Gilles Boyer : L'Heure des Livres (Émission du 04/12/2024)

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Anne Fulda reçoit Gilles Boyer pour son livre «Petit-Clamart» dans #HDLivres

Transcript

00:00Bienvenue à l'Heure des Livres, Gilles Boyer.

00:02Bonjour, merci de m'avoir invité.

00:04Je vous en prie, vous êtes député européen,

00:06vous avez travaillé avec Alain Juppé,

00:09vous avez été son collaborateur,

00:10avec Édouard Philippe,

00:11avec qui vous avez écrit des livres,

00:13deux livres,

00:14L'Heure de vérité et Dans l'ombre.

00:16Vous avez aussi vous-même écrit trois romans

00:18et là vous venez de publier Petit Clamard,

00:20un livre qui paraît chez La Tess,

00:22un roman assez passionnant,

00:25que l'on ne lâche pas, qu'on aime la politique ou pas,

00:27et qui mêle petite et grande histoire,

00:29fiction et romanesque.

00:30Alors ce roman, c'est une eucronie,

00:32c'est-à-dire qu'en fait vous partez

00:34de l'attentat du Petit Clamard,

00:37qui a effectivement eu lieu le 22 août 62,

00:40qui visait le général de Gaulle et sa femme,

00:43et à partir de là vous dites,

00:45et si ?

00:46Pourquoi cette idée ?

00:48C'est un genre littéraire dont les anglo-saxons sont friands

00:51et beaucoup plus coutumiers que nous.

00:53Je me suis permis d'imaginer ce qui aurait pu se passer

00:55si ce jour-là le général de Gaulle

00:57était passé de vie à trépas.

00:58Ça s'est joué à quelques centimètres.

01:00Quand on va au mémorial à Colombey-les-Deux-Églises,

01:02on voit la déesse présidentielle ce jour-là

01:04avec les impacts de balles.

01:06C'est une image très marquante,

01:07et donc c'est passé tout près.

01:09Et cet attentat intervient à un moment

01:11déjà charnière de la jeune Vème République

01:13qui a à peine 4 ans.

01:14Pompidou vient d'arriver à Matignon,

01:16remplacement de Debré.

01:18Mais la Vème République n'est pas du tout stabilisée aujourd'hui.

01:20On y est très habitués.

01:21Elle vient de fêter ses 65 ans.

01:23Mais à l'époque, elle est encore très fragile

01:25et on se demande si elle va survivre

01:27à la personnalité très forte du général.

01:29Oui, parce qu'à l'époque,

01:30le président n'est pas encore élu

01:32au suffrage universel direct.

01:34On sort aussi d'un contexte compliqué en Algérie.

01:37Les accords déviants viennent d'être signés.

01:40Alors ce qui est intéressant,

01:41c'est que vous vous attachez

01:42à ce que je disais,

01:43à la petite et la grande histoire.

01:45Alors la grande histoire,

01:47en vous intéressant évidemment

01:48à des personnages comme Pompidou,

01:49aussi à un personnage qu'on a oublié pour certains,

01:53qui est le président du Sénat de l'époque,

01:55Gaston Bonnerville,

01:56qui, de par ses fonctions,

01:58est celui qui doit remplacer le général de Gaulle,

02:01puisque dans votre livre, il meurt.

02:03Oui, Gaston Bonnerville a été un personnage éminent

02:05de la fin de la quatrième

02:06et du début de la cinquième,

02:07un avocat guyanais

02:08qui s'est retrouvé président du Sénat

02:10pendant près de 15 ans,

02:12tout en étant très implanté

02:13sur son territoire du Lot.

02:15On a gardé le souvenir de lui

02:17pour sa dispute ensuite avec le général

02:19et avec Pompidou sur l'affaire du référendum,

02:21qui a conduit à l'élection

02:22du président au suffrage universel.

02:24Mais c'est un personnage

02:25qui a traversé les années.

02:27Et en effet, dans l'hypothèse que j'imagine,

02:29celle où le général aurait disparu au petit clamart,

02:32c'est lui qui aurait assuré l'intérim

02:34avec peut-être une idée

02:35qui lui aurait trotté dans la tête

02:37de se présenter à son tour à la présidence.

02:39Alors toujours dans la continuité

02:41de cette grande histoire

02:42que vous ne pouvez pas le cacher,

02:43vous aimez tant,

02:44vous faites revivre des personnages,

02:46des barons du colisme.

02:48Il y a Olivier Guichard,

02:50il y a Roger Frey, Robert Boulin,

02:52Alexandre Sanguinetti.

02:53Alors des personnages de chair et de sang,

02:56c'est vrai qu'on ne va pas dire

02:59que c'était mieux avant,

03:00mais on a l'impression

03:01qu'on n'a plus tellement

03:02de personnages équivalents quand même.

03:04C'était une grande époque,

03:05mais peut-être que dans 30 ans

03:06on regardera l'époque actuelle

03:07comme une grande époque.

03:08Parce que c'est souvent avec le recul,

03:09avec le manque,

03:10et c'est d'ailleurs ce que j'ai voulu montrer,

03:12le vide sidéral

03:13qu'aurait créé la disparition du général

03:15en ce moment-là.

03:16J'ai aussi voulu me dire

03:17qu'on est en 1962,

03:18à une époque où Pompidou

03:19n'a pas du tout l'autorité

03:20qu'il a acquise ensuite,

03:22où Debré vient à peine

03:23de quitter Matignon,

03:24où les barons du gaullisme

03:25regardent Pompidou

03:26d'un œil un peu méfiant,

03:27où les partis politiques

03:28veulent leur revanche

03:29de la Quatrième République.

03:30On voit aussi Mitterrand

03:31qui n'est pas du tout

03:32aussi influent qu'il l'a été ensuite.

03:34On voit le jeune Giscard

03:35qui est déjà ministre des Finances.

03:36On voit Pasqua.

03:37On voit Guy Mollet,

03:38on aperçoit Pasqua.

03:39Je reconnais que je me suis amusé

03:41à faire parler,

03:42à faire vivre des personnalités

03:44que je n'avais vues

03:45que dans les livres.

03:46Pour la petite histoire,

03:48vous avez créé un personnage

03:50qui est une jeune fille

03:52qui habite en Bretagne

03:54et qui, finalement,

03:56découvre sa vocation politique

03:58en apprenant la mort

04:00du général de Gaulle.

04:01Oui, c'est un personnage

04:02que j'ai imaginé

04:03et qui me permet aussi

04:04de revisiter la France

04:06de ce début des années 1960.

04:08C'est la France d'Interville,

04:09c'est la France, en effet,

04:10de la fin de la guerre d'Algérie

04:11qui a tellement passionné

04:13nos compatriotes

04:14et qui a occasionné

04:15tellement de douleurs

04:16et d'ailleurs qui est à l'origine

04:17de l'attentat du Petit Clamart

04:18puisque c'est un commando

04:19de l'OAS qui en était à l'origine

04:21avec Bastien Thiry à sa tête.

04:23Donc, j'ai imaginé

04:24à travers cette adolescente

04:25qui découvre la vie politique

04:27à travers cet événement

04:29une manière de revisiter

04:30la France du début des années 1960.

04:32Et qui n'a pas encore

04:33le droit de voter.

04:34Non, qui ne l'aura d'ailleurs

04:35qu'à 21 ans.

04:36Voilà, puisqu'à l'époque,

04:37c'est 21 ans.

04:38À l'époque, c'est 21 ans.

04:39Alors, une question plus vous,

04:41on a envie de vous demander

04:43qu'est-ce qui vous a fait

04:45basculer vers la politique ?

04:47Est-ce qu'il y a

04:48un événement politique ?

04:49Une intervention politique

04:51qui a fait que vous avez

04:52choisi cette voie-là ?

04:53Non, je dirais que moi,

04:54comme beaucoup de gens

04:55qui font de la politique,

04:56en vérité, c'est une affaire

04:57de rencontre.

04:58Moi, j'ai eu la chance

04:59de rencontrer les bonnes personnes

05:00très jeunes.

05:01De travailler très tôt

05:02avec Alain Juppé

05:03qui m'a guidé

05:04dans tout mon parcours politique

05:05depuis maintenant plus de 20 ans.

05:06De rencontrer ensuite

05:07Édouard Philippe

05:08qui est devenu

05:09un de mes meilleurs amis

05:10et un compagnon d'écriture

05:11comme vous l'avez rappelé.

05:12Donc, la politique,

05:13c'est une affaire de rencontre.

05:14En tout cas, en ce qui me concerne.

05:16De militantisme, bien sûr.

05:17De conviction.

05:18Mais pour durer,

05:20il faut pouvoir nouer

05:21des amitiés très fortes.

05:23Des amitiés, y compris

05:25parfois avec de l'admiration

05:26comme c'était mon cas

05:27pour Alain Juppé.

05:28Alors, en tout cas,

05:29je vous conseille de lire

05:30Petit Clamard.

05:31C'est un livre

05:32qu'on ne lâche pas.

05:33C'est passionnant.

05:34C'est donc paru chez La Tess.

05:35Merci beaucoup, Gilles Boyer.

05:36Merci à vous.

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