00:06 François, la mort du président iranien victime d'un accident d'hélicoptère
00:09 serait peut-être due, peut-être, indirectement aux sanctions occidentales. Expliquez-nous.
00:13 Oui, en effet, c'est l'avis de bon nombre de spécialistes de la sécurité aérienne
00:17 qui expliquent le crash tout récent ayant tué le président Raisi et plusieurs autres personnes
00:22 par le manque de pièces de rechange et d'entretien
00:25 à cause des sanctions américaines qui frappent les exportations de matériel technologique à destination de Teheran.
00:31 Une hypothèse qui est d'ailleurs corroborée par l'ancien ministre des Affaires étrangères de la République islamique
00:37 pour qui la mort de Raisi doit être ajoutée, je cite, à la liste des crimes de l'Amérique contre le peuple iranien.
00:44 Ah bah évidemment, parce que l'Iran ne peut plus faire, en fait, entretenir ses hélicoptères, c'est ça ?
00:48 Ses hélicoptères et ses avions. Au moins tous les aéronefs qui sont fabriqués en Amérique et en Europe, c'est-à-dire la plupart.
00:54 L'âge moyen de la flotte iranienne est de plus du double de la moyenne mondiale, c'est-à-dire de 28 ans,
01:00 selon le groupe Sirium cité par le Financial Times.
01:04 Plus de la moitié de la flotte commerciale a plus d'un quart de siècle.
01:07 Certains avions datent même des années 70, de fabrication américaine ou soviétique.
01:12 Quant aux hélicoptères, 60% d'entre eux ont plus de 40 ans.
01:17 Et pour les avions militaires, c'est pas mieux, loin s'en faut, il y a encore des Mirage M1 français en service.
01:22 - Oh là là ! Non mais dites-moi, il n'y a aucun entretien pour ces appareils ?
01:26 - Non, quasiment pas, sinon avec de la bricole.
01:29 Les sanctions avaient bien été levées par Obama en 2015, c'était à la suite de la signature d'un accord qui limitait l'usage du nucléaire par Téhéran.
01:38 Vous savez que Téhéran développe toujours un programme prétendument civil,
01:42 dont le prolongement visé est évidemment la construction d'une bombe atomique.
01:46 Mais Trump a renforcé, rétabli ces sanctions en arrivant en 2018,
01:51 estimant que Téhéran ne respectait pas sa parole.
01:54 Bon, il n'y avait peut-être pas tort.
01:56 - Et donc du coup, rien n'a été fait pour moderniser la flotte ?
01:58 - Rien. En fait, il y a eu de gigantesques commandes aéronautiques lancées justement dans ce bref intervalle par les Molas,
02:05 mais interrompues et non honorées à cause du retournement diplomatique décidé par les Etats-Unis.
02:10 - Est-ce que ça veut dire quand même que les sanctions finissent par exercer en fait une vraie contrainte sur l'Iran ?
02:15 - Oui, oui, oui. Sur ce point-là, qui est important, c'est indubitable.
02:19 Et c'est d'ailleurs une leçon pour la Russie, qui va se trouver face aux mêmes difficultés
02:24 pour entretenir sa propre flotte aérienne, elle aussi privée de pièces de rechange.
02:29 Sur le reste, pas beaucoup, pas beaucoup d'effets,
02:32 parce que l'Iran continue à exporter son pétrole massivement,
02:36 grâce à la deuxième mondialisation, si on peut dire.
02:40 Deuxième mondialisation, c'est quoi ?
02:42 C'est un circuit de commerce international parallèle, mis en place largement par la Chine,
02:46 qui échappe aux directives occidentales.
02:48 En octobre dernier, l'Iran est ainsi devenu le second fournisseur de pétrole de la Chine,
02:53 avec près de 2 millions de barils par jour, devant l'Arabie Saoudite.
02:57 - La Chine a donc les moyens de limiter la portée des sanctions occidentales sur l'Iran et la Russie ?
03:01 - Oui, des moyens considérables.
03:03 Elle est désormais le premier partenaire commercial de plus de 100 pays dans le monde, la Chine.
03:09 C'est vous dire son poids.
03:11 Pour être honnête, les Occidentaux profitent indirectement de cette présence massive de l'Iran sur le marché pétrolier,
03:17 parce que ça permet de contenir le prix du baril, c'est-à-dire de l'essence, avec une offre supplémentaire.
03:23 - Merci beaucoup François Longlet pour toutes ces précisions.
