Emilie Dequenne

  • il y a 4 mois
Transcription
00:00Bonjour Émilie de Quenne. Bonjour Élodie. C'est avec le drame Rosetta des frères Dardenne en 99 que le public vous a découvert avec
00:07cette petite actrice belge pétillante, hésitante aussi, mais complètement habitée que vous étiez déjà. Le métier vous a aussi repéré avec
00:15le prix d'interprétation féminine. Vous aviez 17 ans, je le précise.
00:18Suivront Le Pacte des loups, une femme de ménage avec Jean-Pierre Bacry, la fille du RER et les choses qu'on dit, les choses qu'on fait
00:24d'Emmanuel Mouret,
00:26couronné dix Césars de la meilleure actrice dans un second rôle. Quand on regarde bien, on se rend compte que vous êtes une actrice née.
00:32Vos débuts datent de 1993, quand à 12 ans vous aviez étudié à l'atelier théâtre de l'Académie avant de rejoindre une troupe amateur La Relève de la Deuze.
00:40Aujourd'hui vous êtes à l'affiche du film Survivre de Frédéric Martin. C'est un thriller... Jardin, pardon.
00:47C'est un thriller, l'histoire d'une famille.
00:49Tom et Julia sont les parents, vous êtes la maman.
00:52Ils naviguent à bord de leur bateau avec leurs deux enfants, Ben et Cassie, quand leurs boussoles se mettent à se dérégler, la tempête
00:58se lève, les baleines se retirent, les pôles s'inversent et l'eau, la mer, se retire
01:03littéralement, laissant cette famille avec ce que l'homme a semé, jeté, enfoui depuis des milliers d'années.
01:09Émilie de Caine, ce film, j'ai l'impression que c'est d'abord un tête-à-tête avec ce que nous sommes nous-mêmes, les hommes.
01:15J'avoue que ça nous ramène à notre condition de petite chose, face à l'immensité de la nature.
01:22Alors dans le film, évidemment, ça reste un vrai film de divertissement, ça reste un vrai film d'action, de genre
01:29réaliste et parfois un peu surréaliste.
01:32Voilà, c'est du cinéma.
01:33Cependant, il y a cette légère trame qui est de se dire que, effectivement, quand la nature se dérègle, on est vraiment bien peu de choses.
01:44Effectivement, là aussi, on a un côté un peu Thomas Hobbes, c'est-à-dire l'homme est un loup pour l'homme.
01:49L'homme est tellement égoïste aussi, individualiste et même violent.
01:57C'est ça qui vous...
01:58Il y a une séquence dans le film où on le voit, on le voit très, très fort, d'ailleurs, où il y a quelques survivants et la famille Julia et sa famille vont pour chercher de l'aide et hop, les portes se ferment et il n'y a plus personne.
02:10Et l'homme est un loup pour l'homme et le personnage de Julia, pour moi, est une merleauve.
02:15Ce truc comme ça, voilà, la boucle est bouclée.
02:18C'est marrant, d'ailleurs, parce qu'il y a une grosse partie de vous-même dans ce film.
02:21Quand on regarde bien, Emily Duncan, vous avez toujours été très proche de votre famille.
02:25Vous avez grandi à la campagne en Belgique et pas loin des mines de charbon, d'ailleurs, dans le borinage.
02:31Et on sent, d'ailleurs, que cette famille a toujours été un socle, tout comme pour cette maman dans ce film.
02:36Ses enfants, c'est sa vie.
02:38Oui, et ça a continué, c'est-à-dire qu'une fois que j'ai quitté ma famille en Belgique, j'ai eu un enfant, une fille très tôt.
02:45Elle a eu 20 ans.
02:46Ouais, presque 21.
02:48J'ai eu 21 en mois d'août, elle est née au mois de juillet, donc voilà.
02:54J'ai rencontré ensuite mon mari, j'ai fait les choses à l'envers, j'ai eu un enfant d'abord, le mari après, mais c'est pas grave.
03:01J'ai rencontré mon mari qui a deux garçons et on a créé une sorte de famille recomposée qui s'est avérée être une famille qui fonctionne très, très fort.
03:09Les trois enfants se considèrent vraiment comme frères et sœurs.
03:12Moi, je considère les garçons comme mes fils.
03:15Donc, oui, il y a vraiment de ça en moi, ce côté mère.
03:18Et c'est la raison pour laquelle je suis allée sans crainte.
03:23C'était inconscient.
03:23C'est maintenant que je peux le dire.
03:25Mais à l'époque où on m'a proposé le scénario, vraiment, je ne pensais pas du tout.
03:29J'ai vraiment cru qu'il y avait une erreur de casting parce que j'imaginais le personnage de Julia déjà gagnante, physiquement déjà gagnante.
03:36Une sorte de Tomb Raider, voilà, il y a ce truc que moi, je ne suis pas du tout.
03:43Et puis, finalement, je me rends compte que ce qui marche, c'est qu'elle est proche des autres, de toutes les femmes, de la majorité des femmes, en tout cas de la majorité des mères, ce qui n'est pas forcément lié, mais en tout cas de la majorité des mères qui veulent sauver leurs enfants.
03:57Et ça, je l'ai en moi.
03:59Et ce qui est drôle aussi, c'est qu'il y a la transmission dans ce film.
04:03Ce père, cette mère, ils veulent transmettre à leurs enfants.
04:07Ils veulent leur permettre aussi de trouver leur voie, cet espèce de chemin où ils vont se retrouver, s'épanouir, finalement.
04:15Et c'est un peu ce qui s'est passé aussi dans votre enfance, Émilie Ducan.
04:18Votre père, déjà, vous dansiez et vous chantiez très tôt.
04:22À deux ans, vous étiez déjà sur les tables, mais surtout, votre père, il vous emmenait découvrir les coulisses, enfant, du théâtre.
04:27Ça a été une révélation pour vous ?
04:28Oui, mes parents, tous les deux.
04:29Alors, je chantais et je dansais, je chantais toute seule parce que j'ai toujours aimé chanter.
04:34Je dansais surtout grâce à mon père.
04:37Je crois qu'il a tendance à dire que j'ai dansé avant de marcher.
04:41En tout cas, mes premiers pas, c'était pour aller du fauteuil à la chaîne IFI pour monter le son sur Vamos à la Playa.
04:48C'était vraiment l'année, je suis née en 81.
04:53L'année des radios libres.
04:54C'est ça aussi.
04:56Et donc, ensuite, le jeu, le théâtre, mes parents m'emmenaient voir une troupe de théâtre amateur
05:05qui s'appelle La Relève.
05:08Et le fait de voir ces comédiens jouer, je me souviens, je rentrais à la maison.
05:13J'avais cette envie de reproduire l'émotion, n'importe quelle émotion, de récréer quelque chose qui n'était pas moi.
05:24Ça m'a vraiment, vraiment donné envie.
05:26Et effectivement, j'allais dans les coulisses rencontrer les acteurs.
05:29C'était mes premières idoles.
05:31Je connaissais très mal, et je connais toujours assez mal le cinéma, finalement.
05:36Je n'ai pas eu une enfance de cinéphile, ni une adolescence de cinéphile.
05:40Donc, effectivement, ces comédiens amateurs, c'étaient mes idoles.
05:45Vous avez compris très vite qu'effectivement, c'était là où vous vouliez être.
05:48J'ai toujours voulu jouer.
05:50On n'exprime pas quand on est enfant qu'on veut être comédien ou comédienne, mais on sait qu'on veut jouer.
05:55Et j'ai toujours voulu jouer.
05:56Et encore aujourd'hui, c'est ce que je veux par dessus tout, c'est jouer.
06:00L'idée de me dire que je gagne ma vie grâce au fait que je joue.
06:04Mais quel luxe, quel privilège.
06:06Dans ce film, survivre, ce qui heurte d'abord, c'est le verbe survivre.
06:13Est-ce que le but, ce n'est pas de vivre justement mieux, simplement ?
06:18L'idée, forcément, dans ce film, c'est un survival movie.
06:21Mais moi, dans ma propre vie, ce qui m'intéresse, c'est de vivre, ce n'est pas de survivre.
06:25Évidemment, et pour tous, la survie, ce n'est pas une vie.
06:32Être un survivant, c'est bien, mais à partir du moment où après la survie, on tourne la page et on peut vivre.
06:38C'est ça qui est intéressant.

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