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  • 06/05/2025
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Dans « le grand témoin » Télématin reçoit Murielle Fabre, maire de Lampertheim (Bas-Rhin), secrétaire générale de l'association des maires de France.

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Transcription
00:00Une enquête a été ouverte en Gironde après l'agression d'un élu municipal à Goriagues.
00:04C'est un acte choquant, mais pas isolé malheureusement, qui s'inscrit dans une tendance assez inquiétante
00:08car les agressions physiques ou verbales ne cessent de se multiplier à l'encontre de nos élus.
00:12On en parle avec notre grand témoin, victime également et aussi témoin de cette violence du quotidien.
00:18Muriel Fabre, merci beaucoup de votre présence sur le plateau ce matin.
00:21Vous êtes secrétaire général de l'Association des maires de France
00:24et maire de la commune de Lampertheim, près de Strasbourg.
00:27Une commune d'environ 3500 personnes.
00:30Oui, je l'ai bien prononcé, vous m'avez regardé.
00:32Parfait, je suis admirative.
00:33Alors les chiffres le montrent, évidemment, les agressions se multiplient.
00:37Est-ce que vous avez constaté une hausse de violence contre les élus dans votre commune ?
00:42C'est difficile à dire parce que c'est vrai qu'on n'avait pas forcément d'éléments statistiques dans ce cadre-là,
00:47même sur nos propres communes, nos propres collectivités.
00:51Mais force est de constater qu'on a quand même le sentiment d'avoir un peu plus d'agressivité,
00:56je ne vais pas dire quotidiennement, mais en tout cas de manière régulière,
00:59que ce soit moi, que ce soit d'autres élus, que ce soit aussi nos agents en commune,
01:03notamment les agents d'accueil,
01:05où parfois on a des citoyens qui arrivent de manière un petit peu virulente,
01:09un petit peu violente aussi, exprimer parfois leur désvoir roi,
01:12mais aussi exprimer leur colère.
01:14Que sont d'abord ça, ces actes qui se multiplient au quotidien,
01:17cette violence verbale d'abord ?
01:18C'est d'abord et avant tout effectivement la violence verbale.
01:21Il y a aussi celle sur les réseaux, malheureusement,
01:23puisque c'est aussi un outil aujourd'hui utilisé pour de la critique,
01:28mais parfois avec de la diffamation, avec des éléments d'injure aussi.
01:32Donc c'est vrai qu'on se sent démuni en fait face à cela et face à cette augmentation de violence.
01:37Mais vous par exemple, qu'est-ce qui vous arrive au quotidien ?
01:39Ça vous arrive d'avoir un administré qui vient vous voir et qui comme ça déverse sa haine,
01:43sa violence contre vous ?
01:45Malheureusement, en fait, on l'a vu, vous l'avez rappelé, nationalement,
01:48aujourd'hui, on a vu que la violence vis-à-vis des élus est en forte augmentation
01:51et moi je fais partie des statistiques.
01:54Donc j'ai subi de la diffamation, j'ai subi des injures, j'ai subi aussi des menaces.
02:00Heureusement, pas d'agression physique et permettez-moi aussi d'avoir un mot de soutien
02:04pour cet élu et pour tous ceux qui effectivement ont dû faire face à cette situation dramatique et intolérable.
02:10Et c'est vrai que c'est quelque chose d'assez surnaturel parce qu'on ne s'attend pas forcément à ça
02:18quand on est élu ou quand on prend son écharpe de mère.
02:21Est-ce que vous vous sentez isolé parfois ?
02:23Alors isolé au moment où ça se produit, bien évidemment,
02:26parce qu'on reçoit cette violence finalement en direct.
02:29Et après, c'est tout un collectif aujourd'hui qui se met en place.
02:32C'est vrai qu'à l'Association des maires de France, on a fait des alertes dans ce cadre-là depuis 2020.
02:37On a souhaité mettre en place un observatoire, on a fait des partenariats avec France Victime
02:41parce qu'on sait que justement il ne faut pas se sentir seul, il ne faut pas se sentir démuni,
02:45il faut être accompagné aussi face à ces agressions.
02:48Et c'est important aujourd'hui que ce collectif d'acteurs, ce collectif partenarial finalement continue à se mettre en route
02:52et va jusqu'au parquet, jusqu'au procureur.
02:56Ça c'est la solution, c'est la prévention, c'est d'en parler ensemble, c'est d'avancer ensemble,
03:00de réfléchir ensemble à des solutions ?
03:01En fait, il faut déjà pouvoir faire un diagnostic de cette violence, c'est assez difficile aujourd'hui.
03:08On a vu avec Kalaï, qui est aujourd'hui l'observatoire mis en place par le gouvernement,
03:13on a des éléments statistiques, il faut pouvoir en tirer les conséquences aussi.
03:16Et il n'y a pas d'élément, je dirais, probant qui va à un moment donné générer une situation de violence.
03:22C'est ça qui est assez difficile, c'est-à-dire qu'on ne sait pas si demain on va être ou pas agressé.
03:27Et quels sont les facteurs déclenchants ?
03:29On sait qu'il y a cette tendance violente finalement dans la société, dans son ensemble,
03:34mais aujourd'hui il nous faut trouver beaucoup plus de solutions,
03:37et notamment avoir et de la prévention, ce qui est déjà le cas, et ce qui est fait par des formations.
03:42Moi j'en ai fait aussi avec le GIGN, on peut le faire avec le RET, c'est des techniques de médiation.
03:46On peut aussi faire de la self-défense, je pense que c'est important aussi.
03:49Vous demandez aux élus de se préparer, de se former au self-défense ?
03:52Je ne demande pas aux élus, mais moi je le fais en tout cas.
03:55Vous avez fait une formation ?
03:56Je fais une formation effectivement, je veux apprendre en fait les premiers gestes pour pouvoir se défendre de manière...
04:03Ben oui, ça fait partie de...
04:03Mais ça dit quand même quelque chose de notre société, de la violence envers les élus.
04:07Vous en êtes à avoir une formation pour vous défendre physiquement ?
04:11Il faut déjà une formation pour effectivement prévenir en fait les situations de conflit,
04:16ça c'est ce qu'on a mis en place avec l'Association des maires de France.
04:19Et puis après, ce prévenir de tout, c'est une façon d'anticiper.
04:23Donc je pense qu'effectivement, moi ça fait partie des éléments que je veux faire.
04:26J'aimerais savoir quel type de situation concrètement, on est confronté à quoi dans une commune comme la vôtre ?
04:32En fait, vous pouvez être confronté à différentes choses.
04:35Vous pouvez être confronté en fait à la personne qui va débarquer en mairie,
04:38qui va être très virulente, où vous sentez en fait la pression monter.
04:43Et là, c'est effectivement toute la technique de communication, essayer de faire redescendre la pression.
04:47Donc ça, ça s'apprend parce que ce n'est pas inné non plus.
04:50Parce que quand on subit en fait une situation de violence, ce n'est pas simple parce qu'il faut absorber en fait tout cela.
04:56On n'est pas forcément préparé non plus.
04:58Après, vous pouvez avoir des éléments, je veux dire, sur lesquels vous allez arriver en urgence
05:04parce qu'on vous a appelé, que ce soit moi ou que ce soit un de mes adjoints,
05:07parce qu'on est toujours présent pour notre commune, quoi qu'il se passe.
05:11Et vous arrivez, vous n'êtes pas prêt, je pense notamment à la question d'installation illicite ou ce genre de choses.
05:16Et du coup, vous vous retrouvez face à une situation extrêmement difficile, extrêmement physique.
05:21Et là, il va falloir savoir gérer aussi, quoi.
05:23Muriel Fabre, regardez la une de presse au séance ce matin.
05:25C'est une de vos collègues maires qui s'appelle Christelle Swoco, qui est maire des Sorinières.
05:30Pourquoi je ne veux plus être maire ?
05:32À un an des municipales, elle décide de démissionner parce qu'elle n'en peut plus.
05:35Il y a beaucoup d'élus dans son cas qui ne veulent plus se représenter l'année prochaine
05:38parce que c'est trop, parce qu'il y a trop de violence, qu'il n'y a pas assez de moyens et plein d'autres choses.
05:41Mais d'abord, la violence, ça fait partie des raisons qui font renoncer certains élus.
05:45Je ne suis pas sûre que la violence fasse partie des premières raisons de démission.
05:50Elle fait partie d'un tout.
05:51Aujourd'hui, sur notre bandature, il faut quand même rappeler qu'on a été élus en 2020.
05:55On a eu une succession de crises.
05:57On a géré la crise sanitaire.
05:58On a géré la crise économique.
05:59On gère effectivement cette augmentation des violences.
06:02On gère parfois la demande d'immédiateté de nos concitoyens, leur besoin au quotidien d'avoir une solution à leur sollicitation.
06:14On gère aussi dans des difficultés financières qui sont les nôtres.
06:18On a aussi le sentiment parfois d'être dans l'incapacité de faire et on n'est pas élus pour ça.
06:23Et je pense que c'est tout ce contexte aujourd'hui qui finalement fait qu'on est de plus en plus à être dans un sentiment
06:30soit de se sentir démuni, soit de se sentir isolé, mais de se dire qu'il faut aussi remonter un petit peu les manches pour avancer.
06:37Merci beaucoup, Mère Lafab, pour votre témoignage ce matin dans Le Grand Témoin de Télémat.

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