Judith Godrèche et Arthur Teboul : dialogue intime et politique

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Tout public du 2 septembre avec Judith Godrèche et Arthur Teboul

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00:00Et avec la joie même des nouveaux rendez-vous, comme une rentrée scolaire, le plaisir d'avoir
00:09de nouveaux petits camarades, et oui, la culture pendant une demi-heure qui aura toute sa place,
00:14celles et ceux qui la font, qui vont venir éclairer à leur façon l'actualité, culture
00:19qui unit, qui émeut, qui vient gratter, où parfois ça fait mal dans nos sociétés.
00:23C'est pour ça que nos deux premiers invités incarnent à merveille tout ça.
00:28Bonjour Judith Godrech.
00:29Bonjour.
00:30Vous repartez au combat en cette rentrée pour que la Nouvelle Assemblée Nationale
00:34ressuscite une commission d'enquête sur les violences dans le cinéma, l'audiovisuel,
00:38le spectacle vivant, commission victime comme d'autres de la dissolution.
00:42Bonjour à vous aussi Arthur Teboul.
00:43Bonjour.
00:44Vous, après avoir donné le frisson à des millions de Français en interprétant l'affiche
00:48rouge de Léo Ferré lors de l'hommage national au Panthéon aux Manouchiens, au couple Manouchiens,
00:52ces résistants apatrides qui ont contribué à sauver la République, vous sortez en cette
00:56rencontre un album de reprises de classiques de la chanson française, sans vos complices
01:00de feu chatterton, mais avec le pianiste Baptiste Trotignon.
01:03Allez Judith Godrech, on retourne à la soirée des Césars, parce que tout part un peu de là.
01:08Depuis quelque temps je parle, je parle, mais je ne vous entends pas, ou à peine.
01:13Où êtes-vous ? Que dites-vous ? Nous sommes sur le devant de la scène, à l'aube d'un
01:17jour nouveau.
01:18Nous pouvons décider que des hommes accusés de viol ne puissent pas faire la puée et
01:21le beau temps dans le cinéma.
01:22Ayons le courage de dire tout haut ce que nous savons tout bas.
01:25N'incarnons pas des héroïnes à l'écran pour nous retrouver cachés dans les bois
01:29dans la vraie vie.
01:30N'incarnons pas des héros révolutionnaires ou humanistes pour nous veiller le matin
01:34en sachant qu'un réalisateur a abusé une jeune actrice et ne rien dire.
01:38Merci de m'avoir donné la possibilité de mettre ma cape ce soir et de vous envahir
01:43un peu.
01:44Il faut se méfier des petites filles, elles touchent le fond de la piscine, elles se cognent,
01:48elles se blessent, mais elles rebondissent.
01:50Merci.
01:53Il y a le combat qui continue, mais je voudrais qu'on commence, Judith Doudrèche, par les
01:57mots que vous employez ce soir-là, parce que vous êtes une comédienne, vous êtes
02:01une actrice, vous êtes une réalisatrice.
02:02Ces mots, vous les choisissez avec un soin particulier pour qu'ils portent.
02:08Pas vraiment, enfin non, honnêtement, j'écris, c'est drôle parce que j'écris en musique,
02:17quel que soit ce que j'écris, et je ne peux écrire qu'en musique, et en l'occurrence
02:22ce discours, je l'ai écrit, je suis rentrée dans un genre de tunnel, en écoutant une
02:27chanson, la même chanson inlassablement, une chanson d'un groupe indépendant américain
02:34qui s'appelle Big Thief, et la chanson s'appelle Masterpiece, et j'essaie d'être le plus
02:41possible en contact avec moi-même, ce qui n'est pas toujours évident, parce qu'il
02:45y a aussi un chemin à faire de ce côté-là, pour arriver à parler de soi, mais aussi
02:50à parler des autres en parlant de soi, c'est-à-dire que je pourrais inlassablement, et d'ailleurs
02:57je m'en lasse moi-même, parler de moi et de mon histoire, ce qui était important pour
03:03moi en l'occurrence, c'était justement de parler à cette assemblée-là, pour qu'à
03:08travers mon histoire, d'autres puissent se reconnaître, parce que sinon, quel est l'intérêt
03:14dans le fond ?
03:15Il vous touche ces mots, Arthur Teboul, les mots de Judith Gaudrech, le fait qu'elle
03:19soit en musique apparemment, c'est une forme de poésie aussi là-dedans peut-être ?
03:23Il me touche parce qu'ils sont intimes et honnêtes, c'est ça qui traverse en fait
03:29quand on entend ce moment-là, où César, sur toute cette fin, cette image très sensible.
03:36Ce qui me touche toujours, c'est quand on est à la recherche des mots, on ne le fait
03:41pas pour briller, on ne le fait même pas pour émouvoir, on cherche à dire quelque
03:47chose.
03:48Il y a une nécessité qui nous guide, et la difficulté c'est de trouver les mots
03:51qui portent cette nécessité.
03:52Parce que ce sont des armes, vous dites aussi, les mots ? C'est une flamme, ce sont des
03:57armes ?
03:58Des armes parce qu'ils révèlent ce qu'on a en partage, parce qu'ils éclairent ce
04:05qu'on a en commun.
04:06C'est vrai que si on cherche à parler de soi sans croire, presque comme une religion,
04:14c'est que plus on dit l'intime, plus on dit l'autre et le monde, on ne parle que
04:18pour soi.
04:19En tant qu'artiste, si on ne croit pas cette vérité, on est cuit.
04:22Je pense d'ailleurs que curieusement, je parle à un endroit qui est l'endroit de
04:27ma solitude, forcément, une solitude qui persévère, qui perdure et qui sera là pour
04:31toujours, à l'endroit de mon vécu.
04:33Mais c'est justement ce qui est très émouvant, touchant et qui donne une force, c'est
04:40la solitude.
04:41C'est avec les mots de la solitude que j'écris, et c'est cette solitude-là qui rencontre
04:45la solitude des autres et qui fait que ça forme une foule, et que l'idée du combat
04:53même peut naître à travers les rencontres de toutes ces solitudes.
04:58Mais moi, je parle vraiment à un endroit d'une solitude, en tout cas, je ne sais pas
05:02du tout, dans mon écriture, je ne me pose pas des questions ni de séduction, ni même
05:08de...
05:10Quand vous disiez tout à l'heure, est-ce que je me lasse dans cette tribune à Libération,
05:13vous dites, suis-je attendue au cimetière des hamsters ?
05:15C'est un clin d'œil à ma série Icon of French Cinema où mon personnage, Judith
05:22Godrej, se retrouve à devoir être un hamster géant, un doudou géant parce qu'elle ne
05:28trouve pas de boulot.
05:29Et donc, oui, il y a cette image.
05:32C'est compliqué.
05:35Je pense que porter un combat et à partir du moment...
05:41Il y a cette idée, voilà, j'en sais trop, j'en sais assez pour comprendre l'importance
05:51du fait de continuer de parler.
05:53Et en même temps, tout en parlant de plus en plus et dans des endroits politiques, il
06:02y a évidemment le risque que ma parole s'étiole, voire même se dilue dans une espèce de marasme
06:07comme ça.
06:08Et c'est compliqué parce qu'il faut continuer de parler pour pouvoir obtenir que les choses
06:13changent.
06:14Et bien d'autres gens en parlaient avant moi et voyez, on en est aujourd'hui.
06:18Donc, c'est un truc, il y a une dualité à laquelle je dois faire face forcément.
06:24Mais je vous rassure, ils portent toujours vos mots quand on les écoute, les vôtres.
06:27Arthur Teboul, plutôt ceux de Léo Ferré, pareil, on se les remet un peu en mémoire,
06:32en tête, c'était juste avant les Césars, c'était le 21 février de l'année dernière
06:37au Panthéon.
06:38On avait réclamé la gloire, ni les larmes, ni l'orgue, ni la prière aux agonisants.
06:53C'est un moment, Arthur Teboul, qui restera évidemment gravé dans votre histoire personnelle
07:16intime.
07:17Mais est-ce que ça l'est aussi par le contexte ? On était quelques semaines après le vote
07:22d'une loi immigration contestée et depuis, il y a eu cette hypothèse, rassemblement
07:26national, majorité absolue à l'Assemblée, tout ça résonne, j'imagine, pour vous.
07:30Oui, c'est vrai que c'est une chanson qu'on chante depuis quelques années avec Feuchat
07:36Ayrton, tous les soirs.
07:37Elle est arrivée par hasard dans notre répertoire, enfin par hasard, on ne sait pas, on ne peut
07:42pas l'expliquer.
07:43Par goût, par choix.
07:44Non, elle est arrivée par accident.
07:45Et puis, quelque chose en elle résonnait avec l'instant, avec le moment qu'on vivait
07:50collectivement.
07:51En effet, je pense que si on avait chanté cette chanson au Panthéon il y a 15 ans,
07:58personne ne l'aurait ressenti de la même façon parce qu'il y a les fantômes du passé
08:02qui reviennent, il y a un désarroi, une violence, une peur sociale, sociétale qui est là,
08:12qui infuse.
08:13Donc, ces mots-là qui ont 80 ans, ou presque en tout cas ceux de Manouchian, repris par
08:21Aragon, ont 80 ans, c'est fou à quel point ils parlent au présent.
08:26C'est le génie d'Aragon, c'est le génie de Ferré, mais c'est aussi, au-delà du génie,
08:36l'honnêteté et la franchise de Manouchian qui écrit une lettre à sa femme à quelques
08:42heures d'être fusillé avec son cœur.
08:46Et c'est ça qui ne périme jamais, c'est ce moment où on essaye de parler au présent
08:51plutôt qu'à l'avenir, et c'est le seul moyen peut-être de parler à l'avenir.
08:55On vous a vu des frissons d'écoutant ça aussi, je suis comme dans le monde.
08:59Oui, et puis c'est vrai que c'est important le choix, ce qu'on choisit de chanter, c'est
09:06une façon, je pense que beaucoup d'entre nous, à notre manière, on essaye d'avoir
09:12un impact, et c'est beau, je trouve, la manière dont les artistes ont choisi d'être
09:25portés par les mots, par la musique, par notre façon, et c'est émouvant aussi ce
09:30parcours-là, ou en tout cas ce moment-là.
09:33Et puis ensuite, chacun interprète comme il veut ce qu'il entend, et puis il peut
09:40aussi se raconter sa propre histoire.
09:42Et je le disais, quelques mois après, il y a eu cette hypothèse d'un rassemblement
09:47national à l'assemblée majoritaire, ce n'est pas le cas, mais il y a eu une dissolution,
09:52Judith Godrej qui a presque enterré cette commission d'enquête parlementaire sur les
09:57violences dans le cinéma, votre combat aujourd'hui, c'est que la nouvelle Assemblée nationale
10:03porte ça.
10:04Oui, c'est-à-dire qu'avec la dissolution de l'Assemblée nationale, cette commission
10:08d'enquête qui m'avait coûté d'avoir à convaincre certains députés de voter
10:17pour cette commission, etc., je m'étais retrouvée à faire du lobbying, j'ai appris
10:22ce que c'était que de faire du lobbying en politique, et de convaincre, et c'est
10:26vrai qu'avec la dissolution, c'est comme une sorte de commission d'enquête un peu
10:32mortenée, et puis tous les travaux ont disparu, c'est comme si ça n'avait jamais eu lieu,
10:38c'est assez violent comme système, et donc oui, en effet, je me bats, ou plutôt je prends
10:45les devants en disant voilà, comme l'IS, l'UFOQ le fait avec sa commission sur la protection
10:50de l'enfance.
10:51Et vous l'écriviez dans cette tribune de Libération, et on va en parler, vous êtes
10:58allée voir dans les universités d'été de certains partis politiques, là où on vous
11:04a invité, vous êtes allée volontiers en reprendre la conversation le temps du fil
11:08info d'Armand Péroulogne à deux ans moins le quart.
11:10La France décroche trois nouvelles médailles d'or ce lundi aux Jeux Paralympiques de Paris,
11:15dont deux en triathlon, l'une pour Jules Ripstein dans sa catégorie, et l'autre pour
11:20Alexis Anquin-Camp, porte-drapeau de la délégation française, de l'or également pour Aurélie
11:25Aubert en boccia, une discipline proche de la pétanque.
11:28La France obtient aussi de l'argent et du bronze en triathlon, ainsi que du bronze en
11:32badminton dans le double mixte.
11:34La France passe à la quatrième place dans le tableau des médailles.
11:37Emmanuel Macron accélère les consultations pour trouver un premier ministre.
11:41Le favori Bernard Cazeneuve a passé une heure ce matin avec le président de la République.
11:46Cet après-midi, il recevra le LR Xavier Bertrand, autre candidat potentiel à Matignon.
11:50Emmanuel Macron a aussi reçu les anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy.
11:55François Bayrou et Gabriel Attal sont également attendus à l'Elysée cet après-midi.
12:00La rentrée scolaire depuis ce matin pour quelques 12 millions d'élèves avec deux
12:03grandes nouveautés cette année, l'expérimentation de l'uniforme dans 90 établissements et la
12:08mise en place de groupes de niveau en sixième, cinquième pour les maths et le français.
12:12Chaque collège s'organise comme il le veut, comme l'indique Christophe Benmimoun, principal
12:17du collège de Toussy dans Lyon.
12:19Il va y avoir des évaluations nationales qui vont commencer à partir la semaine prochaine
12:22qui vont nous permettre d'avoir un diagnostic précis sur les acquis des élèves, déterminer
12:27quelles sont les lacunes les plus importantes de certains élèves et on sortira les élèves
12:32de leur classe classique.
12:33On va régler ce problème, ça va prendre 4 semaines, 5 semaines, 6 semaines pour le
12:37faire et après on rebrasse les groupes et on travaille sur un autre souci qui apparaîtra.
12:42À l'étranger, journée de grève générale en Israël à l'appel de la puissante centrale
12:46syndicale Ista Drout.
12:48Objectif, contraindre le gouvernement Benyanaou à conclure un accord avec le Hamas pour libérer
12:56les otages libérés à Gaza après la découverte ce week-end de la mort de 6 otages.
13:01Et puis, nouvelle salve de frappes russes en Ukraine, des missiles balistiques ont ciblé
13:06la capitale Kiev la nuit dernière, Vladimir Poutine lui affirme que les forces russes
13:10progressent plus rapidement qu'elles ne l'ont fait depuis longtemps dans l'Est de l'Ukraine.
13:15France Info
13:22Et Judith Gaudrech qui reprend son bâton de pèlerin politique d'une certaine manière
13:26pour que surtout ne soit pas intéressée cette commission d'enquête parlementaire
13:29sur les violences dans le cinéma et dans d'autres mondes culturels.
13:33Et Arthur Teboul qui entame une petite carrière solo, un album de reprise qui va sortir ces
13:39jours-ci même s'il continue avec Feuchterton.
13:42Judith Gaudrech, vous êtes désormais engagée dans la politique ?
13:45Ah bon ?
13:46C'est une question !
13:48Écoutez, le personnel est politique et je me retrouve à naviguer cet univers-là tant
13:58bien que mal.
13:59Engagée, je suis engagée parce que je suis une féministe, une femme qui, comme toutes
14:06les femmes, a des batailles à mener, toutes sortes de batailles et que le discours des
14:13femmes est un discours politique et où, d'ailleurs, les politiques devraient s'imprégner du discours
14:21et des combats des femmes pour en faire un vrai sujet politique plutôt que ce soit une
14:26sorte de truc un peu comme ça sur le côté mené par...
14:29C'est pas encore central, c'est pas encore au centre cette chose-là.
14:32Je ne trouve pas, non, maintenant, je pense que nous marchons dans la bonne direction
14:38mais en même temps, et sûrement pas grâce à moi, je suis vraiment un détail sur la
14:45route.
14:46Un détail, mais qui compte et qui est très actif.
14:49Ces derniers temps, Arthur Teboul, vous l'avez entendu, Judith Gaudrech, dire à de multiples
14:53reprises, je ne vous entends pas, les hommes notamment, vous recevez ça de quelle manière,
15:00quelle place des hommes dans ce combat-là ?
15:02On s'interroge, forcément.
15:04Il n'y a pas de reproche personnel.
15:09Non, non, je ne l'ai pas reçu comme ça.
15:18Ça me fait me poser la question plus générale du confort.
15:20Quand on a acquis quelque chose, quand on est confortable dans une position, dans ce
15:27qu'on a, ce qu'on a autour de soi, ce qu'on a construit même, parfois légitimement,
15:32on a du mal à se remettre en question parce que certaines questions, si on veut y répondre
15:36sincèrement, nous conduisent à des vérités qui remettent en question ce confort et ses
15:41acquis.
15:42C'est forcément difficile, mais on est obligé d'écouter l'autre, on vit ensemble.
15:47Ces blessures qui nous révèlent des problématiques sociales, sociétales, collectives, qu'on
16:00doit prendre en charge collectivement.
16:01Vous bousculez des conflits ?
16:03Et puis surtout, pour ne parler pas que du monde du cinéma, parce que quand je disais
16:07je ne vous entends pas aussi, je parlais justement à ce parterre qui composait la crème de
16:13la crème du cinéma français, mais par ailleurs, il se trouve que c'est vrai que je suis mal
16:18placée aussi pour donner des leçons sur la manière dont on doit se déconstruire ou
16:24le temps que ça prend.
16:25J'ai vécu en négociant avec ma propre réalité, avec mon vécu, et ça m'a pris quasiment
16:3535 ans pour que ma parole se libère, et donc c'est vrai que par ailleurs, alors que j'étais
16:41dans cette espèce d'aveuglement ou de somnambulisme par rapport à mes propres histoires, à mon
16:48propre vécu, j'étais moi-même sûrement complètement incapable d'aider ou de regarder,
16:57et donc du coup je trouve ça compliqué d'imaginer que je me positionne comme une sorte de juge.
17:03Maintenant, par ailleurs, il se trouve que pour parler des hommes, j'ai reçu énormément
17:09de témoignages d'hommes, parce qu'il se trouve que des gens m'ont écrit pour me
17:14raconter ce qu'ils avaient vécu, et beaucoup moins d'hommes que de femmes, mais j'ai compris
17:21et en parlant avec beaucoup d'entre eux, notamment, ou plutôt je me suis rendu compte
17:25à quel point il était compliqué, l'extrême violence d'arriver à raconter ce qu'on a
17:33vécu et les violences sexuelles qu'on a vécues quand on était un garçon.
17:36Et par ailleurs, c'est pour ça que je ne pointe pas du doigt les hommes, mais plutôt,
17:43quand je dis je ne vous entends pas, c'est à la société en effet, et à notre société,
17:49mais de la même manière, dans le fond, qu'on marche dans la rue, quelqu'un se fait agresser
17:54devant nous, et il y a une grande partie, je pense, de personnes qui auront peur, peur pour leur vie,
18:02et qui ne vont rien faire, et c'est le problème d'être témoin, et à quel endroit de notre vie
18:09on arrête d'être témoin, en tout cas, témoin muet.
18:12On est témoin des fois, et on ne veut pas regarder, ou on ne sait pas quoi faire,
18:14c'est ça l'inconfort que vous décriviez, Arthur.
18:17C'est marrant, parce que je n'aime pas du tout étaler mon intimité, mais à une échelle qui
18:22est moins violente que celle des agressions sexuelles et sexistes, je me suis fait,
18:27il y a à peu près un an, agresser physiquement.
18:30Bref, ce qui m'a le plus bouleversé, ce n'est pas les points de suture,
18:38c'est le fait de sentir que, collectivement, on était incapables de prendre en charge cette violence,
18:43on est abandonnés à cette violence.
18:46Il y avait du monde autour ?
18:46Oui, quelques personnes, mais en tout cas, et des gens qui sont censés être responsables,
18:51dans un endroit privé, un cabinet médical, et ce qui était le plus dur à supporter,
19:01c'est ce truc qui tombe sur la tête de désillusion, de désenchantement,
19:05du fait que le vivre ensemble est déjà très compliqué.
19:07On essaye, à notre minus échelle, en tant qu'artiste, de créer des moments de communion,
19:12de liens, et quand on se dit que la violence individuelle triomphe parce qu'on a peur,
19:17et je comprends, je ne peux pas en vouloir aux gens,
19:19de ne pas arriver quand il y a un type qui est en train d'en frapper un autre,
19:23parce qu'il y a une violence.
19:24Mais c'est dur, c'est dur d'accepter cette forme de triomphe de la violence,
19:29parce que, collectivement, on n'est pas capables de prendre ensemble en charge ces violences-là,
19:32et là, il faut relativiser, c'est dur.
19:37Pas les mêmes histoires, mais les mêmes ressorts.
19:40C'est petit, mais vu ce que vous disiez, ça m'a forcément donné envie de parler de ça.
19:47C'est les mêmes ressorts.
19:48Bien sûr.
19:49Vous voyez, c'est ce qu'on va essayer de faire, pendant toute cette année, à cette heure-ci,
19:53sur France Info, pendant cette demi-heure, c'est de faire du lien.
19:56Le liant.
19:57Le liant, exactement.
19:58Ce n'est pas facile, beaucoup de choses, beaucoup de faits essaient de nous séparer.
20:01La peur, et puis nous-mêmes en premier.
20:02On a du mal, de plus en plus de mal, à voir l'autre comme un frère étranger,
20:07nos frères pourtant, et bon, on essaie, il faut continuer d'essayer.
20:11Quand on échange, c'est encore mieux.
20:13Je ne serai pas seul autour de cette table, pendant cette demi-heure, de tout public,
20:17la bande du service culture de France Info sera évidemment là.
20:20Thierry Fioril, aujourd'hui, Yann Bertrand, Matteo Maestraci, bonjour à tous les trois.
20:24Et bonjour.
20:25Salut Fred.
20:26On va faire quelque chose de pas très original, c'est la rentrée, chacun, un coup de cœur
20:31de la rentrée, chef Yann Bertrand, chef du service culturel, à vous !
20:35Alors moi, ça va être ultra original, on n'en a pas du tout entendu parler ces derniers jours.
20:38Alors si, comme moi, vous avez passé quelques heures sur internet pour essayer de prendre
20:48des billets pour la reformation d'Oasis, vous savez de quoi je parle.
20:51Voilà, Oasis se reforme, l'année prochaine, plusieurs dates d'une tournée, pour l'instant,
20:56au Royaume-Uni, on l'espère, mondiale.
20:58Je voulais vous faire une remise à niveau avec deux conseils.
21:00J'en ai bien besoin.
21:01Par exemple, il y a ce documentaire un peu ultime qui s'appelle Supersonic, le titre
21:06de ce titre, le titre de cette chanson aussi, qui est visible gratuitement sur Arte en ce moment.
21:12Et il y a Liam as it was, en VOD, sur l'inénarrable Liam Gallagher.
21:17Allez-y, foncez et prenez des billets quand il y en aura de nouveau.
21:20Ouais, ça va pas, ça va pas être sympa.
21:21Tiens, Cyril.
21:22Je vais vous parler de la plus bouleversante des metteuses en scènes de théâtre à l'heure
21:26actuelle, c'est Lauren de Saint-Gazan, qui a créé Léviathan au Festival d'Avignon
21:30cet été, qui commence sa tournée avec Rennes, ce sera au mois de novembre et après partout
21:35en France, Léviathan.
21:36C'est la justice du quotidien, c'est comparution immédiate et comment, dans une salle d'audience,
21:42elle raconte toute l'humanité.
21:43Elle est surdouée, comme toutes les femmes de sa génération, d'ailleurs, dans le théâtre
21:47français aujourd'hui.
21:48Elle avait fait un exploit, faire jouer la comédie française sans texte, fallait quand
21:52même oser, elle a un culot phénoménal.
21:54Lauren de Saint-Gazan.
21:55Du talent comme toutes les deux Saint-Gazan, on peut le dire.
21:57Puisque c'est la cousine.
21:58C'est la cousine.
21:59C'est la cousine.
22:00Et le nouvel album d'Anneke, vous l'avez entendu ou pas ?
22:01Ah, bah, bah, bah, bah.
22:02D'accord.
22:04Vous connaissez le programme ? Elle fait des teasings formidables.
22:06C'est demain qu'on va en parler avec Yann.
22:09Il est sublime.
22:10Wild God.
22:11Pardon, je fais ma propre chronique.
22:12Vous êtes la bienvenue.
22:13Vous avez une suggestion, Arthur Teboul, à nous faire ?
22:16J'aime bien le dernier album de Fountains DC, avec un super titre, Starbuster.
22:20On en a parlé la semaine dernière aussi.
22:22Evidemment.
22:23Oh, qu'est-ce qu'on a bon goût ici.
22:24Mathéo, vous avez une bonne idée ?
22:25Oui, il a été pas mal question d'émotion avec nos deux invités.
22:29J'aimerais prolonger ça.
22:30Il y a un film qui est très émouvant, qui est en salle en ce moment.
22:32Il est sorti mi-août.
22:33On n'en a peut-être pas beaucoup parlé.
22:34Je veux juste faire une piqûre de rappel.
22:36C'est le roman de Jim, des Frères Larieux, adapté de Pierrick Bailly.
22:39Pour la première fois, peut-être, les Larieux, qui sont habituellement si fantasques, sont
22:44un peu plus sobres parce que, justement, ce n'est pas leur texte.
22:46Ils adaptent un roman.
22:47C'est un film extrêmement émouvant, qui parle de parentalité, de parentalité moderne
22:51avec des enfants qu'on a, des enfants qu'on adopte.
22:53Il y a un quatuor de comédiens qui est vraiment génial et hyper touchant.
22:57Laetitia Doche, Karim Lecloux, Bertrand Belin et Sarah Giraudeau.
23:00Voilà.
23:01On vous en donnera très régulièrement des conseils.
23:04Des idées.
23:05On remercie infiniment nos deux parrains, ma reine, ma reine parrain, Judith Gaudrèche,
23:08Arthur Teboul.
23:09Judith Gaudrèche voulait un cadeau parce qu'elle est ma reine.
23:11Grâce à Margot, du service comme de France Info, on a le sac à dos de France Info.
23:17Je donne quelques-unes des dates, Judith Gaudrèche, de séance spéciale autour de votre documentaire
23:22qu'on a vu à Cannes.
23:24Ces femmes qui vous ont écrit pour vous raconter.
23:26C'est leur court-métrage.
23:27Moi aussi, à partir du 12 septembre, la première date, je crois.
23:31Elle est au cinéma 14a à Nantes et puis ça tourne dans toute la France.
23:36Avec des associés à des longs-métrages de réalisatrices dont Céline Salette, Noémie
23:40Merland, Ovidie.
23:41Et voilà.
23:42Avec des films, voilà.
23:43Et voir Arthur Teboul.
23:44On n'a même pas pris le temps, j'en suis désolé, d'écouter, mais Yann Bertrand,
23:47on parlera dans les jours qui viennent.
23:48Votre album avec Baptiste Trottignon, piano-voix du Brassens, du Brel, du Barbara et vous êtes
23:56à ce nom.
23:57C'est la première date que j'ai.
23:58Le 19 septembre, c'est en Gironde, en tournée dans toute la France.
24:01Paris notamment, où on peut trouver une nouvelle date le 4 décembre, c'est ça ?
24:05Oui, voilà, il y a deux play-alls complets, on annonce demain midi, vous pouvez trouver
24:09des places à play-alls pour le 4 décembre.
24:11Là au moins, il y a bien à se tenir.
24:14Il n'y a plus qu'à.
24:15Merci infiniment à tous les deux.
24:16Merci beaucoup.
24:17Et ça nous en fait des choses.
24:18A voir tout au long de cette année tout public, tous les jours donc à 13h30 avec vous, Frédéric
24:22Carbonne.
24:23Merci.

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