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  • 02/06/2025
Avec Christophe Bourseiller, journaliste, historien et auteur de "Ce monde me rend fou" aux Éditions Radio France

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##LA_VERITE_EN_FACE-2025-06-02##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, la vérité en face, Patrick Roger.
00:04On devient fou, on pète les plombs, l'avenir va faire de nous des délinquants.
00:13Je ne dis pas où, je ne dis pas quand.
00:17Oui, c'est vrai, parfois on devient fou, en tout cas c'est le monde qui nous rend fou,
00:23c'est ce que vous écrivez, Christophe Borsaillé, dans votre livre,
00:25issu des chroniques dans la radio concurrente, France Inter,
00:30mais on peut la nommer, il n'y a pas de problème, aux éditions Rivage, bien sûr.
00:33Vous êtes élégant de le faire.
00:35Non, bien sûr, il n'y a aucun souci par rapport à ça,
00:39mais c'est vrai que les faits vous donnent raison avec ce qui s'est passé encore ce week-end,
00:44en fait en permanence, quand on se penche sur l'actualité,
00:48ou quand on la regarde voler au-dessus de soi, elle nous rend dingue.
00:52Mais c'est une évidence, je ne vois pas qui ce monde ne rend pas fou,
00:56enfin ce monde est complètement cinglé.
00:59Ce monde part dans tous les sens, ce monde, alors il est passionnant,
01:02on pourrait dire que c'est génial un monde qui nous rend fou,
01:05parce que c'est un monde plein de possibilités,
01:08c'est un monde avec des oppositions, des plaques tectoniques qui se chevauchent,
01:12on pourrait voir ça en disant, un monde nouveau va remplacer le monde ancien,
01:16mais les deux mondes cohabitent.
01:17Il y a de ça, vous êtes dans un monde où il y a à la fois l'intelligence artificielle,
01:22alors là, merci, merci pour l'intelligence artificielle, on est sauvé,
01:26maintenant on est obligé, pour taper, je ne sais pas, pour entrer sur un site,
01:30de taper dix fois un mot de passe absurde.
01:32On dialogue avec des espèces de robots qui ne comprennent pas un mot de ce qu'on dit,
01:37et qui ont toujours une espèce de voix doucereuse et angoissante.
01:40Enfin voilà, ça c'est ça l'intelligence artificielle.
01:42On peut lui demander une recette d'aube ou une recette de blanquette de veau,
01:47donc ça c'est plutôt sympathique.
01:49On peut lui dire, où est-ce que, comment sera la météo demain ?
01:53Ah génial, elle a dit la météo, vous voyez, c'est ça.
01:56Mais évidemment, c'est un monde un peu étonnant.
01:57Dans ce monde de demain, justement,
01:59et puisque vous parlez de l'intelligence artificielle, c'est assez intéressant,
02:03on dit aujourd'hui qu'on manque de solidarité, d'amitié, de fraternité,
02:08bien sûr, dans notre société, souvent, Christophe Bourseillet.
02:12Vous avez vu ce qui se passe en Chine,
02:15où on a créé, ce sont l'équivalent des robots,
02:17aux Etats-Unis aussi, au Japon aussi,
02:20des robots qui vous parlent avec cette intelligence artificielle
02:24qu'on peut programmer,
02:25qui peuvent avoir quasiment des sentiments,
02:28pour ne pas dire plus, c'est-à-dire des rapports sexuels, bien sûr.
02:31On est en train d'inventer ça.
02:32Oui, alors après, la poupée gonflable,
02:34maintenant c'est la petite amie virtuelle.
02:36C'est assez original.
02:38Non, mais c'est des poupées gonflables qui deviennent des amies virtuelles.
02:40Oui, alors on ne peut pas les toucher, les poupées virtuelles,
02:42parce qu'elles sont virtuelles, évidemment,
02:44mais alors c'est des poupées avec lesquelles on peut discuter,
02:46il paraît qu'elles sont très sympathiques.
02:48Certaines, elles ont, en fait, des tissus,
02:52elles sont conçues de telle sorte que vous pouvez quasiment y toucher comme si c'était...
02:56Ah bon, ce sont des robots, mais des robots qui vous comprennent,
02:58vous pouvez leur donner le prénom que vous voulez.
03:00Voilà.
03:01Et puis elles sont toujours très très gentilles, très très sympathiques.
03:03Ah ben, elles sont plus sympas avec vous, quoi.
03:04Elles sont très sympas, elles discutent, elles vous connaissent.
03:08Oui, Christophe Boursier, vous qui êtes un observateur,
03:12pas privilégié, mais en tout cas depuis 40 ans, 50 ans de l'évolution de nos sociétés.
03:17Ben oui, c'est ça.
03:18Je ne le dis pas.
03:19Je dirais 100 ans, même.
03:20100 ans, même, je dirais.
03:22Non, non, non.
03:22Ça fait bien 100 ans.
03:23Comment vous expliquez, justement, cette trajectoire
03:27qui nous conduit à ce que nous vivons, en fait, aujourd'hui ?
03:29Ben, vous savez, c'est très simple.
03:31On est dans un monde voué à l'accélération.
03:33Et alors, depuis qu'on a découvert l'électricité, à la fin du 19e siècle,
03:37tout va beaucoup plus vite.
03:38Le Moyen-Âge a duré 1000 ans.
03:40On avait le temps à l'époque.
03:41Mais maintenant, tout va très vite.
03:43Tout change tout le temps.
03:44Moi, c'est incroyable.
03:44Moi, j'ai la soixantaine, pour la réalité.
03:47La petite soixantaine.
03:48La petite soixantaine joyeuse et grillarde, bien sûr.
03:51Mais bon, j'ai la soixantaine.
03:53Et j'ai vu les mondes changer.
03:54J'ai vécu dans un monde où le puritanisme d'aujourd'hui n'avait pas cours.
03:59J'ai vécu dans un monde où tout était différent.
04:01J'ai vécu dans un monde d'avant le web.
04:03Un monde d'avant les téléphones portables.
04:05Et on vivait très bien.
04:07Il n'était pas forcément mieux, ce monde.
04:08Si je pense aux années 60, 70, ou même bien avant,
04:13on a eu des horaires, quoi.
04:15Mais tout est nul.
04:16Tout est nul.
04:16L'humanité est très difficile.
04:18C'est comme ça.
04:18Il faut essayer de la soigner.
04:19Il faut essayer de la réparer.
04:21Mais effectivement, les années 1960
04:23étaient des années en France de rigidité extrême.
04:26Vous savez, on parle de l'affaire Bétarame.
04:28Moi, enfin bon, je n'ai pas été violenté, etc.
04:30Mais je veux dire, moi, j'ai appris à lire à coups de gifle
04:34dans l'école primaire laïque française de la République.
04:38Avec la maîtresse qui disait, tu ne sais pas lire, viens.
04:40Et puis elle me donnait un coup de règle sur le bout des doigts.
04:42Je veux dire, j'aurais pu porter plainte.
04:43Aujourd'hui, à l'époque, tout le monde trouvait ça absolument normal.
04:46Les années 1970, c'était une violence sans commune mesure
04:50avec celle qu'on vit aujourd'hui.
04:52Ah oui, c'est vrai.
04:52Quand on dit la violence, c'était bien pire.
04:54C'était des groupes d'extrême gauche, d'extrême droite armés
04:58avec des arsenaux, des attentats à non plus finir.
05:02300 prises d'otages de patrons par an.
05:04C'était une époque, mais complètement différente, bien plus violente.
05:08Des détournements d'avions, ça c'était vraiment extrêmement violent.
05:12Les années 80, les années fric, Bernard Tapie, le fric triomphant,
05:17aucune morale, le sida, merci.
05:21Les années 1990, la promesse d'un monde meilleur, patatra.
05:25Les années 2000, le World Trade Center, le 11 septembre.
05:29Et ça continue jusqu'à aujourd'hui.
05:31Alors maintenant, c'est vrai que là, on est dans les années 2020.
05:33Et que ça continue, parce que maintenant, c'est de plus en plus écartelé
05:38entre d'un côté les attentats, la violence, la haine qui se prolonge.
05:42Et puis de l'autre, des promesses scientifiques folles.
05:45Et moi, ça me passionne, tout ça, ça me fascine.
05:47Je ne juge pas, ça me fascine, je montre.
05:50Oui, oui.
05:51Non mais c'est vrai, vous montrez évidemment tout ce qui nous entoure.
05:55Oui, parce que je trouve que montrer et en parler avec humour,
06:00c'est plus fort que dénoncer.
06:02Vous savez, oui, c'est scandaleux.
06:04Non, ça ne marche pas, on s'en fout.
06:06Mais montrer les choses, regarder.
06:10Le fait, par exemple, qu'aujourd'hui, si vous voulez être un peu efficace,
06:13il faut parler franglais.
06:15Si tu ne parles pas franglish, tu es dead.
06:19Tu loses la battle.
06:22Ça, c'est sûr, tu vois, Patrick.
06:23Non mais c'est vrai, il y a quelqu'un qui me racontait hier,
06:27dans un train, elle avait juste à côté d'elle,
06:30des gens qui travaillaient dans la finance.
06:32Et qui mélangeaient, voilà, c'était ce mélange français-anglais.
06:37Parce que sinon, on est nul.
06:38Si on parle d'un processus et pas d'un process, je veux dire.
06:41Tu vois, on fait de l'invest, quoi.
06:42Au lieu de faire de l'investissement, on fait de l'invest.
06:44C'est comme ici, je veux dire, il faut privilégier les features.
06:47Et si possible, un scoop.
06:49Mais face à tout ça, ce monde nous...
06:53me rend fou, c'est ce que vous dites, Christophe Bonseillet.
06:57Est-ce qu'il y a tout de même des lueurs d'espoir pour l'humanité ?
07:01C'est ça qui est essentiel.
07:02Je trouve parce que rien n'est jamais d'un seul tenant.
07:05C'est-à-dire que, par exemple, si vous prenez cette fameuse IA,
07:08dont on nous reba les oreilles, on n'en peut plus.
07:10Moi, l'IA et le dérèglement climatique,
07:12j'en peux plus d'en entendre parler.
07:14J'ai bien compris qu'il y avait un réchauffement.
07:15J'ai bien compris.
07:16Mais pourquoi me le rappeler ?
07:18C'est pour en avoir conscience.
07:20C'est pour essayer de faire des efforts.
07:21À ce point-là, je n'ai rien contre.
07:24Bien sûr, rappelez-le-moi de temps en temps.
07:27Pas trop non plus, mais j'en suis conscient.
07:29Là, c'est too much.
07:31Pour reprendre du franglais.
07:32Là, c'est too much.
07:33C'est ça le problème.
07:33Je ne sais plus ce que je disais.
07:34Du coup, je viens de m'énerver.
07:35Non, mais pardon.
07:36Vous disiez, évidemment, qu'il y a des raisons d'espoir.
07:40Oui, il y a des raisons d'espoir.
07:42Parce que, par exemple, cette fameuse IA,
07:44c'est aussi la promesse d'une évolution technologique remarquable.
07:48C'est un outil que l'on peut...
07:51En fait, c'est les robots, l'IA.
07:52C'est l'intrusion des robots.
07:54Il y a une théorie du complot assez drôle,
07:56vous savez, en ce moment, c'est la dead internet théorie.
07:59C'est l'idée que, en fait, quand on va sur le web aujourd'hui,
08:02on croit parler à des êtres humains sur les réseaux sociaux,
08:05mais on ne parle plus qu'à des robots.
08:06Parce que les robots, ce serait substitué aux internautes.
08:09C'est une théorie du complot.
08:10C'est une théorie du complot, mais il y a des chatbots, etc.
08:13Mais voilà.
08:13Ça, ça existe quand même, finalement.
08:15Mais oui, oui, oui.
08:16Je crois que 60% du trafic sur le web aujourd'hui
08:19est assuré par des robots.
08:21Donc, effectivement, c'est déjà le cas.
08:22Et donc, la révolution de demain, c'est les robots.
08:25L'IA, c'est des robots.
08:27Et donc, finalement, c'est passionnant.
08:29Parce que, évidemment, il ne faut pas qu'on soit détruit
08:32par un Big Brother fou.
08:33Mais c'est extraordinaire de penser aux potentialités
08:36de cette révolution.
08:37Moi, je n'ai rien contre, bien sûr.
08:39Je mets en garde, non pas contre le progrès,
08:42mais contre les excès du progrès.
08:44Moi, je me dis que j'ai une vocation réparatrice.
08:46Vous voyez, Patrick, je ne suis pas le vieux ronchon réac
08:49qui dit « Ah, c'était mieux dans les années.
08:51À mon époque, c'était tellement plus agréable. »
08:53Mais non, c'était nul aussi.
08:55Vous l'avez décrit, d'ailleurs.
08:56C'était nul aussi.
08:57Mais par contre, ce monde nouveau,
08:59il faut essayer de le redresser,
09:02de dire « Attention, ne sombrez pas dans la folie. »
09:05Par exemple, on est binaire,
09:07on est polarisé pour, contre,
09:09on s'entretue.
09:10Moi, ça me terrifie
09:11de voir des gens qui sont toujours...
09:13Je trouve que Jean Birnbaum,
09:16qui est un journaliste au Monde,
09:18avait quand même eu le mot-clé
09:20quand il a dit « Moi, je suis l'homme de la nuance. »
09:22Vous savez, comme disait Nietzsche,
09:24« Malheur à moi, je suis une nuance. »
09:26Et en fait, être nuancé, c'est devenu impossible.
09:28Mais réhabilitons la nuance, Patrick.
09:31Tout est là.
09:32Allez, vous voulez dialoguer,
09:34tiens, ou échanger peut-être avec Christophe Bourseillet ?
09:37Allez-y, 0826 300 300,
09:40sur ce livre « Ce monde me rend fou »,
09:44qui est issu de ses chroniques hebdomadaires.
09:47Alors, donc, il a bien dit,
09:49c'est vrai qu'il y a une accélération
09:51et on a un monde déboussolé.
09:53Malgré tout, il y a toujours quand même
09:55des espoirs, des lueurs,
09:56des espoirs comme on le disait, etc.
09:58Et pour ça, c'est l'humain
10:01qui doit être au centre.
10:03Absolument.
10:03L'humain, c'est l'humain.
10:05Parlons-en, tiens, dans un instant,
10:06avec vous, dans « La vérité en face ».
10:08La vérité en face jusqu'à 10h
10:15avec Christophe Bourseillet,
10:17qui est mon invité.
10:18Je suis ravi de l'accueillir ce matin
10:20avec ce titre, je le rappelle,
10:22« Ce monde me rend fou ».
10:24Christophe Bourseillet,
10:25vous le disiez tout à l'heure
10:27en vous appuyant sur un journaliste du monde
10:31qui disait « Il n'y a plus de nuance ».
10:32Oui, absolument.
10:33Il n'y a plus de nuance.
10:35Est-ce qu'il n'y a plus de limite
10:37aussi dans notre société, en fait, aujourd'hui ?
10:40Il n'y a plus de limite au délire verbal.
10:43Alors ça, c'est la rançon
10:44de ce phénomène des réseaux sociaux.
10:46Vous savez, quand les réseaux sociaux
10:48ont démarré en 2004 avec Facebook,
10:51c'était la parole au peuple.
10:52Les réseaux sociaux, c'était génial.
10:53C'était l'idée de dire…
10:54Oui, mais c'est vrai.
10:55Oui, c'était une très bonne idée.
10:56C'était de dire, finalement,
10:58les médias, ça vient d'en haut,
11:00et nous, c'est la parole d'en bas,
11:02donc c'est le peuple.
11:03Là-dessus sont arrivés
11:04tous les cinglés de la planète,
11:07des extrémistes de tout poil,
11:08des fanatiques, des dingues,
11:11il faut appeler les choses par leur nom,
11:12qui ont pollué les réseaux sociaux.
11:14Je ne veux pas dire être forcément dingue.
11:16Non, non, non, il y a des extrémistes…
11:17Parce qu'aujourd'hui,
11:17on classifie sans nuance, justement.
11:19Oui, évidemment.
11:20Vous savez, j'ai beaucoup travaillé là-dessus.
11:22Ça, c'est le côté sérieux de Christophe.
11:25Vous savez, je suis historien,
11:27j'ai écrit un livre qui s'appelle
11:28« L'extrémisme, une grande peur contemporaine »
11:30dans laquelle je définis les extrémistes
11:32pour justement éviter que ça devienne une insulte.
11:35Une espèce d'extrémisme,
11:36ça ne veut rien dire, finalement.
11:37Mais par contre, c'est vrai qu'aujourd'hui,
11:38vous avez, pour répondre à votre question,
11:40une parole sans filtre.
11:41Et donc, c'est une parole extrêmement dangereuse
11:44parce qu'avant les réseaux sociaux,
11:45par exemple, je suis à la radio,
11:47je dis quelque chose qui énerve un auditeur.
11:50Avant les réseaux sociaux,
11:51il allait à la papeterie,
11:53il achetait une feuille de papier,
11:55il écrivait rageusement,
11:57il allait à la poste, il postait.
11:58Bref, il avait le temps de réfléchir
12:00et sa colère refroidissait.
12:01Aujourd'hui, vous m'entendez sur les réseaux sociaux,
12:03vous vous dites « Ah, je le hais, je le hais ! »
12:05Et hop, vous allez sur n'importe quel réseau social,
12:07et ça a fait une espèce de délire verbal,
12:10une débauche de délire verbaux absolument dingue,
12:13surtout que maintenant, c'est pire encore
12:15puisque vous avez des forces politiques,
12:17plutôt radicales, plutôt extrémistes,
12:20qui ont des espèces d'équipes d'intervention
12:23avec des robots, des bots,
12:26et qui vont sur les réseaux sociaux vous insulter.
12:28Donc c'est encore plus fou, vous voyez ?
12:30Moi, ça m'est déjà arrivé
12:32de donner mon avis sur un homme politique
12:35que je ne citerai pas,
12:36et de me retrouver attaqué par 500 personnes
12:39pendant 48 heures.
12:41Alors, je ne suis pas d'accord avec vous, monsieur,
12:43c'était « Salaud, on va te crever ! »
12:45Vous voyez ? En gros, c'est ça,
12:46à ce niveau-là de débat ou de débat de réflexion.
12:49Alors évidemment, là, on peut dire
12:51qu'on est dans un monde devenu complètement cinglé,
12:55qui a perdu tous ses repères,
12:56et dans lequel la pensée disparaît
12:58au détriment de l'affect.
13:00C'est l'affect qui prime.
13:02Et comme on lit de moins en moins,
13:04évidemment, il y a la baisse de la lecture,
13:05du coup, on se repète d'images.
13:07Donc si vous voulez faire bouger les foules,
13:10vous leur montrez des images traumatisantes,
13:12on le voit bien dans tous les conflits récents,
13:14d'un côté comme de l'autre,
13:15des images traumatisantes,
13:17et ça remplace le raisonnement, malheureusement.
13:20Oui, c'est vrai.
13:21Et parfois, alors vous l'avez dit,
13:23il y a les réseaux, puis les médias, nous-mêmes,
13:25où parfois on n'a pas de limites, aussi,
13:28pour aller poser.
13:29Alors, est-ce que c'est bon ou pas bon ?
13:30D'ailleurs, tiens, hier soir,
13:32il y avait l'émission Ambition Intime.
13:35Karine Marchand, elle reçoit des politiques.
13:38Sur le papier, je trouve que c'est plutôt bien, quoi.
13:40Elle pose des questions, y compris politiques.
13:42Tiens, par exemple, hier, avec Jordan Bardella,
13:44une première question politique.
13:46Vous dites que ça va être l'année
13:47où le RN va accéder au pouvoir ?
13:49J'espère.
13:50En tout cas, je me bats aussi, pour.
13:53Je pense que notre pire ennemi, c'est le temps, en fait.
13:55C'est le temps qui passe.
13:57Ah, vous pensez que c'est le pire ennemi ?
13:58Vous ne pensez pas que ça permet de se préparer ?
13:59Mais on est prêts.
14:01Voilà, on est prêts à accéder au pouvoir.
14:03Voilà, ça va.
14:04Après, il y a un autre petit extrait
14:06où là, on va beaucoup plus sur la vie intime.
14:09Alors, ça s'appelle Ambition Intime.
14:10Je suis hétérosexuel,
14:12donc je peux vous dire le contraire
14:14pour vous faire plaisir.
14:15Mais est-ce que vous comprenez
14:16cette espèce de fantasme qu'il y a
14:17où il y a...
14:18Mais c'est sûr, il est gay.
14:19Ah non.
14:20Il n'y a pas à l'ombre.
14:21Non, non, pas du tout.
14:22À un moment donné,
14:22il va falloir ressortir une personne,
14:26publiquement.
14:28Si vous voulez vous marier,
14:29faire des enfants.
14:29Non, mais c'est pas simple.
14:31Non.
14:31Moi, j'ai toujours cherché
14:32à protéger ma vie privée.
14:36Voilà.
14:36On va...
14:38Est-ce que c'est ce qu'on demande
14:39des hommes et des femmes politiques,
14:40justement,
14:41de tout dévoiler
14:41sur leur vie privée ?
14:44Il y a un côté un peu tragicomique,
14:46enfin, d'être obligé d'expliquer
14:48qu'on est hétérosexuel
14:49ou qu'on est homosexuel.
14:52Enfin, bref,
14:52il y a quelque chose de ridicule
14:53parce que c'est vrai
14:54que ça relève de la vie privée.
14:55Et ça, ça dit quelque chose
14:56de, je trouve,
14:58d'une société d'une époque présente
15:00très dangereuse
15:01par un excès de transparence.
15:03C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
15:04il faut être transparent.
15:05Aujourd'hui, on doit être...
15:06Si on n'est pas transparent,
15:07on est louche.
15:08Vous voyez, on dissimule
15:08les turpitudes inavouables.
15:10Mais c'est affreux
15:11parce que la transparence absolue,
15:13c'est le totalitarisme.
15:14Il fout une part de secret.
15:16Moi, je trouve scandaleux
15:17qu'un homme politique
15:18ou une femme politique
15:19soit obligée d'avouer
15:21son hétéro-homosexualité.
15:23Bon, sauf si ça ne la gêne pas
15:25ou ne le gêne pas
15:26et que ça fait partie de sa vie
15:27et qu'il s'affiche
15:28avec sa compagnie,
15:30nos accompagnons.
15:30Mais la transparence a des limites
15:30dans notre société.
15:31La transparence n'en a pas aujourd'hui.
15:33La transparence est extrême.
15:35La transparence est de plus en plus large.
15:37On est dans un monde
15:38qui braque les projecteurs
15:41sur tous les recoins
15:42de nos vies privées.
15:44Et ça, je crois qu'il y a là
15:45une forme de dérive
15:46à vouloir être eux.
15:47On est tellement moraux,
15:49on est tellement dans la moraline,
15:50on est tellement moralisateurs
15:52qu'à force d'être moralisateurs,
15:54on va laisser proliférer
15:55les tartuffes,
15:56c'est-à-dire les vrais dissimulateurs,
15:58ceux qui vraiment nous mentent.
15:59Et ça, je trouve ça dangereux.
16:00Oui, la moralisation
16:02qui est extrême.
16:04Ce que vous avez dit tout à l'heure,
16:05où tous les jours,
16:06on me rabâche
16:07que je dois faire attention
16:08aux dérèglements climatiques,
16:10à telle chose,
16:11à telle autre chose.
16:11Moi, je vais vous dire un truc, Patrick.
16:13À partir du moment
16:14où on ne fait plus confiance
16:15dans la politique,
16:16à partir du moment
16:17où il y a une crise
16:18de la démocratie,
16:19à partir du moment
16:20où on ne va pas voter,
16:21par exemple,
16:22on se replie sur quoi
16:23pour exister dans la vie ?
16:25Sur ces valeurs morales.
16:26C'est-à-dire
16:26ce qu'on vous a inculqué.
16:28Et finalement,
16:28ça ne m'étonne pas
16:29que notre société
16:30soit aussi morale aujourd'hui
16:31parce que cette moralisation,
16:33elle correspond,
16:34à mon avis,
16:35à la crise de la démocratie.
16:36Alors, la moralisation
16:37qui, du coup,
16:38parfois empêche
16:39certains de s'exprimer.
16:41Vous l'évoquez
16:41dans votre livre
16:42en disant
16:43qu'il y a quelques années,
16:44on riait beaucoup plus.
16:46Et aujourd'hui,
16:47on ne peut plus...
16:48On rit encore,
16:49heureusement.
16:50Et puis,
16:51je dirais qu'on rit de nouveau
16:52parce que je vois
16:52que les choses
16:53sont en train de rebouger.
16:54On rit encore,
16:55mais c'est vrai qu'aujourd'hui,
16:55il faut faire très attention.
16:57Mais c'est surtout
16:57que je crois
16:58que les humoristes
16:59n'ont pas compris.
17:00Il y a certains humoristes
17:01qui ont franchi une ligne
17:02tout simplement
17:03pour une façon très simple.
17:04C'est quoi un humoriste ?
17:05Un humoriste,
17:06c'est un comédien.
17:07Un humoriste,
17:07c'est un comédien
17:08qui incarne
17:09dans ses sketchs
17:10des personnages.
17:11Alors,
17:11il va se faire passer
17:12pour un raciste monstrueux,
17:15un woke sentencieux,
17:16tout ce que vous voulez.
17:18Voilà,
17:18c'est ça un comédien.
17:19Mais quand un humoriste
17:20se met à faire des prêches,
17:23quand un humoriste
17:23commence à donner son avis,
17:26quelque part,
17:26il sort de sa fonction.
17:28Et c'est ça
17:28qui pose problème aujourd'hui.
17:29Mais ce qui est difficile,
17:30parce qu'il y a cet aspect
17:31moralisateur dans la société,
17:33c'est que l'humour,
17:34souvent,
17:35elle met en évidence
17:36des caricatures,
17:39quoi,
17:39de personnes.
17:40de personnes.
17:41C'est ça l'humour,
17:42non ?
17:42C'est ça l'humour,
17:44ce caricaturer,
17:44ce moquer.
17:45Mais c'est ce qu'on ne peut plus.
17:46On ne peut plus, ça, aujourd'hui.
17:47Écoutez, on peut quand même
17:48encore le faire,
17:48c'est plus difficile,
17:49c'est plus compliqué,
17:50il y a des limites.
17:51Mais il y a toujours eu des limites.
17:52Vous savez,
17:52la France est un pays
17:53qui n'a jamais été
17:55très démocratique.
17:56C'est le pays des droits de l'homme,
17:58j'en suis ravi.
17:59Mais en même temps,
17:59c'est un pays
18:00où il y a toujours eu...
18:01En France,
18:01on veut toujours interdire.
18:02Il y a toujours
18:04interdire ça,
18:04interdire ci,
18:05interdire ça.
18:06On veut régler
18:07tous les problèmes
18:07par des lois en France.
18:09C'est assez curieux
18:10et c'est encore
18:11le cas aujourd'hui.
18:12Un dernier mot
18:13sur vous,
18:15Christophe Borsayet.
18:16Vous vous considérez
18:17comme un comédien,
18:19un écrivain,
18:21un historien,
18:23un essayiste ?
18:25Alors écoutez,
18:25je me considère...
18:26Non mais c'est vrai
18:26parce que vous êtes multe,
18:28j'ai plusieurs casquettes.
18:29Oui, j'ai plusieurs casquettes.
18:30Les éditeurs se posent la question.
18:31Je vais vous répondre,
18:32chers auditeurs.
18:34J'ai été comédien
18:35dans mon jeune âge.
18:36Je considère
18:37que je ne le suis plus.
18:38Parce que c'est le passé,
18:40c'est ma jeunesse,
18:41on va dire.
18:42Pour moi,
18:43j'ai été comédien
18:43de l'âge de 4 ans
18:44à la guerre des boutons
18:45jusqu'en gros
18:46à l'âge de 30 ans prof.
18:48Voilà.
18:48Donc là,
18:49j'ai été...
18:49Oui, mais voilà.
18:50Là, j'ai été comédien.
18:51Je ne le suis plus.
18:52Donc aujourd'hui,
18:53je me considère
18:54comme un historien,
18:56un essayiste
18:56et puis un homme
18:58d'une infinie curiosité.
18:59Voilà ce que je suis.
19:00Je suis un homme qui...
19:01Alors, peut-être pas
19:03être devant la caméra
19:03pour faire des films,
19:05mais sur scène,
19:06par exemple.
19:06Je n'ai pas envie du tout.
19:07Non ?
19:07On me l'a proposé
19:08il y a quelques semaines.
19:09Figurez-vous
19:10qu'il y a un metteur en scène
19:11qui est venu me voir
19:12pour me dire
19:12si vous voulez jouer
19:13au théâtre à la rentrée.
19:14Je vous verrai bien,
19:15effectivement,
19:15dans un one-man show
19:17pour raconter.
19:17Alors, le one-man show,
19:18je ne l'ai pas encore essayé.
19:19Mais en revanche,
19:20on m'a proposé
19:21de jouer dans une pièce de théâtre
19:22et j'ai dit non.
19:23Non, c'est une période révolue
19:26dans ma vie.
19:27Alors, si un jour...
19:28Ne dites jamais non.
19:29Non, mais c'est vrai,
19:29il ne faut jamais dire
19:30Fontaine,
19:30je ne m'aurai plus de ton nom.
19:32Bien entendu.
19:34Merci, Christophe Bourseillet.
19:35Je montre ce livre.
19:36Donc, ce monde me rend faux
19:39aux éditions Rivage.
19:40Merci d'être passé
19:41sur Sud Radio.
19:42Dans un instant,
19:42ça continue sur Sud Radio,
19:44évidemment,
19:44avec Valérie Expert,
19:46Gilles Ganzman.
19:47Toute la semaine,
19:48ils vont s'interroger
19:48sur les changements de numéros.
19:50Vous avez vu,
19:51dans la télévision,
19:52il y a un nouvel numéro.
19:54Là, on va parler...
19:56On recevra d'ailleurs
19:57une des membres de l'ARCOM
19:58qui va nous expliquer pourquoi
19:59et la directrice des rédactions
20:01de BFM TV
20:02qui sera l'invité.
20:04Vous pourrez poser des questions.
20:05Vous avez été assez discret.
20:07Pour Christophe Bourseillet,
20:08vous aviez plutôt envie
20:09de l'écouter.
20:10Merci.
20:10On se retrouve demain.

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