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Mathieu Bock-Côté reçoit le journaliste et historien Éric Branca, auteur du livre «L'aigle et le léopard» (partie 2)
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03/06/2023
Mathieu Bock-Côté reçoit le journaliste et historien Éric Branca, auteur du livre «L'aigle et le léopard» (partie 2)
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00:00
Revenons sur la tentation, on pourrait dire nazie,
00:03
ou la sympathie pour le nazisme des élites britanniques.
00:05
Vous avez dit, Hitler a fait une proposition de partage des terres et des eaux, finalement.
00:09
- Absolument.
00:10
- Aux Allemands, l'empire continental, aux Anglais, l'empire maritime.
00:13
- Exactement.
00:14
- Mais revenons sur la séquence particulière qui va du début de la guerre,
00:18
ou à tout le monde, un peu avant la guerre,
00:19
jusqu'au moment où ça devient irréversible, le conflit est assumé.
00:23
Quel est le réflexe de ces élites britanniques qui disent,
00:25
on peut s'entendre avec les Allemands, on peut faire une paix séparée,
00:28
on peut s'entendre avec lui ?
00:30
Quelle est leur psychologie, quelle est leur structure de pensée ?
00:32
- Leur structure de pensée est très simple.
00:34
C'est, comme je l'ai dit, le premier homme politique allemand qui ne veut pas nous concurrencer.
00:38
Donc, on va lui céder tout ce qu'il demande.
00:40
Et ce qu'on va lui céder, c'est évidemment au détriment de la France.
00:44
Et à partir de 1933, les Anglais vont pousser les Français à faire des concessions année après année.
00:51
Ça commence par la remilitarisation de la rive Gausse du Rhin en 1936,
00:56
ça continue avec l'Autriche, et puis surtout avec la Tchoukoslovaquie,
01:02
qui va aboutir à Munich quand Hitler occupe les Sudètes, la zone nord de la Tchoukoslovaquie.
01:08
C'est directement contre les intérêts français.
01:11
On en parle rarement, mais c'était un pouvoir économique très fort de la France en Tchoukoslovaquie
01:16
qui va tomber parce que nous étions, Schneider, pour ne pas le nommer,
01:19
était propriétaire des usines Skoda.
01:22
Et quand Hitler envahit le nord de la Tchoukoslovaquie, non seulement nous n'avons plus d'alliés,
01:28
la France n'a plus d'alliés en Europe centrale, mais un potentiel économique formidable tombe entre ses mains.
01:34
Et tout ça est négocié par les Anglais directement avec Hitler sans que la France ait son mot à dire.
01:40
Alors se pose évidemment le problème des élites politiques françaises qui cessent de faire,
01:45
qui suivent les Anglais comme plus tard dans les années 50, elles suivront les Américains.
01:52
Il y a une espèce de tropisme anglo-saxon qui est évidemment coupable.
01:56
Et Churchill est le seul, le seul homme politique, très isolé à l'époque, dans les années 30,
02:01
à dire aux Français "mais pourquoi est-ce que vous suivez le gouvernement anglais ? Cette politique est suicidaire".
02:07
Alors on sait que Churchill voyait chez Hitler un démon, une figure diabolique.
02:13
Mais on comprend, en vous lisant, qu'une partie de la classe politique britannique,
02:16
au-delà des intérêts partagés, au-delà de la version partagée ou géopolitique pour la France,
02:22
ou de méfiance pour la France, il y a presque, à moins que vous vous émaniez,
02:25
il y a presque une forme de fascination pour Hitler chez les gens qui ne sont pas des nazis en tant que tels.
02:29
Absolument.
02:30
Qui ne sont pas des fascistes ou tout ça, mais qui a une fascination.
02:33
Comment expliquer cette fascination ? Comment voyait-il Hitler ?
02:36
Je pense qu'il le voyait d'abord comme un rempart contre le communisme.
02:39
Et ça, il n'y a pas que. Ça, ce n'est pas spécifiquement anglais.
02:42
Beaucoup de gens se sont ralliés au nazisme ou l'ont pris pour un mal relatif à cause de l'anticommunisme.
02:50
Ça, c'est certain.
02:51
Mais il y avait aussi, chez notamment toute la France travailliste anglaise, une fascination pour sa politique sociale.
02:59
Vous avez un type très peu connu en France qui était un des grands leaders du parti travailliste,
03:06
qui s'appelait George Jonesbury, qui avait soutenu les suffragettes, le droit de vote des femmes avant 1914,
03:13
qui était très en avance, très progressiste, dirait-on maintenant.
03:16
Il va à Berchtesgaden en 1936, un petit peu avant Lloyd George, le célèbre premier ministre anglais de 1918,
03:25
dont je parlais tout à l'heure.
03:26
Et quand il revient, il explique qu'il a vu des réalisations stupéfiantes
03:31
et que c'est un exemple à suivre pour la politique sociale anglaise.
03:35
Oswald Mosley, qui crée le parti fasciste britannique, a échoué à quelques voix d'emporter la présidence du parti travailliste en 1931.
03:47
Il a été ministre du travail de MacDonald.
03:51
Ce n'était pas quelqu'un qui était nourri des idées nazies.
03:55
Il est devenu après, grâce notamment ou à cause de sa femme, qui avait réellement un tropisme hitlérien.
04:06
Il est devenu même sur le tard antisémite, mais il n'était pas au départ.
04:09
Ce qui est important de voir, c'est qu'au-delà de l'affaire Edward VIII,
04:14
qui est restée dans toute la chronique People, il y a une face immergée de l'iceberg,
04:21
qui est beaucoup plus importante et qui touche à peu près toutes les classes de la société et tous les secteurs de la politique.
04:28
- Dans tous les secteurs, vous parlez également de la presse.
04:32
Les patrons de presse ont un portrait d'Ithien Chahun.
04:36
Vous avez la banque d'Angleterre, l'argent et la presse pour diffuser des idées.
04:40
Quel est le degré d'adhésion à l'idéologie ?
04:45
- Ça va extrêmement loin.
04:48
Eux le font par anticommunisme, mais vous avez des journalistes anglais,
04:53
du Daily Mirror, du Daily Mail, qui appartiennent aux mêmes, à la même famille,
04:58
qui vont même être correspondants permanents en Allemagne
05:02
et qui vont être des agents de renseignement d'Hitler,
05:06
notamment pendant les campagnes électorales de 1933.
05:09
Ça va extrêmement loin.
05:11
Et puis, il y a aussi une stratégie d'influence.
05:15
Hitler envoie en Grande-Bretagne des membres de l'aristocratie,
05:21
il n'y en a pas beaucoup, mais il y en a quelques-uns, qui lui sont favorables,
05:25
notamment une dame qui s'appelle la princesse Hohenlohe,
05:29
qui s'installe à Mayfair dans le quartier sud de Londres
05:32
et qui va être un agent d'influence tout à fait extraordinaire,
05:35
au même titre que Wallis Simpson,
05:38
qui était, tout de suite avant de rencontrer le futur Edward VIII,
05:43
qui était la maîtresse de Ribbentrop, qui, rappelons-le lui-même,
05:46
avant d'être ministre des Affaires étrangères d'Hitler,
05:48
était ambassadeur d'Allemagne en Grande-Bretagne.
05:53
Donc tout ça forme un bouillon de culture assez actif.
05:57
Mais il faut tout de même ne pas confondre ceux qu'on a appelés les apiseurs,
06:02
qui voulaient gagner du temps, etc.,
06:04
car il y avait des gens comme les muniquois en France,
06:06
il y avait des muniquois honnêtes, qui disaient "on va gagner du temps",
06:10
"on pourra se réarmer pendant ce temps-là",
06:12
et puis les gens qui étaient vraiment acquis,
06:15
non seulement à un partage des rôles, qu'on a évoqué tout à l'heure,
06:19
mais à partir de 1940, à une paix séparée.
06:22
Et cette paix séparée, c'était la mort de la France.
06:25
Et ça, en tant que Français, on ne rendra jamais suffisamment hommage à Churchill.
06:29
Et on arrive justement à la France, à travers ça, vous parlez,
06:32
vous évoquez peut-être sévèrement, peut-être pas, vous me direz,
06:36
le rôle des élites françaises dans tout ça,
06:38
qui finalement voient ce jeu devant eux,
06:40
voient s'écrire l'histoire où ils sont presque sacrifiés,
06:43
elles sont presque sacrifiées, la France est sacrifiée,
06:45
et globalement ne font pas grand-chose.
06:47
Comment expliquer cette relative, je dirais pas impuissance, ni indifférence,
06:52
mais ce manque de volonté ou de réaction, de réactivité,
06:55
chez les élites françaises, devant le mouvement que vous décrivez ?
06:58
Je ne l'explique pas autrement que par ce conformisme anglo-saxon dont je parlais,
07:02
ça associe un peu au 18e siècle, la fascination de l'Angleterre en France,
07:05
et le fait qu'il faut les suivre, parce qu'après tout, ils sont les leaders.
07:09
Et ça, c'est très important, même.
07:11
Chez un homme comme Paul Reynaud, qui était pourtant pour la résistance à outrance à Hitler,
07:16
qui a soutenu les idées de De Gaulle sur le corps mécanisé, etc.,
07:20
qui a eu un rôle positif dans les années 30,
07:22
mais dès que les Anglais levaient le petit doigt, Paul Reynaud se couchait.
07:25
Et ne parlons pas d'Aladier, qui était son adversaire,
07:28
et qui lui a été pire que ça, puisque à Munich, au moment des négociations,
07:32
il savait parfaitement, car c'était quelqu'un d'intelligent,
07:35
on le sait en lisant son journal, il savait parfaitement qu'il allait dans le mur.
07:40
Quand Aladier revient de Munich et qu'il voit la foule qui est sur le terrain du Bourget,
07:45
le pilote lui dit "on a terri", il dit "oui", et il pensait qu'on allait le lyncher.
07:51
Et quand il s'est aperçu que c'était pour l'acclamer, il a dit "il est con,
07:55
si il savait ce que j'ai fait".
07:57
– Alors, je me permets de tirer, vous me direz si je me trompe,
08:00
quelques leçons de psychologie politique pour notre temps, dans votre livre.
08:04
C'est un livre d'histoire, ce n'est pas un livre militant d'aucune manière,
08:07
mais la psychologie, le tropisme anglo-saxon des élites françaises,
08:11
vous pouvez déjà le repérer dans votre livre sur l'ami américain.
08:14
On le voit ici, est-ce qu'on peut dire que ça demeure encore aujourd'hui,
08:17
2023, est-ce qu'une partie des élites françaises demeure fondamentalement
08:21
alignée mentalement sur l'univers anglo-saxon ?
08:24
– En tout cas sur l'univers américain maintenant, parce que je pense que les Américains
08:27
ont pris le relais de ce que pouvait être l'influence anglaise dans ces années-là.
08:32
– Bien sûr, bien sûr.
08:34
[Musique]
08:37
[SILENCE]
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