Un avion français pris pour cible par un radar de l'armée russe en mer Baltique

Sud Radio

18/01/2025

Avec Xavier Tytelman, ancien aviateur militaire et rédacteur en chef du magazine Air et Cosmos

On décrypte le monde, tous les samedi matin à 8h16.

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##ON_DECRYPTE_LE_MONDE-2025-01-18##

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00:00SUDRADIO en décrypte le monde.

00:03Direction la mer Baltique. Tensions vivent entre l'armée française et l'armée russe.

00:10Un acte agressif russe inacceptable, c'est ce qu'a dit le ministère des armées

00:14après qu'un avion français militaire de patrouille sur la mer Baltique

00:18eût été ciblé par un radar de conduite de tir russe.

00:22On en parle avec notre invité Xavier Tittleman. Bonjour.

00:25Bonjour.

00:26Bienvenue sur SUDRADIO. Vous êtes toujours le bienvenu.

00:28Ancien aviateur militaire, rédacteur en chef du magazine Air & Kosmos.

00:33Un avion de patrouille militaire français sur la mer Baltique

00:37ciblé par un radar de conduite de tir russe, ça veut dire quoi pour un néophyte comme moi ?

00:42Ça veut dire que vous avez un radar russe qui a accroché l'avion,

00:46c'est-à-dire qu'il a désigné et l'objectif normalement

00:48c'est de fournir les informations de positionnement de l'avion pour un missile.

00:52C'est comme si vous aviez le pointeur rouge laser d'un sniper sur le front

00:56et que vous ne savez pas si la balle va partir.

00:58Et c'est quelque chose évidemment qu'on ne fait pas.

01:00Déjà on ne le fait pas entre amis, même dans les exercices

01:03parce que ça veut dire qu'on peut se faire tirer dessus

01:05et encore moins dans une zone de tension comme celle-ci.

01:08Oui, ça rappelle un autre accident très grave il y a quelques années

01:10entre la marine française et la marine turque dans la Méditerranée

01:13où effectivement un des bateaux français avait été éliminé par un navire turc.

01:20Revenons à la Russie. Pourquoi les Russes ont fait mine de menacer d'abattre cet avion ?

01:25C'est une répétition de leur part.

01:26En décembre, ils ont tiré au canon sur un hélicoptère allemand qui passait dans la zone.

01:31En septembre 1922, ils ont tiré avec un Sukhoi-27, un avion de classe russe

01:35qui a tiré sur un avion RC-135 à chaque fois.

01:37On parle évidemment dans les zones internationales,

01:39dans les endroits où tout le monde a le droit de se trouver.

01:41Donc c'est une répétition d'agressivité de la part de la Russie

01:45jusqu'à... on a de la chance.

01:46Par exemple, quand ils ont tiré sur l'avion anglais,

01:48le missile n'a pas fonctionné, c'est les Russes qui le disent.

01:51On a tiré par erreur et le missile n'a pas fonctionné, tournez pour nous.

01:54Mais c'est une répétition pour eux.

01:56C'est simplement une agressivité qu'ils ont partout autour de leurs frontières.

01:59Alors bon, je vais me faire un peu l'avocat du diable

02:01parce que c'est l'argument qui sera opposé, notamment sur les réseaux sociaux.

02:04Vous allez y répondre.

02:05Que faisait donc un avion français dans la mer Baltique à quelques mille marins des eaux russes ?

02:10Alors déjà, on est dans les eaux estoniennes, lituaniennes.

02:14On est plutôt proche de nos alliés.

02:16Ça, c'est pour les pays que l'on défend dans le cadre de l'Union européenne et de l'OTAN.

02:21Mais c'est surtout que la Russie a détruit les câbles.

02:24C'est-à-dire qu'elle vient, dans cette zone, accrocher des câbles sous-marins

02:27qui sont pour nos communications internet,

02:29qui sont également pour l'électricité qui est passée dans certains de ces câbles.

02:33Et il y a une répétition avec deux, trois, quatre câbles qu'ils ont détruits.

02:36Et un autre bateau qui tentait de le faire a été intercepté par la Finlande.

02:40Et donc, il faut qu'on fasse des patrouilles dans la zone

02:42pour éviter que la Russie continue à détruire nos infrastructures.

02:45C'est eux qui ont cette agressivité.

02:47Notre présence sur place, c'est pour éviter du sabotage de nos propres infrastructures vitales.

02:51Donc, vous êtes en train de me dire que l'armée française, pas toute seule,

02:54participe à la surveillance de la mer Baltique

02:57pour empêcher les Russes de saboter nos infrastructures

03:00et que les Russes nous menacent d'abattre nos avions

03:02si nous les empêchons de saboter nos propres infrastructures.

03:06Exact. Mais si l'agressivité russe s'arrêtait là, ce ne serait pas un problème.

03:10Ils violent nos espaces aériens.

03:12Ils n'arrêtent pas.

03:13Jusqu'à l'apothéose, je ne sais pas pourquoi on en a si peu parlé,

03:16mais en 2022, ils ont violé l'espace aérien suédois

03:20avec un avion, sous les ailes, il y avait une bombe atomique.

03:24On l'a intercepté, on l'a regardé, on a vu qu'ils avaient volé avec une bombe atomique

03:27dans l'espace aérien d'un pays européen.

03:30Et cette répétition d'agressivité, juste nous cibler,

03:33mais ce n'est pas juste. C'est-à-dire qu'ils n'auraient plus à battre l'avion

03:35qu'ils étaient en train de se préparer à le faire.

03:37Et puis ce viol systématique des frontières de l'Allemagne, de la Pologne, de la Roumanie,

03:41c'est quelque chose qui n'est plus acceptable.

03:42Mais comme on n'a jamais réagi contrairement aux Turcs en 2015

03:45quand ils ont abattu un avion russe qui avait violé leur espace aérien,

03:48comme nous on n'a jamais réagi, et bien ils vont toujours plus loin.

03:51Alors on est dans une tension entre une puissance nucléaire

03:55et une alliance qui compte trois puissances nucléaires.

03:58Quelles sont les règles ? Imaginons qu'à un moment un tir parte trop vite,

04:01soit du côté d'ailleurs de l'OTAN pour se défendre,

04:03soit du côté des Russes.

04:05Quelles sont les règles ?

04:06Est-ce que ça voudrait dire qu'on serait tout de suite dans une situation de guerre ?

04:09Ou il y a encore des gardes fous ?

04:12C'est une question de réaction.

04:15Là, en l'occurrence, l'Atlantique 2, cet avion,

04:18il a des capacités pour se défendre.

04:20Il a des missiles antinavires.

04:21Donc si c'est un navire qui nous vise, on peut le détruire.

04:24On peut lancer des torpilles,

04:27on peut lancer des bombes qui sont à 70 km de portée.

04:30Mais là, en l'occurrence, c'est un système lourd qui se trouve au sol

04:33et qui peut viser jusqu'à 250-300 km de distance.

04:36Et sur le territoire russe ?

04:37Sur le territoire russe.

04:39Donc, par exemple, depuis que les Anglais se sont fait tirer dessus en 2022,

04:43toutes leurs patrouilles d'avions sont accompagnées par des avions de chasse

04:46pour être capables de se défendre.

04:47C'est-à-dire, si ce radar nous éclaire, nous désigne,

04:50nous, on a notre avion de chasse qui est capable de dire

04:52« Moi aussi, je te le désigne.

04:53Et si jamais tu tires sur mon avion à côté de moi,

04:55eh bien moi, je te détruis. »

04:57Donc ça permet de rétablir une forme d'équilibre.

04:59Mais ça veut dire aussi que la tension s'aggrave.

05:02La tension s'aggrave, mais l'objectif, c'est d'éviter que les Russes débordent.

05:06Il faut quand même comprendre que l'armée russe

05:08est en train de s'allier sur le discours de la politique russe.

05:11Vous avez le premier conseiller de Vladimir Poutine cette semaine

05:14qui a dit qu'une fois que l'Ukraine aurait disparu en 2025,

05:17il s'autorisait à réannexer les Pays-Baltes et la Moldavie.

05:22Il ne l'a dit pas tout à fait comme ça, mais c'est vrai qu'il l'a sous-entendu.

05:25L'Ukraine peut disparaître en 2025, c'est ce qu'il a dit.

05:27Et la Moldavie, si je résume grossièrement, pourrait subir le même sort.

05:31Et les Pays-Baltes également.

05:33Et vous avez le vice-président de la Douma en charge de la défense

05:37qui a également dit qu'il était logique que les Pays-Baltes

05:39reviennent dans le giron russe.

05:41Et il a utilisé le futur pour dire que Vilnius tomberait en moins d'une journée.

05:45Donc on est de toute façon sur une agressivité dans les mots,

05:48dans lequel on dit très clairement que ces pays, ces zones, c'est à nous,

05:51vous n'avez pas le droit d'y venir.

05:53Et donc simplement, l'armée s'aligne sur l'agressivité politique de la Russie.

05:57Et hélas, on sera amené à en reparler.

05:59Merci Xavier Tittleman, ancien aviateur militaire,

06:02rédacteur en chef du magazine Air & Cosmos.

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