C’est le comédien et metteur en scène Philipe Lellouche qui est venu aujourd’hui partager un café avec nous. Il est actuellement sur scène au théâtre de la Madeleine avec son spectacle « Stand Alone ».
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00:00 - Bonjour, cher confrère. - Bonjour, cher ami.
00:03 - Vous savez pourquoi je dis "cher confrère" ? - Non. Enfin, j'ai une idée.
00:06 - Vous avez été journaliste dans une vie antérieure. - Il y a très longtemps, oui.
00:09 - Alors, dans le spectacle que vous nous présentez ce matin et dont on va parler dans quelques instants,
00:15 vous nous dites globalement, hein, "Philippe, c'était mieux avant, il y a plein de choses qui étaient mieux avant."
00:19 - Oui. - Alors, depuis le temps que j'entendais parler des débuts de Philippe Lelouch, à envoyé spécial.
00:24 - Oh non ! - Je me suis dit, ça doit exister, quand même.
00:26 - Donc, j'ai regardé. Donc, si c'était mieux avant, capillairement et vestimentairement, Philippe...
00:31 - C'est méchant, ça. Dès le matin, c'est méchant. - On va mettre un petit bémol.
00:33 - Mais non, parce que vous avez de l'autodirision. Voici vos débuts. Alors, on est en 97, 18... 96, 97.
00:40 - Mais c'est ça, 96, je pense. - Regardez Philippe Lelouch, journaliste.
00:43 - Mon Dieu.
00:44 - Philippe Lelouch, bonsoir. - Bonsoir, Bernard.
00:50 - Je suppose que ça n'a pas dû être trop difficile de convaincre les 4 personnages de votre reportage de se laisser filmer.
00:56 - Non. Effectivement, ils ont l'habitude... D'abord, ils aiment s'exhiber, si on peut l'appeler comme ça,
01:01 puisque tous les soirs, ils vont chanter devant du public. Et je crois que, quelque part, on leur a apporté
01:05 cette part supplémentaire de notoriété qui leur manquait.
01:08 - Mon Dieu. C'est une autre vie. - C'est une autre vie.
01:12 - Oui. - Non, mais rassurez-vous. Moi, j'ai vu aussi mes débuts.
01:14 On est mieux maintenant. Donc, c'est ça qui est positif.
01:16 - Oui, c'est mieux. - Finalement, on se dit, le temps a passé, mais on est mieux maintenant.
01:18 - C'est bien. Il y a des vertus. - Donc, c'est positif.
01:20 - Allez, on en vient à votre actus, Philippe. Votre seul en scène qui a commencé, donc, il y a quelques jours,
01:24 au théâtre de la Madeleine à Paris. Ça s'appelle "Stand Alone". Et en tournée, également.
01:28 - Oui, en même temps. - En même temps.
01:30 C'est seulement votre premier. Moi, j'étais convaincu que vous en avez déjà fait d'autres.
01:33 - Alors, non. J'ai fait une petite tentative il y a une vingtaine d'années, mais pas assez longue pour considérer
01:38 que ce soit une expérience suffisante. Et là, maintenant, on peut dire que c'est mon vrai premier seul en scène.
01:43 - Alors, vraiment, dans cette émission, on dit ce qu'on pense, vous êtes tellement à l'aise sur scène.
01:47 On a vraiment l'impression d'être dans votre salon. - Merci.
01:49 - Non, mais c'est vrai. C'était le but, en plus, je crois. Avec un pote qui nous raconte ses souvenirs.
01:53 - Mais oui, c'était le but. C'était le but parce qu'en fait, les gens sont très gentils avec moi depuis plus de 20 ans,
01:57 maintenant, à venir voir régulièrement ce que je fais au théâtre. Et donc, par exemple, j'essaye de faire rire.
02:04 Mais pour l'instant, ils sont venus rire avec moi caché derrière une écriture ou derrière un rôle.
02:09 Et là, j'avais envie de leur dire, cette fois-ci, venez et on va rire vraiment ensemble.
02:12 - Donc, il y a évidemment, je suppose, beaucoup de vous dans ce spectacle, même si vous poussez parfois le curseur un peu loin.
02:18 On verra avec vous dans quelques instants. Petit extrait, l'enfance en voiture avec papa au volant. Regardez.
02:24 - Moi, je me souviens, j'adorais ça quand, dans 504, mon père, il fumait les vitres fermées.
02:30 Ah ben moi, à 7 ans, je faisais la différence au pif entre une gauloise et une gitane.
02:37 Je peux vous le dire. On prenait très vite l'autoroute, mais au bout de 40 km, où mon père roulait à 150 sans ceinture,
02:43 avec mon frère, on disait, papa, on a envie de vomir. Alors là, il se retournait pour nous tarter.
02:48 Et des fois, il nous tartait à l'aveugle, comme dans The Voice.
02:52 C'était bien, cette période-là, moi, j'adorais ça.
02:56 - Il y a plein qui vont te reconnaître, évidemment, tous ces gamins de cette époque.
03:00 C'était pas si bien quand même, parce qu'il y avait beaucoup d'accidents sur la route, il n'y avait pas la ceinture.
03:04 - Il y avait plein de trucs qui allaient pas. Mais il y avait une espèce d'inconscience.
03:07 On savait pas que rouler sans ceinture était dangereux, on savait pas que la cigarette était dangereuse, etc.
03:11 Il y avait cette forme d'inconscience, qu'on peut être, à certains égards, regrettée.
03:16 - Quand vous parlez du frère dans la voiture, c'est Gilles.
03:19 - C'est Gilles, mon petit frère.
03:20 - C'est le comédien du Hamon, Gilles Louch, petit frère.
03:22 Vous avez confronté, comme ça, vos souvenirs ? Il pense comme vous, Gilles ?
03:25 - Ah ben oui, on a eu vraiment la même enfance.
03:30 En tout cas, je sais pas, Gilles il est pas encore venu, il va venir là, je crois, ce soir, demain.
03:34 Enfin, il va pas tarder, mais j'ai hâte qu'il découvre.
03:37 Parce qu'évidemment, on a les souvenirs que j'évoque, ça va lui parler.
03:40 - Vous avez très peu d'écart.
03:41 - Six ans.
03:42 - Ah, vous avez six ans, d'accord. Et vous êtes l'aîné.
03:44 - Je suis l'aîné, mais je fais beaucoup plus jeune.
03:46 - C'est vrai ?
03:47 - Ouais.
03:48 - Non mais c'est vrai ! 57, c'est ça ?
03:49 - Oui !
03:50 - Mais faites pas, ça va !
03:51 - C'est vrai ?
03:52 - Non, ouais.
03:53 - Ah, c'est cool.
03:54 Alors vous dites que c'était mieux avant. Alors, je suis d'accord sur plusieurs aspects.
03:57 Philippe, le film "La Boum".
03:59 - Ah oui, définitivement.
04:00 - Alors, il y a eu un avant et un après. Pour vous, "La Boum".
04:03 - Moi, il y a eu avant Vic et après Vic.
04:05 - Sophie Marceau.
04:06 - Sophie Marceau. C'était... On a exactement le même âge, on est de la même année.
04:10 Et quand j'ai vu ce film, c'était...
04:12 C'est d'ailleurs fou d'avoir réussi un film aussi imprégné de son époque.
04:16 C'est-à-dire que j'avais vraiment l'impression que c'était réalisé par des gens de mon âge.
04:19 Quand je l'ai vu à 13 ans, c'était exactement ce qu'on vivait, c'était ça.
04:22 - Et ce qui est génial, c'est que vous avez...
04:24 Donc, vous êtes tombé amoureux de Sophie Marceau,
04:26 en même temps que vous êtes tombé amoureux du cinéma.
04:28 - Oui, absolument.
04:29 - C'est ça qui est beau.
04:30 - Oui, absolument. Et quand j'ai tourné avec Sophie,
04:32 bien des années après, il y a quelques années...
04:34 - C'était quoi ? "Tu veux ou tu veux pas", le film ?
04:36 - "Tu veux ou tu veux pas", oui, avec Patrick, Bruel et Sophie.
04:40 C'était impressionnant pour moi.
04:41 - Et vous aviez une scène avec elle ? Enfin, des scènes.
04:43 - J'ai même une scène où je l'embrasse.
04:44 - On est d'accord.
04:45 - Vous vous rendez compte, le gamin qui fantase comme plein ado,
04:48 devant Sophie Marceau dans "La Boum"...
04:49 - Il l'a embrassée vite.
04:50 - Il embrasse Sophie Marceau des années plus tard.
04:52 Vous êtes un chanceux, vous le savez.
04:53 - Oui.
04:54 - Vous mesurez la chance que vous avez.
04:55 - Non, non, mais...
04:56 Et puis tourner en même temps avec Patrick.
04:58 Non, je me suis beaucoup amusé sur ce film, en l'occurrence.
05:01 - Est-ce que c'était mieux avant, la flûte à bec ?
05:04 - Oui, alors ça... Voilà.
05:05 - On est tous... Moi, je suis de la même génération que vous.
05:07 On a tous eu ça.
05:08 - Ils ont arrêté il y a 3, 4 ans, pas plus que ça.
05:10 - C'est-à-dire que depuis 1934, on apprenait la flûte...
05:12 - C'était épouvantable.
05:13 - Elle avait aucun intérêt.
05:14 [Flûte]
05:16 - Dégueulasse.
05:17 [Flûte]
05:18 - Il y a genre un truc, le doigt qui ripait, vous savez.
05:20 - Mais comment, surtout, des mecs ont pu imaginer
05:22 que ça allait passionner les enfants ?
05:23 - Oui, que ça allait susciter des vocations.
05:24 - Voilà.
05:25 Non, on n'apprend pas la musique avec une flûte.
05:28 C'est pour dégoûter de la musique,
05:29 il n'y a pas mieux que cet instrument de merde.
05:31 - Je ne sais pas vous, mais moi, au bout d'un moment,
05:32 ça sentait mauvais, le bouture.
05:34 - C'était atroce.
05:35 C'était épouvantable, cet instrument.
05:37 Mais j'ai jamais réussi à jouer plus de trois notes
05:39 avec les doigts qui ripent, et puis que ça a aucun intérêt.
05:41 - On a eu la même adolescence, il y a plein de gens, à mon avis,
05:43 qui vont se retrouver dans ce qu'on raconte.
05:45 Comment vous expliquez, Philippe,
05:47 qu'on trouve que sa première voiture, c'était la plus belle ?
05:50 - Ah, ben, c'était...
05:51 - Vous, c'était quoi, vous ?
05:52 - Une Visa Super E, s'il vous plaît.
05:54 - Bleue.
05:55 - Bleue.
05:56 - Elle ressemblait à peu près à ça.
05:57 - Ouais, complètement.
05:58 Ben, c'était ça, ma première voiture.
06:00 Et pour moi, c'était l'accès à la liberté.
06:02 Mais comme moi, comme beaucoup,
06:04 j'ai grandi en banlieue parisienne, loin, à côté de Fontainebleau,
06:07 la voiture, c'était l'accès à la liberté, surtout.
06:09 C'était...
06:10 Donc, dès qu'on avait 18 ans,
06:12 l'objectif, c'était d'avoir le permis le plus possible.
06:14 - Vous aviez bossé pour vous la payer ou vous l'avez offerte ?
06:16 - Alors, non, mon père me l'avait offerte,
06:18 à condition que j'ai des points d'avance au bac français.
06:21 - Et ça, ça motive.
06:22 - Et ça, ça motive.
06:23 Donc, du coup, j'ai eu 15 points d'avance au bac français.
06:25 - Oh !
06:26 - Donc, il a... Voilà.
06:27 Et donc, j'ai eu cette voiture, exactement de cette couleur-là.
06:30 - Et vous étiez le bon camarade qui ramenait les copains le samedi soir ou pas ?
06:34 - Oui. Alors, ça, j'ai toujours été ça,
06:36 parce que comme je ne bois pas, je n'ai jamais bu.
06:38 Je sais que ça en surprend beaucoup.
06:39 Mais j'ai...
06:40 - C'est vrai !
06:41 - Oui, voilà.
06:42 Je ne bois pas du tout.
06:43 - Mais c'est très bien !
06:44 - Et donc, depuis toujours, j'ai toujours été le Sam.
06:47 Voilà, celui qui ramène les copains sans danger.
06:50 - On va clarifier une fois pour toutes, Philippe, cette photo.
06:54 On est d'accord qu'il n'y a aucun lien de parenté entre Claude Lelouch et Philippe Lelouch.
06:59 - Non.
07:00 - Ça ne s'écrit pas pareil, tout d'abord.
07:01 - Ça ne s'écrit pas pareil, mais mon père s'appelait Claude.
07:03 - C'est un homonyme.
07:04 Votre papa, c'était Claude Lelouch.
07:05 - Notre père s'appelait Claude Lelouch, oui.
07:07 Et j'en ai joué.
07:08 J'ai raconté de la merde comme ça.
07:09 - Ce n'est pas vrai.
07:10 - Si, si, bien sûr.
07:11 - Alors, dites-le à Claude Lelouch, réalisateur.
07:13 Vous avez profité de son nom.
07:14 - Mais il le sait tellement...
07:15 J'ai fait quatre films avec Claude.
07:16 Et je pourrais dire de lui que c'est mon papa spirituel parce qu'on s'aime d'amour.
07:22 Et je lui ai tellement raconté ça.
07:24 Je le fais rire avec ça parce que j'ai été loin dans le mensonge.
07:27 - Ah, dans la supercherie.
07:28 - Oui, oui, oui.
07:29 Oui, oui.
07:30 Et c'est très étonnant un jour de se retrouver avec lui.
07:33 - Si vous allez applaudir Philippe Lelouch, donc, au théâtre de la Madeleine et en tournée en toute la France,
07:38 donc, vous allez beaucoup rire, vous l'avez compris.
07:40 Et il y aura, à la fin, j'en dis pas plus, une très jolie séquence émotion
07:43 lorsque vous évoquez votre papa, le vrai, pas le réalisateur.