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L'invité de RTL Midi du 12 juillet 2025
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Regardez L'invité de RTL Midi avec Guillaume Ouattara du 12 juillet 2025.
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00:00
... dans la République, est-ce un tournant historique ou une illusion consensuelle ?
00:05
Sonia Bacchès, bonjour !
00:06
Bonjour !
00:07
Vous êtes présidente de la province sud de la Nouvelle-Calédonie.
00:10
Alors d'abord, vous avez signé cet accord ce matin aux côtés d'indépendantistes,
00:14
du ministre des Outre-mer, Manuel Valls.
00:17
D'abord, qu'est-ce que vous pouvez nous dire en un mot sur ce que vous avez ressenti au moment de signer ?
00:22
C'était beaucoup de soulagement pour nous, puisque la Nouvelle-Calédonie va très mal
00:26
depuis les trois référendums qui ont commencé en 2018
00:30
et les émeutes très violentes qu'il y a eu l'année dernière,
00:33
et qu'on a besoin de perspectives et de visibilité.
00:36
Et cet accord, il est très attendu par les Calédoniens.
00:40
Il y a vraiment une peur que la division reprenne, que les violences reprennent,
00:45
et donc un grand soulagement principalement.
00:47
Dans cet accord, on ne parle plus d'indépendance,
00:50
mais d'un état de la Nouvelle-Calédonie au sein de la République.
00:54
Est-ce que c'est la fin du rêve indépendantiste,
00:57
ou bien une façon de le repousser sans trancher ?
01:00
Justement, il n'y a pas de report.
01:01
C'est la grande nouveauté de cet accord,
01:03
c'est-à-dire que ce qu'on vit depuis 88,
01:06
c'est en permanence des épées de Damoclès.
01:09
En 88, ça avait fixé 10 ans.
01:11
En 98, 15 à 20 ans.
01:13
À chaque fois, ça se termine par des référendums
01:15
qui génèrent des événements violents.
01:17
Et là, l'idée, c'était de sortir de ce clivage qu'on vit depuis maintenant 25 ans.
01:24
D'en sortir de manière un peu définitive,
01:27
en ayant beaucoup d'autonomie,
01:28
mais en sortant de l'incertitude permanente.
01:31
Donc, je dirais que c'est plutôt une stabilisation
01:35
de cet état de la Nouvelle-Calédonie dans la République française,
01:39
sans épées de Damoclès,
01:41
et avec un corps électoral.
01:43
Et c'était l'un des objets de conflit
01:45
qui est ouvert petit à petit aux personnes
01:48
qui arriveront en Nouvelle-Calédonie.
01:49
Vous étiez plutôt opposée à l'idée d'une double nationalité.
01:53
Qu'est-ce qui vous a convaincu d'accepter la création
01:55
de la nationalité calédonienne ?
01:58
Oui, effectivement, j'y étais opposée,
01:59
parce que la nationalité,
02:02
c'est en général symbole d'indépendance.
02:06
Donc, dans la mesure où les Calédoniens ont voté trois fois
02:08
pour rester français,
02:11
j'étais pas favorable.
02:13
Ça fait partie des éléments de compromis.
02:15
Cette nationalité, nous l'avons acceptée,
02:18
loyaliste et rassemblement,
02:19
on l'a acceptée uniquement
02:20
parce qu'elle se tient aux côtés
02:23
de la nationalité française.
02:25
On a bien les deux nationalités
02:27
et que la Nouvelle-Calédonie
02:29
reste bien dans la République française.
02:31
Et c'est à cette condition-là
02:32
qu'on a accepté qu'il y ait cette double nationalité.
02:35
Autre compromis, l'accord,
02:37
il prévoit un nouveau corps électoral
02:38
potentiellement élargi.
02:40
Est-ce que vous n'avez pas, d'une certaine façon,
02:42
cédé sur le principe de légitimité
02:44
que vous défendiez jusqu'à présent ?
02:46
Non, au contraire, on est très, très heureux
02:48
que ce corps électoral soit réouvert
02:49
puisqu'on avait quand même 40 000 personnes
02:52
qui, parfois, étaient nées en Nouvelle-Calédonie,
02:55
étaient arrivées avant 1998
02:57
et ne pouvaient pas rentrer dans ce corps électoral.
02:59
Donc, pour nous, c'était un élément fondamental
03:02
qu'on puisse prévoir une capacité pour les gens
03:04
au bout d'une certaine durée.
03:06
Là, c'est 15 ans pour les élections de 2026,
03:08
10 ans pour les élections à partir de 2031,
03:11
pour les gens de voter à un moment donné.
03:12
C'est vraiment un élément démocratique majeur
03:14
dans ce à quoi on voulait arriver.
03:17
Dans l'accord de 13 pages que vous avez signé,
03:19
il y a l'idée d'un drapeau calédonien,
03:21
d'un hymne, d'une devise, d'une nationalité,
03:24
on le disait.
03:25
On n'est pas finalement en train de faire une indépendance
03:27
qui cache un peu son nom ?
03:29
Est-ce que vous n'avez pas cédé sur l'essentiel ?
03:31
Non, parce qu'en fait, tout ça,
03:32
c'était déjà dans l'accord de Nouméa.
03:34
C'est-à-dire qu'en fait, l'histoire du drapeau,
03:36
de l'hymne, c'est tout simplement
03:37
une reprise de l'accord de Nouméa.
03:38
Donc, il n'y a absolument rien de nouveau.
03:40
La grande nouveauté, c'est effectivement
03:42
la double nationalité française et calédonienne
03:45
qui, en fait, répond à deux aspirations.
03:48
Celle de rester français, sans épée de Damoclès,
03:51
et celle de plus d'autonomie,
03:53
plus de souveraineté qu'avaient les indépendantistes.
03:55
Donc, au contraire, je suis convaincue
03:57
que ça inscrit de manière pérenne
03:59
la Nouvelle-Caïdonie dans la République
04:01
tout en répondant à la revendication identitaire
04:04
des indépendantistes.
04:05
Ça va être quoi les prochaines étapes ?
04:06
Comment on enterrine cet accord ?
04:08
Puisqu'il n'a de valeur que pour ceux
04:10
qui l'ont signé, comment on le met en place
04:12
et quel est le calendrier ?
04:14
C'est un long chemin, puisque cet accord
04:17
ne sera enterriné que quand les Calédoniens
04:19
l'auront adopté.
04:20
Cette adoption, elle est prévue
04:22
après un chemin institutionnel complexe,
04:25
puisqu'il faut d'abord réformer la Constitution,
04:27
ensuite modifier la loi organique
04:29
et ensuite consulter les Calédoniens.
04:31
Cette consultation, elle est prévue
04:32
en février de l'année prochaine.
04:34
On espère que dès l'instant où cet accord
04:38
il est porté par la totalité
04:41
des forces politiques calédoniennes,
04:43
il sera adopté par les Calédoniens,
04:46
parce que réellement il permet...
04:48
C'est un souffle nouveau pour moi,
04:50
c'est-à-dire que ne plus avoir...
04:52
Moi, j'ai grandi avec ces accords en permanence
04:56
qui amenaient à des référendums clivants.
04:59
On a passé notre temps à faire des campagnes
05:01
pour les uns, contre les autres.
05:03
C'est très, très, très, très difficile
05:06
de vivre avec ça.
05:07
Et donc, pour moi, c'est un souffle nouveau
05:09
pour la Nouvelle-Calédonie
05:10
et pour nos enfants.
05:11
Sonia Baques, il vous aura fallu dix jours
05:13
pour arriver à cet accord
05:15
entre indépendantistes et non-indépendantistes.
05:18
Dix jours pour revenir sur une situation
05:20
qui est sclérosée depuis des décennies.
05:23
Vous y croyez ?
05:24
Cet accord, il va tout changer ?
05:25
Ça va être difficile.
05:27
Je sais que ça va être difficile
05:28
parce que les différentes étapes
05:29
vont être complexes.
05:31
Mais je suis convaincue
05:32
que si on arrive au bout de ce processus,
05:34
si les Calédoniens valident cet accord,
05:36
ça changera fondamentalement.
05:39
La vie en Nouvelle-Calédonie,
05:40
on vit sans visibilité,
05:42
avec des inquiétudes permanentes.
05:44
Et vraiment, si on arrive
05:45
à aller au bout de ce processus,
05:46
ça sera salvateur
05:49
pour la Nouvelle-Calédonie
05:50
qui vit dans des difficultés majeures
05:52
depuis trop longtemps.
05:53
Merci beaucoup Sonia Bacchès
05:55
d'avoir été l'invité de RTL ce midi.
05:57
Je rappelle que vous êtes
05:57
présidente de la province sud
06:00
de la Nouvelle-Calédonie
06:01
et donc signataire de cet accord historique
06:03
entre indépendantistes et non-indépendantistes.
06:06
Merci beaucoup.
06:06
Merci beaucoup.
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