00:0018h39 de retour dans Punchline sur CNews et sur Europe 1, on va évoquer l'Algérie puisque hier l'Algérie a décidé d'expulser d'autres fonctionnaires français selon des sources diplomatiques françaises, cela a fait dire notre ministre des affaires étrangères que c'est une décision qu'il déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt d'Algérie ni dans l'intérêt de la France, dont acte.
00:25Écoutons plutôt Xavier Gray en cours, ancien ambassadeur de France en Algérie qui était ce matin, qui était à midi, pardon, l'invité de Sonia Mabrouk, écoutez.
00:32On fait preuve de bienveillance spontanée vis-à-vis de l'Algérie donc on les excuse a priori, ce qui explique aussi toute notre absence de réaction depuis le mois de juillet dernier parce qu'on excuse a priori le gouvernement algérien de toutes les fautes qu'il commet.
00:49Pendant des années et des années, nous avons montré à l'Algérie que nous ne réagissions pas. Alors aujourd'hui que nous voulons réagir, où il y a quelques semaines le gouvernement avait pris des positions fermes en expulsant donc 15 ou 12 Algériens, 12 diplomates algériens,
01:07évidemment ça provoque une nouvelle crise avec l'Algérie parce que l'Algérie ne s'attendait pas à ce qu'on réagisse. Donc je me demande s'il n'est pas un peu tard.
01:15Voilà, pour Xavier Yenot, il est trop tard ou pas ?
01:19Il n'est jamais trop tard pour bien faire, évidemment. La psychologie que nous avons entretenue dans le rapport avec l'Algérie ne nous est pas très favorable mais ces histoires de renvoi d'ambassadeurs, de diplomates,
01:33elles sont classiques. Il n'y a pas que vis-à-vis des Algériens. Combien de fois a-t-on expulsé des diplomates américains ou des diplomates russes ?
01:43Tout le monde est gestionnant tout le monde et tout le monde commettant des actes de barbouserie puisque c'est le mot de revenir à la mode.
01:51Donc là, la solution, mais ça doit être immédiate. C'est-à-dire qu'on renvoie des fonctionnaires, on renvoie des Algériens.
01:57Après, vous connaissez ma position. Nous n'avons pas de moyens de coercition sur le gouvernement algérien pour les obliger à reprendre nos OQTF, etc.
02:08Donc voilà, on a des moyens pour faire mal aux Algériens, aux Franco-Algériens, mais sur le gouvernement qui lui-même a pour principal allié la Russie,
02:22qui le fournit en armes et pas qu'en armes. Et que nous ne pouvons pas isoler sur la scène internationale.
02:29Donc occupons-nous des visas, occupons-nous de nos frontières, occupons-nous de savoir ce que nous faisons des gens que nous ne pouvons pas renvoyer,
02:37que ce soit en Algérie ou ailleurs. Peut-être que ça ira mieux, mais ça demande là aussi des choix politiques très importants.
02:43C'est très important. Agir sur ce sur quoi nous pouvons directement agir.
02:48Et ne pas essayer de... Alors après, moi j'ai une question quand même qui me travaille et que je n'ai jamais osé poser jusqu'à présent.
02:55C'est que l'histoire de l'influenceur enlevé, qui a entraîné l'arrestation, la mise en cause en tout cas d'un employé, d'un consulat, d'un agent consulaire algérien.
03:07Moi, j'ai quand même un peu de mal à comprendre pourquoi cette affaire vieille d'un an est sortie à ce moment-là.
03:13Je pose la question, chacun y répondra comme il voudra.
03:17Je ne suis pas sûr que ça nous permette de libérer rapidement Boalem Sansal à un moment où peut-être la chose paraissait possible.
03:27Voilà, je ferme cette parole.
03:28Pierre Vermeuren, rapidement sur l'Algérie, après qu'on parle de l'Ukraine.
03:31Il faut accepter l'idée, je pense, en tout cas jusqu'à la fin de la présidence Macron,
03:34puisqu'il y a eu un tournant qui s'est opéré il y a un an vis-à-vis de l'Algérie.
03:39Ça risque d'être sans retour.
03:41Parce qu'il y a une partie, si vous voulez, de l'appareil d'État algérien qu'on ne connaît pas,
03:44qui n'est pas identifié, mais qui effectivement est ailleurs.
03:47Elle est partie avec les Russes, avec les Chinois, avec les Iréliens, qui gouverne, qui est très puissant,
03:51et qui au fond est ennuyée par cette relation avec la France.
03:54Donc chaque événement est pris pour prétexte pour une nouvelle crise, pour un nouveau cran.
03:59Alors cette fois-ci, on nous a dit, c'est formidable, il y a 30 élus de gauche et du centre
04:04qui vont commémorer le 8 mai.
04:06Le lendemain, il y a un article, et la conséquence, c'est qu'Alger expulse à nouveau
04:10une douzaine ou une quinzaine de fonctionnaires, pour des raisons diverses.
04:14Mais voilà, à chaque fois, si vous voulez, Bohème Selçal devait être libéré.
04:17Il n'est pas libéré, etc.
04:19Donc l'ambassadeur ne reviendra pas, ni le nôtre ni le leurre.
04:23Donc il y a une partie de l'appareil d'État hostile.
04:26Bon, c'est aux Algériens de se mettre d'accord entre eux.
04:28Après tout, s'ils veulent rompre avec la France.
04:30Mais à ce moment-là, il faut que la France aussi en tire des conséquences.
04:33Pour l'instant, on est dans une position d'attente, de manque de...
04:37C'est difficile parce qu'il faut être très à la fois lucide,
04:40avec des gens qui ne parlent pas, ils ne communiquent pas.
04:43Il y a des faits, mais il n'y a pas de communication.
04:44C'est ça.
04:45Il faut deviner.
04:46Rapidement, Joseph et Louis, vite.
04:49Moi, je serais d'accord pour que, aussi, l'Algérie,
04:51on rende coup pour coup, mais du point de vue, pardonnez-moi,
04:56du point de vue du discours, du point de vue de la déstabilisation,
05:00parce que j'en ai assez qu'on nous parle.
05:02Par exemple, vous voyez la presse algérienne.
05:05La presse algérienne dit que les nationalistes bretons doivent être respectés.
05:09Mais alors moi, maintenant, je ne rate aucune occasion de dire
05:11que je souhaite l'indépendance de la Kabylie.
05:13Mais ça, dire ça aujourd'hui en France, vous ne pouvez pas.
05:17Parce que les quais d'Orsay, au secours.
05:19Avant, on savait faire.
05:20Les Anglais savent faire ça.
05:21Les Allemands savent faire ça.
05:22Les Italiens savent faire ça.
05:23Mais nous, en France, bizarrement, nous ne savons pas.
05:25De même en histoire, par exemple.
05:27On veut parler de l'histoire.
05:27Alors, chiche, il y a eu un rassemblement sur les massacres de Sétif.
05:31D'accord.
05:32Parlons de Sétif.
05:33Parlons de 45.
05:34Mais parlons aussi de la brigade nord-africaine.
05:36La brigade nord-africaine de M. Saadi,
05:39qui était un nationaliste algérien,
05:41qui collaborait avec la Gestapo et qui a tué des résistants.
05:43Donc, allons jusqu'au bout.
05:44On veut parler de l'histoire ?
05:45Chiche, parlons de l'histoire.
05:46Mais qui le fait ?
05:47Certainement pas M. Benjamin Stora.
05:49D'accord.
05:50Louis Dragnet, dernier mot là-dessus.
05:51Moi, ce qui continue de me sidérer, c'est comment est-ce qu'Emmanuel Macron a pu croire un instant
05:56qu'il allait obtenir gain de cause avec les autorités algériennes ?
05:59Comment est-ce qu'Emmanuel Macron a pu penser un instant qu'il allait pouvoir convaincre,
06:03faire plier le président Tebboune, alors que tous les indicateurs,
06:07tous les spécialistes et les faits nous montraient que c'était absolument impossible ?
06:10Et je trouve que cette forme de naïveté de la part du président de la République est extrêmement coupable.
06:15Je pense qu'on a perdu énormément de temps.
06:17Ce sujet, en réalité, aurait pu être la question algérienne.
06:21En tout cas, les relations avec la France, ça aurait pu être réglé il y a très longtemps.
06:24Et on a perdu du temps.
06:26Ils ont un agenda algérien, les Algériens.
06:27T'as pas un agenda algérien, il n'a pas un agenda français.
06:30Non, mais le problème, c'est que nous, on a du mal à les comprendre.
06:33Eux, ils savent très bien comment on fonctionnait.
06:35Et nous, moi, j'ai l'impression qu'on arrive à Emmanuel Macron et qu'on retourne.
06:38Le problème, c'est que Macron n'a pas un agenda français, non.
06:39Pour avoir essayé de comprendre, jadis, quand j'avais des responsabilités qui me permettaient d'essayer de le faire,
06:47comment fonctionnait le système de pouvoir algérien, je dois dire que c'est absolument indéchiffrable.
06:52Voilà, c'est en tout cas pour nos services de renseignement.
06:55Mais une chose est sûre, en tout cas...
06:56À un moment, vous devenez lucide, vous ne perdez pas de lucide.
06:59Emmanuel Macron a perdu sa lucidité à un moment donné sur la question d'Algérie.
07:03Comment ?
07:04Sur le seul sujet, Louis ?
07:05Non, mais là, Henri, on parle de l'Algérie.
07:08Tout a été faux, tout a été faux.
07:10Le travail de mémoire, c'est intéressant, s'il était équilibré, c'est-à-dire si chacun...
07:13Parce que là, tout ce qu'on a fait, c'est apprendre à certains de nos enfants,
07:17puisqu'ils sont devenus nos enfants, à haïr le pays qui est désormais le leur.
07:22Donc, c'est quand même, on a tout raté.
07:24Et ça, c'est nous qui l'avons raté.
07:25C'est de la provocation, bien sûr.
07:26C'est de notre faute.
07:27C'est de notre faute.
07:27Mais on continue de tendre la main.
07:30On continue de dire qu'il faut encore plus.
07:32Il ne s'agit pas de faire plier le président Tebboune,
07:34qui n'est que le paravent du pouvoir.
07:36Absolument.
07:36Donc, c'est pour ça que c'est très compliqué.