00:00Dans l'actualité également, je voulais vous faire réagir, messieurs, sur des textes débattus à l'Assemblée,
00:05évidemment, qui sont attendus avec beaucoup de crispations par certains.
00:09Le premier, donc, qui fait consensus, manifestement, sur le développement des soins dits palliatifs et d'accompagnement.
00:16Et le second, légalisant une aide à mourir à de strictes conditions.
00:21On doit s'attendre clairement à des débats houleux.
00:23Olivier Dartigol, on se souvient que ça avait déjà été...
00:26Difficile, cela sera difficile dans l'hémicycle.
00:30Notons, pour commencer, une très grande dissonance, pour ne pas dire une cacophonie, au sein même de l'exécutif.
00:37Car sur ce week-end, et encore ce matin, si vous prenez les expressions, les interventions publiques de Mme Catherine Vautrin,
00:44qui soutient le texte sorti de la commission, tout en voulant, à l'initiative du gouvernement,
00:52resserré sur deux sujets, dont celui qui fait qu'on ne peut pas mettre au même plan le suicide assisté avec l'euthanasie,
01:00c'est l'un des sujets, et sur le fait aussi que ça soit vraiment en dernier recours,
01:06notamment que les personnes puissent toutes avoir bénéficié d'un accompagnement en soins palliatifs.
01:12Mais la moitié du territoire français n'est pas dotée de soins palliatifs.
01:15Oui, mais ça c'est un grave problème, parce que la loi Claes-Léonetti, qui était un joyau législatif,
01:22aurait dû, bien évidemment, pour notre pays, développer ses soins palliatifs partout dans le pays.
01:29Quelle que soit votre situation, votre lieu de résidence, vous devriez pouvoir être pris en charge aujourd'hui dans les soins palliatifs.
01:37Et d'ailleurs, les chefs de service des soins palliatifs, leur intervention dans le débat sur l'aide à mourir a été précieuse au cours des derniers mois,
01:44disent qu'une personne qui peut, à un moment donné, face aux souffrances, exprimer cette volonté d'en finir,
01:52reformule les choses bien différemment après avoir été soulagée sur le plan physique, mais aussi sur le plan psychique.
01:58Donc, Bruno Rotaio a eu ce week-end des mots très durs concernant ce texte.
02:02Il n'y aura pas de problème sur le premier texte, c'est-à-dire sur les soins palliatifs.
02:05Il y a un vrai sujet sur le second texte, l'aide à mourir, avec peut-être l'absence de majorité à l'Assemblée.
02:12Et je rajoute une dimension, nous ne savons pas aujourd'hui si Emmanuel Macron ne va pas prendre l'initiative de soumettre cette question
02:19sous une forme ou de référendum ou de votation citoyenne.
02:23Là encore, il apportera peut-être des réponses demain soir.
02:26Yvan Riaufol, plus de quoi, 3300 amendements, je crois, c'est dire les doutes quand même qu'il y a sur ce texte et les zones d'ombre.
02:36Oui, le doute, c'est en effet effectivement le mot que je retiendrai également,
02:39de voir que le doute s'est installé dans le débat public qui jusqu'alors était considéré comme étant quasiment réglé,
02:44en tout cas par ceux qui militaient pour l'euthanasie, enfin pour le suicide assisté et pour l'euthanasie.
02:48Aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a eu quand même une sorte de réflexion, de non-réflexion qui a été portée,
02:57non pas sur la politique de suivi des malades naturellement, qui doit être continuée,
03:05parce qu'il y a quand même maintenant 21 départements qui n'ont pas accès à ces soins palliatifs-là.
03:11Donc c'est un véritable scandale, mais on s'est rendu compte que derrière cette politique...
03:14Ça trompe le débat d'ailleurs, parce que c'est fait.
03:17C'est deux débats différents, dans le fond.
03:19Mais non, mais quand on n'a pas accès aux soins palliatifs, il est peut-être plus...
03:24C'est précisément, c'est là où je veux en venir, c'est qu'on a vu apparaître aujourd'hui,
03:28derrière ce qui était considéré comme une mesure humaniste, une mesure absolument inhumaine,
03:32qui était celle de vouloir éliminer, dans le fond, les improductifs, les vieux.
03:36On avait vu comment les vieux avaient été traités durant le Covid, où on les avait laissés mourir dans les EHPAD,
03:40et effectivement d'inciter à mourir tous ceux qui n'ont pas les moyens, dans le fond,
03:47d'avoir à supporter des fins de vie qui sont naturellement beaucoup plus coûteuses.
03:51J'entendais que...
03:52C'est assez tabou d'ailleurs, Yvan Riaufol, ce que vous faites bien de le souligner.
03:56Beaucoup de... On l'entend ici ou là, d'ailleurs, au Canada,
03:59à 58% des personnes qui demandent l'euthanasie sont souvent des classes défavorisées.
04:04Mais on l'entend assez peu.
04:06Vous avez des dérives qui ont été constatées dans l'Oregon,
04:08vous avez des dérives qui ont été constatées un petit peu partout au Canada,
04:11également en Belgique, où l'on voit que ce sont les plus pauvres,
04:14qui, dans le fond, sont devenus...
04:16Parce qu'ils ne veulent pas déranger, parce qu'ils ne veulent pas être une charge pour leur famille,
04:19parce qu'ils en ont marre, parce qu'ils sont trop pauvres, dans le fond,
04:22et qui sont les premiers à accepter, dans le fond,
04:24cette élimination d'une société dans laquelle ils n'ont plus leur place.
04:27Or, c'est absolument horrible, c'est inhumain, c'est barbare.
04:31Pour reprendre un terme que nous avons évoqué tout à l'heure,
04:33la barbarie, c'est aussi cette manière de ne plus vouloir respecter les vieux,
04:37et de vouloir accélérer une fin de vie,
04:39au prétexte que cette fin de vie coûte plus que la vie ordinaire.
04:43J'ai entendu cette statistique, je ne sais pas si elle est vérifiée,
04:45que la fin de vie coûterait, chez les six derniers mois,
04:49aussi cher à la société que la vie totale qui avait été passée.
04:52Souvent les mutuelles jouent un rôle, d'ailleurs.
04:54Et comme par hasard, ce sont les mutuelles qui sont les premières à réclamer,
04:58effectivement, cette mesure dite humaniste du suicide assisté et de l'euthanasie.
05:03Donc c'est un débat dégoûtant, dans le fond, c'est un débat horrible,
05:06qui ne s'était pas posé sur ces questions économiques et sociales,
05:10mais sur des questions prétendument éthiques,
05:12avec une perte de vue de ce qu'était le bien, le mal et l'éthique en règle générale,
05:16car, dans le fond, on vous a invité à tuer ceux qui ne servent plus à rien,
05:21et c'est indéfendable.
05:22Et je pense que les esprits sont maintenant ébranlés,
05:24et que l'on comprend qu'effectivement, il faut revenir et généraliser, bien sûr,
05:27les soins palliatifs qui, eux, permettent un endormissement sans douleur et d'une manière humaine.