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Patricia Le Cadre (Céréopa): « Arrêtons de nous focaliser sur le rapport USDA! »
Terre-net
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08/07/2024
Marché des céréales
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🗞
News
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00:00
Bonjour et bienvenue à tous sur l'Espace TV sur les marchés agricoles. C'est toujours
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le même rituel. Chaque mois, tous les opérateurs se focalisent sur le rapport USDA et j'ai
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une personne avec moi qui va nous expliquer pourquoi ce n'est pas si pertinent que ça
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d'attendre chaque mois les analyses du département américain de l'agriculture. Patricia Lecadre,
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bonjour. Bonjour. Vous êtes directrice du pôle alimentation et production animale
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du CEREOPA qui est un centre d'études et un centre de conseil en production animale
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et qui se positionne et qui étudie les marchés agricoles, blé, maïs, soja notamment. Et
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vous dites le rapport USDA, tout le monde se focalise dessus mais ce n'est pas forcément
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le bon canal d'informations aujourd'hui sur les marchés. C'est vrai, nous on a un petit
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coup de gueule par rapport à ce rapport USDA qui ponctue les marchés mensuellement, c'est
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parce qu'on a besoin de se mettre quelque chose sous la dent quand on est un investisseur.
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Donc voilà, on a ces statistiques. Pour autant, il y a pas mal de choses qui nous énervent
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un petit peu. D'abord, effectivement, on se focalise beaucoup trop sur ce qui se passe
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aux Etats-Unis déjà. Ça, c'est un vrai problème parce que les Etats-Unis pour nous,
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clairement, ce n'est pas ce qui va faire le marché agricole cette année. Sur la saison
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2017-2018, on peut nous annoncer plus ou moins 2, 3, 4 millions de tonnes de plus ou de moins
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sur les différentes productions. Ça ne changera pas la face du monde. Donc ce n'est pas là-dessus
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qu'il faut qu'on se focalise. Ça, c'est la 1ère des choses. La 2ème chose, c'est
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qu'on s'intéresse beaucoup à l'offre et rarement à la demande. Et le rapport USDA
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sous-estime généralement, régulièrement la demande. Et on le voit, en fait, par exemple
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cette année sur les céréales, on s'attend à une demande, finalement, qui évoluerait
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peu, un petit peu à la hausse, un petit peu à la baisse selon les productions, alors
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qu'on a gagné 100 millions de tonnes l'année dernière. Donc soit c'est une très mauvaise
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nouvelle pour l'économie mondiale, soit il y a un problème et effectivement, ça sera
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réajusté. Vu les prix mondiaux actuels, ça quand même incite les acheteurs à passer
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aux achats. Donc ça, c'est la 2ème chose. Et puis surtout, on conseille en fait aujourd'hui
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aux acheteurs de se focaliser d'abord sur d'autres marchés que les Etats-Unis et puis
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surtout sur d'autres marchés que les marchés agricoles. On a toujours fonctionné en transversalité
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sur les marchés et nous, en fait, on accorde beaucoup plus d'importance à la macroéconomie
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et aussi aujourd'hui qui se concrétisent par les parités monétaires, qui se concrétisent
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par l'évolution des taxes à l'importation et à l'exportation et donc sur la géopolitique.
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Voilà donc la macroéconomie et la géopolitique, c'est ce qui fait aujourd'hui les marchés.
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Alors c'est plus compliqué, c'est plus difficile à suivre, mais il faut y passer un petit
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peu de temps.
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Mais ça veut dire que les fondamentaux, les niveaux de production, les niveaux des stocks,
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les matières premières agricoles, ce n'est pas forcément ce qu'il faut suivre aujourd'hui
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pour donner des perspectives sur les prix ou des tendances. Il faut regarder ailleurs
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et notamment, si je comprends bien, les marchés financiers.
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Oui, oui, alors tout à fait. C'est-à-dire que nous, on estime en fait aujourd'hui qu'il
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faut, quand on veut gérer son risque, imaginer plusieurs scénarios. On ne peut pas être
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haussier, baissier. Il y a un tas de scénarios possibles. Il faut en choisir plusieurs, les
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choisir, et puis ensuite leur accorder des probabilités de réalisation. Et on met
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en place une stratégie, un arbitrage de son risque par rapport en fait à ses probabilités.
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Après, ce qu'il faut savoir, c'est que...
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Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on ne peut pas... Enfin, ce n'est pas forcément
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pertinent de dire on se positionne haussier ou baissier sur telle production. Il faut
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envisager plusieurs scénarios et ce n'est pas blanc ou noir.
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Voilà, on pense que ce n'est absolument pas blanc ou noir. Et puis, par exemple, être
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un marché neutre aussi, c'est quelque chose de très important. On parle toujours de la
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hausse ou de la baisse, mais on peut être neutre pendant très longtemps. Si on regarde
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en fait ce qu'il se passe sur les marchés agricoles, on est dans une volatilité très
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faible depuis la saison 2016-2017, au regard de ce qu'on a eu les années précédentes.
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Parce qu'il y a une deuxième chose, on pourra revenir sur les marchés financiers, mais
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il y a une deuxième chose qui a beaucoup évolué. C'est le fait qu'aujourd'hui, la commercialisation
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est revenue aux mains des producteurs partout dans le monde. Et ça, ça change un peu la
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donne.
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C'est-à-dire ? Les gens stockent davantage ?
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Voilà, ça veut dire que les gens ont énormément investi dans des capacités de stockage à
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la ferme, ce qui leur permet aujourd'hui de commercialiser quand bon leur semble ou
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en tout cas quand les prix leur semblent rémunérateurs. Donc, ça a démarré en Argentine avec le
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soja pour gérer de l'inflation. Ensuite, le Brésil, les Etats-Unis s'y sont mis. En
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Europe, on voit aussi augmenter les capacités de production.
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En France ?
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En France aussi. Et puis parce qu'aujourd'hui, on peut aussi, par des plateformes qui se
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développent, vendre sans passer par des intermédiaires sa récolte. Donc, en fait, il y a énormément
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de choses qui font qu'aujourd'hui, effectivement, la main est revenue aux producteurs. Alors,
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c'est bien. C'est ce qui explique en grande partie la faible volatilité.
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C'est-à-dire qu'aujourd'hui, partout dans le monde, les agriculteurs sont davantage
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en capacité de vendre leur récolte sur un laps de temps beaucoup plus important et pas
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seulement en fonction de leur coopérative ou leur négociation ?
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Voilà, c'est pour ça que les pressions de campagne, les pressions de récolte, comme
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on les voyait les années précédentes, en fait, on les voit de moins en moins. Elles
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sont de moins en moins fortes parce qu'aujourd'hui, on peut étaler sa commercialisation. Alors,
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bien sûr, il y a des moments où on a besoin de vendre parce qu'on a besoin de trésorerie.
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Mais globalement, il faut aussi avoir une vision forcément de son marché. C'est pour
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ça qu'il faut aussi améliorer sa connaissance des marchés quand on est producteur. Eh bien,
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en fait, on peut effectivement commercialiser plus sereinement, on va dire.
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Ça, c'est plutôt une bonne chose.
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Alors, c'est bien et c'est pas bien. C'est bien parce que ça a mis un prix planché au
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marché mondiaux. Voilà, au-dessous des coûts de production, on n'a pas envie de vendre
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et on garde sa graine au chaud. Mais quand, en fait, les marchés deviennent rémunérateurs,
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les gens se mettent tous à vendre en même temps. Donc, au final, on est dans une espèce
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de canal qui, par exemple, sur le marché du soja, la graine de soja, on a identifié
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un canal entre 9 et 10 dollars le boisseau et on n'en sort pas. Et c'est assez logique
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par rapport à ce que je viens de vous expliquer. Donc, après, nous, ce qu'on dit, c'est qu'il
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faut pas non plus faire l'économie d'un scénario qui bouleverserait en fait ce canal
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et de scénarios extrêmes parce qu'on peut avoir des scénarios extrêmes.
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Et alors, quel scénario extrême vous envisagez pour les prochains mois ?
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Le scénario extrême, c'est un éclatement des bulles obligataires, des bulles de crédit.
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Sur les marchés financiers ?
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Voilà, sur les marchés financiers ou même éventuellement un problème, un éclatement
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des bulles boursières parce qu'aujourd'hui, on est sur des niveaux de valorisation qui
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sont stratosphériques et que les bénéfices que font les entreprises ne justifient pas.
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Qu'est-ce qui vous fait penser à cette possibilité ?
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D'abord, la première chose, c'est que même si nous, on s'inquiète chaque année de l'augmentation
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de ces dettes un peu partout dans le monde, on en parlait très peu dans la presse grand
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public. Aujourd'hui, non seulement des journaux autres que financiers commencent à en parler
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et en plus, il y a des grandes instances internationales comme le FMI, etc. et des grandes banques
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qui commencent aussi à mettre en garde sur ce risque qui se fait de plus en plus prégnant.
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Donc quand on commence à en parler dans la presse, c'est qu'en général, il y a eu
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des signes avant-coureurs et on a beaucoup de sujets d'inquiétude.
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Donc éclatement d'une nouvelle bulle sur les marchés financiers, quel impact ça pourrait
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avoir ? On se souvient de la bulle financière qui a éclaté en 2008-2009 et l'impact que
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ça a eu sur le marché des matières premières en général et agricoles. Quel impact ça
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pourrait avoir ? Un nouvel éclatement ?
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Alors nous, on pense en fait que ça serait tout à fait différent de ce qui s'est passé
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en 2008. Nous, on pense que ça serait plutôt haussier sur le marché des commodités parce
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qu'on n'est pas du tout dans le même contexte qu'il y a 9 ans. Et donc, on imagine que
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ça serait plutôt effectivement haussier et ça pourrait faire sortir justement de
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cette espèce de canal prédéterminé depuis un an et demi et faire sortir un petit peu
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le fleuve de son lit. Donc effectivement, c'est un scénario qu'on ne peut pas occulter.
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L'éclatement de cette bulle serait aussi valable pour l'Europe, la France ? On serait
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aussi concerné ?
08:08
Bien sûr. Alors nous, au niveau français, on a une chance. C'est qu'on est, vous et
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moi, sur des taux fixes en général quand on achète sa maison. Mais les entreprises
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achètent plutôt à taux variables et en fait, on est les seuls dans le monde à être
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sur des taux fixes. Partout ailleurs, c'est des taux variables. Donc à partir du moment
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où les taux remontent, effectivement, ça devient très difficile d'être en capacité
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de rembourser. Alors après, on me dit la dette, la dette, elle continuera à augmenter.
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On a des banques centrales aujourd'hui pourtant qui nous disent qu'elles vont remonter les
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taux. Donc c'est un vrai risque. Nous, on pense qu'il n'y aura jamais d'augmentation
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des taux, en tout cas de façon importante parce que si on augmente les taux, on fait
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éclater ces bulles. Et donc, en fait, nous, on regarde pas vraiment ce qui se dit au
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niveau de la BCE et de la Fed puisque de toute façon, ils nous disent rien. Et en fait,
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c'est simplement les supputations de ce qu'ils vont dire qui font bouger les marchés. Par
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contre, on regarde beaucoup ce qui va se passer à la Fed en termes d'acteurs, c'est-à-dire
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qu'on a cinq administrateurs sur sept qui vont être remplacés, qui vont être nommés
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par Trump dans les prochains mois. Donc il reprend la main sur la Fed et je pense qu'on
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aura des gens beaucoup plus pragmatiques et moins idéalistes que la présidente actuelle.
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Et donc ça, ça peut faire évoluer les choses, mais plutôt toujours dans une volonté de
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faire baisser le dollar que de le faire monter.
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Vous parliez à l'instant de prêts immobiliers qui seraient au centre et qui étaient au
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centre de la bulle il y a quelques années. Est-ce que des incidents climatiques comme
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Irma, qui fait beaucoup de ravages et qui a des conséquences derrière sur le financement
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des maisons qui sont aujourd'hui détruites, peut avoir un incident, une incidence, y compris
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sur les marchés agricoles ?
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Alors oui, c'est vrai. Il y a eu deux millions de maisons endommagées par l'ouragan Irma.
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C'est deux fois plus que Katrina. Donc ça veut dire que les banques qui ont comme hypothèque
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ces maisons en gage n'ont plus rien en face d'elles si les gens ne remboursent pas. Donc
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ça met les banques dans un état assez compliqué. Les banques ne sont pas dans une santé
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mirobolante. On parle des banques américaines, mais il faut savoir aussi qu'il y a des bulles
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immobilières énormes en Australie, dont on commence à parler. Il y a eu un article
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dans Le Monde assez récemment. Donc ça, c'est un vrai problème aussi puisque les
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banques australiennes sont très importantes et ont vraiment un poids et un impact systémique
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sur le système financier mondial. Voilà. Et c'est la même chose au Canada. Et malheureusement,
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c'est la même chose en Chine.
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Donc les perspectives ne sont pas spécialement très bonnes pour les marchés agricoles,
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blé, maïs, soja ?
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Ça dépend de quel point de vue vous vous placez.
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Pour un agriculteur qui veut vendre ses productions.
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Si vous voulez vendre et si on estime que demain, l'éclatement de la bulle pourrait
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faire monter les prix agricoles, c'est plutôt une bonne chose. Pour un acheteur, ça l'est
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moins, forcément.
10:54
Patricia Lecarde, merci beaucoup pour cet éclairage. Et puis je vous invite à retrouver
10:57
d'autres informations sur les marchés agricoles sur TerreNet.fr.
11:00
Merci.
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3:30
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