Karine Valentin, journaliste pour « la revue des vins de France » : "Le rosé se boit sans glaçons !"

Sud Radio

21/06/2023

Avec Karine Valentin, journaliste pour « la revue des vins de France »

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00:00 Sud Radio Média, l'invité du jour.

00:03 - L'invité du jour, c'est Karine Valentin, elle est journaliste spécialiste du vin à la Revue des Vins de France.

00:09 Vous êtes également viticultrice, on dit viticultrice, vigneronne...

00:13 - Viticultrice, vigneronne, c'est pareil.

00:15 - Et votre domaine, c'est le domaine des garcimères, c'est ça ?

00:19 - Garcinières.

00:20 - Garcinières, j'ai mal écrit.

00:22 Vin rosé, donc le comparatif, on va en parler dans un instant, c'est à retrouver sur le site de la Revue des Vins de France.

00:28 Alors je vous conseille vraiment de lire, d'aller si vous aimez le vin, c'est extrêmement bien fait cette revue.

00:35 Et vous avez dans la jungle des labels verts, j'ai trouvé ça passionnant, tous les labels maintenant,

00:39 la biodynamique, agriculture biologique, on n'y comprend rien, là c'est très bien expliqué.

00:45 Il y a un comparatif dans le numéro, qui est toujours en kiosque, sur les plus grands blancs de Méditerranée.

00:51 Et puis également, ça m'a intéressé, tout un article sur les nazis et le vin,

00:56 avec un livre qui relance la polémique.

00:59 Donc les rosés, moi c'est ce qui m'a interpellé, c'est quand même le vin de l'été.

01:03 A savoir, est-ce qu'il y a des bons rosés, est-ce qu'il y a des mauvais rosés, ou est-ce que ça a toujours un peu le même goût ?

01:08 Je pense que je vais vous faire hurler en disant ça.

01:10 En tout cas, ce qui a interpellé dans cet article, c'est qu'il y a des vins de Bordeaux,

01:14 des vins de rosés de Bordeaux, qui sont en très bonne position face aux rosés de Provence.

01:19 - Oui, en fait, il n'y avait vraiment de polémique.

01:23 Et j'ai un argument à votre question, est-ce que le vin est bon ?

01:27 Mais oui, aujourd'hui le rosé est devenu un vrai segment à part entière.

01:31 On a parlé de mode, alors ça n'est pas du tout une mode.

01:33 Si ça avait été une mode, ça aurait disparu comme toutes les modes.

01:36 Aujourd'hui le rosé est un segment à part entière, avec des petits vins, des vins moyens, marqués T, et des grands vins.

01:43 Donc c'est ce qu'on a voulu montrer un petit peu dans cette dégustation.

01:46 Quand on a fait cette dégustation, honnêtement, moi étant provençale, Gréchovine, née à Marseille,

01:51 je me suis dit, même pas en rêve, le rosé de Provence va dominer tout le monde.

01:56 Or, il s'avère que dans cette dégustation, effectivement, sur les dix premiers rosés

02:01 qui sont arrivés premiers avec les notes du comité de dégustation de la Revue du vin de France,

02:06 il y a deux Bordeaux qui se sont placés dans les dix premiers, à la quatrième et à la sixième place.

02:12 Ce qui nous a surpris, effectivement, surtout au niveau des notes.

02:16 Mais ce qui est terrible, c'est que le problème, c'est que Varmatin, le journal local,

02:20 s'est emparé de cet article, de cette dégustation, et a titré "Bordeaux bat la Provence sur son terrain".

02:28 Or, c'est faux, puisque les trois premiers sont quand même des vins de Provence, des rosés de Provence.

02:34 Il s'avère aussi autre chose, c'est que le vin rosé est un vin qui est très compliqué,

02:39 enfin, qui est facile à faire, il y a beaucoup de techniques, mais qui est très compliqué à réussir.

02:44 - Est-ce que c'est un mélange de raisin rouge et de raisin blanc ?

02:47 - Oui et non. C'est le seul vin avec le champagne rosé qui peut avoir des raisins blancs,

02:54 mais il faut mélanger les raisins blancs à l'arrivée à la vendange.

02:57 Donc il peut y avoir un certain pourcentage, jusqu'à 20% de raisin blanc dans un rosé.

03:02 Après, c'est un vin technique, parce que c'est un vin qui doit respecter une couleur très particulière.

03:07 Aujourd'hui, on voit que ça va du très pâle au très foncé.

03:11 Aujourd'hui, le consommateur veut du très pâle.

03:14 Ce n'est pas parce que le rosé est très pâle qu'il est beaucoup plus léger ou qu'il n'a pas de goût.

03:18 Bien au contraire, ce n'est pas parce qu'il est très foncé qu'il aura au contraire un goût très prononcé.

03:23 - Qu'est-ce qui explique alors la différence de couleur ?

03:25 - C'est la fabrication, c'est la vinification et surtout le pressurage.

03:30 Le pressurage est très important dans le rosé, c'est pour ça qu'on parle de technique.

03:34 C'est ce qui donne cette couleur, parce qu'il faut à la fois garder cette couleur rosé qui plaît au consommateur,

03:41 mais conserver du gras, des arômes, de la puissance, de la fraîcheur, et tout ça c'est très difficile.

03:47 Donc effectivement, toute cette technique fait que...

03:51 - C'est un vin très technique.

03:52 - C'est un vin technique, oui.

03:53 - Et je consomme mon rosé avec modération, mais avec ou sans glaçon ?

03:58 - Avec ou sans glaçon, bien sûr que sans glaçon.

04:01 Vous parlez d'une spécialiste de rosé, vous voulez mettre des glaçons.

04:04 Ceci dit, si vous mettez des glaçons dans votre rosé, c'est pas plus mal,

04:07 parce que vous buvez beaucoup d'eau en même temps.

04:10 Donc du coup, ça allège, parce qu'on a un problème.

04:12 - Ça tue à fou.

04:13 - Ça reste le même degré.

04:15 - Mais vous savez, il y a trois catégories de rosé aujourd'hui.

04:18 Il y a les rosés tout venant, dans lesquels on peut mettre des glaçons,

04:22 qu'on boit sur la plage et qui sont très bien.

04:24 Il faut ce genre de rosé pour permettre au jeûne, au consommateur.

04:27 Moi, je préfère que le consommateur boive ce genre de rosé, plutôt que de la bière.

04:32 Après, il y a les rosés très marquetés, qu'on connaît tous.

04:36 Je ne vais pas les citer ici.

04:38 - On peut en citer Mirama, qui est le domaine de Bratnick.

04:41 - Ils sont vendus aux Etats-Unis, dans le monde entier, qui sont très marquetés,

04:42 qui sont bons, et qui ont un prix qui est correct.

04:45 15 euros la bouteille, c'est un prix correct.

04:47 - Avec modération.

04:48 - Avec modération, aussi.

04:49 Et après, on a les grands rosés, qui sont des vrais rosés de terroir.

04:53 Et c'est là, sur ce terrain, que moi, je me bats.

04:56 Ce sont des rosés qui sont vraiment incarnés par le vigneron,

05:00 qui, certes, font appel à la technologie, parce qu'il faut de la technologie pour le rosé,

05:04 mais qui ont ce supplément d'âme, et qui sont allés chercher le terroir.

05:08 Ce sont ce qu'on appelle des rosés de terroir, des rosés incarnés, ou des rosés de gastronomie.

05:13 Donc, il y a vraiment toutes les typologies.

05:15 - Alors, j'encourage nos lecteurs, évidemment, nos auditeurs et vos lecteurs,

05:19 c'est 200 000 lecteurs, pour la revue des vins de France, tous les mois,

05:24 dans le palmarès, on a un Côte de Provence qui arrive en tête, qui est à une vingtaine d'euros.

05:31 Et puis, le premier Bordeaux, en fait, il est à 5,70 euros.

05:35 Comment vous expliquez cette différence de prix ?

05:38 Je remarque que les Bordeaux sont moins chers, en fait, souvent.

05:40 - Les Bordeaux sont moins chers, parce que d'abord, Bordeaux, c'est pas leur...

05:44 Nous, la Provence, c'est notre ADN.

05:47 On vit sur le rosé, c'est notre truc.

05:50 Les Bordeaux, ils ont leur classification 1855, ils ont leurs appellations, ils ont d'autres choses.

05:56 Donc, effectivement, le Bordeaux de rosé n'étant pas réputé, il n'a pas vraiment de marché.

06:00 Nous, on a un vrai marché, en France, et à l'export.

06:03 C'est pour ça, c'est ce qui motive la différence de prix.

06:07 Nous, on n'a que ça, on n'a que notre rosé.

06:10 Donc, il faut qu'on le vende.

06:11 On n'a pas, par exemple, on parlait de la grêle et des problèmes climatiques,

06:14 nous, on n'a pas de stock en Provence.

06:16 Donc, si jamais on grêle ou on gèle, on est très très mal.

06:19 Valérie, on peut rappeler que pour les amateurs de vin,

06:22 chaque samedi et dimanche à 13h, il y a In Vino sur ce radio avec Alain Marti.

06:27 Donc, pour les passionnés de vin, on va revenir aussi aux médias pour la Revue des Vins de France.

06:34 Qui achète la Revue des Vins de France ?

06:36 Est-ce que c'est que des vignerons et des passionnés de vin ?

06:40 Mais si vous êtes 200 000...

06:41 40 000, 40 000 exemplaires comme des noix...

06:43 Et il y a une autre question, quelle est la part des femmes qui achètent votre revue ?

06:46 Alors, la part des femmes est en train d'augmenter, et ça c'est bien, c'est intéressant,

06:51 même si c'est compliqué, mais...

06:53 Et ça, on s'aperçoit que de plus en plus de femmes s'intéressent au vin.

06:57 Et elles s'intéressent par la base et elles veulent vraiment connaître, savoir ce qu'elles boivent.

07:02 Les femmes ne boivent pas comme ça sans savoir.

07:04 Donc, nous, justement, on les éduque et on a le lectorat féminin qui augmente.

07:09 Après, quel est le lectorat de la revue ?

07:11 Il y a énormément de passionnés, d'amateurs de vin.

07:14 Bon, il ne faut pas se leurrer, c'est vraiment quelque chose qui est réservé aux amateurs.

07:18 Mais on s'aperçoit que de plus en plus, et justement, par des sujets comme les rosées,

07:23 on attire des néos, des jeunes, et surtout des jeunes qui ont envie de s'intéresser de plus en plus au vin,

07:30 et qui ont envie de comprendre comment ça marche.

07:32 Boire moins et mieux.

07:34 De toute façon, aujourd'hui, on est dans cette culture-là, on boit moins.

07:38 Je vais vous poser une autre question aux médias.

07:40 Est-ce que les stars savent faire du vin ?

07:43 On sait que les stars ont beaucoup de vignobles,

07:45 comme on a parlé avec Valérie de Brad Pitt,

07:48 mais on sait que beaucoup de stars ont investi du vin.

07:51 Font-ils du bon vin ?

07:52 José Garcia a fait un rosé, je crois, aussi.

07:55 Comme toutes les stars, elles savent avant tout très bien s'entourer.

07:58 C'est pour ça qu'elles sont stars.

07:59 Donc, dans le vin aussi, il y a toujours un homme du métier ou un homme de l'art

08:04 qui est derrière la star pour faire le vin.

08:06 Est-ce que c'est des bons vins ? Le bon vin de José Garcia ?

08:09 Oui, oui, oui, c'est des très bons vins.

08:12 Miraval, c'est un bon vin.

08:13 Et qui y a derrière Miraval ? Il y a la famille Perrin.

08:16 Oui, il y a la famille Perrin.

08:18 C'est Châteauneuf, c'est Bocastel.

08:20 Mais il faut parler aussi du marketing.

08:22 Il y a des gros groupes qui ont des vignobles

08:25 et vous payez tout le marketing autour et toute la publicité.

08:29 Nous aussi, on se fait du bon vin.

08:30 Stéphane a une question intéressante.

08:31 Est-ce que la critique d'un vin est subjective ?

08:33 Comment est-ce qu'on peut être sûr d'un avis ou d'un critique d'un dégustateur ?

08:38 D'abord, on fait beaucoup de dégustations à l'aveugle.

08:40 Oui, c'est ça, il faut expliquer.

08:42 Donc là, par exemple, la dégustation des Rosés, elle était à l'aveugle.

08:45 Et pourquoi, effectivement...

08:46 Et vous êtes tous d'accord ou pas ?

08:47 Non, on n'est pas toujours d'accord.

08:49 Après, il y a une part personnelle.

08:51 Quand on déguste, on n'est pas tous les mêmes face à la dégustation.

08:55 On a un passé, on a une histoire, on a une journée qui n'est pas la même,

09:00 on a une sensibilité qui est différente.

09:02 Le Rosé étant un vin très difficile à déguster, c'est compliqué.

09:07 Donc il faut vraiment trouver des spécialistes qui savent déguster le Rosé.

09:12 Et par exemple, effectivement, il y a un vin de Bordeaux à 5 euros

09:16 qui est arrivé au même niveau qu'un vin à 20 euros.

09:18 Mais pourquoi ?

09:19 Parce qu'on les a dégustés à un instant T.

09:21 C'était des jeunes vins 2022.

09:23 Mais l'année prochaine, le Bordeaux à 5 euros, il ne sera plus là.

09:27 Tandis que le Bandol à 20 euros, il sera encore bien meilleur.

09:31 Est-ce qu'on voit une descente vertigineuse l'hiver des consommations du Rosé ?

09:35 Oui, c'est bien le problème de la consommation du Rosé.

09:38 Ça veut dire qu'il y a une vraie saisonnalité de ce vin-là ?

09:41 Il y a une vraie saisonnalité, qu'on a nous subjecté.

09:44 Et on est les premiers fautifs en Provence,

09:47 parce qu'on a abreuvé les touristes et les vacanciers de notre Rosé.

09:52 Or le Rosé, il peut très bien passer l'hiver.

09:54 On boit bien du blanc en hiver, pourquoi on ne boirait pas du Rosé en hiver ?

09:57 C'est vrai, mais vous en vendez beaucoup l'été aussi.

10:01 C'est ce qu'il faut dire.

10:02 Oui, mais la saison est plus courte.

10:04 Le problème, c'est que si on n'a pas vendu nos Rosés au mois de juin,

10:08 c'est fini, on ne les vend plus.

10:10 On a fait du Beaujolais.

10:12 Non, je rigole, je veux dire que...

10:14 Passionnant en tout cas à découvrir sur le site.

10:17 Toujours avec modération.

10:18 Oui, évidemment, toujours avec modération à découvrir sur le site de la Revue des Vins de France.

10:23 Et également, évidemment, la Revue des Vins de France en kiosque,

10:27 avec un nouveau numéro au mois de juillet qui sera consacré à...

10:30 Alors, ça en fait un tour de France des vins à moins de 25 euros.

10:33 Super intéressant, c'est notre meilleur haut de l'année.

10:36 Et puis on s'éclate, nous on part dans le vignoble, on va dénicher les pépites.

10:40 C'est vraiment notre...

10:41 Super, merci.

10:42 Une vie de week-end sur cette radio.

10:43 Merci Karine Valentin, dans un instant Jean-Jacques Bourdin.

10:46 À demain.

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