste, place Beauvau, le dit très clairement Bruno Rotaillot.
13:18Il peut se féliciter de ce choix puisque c'est sans aucun doute un des principaux arguments
13:21qui l'a conduit à remporter la présidence du parti.
13:24Mais maintenant, pourquoi faire ?
13:26Est-ce qu'il peut rebâtir une droite forte, indépendante et susceptible de gagner à la présidentielle de 2027 ?
13:31Pourquoi pas d'ailleurs en portant lui-même ses couleurs ?
13:34Ou est-ce que la droite n'est pas toujours tenaillée en quelque sorte entre deux tentations ?
13:38D'une part le bloc central macroniste, avec lequel d'ailleurs collabore de fait Bruno Rotaillot
13:43et on voit qu'Edouard Philippe tend la main déjà à Bruno Rotaillot
13:46pour former un éventuel tandem pour la présidentielle.
13:48Et puis de l'autre côté, évidemment, la tentation, la pression d'un RN qui, dans les sondages,
13:53est aujourd'hui beaucoup plus fort, presque trois fois plus que la droite.
13:58Alors Stéphanie, d'abord sur quand même l'humiliation infligée à Laurent Wauquiez,
14:03il ne s'y attendait pas.
14:03Non, et tous ces partisans hier soir étaient sonnés.
14:06Depuis le début de semaine dernière, plus personne chez Laurent Wauquiez n'y croyaient.
14:10Il y a le meeting de Bruno Rotaillot à Boulogne-Billancourt qui avait réussi à drainer beaucoup de monde
14:13et des gens pas forcément sur la ligne historique de Bruno Rotaillot les avaient convaincus.
14:18Bon, c'était a priori perdu.
14:19Mais un score pareil, personne ne l'aurait imaginé, ni dans les troupes de Laurent Wauquiez,
14:24ni d'ailleurs chez Bruno Rotaillot.
14:25On était assez confiants, mais on était quand même assez surpris d'un tel score.
14:29Et ce qui fait la différence quand même, François-Xavier Bourmeau, c'est la présence de Bruno Rotaillot dans le gouvernement.
14:34Annie Gennevard, qui est la secrétaire générale des LR, disait à cette place il y a quelques minutes,
14:39c'est un premier argument qui a été donné par Bruno Rotaillot.
14:42Je suis aux commandes, moi je suis au pouvoir.
14:44Oui, parce que ce qui comptait dans la candidature de Bruno Rotaillot,
14:48c'était de prouver que la droite pouvait renouer avec la culture de gouvernement.
14:52Depuis Bruno Rotaillot au ministère de l'Intérieur, effectivement, il y a la droite et le retour aux affaires.
14:57Ce n'était pas arrivé depuis plus de dix ans.
15:01Il y a quelque chose qu'il faut souligner.
15:02Ce n'est pas tant la victoire de Bruno Rotaillot qui est importante, mais c'est l'ampleur de sa victoire.
15:07Parce qu'avec cette élection, la droite a renoué avec un élément fondamental de son identité,
15:11qui est la culture du chef.
15:13À droite, il faut que le chef s'impose et fasse plier le genou à son adversaire.
15:17Là, avec 75%, c'est une victoire qui est nette, incontestable,
15:21et qui permet à Bruno Rotaillot, en tout cas à Bruno Rotaillot et à la droite LR qu'il va incarner,
15:27de se débarrasser des querelles de chefs qui agitaient les Républicains depuis le départ de Nicolas Sarkozy.
15:32Ça veut dire que dans les nouvelles orientations, dans la constitution aussi de son bureau politique,
15:38il peut faire sans les désidératas de Laurent Wauquiez.
15:42Pendant la campagne, il a dit qu'évidemment, il tendrait la main, etc.
15:45Mais dans l'entourage de Bruno Rotaillot, on explique qu'il est hors de question de faire un organigramme pléthorique,
15:49comme l'avait fait Éric Ciotti, avec toutes les sensibilités, et on a vu ce que ça avait donné.
15:53Donc, ils allaient prendre la main sur le parti et que l'idée, c'était de travailler.
15:57Alors, pas encore d'être candidat en 2027, il ne le dit pas comme ça.
16:01Il est très prudent, Bruno Rotaillot, mais il dit de faire travailler notre famille politique
16:04et la mettre en ordre de marche pour 2027.
16:08Mais quand même, la question de la place des LR dans le gouvernement,
16:12elle se pose quand on veut incarner la rupture, comme ils le disent, Renaud.
16:15Alors, dès ce matin, d'ailleurs, le maire de Cannes, le maire LR de Cannes, David Lissnard, évoquait le fait,
16:21il disait qu'il ne va peut-être pas pouvoir rester quand même très longtemps au gouvernement,
16:23tout en étant chef du parti.
16:25Toute la difficulté stratégique qui préexistait à ce scrutin interne à la droite,
16:30elle demeure au lendemain.
16:32La droite a retrouvé quelques couleurs depuis qu'elle est revenue au gouvernement.
16:36Elle a gagné quelques élections parcelles, elle est bien placée d'ailleurs pour en gagner une nouvelle
16:39la semaine prochaine lors d'une législative partielle en Saône-et-Loire.
16:42Il n'empêche qu'elle est aujourd'hui, dans tous les sondages,
16:45elle n'atteint pas le second tour de la présidentielle, quel que soit le candidat,
16:48y compris Bruno Retailleau.
16:50Et donc, elle est toujours tiraillée entre ces deux choix,
16:54soit celui de s'allier, soit d'apparaître peu au pro,
16:58comme finalement les descendants, les successeurs du bloc macroniste.
17:02Et on le voit avec la présence de Bruno Retailleau au gouvernement pour encore un certain temps,
17:07jusqu'à quand la question va se poser,
17:10ou l'éventuel ticket qu'il pourrait former ou pas avec Édouard Philippe à terme, etc.
17:15Et puis, la volonté ou le besoin de la droite de récupérer un certain nombre de ces électeurs
17:20qui sont passés au Rassemblement national.
17:22Comment siphonner l'électorat qui est passé à l'extrême droite ?
17:25Or, toute la difficulté aujourd'hui, c'est que Bruno Retailleau,
17:28d'un côté, il a un pied et même les deux pieds au gouvernement,
17:31mais de l'autre côté, il tient le même discours que le Rassemblement national
17:33sur de très nombreux sujets, à l'exception des dossiers économiques et sociaux.
17:38Mais sur le reste, c'est du plagiat, sur tous les sujets régaliens,
17:41avec une difficulté supplémentaire.
17:42On a tous en mémoire le souvenir de Nicolas Sarkozy,
17:45siphonnant en 2007, lors de la présidentielle, l'électorat de Jean-Marie Le Pen,
17:49en tenant un discours extrêmement musclé, en particulier sur les questions régaliennes.
17:52Sauf qu'à l'époque, le rapport de force était inverse.
17:54C'était la droite qui était très nettement devant le Front national.
17:58Aujourd'hui, c'est l'inverse.
17:59Donc, est-ce qu'il ne court pas le risque d'une forme de déchirure,
18:02de déchirure musculaire, entre d'un côté, sa présence au gouvernement,
18:05de l'autre côté, ce discours extrêmement ferme, dur sur les sujets régaliens,
18:11au risque, lui, peut-être de se faire siphonner encore,
18:14une frange de l'électorat de droite, lors d'une présidentielle,
18:16je parle lors d'une présidentielle, par un parti, le RN,
18:19qui aujourd'hui est beaucoup plus fort que LR.
18:22Le grand écart va durer longtemps, François-Xavier ?
18:24Oui, alors il y a plusieurs choses.
18:26Première, effectivement, la question de la présence au gouvernement
18:28va forcément finir par se poser,
18:30parce que la campagne de Bruno Retailleau s'est faite sur les sujets sécuritaires.
18:32Alors, en tant que chef de parti, il faut étendre le jeu,
18:35il faut élargir le jeu, parler de santé, éducation,
18:39enfin, tout un tas de sujets qui vont mécaniquement aller cogner
18:41avec ses collègues du gouvernement.
18:43Donc, à un moment ou à un autre, la question va se poser.
18:45Ensuite, c'est une question de timing.
18:47Pour la question du RN, enfin, de siphonner l'électorat du RN,
18:52ou d'hésiter entre le RN et le macronisme,
18:55il y a quand même un événement fondamental qui a se passé en 2027,
18:58c'est que, pour la première fois depuis dix ans,
19:00il n'y aura ni Emmanuel Macron,
19:02et vraisemblablement pas Marine Le Pen.
19:04Donc, la question de la reconstitution du clivage droite-gauche
19:06va forcément finir par apparaître, par se poser,
19:10avec, si c'est Jordan Bardella qui remplace Marine Le Pen,
19:13un RN qui ne sera pas du tout dans la même configuration,
19:16ne serait-ce que sur le plan interne,
19:19rangé forcément derrière son candidat,
19:21qui jusqu'à présent était extrêmement légitime avec Marine Le Pen,
19:24mais avec Jordan Bardella, ça risque de poser des questions.
19:26C'est pour ça, cette incertitude-là,
19:28elle conduit nombre de personnalités à droite à dire
19:30« il faut faire l'union des droites ».
19:32La question, c'est de savoir jusqu'où elle va, l'union des droites, en fait.
19:35Elle commence à Gérald Darmanin jusqu'à Sarah Knafo,
19:37c'est ce que disait Laurent Wauquiez.
19:39Il y en a d'autres qui disent « non, non, non,
19:40c'est pas jusqu'à Sarah Knafo, c'est bien avant ».
19:42Alors, c'est là-dessus qu'il va y avoir dispute, non ?
19:44C'est là-dessus qu'il va y avoir dispute au parti, les Républicains,
19:47et puis on voit bien que, de toute façon,
19:48comme le dit toujours Édouard Philippe,
19:50la poutre bouge et elle bouge encore,
19:51et elle va bouger encore jusqu'en 2027.
19:53Moi, je pense que là, Bruno Retailleau est décidé à rester au gouvernement.
19:56Qu'est-ce qui va se passer au moment du budget à l'automne ?
19:58Là, ça va peut-être devenir beaucoup plus compliqué.
20:01Hier, Roger Carucci, sénateur soutien de Bruno Retailleau,
20:03disait « les Français se sont attachés à Bruno Retailleau ».
20:06Et c'est une manière de dire qu'être ministre,
20:08ça lui a acquis une popularité et une visibilité
20:10qu'il n'avait pas du tout.
20:12Personne ne connaissait Bruno Retailleau,
20:13même pas chez certains adhérents LR.
20:15Donc là, il a tout intérêt à rester,
20:17mais jusqu'à quand ?
20:18En effet, il est sur une ligne de crête
20:20et on verra à quel moment ça bascule.
20:22Et puis, n'excluons pas non plus que peut-être ça ne dépend pas de lui.
20:25Le gouvernement Bayrou est encore sous la menace d'une censure.
20:28Son problème, c'est quand même d'obtenir des résultats sur ce terrain-là.
20:32C'est-à-dire que le discours, c'est bien,
20:33l'activisme, c'est bien,
20:35les postures, la fermeté,
20:37le fait d'être revenu au gouvernement
20:39remontre justement que la droite peut servir à quelque chose.
20:42C'est ce que disait François-Xavier Bambeau tout à l'heure.
20:44Cette fameuse culture de gouvernement,
20:45c'est de dire, voilà, on n'est pas juste là pour protester,
20:47mais on peut encore être utile.
20:50La difficulté qu'il va éprouver à un moment ou à un autre
20:52vis-à-vis du Rassemblement National,
20:54c'est qu'il va falloir qu'il affiche des résultats
20:56de façon à contenir cette concurrence.
21:00Et on n'en est pas encore là.
21:01C'est-à-dire qu'il doit rester suffisamment longtemps
21:03pour avoir des résultats,
21:05sans y perdre des plumes,
21:06et il doit partir à temps
21:07pour ne pas apparaître
21:08comme simplement le successeur
21:10en filigrane d'Emmanuel Macron.
21:12– Et dans les médias, il y a une question
21:14qui va se poser vraiment très très vite
21:16pour Bruno Retailleau,
21:17c'est la question sur la fin de vie.
21:18C'est un texte auquel il est totalement opposé,
21:21et qui est en ce moment à l'étude au Parlement,
21:23et qui est vraiment là, pour le coup,
21:26fondateur de son identité politique.
21:28– Et c'est vrai que ça sera plus compliqué,
21:29il a déjà dit qu'il y était opposé,
21:31le texte est plutôt bien parti pour passer,
21:33on verra en tout cas,
21:34mais c'est vrai que ça devient plus compliqué
21:36de gérer ça dès lors qu'on est chef de parti.
21:38C'est-à-dire quand il est juste ministre de l'Intérieur,
21:40il peut dire « je suis hostile à ce texte,
21:42mais ça n'empiète pas sur mes responsabilités gouvernementales,
21:44donc voilà, je suis contre, mais tant pis. »
21:47En tant que chef de parti,
21:49c'est plus compliqué de combattre un texte
21:50qui finalement est adopté
21:51avec le soutien du gouvernement auquel on appartient.
21:54– Eh bien, merci beaucoup.
21:54– D'où le risque de déchirure.
21:55– Oui, merci, le pire c'est qu'on visualise.
21:59Merci beaucoup à tous les trois.
22:01Céphanie Despierre, merci,
22:04journaliste politique à LCP.
22:06L'indice est politique, c'est ce soir à 19h30,
22:08l'émission en partenariat avec France Info.
22:09– Oui, l'invité.
22:10– L'invité est Laurent Marc-Angeli,
22:12ministre de la fonction publique.
22:13– Ça marche, François-Xavier Bourmeau,
22:15journaliste à l'Opinion,
22:16on en profite pour jeter un coup d'œil
22:17à la une du jour, à la tête de LR,
22:20évidemment, Retailleau met le cap sur 2027,
22:23c'est-à-dire ce matin dans l'Opinion.
22:25François-Xavier Bourmeau, merci à vous.
22:27Merci à vous Renaud aussi.
22:27– Merci Célia.
22:28– Et les informés du soir, c'est à partir de 20h.
22:31– Sous-titrage ST' 501