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00:00On revient sur ces votes hier par l'Assemblée nationale, l'Assemblée qui a validé les textes concernant les soins palliatifs d'une part et l'euthanasie, le suicide assisté de l'autre.
00:10Alors, on rappelle que c'est le début d'une navette parlementaire à la durée incertaine, ça va aller maintenant au Sénat.
00:16Le match n'est pas encore plié, si j'ose dire. Bon, c'est pas très élégant de s'exprimer ainsi, mais enfin...
00:22Alors, les opposants sont vent debout, notamment concernant le délit d'entrave à l'aide à mourir, qui cristallise beaucoup d'opposition.
00:29Je vous propose d'écouter Éric Ciotti, chef de file des députés UDR, il était sur France Inter ce matin.
00:35Il n'y avait pas de discipline de groupe, sur un sujet comme cela, chacun vote comme il le souhaite.
00:40Mais ce qui a fait basculer ceux qui hésitaient, c'est l'introduction de ce délit d'entrave.
00:46Et là, on rentre dans une logique extraordinairement différente.
00:49Parce qu'une société, elle doit protéger la vie.
00:52Toutes nos lois, toutes les sociétés développées, c'est protéger la vie.
00:57Éviter qu'on note la vie, c'est le sens de la loi commune.
01:00Et là, on rentrait dans une logique inverse.
01:03Non seulement on autorise à donner la mort, dans des conditions encadrées,
01:07mais on va condamner ceux qui veulent que la vie subsiste.
01:14Et ce délit d'entrave a fait basculer certains dans le contre.
01:18Nathan Devers, c'est vrai que ce délit d'entrave inquiète notamment parmi les soignants.
01:24Oui, mais qu'il puisse s'inquiéter de toutes les manières.
01:27C'est une loi qu'il faut faire.
01:29Moi, je suis plutôt favorable.
01:31Mais qu'il faut faire d'une main tremblante.
01:33Parce qu'on change quelque chose de très important,
01:35qui est notre rapport à la vie, à la mort, aux derniers instants, à la médecine.
01:37C'est une loi qui va avoir des conséquences métaphysiques.
01:39Ça a assez tremblé pour vous, la main ?
01:41Je crois que les débats qui ont eu lieu à l'Assemblée étaient de bonne tenue.
01:46Même si à un moment, il n'y avait pas beaucoup de députés dans l'hémicycle.
01:48Il y a eu des arguments, ils ont été entendus.
01:51Et c'est un sujet, encore une fois, qui est extrêmement sensible.
01:53Maintenant, il y a une chose qui me semble centrale.
01:55Cette loi, elle respecte évidemment la liberté du patient.
01:59Ça veut dire qu'il ne s'agit absolument pas de faire mourir des gens
02:04ou de détruire des vies contre leur liberté.
02:09Et évidemment, il s'agit de dire que chacun et chacune peut,
02:13dans les dernières heures de sa vie, dans les dernières semaines,
02:16dans les dernières périodes de sa vie,
02:17quand il est confronté à des maladies qui sont absolument terribles,
02:21décider en conscience, et selon la situation qu'il traverse,
02:25la fin qu'il veut avoir.
02:28Et à partir de là, en respectant la liberté du patient,
02:31qu'on envisage un délit d'entrave,
02:33ça veut dire quelqu'un qui viendrait dire
02:34le patient a expressément demandé de faire cette décision
02:37et on fait l'inverse, dans un sens comme dans l'autre.
02:40J'allais le dire.
02:40Dans un sens comme dans l'autre, évidemment.
02:42Oui, parce qu'on est dans un monde de bisounours,
02:44mais ça part du principe que tout le monde serait extrêmement bienveillant.
02:49On sait que dans certaines sociétés, malheureusement,
02:52le malade est un poids, est un fardeau.
02:55Alors, je ne vais pas être cynique et pessimiste sur la nature humaine,
02:59mais enfin, entraver peut-être quelqu'un qui aurait...
03:02Non, mais ça arrive de vouloir toucher un héritage,
03:05de se débarrasser, entre guillemets.
03:08Personne n'en parle de ça.
03:09Stéphanie, vous mettez le doigt sur quelque chose de très important,
03:13c'est que cette loi a été rédigée par des personnes bien portantes,
03:17des personnes qui n'ont jamais connu ce sujet-là.
03:19Moi, j'ai été beaucoup heurté par les débats à l'Assemblée nationale,
03:22d'abord, parce que c'était des débats très techniques,
03:26pas vraiment éthiques, pas vraiment philosophiques.
03:29Et à ce titre-là, je n'ai pas l'impression que les débats étaient d'une bonne tenue.
03:34Deuxièmement, on a quand même des députés,
03:37bon, je ne remets pas en cause la représentation nationale,
03:39ni même la légitimité d'un élu,
03:41mais quand le rapporteur, qui est professeur d'histoire-géographie,
03:44donne des leçons à un député qui est opposé à ce texte-là,
03:48qui est M. Juvin, qui est médecin argentiste,
03:51et qui connaît ce sujet sur le bout des doigts,
03:53parce que ça fait 20 ans qu'il fait ça,
03:55bon, je n'ai pas l'impression que ça se soit déroulé en bonne tenue.
03:57Ensuite, sur le délit d'entrave,
03:59je n'aimerais pas qu'on se focalise seulement sur cet article
04:04qui est en réalité très symbolique.
04:06Le sujet, c'est ce basculement anthropologique
04:08qui va faire qu'on entre dans une société différente.
04:12Ce droit à mourir, d'ailleurs qui est une euphémisation,
04:14puisqu'en réalité, les députés ont voté pour le suicide assisté,
04:17et pour l'euthanasie, il va nous faire basculer dans une société qui n'est pas la nôtre.
04:21J'entends beaucoup, et je ne conteste pas ceux qui nous disent
04:25« j'ai envie de choisir ma mort, mon droit à mourir ».
04:27Le problème, c'est qu'on n'est pas du tout dans cette société-là.
04:29Quand vous prenez votre voiture, Stéphanie,
04:31vous êtes obligés de mettre votre ceinture de sécurité.
04:33Ça, c'est la loi qui vous l'oblige, c'est la société qui vous l'oblige.
04:35Quand je prends mon scooter, je suis obligé de mettre mon casque.
04:37Les drogués ne peuvent pas consommer certaines drogues qui sont interdites.
04:40On a été obligés de se vacciner pour certains vaccins.
04:42D'ailleurs, on est obligés de se vacciner pour certains vaccins.
04:44Donc, on n'est pas dans la société de « je fais ce que je veux,
04:47j'ai le droit de choisir la mort, j'ai le droit de choisir tout ».
04:49On n'est pas du tout dans cette société-là.
04:51Et c'est pour ça que je trouve que cette loi est terrible,
04:53c'est qu'elle nous fait basculer dans une autre société,
04:55et moi, je n'ai absolument pas envie d'y appartenir.
04:57Nathan Devers.
04:58Oui, je ne suis pas d'accord du tout avec votre comparaison.
05:01Parce qu'on ne parle pas de gens qui veulent mettre leur vie en danger,
05:04comme un automobiliste qui dirait « je vais conduire sans ceinture de sécurité ».
05:07On ne parle pas de ça.
05:08C'est la liberté individuelle.
05:10Non, mais il y a quand même des témoignages qui sont aussi nombreux,
05:13de gens qui ont des maladies touchant du bois,
05:16qui sont abominables,
05:18qui savent que de toutes les manières,
05:20ils sont condamnés et qui vivent des énormes souffrances.
05:22Je pense que certains en connaissent peut-être dans leur entourage,
05:25dans leur passé, des gens qui ont dit
05:27« là, je traverse des souffrances qui sont insupportables ».
05:30Et je ne conteste pas la souffrance de personne.
05:33Le certain point d'accord que nous aurons,
05:34peut-être même si moi je suis sur la position inverse de vous,
05:37c'est que je pense que d'abord,
05:39cette loi doit reposer sur la liberté,
05:41et deuxièmement,
05:41que là où il y a aussi un point aveugle,
05:43c'est la situation de l'hôpital public et des soins palliatifs.
05:46Bien sûr.
05:46Et évidemment que là,
05:48ça veut dire pour les gens qui font la décision...
05:49Il y a eu zéro vote contre les soins palliatifs.
05:51Bien sûr.
05:51N'attendez-moi,
05:52je voudrais aussi vous faire écouter Cédric Chalret,
05:54du Rieux, président de l'Ordre Malte-France,
05:57qui dénonce ce texte.
05:58C'est une association qui s'occupe des pauvres,
06:00et écoutez ce qu'il dit.
06:01Notre objectif,
06:03c'est de venir en aide aux pauvres et aux malades.
06:04Et nous pensons,
06:05à l'ordre de mal,
06:06que ce texte de loi
06:07va concerner les pauvres et les fragiles.
06:09Je suis triste parce que
06:10la devise de notre pays,
06:11c'est liberté, égalité, fraternité,
06:13et qu'aujourd'hui,
06:13je pense que la liberté,
06:15elle n'existe pas.
06:16Il n'y a pas vraiment de choix.
06:17Quand vous avez 50% des Français
06:18qui n'ont pas accès aux soins palliatifs,
06:20quand vous avez 20 départements
06:21qui sont dépourvus d'unités de soins palliatifs,
06:24quel est le choix que vous donnez
06:25véritablement aux gens ?
06:27Ces départements,
06:28le Lot, l'Ardèche, les Vosges, Mayotte,
06:31les députés qui ont voté ce texte aujourd'hui,
06:34quels sont les choix qu'ils ont donnés
06:36à leurs concitoyens dans leurs circonscriptions ?
06:38Au micro de Pierre de Villeneuve,
06:40hier sur Europe 1 soir,
06:41c'est un vrai sujet,
06:42ça n'attend de verre.
06:42Mais là, il y a un argument que j'entends.
06:44Ça veut dire,
06:45le modèle société pour lequel je suis favorable,
06:47c'est un modèle où chacun choisit ce qu'il veut,
06:50et les deux choix sont respectés.
06:52Et en l'occurrence,
06:52il faut aussi entendre
06:53que ceux qui veulent rester vivants jusqu'au bout,
06:56etc.,
06:56il faut qu'il y ait une médecine
06:57qui soit à la hauteur,
06:58et il faut qu'il y ait des soins palliatifs
07:00qui soient à la hauteur.
07:01Ce qui, on va le dire clairement,
07:02aujourd'hui n'est pas le cas en France,
07:05n'est pas suffisamment le cas en France,
07:06et là, vous avez une situation qui est indigne.
07:09Cette liberté-là,
07:09je pense qu'il est central
07:10d'avoir avec une forme de respect,
07:12de dire que dans les deux cas,
07:14la liberté du patient doit être respectée
07:16avec une médecine qui est à la hauteur.