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  • 04/09/2023

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00:00 Marc Pireni, bonjour à vous. Vous êtes chercheur au Carnegie Europe, ancien ambassadeur de l'Union
00:05 européenne en Syrie et en Turquie. Merci d'avoir accepté l'invitation de France 24. Marc Pireni,
00:10 la rencontre a le mérite d'exister entre les deux hommes. Je rappelle que cet accord céréalier
00:15 caduque depuis la mi-juillet dernier. Mais quel est l'intérêt qu'ils ont l'un et l'autre à
00:20 avoir accepté de se rencontrer et donner l'espoir peut-être de relancer ce pacte ?
00:24 Je dirais d'abord qu'ils ont un intérêt commun, c'est celui d'être dans les nouvelles. Ça les
00:31 arrange bien parce que c'est une période difficile pour les deux pays, pour des raisons différentes
00:35 bien sûr. Et donc être dans les nouvelles et parler, c'est déjà une chose. Ceci étant,
00:41 c'est une partie difficile car leurs objectifs ne sont pas concordants, loin de là. La Russie
00:48 souhaite échapper en partie aux sanctions, souhaite exporter des céréales de l'Ukraine
00:54 qu'elle occupe en les baptisant russes et elle met des conditions sur leur destination. Pour la
01:01 Turquie, la Turquie est commencée depuis la réélection à une grande ambition diplomatique,
01:05 elle veut faire partie des pays qui établissent l'agenda international, qui le gère, qui
01:14 l'interrompt, etc. Ce sont les paroles qui ont été prononcées le mois dernier à la réunion des
01:19 ambassadeurs turcs et le président lui-même a évidemment l'ambition d'être médiateur. Ceci
01:27 étant, on voit bien que, en tout cas dans les propos liminaires, ceux qui ont été diffusés
01:33 il y a presque deux heures et qui étaient devant des micros, le président russe a cherché à faire
01:41 diversion. Il a parlé de toute autre chose que de la corps et réalier, il a parlé de la
01:45 coopération économique, du hub gazier, etc. Et donc il est très difficile de prévoir l'issue
01:54 de cette rencontre car les objectifs sont franchement pas du tout concordants. Alors
02:01 le président turc s'est avancé lorsqu'il disait tout à l'heure qu'il avait une annonce importante
02:06 à faire et qu'il misait sur la conférence de presse qu'il donnerait tous les deux courant de
02:10 l'après-midi. On l'attend en tout cas cette prise de parole. Oui, alors la réunion a bien sûr été
02:15 préparée soigneusement par le ministre des affaires étrangères, Akan Filan, qui s'est rendu d'abord en
02:20 Ukraine, ensuite en Russie. Donc on peut imaginer que de nombreux détails ont été discutés. On peut
02:30 imaginer au minimum que le président turc va annoncer que la discussion va se poursuivre.
02:38 Le problème c'est comment la Turquie va-t-elle convaincre les Nations Unies d'accepter, des
02:47 Nations Unies qui je le rappelle étaient le sponsor principal de l'accord céréalier qui est
02:51 suspendu, d'accepter les conditions russes qui vont bien sûr à l'encontre des sanctions occidentales.
02:58 Donc c'est un jeu extrêmement difficile et je m'avancerais peut-être en disant que le président
03:06 russe pour sa part va encore une fois faire diversion en parlant de sujets qui sont chers à
03:12 la Turquie comme le gazier qui consiste à alimenter avec du gaz russe le sud-est de l'Europe, ce qui
03:21 est contraire aux sanctions européennes bien entendu. Mais c'est un projet qui est important
03:25 bien sûr du point de vue diplomatique et du point de vue financier pour la Turquie. Donc je dirais
03:31 gros point d'interrogation pour le moment. Mais est-ce qu'il cherche à gagner du temps ou à faire
03:37 pression ? Vous évoquez à l'instant les Nations Unies qui sont l'un des parrains de cet accord
03:43 qui avait été notamment conclu il y a un an. On sait que 33 millions de tonnes de céréales avaient
03:47 pu ainsi être exportées. Il y a un continent africain qui est menacé d'une crise alimentaire.
03:52 Donc en fait le président russe il cherche quoi ? Il cherche simplement à établir une certaine
03:57 pression pour mieux négocier derrière ? Il cherche à faire pression, à ouvrir et fermer la
04:03 discussion, ouvrir et fermer le robinet céréalier. Ça fait partie du jeu disruptif de la Russie. On
04:12 voit bien qu'à la veille de cette réunion de Sochi, la Russie a envoyé des missiles sur un port
04:20 ukrainien situé sur le Danube, à la frontière de la Roumanie, qui est l'une des alternatives aux
04:28 différents ports qui sont autour d'Etessa. Donc il y a un jeu permanent de ouvrir et fermer,
04:35 de contraindre et de faciliter. Et c'est la technique du président russe bien entendu. Je
04:42 ne vois pas très bien pour le moment comment de façon autonome la Turquie pourrait arrêter ou
04:50 mettre un terme à cette tactique russe. Merci beaucoup Marc Pirenny. Merci d'avoir
04:55 pris le temps de répondre à nos questions.

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