À taille humaine, les micro-crèches attirent des parents en quête d’un accueil plus personnalisé. Certaines, comme Les Petites Graines, vont plus loin en intégrant des pratiques écoresponsables : couches lavables, repas bio, produits d’entretien sains… Un modèle durable et duplicable à plus grande échelle ?
00:00L'invité de Smart Impact c'est Sylvie Nourissier, bonjour.
00:09Bonjour Thomas.
00:10Bienvenue, vous êtes la fondatrice du réseau de micro-crèches, les petites graines.
00:14Tiens déjà, c'est quoi une micro-crèche ? Qu'est-ce qui définit une micro-crèche ?
00:17Alors une micro-crèche, c'est un établissement d'accueil de jeunes enfants.
00:21Sa particularité, c'est le nombre d'enfants accueillis entre 10 et 12 enfants par crèche.
00:27Pas plus ?
00:28Non.
00:28D'accord. 10 et 12 enfants. Et les petites graines, c'est quoi ? Je disais un réseau, c'est des franchisés, c'est quoi le principe ?
00:36C'est beaucoup de choses en fait. Les petites graines, c'est un réseau de micro-crèches avec 6 crèches en propre.
00:44Et puis on a ouvert ça à d'autres porteurs de projets, d'autres personnes qui ont envie elles aussi de créer une micro-crèche.
00:52Et on les invite à le faire sous la marque et sous l'enseigne Les Petites Graines.
00:57Donc on les accompagne pendant tout le parcours de création et de gestion.
01:02Donc c'est une franchise qui grandit, on peut dire ça comme ça ?
01:04Alors c'est quasiment une franchise, c'est une licence de marque.
01:08Bon, pas loin.
01:08Voilà, c'est ça.
01:10Ça ressemble à une franchise. Et forcément, qui dit micro-crèches dit question d'actualité sur ce décret qui met fin en partie au régime dérogatoire des micro-crèches.
01:21Elle a été signée le mois dernier et rentrera en vigueur en septembre 2026.
01:26Comment vous avez réagi ? Qu'est-ce que ça change pour vous ?
01:30Alors, ce décret, il était à la fois attendu et craint.
01:35On dérogeait depuis la phase d'expérimentation des micro-crèches de 2007.
01:41Parce que la création des micro-crèches remonte à 2007.
01:47Et donc on dérogeait un certain nombre d'obligations, notamment en termes d'encadrement.
01:54Donc là, nous sommes maintenant logés à la même enseigne que les autres structures d'accueil aux jeunes enfants,
01:59à savoir deux personnes systématiquement pour accueillir les enfants.
02:03C'est ce que vous ne faisiez pas ?
02:06Si on prend votre cas particulier, les petites graines, quel taux d'encadrement vous garantissiez aux parents qui viennent chez vous ?
02:14Alors, déjà, notre obligation légalement, c'est un adulte pour trois enfants.
02:21Et dès que le quatrième arrive, il faut obligatoirement une deuxième personne dans l'équipe.
02:27Donc moi, mes horaires d'ouverture, c'est 7h30, 19h30.
02:30C'est une grosse amplitude horaire.
02:32Donc de 7h30 à 8h, j'avais une professionnelle seule parce que j'avais un, voire deux enfants.
02:39Et puis ensuite, le soir, de 19h à 19h30, il n'y en avait plus qu'une.
02:44Parce qu'exceptionnellement, il y avait un enfant qui était là jusqu'à 19h30.
02:48D'accord. Donc vous adaptez aussi en fonction des horaires et du nombre de bébés dans la journée qui vont être présents dans la crèche.
02:57Là, vous avez 18 mois pour vous adapter. Donc ça veut dire que ça ne va pas être si compliqué que ça ?
03:02Alors, pour moi, ce n'est pas très compliqué parce que j'avais déjà un gros taux d'encadrement.
03:08J'avais beaucoup de personnel. Donc à une demi-heure près, le matin et le soir, ça ne va pas changer.
03:14Mais il y a aussi une question de niveau de qualification du personnel qui rentre aussi dans ce décret qui a été signé en avril dernier.
03:22Oui. C'est là où ça a fait grincer les dents.
03:25Pourquoi ?
03:26Parce qu'en fait, il y a un sentiment d'injustice pour les professionnels de la petite enfance qui ont un CAP, petite enfance.
03:34Et en fait, ces titulaires du CAP ne pourront pas rester seuls avec des enfants.
03:41Alors qu'une auxiliaire de puriculture ou une éducatrice de jeunes enfants, elle peut le faire.
03:46Et donc, c'est vécu comme une injustice par celles et ceux qui ont ce CAP ?
03:50C'est vécu comme une injustice et puis elles ont l'impression qu'on a dégradé leur diplôme.
03:55Alors, je vous invite, parce que vous mettez en place un certain nombre d'actions pour limiter l'impact de vos crèches.
04:01Par exemple, on va démarrer par ce qui est idéalement central dans une crèche, les couches culottes.
04:06Vous avez choisi des couches lavables.
04:08Alors, il faut considérer qu'un enfant va émettre environ une tonne de déchets jusqu'à l'acquisition de la propriété.
04:20Avant d'être propre, 5000 couches jetables, avant d'être propre, ça représente une tonne de déchets.
04:25Alors, si vous multipliez ça par 10 ou 12 enfants par crèche fois 6 crèches, ça commence à avoir un sérieux impact.
04:33Tout en sachant que ces couches jetables qu'on met dans la poubelle, elles sont soit incinérées, soit enfouies.
04:41Il n'y a pas d'autre solution de traitement de ces déchets-là.
04:43Alors, il y a quelques entreprises qui commencent à essayer d'en faire du compost, etc.
04:48Bon, bref, ce n'est pas si simple.
04:49C'est très compliqué.
04:51Et en plus, il faut énormément d'eau pour fabriquer les couches.
04:55Donc, nous, on a pris la décision de passer aux couches lavables, mais en étant très attentives à ce que ça ne représente pas une charge de travail,
05:06ni une charge mentale supplémentaire pour les professionnels de nos crèches.
05:10Donc, ça suppose une logistique dédiée à ça, j'imagine.
05:12C'est ça. J'ai une personne qui, tous les jours, fait sa tournée pour récupérer les couches sales et ramener les couches propres de la journée dans chaque structure.
05:22D'accord. Et donc, c'est une couche... Pardon, je pose des questions vraiment de Béossia, mais une couche lavable, c'est réutilisable combien de fois ?
05:30Comment vous... Parce qu'il y a un modèle économique aussi. Comment vous rentabilisez tout ça, quoi ?
05:34On considère qu'elle peut avoir une durée de vie d'à peu près trois ans.
05:38D'accord. Oui, donc c'est plutôt pas mal.
05:40Mais elles sont examinées...
05:41J'imagine. Est-ce qu'elles sont meilleures pour la santé des bébés aussi ?
05:45Alors, il y a clairement des études qui avaient été faites sur la composition des couches jetables, qui étaient quand même pas clean.
05:54Là, en fait, il n'y a rien dedans. Ce n'est que du tissu. Il n'y a aucun produit chimique. Il n'y a pas de perturbateurs endocriniens.
06:04Pardon, il n'y a rien de tout ça. Donc, en termes de santé, aucun souci, aucun risque.
06:10Alors, autre action, autre levier pour améliorer l'impact de vos crèches, sur les repas des bébés.
06:17Quelle nourriture vous leur proposez ? Quel choix vous avez fait ?
06:20Alors, quand on est aux couches lavables, vous imaginez bien que la nourriture, ça ne peut être que du 100% bio.
06:27Ça a du sens. On a un fournisseur, donc dans les Hauts-de-France, qui ne travaille quasiment qu'avec des producteurs locaux et qui ne fabrique que des repas pour les enfants en crèche et qui est 100% bio.
06:42Ça veut dire que vous avez banni les petits pots de l'industrie agroalimentaire ?
06:46Complètement.
06:47Dès le début ?
06:48Alors, on a ce qu'on appelle un stock tampon. C'est-à-dire qu'on ne sait jamais si le livreur a un problème, une panne de camion sur la route qu'il ne peut pas livrer.
06:58Il faut quand même nourrir les bébés.
07:00Voilà. De pots, d'assiettes, etc. Mais qui sont, elles aussi, 100% bio.
07:04D'accord.
07:05Donc, voilà. Mais sinon, c'est en liaison froide. Donc, ce sont des repas frais livrés tous les jours.
07:11Est-ce que vous disiez le réseau grandit avec une licence de marque, etc. Est-ce que vous tenez aussi cet objectif ailleurs que dans les Hauts-de-France, votre berceau d'origine ?
07:23Alors, pour moi, c'est indispensable de garder tout ce concept lié à une consommation vertueuse. En tout cas, vertueuse, mais qu'on réfléchit.
07:37On ne peut pas toujours tout faire très bien, mais on fait du mieux qu'on peut. C'est l'idée du colibri qui fait sa part. Donc, nous faisons notre part.
07:47Et c'est pour ça, en fait, qu'on reste dans les Hauts-de-France. On ne va pas aller s'étendre au niveau national parce que les Hauts-de-France, c'est une région que je connais bien.
07:55Je connais les politiques locales. Je connais aussi les habitudes des parents, des familles. Et c'est ma zone de confort, oui, clairement. On ne va pas se le cacher.
08:06On continue. Donc, on a parlé des couches, on a parlé des repas. Sur les produits d'hygiène, les produits d'entretien, là aussi, il y a un levier évident.
08:14Alors, moi, je vais penser, on a parlé des déchets. Par exemple, les déchets plastiques. Comment vous réduisez la part de déchets plastiques dans vos crèches ?
08:22Alors, toutes les crèches sont soumises à des règles d'hygiène, vous imaginez bien, assez drastiques.
08:29Et on a, pendant des années, utilisé tous les produits chimiques possibles, imaginables, pour désinfecter.
08:36Il faut que les sols soient désinfectés. Sauf que moi, c'est des produits, par exemple, qui ne me réussissent pas.
08:41Il y a certains produits, je sais très bien qu'ils ont été utilisés et je ne suis pas sûr qu'ils me fassent du bien.
08:46Donc, pour des bébés...
08:47On est bien d'accord. Et les bébés sont encore plus sensibles que nous.
08:51Parce qu'ils sont au sol.
08:52Ils sont au sol.
08:52Ils sont au sol, c'est vrai.
08:53Exactement.
08:54Et alors, moi, il y a quelques années de ça, j'avais déjà des produits qui étaient éco-certes, bio, écolo, enfin bref, avec un tas de labels, et qui étaient concentrés.
09:04Et donc, on les remplissait dans un contenant.
09:08Oui.
09:09Et en remplissant le contenant, j'ai une salariée qui a été brûlée.
09:14Le produit a traversé le t-shirt et lui a brûlé la peau.
09:18D'accord.
09:19Et ce produit était labellisé contact alimentaire.
09:23Et on lavait les sols avec ça.
09:25Et je me suis dit, même si on le dilue beaucoup, etc., comment ce produit qui arrive à brûler à travers un vêtement la peau de ma salariée peut réellement ne présenter aucun danger ?
09:38Donc, vous l'avez remplacé par quoi ?
09:40Donc, on a tout arrêté.
09:41Du jour au lendemain, je suis allée chercher des solutions simples, comme le vinaigre, le vinaigre qui a été reconnu comme un biocide, qui est un fongicide, du savon noir.
09:53Enfin bref, les choses de grand-mère, finalement, qui marchent très bien.
09:56Et puis, on ne va pas s'arrêter là.
10:00On a des produits de bonne qualité, naturels.
10:03Et il y a toujours la question du plastique, avec tous ces bidons, ces contenants qu'on utilise et qui prennent énormément de place aussi dans nos armoires.
10:11Donc, en fait, j'ai aménagé une centrale d'achat dans un des garages qu'on avait d'une des crèches.
10:20Et là, en fait, on travaille avec un fournisseur français de produits naturels aussi pour l'entretien de la crèche, mais aussi pour les cosmétiques qu'on utilise pour les enfants.
10:34Et en fait, on est livré en flux de 20 kilos.
10:37Et vous remplissez ?
10:38Et on remplit.
10:39D'accord.
10:39C'est du vrac, tout simplement.
10:40Et bien, c'est exactement ça.
10:42C'est la centrale d'achat en vrac.
10:43Merci beaucoup, Sylvie Nourissier.
10:45Bon vent à vos petites graines.
10:47On passe à notre débat, à la croissance des énergies renouvelables en question.